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mensuel d’une cabane, où elles vivent à 10<br />

ou 30 dans une petite pièce. 92<br />

C’est une réalité que l’on retrouve dans<br />

beaucoup de villes dans le monde : aux<br />

Philippines, ce type d’hébergement se<br />

nomme bedspacer 93 (un « espace-lit »). Les<br />

jeunes femmes savent que n’importe quel<br />

logement, même le plus pauvre, offre plus de<br />

sécurité que la rue. Des élèves qui viennent<br />

en ville pour l’école secondaire, louent une<br />

chambre puis trouvent un « copain » qui<br />

les protège et les héberge en échange de<br />

relations sexuelles. 94<br />

Même si une fille réussit à obtenir un<br />

logement en ville, elle n’a aucune garantie<br />

d’y demeurer : elle est souvent expulsée de<br />

force avec sa mère. 95 L’expansion rapide des<br />

bidonvilles a conduit les gouvernements<br />

du monde entier à adopter des méthodes<br />

brutales pour « nettoyer » les centres-villes.<br />

Les populations les plus vulnérables, incluant<br />

les femmes et les filles, sont fréquemment<br />

victimes de ces expulsions et sont trop<br />

souvent confrontées à des violences de genre<br />

avant, pendant et après. 96<br />

La surpopulation dans les quartiers<br />

pauvres constitue un problème majeur pour<br />

les adolescentes. Aoife Nic Charthaigh de<br />

l’association Interact Worldwide souligne<br />

que « le simple fait de vivre dans des<br />

espaces confinés exacerbe l’insécurité pour<br />

les filles : lorsque l’espace est rare, peu de<br />

place est réservée aux jeunes et les filles<br />

en sont souvent évincées. Les filles, sans le<br />

soutien de jeunes du même âge, avec qui<br />

partager des expériences, se retrouvent<br />

isolées et vulnérables à l’exploitation » 97<br />

Les adolescentes ont des besoins<br />

spécifiques : l’accès aux services de<br />

santé<br />

« Nous avons besoin de montrer que les<br />

filles sont capables de contribuer à une<br />

bonne santé sexuelle autour d’elles, par<br />

exemple en les informant elles ou leur<br />

entourage. »<br />

Sophie, une jeune Béninoise 98<br />

A leur arrivée en ville, les adolescentes<br />

constatent souvent qu’elles y disposent<br />

de meilleurs services et soins de santé, y<br />

compris de santé sexuelle et reproductive,<br />

à condition toutefois de pouvoir les payer.<br />

Elles peuvent aussi accéder plus aisément à<br />

l’information sur la santé. En ville, les jeunes<br />

sont mieux informés sur la contraception<br />

et y ont recours plus fréquemment que<br />

dans les zones rurales. 37 % des femmes<br />

des zones urbaines disent utiliser des<br />

préservatifs pour éviter de contracter<br />

le sida, contre seulement 17 % dans les<br />

zones rurales. Un total de 87 % des filles<br />

et femmes des zones urbaines ont déclaré<br />

avoir déjà utilisé un préservatif, contre 57 %<br />

de celles des zones rurales. 99<br />

Les adolescentes qui vivent dans des<br />

quartiers déshérités sont exposées aux<br />

Connaissance d’une source formelle de fourniture de préservatifs par les jeunes femmes, milieu urbain/rural 100<br />

