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manteau, met sa robe <strong>de</strong> chambre et s’installe<br />
pour tenter d’évoquer le visage <strong>de</strong> la femme<br />
aimée. C’est alors que le visage aimé apparaît<br />
en gros plan, ses lèvres murmurent et nous<br />
entendons le vieil homme répéter ces mots<br />
murmurés, issus <strong>de</strong> la fin d’un poème <strong>de</strong> Yeats<br />
évoquant les êtres qui ne sont plus :<br />
« Que nuages passant dans le ciel<br />
Lorsque l’horizon pâlit,<br />
Ou le cri <strong>de</strong> l’oiseau qui sommeille<br />
Parmi les ombres appesanties »<br />
Quad<br />
1981, vidéo, noir et blanc, 15’, sonore<br />
Autre « poème visuel » développé à partir du<br />
tracé d’un trajet, carré occupé dans ses angles<br />
par quatre mimes. Ceux-ci vont parcourir à tour<br />
<strong>de</strong> rôle autant <strong>de</strong> trajets possibles, en suivant<br />
les droites et les diagonales et en se croisant.<br />
<strong>Le</strong> fait d’éviter <strong>de</strong> se croiser au centre peut<br />
être interprété comme un interdit ou comme un<br />
danger mortel. Cette situation provoque un état<br />
<strong>de</strong> tension et d’épouvante. Beckett a nommé<br />
cela « un quadrilatère <strong>de</strong> détention ». Est-ce<br />
la métaphore <strong>de</strong> la <strong>de</strong>stinée humaine du point<br />
<strong>de</strong> vue objectif <strong>de</strong> la caméra fixe ? Maintes<br />
hypothèses d’interprétation naissent <strong>de</strong> ce<br />
spectacle drôle et terrifiant.<br />
personnages : au théâtre on voit apparaître<br />
quatre personnages, Bam, Bem, Bim et Bom,<br />
en robe grise et cheveux gris. À la télévision,<br />
Bam, le personnage qui se souvient est un<br />
grand visage, assez flou, à gauche <strong>de</strong> l’écran.<br />
<strong>Le</strong>s autres sont <strong>de</strong>s têtes à l’ovale précis, sans<br />
oreilles et sans cheveux, qui apparaissent et<br />
disparaissent à droite <strong>de</strong> l’écran, au gré <strong>de</strong>s<br />
souvenirs <strong>de</strong> Bam qui conclue : « je suis seul,<br />
comprenne qui pourra, j’éteins » ; la mémoire<br />
s’arrête et Bam s’éteint littéralement.<br />
Film <strong>de</strong> Samuel Beckett, 1966<br />
Nacht und Träume<br />
1983, vidéo, noir et blanc, 12’, sonore<br />
Ce titre est celui d’un <strong>de</strong>s <strong>de</strong>rniers lieds <strong>de</strong><br />
Schubert. La scène se déroule dans une<br />
chambre sombre et vi<strong>de</strong>, éclairée seulement<br />
par le rectangle d’une fenêtre haut perchée.<br />
Un vieil homme assis est penché sur une table.<br />
« Reviens ô sainte nuit, beaux rêves, revenez<br />
aussi. » Sur ces <strong>de</strong>rnières mesures, sur ces mots<br />
murmurés apparaît dans le coin droit <strong>de</strong> l’écran<br />
le « soi-même rêvé » du rêveur… On entend <strong>de</strong><br />
nouveau la musique, l’image du rêve occupe<br />
alors l’écran entier… Après la série <strong>de</strong> tous les<br />
mouvements répétés au ralenti et en gros plan,<br />
l’image du « soi-même rêvé» disparaît, puis<br />
celle du rêveur. Ce « poème visuel » montre une<br />
compassion assez rare dans l’œuvre <strong>de</strong> Beckett.<br />
What Where<br />
1986, vidéo, noir et blanc, 15’43’’, vo alleman<strong>de</strong><br />
La transposition du théâtre à la télévision a<br />
amené Beckett à transformer la présence <strong>de</strong>s