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Remise en liberté de Guy Turcotte

Jugement de la Cour Supérieure du Québec détaillant les motivations du juge sur la remise en liberté de Guy Turcotte en attendant son prochain procès

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700-01-083996-093 PAGE : 13<br />

[98] Il y avait nécessité que le jury fasse la part <strong>de</strong>s choses et répon<strong>de</strong> à la<br />

question : est-ce le trouble m<strong>en</strong>tal ou l’intoxication ou <strong>en</strong>core une combinaison<br />

<strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux qui est la source <strong>de</strong> l’incapacité <strong>de</strong> l’intimé? Si c’est l’intoxication, il va<br />

<strong>de</strong> soi que la déf<strong>en</strong>se <strong>de</strong> troubles m<strong>en</strong>taux ne peut réussir. S’il y a combinaison<br />

<strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux, le jury doit examiner le rôle contributif <strong>de</strong> chacun et <strong>en</strong> déterminer<br />

l’ampleur pour savoir si, par exemple, les effets <strong>de</strong> l’intoxication sont tels qu’elle<br />

est la véritable source <strong>de</strong> l’état d’incapacité <strong>de</strong> l’intimé ou au contraire si les<br />

troubles m<strong>en</strong>taux pouvai<strong>en</strong>t, à eux seuls, causer cette incapacité. Rappelons que<br />

cette question se pose dans le contexte où la preuve indique que l'idée d'am<strong>en</strong>er<br />

les <strong>en</strong>fants avec lui dans la mort survi<strong>en</strong>t après l'intoxication. On voit bi<strong>en</strong> là un<br />

indice <strong>de</strong> l'importance <strong>de</strong> l'intoxication dans la conduite homici<strong>de</strong> <strong>de</strong> l'intimé.<br />

[74] Le Tribunal doit pr<strong>en</strong>dre <strong>en</strong> considération ce moy<strong>en</strong> <strong>de</strong> déf<strong>en</strong>se, et ce, malgré la<br />

force probante <strong>de</strong> la preuve que possè<strong>de</strong> la couronne. Comme le m<strong>en</strong>tionne la Cour<br />

d’appel dans R. c. Coates 9 :<br />

[45] C'est donc à bon droit que le juge s'est ici interrogé, non seulem<strong>en</strong>t sur la<br />

force appar<strong>en</strong>te <strong>de</strong> la preuve <strong>de</strong> la poursuite, mais égalem<strong>en</strong>t sur les moy<strong>en</strong>s <strong>de</strong><br />

déf<strong>en</strong>se que pourrai<strong>en</strong>t faire valoir les intimés. Tel que m<strong>en</strong>tionné<br />

précé<strong>de</strong>mm<strong>en</strong>t, il serait injuste d'ignorer les argum<strong>en</strong>ts que la déf<strong>en</strong>se pourrait<br />

soulever pour ne ret<strong>en</strong>ir que la preuve que la poursuite affirme être <strong>en</strong> mesure<br />

<strong>de</strong> produire.<br />

[75] Même si le moy<strong>en</strong> <strong>de</strong> déf<strong>en</strong>se fondé sur l’article 16 du Co<strong>de</strong> criminel n’était pas<br />

ret<strong>en</strong>u par le jury, il <strong>de</strong>vra poursuivre ses délibérations sur un moy<strong>en</strong> <strong>de</strong> déf<strong>en</strong>se fondé<br />

sur l’intoxication et ou sur les élém<strong>en</strong>ts <strong>de</strong> préméditation.<br />

[76] En conséqu<strong>en</strong>ce, même si la preuve sur les élém<strong>en</strong>ts ess<strong>en</strong>tiels <strong>de</strong>s<br />

infractions reprochées semble forte, les moy<strong>en</strong>s <strong>de</strong> déf<strong>en</strong>se proposés sont sérieux et<br />

mériteront la considération du jury.<br />

La gravité <strong>de</strong>s accusations.<br />

[77] Il s’agit, dans les circonstances, du crime le plus grave cont<strong>en</strong>u au Co<strong>de</strong> criminel<br />

canadi<strong>en</strong>. Le meurtre au premier <strong>de</strong>gré est punissable d’une peine minimale<br />

d’emprisonnem<strong>en</strong>t à perpétuité sans possibilité d’une libération conditionnelle avant<br />

d’avoir purgé vingt-cinq (25 ans) d’emprisonnem<strong>en</strong>t.<br />

Les circonstances <strong>en</strong>tourant sa perpétration, y compris l’usage d’une arme à feu.<br />

[78] Les circonstances sont très bi<strong>en</strong> décrites dans l’analyse qu’<strong>en</strong> fait la Cour d’appel.<br />

Le Tribunal ne peut que constater l’absurdité <strong>de</strong>s gestes posés sans pour autant y<br />

trouver ses propres raisons pour déci<strong>de</strong>r <strong>de</strong> l’issue <strong>de</strong> l’affaire.<br />

9<br />

2010 CQCA 919

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