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Nieuwsbrief 32 (pdf) - Sophia

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études féministes 42 vrouwenstudies<br />

sophia | n° <strong>32</strong> | 2002<br />

La promotion des «études femmesgender<br />

politics» à l’université<br />

Le cas suisse<br />

J’aimerais dans ma contribution dresser<br />

un historique du processus d’institutionnalisation<br />

des études genre en Suisse.<br />

Je mettrai un accent particulier sur le<br />

rôle de la politique d’égalité et des bureaux<br />

de l’égalité entre femmes et hommes au<br />

sein des universités suisses car il me semble<br />

que se situe là une différence considérable<br />

avec la France. Je suis d’ailleurs<br />

personnellement concernée de deux<br />

manières par la problématique de la promotion<br />

des études genre. D’une part, je<br />

travaille au bureau de l’égalité de l’université<br />

de Berne, d’autre part j’effectue<br />

une thèse en science politique à l’université<br />

de Genève sur la politique de promotion<br />

des études genre en Suisse.<br />

En 1997, un organe fédéral de politique<br />

scientifique, le Conseil suisse de la science,<br />

a mandaté une étude afin de dresser un<br />

état des lieux de l’enseignement et de la<br />

recherche en études femmes/ études genre<br />

en Suisse. Ce rapport a recensé un nombre<br />

impressionnant d’enseignements et<br />

de travaux de recherche dans le domaine<br />

des études genre et il est arrivé à la conclusion<br />

que ce domaine témoignait d’un<br />

potentiel considérable, mais qu’il était<br />

peu soutenu par des structures institutionnelles<br />

dans les hautes écoles (2) En<br />

effet, en 1997 une seule université suisse<br />

avait un poste de professeure extraordinaire<br />

en histoire des femmes et des genres<br />

(l’université de Bâle) et les universités<br />

de Genève et de Lausanne offraient un<br />

Christine Michel *<br />

Cet exposé fait au colloque de Toulouse (1) porte sur la situation en Suisse en matière de promotion des études femmes<br />

et genre. Il nous a paru intéressant de le reproduire ici car en Suisse, comme en Belgique, le fédéral a une compétence<br />

en égalité, l'enseignement y compris supérieur étant une compétence cantonale. Les universités dépendent donc de l’autorité<br />

cantonale mais reçoivent des subventions fédérales. La Confédération joue, ce qui n’est pas le cas chez nous, un<br />

certain rôle de coordination : cela s’appelle fédéralisme coopératif.<br />

diplôme de niveau postgrade en études<br />

femmes et genre. L’ancrage institutionnel<br />

des études femmes et genre en Suisse accusait,<br />

comparé aux Pays-Bas, l’Allemagne,<br />

les pays anglo-saxons et nordiques, un<br />

retard d’au moins dix ans - ceci malgré un<br />

grand nombre d’activités. Il semble bien<br />

que le choix, dans le débat bien connu<br />

entre autonomie et intégration, d’intégrer<br />

l’aspect genre dans les disciplines traditionnelles,<br />

position défendue par de<br />

nombreuses chercheuses féministes, n’a<br />

pas contribué à rendre ce domaine d’études<br />

visible et a finalement joué en défaveur<br />

de sa reconnaissance et de son institutionnalisation.<br />

Ceci est particulièrement<br />

vrai à une époque où le financement de<br />

la science dépend de plus en plus d’évaluations<br />

de ses prestations - ces évaluations<br />

étant menées en général par domaine<br />

reconnu.<br />

Les conclusions de l’étude mandatée par<br />

le Conseil de la science ont amené cet<br />

organe à formuler en 1999 des recommandations<br />

en vue d’un développement<br />

plus poussé des études genre, en particulier<br />

par la création de chaires spécialisées.<br />

Dans son avis, le Conseil de la science<br />

met en avant le caractère interdisciplinaire<br />

et novateur de ces études, ainsi que<br />

leur contribution aux questions sociales,<br />

notamment à celle de la promotion féminine.<br />

Les recommandations du Conseil de<br />

la science mettent fin à une première phase<br />

de mise à l’agenda de la politique scientifique<br />

du thème ‘promotion des études<br />

genre’. En effet, dans les années 1990 la<br />

promotion des études genre est apparue<br />

à l’agenda de tous les organes de politique<br />

scientifique en Suisse. La promotion<br />

de ce domaine a même été intégrée dans<br />

le message (3) du Conseil fédéral sur la<br />

promotion de la science pour les années<br />

2000-2003, message sur lequel se base<br />

l’allocation des fonds fédéraux pour la<br />

science (4). Pourtant des mesures financières<br />

n’ont pas été spécifiées, ce qui a été<br />

critiqué par les personnes qui militent<br />

pour la promotion des études genre. Si la<br />

rhétorique est favorable aux études genre,<br />

elle n’est pas suivie de mesures concrètes.<br />

Le prochain message devrait comporter<br />

des mesures concrètes.<br />

Malgré ce décalage entre une rhétorique<br />

favorable et une mise en œuvre plutôt<br />

hésitante, la situation institutionnelle des<br />

études genre en Suisse s’est considérablement<br />

améliorée depuis l’état des lieux<br />

dressé dans le rapport du Conseil suisse<br />

de la science. Ce ne sont d’ailleurs pas<br />

forcément les conséquences directes de<br />

ce rapport, mais tout autant le fruit d’efforts<br />

entrepris par des associations féministes<br />

depuis longtemps. Aujourd’hui les<br />

universités de Berne, Bâle, Zurich et Lausanne<br />

possèdent toutes des centres de<br />

compétences en études genre qui coordonnent<br />

les activités d’enseignements et<br />

de recherche à l’intérieur de chaque université<br />

et établissent des rapports de col-

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