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Les vendeurs à la sauvette sur le parvis de la Tour Eiffel (observation)

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policiers font « comme si » ils étaient là pour mettre fin aux<br />

agissements <strong>de</strong>s <strong>ven<strong>de</strong>urs</strong> illégaux, mais ils ne donnent que l’image<br />

d’une tentative d’arrestation, car <strong>le</strong> jeu ne semb<strong>le</strong> jamais être mené à<br />

son terme. Du côté <strong>de</strong>s <strong>sauvette</strong>s, il existe une réponse à ce signal :<br />

ces <strong>de</strong>rniers miment un début <strong>de</strong> fuite, mais ils finissent toujours par<br />

revenir. Il y a donc une certaine tolérance <strong>de</strong> <strong>la</strong> part <strong>de</strong>s forces <strong>de</strong><br />

l’ordre face aux <strong>ven<strong>de</strong>urs</strong>, ce que L. Sall a i<strong>de</strong>ntifié <strong>sur</strong> <strong>le</strong> site du<br />

château <strong>de</strong> Versail<strong>le</strong>s. El<strong>le</strong> souligne à juste titre l’existence d’une<br />

c<strong>la</strong>use informel<strong>le</strong> entre policiers et <strong>ven<strong>de</strong>urs</strong> sénéga<strong>la</strong>is : si ces<br />

<strong>de</strong>rniers ne gênent pas l’entrée et <strong>la</strong> sortie <strong>de</strong>s touristes, « <strong>le</strong>s<br />

policiers s’engagent à ne pas trop poursuivre <strong>le</strong>s <strong>ven<strong>de</strong>urs</strong> ou au<br />

moins à <strong>le</strong>s avertir (…) qu’il y aura un semb<strong>la</strong>nt <strong>de</strong> poursuite » (Sall,<br />

2003, souligné par nous). Dans notre cas, l’accord est sans doute plus<br />

lâche. Il n’y a, semb<strong>le</strong>-t-il, pas <strong>de</strong> négociations explicites entre <strong>le</strong>s<br />

<strong>de</strong>ux types d’acteurs en présence (mais il y en a peut-être eu) et <strong>le</strong>s<br />

<strong>sauvette</strong>s paraissent craindre tout <strong>de</strong> même d’être attrapés. Il reste<br />

que <strong>de</strong>s règ<strong>le</strong>s implicites existent bel et bien entre <strong>le</strong>s acteurs et<br />

qu’el<strong>le</strong>s participent éga<strong>le</strong>ment à <strong>la</strong> définition <strong>de</strong> l’activité <strong>de</strong>s<br />

<strong>ven<strong>de</strong>urs</strong> à <strong>la</strong> <strong>sauvette</strong>.<br />

Nous avons ainsi tenté <strong>de</strong> décrire <strong>le</strong> lieu dans <strong>le</strong>quel évoluent <strong>le</strong>s<br />

<strong>sauvette</strong>s, qui ont pris possession d’une zone inaccessib<strong>le</strong> aux<br />

<strong>ven<strong>de</strong>urs</strong> légaux et en ont tiré profit. De cette façon, ils ont intégré<br />

certaines règ<strong>le</strong>s du lieu comme <strong>le</strong>s dép<strong>la</strong>cements <strong>de</strong>s touristes, et il<br />

existe <strong>de</strong>s accords tacites qui <strong>le</strong>ur permettent, au prix <strong>de</strong> quelques<br />

simu<strong>la</strong>tions, d’éviter <strong>le</strong>s difficultés avec <strong>la</strong> police. Nous pensons<br />

même que <strong>le</strong>s <strong>sauvette</strong>s font maintenant partie du lieu au point qu’il<br />

serait diffici<strong>le</strong> <strong>de</strong> supprimer <strong>le</strong>ur présence sans modifier <strong>le</strong>s<br />

représentations habituel<strong>le</strong>s <strong>de</strong>s visiteurs. Plus encore, nous voyons<br />

que <strong>le</strong>s <strong>sauvette</strong>s appartiennent au microcosme du <strong>parvis</strong> <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>Tour</strong><br />

<strong>Eiffel</strong>, au même titre que <strong>le</strong>s touristes, <strong>le</strong>s gardiens et <strong>le</strong>s policiers.<br />

<strong>Les</strong> signes <strong>de</strong> connivence que nous avons pu observer entre <strong>le</strong>s<br />

différents acteurs du groupe, que ce soit <strong>le</strong>s sourires <strong>de</strong>s gardiens<br />

aux <strong>ven<strong>de</strong>urs</strong> à <strong>la</strong> <strong>sauvette</strong> en fuite ou <strong>la</strong> re<strong>la</strong>tive tolérance <strong>de</strong>s forces<br />

<strong>de</strong> l’ordre envers <strong>le</strong>ur présence, montrent que <strong>le</strong> <strong>parvis</strong> a son propre<br />

modus vivendi qui met <strong>le</strong>s différents protagonistes en re<strong>la</strong>tion et en<br />

interaction C’est sans doute pour cette raison qu’ils sont tolérés<br />

jusque dans une certaine me<strong>sur</strong>e. Nous avons donc vu qu’il existait<br />

une influence du lieu <strong>sur</strong> <strong>le</strong>s <strong>sauvette</strong>s, mais aussi <strong>de</strong>s <strong>sauvette</strong>s <strong>sur</strong><br />

<strong>le</strong>ur lieu d’activité. Une fois p<strong>la</strong>nté ce décor et l’atmosphère qui<br />

entourent <strong>le</strong>s <strong>sauvette</strong>s, nous allons pouvoir nous intéresser plus<br />

terrains & travaux — n°7 [2004] — 35

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