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TCHAD 2010 - Childinfo.org

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<strong>TCHAD</strong> <strong>2010</strong><br />

que les parties n’aient opté pour un statut différent au moment de la conclusion du mariage. Néanmoins,<br />

les conditions requises pour contracter mariage sont appréciées en ce qui concerne la femme suivant son<br />

propre statut selon l’article 70 de l’ordonnance 6-67/PR.MJ du 21 mars 1967, portant réforme de l’<strong>org</strong>anisation<br />

judiciaire. Les articles 71 et 72 disposent respectivement que : « au cas de silence de la coutume, la loi doit<br />

être appliquée » et que « les coutumes doivent être écartées lorsqu’elles sont contraires à l’ordre public<br />

de l’Etat ». L’appréciation du caractère « contraire à l’ordre public » est difficile à cerner en raison de son<br />

caractère relatif. Une pratique peut scandaliser dans une région alors qu’elle peut être saluée dans une autre,<br />

comme par exemple le mariage par rapt.<br />

La loi n°04/PR/98 du 28 mai 1998 portant <strong>org</strong>anisation judiciaire a laissé subsister ces ambiguïtés. En son article<br />

81, elle précise que « tant qu’une législation civile unique n’aura pas été promulguée et jusqu’à une date qui<br />

sera fixée par décret, toute les formations de jugement en matière civile seront complétées par deux notables<br />

assesseurs réputés pour leurs connaissance des coutumes (…) ». Ces différentes dispositions démontrent la<br />

place capitale accordée aux coutumes dans le droit matrimonial. Pour les femmes tchadiennes, le droit au<br />

consentement « libre et total » tel qu’il est prôné par la Déclaration universelle des droits de l’homme n’est<br />

encore qu’une lointaine illusion. En outre, du fait de la coexistence du droit moderne et du droit coutumier,<br />

l’homme peut choisir le régime matrimonial qui lui convient, ce qui est à l’origine de nombreuses violences<br />

basées sur le genre, comme la polygamie.<br />

La Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes, ratifiée<br />

par le Tchad en juin 1995, a le mérite d’accorder au statut juridique une attention particulière. Il est ainsi<br />

recommandé à l’article 5 « de faire bien comprendre que la maternité est une fonction sociale » et que « le<br />

rôle de la femme dans la procréation ne doit pas être une cause de discrimination ».<br />

Pour améliorer le statut juridique de la femme, le ministère de l’Action sociale, de la Famille et de la Solidarité<br />

nationale a lancé en 1995 le processus d’élaboration du Code des personnes et de la famille. Le nouveau<br />

Projet de code relève l’âge du mariage de la fille de 15 à 18 ans. Par ailleurs, la loi n°6/PR/2002 du 15 avril<br />

2002 portant promotion de la santé de reproduction interdit le mariage précoce. Il faut cependant relever<br />

que la réforme juridique doit s’accompagner d’un travail considérable de sensibilisation des populations,<br />

tant les coutumes sont encore ancrées dans les mentalités et les comportements.<br />

Plusieurs indicateurs servant à estimer le pourcentage de femmes mariées avant l’âge de 15 ans et de 18<br />

ans figurent dans la première partie du tableau CP.5 et dans le tableau CP.6. Au Tchad, 28 pour cent des<br />

femmes de 15 à 49 ans sont mariées avant l’âge de 15 ans. Il semblerait toutefois que ces mariages très<br />

précoces aient tendance à diminuer légèrement car le pourcentage est plus élevé chez les femmes qui<br />

ont aujourd’hui entre 30 et 44 ans que chez celles qui ont entre 15 et 19 ans. En revanche, le mariage des<br />

femmes âgées de moins de 18 ans se maintient, variant très peu selon les groupes d’âges. Le taux est très<br />

élevé au niveau national – 69 pour cent des femmes de 20 à 49 ans sont mariées avant l’âge de 18 ans – et<br />

oscille entre 60 et 84 pour cent partout sauf à N’Djamena (52%). Au total, près de la moitié des femmes de<br />

15 à 19 ans sont déjà mariées.<br />

Les taux de mariage précoce varient relativement peu selon le milieu de résidence et le niveau de richesse.<br />

Les disparités sont en revanche très importantes selon le niveau d’instruction de la femme : 33 pour cent<br />

des femmes se marient avant 15 ans quand elles sont sans instruction mais 10 pour cent seulement si elles<br />

ont un niveau secondaire ou plus. De même, 74 pour cent des femmes sans instruction se marient avant<br />

18 ans, contre 37 pour cent chez les femmes de niveau secondaire ou plus. Le mariage des filles de moins<br />

de 15 ans est très présent (plus de 40%) dans les régions du Salamat, du Lac, du Hadjer Lamis et du Chari<br />

Baguirmi mais relativement moins répandu dans le Moyen Chari (14%). De même, le mariage précoce est<br />

plus répandu chez les musulmanes et les animistes.<br />

La dernière partie à droite du tableau CP.5 présente le pourcentage des femmes vivant en union polygame. Au<br />

Tchad, près de quatre femmes sur dix sont concernées. Le pourcentage augmente avec l’âge passant de 19<br />

pour cent chez les jeunes filles de 15-19 ans à 53 pour cent chez les femmes de 40-44 ans avant de redescendre<br />

à 50 pour cent chez les 45-49 ans. Les résultats montrent aussi que l’union polygame est la plus répandue pour<br />

les femmes sans instruction (41%, contre 24% pour les femmes de niveau secondaire ou plus).<br />

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