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Quelle est la durée des prestations<br />
lors d’un séjour à l'étranger?<br />
Une femme soutenue socialement veut se charger des soins de sa mère gravement malade, qui vit à<br />
l'étranger. Or, en principe, elle n'a droit qu'à quatre semaines de séjour à l'étranger si elle ne veut pas<br />
perdre son droit à l'aide sociale.<br />
Question<br />
Madame Belucci, mère ayant seule la<br />
charge de son enfant de 14 mois, informe<br />
le service social que, durant les quatre mois<br />
à venir, elle séjournera à l'étranger auprès<br />
de sa mère gravement malade. Fille unique,<br />
elle estime devoir s'occuper des soins de<br />
celle-ci. La commune est-elle obligée d'accepter<br />
ou peut-elle suspendre les prestations?<br />
PRACTIQUE<br />
Dans cette rubrique, la <strong>ZESO</strong> publie des questions<br />
professionnelles exemplaires de la pratique de l'aide<br />
sociale qui ont été adressées à la «CSIAS-Line»,<br />
une offre de conseil en ligne que la CSIAS propose<br />
à ses membres. L'accès pour vos questions se fait<br />
par l'intranet: www.csias.ch se connecter <br />
SKOS-Line.<br />
Bases<br />
Un séjour temporaire à l'étranger ne modifie<br />
ni ne suspend le domicile de soutien et<br />
n'entraîne pas automatiquement la perte<br />
du droit à l'aide sociale matérielle. Une personne<br />
qui séjourne temporairement à<br />
l'étranger a, en principe, droit à la poursuite<br />
du soutien tant qu'elle n'abandonne<br />
pas son domicile et qu'elle ne se soustrait<br />
pas à une activité lucrative ou à une mesure<br />
de l'aide sociale (voir décision du tribunal<br />
administratif du canton d'Argovie<br />
WBE.2007.254 du 20 février 2008 et la<br />
décision du tribunal administratif de Berne<br />
21279U du 27 mai 2002).<br />
Les bénéficiaires de l'aide sociale sont<br />
toutefois obligés de notifier les changements<br />
intervenant dans leurs circonstances<br />
personnelles, dans la mesure où ceux-ci<br />
peuvent avoir des répercussions sur le budget.<br />
Les absences prolongées du domicile<br />
peuvent avoir des répercussions sur le budget<br />
du fait que, malgré la forfaitisation du<br />
montant destiné à l'entretien, c'est le principe<br />
de l'individualisation qui est applicable.<br />
L'étendue de l'aide doit tenir compte<br />
des besoins individuels et actuels de la personne<br />
dans le besoin. Lorsque, en raison de<br />
circonstances extraordinaires, les besoins<br />
matériels sont plus modestes que d'habitude,<br />
une adaptation du forfait pour l'entretien<br />
est admissible et adéquat. D'autres<br />
réductions peuvent résulter d'une éventuelle<br />
gratuité de l'alimentation à l'étranger.<br />
(Pour le coût de la vie à l'étranger, voir<br />
www.swissemigration.ch >Services >Vivre<br />
à l'étranger >Emigrer >Coût de la vie).<br />
Si le séjour à l'étranger n'a pas fait l'objet<br />
d'un accord préalable, une réduction est<br />
admissible, pour autant que la personne<br />
concernée ait été informée à l'avance par<br />
écrit de l'obligation de notifier son départ.<br />
Une réduction basée uniquement sur<br />
l'obligation générale de notification peut<br />
ne pas être appuyée par les tribunaux. Si<br />
l'aide sociale versée à la personne concernée<br />
dépasse le montant que celle-ci aurait<br />
touché si elle avait donné l'information à<br />
temps, il est possible de demander le remboursement<br />
des prestations obtenues indûment<br />
sous formes de mensualités prises<br />
en compte dans l'aide sociale courante<br />
(normes CSIAS, E.3.2).<br />
Du fait que les personnes qui cherchent<br />
un emploi ou qui participent à une mesure<br />
d'intégration ne doivent pas être privilégiées<br />
par rapport à celles qui travaillent régulièrement<br />
ou qui touchent des indemnités<br />
journalières de l'assurance chômage, on<br />
estime qu'un séjour à l'étranger de quatre<br />
semaines par an, au maximum, est admissible,<br />
par analogie avec les dispositions<br />
du Code des obligations en matière de vacances.<br />
Contrairement à certains tribunaux<br />
administratifs, la CSIAS est d'avis que ceci<br />
vaut également pour les personnes qui,<br />
pour différentes raisons, ne sont pas obligées<br />
de chercher un emploi ou de participer<br />
à une mesure d'intégration (professionnelle)<br />
: en principe, celles-ci ne doivent pas<br />
séjourner plus longtemps à l'étranger sans<br />
perdre leur droit à l'aide sociale. Si le séjour<br />
effectif en Suisse n'est pas une condition<br />
explicite pour bénéficier de l'aide sociale,<br />
la compétence pour le soutien est toutefois<br />
réglée par la Loi fédérale sur la compétence<br />
