Nieuwsbrief 32 (pdf) - Sophia
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études féministes 44 vrouwenstudies<br />
sophia | n° <strong>32</strong> | 2002<br />
nel aux études genre. Ainsi nous assistons<br />
aujourd’hui à une phase de différenciation<br />
des structures universitaires<br />
des politiques de genre: d’un côté les<br />
structures de la promotion des femmes<br />
(les déléguées à l’égalité), et de l’autre les<br />
structures de l’institutionnalisation des<br />
études genre. Et même si les deux discours<br />
mentionnés coexistent aujourd’hui<br />
(celui de la contribution des études genre<br />
à l’égalité des sexes et celui de leur<br />
contribution à la réforme de la science),<br />
je dirais la tendance va dans le sens du<br />
rapprochement des études genre des discours<br />
scientifiques dominants, ce qui les<br />
éloigne du mouvement politique - le féminisme<br />
- dont elles sont nées.<br />
Pourtant le débat entre féminisme et études<br />
genre n’est nullement clos et continue<br />
à être alimenté par les chercheuses en études<br />
genre elles-mêmes comme en témoigne<br />
le premier numéro de Nouvelles<br />
Questions Féministes produit en Suisse.<br />
Dans l’édito «Questions féministes : des<br />
nouvelles de Suisse» la co-rédactrice en<br />
cheffe, Patricia Roux (qui détient le poste<br />
de professeure en études genre de l’université<br />
de Lausanne), caractérise le débat<br />
de la manière suivante: «Si les chercheuses<br />
concernées reconnaissent que les Etudes<br />
Genre sont filles du mouvement féministe<br />
et des revendications des années 70,<br />
certaines, notamment parmi les jeunes,<br />
souhaitent maintenant s’affranchir du<br />
militantisme et légitimer les Etudes Genre<br />
au plan scientifique uniquement. D’autres,<br />
dont l’équipe des Nouvelles Questions<br />
Féministes, considèrent que la<br />
grande richesse de ces études est leur interaction<br />
avec le mouvement féministe, de<br />
même que la réflexion au sein de la "communauté<br />
" universitaire et scientifique<br />
élargie est un apport indispensable au<br />
mouvement».<br />
En guise de conclusion j’aimerais adresser<br />
la question de la différence des études<br />
femmes et genre. Je dirais qu‘elles constituent<br />
un nouveau domaine scientifique<br />
né d’un mouvement social qui traite d’une<br />
question sociale et politique reconnue<br />
: l’inégalité entre les sexes. Ceci n’est pas<br />
spécifique aux études genre car en Suisse<br />
on peut également étudier les sciences<br />
de l’environnement ou participer aux<br />
cours offerts par un centre d’études juives.<br />
De même, les études genre rencontrent<br />
des problèmes d’institutionnalisation<br />
et de reconnaissance semblables à<br />
d’autres nouveaux domaines interdisciplinaires<br />
: les études sur la science par<br />
exemple, ou les études sur la paix.<br />
Il se peut - et c’est une question que j’approfondirai<br />
dans ma thèse - que la proximité<br />
qu’ont les études genre avec des<br />
questions d’ordre politique ne leur facilite<br />
pas la reconnaissance scientifique.<br />
Cette proximité heurte l’idéal d’objectivité<br />
et de neutralité de la science ; un idéal<br />
encore très présent dans la tête de nombreux<br />
scientifiques et politiciens de la<br />
science. Enfin, les études genre se distinguent<br />
d’autres domaines en ce que les<br />
femmes y sont sur-représentées. Or les<br />
femmes - beaucoup d’études l’ont démontré<br />
- ne sont pas de partenaires égales dans<br />
le jeu scientifique. Par conséquent il faudra<br />
probablement bien d’autres études<br />
effectuées par des chercheuses féministes<br />
analysant les causes de cette inégalité pour<br />
que ce domaine soit reconnu à l’égal des<br />
autres.<br />
* Licenciée es lettres, collaboratrice scientifique au<br />
département de l’égalité entre les femmes et les<br />
hommes de l’université de Berne et actuellement<br />
doctorante en science politique à l’université<br />
de Genève.<br />
Notes<br />
(1) Troisième Colloque Internationale des Recherches<br />
Féministes Francophones "Ruptures,<br />
résistances & utopies", Université Toulouse Le-<br />
Mirail, du 17 au 22 septembre 2002<br />
(2) Les hautes écoles suisses comprennent les dix universités<br />
cantonales de Bâle, Berne, Fribourg,<br />
Genève, Lausanne, Lucerne, Neuchâtel, St-<br />
Gall, Zurich et de la Suisse italienne ainsi que<br />
les deux écoles polytechniques fédérales de<br />
Zurich et Lausanne. Les nouvelles hautes écoles<br />
spécialisées (de type professionnel) n’étaient<br />
pas encore inclues dans l’enquête.<br />
(3) Les messages du Conseil fédéral accompagnent<br />
des projets de loi soumis au parlement<br />
(4) La recherche est en grande partie financée par<br />
la Confédération à travers le Fonds national de<br />
la recherche scientifique suisse.<br />
(5) Il s’agit de contributions allouées à des projets<br />
de coopération entre les universités, décidées<br />
par la Conférence universitaire suisse, un organe<br />
de coordination entre cantons universitaires<br />
et Confédération.<br />
Contact<br />
Christine Michel, Collaboratrice scientifique<br />
Département de l'égalité entre femmes et<br />
hommes de l'Université de Berne<br />
Gesellschaftsstr. 25<br />
CH-3012 Bern, Suisse<br />
Tél +41 31 631 <strong>32</strong> 19<br />
Fax +41 31 631 37 19<br />
christine.michel@afg.unibe.ch