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Gouvernance forestière en République démocratique du Congo - Fern

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CHAPITRE 3 <strong>Gouvernance</strong> <strong>forestière</strong> <strong>en</strong> <strong>République</strong> <strong>démocratique</strong> <strong>du</strong> <strong>Congo</strong> FERN 19<br />

Comme nous le verrons plus <strong>en</strong> détail plus loin, la valeur de la nouvelle « taxe de<br />

superficie », intro<strong>du</strong>ite par le nouveau Code forestier, est <strong>en</strong>core très basse par rapport à<br />

la valeur pot<strong>en</strong>tielle <strong>du</strong> bois d’œuvre. Au taux actuel de 0.20 $ par hectare par année, une<br />

« concession » <strong>forestière</strong> de 200,000 hectares n’apporte que 40,000 $ par année au Trésor<br />

public congolais ; d’après la Banque mondiale, la valeur <strong>du</strong> bois d’œuvre sur une telle<br />

« concession » pourrait s’élever à 200 millions $. 44<br />

Le nouveau Code forestier intro<strong>du</strong>it de nouvelles dispositions importantes <strong>en</strong> ce qui<br />

a trait à la redistribution des recettes <strong>forestière</strong>s. Le système de « cahier des charges »<br />

– par lequel les sociétés <strong>forestière</strong>s s’<strong>en</strong>gag<strong>en</strong>t par contrat directem<strong>en</strong>t auprès des<br />

communautés et des autorités à apporter certains bénéfices financiers et à réaliser des<br />

projets de développem<strong>en</strong>t, tels que la construction de routes et d’édifices municipaux – est<br />

officialisé. De plus, le Code prévoit une rétrocession de 40 % des redevances <strong>forestière</strong>s à<br />

la province où se fait l’exploitation.<br />

Toutefois, comme l’a fait remarquer la Banque mondiale, l’application de toutes ces<br />

dispositions pose de sérieux problèmes. D’abord, l’accumulation de grandes propriétés<br />

foncières <strong>forestière</strong>s par des particuliers et des sociétés, qui pai<strong>en</strong>t prés<strong>en</strong>tem<strong>en</strong>t des<br />

« r<strong>en</strong>tes » foncières très basses, prive effectivem<strong>en</strong>t les communautés locales de sommes<br />

considérables de rev<strong>en</strong>us pot<strong>en</strong>tiels. Deuxièmem<strong>en</strong>t, le processus de négociation des<br />

cahiers des charges a t<strong>en</strong>dance à être extrêmem<strong>en</strong>t inégal et « corruptible ». Étant<br />

donné la fragilité de la gouvernance <strong>démocratique</strong>, ainsi que des structures juridiques et<br />

politiques <strong>en</strong> RDC, les dangers sont très évid<strong>en</strong>ts. Finalem<strong>en</strong>t, dans d’autres cas où il y a eu<br />

des t<strong>en</strong>tatives de rétrocession des redevances <strong>forestière</strong>s aux régions pro<strong>du</strong>ctrices de bois<br />

d’œuvre, l’expéri<strong>en</strong>ce a montré que les fonds étai<strong>en</strong>t généralem<strong>en</strong>t absorbés par les élites<br />

provinciales plutôt que par les élites nationales, ne parv<strong>en</strong>ant jamais aux communautés<br />

auxquelles ils étai<strong>en</strong>t destinés. 45 En RDC, les taxes de superficie effectivem<strong>en</strong>t prélévées<br />

à l’échelle nationale <strong>en</strong> 2003 s’élevai<strong>en</strong>t à peine à 174,000 $US, et ce montant devait<br />

augm<strong>en</strong>ter pour atteindre <strong>en</strong>viron 2 millions $US, <strong>en</strong> supposant que 10 millions d’hectares<br />

de forêt étai<strong>en</strong>t <strong>en</strong> « concession » et que le prélévem<strong>en</strong>t des impôts sur ces « concessions »<br />

était efficace à 100 pour c<strong>en</strong>t. Aux taux actuels, la taxe de superficie pour l’allocation de 50<br />

millions d’hectares (soit la moitié des forêts fermées <strong>du</strong> pays) sous forme de « concessions<br />

<strong>forestière</strong>s » n’apporterait que 0.20 $US par année par habitant.<br />

Cela nous amène inévitablem<strong>en</strong>t à la conclusion que, même dans les meilleurs des cas,<br />

compte t<strong>en</strong>u <strong>du</strong> cadre juridique actuel, il y a peu de chances que l’in<strong>du</strong>strie <strong>du</strong> bois<br />

apporte autre chose qu’une très mince contribution au processus de développem<strong>en</strong>t<br />

dans la plus grande partie <strong>du</strong> milieu rural de la RDC. Par contre, il est probable que les<br />

exploitants forestiers et les élites politiques qui sont liés à eux <strong>en</strong> tir<strong>en</strong>t d’énormes profits.<br />

La plus grande « valeur » de la forêt réside dans les pro<strong>du</strong>its et les avantages qu’<strong>en</strong> tire la<br />

population <strong>en</strong> général ; à l’heure actuelle, ceux-ci ne sont généralem<strong>en</strong>t pas quantifiés et<br />

pourrai<strong>en</strong>t être compromis, <strong>du</strong> moins <strong>en</strong> partie, par l’expansion de l’exploitation <strong>forestière</strong><br />

in<strong>du</strong>strielle.<br />

44 Anonyme, sans date<br />

45 Anonyme, sans date

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