en matière d'assistance des personnes dans<br />
le besoin (LAS, RS 851.1) qui ne prétend<br />
être valable que pour les personnes séjournant<br />
en Suisse (art. 1, al. 1 LAS). De<br />
même, seules les personnes qui séjournent<br />
en Suisse peuvent se référer à l'art. 12 de la<br />
Constitution fédérale.<br />
En fin de compte, l'objectif de l'aide sociale,<br />
à savoir l'insertion professionnelle et<br />
l'intégration sociale, est difficile à réaliser<br />
en cas de séjour prolongé à l'étranger. Les<br />
cantons ou les communes ne sont donc pas<br />
obligés de soutenir des personnes à l'étranger<br />
(voir message relatif à la LAS, Feuille<br />
fédérale du 20 décembre 1976, vol. 2,<br />
page 1201).<br />
Réponse<br />
Bien que la mère ayant seule un enfant à<br />
charge n'ait actuellement pas à respecter<br />
des conditions qui rendent sa présence impérative,<br />
elle n'a, en principe, droit qu'à<br />
quatre semaines de séjour à l'étranger par<br />
an. Une éventuelle situation familiale qui<br />
justifierait une réglementation d'exception<br />
doit être examinée par l'autorité dans le cas<br />
individuel. Pendant les quatre semaines admissibles<br />
de séjour à l'étranger, l'aide sociale<br />
ordinaire est, en règle générale, à octroyer.<br />
Une adaptation au coût de la vie locale<br />
est justifiée en cas de séjour plus long à<br />
l'étranger, accordé à titre exceptionnel ou<br />
en cas d'économies particulièrement évidentes.<br />
•<br />
Heinrich Dubacher<br />
Commission Normes<br />
et aides à la pratique de la CSIAS<br />
8 ZeSo 4/<strong>13</strong> PRATIQUE
Le passage à la vie active exige des efforts<br />
particuliers pour gérer les difficultés<br />
Les jeunes adultes sont plus nombreux que la moyenne à être touchés par le chômage et leur échec<br />
met à l'épreuve les concepts de bien-être social et de formation. En dépit d'une multitude d'offres de<br />
soutien, une partie des personnes concernées n'arrive pas à sortir de l'aide sociale.<br />
Le nombre inquiétant de jeunes sans travail ni formation dans les<br />
pays européens fait réfléchir. Le taux de chômage, en Europe, a augmenté<br />
massivement, suite à la crise économique de 2008, et la tendance<br />
persiste: pour 2011, les statistiques d'Eurostat font état d'un<br />
taux de chômage moyen de 21 % dans le groupe des 15 à 24 ans. Ce<br />
qui est considéré comme particulièrement problématique, c'est la situation<br />
des jeunes adultes qui ne disposent ni d'une formation scolaire<br />
ou professionnelle ni d'un emploi rémunéré – appelés NEETs<br />
(not in education, employment or training). En comparaison, les statistiques<br />
de chômage ou d'aide sociale, pour l'ensemble de la Suisse,<br />
font ressortir des chiffres nettement plus bas. Et pourtant, depuis<br />
2000, le groupe des jeunes adultes se trouve de plus en plus au cœur<br />
des préoccupations, y compris en Suisse. En septembre, le taux de<br />
chômage des 20 à 24 ans était de 3,8 %; le taux d'aide sociale des 18<br />
à 25 ans, lui, s'élevait à 3,7 %. Par ailleurs, des comparaisons avec la<br />
population globale mettent en évidence que, dans ce groupe, le<br />
nombre de victimes de chômage et de pauvreté est largement supérieur<br />
à la moyenne.<br />
L’expression d’un processus de mutation<br />
A la suite de mutations économiques et sociales de grande envergure,<br />
on constate, depuis le milieu des années 1990, de nouveaux<br />
défis lors du passage à la vie active. De nouveaux groupes à risques<br />
attirent l'attention: les élèves qui, à la fin de leur scolarité, n'ont pas<br />
de solution en vue, les jeunes défavorisés dans la course aux places<br />
d'apprentissage, ceux qui ne terminent pas leur apprentissage, les<br />
chômeurs et les jeunes adultes à l'aide sociale. Ces constatations<br />
entraînent la mise en place d'une multitude de mesures relatives au<br />
marché du travail et à la politique sociale, ainsi que l'adaptation du<br />
système de formation duale aux nouvelles exigences. En même<br />
temps, des exigences plus élevées et la forte concurrence pour les<br />
places d'apprentissage ont généré de nouveaux risques. Les années<br />
Les déroulements<br />
linéaires des parcours<br />
de formation se<br />
désagrègent de plus<br />
en plus.<br />
sabbatiques, les interruptions d'apprentissage et les reconversions<br />
ont augmenté, entraînant chez de nombreux jeunes une discontinuité<br />
accrue et une individualisation des parcours de formation.<br />
Globalement, les déroulements linéaires des parcours de formation<br />
se désagrègent de plus en plus et les rites de passage à l'âge<br />
adulte interviennent plus tard. La gestion de ces passages plus ouverts,<br />
