La parole à Guy Le Joly, DRH

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Forum : Dialogue avec Dachser Bernhard Simon rencontre Rohit Talwar L’avenir vit de tendances et de pronostics, le passé d’analyses. Quand les temps sont difficiles, on a besoin des deux. Bernhard Simon et Rohit Talwar s’entretiennent de la crise économique actuelle et de l’avenir. Bernhard Simon : La crise économique et financière mondiale a déconcerté de nombreuses personnes et entreprises. Beaucoup voudraient bien investir, mais hésitent. Ils ne savent pas ce que l’avenir leur réserve. Vous êtes spécialiste de conseil en changement-stratégie. Avez-vous constaté, ces derniers mois, que les gens envisagent l’avenir autrement ? Rohit Talwar : En période de vaches grasses, nous ne pensons qu’au présent, ou presque. Nous n’avons guère le temps de nous tourner vers les perspectives lointaines. C’est pourquoi nous ne remarquons pas les premiers signes des changements du monde. Alors ceux-ci – comme la crise actuelle – 08 DACHSER magazine nous prennent au dépourvu. Actuellement, chacun voudrait bien savoir comment s’en sortir. C’est pourquoi les idées qui pourraient influer sur notre avenir intéressent beaucoup. B. Simon : En tant qu’individu, je suis de votre avis. Comme entrepreneur, je dis : chaque entreprise est responsable de ses collaborateurs. Pour nous c’est encore plus vrai. Nous sommes une entreprise familiale qui opère à longue échéance. Baser notre croissance sur des valeurs et offrir à nos clients le meilleur service sont nos préoccupations >> La logistique restera un secteur d’avenir et de croissance. Les prestataires vont encore renforcer leurs réseaux Bernhard Simon premières. Sur les marchés, le rythme des changements s’accélère. Cela exige de notre part des concepts stratégiques solides. R. Talwar : Le changement va plus vite,
effectivement. C’est dû à la mondialisation des marchés et à la rapidité du flux des informations à travers le monde. Jamais une crise ne s’était répandue aussi rapidement que celle d’aujourd’hui. Elle concerne plus de segments du marché que cela ne s’était jamais vu auparavant. B. Simon : C’est aussi mon impression. Le rythme des cycles d’innovation dans les entreprises s’est accentué, les chaînes logistiques de création de valeur sont devenues globales. Ceux qui sont en mesure de les mettre en réseau rapidement verront leur réussite assurée pour longtemps. Il s’agit donc, rétrospectivement, d’évaluer les défis des dernières années – environnement, énergie, développement durable - et de les intégrer dans nos projets d’avenir. R. Talwar : Bien des dirigeants d’entreprises familiales peuvent se flatter d’avoir su, très tôt, discerner les opportunités et prendre le risque, à bon escient, de les exploiter à leur profit. Souvent, mieux que les grands groupes ils savent détecter les tendances et donc y réagir plus vite, en indicateurs précoces des changements économiques. B. Simon : La logistique elle aussi est un bon indicateur précoce. Ses tendances permettent à de nombreux secteurs de prévoir comment les flux économiques vont évoluer. R. Talwar : Je crois que les secteurs des transports communaux, de l’énergie, de l’alimentation, de la grande distribution se tireront mieux de la crise que les autres. Ils sont indispensables. Les consommateurs ayant moins d’argent à dépenser, dans les industries du vêtement ou de l’automobile, les marques à bas ou moyen prix tireront mieux leur épingle du jeu. B. Simon : Nos clients appartiennent à des secteurs très divers, si bien que nous ressentons moins les effets de cette crise. Bien sûr, chez nous aussi la demande est moins forte. Mais les secteurs économiquement plus stables de notre réseau nous donnent, ainsi qu’à nos clients, l’assurance de pouvoir continuer à investir. R. Talwar : L’avantage d’une entreprise familiale est d’avoir une structure décisionnelle simple, qui la met en position de réagir rapidement aux dangers mais aussi de saisir les opportunités. B. Simon : Surmonter les crises, et celle d’aujourd’hui notamment, c’est un test de résistance. En termes de stratégie, de ressources humaines, de financement et de développement de solutions intégrées, on va voir qui a su se doter de concepts qui tiennent la route. Du côté clientèle, je pense que le bilan logistique des milieux industriels ou commerciaux peut, même en temps de crise, être amélioré par le biais de solutions d’externalisation innovantes. >> Il faut s’attendre à ce que les grands groupes essaient, à l’échelle mondiale, d’élargir leur potentiel et d'étendre leur rayon d’action Rohit Talwar R. Talwar : Les innovations sont la condition sine qua non de la réussite dans une économie mondialisée. Aujourd’hui et demain. Dans un futur proche, nous observerons deux tendances inverses : une partie des entreprises va se retirer des marchés mondiaux et se concentrer sur le contrôle des coûts, laissant de côté les activités spéculatives, comme la conquête de nouveaux marchés ; une autre partie va renforcer ses efforts de mondialisation, en vue de s’ouvrir de nouveaux débouchés et de trouver des fournisseurs meilleur marché. En logistique notamment, je m’attends à une externalisation plus forte. Les entreprises voudront réduire leurs coûts et augmenter leur flexibilité. B. Simon : C’est précisément pour cette raison que la logistique restera un secteur d’avenir et de croissance. Les activités de création de valeur sont réfléchies avec soin en ce qui concerne la qualité du service et les coûts. Les prestataires vont encore renforcer leurs réseaux pour offrir à leurs clients ce service global. C’est dans ce sens que nous investissons au Chili et au Bangladesh. R. Talwar : De plus, il faut s’attendre à ce que les grands groupes essaient, à l’échelle mondiale, d’élargir leur potentiel et d’étendre leur rayon d’action. La nécessité pour les entreprises de réduire leurs coûts d’énergie et leur impact sur l’environnement va se faire de plus en plus pressante. Les pays vont édicter des lois plus sévères. Forum : Dialogue avec Dachser Rohit Talwar est indien, fondateur de la société « Fast Future » (Research and Consultancy), entrepreneur distingué par des prix et conseiller en changement-stratégie. Le journal britannique The Independent le classe parmi les dix plus importantes personnes qui « pensent » le futur du monde. A la recherche d’idées et de concepts porteurs d’avenir, il va à la rencontre des gens aux quatre coins de la planète. Il est l’auteur du livre « Designing Your Future » et fait régulièrement des conférences dans les entreprises sur les tendances et les évolutions économiques de l’avenir. Bernhard Simon est porte-parole de la direction de Dachser. La politique opérationnelle de cette entreprise de logistique internationale repose sur une croissance sous-tendue par des valeurs : entreprise familiale, elle s’est toujours fortement préoccupée de l’avenir. Dachser développe des projets stratégi - ques à long terme. Dans la crise actuelle notamment, cette approche s’est avérée bénéfique. B. Simon : Même si les lois sont plus sévères, les économies d’énergie et la protection de l’environnement reposent entre les mains des prestataires. Nous nous sommes engagés à mener une politique d’entreprise durable. Nous optimisons à la fois économie et écologie : c’est chez le client que débute la chaîne écologique, par le développement de concepts logistiques durables. Dans le prolongement, nous optimisons constamment notre propre Supply Chain. D’une part, nos poids lourds transportent toujours une charge pleine. D’autre part, le regroupement des destinations sources et cibles, le chargement sur deux niveaux, les hubs, le Cross- Docking et une organisation judicieuse des tournées évitent tout kilomètre inutile. Mais la clé de la réussite, ce sont toujours nos collaborateurs qui la détiennent, par leur créativité et leur savoir-faire. DACHSER magazine 09
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