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Français - Plan USA

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Q. Pendant combien de temps devez-vous<br />

travailler ?<br />

R. De 8 h à 19h30.<br />

Q. Pour combien ?<br />

R. 100 pesos (environ 6j) par jour. Mais je<br />

devais en dépenser 7 pour m’y rendre<br />

en Jeepney car c’était trop loin à pied.<br />

C’était aussi trop dangereux de marcher<br />

tard le soir.<br />

Quelques unes perçoivent quelque sous par<br />

jour en travaillant dans des environnements<br />

toxiques, à farfouiller dans des ordures,<br />

colporter des marchandises, comme<br />

marchande de nourriture ou conductrice de<br />

tricycle. Nicole-May rapporte son expérience<br />

de vendeuse de marrons grillés dans la rue :<br />

« La fumée me rendait malade, il faisait<br />

tellement chaud et il y avait tellement de<br />

fumée. »<br />

Les filles se trouvent dans une situation où<br />

le chapardage est leur seul moyen de trouver<br />

de l’argent pour se nourrir et subsister.<br />

C’est le délit le plus souvent commis par les<br />

enfants. Hannah a passé presque 5 ans dans<br />

un centre de rééducation pour avoir volé<br />

de l’argent à une femme dans une galerie<br />

marchande afin de payer le prix du transport<br />

pour rentrer chez elle. Dans la plupart des<br />

cas, les filles sont arrêtées pour avoir volé des<br />

objets tels que des téléphones portables ou<br />

d’autres articles pouvant aider leur famille ou<br />

à se nourrir elles-mêmes.<br />

Anna-Maria a volé « parce que c’était à<br />

l’époque où son père était au chômage et où<br />

le salaire de blanchisseuse de sa mère était<br />

insuffisant. Celle-ci savait qu’Anna-Maria<br />

avait volé quelque chose car elle lui avait<br />

donné une partie de son gain. Sa mère lui a<br />

simplement dit de ne pas en parler ».<br />

Beaucoup de filles finissent dans l’économie<br />

illicite de la rue, contraintes par des adultes<br />

à s’engager dans des trafics, dans la<br />

prostitution, à vendre de la drogue ou à en<br />

devenir complice. Les parents ou les membres<br />

de la famille sont complices en les incitant à<br />

voler. Une des filles a raconté que leur voisin<br />

l’avait impliquée dans la vente de drogues,<br />

une offre qu’elle ne pouvait pas refuser en<br />

raison de la faim et des pressions familiales.<br />

Q. Que vendiez-vous ?<br />

R. Du Shabu. Une poudre blanche que l’on<br />

fume avec un embout métallique.<br />

Q. Où te l’es-tu procurée ?<br />

R. Les voisins…des amis de ma famille.<br />

Violence quotidienne dans la vie des<br />

filles en difficulté avec la loi<br />

Les filles naviguent constamment entre<br />

la menace de la violence masculine et les<br />

mauvais traitements infligés aux enfants à<br />

tous les coins de rue, dans leur communauté<br />

ou à la maison, qui représente quelquefois<br />

une ligne de front plutôt qu’une source de<br />

réconfort. Dans leurs tentatives de survie,<br />

la menace de violence les expose à un<br />

risque accru de condamnation, ce qui sert<br />

ultérieurement à justifier le fait de les priver<br />

de liberté au nom de leur « protection ».<br />

Les statistiques collectées aux Philippines<br />

montrent que les filles en difficulté avec<br />

la loi ont connu des taux très élevés de<br />

violences masculines et de maltraitance<br />

dans leurs foyers. Une étude rapporte qu’au<br />

moins 20 % des filles détenues avaient été<br />

victimes de mauvais traitement. Chaque<br />

enfant de cette étude a été témoin ou a<br />

connu des violences d’origines multiples<br />

dans son foyer et dans sa communauté.<br />

Plusieurs filles ont raconté qu’elles avaient<br />

vu leur père maltraiter leur mère ou leurs<br />

aînées et se livrer à des formes extrêmes de<br />

violence.<br />

« Lorsque le père de Sarah est saoul, il se<br />

querelle avec sa mère. Il a un pistolet et a<br />

déjà tenté de tirer sur ma mère juste parce<br />

qu’elle avait pleuré. »<br />

Sarah, par interprète<br />

Les filles ont décrit les mauvais traitements<br />

infligés par leurs pères, frères, cousins et<br />

grands-parents.<br />

« Les péchés de mes frères et sœurs sont<br />

sur moi. Mon frère me donne des coups de<br />

pied et me frappe sur la nuque. »<br />

