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Les vendeurs à la sauvette sur le parvis de la Tour Eiffel (observation)

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ven<strong>de</strong>ur à <strong>la</strong> <strong>sauvette</strong> qui gar<strong>de</strong> l’initiative : il permet à son possib<strong>le</strong><br />

client <strong>de</strong> voir <strong>de</strong> plus près <strong>le</strong>s artic<strong>le</strong>s, tout en lui rappe<strong>la</strong>nt, en<br />

ang<strong>la</strong>is ou en français, <strong>le</strong>urs prix, inférieurs à ceux pratiqués par <strong>le</strong>s<br />

<strong>ven<strong>de</strong>urs</strong> légaux. Nous voyons que <strong>le</strong> ven<strong>de</strong>ur, non content d’avoir<br />

interrompu <strong>le</strong> dép<strong>la</strong>cement d’un touriste, cherche à <strong>le</strong> maintenir <strong>sur</strong><br />

p<strong>la</strong>ce, car ce sont ces chances <strong>de</strong> vente qui augmentent avec <strong>la</strong> durée<br />

du dialogue. De cette façon, il cherche à créer une certaine<br />

connivence avec son interlocuteur, par <strong>de</strong>s phrases comme « À qui<br />

veux-tu faire p<strong>la</strong>isir ? » (on notera par ail<strong>le</strong>urs l’emploi <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

<strong>de</strong>uxième personne du singulier). Il fait aussi <strong>de</strong>s offres groupées en<br />

particulier <strong>sur</strong> <strong>le</strong>s petits artic<strong>le</strong>s comme <strong>le</strong>s porte-clés avec <strong>de</strong>s<br />

propositions comme « Prends-en cinq ! », ce que nous avons entendu<br />

lorsque nous avons nous-mêmes acheté auprès <strong>de</strong>s <strong>sauvette</strong>s.<br />

Parfois, <strong>le</strong> ven<strong>de</strong>ur est rejoint par un <strong>de</strong> ses collègues qui vient<br />

renforcer <strong>le</strong>s offres du premier. L’objectif est bien d’engager une<br />

négociation avec <strong>le</strong> touriste en suscitant son intérêt et ses contrepropositions.<br />

Néanmoins, si <strong>le</strong> ou <strong>le</strong>s <strong>sauvette</strong>s <strong>de</strong>viennent trop<br />

insistants aux yeux du touriste (par exemp<strong>le</strong> si un ven<strong>de</strong>ur dépose<br />

un artic<strong>le</strong> dans <strong>le</strong>s mains du touriste avant son accord), l’échange<br />

s’interrompt très souvent. Le touriste, quant à lui, essaie<br />

fréquemment <strong>de</strong> faire baisser <strong>le</strong>s prix, regar<strong>de</strong> <strong>le</strong>s modè<strong>le</strong>s qu’il<br />

désire acheter et parfois même <strong>le</strong>s essaie, en particulier <strong>le</strong>s briquets.<br />

<strong>Les</strong> <strong>sauvette</strong>s et <strong>le</strong>s touristes ont donc chacun <strong>le</strong>ur rô<strong>le</strong> dans cette<br />

interaction, mais ils ne sont pas pour autant symétriques. C’est là en<br />

effet qu’intervient <strong>le</strong> savoir-faire marchand <strong>de</strong>s <strong>ven<strong>de</strong>urs</strong> à <strong>la</strong><br />

<strong>sauvette</strong> (lorsqu’ils ont au moins quelques notions <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>la</strong>ngue<br />

pratiquée par <strong>le</strong> touriste) puisqu’ils cherchent à « mener <strong>le</strong> jeu » :<br />

lorsque, face à un ven<strong>de</strong>ur, nous avons montré <strong>de</strong>s signes<br />

d’hésitation <strong>sur</strong> <strong>le</strong> nombre <strong>de</strong> porte-clés que nous allions lui acheter,<br />

celui-là a fini par nous <strong>de</strong>man<strong>de</strong>r : « T’as combien ? ». Après lui avoir<br />

répondu : « Deux euros », il a répondu : « Bon, j’t’en fais trois pour<br />

<strong>de</strong>ux euros » alors qu’à l’unité nous aurions dépensé davantage. <strong>Les</strong><br />

<strong>ven<strong>de</strong>urs</strong> à <strong>la</strong> <strong>sauvette</strong> tentent donc <strong>de</strong> maîtriser <strong>la</strong> négociation en<br />

faisant l’offre fina<strong>le</strong> qui permet ou non <strong>la</strong> conclusion <strong>de</strong> l’échange,<br />

selon <strong>la</strong> réaction du touriste. C’est en ce sens que l’on peut par<strong>le</strong>r<br />

d’un savoir-faire commerçant : durant sa vente, même s’il <strong>la</strong>isse <strong>la</strong><br />

p<strong>la</strong>ce aux propositions <strong>de</strong>s touristes, <strong>le</strong> ven<strong>de</strong>ur gar<strong>de</strong> l’initiative. La<br />

vente à <strong>la</strong> <strong>sauvette</strong> a ainsi ses propres techniques, qui fonctionnent<br />

plus ou moins bien selon <strong>le</strong>s touristes. Ces techniques témoignent à<br />

<strong>le</strong>ur tour du caractère organisé <strong>de</strong> cette activité marchan<strong>de</strong>.<br />

terrains & travaux — n°7 [2004] — 41

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