ARMOIRES ALSACIENNES - Revue des sciences sociales

(3) Georges Klein, biblio n" 7.
(4) Cf. Jean Cuisenier, biblio. n" 1.
(5) Le terme «armoire» désigne en effet au 16 e
siècle un meuble à 4 portes superposées 2
à 2 à usages multiples qui se place en général
dans les corridors et les entrées.
(F. Lévy - Coblentz, biblio n ° 8). Ce type
de meuble confirme les remarques de
D. Gluck (biblio n° 4 et 5) et l'étymologie
proposée par A. Tarbouriech du terme
«limande» qui désigne l'armoire gersoise et
serait dérivé de «allemande» (D. Gluck,
biblio n" 5).
des assemblées à rainures et languettes.
Le plancher et le plafond se détachent
aussi en deux parties maintenues par
des clefs de bois ou «clavettes». En
îapde, te Wip WmpWft M fôïïlu
vertical ou «faux-montant» solidaire
des flancs de l'armoire, faits de planches
verticales ou de panneaux avec
bâti, et assemblés en queue d'aronde ou
cloués. Les cadres du socle et de la corniche
peuvent être d'une seule pièce
pour consolider l'ensemble par emboîtement,
ou coupés en leur milieu.
3. LES DÉCORS POLYCHROMES:
Bon nombre d'armoires rurales restent
fidèles au sapin, bois tendre et ligneux
qui se prête mal aux sculptures complexes,
aux placages trop coûteux.
Aussi les décors sont-ils le plus souvent
peints, à l'imitation de motifs
urbains. Ils assortissent l'ensemble du
mobilier de la mariée : coffre, chaises,
armoire, buffet. Au XVII e
siècle, il
s'agit de dessins au pochoir, noir de
fumée sur fond brun, ombré au sang de
bœuf ; dessins géométriques mais aussi
entrelacs, silhouettes animales et
humaines qui reprennent les décors
baroques. Au XVIII e
siècle, apparaissent
les armoires polychromes. Le fond
est peint en vert, bleu ou brun, les moulures
de la corniche et des panneaux
soulignées de couleurs contrastées. Les
panneaux eux-mêmes sont décorés de
paysages naïfs, avec personnages, puis,
plus tard, de vases fleuris.
Dans le Sud, du fait dit-on de
l'influence du Tyrol par l'intermédiaire
de la maison des Habsbourg, les armoires
sont peintes en bleu turquoise.
Au XIX e
siècle, on peu distinguer au
moins le style dit «de Gottesheim» qui
s'est répandu dans tout le pays de
Hanau et entre Obermodern et
Saverne(3). Les panneaux sont décorés
de losanges peints en vert sur fond brun
pommelé et garni au centre d'une
rosace, puis d'un bouquet stylisé.
L'ensemble est décoré de rinceaux
blanc crème.
Ces armoires peintes, fort répandues
dans les musées, semblent par contre
plutôt rares dans les intérieurs paysans.
II. Les types.(4)
Le terme «armoire» peut désigner des
meubles différents et il n'y a pas de rapport
cohérent entre forme et fonction.
Aussi notre typologie, pour être objective,
se fondera-t-elle sur la forme et le
système décoratif afférent. Les armoires
rurales comportent en majorité deux
battants et, de ce fait, sont qualifiées
de «grandes».
Tableau n° 2 : structure des armoires.
Nombre de battants ou volets :
1 b. 2 b. 3 b. 4 b. 2 tiroirs à clefs
1820 19 37 2 4 11 14
1850 9 46 — — 8 6
Total 28 73 2 4 19 20
peintes
5
7
12
brun
verni
gris
bleu
vert
Il existe aussi de «petites armoires» à
un battant qui ne se distinguent pas,
sauf par leurs dimensions, des premières,
et quelques armoires à quatre battants
et deux corps superposés qui rappellent
le chef-d'œuvre de maîtrise de
Strasbourg au XVI e
siècle (5). Dans
l'ensemble, et malgré les chevauchements,
les mélanges de styles et les
retards des modèles ruraux, par rapport
aux fabrications urbaines, il est possible
d'élaborer une typologie des armoires
rurales qui correspond, en gros, à
leur émergence chronologique.
A. Les armoires à colonnes : Bien que
rares à la campagne, les armoires à 7,
3 ou 2 colonnes existent au début du
XVIII e
siècle dans quelques familles
fortunées du vignoble. De taille imposante
(217 X 170 X 70 cm par exemple),
elles se composent de trois parties :
un socle en saillie qui repose sur 4 à 6
pieds tournés et qui sert de
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