Escape #37

Et tu as grimpé en auto-assurance ?
Oui, presque toute la voie, surtout à cause de la qualité du rocher, plus
que pour les difficultés que l’on rencontre. Après, toutes les longueurs,
c’était de la grimpe autour du 6c, mais après il y avait des morceaux à
faire en artificiel jusqu’à l’A2, et après cela pouvait redevenir très facile
sur quelques mètres, avant de retomber sur un surplomb.
Et donc tu utilisais quoi, des pitons ?
Oui, des pitons normaux, et sinon j’ai mis un spit au relais, simplement
pour signer la voie. J’ai laissé deux ou trois pitons dans les longueurs les
plus difficiles, mais sinon j’ai toujours utilisé des friends ; knots ( ?) et
des coinceurs pour respecter le style le plus propre possible.
Et donc cette ascension se place dans une trilogie des trois monts
(Cervin, Rose et Blanc) que tu as nommée ‘Exploration des Alpes’ ?
Oui, ça c’est le projet, mais cela peut évoluer. Le projet d’explorer les
Alpes, c’est de regarder les Alpes, le Mt Blanc comme le Mt Cervin ou
le Mt Rose, parce que l’alpinisme est né sur ces montagnes. Et donc, il
faut regarder les montagnes et se poser une question : est-ce qu’on ne
peut pas faire de belles et longues voies de 1000, 1200 mètres ? Et je me
suis dit, inutile d’aller en Himalaya, en Patagonie ou dans une expédition
extra européenne pour chercher l’aventure. Elle est ici.
Ce que tu as déjà fait…
Oui, et donc je me suis dit que pour jouer avec l’alpinisme, avec moimême,
je devais chercher dans les Alpes et essayer de faire quelque
chose ici. L’avantage, quand tu ouvres des choses dans les Alpes, c’est
que les gens qui peuvent les répéter et dire si c’était une belle voie ou
non, si c’était une bonne idée ou pas. Il faut aussi prendre conscience
de la chance que l’on a dans les Alpes. Quand tu vas en Amérique, en
Himalaya et que tu croises des alpinistes locaux, ils te disent : ‘Mais
toi tu as le Mt Blanc, le Mt Rose, le Mt Cervin. Pourquoi tu viens ici ?’
Peut-être qu’ils ont raison.
On a plutôt l’habitude d’entendre la trilogie Cervin, Grandes Jorasses
et Eiger, ta vision dénote.
Oui, mon idée, c’est de prendre les trois plus grands sommets des Alpes et
d’ouvrir trois voies dans des styles différents : en solo, avec des amis, avec
mon père, des voies de mixte, des voies en rocher et des voies sportives.
Bon, en solo, pas vraiment sportive vu la qualité du rocher (rires).
Et sinon, que penses-tu de certaines dérives de l’alpinisme sur la
performance avec notamment la course aux horaires ?
Comme tu dis, ce sont des performances, et l’alpinisme n’est pas né pour
la performance, mais pour l’exploration. Après, il y a aussi la possibilité
de faire des performances. Il y a des athlètes sur les montagnes, mais ce
n’est pas à moi de juger, moi je préfère l’alpinisme pour l’aventure et la
découverte. Mais il faut reconnaître que pour faire des choses pareilles,
comme les records sur les 3 faces nord, il faut être très entraîné et très
fort. Mais, personnellement, je préfère l’ouverture d’une voie.
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7,5 > 1 1 mm
www.thuria.com crédit photos : Sam Bié - Rapsodia