Cahier de la Coopération N° 7.pdf - Cooperation at EPFL
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<strong>de</strong> <strong>la</strong> capacité économique <strong>de</strong>s habitants <strong>de</strong>vient<br />
alors indispensable pour prévoir un éventuel recouvrement<br />
<strong>de</strong>s coûts <strong>de</strong> l’opér<strong>at</strong>ion ou un mécanisme<br />
<strong>de</strong> péréqu<strong>at</strong>ion financière pour ne pas faire supporter<br />
l’ensemble <strong>de</strong>s dépenses aux popu<strong>la</strong>tions les plus<br />
défavorisées qui sont souvent <strong>la</strong> cible <strong>de</strong>s projets <strong>de</strong><br />
développement.<br />
D’autre part, <strong>la</strong> mise en œuvre du projet doit aboutir<br />
au démarrage d’une dynamique locale profitant à <strong>la</strong><br />
popu<strong>la</strong>tion ciblée : un processus <strong>de</strong> développement<br />
économique local sur le long terme. Pour mettre en<br />
œuvre ce processus, <strong>la</strong> question territoriale et l’échelle<br />
d’intervention représentent également une donnée<br />
importante. En effet, il convient aujourd’hui d’insérer<br />
les projets dans une dynamique régionale, n<strong>at</strong>ionale,<br />
voire intern<strong>at</strong>ionale, afin <strong>de</strong> ne pas négliger les forces<br />
liées à <strong>la</strong> mondialis<strong>at</strong>ion. Avec <strong>la</strong> mondialis<strong>at</strong>ion, les<br />
territoires sont <strong>de</strong>venus <strong>de</strong>s espaces perméables qui<br />
subissent <strong>de</strong>s influences et <strong>de</strong>s apports (humains,<br />
financiers) provenant d’autres espaces Ce processus<br />
entraîne un bouleversement dans l’approche locale<br />
dont les répercussions ne sont pas négligeables. En<br />
s’imbriquant et en s’articu<strong>la</strong>nt avec les enjeux globaux,<br />
le niveau local, est ainsi promu comme un « lieu<br />
<strong>de</strong> cré<strong>at</strong>ivité, d'expériment<strong>at</strong>ions <strong>de</strong> solutions altern<strong>at</strong>ives,<br />
<strong>la</strong> dimension où il est possible <strong>de</strong> déci<strong>de</strong>r d'un<br />
minimum d'accords sur l'être ensemble » (Ca<strong>la</strong>me<br />
2001), un espace <strong>de</strong> décision, <strong>de</strong> revendic<strong>at</strong>ion, <strong>de</strong><br />
recherche <strong>de</strong> consensus où <strong>la</strong> promotion <strong>de</strong> <strong>la</strong> particip<strong>at</strong>ion<br />
aboutit à <strong>la</strong> cré<strong>at</strong>ion <strong>de</strong> lieux <strong>de</strong> rencontres<br />
entre les individus. Ceci constitue un véritable défi !<br />
Selon cette approche, un développement endogène,<br />
valorisant les potentialités locales et stimu<strong>la</strong>nt les<br />
formes d’organis<strong>at</strong>ion sociale nouvelles et existantes,<br />
doit être privilégié. Ce processus <strong>de</strong> développement<br />
économique local doit être orienté vers les besoins et<br />
vers les intérêts locaux, en intégrant l’ensemble <strong>de</strong>s<br />
membres <strong>de</strong> <strong>la</strong> communauté, et dépend <strong>de</strong> <strong>la</strong> possibilité<br />
<strong>de</strong> les articuler avec les intérêts globaux. Ainsi,<br />
chaque localité, communauté, municipalité ou région<br />
<strong>de</strong>vrait choisir un développement respectueux <strong>de</strong>s<br />
valeurs qui lui sont propres (culturelles, n<strong>at</strong>urelles,<br />
éthiques et morales) tout en augmentant ses chances<br />
<strong>de</strong> participer au processus mondial <strong>de</strong> développement.<br />
La durabilité sociale : <strong>la</strong> recherche <strong>de</strong><br />
l’équité<br />
La durabilité sociale se manifeste par <strong>la</strong> reconnaissance<br />
et l’accept<strong>at</strong>ion par l’ensemble <strong>de</strong> <strong>la</strong> popu<strong>la</strong>tion<br />
<strong>de</strong> <strong>la</strong> diversité sociale et culturelle <strong>de</strong>s membres qui<br />
constituent <strong>la</strong> société. Cette démarche vise à intégrer<br />
