Palabres 14 - Association des Revues Plurielles

la preuve en sera donnée au cours
des jours qui suivront immédiatement
le procès.
Matsoua à Mayama. Pendant ce
temps-là Matsoua est en train de
croupir dans une cellule malsaine
de Mayama, mal nourri et maltraité,
et ne tarde pas à tomber malade. À
la fin de l’année 1942, il ne quitte
plus sa paillasse.
L’abbé Auguste NKounkou, devenu
depuis lors évêque de l’Église
du Congo, apprenant que l’état de
Matsoua empire, se rend en hâte le
13 janvier 1942 à Mayama. A son arrivée,
les geôliers lui apprennent
que le leader est mort au cours de
la nuit et que son enterrement a eu
lieu à cinq heures du matin devant
quelques agents de l’administration.
L’abbé Auguste est atterré par
cette nouvelle. Matsoua mort sans
avoir reçu les derniers sacrements
et enterré si rapidement qu’aucun
Lari n’a pu voir et ne reverra jamais
I MAGES & MÉMOIRE
son corps ! Jamais personne dans le
pays ne croira cette version.
Chez le chef de subdivision, l’abbé
Auguste Nkounkou retrouve les
fonctionnaires du gouvernement,
M. et Mme Perret, M. Vivie, M. Nere
Tounda et M. Ange Mbemba. Tous
lui confirment la mort de Matsoua
des suites, d’après eux, d’une
pneumonie.
Mais à la prison, l’Abbé Auguste
a entendu une autre version. La
veille, le leader avait reçu un coup
de crosse d’un milicien. Après ce
coup, Matsoua a vomi du sang et
dit : C’en est fait de moi. Un rapport
de l’administration conclut peu
après que Matsoua Grenard est
mort le 13 janvier 1942 d’une dysenterie
bacillaire…
En 1941, Matsoua dans une cellule à Mayama. (Gouache de Ray-M’)
Naissance d’une légende. Ce
rapport ne peut satisfaire les Lari.
Mort, Matsoua a droit aux funérailles
coutumières qu’ils rendent
habituellement aux chefs et aux hél’arbre
à Palabres
# 14 - Novembre 2003
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