Nicole-May<br />

En outre, les filles rapportent être battues<br />

régulièrement par des parents ainsi que par<br />

leurs frères et sœurs.<br />

« Si je commets une faute, mon père me<br />

donne une fessée. Il prend une ceinture<br />

pour me battre. »<br />

Sarah<br />

Jeune femme<br />

sans-abri<br />

vivant sur<br />

une plage à<br />

Manille.<br />

« Grand-mère me frappe si je ne rapporte<br />

rien à la maison en rentrant après avoir<br />

mendié. »<br />

Marialene<br />

Les abus sexuels de la part de membres<br />

masculins de la famille sont communs et les<br />

filles y sont plus vulnérables que les garçons.<br />

Les filles s’enfuient aussi de chez elles pour<br />

échapper à la violence. Une étude révèle que<br />

73 % des enfants ont quitté la maison car<br />

ils y ont été maltraités et brutalisés par un<br />

membre de la famille. 77<br />

Les espaces publics sont tout aussi violents<br />

pour les filles qui s’enfuient de chez elle. En<br />

fuyant la violence domestique, elles risquent<br />

d’être ramassées dans les zones urbaines<br />

par des recruteurs ou des trafiquants pour<br />

devenir servantes ou pour être livrées aux<br />

abus du commerce sexuel. Celle-ci est<br />

violente par définition et la violence très<br />

répandue parmi les proxénètes.<br />

Certaines filles y font face en se livrant<br />

elles-mêmes à des violences, en tentant<br />

de prévenir celle qui s’exerce contre elles,<br />

presque comme une forme d’auto-défense<br />

préventive. Angelica dit qu’elle se bat parce<br />

que d’autres filles l’ont provoquée. « Elles<br />

vous disent quelque chose comme : “qui tu<br />

es ?”, “est-ce-que tu es forte ?” Et c’est une<br />

provocation pour moi. »<br />

Mikkel Ostergaard / Panos Pictures<br />

Q. A quel sujet vous battiez-vous ?<br />

R. J’étais nouvelle. Elles essayaient de me<br />

jauger… j’ai donc proposé un combat<br />

à une contre une parce que j’avais<br />

peur qu’elles me fassent mal… Elles<br />

me bousculaient…me giflaient, me<br />

tiraient par les cheveux et 4 filles m’ont<br />

emmenée dans un endroit… là, j’ai<br />

proposé de me battre avec la chef du<br />

groupe… je lui ai cassé le cou. »<br />

Finalement, certaines filles sont condamnées<br />

à cause d’un acte qu’elles ont commis<br />

uniquement pour se défendre face à une<br />

violence masculine. Nyca a passé des mois<br />

en prison dans l’attente d’un procès pour le<br />

meurtre d’un partenaire masculin violent :<br />

« Je ne pouvais pas parler… il m’a poussée<br />

contre le mur, le visage contre la paroi et<br />

m’a pincée dans le cou… J’ai attrapé la<br />

première chose qui s’est présentée, c’était<br />

un couteau… »<br />

Discipliner le genre et réglementer la<br />

moralité<br />

L’une des raisons de la sous-représentation des<br />

filles chez les enfants des rues est largement<br />

liée aux familles qui souhaitent les garder à la<br />

maison pour aider aux tâches ménagères et<br />

aux soins familiaux. 78 Cela était évident chez<br />

les filles que nous avons interviewées, qui<br />

aidaient fréquemment leur mère à s’occuper<br />

du ménage, des frères et sœurs ou de tout<br />

autre travail ménager. La moralité des filles<br />

est fortement encadrée, que ce soit d’une<br />

manière formelle ou informelle. A la maison,<br />

elles peuvent être punies avec violence par<br />

des membres masculins de la famille pour<br />

avoir enfreint le couvre-feu, quitté la maison<br />

ou parce qu’elles flirtent. A propos de ses<br />

amies, Kyla dit : « Leur père les réprimande et<br />

les bat lorsqu’il les voit flirter. » Elle poursuit,<br />

sur la manière dont les filles sont traitées dans<br />

les rues : « Parfois quand elles passent, on<br />

les traite d’allumeuses ou de prostituées. » Si<br />

Nicole-May essaie de sortir de la maison, son<br />

père la frappe.<br />

Des stéréotypes sont également utilisés<br />

au sein de la communauté et des groupes<br />

sociaux afin de contrôler la sexualité des<br />

filles. Les insinuations sexistes et des insultes<br />

sont employées par les membres de la<br />

famille, les pairs et la police pour exercer une<br />

violence verbale sur les filles.<br />

84 LA SITUATION DES FILLES DANS LE MONDE 85

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