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Dossier de presse - Palais des Beaux Arts de Lille

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Avant-propos<br />

L’exposition intitulée E.motion graphique se formule comme une expérience qui se veut exemplaire dans l’activité scientifique et culturelle<br />

<strong>de</strong>s musées aujourd’hui. L’exposition prend appui sur la présentation au public <strong>de</strong> plus <strong>de</strong> 170 <strong>de</strong>ssins <strong>de</strong> la collection du musée qui, du<br />

XVI ème au XX ème siècle, donnent une définition visuelle du geste du <strong>de</strong>ssinateur dans son évolution au sein <strong>de</strong> la culture européenne. La<br />

confrontation avec l’animation graphique issue <strong>de</strong> la technologie informatique permet <strong>de</strong> repérer <strong>de</strong>s effets <strong>de</strong> permanence entre l’art du<br />

passé et la pratique contemporaine. L’ensemble donne à voir le double temps recherché <strong>de</strong> ce mouvement qui procure l’émotion et que<br />

précisément traduit, dans un jeu <strong>de</strong> mots entre français et anglais, le titre E.Motion Graphique.<br />

Malgré l’attention très contemporaine aux formes d’expression archaïques et primitives, la quête <strong>de</strong> l’illusion née dans la culture antique est<br />

toujours aussi vivante.<br />

Alain Tapié<br />

Conservateur en chef du patrimoine<br />

Directeur du <strong>Palais</strong> <strong>de</strong>s beaux-arts <strong>de</strong> <strong>Lille</strong> et <strong>de</strong> l’Hospice Comtesse<br />

E.motion Graphique : propos et œuvres exposées<br />

Père <strong>de</strong>s trois arts : peinture, sculpture et architecture, selon Giorgio Vasari, peintre et théoricien florentin du XVIe siècle, le <strong>de</strong>ssin occupe<br />

une place essentielle dans le processus créatif <strong>de</strong>s artistes. À toutes les étapes <strong>de</strong> sa carrière, <strong>de</strong> son apprentissage à la pleine possession<br />

<strong>de</strong> ses moyens expressifs, l’artiste, du XVIe au XIXe siècle, commence par être un <strong>de</strong>ssinateur. Sa formation débute en effet par <strong>de</strong>s étu<strong>de</strong>s<br />

<strong>de</strong>ssinées, d’après <strong>de</strong>s modèles antiques puis abor<strong>de</strong> le corps humain d’après le modèle vivant dans son détail anatomique, sa plastique,<br />

sa pose, son visage. Viennent alors l’étu<strong>de</strong> <strong>de</strong> la perspective qui permet <strong>de</strong> créer un décor ou d’étudier <strong>de</strong>s personnages en raccourci, puis<br />

l’étu<strong>de</strong> <strong>de</strong>s plis et <strong>de</strong>s drapés qui couvrent les figures. L’artiste est alors prêt à entreprendre ses compositions, à les concevoir dans leur ensemble<br />

comme d’en isoler <strong>de</strong>s détails pour obtenir le résultat recherché, perfectionner son œuvre. La peinture dite d’histoire, évoquant <strong>de</strong>s<br />

scènes historiques, mythologiques, allégoriques ou religieuses - la plus considérée par la hiérarchie <strong>de</strong>s genres mis en place par l’Académie<br />

royale <strong>de</strong> peinture et <strong>de</strong> sculpture, à Paris au XVIIe siècle - nécessite cette pratique du <strong>de</strong>ssin, plus particulièrement celle du corps humain ; la<br />

représentation <strong>de</strong> l’homme apparaissant comme le sujet le plus noble. Le paysage, moins considéré est cependant un sujet <strong>de</strong> préoccupation<br />

pour nombre <strong>de</strong> peintres d’histoire qui en font un élément "parlant" <strong>de</strong> leurs œuvres, par l’étu<strong>de</strong> <strong>de</strong> l’atmosphère, <strong>de</strong> la symbolique <strong>de</strong>s<br />

plantes, ou comme lieu <strong>de</strong> méditation.<br />

À la charnière du XVIIe et du XVIIIe siècle, Roger <strong>de</strong> Piles, l’un <strong>de</strong>s principaux théoriciens français <strong>de</strong> l’époque, résume ses pensées et la place<br />

qu’il accor<strong>de</strong> au <strong>de</strong>ssin dans un ouvrage paru à Paris en 1708, un an avant sa disparition. Tout en y développant, dans son raisonnement,<br />

<strong>de</strong>s aspects techniques, De Piles expose dans son Cours <strong>de</strong> peinture par principe qu’il adresse aux amateurs, les principes <strong>de</strong> la peinture. Le<br />

