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Samuel Beckett<br />
z Film<br />
1966, 35 mm, noir et blanc, silencieux (un son), 30’<br />
scénario et direction : Samuel Beckett<br />
mise en scène : Alain Schnei<strong>de</strong>r<br />
avec Buster Keaton<br />
Esse est percipi, « être c’est être perçu », disait<br />
le philosophe Berkeley. Film est l’histoire <strong>de</strong> « la<br />
recherche du non-être par suppression <strong>de</strong> toute<br />
perception <strong>de</strong> soi », écrit Beckett. <strong>Le</strong> personnage<br />
O (Buster Keaton) « s’efforce <strong>de</strong> ne pas être vu »<br />
et se précipite aveuglément dans une course<br />
« allant du maximum d’exposition à l’intérieur,<br />
d’enfermement, d’isolement dans sa chambre,<br />
cet endroit qui est un piège préparé. »<br />
Film, « le plus grand film irlandais »,<br />
selon Gille Deleuze.<br />
z Pièces pour la télévision<br />
direction : Samuel Beckett<br />
directeur <strong>de</strong> la photo : Jim <strong>Le</strong>wis<br />
production : SDR Production<br />
« Beckett saisit immédiatement ce qui dans la<br />
télévision rencontre son écriture : la continuité<br />
flui<strong>de</strong>, le ressassement hémorragique. C’est le<br />
propre <strong>de</strong> l’enregistrement <strong>de</strong> la télévision que <strong>de</strong><br />
proposer cet état <strong>de</strong> “voyeurisme” interminable,<br />
sans coupure, sans changement <strong>de</strong> plans,<br />
sans variation du point <strong>de</strong> vue afin <strong>de</strong> “ne pas<br />
explorer mais simplement regar<strong>de</strong>r”. De ce fait,<br />
Beckett comprend bien la caractéristique <strong>de</strong><br />
la caméra <strong>de</strong> télévision qui peut, plus encore<br />
que celle du cinéma, être mobile, “subreptice<br />
ou fulgurante”. “Elle avance ou recule pour se<br />
trouver aux endroits déterminés afin d’obtenir<br />
les points fixes les plus significatifs”, dit-il encore<br />
à propos <strong>de</strong> Ghost Trio… Film avec le concours<br />
muet, bien entendu, <strong>de</strong> Buster Keaton ou Quad<br />
sont exemplaires <strong>de</strong> ces métaphores rendues<br />
concrètes à l’image en échappant aux pesanteurs<br />
<strong>de</strong> la langue, qu’il a tant traquées par ailleurs.<br />
La télévision, cet “œil sauvage” selon Beckett,<br />
aurait‐elle été pour lui l’occasion <strong>de</strong> règlements <strong>de</strong><br />
compte inattendus avec le théâtre ? » (Jim <strong>Le</strong>wis)<br />
Ghost Trio<br />
1977, vidéo, noir et blanc, 31’30’’, vo alleman<strong>de</strong><br />
Une voix féminine accueille le téléspectateur,<br />
ce n’est plus la voix intérieure <strong>de</strong> Eh Joe, c’est<br />
la voix objective du maître <strong>de</strong> cérémonie<br />
qui décrit l’intérieur <strong>de</strong> la chambre, en fait<br />
Film <strong>de</strong> Samuel Beckett, 1966<br />
l’inventaire. Puis elle introduit le protagoniste :<br />
un vieil homme penché sur un objet… De l’objet<br />
(un magnétophone) s’échappe un passage du<br />
trio Fantôme <strong>de</strong> Beethoven. <strong>Le</strong> visage ravagé du<br />
vieil homme se relève puis disparaît en fondu.<br />
But the Clouds<br />
1977, vidéo, noir et blanc, 15’46’’, vo alleman<strong>de</strong><br />
Comme dans Ghost Trio, la voix introduit les<br />
éléments <strong>de</strong> l’image, puis se tait pour laisser<br />
l’image parler seule. Ici la voix s’exprime à la<br />
première personne du singulier : c’est celle<br />
d’un vieil homme qui rentre chez lui, enlève son