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© DR<br />
38 |inTerview| <strong>Escape</strong> <strong>#37</strong><br />
« iL fauT reGarDer LeS monTaGneS eT Se PoSer une<br />
queSTion : eST-ce qu’on ne PeuT PaS faire De beLLeS<br />
eT LonGueS VoieS De 1000, 1200 mèTreS ?<br />
eT Je me SuiS DiT, inuTiLe D’aLLer en HimaLaya,<br />
en PaTaGonie ou DanS une exPéDiTion exTra<br />
euroPéenne Pour cHercHer L’aVenTure. eLLe eST ici. »<br />
couloir, on avait grimpé seulement, sept - huit fois ensemble. Mais, à<br />
chaque fois que j’ai grimpé avec lui, j’ai beaucoup appris.<br />
Ton père avait 61 ans, toi 32, est-ce que cela n’a pas créé un déséquilibre<br />
au cours de l’ascension ?<br />
Bon, mon père grimpait en second et j’ai tout fait en tête. Mais, à 61<br />
ans, faire ce qu’il a fait, c’est incroyable. Je rêve d’avoir la même forme<br />
physique à son âge.<br />
Et ça a eu du retentissement cette ouverture ?<br />
Oui, mais je ne suis pas très content que les magazines spécialisés et les<br />
sites web italiens et européens, se soient souvent contentés de dire : ‘bon,<br />
vous avez réussi là où de grands alpinistes ont essayé et n’ont pas réussi".<br />
Et moi, je disais : ‘oui, mais ça n’est pas l’histoire de cette voie, l’histoire<br />
de cette voie, c’est qu’un père et un fils ont fait une belle voie ensemble’.<br />
Et le fait que ce soit une voie difficile, bon, c’est mieux peut-être, mais<br />
ce qui est important, c’est l’histoire.<br />
C’est aussi pour ça qu’on a fait Ligna Continua. Un film qui parle de la<br />
relation d’un fils et d’un père qui vont ensemble en montagne. Il a été<br />
présenté au festival du film de Trento et au festival d’Autrans l’an passé.<br />
Maintenant, dans les Alpes, on parle toujours du niveau des voies. C’est<br />
la chose la plus importante. Mais je crois que l’homme peut grimper plus<br />
ou moins n’importe où et sur n’importe quelle paroi, donc c’est plutôt<br />
de trouver une histoire particulière, pour se distinguer, ou pour donner<br />
des émotions un petit peu différentes.<br />
HERVÉ ET MaRCO BaRMaSSE, En ROUTE VERS lE CERVIn.<br />
Et pour revenir sur cette ouverture que tu as effectuée récemment<br />
sur le mont Cervin, pourquoi avoir décidé de l’aborder en solo ?<br />
J’avais déjà fait des répétitions en solo sur des voies du Mt Cervin,<br />
mais je n’avais jamais essayé d’ouvrir une voie en solo. Et donc, je<br />
me suis dit que pour moi-même, je devais faire ce passage. Et puis<br />
c’est vrai que sur le Mt Cervin, seul Bonatti avait ouvert une voie en<br />
solo. Donc il y a aussi toute une histoire. Je voulais mettre en jeu mes<br />
capacités, et donc j’ai dit allez, on essaye.<br />
Et la difficulté de cette réalisation ?<br />
C’est difficile de donner un degré de difficulté, parce quand on<br />
grimpe tout seul, tu n’as pas un copain qui dit, pour moi c’est 6b-6c,<br />
ou tu as fait A2-A3 en artificiel. C’est vraiment difficile d’évaluer<br />
le niveau. Sur le Mt Cervin, on peut parler d’alpinistes célèbres<br />
comme Ueli Steck, les frères Anthamatten ou Patrick Gabarrou qui<br />
y ont grimpé… le Mt Cervin, c’est surtout la qualité du rocher qui<br />
est problématique (rires). Il y a des fois où tu as des grosses prises,<br />
mais tu ne peux pas les prendre parce que ça te reste dans les mains.<br />
Donc c’est vraiment difficile de donner un niveau à la voie. Sinon,<br />
on peut attendre qu’une autre personne essaye de faire la première<br />
répétition pour avoir une opinion. Le problème de cette voie, c’est<br />
qu’il y a de grands éboulements de rochers. Moi, j’ai eu vraiment très<br />
peur et je dis qu’il faut faire attention. Ce n’est pas une voie que je vais<br />
conseiller. Après, si quelqu’un fait la première répétition et parler du<br />
niveau de la voie, je serais ravi.