mais en même temps plus risqués, demande des efforts individuels<br />
plus soutenus.<br />
Les conditions sociales d'un passage réussi à une existence<br />
adulte autonome et responsable ont changé, elles aussi. Les circonstances<br />
dans lesquelles les enfants et les adolescents grandissent<br />
sont plus exigeantes et les processus d'éducation et de développement<br />
sont davantage sujets à crises. Les jeunes aux moyens<br />
sociaux faibles ou aux hypothèques familiales lourdes manquent<br />
souvent des ressources nécessaires pour faire face aux exigences<br />
du passage à l'autonomie. L'évaluation de la situation des jeunes<br />
adultes à l'aide sociale doit en tenir compte.<br />
Un groupe hétérogène<br />
Dans le but d'un traitement rapide et ciblé des cas sociaux, la clientèle<br />
est, en général, répartie en catégories. Les différences sommaires<br />
entre les groupes qui, après une brève aide transitoire,<br />
sortent rapidement de l'aide sociale et ceux «qui ont besoin d'être<br />
soutenus à plus long terme» sont fréquentes. D'un point de vue empirique,<br />
de telles typifications sont moins simples. En effet, les<br />
études sur les jeunes adultes à l'aide sociale mettent en évidence<br />
que ceux-ci forment un groupe très hétérogène. Des problématiques<br />
multiples dans des aspects différents de la vie ont souvent un<br />
effet cumulatif. Mais les ressources nécessaires pour en venir à bout<br />
font défaut.<br />
Les situations de vie des jeunes adultes présentent néanmoins<br />
quelques caractéristiques typiques qu'on peut considérer comme<br />
des expressions de passages déstandardisés, prolongés à l'âge<br />
adulte: les jeunes adultes vivent pour une grande partie seuls et<br />
souvent, ils viennent directement de la famille d'origine ou de mesures<br />
de protection des enfants et des adolescents à l'aide sociale.<br />
Les relations familiales problématiques, notamment dans les familles<br />
suisses, ont des répercussions négatives sur les processus de<br />
détachement et les parcours de vie. Parvenus à leur majorité, ces<br />
jeunes se détachent souvent de manière précoce, sans ressources<br />
ni formation, de leurs systèmes de référence. Dans le contexte de<br />
la migration, en revanche, il s'avère que l'incapacité des parents de<br />
fournir un soutien suffisant à leurs adolescents a souvent d'autres<br />
raisons.<br />
La gestion des défis, qui sont souvent liés au passage abrupte<br />
à l'autonomie, est difficile. Les adolescents et les jeunes adultes<br />
16 ZeSo 4/<strong>13</strong> ACCENT
jeunes adultes<br />
L'entrée dans la vie professionnelle: un numéro d'équilibriste qui n’est pas à la portée de tous, en dépit d'encadrement et de mesures de soutien.<br />
Photo: Ruedi Flück<br />
manquent de ressources financières, de soutien social, d'expériences<br />
et de repères. Leurs stratégies de gestion entraînent souvent<br />
de nouveaux risques biographiques, tels que l'endettement, une<br />
grossesse précoce, un comportement singulier ou des problèmes<br />
de santé. Dans les conditions données, les jeunes adultes n'arrivent<br />
que difficilement à élargir leur capacité d'agir et à trouver un mode<br />
de vie satisfaisant. En même temps, l'étude biographique montre<br />
que de nombreux jeunes âgés de 20 à 23 ans, environ, seraient<br />
encore prêts à un changement. Mais, faute de soutien approprié et<br />
découragés par de nombreuses frustrations, ils finissent par se résigner.<br />
Par la suite, ils semblent s'habituer progressivement à la vie<br />
entre aide sociale et marché du travail. Une autre caractéristique<br />
centrale de ce groupe est l'insuffisance du niveau de formation et<br />
des chances sur le marché du travail.<br />
Le problème du manque de formation<br />
Près de deux tiers des bénéficiaires de l'aide sociale ont fait leur<br />
scolarité en Suisse, un bon tiers a immigré pendant la scolarité ou<br />
plus tard. Plus de la moitié des cas ne dispose pas de formation professionnelle<br />
et n'est pas en formation. Un tiers suit une formation<br />
– souvent avec du retard. La probabilité d'un rattrapage ultérieur<br />
baisse avec l'âge (Drilling 20<strong>04</strong>).<br />
Malgré de multiples mesures, les personnes concernées ratent<br />
l'entrée dans une formation professionnelle, la plupart du temps<br />
dès le premier seuil de l'insertion professionnelle. Derrière cet<br />
échec, on identifie des décisions biographiques, des événements<br />
critiques ou des problèmes typiques des jeunes à gérer des situations.<br />
Sur cinq jeunes personnes adultes bénéficiaires de l'aide sociale,<br />
