LE POIDS-LU - Département de sociologie - UQAM

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Gabrielle Desgagné
Repenser la grève dans notre espace public
Tout mouvement social tente de s’approprier l’espace
public tel que nous le percevons, physique et médiatique, pour
y faire entendre ses revendications, ouvrir la discussion
publique et mener des actions collectives. L’espace public
consiste pour la majorité d’entre nous en la rue. «À qui la rue?
À nous la rue!» entend-on à chaque manifestation. Serait-il
envisageable d’étendre cette perception et cette utilisation de
l’espace public aux lieux concernés par le débat actuel, à
savoir les institutions de l’enseignement?
Né de l’idée de faire valoir sérieusement et pacifiquement
les raisons pour lesquelles la communauté étudiante est en
grève, et d’«engorger» le système en même temps, le concept
d’occupation des lieux s’est naturellement présenté. Faire la
grève dans l’université. Parler le langage du système en
utilisant ses propres ressources, ressources qui sont d’ailleurs
nôtres : remplir les laboratoires d’ordinateur, faire des
travaux dans les couloirs – donner un autre sens à ces lieux de
passage –, fabriquer des pancartes et des bannières aux tables,
donner des conférences et des cours informels dans les agoras,
occuper nos bibliothèques, dormir dans l’université, pourquoi
pas, et boycotter les cours comme toujours. Nous ne sommes
pas obligés de boycotter l’université parce que nous boycottons
les cours. À ce que nous en savons, aucune loi n’empêche les
étudiants d’être dans leurs lieux d’apprentissage lorsqu’ils sont
en grève. Nous pourrions donc tous être dans les murs en
même temps. Intéressant à imaginer…
L’esprit des Indigné-e-s de cet automne demeure. L’esprit
de la révolution de mai 68 rejoint de façon plus qu’actuelle
nos préoccupations; les étudiants et étudiantes s’étaient à ce
moment carrément approprié leurs lieux d’apprentissage.
Lorsque la police avait ramassé des étudiants et étudiantes
solidaires provenant d’autres écoles dans des fourgons, la
sympathie des citoyens et citoyennes est soudain apparue.
Imaginons les opportunités de mobilisation d’une telle
démarche d’occupation s’étendant sur plusieurs jours : les
diverses facultés et associations qui se rencontrent en un
même lieu, les chargé-e-s de cours et professeur-e-s
sympathisant-e-s qui enseignent de manière informelle, les
employé-e-s de soutien qui soutiennent les étudiants et
étudiantes (la SEUQAM a des préoccupations similaires à
celles des étudiants et étudiantes, entre autres obtenir de
meilleures conditions de vie ensemble), des travaux et des
projets qui éclosent ici et là…
Le principe est de mettre de l’avant l’accès à l’éducation et
le désir d’apprendre, non d’être des machines à revenus,
DANS les lieux concernés, sans exclure les marches et
manifestations dans les rues, mais en restant solidaires au
sein de la communauté universitaire. Le piquetage devant les
portes ne fait que diviser et entretenir l’antagonisme entre les
facultés. Comment pouvons-nous donc rallier à notre cause les
citoyens et citoyennes si nous sommes montés les uns contre
les autres au sein même de l’université?
Il est temps de repenser la grève et de revendiquer le besoin de
nous unir en 2012, en élargissant la cause et en apportant des
solutions alternatives pour pallier à la hausse des frais de
scolarité.
Nous tenons à remercier tous ceux et celles qui ont
participé à la production du Poids-Lu. Notez les
changements ornementaux, il s’est refait une petite
beauté! De la manucure à la pédicure, il est heureux de
se présenter à vous sous cette allure Spécial Grève. Nous
vous invitons également à continuer à nous envoyer vos
textes, il nous fait toujours plus que plaisir de vous lire
et de vous trouver une place dans le ventre du Poids-Lu.
En fait, si la Grève se prolonge il nous ferait plaisir de
convaincre ce cher bonhomme plein de poils de se
pointer le bout du nez pour une troisième fois cette
session-ci! Vous pouvez donc nous les envoyer à l’adresse
suivante: journalsocio@hotmail.com. Encore une fois dû
au contexte de la grève vous nous excuserez de ne pas
avoir mis de section commérages socio… De plus, si
deuxième édition il y a, sentez-vous très libre de nous
envoyer photos ou toute autre section que vous trouveriez
pertinente d’intégrer au Poids-Lu.
En espérant que vous avez apprécié la lecture de cette
édition spéciale!
À la prochaine….
Relier les chiffres et colorer l’intérieur en rouge
1 2
4 3
...Ou en vert selon vos convictions