Texte du projet - Université Paris Diderot-Paris 7
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Document scientifique associé 2008<br />
est tra<strong>du</strong>ctible en un autre, toute version en une autre version, ou code en un autre code, sans qu’il y<br />
ait le moindre sens de privilégier tel message préten<strong>du</strong>ment originaire et fondamental (B4).<br />
Le <strong>projet</strong> entend ménager un espace au débat et à la controverse constructive. Dans le domaine <strong>du</strong><br />
droit seront confrontées plusieurs théories de l’interprétation. Celles qui défendent l’idée d’une<br />
pluralité des interprétations (B10, « Pluralisme en droit, pluralité des interprétations », colloque<br />
organisé par M. Rosenfeld) et celles, au contraire, qui considèrent que l’interprétation est un acte<br />
d’analyse objective. Dans un séminaire et un ouvrage collectif (B8, « Théories objectivistes de<br />
l’interprétation entre droit et littérature »), Otto Pfersmann analysera les théories qui voient dans<br />
les textes de référence l’expression d’une volonté historiquement déterminée, et celles qui les<br />
conçoivent comme des données qui s’adaptent aux circonstances contemporaines ; il les confrontera à<br />
des analyses qui, au moyen de la sémantique et la philosophie analytique <strong>du</strong> langage, se préoccupent<br />
<strong>du</strong> rapport entre l’analyse de la signification des énoncés et la question plus générale de<br />
l’identification de la signification. Cette réflexion devra con<strong>du</strong>ire à envisager sous un jour novateur<br />
les rencontres entre théories littéraires et théories <strong>du</strong> droit, dans le cadre d’une analyse comparative<br />
des modalités. Lorsque la littérature s’engage dans la construction d’une fiction, en effet, elle explore<br />
des rapports inédits entre les modalités aléthiques (objectives : possible, nécessaire), des modalités<br />
que l’on qualifiera faute de mieux de d’alétho-subjectives (le croyable, le certain) et des modalités<br />
déontiques (obligatoire, permis). Le droit entend imposer une idéalité faible (l’obligation juridique,<br />
plus faible que l’obligation morale) au monde factuel. La fiction peut se saisir d’univers normatifs et<br />
les mettre en rapport avec d’autres univers. Dans les deux domaines – littéraire et juridique – les<br />
indicateurs de modalités constituent une condition d’intelligibilité des propositions. Leur analyse<br />
mobilise ainsi des stratégies de l’interprétation qui seront moins substitutives qu’objectivement<br />
explicatives, liant les recherches en sémantique formelle et historique à la théorie des modalités. Le<br />
problème de l’interprétation des textes, dans une perspective diachronique, serait ici particulièrement<br />
éclairant et permettrait de développer de nouvelles rencontres et coopérations entre théorie littéraire,<br />
théorie <strong>du</strong> droit et philosophie analytique (B8).<br />
Le débat et le parallèle entre droit et littérature pourront également être envisagés à partir d’un<br />
autre angle, qui est celui de l’auctorialité et de l’intentionnalité (B2 et B3). Richard Weisberg, dans<br />
une journée d’étude franco-américaine, confrontera les discours sur l’auteur comme origine de la<br />
signification en droit et en littérature (B3 « L’auteur, origine de l’interprétation »). Dans un<br />
programme proposé par Sophie Rabau (qui comprend un séminaire en résidence d’une semaine et une<br />
publication), on questionnera les enjeux de la résurrection récente de l’auteur, en proposant, à titre<br />
expérimental, de lire « contre » lui (B2) : « Lire contre l’auteur. Pour (ou contre ) une lecture<br />
contrauctoriale ». La figure de l’auteur n’est-elle qu’une manière de subsumer les exigences <strong>du</strong><br />
commentaire (cohérence, nécessité, achèvement), enveloppant l’idée <strong>du</strong> texte comme objet cohérent<br />
et clos (Foucault) Que remet en cause la tentative de prendre le contre-pied de l’auteur (dont il n’est<br />
pas <strong>du</strong> tout avéré que l’on puisse se passer), en s’opposant au <strong>projet</strong> de lecture qu’il programme On<br />
s’interrogera, à l’occasion, sur les auteurs-narrateurs peu fiables, affabulateurs, dissimulateurs,<br />
ironiques, en questionnant aussi la notion d’autorité. À quel titre, en effet, une interprétation, une<br />
lecture devrait-elle être autorisée Les implications littéraires, culturelles voire politiques et<br />
juridiques <strong>du</strong> non-respect de l’auteur seront envisagées (des actions en justice ont été récemment<br />
intentées à l’encontre de metteurs en scène ayant « défiguré » l’intention de l’auteur et le message<br />
explicite de l’œuvre).<br />
Enfin, dans le cadre de cet axe, qui envisage l’approfondissement de coopérations<br />
interdisciplinaires, en particulier dans la rencontre <strong>du</strong> droit et de la littérature, F. Lavocat mènera, dans<br />
un séminaire, une réflexion sur les enjeux <strong>du</strong> rapprochement entre sciences cognitives et études<br />
littéraires. Des travaux sont actuellement en cours dans ce domaine, notamment dans le centre Jean<br />
Nicod, dans un séminaire qui explore les rapports entre les arts et la cognition (d’E. Pasquinelli et G.<br />
Hindemith). En relation avec ces recherches (le CLAM et le centre Jean Nicod sont associés au même<br />
GDR), l’Institut d’histoire de la Médecine de Genève, des neuropsychologues (en particulier Lionel<br />
Naccache, qui s’est penché sur les enjeux culturels des sciences cognitives), des sémanticiens, on<br />
s’interrogera sur les apports éventuels de ces sciences aux théories de l’interprétation, plus<br />
HERMES<br />
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