une seule dispose d'une formation professionnelle achevée.<br />
Mais même celles-ci ne parviennent apparemment pas à mettre à<br />
profit leur formation sur le marché du travail. Malgré leur formation,<br />
elles n'ont que peu d'avantages par rapport aux personnes non<br />
formées. D'une part, parce que certaines d'entre elles cherchent du<br />
travail dans un domaine pour lequel elles ne sont pas qualifiées,<br />
d'autre part, parce que leur niveau de formation ne correspond pas<br />
aux exigences.<br />
Ainsi, les jeunes adultes concernés ont, en général, besoin d'être<br />
soutenus par l'aide sociale sur une période prolongée ou en permanence.<br />
Si une partie d'entre eux en sort assez rapidement, le risque<br />
de l'effet tourniquet est élevé. Dans l'ensemble, la réinsertion est<br />
plus précaire que stable, un grand nombre de ces jeunes sont endettés.<br />
Les jeunes adultes n'ont pas encore pu constituer des économies<br />
leur permettant de vivre pendant des phases de formation,<br />
de recherche et d'orientation.<br />
Et c'est également en matière d'indemnités de chômage qu'ils<br />
sont souvent défavorisés. Il arrive fréquemment que, peu de semaines<br />
après le début du chômage, ils aient déjà besoin d'une<br />
aide matérielle. Une autre problématique réside dans les conditions<br />
d'emploi précaires et dans les rémunérations trop basses.<br />
Le fait que les ressortissants étrangers soient plus nombreux que<br />
les Suissesses et les Suisses dans le groupe des bénéficiaires permanents<br />
s'explique par les conditions moins bonnes en termes<br />
ACCENT 4/<strong>13</strong> ZeSo<br />
<br />
17<br />
L'aide sociale doit<br />
reconnaître la<br />
situation particulière<br />
des jeunes adultes.<br />
de formation et par des discriminations dans le marché du travail,<br />
d’une part, par des fondations plus précoces d'une famille,<br />
d’autre part.<br />
Nombreuses mesures – mais aussi nouveaux risques<br />
Une observation dynamique des évolutions et des situations de<br />
pauvreté attire le regard sur l'enchevêtrement entre conditions individuelles<br />
et structurelles et sur les risques et les potentiels de développement<br />
que celles-ci recèlent. Elle montre qu'une interaction<br />
réussie entre les offres de l'aide aux enfants et aux adolescents,<br />
l'aide sociale et le système d'instruction et de formation décide du<br />
succès de la mobilité sociale. Les échecs des jeunes adultes mettent<br />
actuellement à l'épreuve les concepts de bien-être social et de formation.<br />
Les nombreuses mesures de soutien prises ces dernières années<br />
ont sans doute contribué à atténuer les problèmes. Mais, pour une<br />
partie des jeunes, de nouveaux risques générés par le système apparaissent.<br />
Ainsi, l’élargissement des offres peut être source de difficultés<br />
d'orientation. Elle rend plus difficile une vue d'ensemble,<br />
tant pour les jeunes que pour les professionnels, ce qui entrave une<br />
collaboration cohérente et contribue à la fragmentation des processus.<br />
Les problèmes de points d'intersection, les compétences pas<br />
suffisamment claires, les offres trop limitatives ont souvent pour<br />
effet que les jeunes adultes à l'aide sociale sont assis entre deux<br />
chaises.<br />
En même temps, le développement des offres de passerelles<br />
a pour effet d’imposer aux jeunes une seule voie à suivre. Ainsi,<br />
les offres ont tendance à être axées sur des modèles institutionnels<br />
de normalité, souvent exclusivement sur l'acquisition de<br />
compétences, la recherche d'un ajustement et le placement dans<br />
des solutions correspondantes dans le marché du travail ou de la<br />
formation. Cette focalisation sur «l'essentiel» ne laisse souvent pas<br />
de place pour un soutien dans les difficultés liées aux situations<br />
de vie ou au développement. Les jeunes sont souvent trimballés<br />
d'une offre à une autre et ne se voient que rarement accorder des<br />
alternatives ou des marges de manœuvre pour évoluer de manière<br />
individuelle. C'est pourquoi les jeunes adultes ont souvent de la<br />
peine à créer une cohérence dans leurs actes, une cohérence qui<br />
se distinguerait par le sens, la faisabilité et la compréhensibilité.<br />
Au contraire, ils ont souvent le sentiment d'être les objets d'un processus<br />
de socialisation et parfois même de mise au pas par l'Etat<br />
social. Chez certains, cela a pour effet, qu'ils se détournent délibérément<br />
des offres de soutien.<br />
Pour l'aide sociale, cela signifie qu'elle ne doit pas se limiter à<br />
l'objectif de l'insertion dans le marché du travail et au soulagement<br />
de la situation de détresse économique. Elle doit également reconnaître<br />