<strong>de</strong>ssin - écrit-il - "est la clef <strong>de</strong>s <strong>Beaux</strong>-<strong>Arts</strong>". Il est "le fon<strong>de</strong>ment <strong>de</strong> la peinture". Les citations introduisant les sept sections <strong>de</strong> l’exposition<br />

reprenant les différentes étapes <strong>de</strong> la pratique du <strong>de</strong>ssin classique et <strong>de</strong>s genres picturaux que nous avons évoqués, sont extraites <strong>de</strong> son<br />

ouvrage.<br />

Si aujourd’hui, les techniques du <strong>de</strong>ssin, l’utilisation <strong>de</strong> la pierre noire, la sanguine, la plume et l’encre brune, le pastel etc., ne sont plus les<br />

mêmes, la conception graphique, comme moyen artistique d’expression <strong>de</strong>s formes, relie l’œuvre du <strong>de</strong>ssinateur d’hier à celle du vidéaste<br />

d’aujourd’hui.<br />

Cordélia Hattori<br />

Chargée du Cabinet <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ssins au Musée <strong>de</strong>s <strong>Beaux</strong>-<strong>Arts</strong> <strong>de</strong> <strong>Lille</strong><br />

Les réalisateurs <strong>de</strong>s années 2000 composent <strong>de</strong>s images <strong>de</strong> synthèse qui donnent corps à une vision charnelle <strong>de</strong> l’univers numérique. Cela<br />

transparaît particulièrement dans les clips, les films d’animation et <strong>de</strong> motion graphic où les formes adoptent <strong>de</strong>s morphologies merveilleuses<br />

et organiques. Derrière leur aspect ludique et séduisant, parfois poétique, ils composent un mon<strong>de</strong> virtuel où les éléments semblent en<br />

interaction permanente. Ils affirment par le processus d’hybridation <strong>de</strong>s images qu’une âme habite le numérique.<br />

Le graphisme contemporain con<strong>de</strong>nse toutes les formules <strong>de</strong> l’illusion visuelle : la perspective, le réalisme <strong>de</strong>s apparences, la symbolique <strong>de</strong>s<br />

formes, le trompe-l’œil et les métamorphoses. Grâce à ses nombreuses combinaisons, allégoriques et fantastiques, il propose d’expérimenter<br />

le dépassement <strong>de</strong> la matière dans la simulation.<br />

Les images virtuelles sont maintenant considérées comme <strong>de</strong>s objets relevant comme les autres du discours <strong>de</strong> l’historien. Longtemps,<br />

la question <strong>de</strong> l’image fut celle <strong>de</strong> la vérité. Et en ce début <strong>de</strong> XXIe siècle, les artistes, au cœur <strong>de</strong>s débats sur l’authenticité <strong>de</strong>s images,<br />

questionnent le numérique en regard <strong>de</strong> l’histoire <strong>de</strong> l’art et <strong>de</strong>s idées pour évaluer sa réelle portée culturelle. « Aujourd’hui, les nouveaux<br />

médiums apparaissent souvent comme <strong>de</strong>s masques <strong>de</strong> médiums plus anciens. […] Même les technologies les plus avancées du mon<strong>de</strong><br />

numérique continuent à produire <strong>de</strong>s images qui sont agencées en fonction <strong>de</strong>s capacités d’intuition <strong>de</strong> nos habitu<strong>de</strong>s visuelles. » Les<br />

technologies se mo<strong>de</strong>rnisent mais elles répon<strong>de</strong>nt aux mêmes problématiques esthétiques. Autorisant à l’infini la synthèse <strong>de</strong> toutes les<br />

représentations, l’ère numérique fait toujours appel à nos références culturelles, qui interrogent l’imitation du réel.<br />

Il est encore trop tôt pour définir avec exactitu<strong>de</strong> quelle place auront les images <strong>de</strong> synthèse dans la longue histoire <strong>de</strong> l’art, mais quelle<br />

qu’en soit l’issue, la croyance à l’illusion du réel préexistait à leur apparition. Il s’agit toujours d’évoquer notre réalité par analogie et par<br />

métaphore parce que nous continuons <strong>de</strong> mesurer le <strong>de</strong>gré <strong>de</strong> vraisemblance <strong>de</strong>s images par rapport au réel.<br />

Régis Cotentin<br />

Chargé <strong>de</strong> la programmation culturelle contemporaine au Musée <strong>de</strong>s <strong>Beaux</strong>-<strong>Arts</strong> <strong>de</strong> <strong>Lille</strong><br />

dossier <strong>de</strong> <strong>presse</strong> • e.motion graphique |

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