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N°750 LUNDI 30 MAI 2005<br />
■ Le « non » a atteint 56,44 % des suffrages, hier soir à 23 h 30, selon les résultats<br />
partiels portant sur 85,79 % des inscrits, a annoncé le ministère de l’Intérieur. CONSTITUTION<br />
■ L’abstention se situerait autour de 30,14 %, selon la même source.<br />
■ A Paris, le « oui » devait être nettement majoritaire, avec un taux de plus<br />
de 55 %, a annoncé hier soir peu avant minuit le maire, Bertrand Delanoë.<br />
EUROPÉENNE<br />
O. LABAN-MATTEI / AFP<br />
Hier soir, à la Bastille, à Paris.<br />
Les «non» fêtent leurs victoires<br />
La tempête s’est<br />
levée en début de soirée. La<br />
pluie a commencé de tomber<br />
hier soir en même temps que<br />
les premières rumeurs de<br />
victoire du « non », quelques<br />
heures avant que ses partisans<br />
se réunissent place de<br />
la Bastille pour fêter l’événement.<br />
A gauche comme<br />
à droite, tous les leaders du<br />
« non » ont applaudi « leur »<br />
victoire de leur QG respectif<br />
ou sur les plateaux de télé.<br />
Jean-Luc Mélenchon attaque<br />
parmi les premiers :<br />
Jacques Chirac doit « se soumettre<br />
ou se démettre », réclame<br />
le sénateur PS de l’Essonne.<br />
Ses supporteurs se<br />
rappellent une campagne<br />
aux « salles pleines, aux<br />
électeurs intéressés et aux<br />
militants surmotivés ». Restent<br />
les mauvais souvenirs :<br />
« On n’a pas digéré d’être<br />
traités au PS d’agents de Le<br />
Pen. » L’avenir au PS est le<br />
grand sujet de discussion.<br />
Pour un proche de Mélenchon,<br />
« Fabius va déshabiller<br />
Hollande » et « Méluch’<br />
fera le pont entre Fabius<br />
et les autres gauches,<br />
PCF, LCR, Attac ». A l’horizon,<br />
la présidentielle :<br />
« On va enfin construire la<br />
grande union de la gauche,<br />
avec toutes les bases, et<br />
après on choisira un candidat.<br />
Hollande et Strauss-<br />
Kahn sont morts, Jospin qui<br />
sait ? et Fabius pourquoi<br />
« On va enfin<br />
construire<br />
la grande<br />
union de<br />
la gauche. »<br />
(Un proche de Mélenchon)<br />
pas… Mitterrand a prouvé<br />
qu’on pouvait traîner les<br />
pires casseroles et vaincre<br />
quand on est dans le sens de<br />
l’histoire. »<br />
Hier soir, Laurent Fabius a<br />
préféré se taire. Le n° 2 du<br />
PS ne parlera qu’aujourd’hui,<br />
« après avoir étudié<br />
toute la situation », confiait<br />
son entourage. Henri Emmanuelli,<br />
son allié dans le<br />
camp du « non » socialiste,<br />
s’est dit, lui, « fier de la<br />
France qui a dit “non” à<br />
l’Europe libérale ». Pour les<br />
socialistes opposés au traité,<br />
aucun doute, le « non » vainqueur<br />
est de gauche. « Pour<br />
la première fois depuis longtemps,<br />
nous avons repris à<br />
Le Pen les voix ouvrières et<br />
populaires », estime un militant.<br />
Même si l’on reconnaît<br />
l’existence d’un « non »<br />
villiériste qui « a fait mal à<br />
l’UMP en ralliant sa frange<br />
la plus dure ».<br />
Philippe de Villiers a lui<br />
aussi demandé hier soir la<br />
« démission » de Chirac ou<br />
une « dissolution » de l’Assemblée.<br />
Pour ses proches,<br />
« l’UMP doit éclater pour<br />
un grand parti national et<br />
souverainiste ». Une vision<br />
à l’opposé du LCR Olivier<br />
Besancenot, pour qui le<br />