la situation particulière des jeunes adultes, tenir compte<br />
de leur quête de sens et d'identité, ainsi que de leurs expériences<br />
de vie. Il s'agit d'aider les jeunes en situation de crise à réfléchir<br />
sur leurs expériences, à identifier les ressources et à développer<br />
leurs stratégies de gestion. A cet égard, les offres de soutien prometteurs<br />
sont celles qui donnent aux jeunes des possibilités de<br />
s'impliquer, des marges de manœuvre pour tenter leurs propres<br />
expériences, des chances de participation et des réseaux sociaux,<br />
qui les prennent au sérieux et les soutiennent dans leurs processus<br />
globaux de développement. Les programmes de l'aide sociale et<br />
ceux destinés aux chômeurs ont de plus en plus souvent la fonction<br />
d'agences de soutien et de placement à ce moment charnière qu'est<br />
le passage au travail rémunéré dans des conditions difficiles. Vue<br />
sous cet angle, la dépendance de l'aide sociale peut également être<br />
une chance – aussi paradoxal que cela puisse paraître: en tant que<br />
moment d'intervention pour un bilan global, suivi de l'initiation<br />
de différentes mesures. En collaboration avec des organisations de<br />
formation, de marché du travail et de l'aide aux jeunes, l'aide sociale<br />
devrait soutenir, de manière plus continue, les jeunes adultes<br />
dans leurs parcours de vie complexes.<br />
•<br />
Dorothee Schaffner<br />
Institut Kinder- und Jugendhilfe<br />
Haute école d’études sociales, Bâle<br />
Bibliographie<br />
Dorothee Schaffner, Matthias Drilling, Junge Erwachsene in der<br />
Sozialhilfe – Folgen veränderter Bedingungen am Übergang in die<br />
Erwerbsarbeit, in: Edith Maud Piller, Stefan Schnurr (Hrsg.), Kinder-<br />
und Jugendhilfe in der Schweiz, Springer Verlag, Wiesbaden,<br />
20<strong>13</strong>.<br />
Dorothee Schaffner, Junge Erwachsene zwischen Sozialhilfe und<br />
Arbeitsmarkt – Biographische Bewältigung von diskontinuierlichen<br />
Bildungs- und Erwerbsverläufen, Hep-Verlag, Bern, 2007.<br />
Matthias Drilling, Young urban poor – Abstiegsprozesse in den<br />
Zentren der Sozialstaaten, Verlag für Sozialwissenschaften,<br />
Frankfurt, 20<strong>04</strong>.<br />
OFS et Bureau BASS, Les jeunes adultes à l'aide sociale, Neuchâtel,<br />
2009.<br />
Jürg Krummenacher, Integrationsprobleme von jungen Erwachsenen,<br />
Berne, 2009. Sur mandat de la CDAS, de l'OFFT, de l'ODM,<br />
de la CSIAS, du Seco et de l'Initiative des villes pour la politique<br />
sociale.<br />
18 ZeSo 4/<strong>13</strong> ACCENT
La valorisation des compétences stimule<br />
la confiance en soi<br />
Le canton de Vaud a développé sa propre approche dans l’insertion professionnelle de jeunes adultes<br />
au bénéfice de l’aide sociale. La méthode, fondée sur les envies et le potentiel des jeunes, s’inspire<br />
de la grande expertise en matière de réadaptation et de placement de l’office cantonal de l’AI.<br />
Les autorités sociales vaudoises, alertées par l’augmentation régulière<br />
des sollicitations de l’aide sociale émanant de jeunes adultes,<br />
ont misé, depuis 2006, sur leur insertion professionnelle. Elles se<br />
sont dès lors approchées de l’organisme possédant une grande expertise<br />
en matière de réadaptation et de placement en formation et<br />
en emploi dans le canton, l’office de l’assurance-invalidité pour le<br />
canton de Vaud, à Vevey. La méthodologie utilisée par cette institution<br />
pour stimuler des personnes en recherche de solutions professionnelles<br />
paraissait facilement transposable à d’autres catégories<br />
de personnes en difficulté. En effet, les collaborateurs de l’office AI<br />
travaillent volontiers sur la valorisation des compétences résiduelles<br />
et la mise en confiance des personnes fragilisées. Les stratégies<br />
utilisées à cet effet conviennent donc très bien à ces jeunes<br />
adultes, même si l’aspect «atteinte à la santé» n’est pas présent.<br />
Le projet démarre en avril 2009, avec le recrutement d’un universitaire<br />
spécialisé en sociologie du travail, également au bénéfice<br />
d’une formation technique, M. Marco Nigro, dans le but de lancer<br />
et créer une dynamique spécifique, incarnée dans un structure intitulée<br />
IPJAD pour «intégration professionnelle des jeunes adultes<br />
en difficulté».<br />
Dès le départ, Marco Nigro formule une hypothèse basée sur le<br />
caractère très hétéroclite des niveaux de formation présentés par<br />
les candidats qu’il rencontre: ne pas être au bénéfice d’une scolarité<br />
solide n’est pas un obstacle absolu à la réinsertion. Concrètement,<br />
il se rend compte que des personnes non qualifiées sont très<br />