100<br />

90<br />

80<br />

70<br />

60<br />

50<br />

40<br />

30<br />

20<br />

10<br />

0<br />

Bénin<br />

Tchad<br />

urbain<br />

rural<br />

Congo<br />

Ethiopie<br />

Liberie<br />

Namibie<br />

Tanzanie<br />

Ouganda<br />

Arménie<br />

Azerbaïdjan<br />

Ukraine<br />

Cambodge<br />

Inde<br />

Népal<br />

Vietnam<br />

mêmes risques de santé que tous les<br />

habitants de ces quartiers, causés par<br />

la surpopulation des logements, des<br />

installations sanitaires médiocres et un<br />

approvisionnement en eau peu fiable. Leur<br />

espérance de vie en est alors réduite. 101 Les<br />

enfants vivant dans ces quartiers sont plus<br />

susceptibles de mourir de maladies liées à de<br />

mauvaises conditions de vie, c’est-à-dire de<br />

pneumonie, de diarrhée, du paludisme ou de<br />

rougeole. En outre, comme le fait remarquer<br />

Rutti Goldberger, directrice du programme<br />

pour l’Asie d’Interact Worldwide : « Une<br />

adolescente va éviter de se rendre dans un<br />

centre connu pour dispenser des services de<br />

santé sexuelle et reproductive. Elle va penser<br />

que tout le voisinage va être au courant de<br />

sa vie sexuelle.» 102<br />

Les adolescentes des quartiers urbains les<br />

plus pauvres peuvent également avoir plus<br />

de difficultés à négocier des rapports sexuels<br />

protégés. En Afrique subsaharienne, par<br />

exemple, la prévalence du VIH est nettement<br />

plus forte chez les femmes de 15 à 24 ans<br />

que chez les jeunes hommes. En Zambie,<br />

15,2 % des jeunes femmes de cette tranche<br />

d’âge sont affectées en milieu rural, contre<br />

3,7 % des jeunes hommes des villes. 103 Dans<br />

la plupart des pays pour lesquels on dispose<br />

de données, elle semble plus élevée dans les<br />

zones urbaines que dans les zones rurales. 104<br />

« Dans les quartiers déshérités, il est<br />

fréquent que, pour joindre les deux bouts,<br />

les femmes et les jeunes filles adoptent<br />

des comportements sexuels risqués, voire<br />

se prostituent pour de la nourriture ou de<br />

l’argent. » 105<br />

Horizon Jeunes au Cameroun<br />

Horizons Jeunes est un programme de<br />

santé reproductive destiné aux jeunes<br />

citadins de 12 à 20 ans, scolarisés ou non.<br />

Son but est de retarder l’âge de l’initiation<br />

sexuelle et de réduire les conduites à<br />

risques chez ceux qui ont des rapports<br />

sexuels. Les moyens mis en œuvre sont<br />

des campagnes élaborées par les jeunes<br />

eux-mêmes. Les messages sont diffusés en<br />

direct lors d’événements, à la radio, dans<br />

des imprimés et par des pairs-éducateurs.<br />

Horizon Jeunes distribue des préservatifs<br />

et des contraceptifs, forme les agents<br />

des services de santé à un accueil adapté<br />

aux jeunes, fait participer les parents,<br />

Taux de prévalence du VIH<br />

Milieu Urbain Milieu Rural<br />

Hommes Femmes Hommes Femmes<br />

Cameroun 1,4 5,7 1,5 3,5<br />

Ethiopie 0,3 3,3 0,2 0,6<br />

Kenya 2,6 7,6 0,3 5,3<br />

Lesotho 4,6 21,3 6,2 13,9<br />

Liberia 0,9 2,5 0,3 0,9<br />

Zambie 3,7 15,2 2,6 8,2<br />

Zimbabwe 4,4 11,2 4,1 10,9<br />

Cambodge 0 0,4 0,1 0,3<br />

Inde 0,1 0,2 0,1 0,1<br />

Vietnam 1,3 0 0,6 0<br />

République dominicaine 0,1 0,4 0,3 0,5<br />

Haïti 0,8 1,9 0,3 1<br />

Source: Enquêtes démographiques et sanitaires nationales<br />

les leaders communautaires ainsi que les<br />

responsables locaux de l’éducation et de<br />

la santé, enfin, fait de la sensibilisation<br />

dans les médias de masse. Il encourage<br />

également les prestataires à offrir aux<br />

jeunes femmes célibataires des services de<br />

santé reproductive.<br />

L’évaluation de ce programme 106 a<br />

montré ses effets positifs sur les jeunes.<br />

La proportion de femmes qui avaient<br />

utilisé un préservatif est passée de 58 à<br />

76 % parmi les bénéficiaires. L’évaluation<br />

a aussi permis de constater que les<br />

jeunes avaient retardé le moment de<br />

leur 1 er rapport sexuel et que ceux qui<br />

en avaient déjà, avaient limité le nombre<br />

de leurs partenaires. Les jeunes hommes<br />

comme les jeunes femmes ont élargi leurs<br />

connaissances sur la contraception. La part<br />

de jeunes femmes informées est passée<br />

de 39 à 74 % au sujet des préservatifs et<br />

de 23 à 60 % au sujet des contraceptifs<br />

oraux. Le programme sensibilise aussi les<br />

jeunes gens aux MST ainsi qu’au VIH et les<br />

jeunes femmes à leur responsabilité de se<br />

protéger lors de rapports sexuels.<br />

Si le fait de vivre en ville signifie, en théorie,<br />

que les centres de santé et les médecins<br />

sont plus nombreux et plus proches, cela ne<br />

signifie pas pour autant que les adolescentes<br />

aient un meilleur accès aux soins. Les<br />

services peuvent s’avérer trop onéreux et<br />

les centres peu accueillants aux yeux des<br />

jeunes femmes, sans leur offrir le traitement<br />

et le soutien qui leur sont nécessaires pour<br />

les protéger. Les adolescentes, plus que<br />

48 LA SITUATION DES FILLES DANS LE MONDE 49

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