« non » d’hier n’est pas celui<br />
de « l’anti-Turc », mais « des<br />
questions sociales ».<br />
Bastien Bonnefous<br />
Au PS<br />
La peur d’une « guerre civile »<br />
La soirée avait mal<br />
commencé rue de Solferino.<br />
Ambiance tendue, problèmes<br />
entre le service d’ordre et<br />
les invités… Les ténors,<br />
François Hollande en tête,<br />
sont arrivés le visage fermé.<br />
L’inquiétude fait place à la<br />
déception au fur et à mesure<br />
que les chiffres tombent.<br />
A l’annonce des résultats,<br />
personne n’est<br />
vraiment surpris. Des militants<br />
parlent d’une « campagne<br />
difficile ». Olivier<br />
admet que « beaucoup de<br />
militants ont défendu le<br />
“non” au lieu de faire campagne<br />
pour le “oui” ». Pour<br />
Emmanuel, la question est<br />
A l’UMP<br />
maintenant l’avenir du<br />
parti. Nul doute, il estime<br />
le PS « affaibli ». Un militant<br />
espagnol parle, lui, de<br />
« guerre civile ». Un autre<br />
estime qu’il faut « faire le tri<br />
à sa tête ». Hollande démissionnera-t-il<br />
? Le premier<br />
secrétaire prouve le<br />
contraire par son discours<br />
de rassemblement quelques<br />
heures plus tard. Il garde<br />
les rênes du parti, mais les<br />
coups vont pleuvoir. Vat-on<br />
assister à la nuit des<br />
longs couteaux ? Pierre<br />
Bergé, partisan du « oui »,<br />
coupe : « J’espère que ce ne<br />
sera pas la nuit des seconds<br />
couteaux ». Arnaud Sagnard<br />
Sarkozy réclame un changement<br />
A l’UMP, on y a cru.<br />
Pas jusqu’au bout quand<br />
même. En début de soirée,<br />
l’ambiance est tranquille et<br />
les premiers sondages « sortis<br />
des urnes » indiquent un<br />
score serré. Au terme d’une<br />
réunion de l’état-major de<br />
l’UMP, un peu avant 20 h,<br />
on sent l’affaire « pliée ».<br />
Tous se sont réunis pour élaborer<br />
le discours que le patron<br />
du parti lira un peu plus<br />
tard. « Nous avons envisagé<br />
tous les scénarios, les résultats<br />
sont très serrés », prétend<br />
Roger Karoutchi en<br />
sortant. Le commentaire est<br />
prudent, mais le cœur n’y<br />
est manifestement plus.<br />
Christian Estrosi (député<br />
des Alpes-Maritimes)<br />
pense déjà à des lendemains<br />
qui ne chantent pas. « De<br />
par leur mobilisation, les<br />
Français ont voulu nous<br />
adresser un message, il faut<br />
faire de la politique autrement.<br />
» Pierre Lellouche<br />
(député de Paris) ajoute :<br />
« Ce sont les Français qui<br />
ont perdu ce soir, mais ce<br />
sont eux qui l’ont décidé. Il<br />
faut le respecter. » Vers<br />
22 h 30, Nicolas Sarkozy officialise<br />
la défaite collective<br />
: « C’est un événement<br />
politique majeur qui vient<br />
après les coups de semonce<br />
adressés à la gauche en 2002<br />
et à la droite en 2004. En<br />
disant “non” les Français<br />
nous pressent d’en finir<br />
avec notre immobilisme. »<br />
Il a rappelé son soutien au<br />
Président « sans renoncer<br />
à [sa] part de vérité ».<br />
David Carzon<br />
campagne Pas de regrets dans l’équipe<br />
de campagne de l’UMP, puisque c’est le « non » de<br />
gauche qui a fait pencher la balance. « Nous avons<br />
fait notre boulot. assure Cédric, chargé de mission.<br />
Nous avons tenté de répondre à chaque peur, chaque<br />
inquiétude, chaque question. Point par point. »