facilement intégrées dans le monde du travail, alors que d’autres,<br />
même formées, n’y parviennent pas. En cause: leurs compétences<br />
sociales, autrement dit, leur capacité à donner vie à un projet de<br />
recherche d’emploi et à donner envie à un employeur d’y donner<br />
suite. De plus, les principaux obstacles sont liés à une orientation<br />
en inadéquation avec les aspirations des jeunes et des parcours de<br />
vie difficile. A contre-courant des tendances en matière d’inser-<br />
«Ce que les jeunes ne<br />
peuvent pas faire, nous<br />
le faisons à leur place.»<br />
tion, qui préconisent le développement de l’autonomie du candidat,<br />
Marco Nigro utile le mot d’ordre suivant: «ce que les jeunes ne<br />
peuvent pas faire, nous le faisons à leur place.» Il va, dès lors, les<br />
aider à bâtir de vrais projets, allant de recherches d’emplois non<br />
qualifiés à des formations complètes. Deux impératifs: le plaisir<br />
que le jeune adulte pourra rencontrer dans son activité et sa fiabilité,<br />
une fois en emploi ou en formation.<br />
Pragmatique et éfficace<br />
L’équipe s’est étoffée avec deux nouveaux collaborateurs, en 2010<br />
et en 2011, une assistante administrative, courant 20<strong>13</strong>, ainsi<br />
qu’une nouvelle collaboratrice en insertion, en novembre 20<strong>13</strong>.<br />
La méthodologie reste caractérisée par cette approche pragmatique<br />
fondée sur les envies et le potentiel du jeune adulte, ainsi<br />
qu’un travail impliquant fortement les partenaires. Les situations<br />
sont en effet adressées par un certain nombre de protagonistes du<br />
système d’aide sociale vaudoise, tels que les centres sociaux régionaux<br />
(organismes régionaux vaudois regroupant les pourvoyeurs<br />
d’aide sociale) ou divers prestataires actionnés par l’aide sociale.<br />
Ainsi, lorsqu’un candidat est adressé au service IPJAD, c’est toujours<br />
avec une description très documentée de la problématique et<br />
des attentes institutionnelles.<br />
Dans une stratégie d’action, on cherche d’abord une forte alliance<br />
avec le jeune adulte. Ensuite, un travail sur la confiance,<br />
souvent déficitaire, est mis en place et cristallisé par cette collaboration<br />
étroite qui se noue dans toutes les phases de mise en place<br />
du projet. Cette confiance est réciproque, le conseiller ne se permet<br />
pas de dénigrer un projet peu réaliste, mais cherche avant tout à en<br />
tirer parti pour construire un plan davantage en adéquation avec<br />
les ressources de la personne.<br />
En rupture avec les méthodes traditionnelles d’insertion professionnelle,<br />
qui privilégient la recherche d’un réseau d’entreprises<br />
collaborant régulièrement avec l’institution intégratrice, Marco<br />
Nigro préconise un démarchage massif, qui vise ainsi à investiguer<br />
le marché de l’emploi en fonction du projet mis en place avec le<br />
jeune. Au besoin, il pratique une démarche très impliquante pour<br />
le jeune adulte: le porte-à-porte (d’entreprises!).<br />
La stratégie évolue énormément, selon la personne et le secteur<br />
professionnel. Elle vise avant tout une efficacité qui n’est pas sans<br />
évoquer des échos tayloristes: «The right man at the right place»<br />
– au niveau du marché du travail. Les exemples mettent en évidence<br />
l’efficacité de cette approche. Ainsi, tel jeune en rupture avec<br />
l’autorité, en raison d’une relation difficile avec son père, retrouve<br />
confiance après avoir été pris sous l’aile d’un patron grand-frère<br />
qui le valorise. Tel autre, qui a besoin d’évoluer dans un cadre rigide,<br />
a pu trouver son bonheur dans une confiserie, où la norme<br />
24 ZeSo 4/<strong>13</strong> ACCENT
jeunes adultes<br />
Le jeune, attiré par les<br />
activités prestigieuses,<br />
s’est trouvé valorisé par<br />
une activité industrielle<br />
répétitive... dans un<br />
grand holding.<br />
est de ne pas parler, le matin, dans l’atelier. Tel autre encore, attiré<br />
par les activités prestigieuses, mais dont le niveau scolaire et intellectuel<br />
très faible interdit une formation de haut niveau, s’est<br />
trouvé valorisé par une activité industrielle répétitive... dans un<br />
grand holding!<br />
Envie et confiance en soi, deux ingrédients pour trouver un emploi.<br />
Photo: Keystone<br />
Intégration pas à tout prix<br />
Les résultats des années 2011 et 2012 tendent à prouver l’efficacité<br />
de cette action individualisée et réaliste: 81 personnes placées en<br />
entreprise sur 149, en 2011, et 96 personnes placées sur 151, en<br />
2012. Celles qui ne sont pas placées présentent généralement une<br />
