06.07.2014 Views

Les vendeurs à la sauvette sur le parvis de la Tour Eiffel (observation)

Les vendeurs à la sauvette sur le parvis de la Tour Eiffel (observation)

Les vendeurs à la sauvette sur le parvis de la Tour Eiffel (observation)

SHOW MORE
SHOW LESS

You also want an ePaper? Increase the reach of your titles

YUMPU automatically turns print PDFs into web optimized ePapers that Google loves.

l’instar <strong>de</strong> tout autre touriste, nous étions sollicités par <strong>le</strong>s <strong>ven<strong>de</strong>urs</strong><br />

très régulièrement, toutes <strong>le</strong>s cinq à dix minutes, pour acheter un <strong>de</strong><br />

<strong>le</strong>urs artic<strong>le</strong>s, et, même si nous restions un certain temps <strong>sur</strong> <strong>le</strong> site,<br />

<strong>de</strong>s <strong>ven<strong>de</strong>urs</strong> revenaient nous voir, apparemment sans se souvenir<br />

<strong>de</strong> <strong>le</strong>ur <strong>de</strong>man<strong>de</strong> précé<strong>de</strong>nte. Néanmoins, si nous avons choisi <strong>de</strong> ne<br />

jamais révé<strong>le</strong>r notre i<strong>de</strong>ntité <strong>de</strong> chercheur, c’est que nous pensions<br />

au départ que <strong>le</strong>s <strong>sauvette</strong>s étaient craintifs vis-à-vis <strong>de</strong>s forces <strong>de</strong><br />

l’ordre. Or, il est apparu que <strong>le</strong>ur re<strong>la</strong>tion avec <strong>la</strong> police était<br />

beaucoup plus comp<strong>le</strong>xe (voir infra) et qu’el<strong>le</strong> ne nécessitait pas<br />

autant <strong>de</strong> précautions <strong>de</strong> notre part. Il reste que notre terrain nous a<br />

offert <strong>de</strong> bonnes conditions d’<strong>observation</strong>, en particulier pour dresser<br />

un tab<strong>le</strong>au plus précis du groupe <strong>de</strong>s <strong>ven<strong>de</strong>urs</strong> à <strong>la</strong> <strong>sauvette</strong>.<br />

<strong>Les</strong> <strong>ven<strong>de</strong>urs</strong>, qui sont entre vingt-cinq et quarante <strong>sur</strong> <strong>le</strong> <strong>parvis</strong>,<br />

sont loin <strong>de</strong> constituer un groupe homogène. <strong>Les</strong> <strong>sauvette</strong>s ont bien<br />

pour point commun d’être à gran<strong>de</strong> majorité <strong>de</strong>s hommes (nous<br />

n'avons pu repérer qu'une seu<strong>le</strong> femme exerçant <strong>la</strong> vente à <strong>la</strong><br />

<strong>sauvette</strong> au cours <strong>de</strong> nos <strong>observation</strong>s), et d’être tous issus <strong>de</strong><br />

l’immigration. Il faut voir cependant qu’ils appartiennent à<br />

différentes communautés ethniques : nous avons dénombré <strong>de</strong>ux<br />

Chinois, une dizaine d’Africains, et pour <strong>le</strong> reste <strong>de</strong>s Indiens. <strong>Les</strong><br />

Chinois sont assez marginaux et isolés : peu nombreux, ils ven<strong>de</strong>nt<br />

<strong>de</strong>s artic<strong>le</strong>s spécifiques (<strong>de</strong>s boissons) et c’est <strong>la</strong> seu<strong>le</strong> ethnie où nous<br />

avons pu dénombrer une femme. Leur faib<strong>le</strong> représentativité<br />

explique <strong>le</strong> peu <strong>de</strong> développements que nous <strong>le</strong>ur accor<strong>de</strong>rons par <strong>la</strong><br />

suite. <strong>Les</strong> Africains sont <strong>le</strong> <strong>de</strong>uxième groupe <strong>sur</strong> <strong>le</strong> site quant à <strong>le</strong>urs<br />

effectifs : ils sont particulièrement jeunes et, lors d’un entretien<br />

informel avec l’un d’eux, nous avons pu savoir qu’ils venaient<br />

généra<strong>le</strong>ment du Sénégal, du Mali ou encore du Bénin et qu’ils<br />

étaient pour <strong>la</strong> plupart <strong>de</strong>s étudiants cherchant un revenu pour<br />

poursuivre <strong>le</strong>urs étu<strong>de</strong>s à Paris 2 . Pour ces personnes, <strong>la</strong> vente à <strong>la</strong><br />

<strong>sauvette</strong> apparaît donc plus comme une activité d’appoint que<br />

comme un travail en soi. Il n’en est pas <strong>de</strong> même pour <strong>le</strong>s <strong>ven<strong>de</strong>urs</strong><br />

issus du sous-continent indien (dont l’origine exacte nous est restée<br />

2 Une recherche récente propose une hypothèse différente quant aux trajectoires <strong>de</strong> certains <strong>de</strong> ces<br />

<strong>ven<strong>de</strong>urs</strong> à <strong>la</strong> <strong>sauvette</strong>. Mustapha Tamba (2004) observe en effet, dans <strong>le</strong> cas du Sénégal, que cette activité<br />

peut être l’aboutissement d’une trajectoire d’émigration pour <strong>de</strong>s ruraux sans revenus, qui conduit du<br />

vil<strong>la</strong>ge vers <strong>la</strong> vil<strong>le</strong> (Dakar <strong>le</strong> plus souvent), puis <strong>de</strong> <strong>la</strong> vil<strong>le</strong> aux capita<strong>le</strong>s européennes où ils pratiquent<br />

divers commerces non déc<strong>la</strong>rés. Ces migrations sont faites <strong>de</strong> séjours en Europe <strong>de</strong> 6 mois environ, et <strong>le</strong>s<br />

al<strong>le</strong>rs-retours sont souvent encadrés et financés par <strong>le</strong> marabout du vil<strong>la</strong>ge d’origine, qui perçoit en retour<br />

une partie <strong>de</strong>s revenus <strong>de</strong>s activités. Nous nous contentons ici d’évoquer cette hypothèse, sans prétendre<br />

trancher <strong>sur</strong> <strong>la</strong> nature réel<strong>le</strong> du statut étudiant <strong>de</strong> nos interlocuteurs.<br />

terrains & travaux — n°7 [2004] — 27

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!