16.09.2014 Views

Remise en liberté de Guy Turcotte

Jugement de la Cour Supérieure du Québec détaillant les motivations du juge sur la remise en liberté de Guy Turcotte en attendant son prochain procès

Jugement de la Cour Supérieure du Québec détaillant les motivations du juge sur la remise en liberté de Guy Turcotte en attendant son prochain procès

SHOW MORE
SHOW LESS

Create successful ePaper yourself

Turn your PDF publications into a flip-book with our unique Google optimized e-Paper software.

700-01-083996-093 PAGE : 11<br />

Comme nous l’avons vu, ces cas peuv<strong>en</strong>t se prés<strong>en</strong>ter lorsque, <strong>en</strong> dépit du fait<br />

qu’il est improbable que l’accusé s’esquivera ou qu’il commettra d’autres<br />

infractions <strong>en</strong> att<strong>en</strong>dant <strong>de</strong> subir son procès, sa prés<strong>en</strong>ce dans la collectivité<br />

compromettra la confiance du public dans l’administration <strong>de</strong> la justice. Pour<br />

déci<strong>de</strong>r si on est <strong>en</strong> prés<strong>en</strong>ce d’une telle situation, il faut t<strong>en</strong>ir compte <strong>de</strong> toutes<br />

les circonstances, mais particulièrem<strong>en</strong>t <strong>de</strong>s quatre facteurs énoncés par le<br />

législateur à l’al. 515(10) c) — le fait que l’accusation paraît fondée, la gravité <strong>de</strong><br />

l’infraction, les circonstances <strong>en</strong>tourant sa perpétration et le fait que le prév<strong>en</strong>u<br />

<strong>en</strong>court, <strong>en</strong> cas <strong>de</strong> condamnation, une longue peine d’emprisonnem<strong>en</strong>t. Dans le<br />

cas où, comme <strong>en</strong> l’espèce, le crime commis est horrible, inexplicable et<br />

fortem<strong>en</strong>t lié à l’accusé, un système <strong>de</strong> justice qui ne permet pas d’ordonner la<br />

dét<strong>en</strong>tion <strong>de</strong> l’accusé risque <strong>de</strong> perdre la confiance du public qui est à la base du<br />

système <strong>de</strong> mise <strong>en</strong> <strong>liberté</strong> sous caution et <strong>de</strong> l’<strong>en</strong>semble du système <strong>de</strong> justice.<br />

41. Tel est donc l’objectif du législateur : maint<strong>en</strong>ir la confiance du public dans le<br />

système <strong>de</strong> mise <strong>en</strong> <strong>liberté</strong> sous caution et l’<strong>en</strong>semble du système <strong>de</strong> justice. La<br />

question est <strong>de</strong> savoir si les moy<strong>en</strong>s qu’il a choisis vont au-<strong>de</strong>là <strong>de</strong> ce qui est<br />

nécessaire pour atteindre cet objectif. À mon avis, la réponse est non. Le<br />

législateur a assorti d’importantes garanties la prés<strong>en</strong>te disposition <strong>en</strong> matière <strong>de</strong><br />

mise <strong>en</strong> <strong>liberté</strong> sous caution. Le juge doit être persuadé que la dét<strong>en</strong>tion est non<br />

seulem<strong>en</strong>t souhaitable, mais <strong>en</strong>core nécessaire. De plus, il doit être convaincu<br />

que cette mesure n’est pas seulem<strong>en</strong>t nécessaire pour atteindre un objectif<br />

quelconque, mais qu’elle s’impose pour ne pas miner la confiance du public dans<br />

l’administration <strong>de</strong> la justice. Qui plus est, le juge procè<strong>de</strong> à cette évaluation<br />

objectivem<strong>en</strong>t à la lumière <strong>de</strong>s quatre facteurs énoncés par le législateur. Il ne<br />

peut pas évoquer ses propres raisons pour refuser d’accor<strong>de</strong>r la mise <strong>en</strong> <strong>liberté</strong><br />

sous caution. Bi<strong>en</strong> qu’il doive t<strong>en</strong>ir compte <strong>de</strong> toutes les circonstances, le juge<br />

doit prêter une att<strong>en</strong>tion particulière aux facteurs énoncés par le législateur. En<br />

définitive, le juge peut refuser d’accor<strong>de</strong>r la mise <strong>en</strong> <strong>liberté</strong> sous caution<br />

uniquem<strong>en</strong>t s’il est persuadé, à la lumière <strong>de</strong> ces facteurs et <strong>de</strong>s circonstances<br />

connexes, qu’un membre raisonnable <strong>de</strong> la collectivité serait convaincu que ce<br />

refus est nécessaire pour ne pas miner la confiance du public dans<br />

l’administration <strong>de</strong> la justice. En outre, comme l’a souligné le juge <strong>en</strong> chef<br />

McEachern <strong>de</strong> la Colombie-Britannique (<strong>en</strong> chambre) dans l’arrêt R. c. Nguy<strong>en</strong><br />

(1997), 119 C.C.C. (3d) 269, la personne raisonnable qui procè<strong>de</strong> à cette<br />

évaluation doit être bi<strong>en</strong> informée [TRADUCTION] « <strong>de</strong> la philosophie <strong>de</strong>s<br />

dispositions législatives, <strong>de</strong>s valeurs consacrées par la Charte et <strong>de</strong>s<br />

circonstances réelles <strong>de</strong> l’affaire » (p. 274). C’est pourquoi la disposition <strong>en</strong><br />

cause ne laisse pas une « large place à l’arbitraire » et ne confère pas non plus<br />

aux juges un pouvoir discrétionnaire illimité. Au contraire, elle établit un juste<br />

équilibre <strong>en</strong>tre les droits <strong>de</strong> l’accusé et la nécessité <strong>de</strong> veiller à ce que la justice<br />

règne dans la collectivité.<br />

[68] Le juge Doyon, dans J.V. c. R. 7 définit ansi le public dans cette notion <strong>de</strong><br />

confiance dans l’administration <strong>de</strong> la justice :<br />

7 2008 QCCA 2157

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!