problématique trop complexe pour être réinsérées et sont prises en<br />
charge par des organismes de soutien. Le service IPJAD n’intègre<br />
pas à tout prix. Il confronte les candidats à la réalité, ce qui peut également<br />
mettre en lumière blocages et difficultés incompatibles avec<br />
les exigences du monde du travail. 2012, grâce à l’extension du service,<br />
a vu également une nette augmentation de placements en formation<br />
duale (76 cas, contre 49 en 2011). L’intégration d’IPJAD<br />
dans la structure de l’office AI, pour le canton de Vaud, est aussi une<br />
étincelle de créativité amenant des pistes de méthodologies alternatives<br />
aux conseillers en insertion de l’office, juste retour des choses<br />
pour un organisme qui a mis à disposition ses compétences à la<br />
création même de ce processus. <br />
•<br />
Dominique Dorthe<br />
Office AI pour le canton de Vaud<br />
Sortir du train-train<br />
et retrouver le sourire<br />
Pour la clientèle, Nestor Services est un service traiteur comme un autre. Mais pour les collaboratrices<br />
et les collaborateurs, Nestor est bien plus que cela: une institution sociale qui permet aux personnes<br />
au chômage et aux bénéficiaires de l’aide sociale d’effectuer un travail rémunéré dans la restauration.<br />
Elle se tient derrière le buffet, bien droite,<br />
vêtue de noir et portant un long tablier vert.<br />
Appliquée, elle verse du jus d’orange et le<br />
tend au client avec un «Voilà, Monsieur!»<br />
accompagné d’un sourire. Sandra Nanchen<br />
fait bien son travail, et surtout, elle le fait<br />
avec plaisir. Pourtant, au cours de ces derniers<br />
mois, elle n’avait pas le cœur à rire.<br />
Chômeuse depuis un an, elle n’a pas encore<br />
retrouvé un emploi à plein temps, malgré<br />
de nombreuses candidatures. «Ils préfèrent<br />
engager une main-d’œuvre plus<br />
jeune, moins chère, sans diplôme professionnel<br />
et prête à travailler à temps partiel»,<br />
regrette la quadragénaire. Elle débarrasse<br />
rapidement quelques verres vides et remplit<br />
les verres propres de jus d’orange frais.<br />
L’offre de Nestor, pour elle, est une chance.<br />
Fondation active dans le canton du Valais,<br />
Nestor est destinée à occuper des personnes<br />
qui ont des difficultés sur le marché<br />
du travail. Une seule condition: elles<br />
doivent s’intéresser à la restauration.<br />
Collaboration avec les fournisseurs<br />
locaux<br />
En fait, Nestor est un service traiteur –<br />
rien n’évoque une institution sociale pour<br />
les clients de ce mercredi matin au Centre<br />
Suva de Sion. Les 300 personnes actives<br />
dans le Réseau Santé Valais suivent ici une<br />
formation continue et se détendent pendant<br />
la pause en savourant café, croissants,<br />
jus et fruits. Que ce soit pour vingt<br />
ou pour mille personnes, pour un événement<br />
d’entreprise ou familial,: en dehors<br />
de l’aspect culinaire, Nestor s’occupe également<br />
de la recherche d’une salle, de la<br />
décoration ou d’une animation musicale<br />
– selon les desiderata de la clientèle. La<br />
nourriture destinée au banquet ou au buffet<br />
n’est pas produite par l’institution ellemême,<br />
elle est achetée auprès de fournisseurs<br />
de la région. «Nous accordons une<br />
très grande importance à la qualité des<br />
produits», explique Fabienne Theytaz,<br />
responsable de la coordination et de l’organisation<br />
chez Nestor.<br />
Loin d’un atelier protégé<br />
Le service proprement dit, l’attention portée<br />
au client, revêt une grande importance.<br />
Simon Darioli, Chef du Service cantonal de<br />
l’action sociale jusqu’à la fin de l’année et<br />
responsable du développement de projets<br />
au sein de la fondation, souligne que Nestor<br />
n’est pas un atelier protégé. Au contraire:<br />
«Nous ne faisons pas de cadeaux aux employés.»<br />
Il s’agit de les aider à sortir du<br />
train-train qui peut s’installer chez les chômeurs<br />
ou les personnes en fin de droit et à<br />
trouver une nouvelle motivation et une<br />
Les verres sales disparaissent dans des bacs.<br />
nouvelle confiance en soi. Et de rappeller<br />
qu’au terme d’un ou de deux ans loin de<br />
son métier, un chômeur risque de partir à<br />
la dérive. Il a besoin d’un apprentissage en<br />
cours d’emploi pour réapprendre ce que,<br />
au fond, il sait. Idéalement, le travail au service<br />
traiteur permet aux collaboratrices et<br />
aux collaborateurs de retrouver leur assurance<br />
et leur sourire. Fabienne Theytaz<br />
constate que, pour certains, cela demande<br />
plus de temps que pour d’autres. Et elle<br />
pense que c’est bien ainsi. Pour elle, ce qui<br />
compte, c’est qu’elle sente la volonté de<br />
