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L'Europe et ses boat people - Peace Palace Library

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La politique européenne <strong>et</strong> le droit international 55<br />

suj<strong>et</strong> de controverse concerne la terminologie : c’est l’expression<br />

« introduction clandestine » (en anglais smuggling) qui a été r<strong>et</strong>enue dans la<br />

version anglaise du Protocole <strong>et</strong> non le terme « trafic » (trafficking).<br />

L’« introduction clandestine de migrants » [art.2, (a), (d)] désigne le fait<br />

« d’assurer intentionnellement dans le but d’en tirer profit l’entrée illégale<br />

<strong>et</strong>/ou le séjour illégal dans un Etat d’une personne qui n’a ni la nationalité ni<br />

le statut de résidant permanent de c<strong>et</strong> Etat ». Le trafic est considéré, quant à<br />

lui, comme « le recrutement ou le transport <strong>et</strong> l’accueil de personnes par des<br />

méthodes malhonnêtes ou coercitives dans le but de les livrer au travail<br />

forcé, à la prostitution ou à d’autres formes d’exploitation sexuelle » 90 . Pris<br />

au sens large, le smuggling, fondé sur le profit, pourrait englober les actes<br />

non coercitifs <strong>et</strong> être accompagné de l’assentiment des exploités. Tout en se<br />

limitant « à l’introduction de migrants lorsqu’elle ressortit à la criminalité<br />

organisée », [art. 5 (1)], le Protocole peut néanmoins contribuer à une<br />

assimilation, dans l’opinion publique, des migrants/réfugiés aux auteurs<br />

d’activités illégales. De plus, il est parfois difficile dans la pratique de<br />

distinguer les criminels des victimes étant donné que certains candidats à<br />

l’émigration peuvent ach<strong>et</strong>er <strong>et</strong> piloter leur propre bateau. Troisièmement, le<br />

Protocole comporte une faille, à savoir l’absence de dispositions concernant<br />

les personnes détenues à titre temporaire (après arrestation), <strong>et</strong> parfois même<br />

ramenées dans un port où leur situation sera examinée. Enfin, il ne réitère ni<br />

les règles internationales de 1972 pour prévenir les abordages en mer<br />

(COLREG) ni l’Art. 98c de l’UNCLOS, lesquels exigent des navires qu’ils<br />

offrent une assistance appropriée lors d’une collision. Une obligation qui<br />

avait pourtant démontré son bien-fondé après que deux importantes<br />

collisions en mer Adriatique aient provoqué la disparition de plusieurs<br />

personnes.<br />

Le Protocole tente néanmoins de faire la distinction entre les <strong>boat</strong> <strong>people</strong>,<br />

auxquels l’adjectif « illégaux » ne peut s’appliquer <strong>et</strong> les réseaux criminels<br />

qui les exploitent. Il est assorti d’un programme global contre le trafic<br />

humain organisé par le Centre des Nations unies pour la prévention du<br />

crime international, basé à Vienne. Des proj<strong>et</strong>s de terrain doivent être mis en<br />

œuvre dans certains pays ; ils visent à coordonner les rôles respectifs des<br />

victimes, des pays d’origine <strong>et</strong> des pays hôtes 91 . Il y a donc de fortes chances<br />

90<br />

91<br />

Centre des Nations unies pour la prévention de la criminalité internationale, op. cit.<br />

dans note 44, p. 6.<br />

Ibid.

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