les différentes c<strong>at</strong>égories. Ce<strong>la</strong> doit, à terme, conduire<br />
à « un haut niveau d’intégr<strong>at</strong>ion <strong>de</strong>s intérêts <strong>de</strong>s acteurs<br />
faibles dans le système décisionnel local (équité<br />
sociale) » (Magnaghi, 2005).<br />
La question <strong>de</strong> l’équité est donc au centre <strong>de</strong> cette<br />
démarche "socialement durable", véritable projet <strong>de</strong><br />
société : « <strong>la</strong> problém<strong>at</strong>ique du développement durable<br />
rejoint ainsi les gran<strong>de</strong>s constructions <strong>de</strong> philosophie<br />
économique, du libéralisme au socialisme,<br />
qui recherchent les conditions d'une garantie d'équité<br />
entre les êtres humains, et ce, quelles que soient<br />
les différences <strong>de</strong> réponses apportées, et même en<br />
amont, les différences <strong>de</strong> conceptions <strong>de</strong> l'équité ellemême<br />
» (Laganier, Vil<strong>la</strong>lba, Zuin<strong>de</strong>au, 2002).<br />
Dans le cadre d’un projet <strong>de</strong> développement, ce<strong>la</strong> nécessite<br />
<strong>de</strong> repérer les inégalités observables au niveau<br />
<strong>de</strong> <strong>la</strong> popu<strong>la</strong>tion <strong>de</strong>s bénéficiaires. Ceci passe alors par<br />
une définition <strong>de</strong>s standards <strong>de</strong>s conditions <strong>de</strong> vie et<br />
une détermin<strong>at</strong>ion <strong>de</strong> <strong>la</strong> popu<strong>la</strong>tion <strong>de</strong>s exclus et <strong>de</strong>s<br />
"vulnérables", c'est-à-dire <strong>de</strong> <strong>la</strong> frange <strong>la</strong> plus pauvre<br />
<strong>de</strong> <strong>la</strong> popu<strong>la</strong>tion. Cette approche <strong>de</strong>man<strong>de</strong> <strong>de</strong> ne pas<br />
définir uniquement <strong>la</strong> pauvreté à partir <strong>de</strong> l’observ<strong>at</strong>ion<br />
du niveau <strong>de</strong> vie et <strong>de</strong> l’évolution du revenu par<br />
habitant, mais d’analyser <strong>la</strong> réalité sociale et humaine<br />
<strong>de</strong> ce que l’on nomme <strong>la</strong> pauvreté.<br />
Pour ce<strong>la</strong>, <strong>de</strong>ux approches sont possibles : l’une prônant<br />
une approche par le capital social, l’autre par<br />
celle <strong>de</strong>s capacités.<br />
Le capital social (Bourdieu, 1983, Putman, 2000) a<br />
été défini comme l’ensemble <strong>de</strong>s pr<strong>at</strong>iques civiques,<br />
<strong>de</strong>s liens interpersonnels, <strong>de</strong>s re<strong>la</strong>tions sociales caractérisées<br />
par <strong>la</strong> confiance. Ce concept joue un rôle<br />
prépondérant dans <strong>la</strong> production et <strong>la</strong> perception du<br />
bien-être dans nos sociétés. De ce fait, il constitue un<br />
indic<strong>at</strong>eur important <strong>de</strong> pauvreté mais également une<br />
base <strong>de</strong> travail - en facilitant <strong>la</strong> coopér<strong>at</strong>ion et <strong>la</strong> coordin<strong>at</strong>ion<br />
entre les individus - pour une gestion communautaire<br />
<strong>de</strong>s problém<strong>at</strong>iques <strong>de</strong> développement<br />
auxquelles ces popu<strong>la</strong>tions sont confrontées.<br />
Un autre économiste (Sen, 1982), dont <strong>la</strong> pensée a<br />
rapi<strong>de</strong>ment imprégné les grands bailleurs <strong>de</strong> fonds<br />
(World Bank, 2000 et UNDP, 2000), parle <strong>de</strong> <strong>la</strong> valoris<strong>at</strong>ion<br />
<strong>de</strong>s capacités <strong>de</strong> l’individu : il est nécessaire<br />
<strong>de</strong> développer un ensemble <strong>de</strong> libertés réelles qui lui<br />
offriront <strong>la</strong> possibilité d’exploiter ses capacités (capacités<br />
<strong>de</strong> savoir-faire et <strong>de</strong> savoir-être qui sont définies<br />
par les caractéristiques personnelles, les biens possédés<br />
et les conditions sociales <strong>de</strong> l’individu) et d’orienter<br />
son existence.<br />
Une fois ce repérage réalisé, il convient <strong>de</strong> proposer