bien collaborer. En effet, les clients paient<br />
aux mêmes tarifs que chez un autre service<br />
traiteur et ils demandent dès lors une prestation<br />
équivalente, précise Simon Darioli.<br />
Les personnes sont placées chez Nestor<br />
par l’intermédiaire de la caisse chômage,<br />
de l’aide sociale ou – dans des cas rares<br />
– de l’office de l’assurance invalidité. Ils<br />
sont rémunérés à l’heure, selon les tarifs de<br />
Gastro Suisse. «Nous ne pratiquons pas le<br />
dumping salarial», souligne Simon Darioli.<br />
Après chaque mission, les collaborateurs<br />
sont jugés à l’aide d’une fiche d’évaluation.<br />
Nestor s’autofinance à 60 %. Les 40<br />
% restants proviennent de contributions<br />
du Service de l’action sociale, de donateurs<br />
privés et des fonds de soutien de la Loterie<br />
Romande.<br />
Le personnel doit sans cesse s’adapter<br />
à de nouvelles situations, puisque chaque<br />
endroit et chaque clientèle sont différents.<br />
Parmi les clients qui ont déjà fait appel<br />
au service, on compte de grande banques<br />
et des banques privées ou des assurances,<br />
mais également des communes et des particuliers.<br />
D’ici à la fin de l’année, Nestor<br />
aura accompli entre <strong>13</strong>0 et 140 missions,<br />
estime Simon Darioli. Nestor existe depuis<br />
mai 2012. Pour ses missions, la fondation<br />
recourt à un pool de collaborateurs. Mais<br />
à chaque fois, outre l’engagement de personnes<br />
expérimentées, elle veille à impli-<br />
30 ZeSo 4/<strong>13</strong> reportage
L’équipe de Nestor prépare le déjeuner pour 300 personnes. <br />
Photos: Pia Neuenschwander<br />
quer également des débutants pour leur<br />
donner leur chance, explique Fabienne<br />
Theytaz.<br />
«Montrer ce que je sais faire»<br />
Le brouhaha devant la cafétéria de la clinique<br />
s’est éteint, les participants au cours<br />
ont rejoint les salles de séminaire. Sandra<br />
Nanchen, sa collègue ainsi que les deux collaboratrices<br />
fixes de Nestor rangent en un<br />
rien de temps les verres et tasses vides dans<br />
des bacs. Puis, elles changent la disposition<br />
des tables et déroulent une nappe en papier<br />
blanche. Une petite tâche sur la nappe les<br />
irrite et elles en déploient une nouvelle.<br />
Elles comptent les verres et les disposent en<br />
ordre symétrique. Les piles d’assiettes,<br />
elles, doivent toutes avoir la même hauteur.<br />
L’équipe de Nestor est en train de préparer<br />
le déjeuner pour 300 personnes. Elle<br />
soigne les détails, tels les petits bouquets de<br />
fleurs et les serviettes lilas et vertes, joli-<br />
ment pliées. Sofia Lourenço est serveuse diplômée,<br />
au chômage depuis le mois de<br />
mai. «Chez Nestor, j’ai la possibilité de<br />
montrer ce que je sais faire», dit fièrement<br />
la jeune femme de 32 ans qui se maintient<br />
actuellement à flot avec un emploi à temps<br />
partiel dans une boulangerie.<br />
Il est bientôt midi. Deux autres personnes<br />
ont rejoint l’équipe pour donner un<br />
coup de main. Tout est prêt, il ne manque<br />
que le repas qui sera bientôt livré par un<br />
traiteur local. Sofia Lourenço et Sandra<br />
Nanchen, à l’œuvre depuis ce matin, se<br />
tiennent un peu à l’écart et s’offrent une<br />
petite pause-café et croissant. Fabienne<br />
Theytaz consulte sa montre: le repas<br />
n’est toujours pas livré, elle commence à<br />
s’inquiéter. Un quart d’heure plus tard,<br />
la camionnette s’arrête devant la clinique<br />
et les amuse-bouche, bien emballés, sont<br />
acheminés sur un chariot. L’inquiétude<br />
de Fabienne Theytaz augmente d’un cran:<br />
lorsque, assistée de ses collaboratrices, elle<br />
veut placer les mets chauds dans les plats,<br />
sur le buffet, elle se rend compte que ceuxci<br />
ne peuvent être maintenus au chaud –<br />
les réchauds ayant été livrés sans alcool à<br />
brûler.<br />
Le personnel de Nestor improvise: les<br />
amuse-bouches sont rapidement amenés à<br />
la cuisine de la clinique où ils sont gardés<br />
au chaud. Pendant ce temps, un collaborateur<br />
court au magasin le plus proche pour<br />
se procurer quelques bouteilles d’alcool<br />
à brûler. Peu de temps après, le buffet<br />
est prêt. Les 300 invités garnissent leurs<br />
assiettes de succulents canapés. Les collaborateurs<br />
et les collaboratrices de Nestor se<br />
tiennent derrière le buffet. Souriants, bien<br />
droits dans leurs vêtements noirs et leur<br />
tablier vert. Comme s’il n’y avait jamais eu<br />
de petit incident.<br />
•<br />
Catherine Arber<br />
reportage 4/<strong>13</strong> ZeSo<br />
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