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Texte du projet - Université Paris Diderot-Paris 7

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Document scientifique associé 2008<br />

Cette réflexion théorique et générale sur les enjeux de la pratique philologique sera mise en regard<br />

avec une archéologie de cette pratique. Dans un séminaire coorganisé par Sophie Rabau et l’université<br />

de Chicago (« Sur les commentaires de Racine à l’Odyssée »), donnant lieu à une journée d’études, on<br />

analysera le lieu par excellence de la lecture philologique, les commentaires des textes anciens et<br />

modernes que nous ont laissés les siècles classiques. Les commentaires de Jean Racine à l’Odyssée<br />

constituent en effet un précieux témoignage sur l’histoire de l’interprétation des textes anciens, d’autant<br />

qu’il convient de les replacer dans le contexte de la Querelle des Anciens et des Modernes. Cette<br />

approche historique est indissociable de la construction d’une poétique et d’une théorie <strong>du</strong> commentaire :<br />

parce qu’elles lient étroitement la paraphrase, la tra<strong>du</strong>ction et l’exégèse, ces notes sur l’Odyssée offrent un<br />

cas d’école privilégié pour préciser les liens entre métatexte et hypertexte, mais aussi pour interroger la<br />

frontière entre la restitution <strong>du</strong> texte et son interprétation. Dans la même optique, elles permettent, si on<br />

les replace dans l’histoire large de l’interprétation <strong>du</strong> texte homérique, une réflexion sur la notion de<br />

difficulté textuelle (ce qu’Aristote nommait déjà les « problèmes homériques »), et bien évidemment sur<br />

les présupposés critiques qui peuvent expliquer la construction de ces difficultés. Enfin, ces notes<br />

confectionnées par le jeune Racine ont été très vite reçues comme des reliques précieuses où il faudrait<br />

deviner sous la plume <strong>du</strong> lecteur la marque <strong>du</strong> futur écrivain. Existe-il une auctorialité <strong>du</strong> commentaire <br />

Et dans ce cas, faut-il commenter les commentaires de Racine pour y rencontrer Racine avant qu’il ne<br />

devienne Racine (C1)<br />

On se propose également d’étudier, dans un ouvrage collectif dirigé par Christine Noille-Cauzade<br />

(Les commentaires classiques de l’Enéide : entre rhétorique et interprétation), la tradition <strong>du</strong><br />

commentaire rhétorique, totalement ignoré des historiens et des théoriciens contemporains de la<br />

littérature. Cette longue tradition (XVIe-XIXe), qui a laissé un corpus abondant, a transmis la mémoire et<br />

le culte des modèles antiques. On montrera que le commentaire classique des œuvres littéraires profanes<br />

est ten<strong>du</strong> entre une explicitation <strong>du</strong> sens littéral (grammatical, historique et rhétorique) et un<br />

approfondissement <strong>du</strong> sens spirituel (allégorique et moral), entre une perspective globalement<br />

philologique et rhétoricienne et une approche interprétative. En se focalisant sur l’analyse <strong>du</strong> corpus<br />

critique sur les commentaires classiques (en néo-latin ou en langues vernaculaires) consacrés à l’Enéide<br />

de Virgile, modèle à la fois narratif et discursif pour toute la culture européenne de la Renaissance et des<br />

XVIIe-XVIIIe siècles, l’équipe chargée de cette action se demandera quel type de savoir est mis en<br />

œuvre dans les commentaires, savoir rhétorique et/ou savoir herméneutique (C5).<br />

Enfin, cet axe propose un travail sur la relation entre interprétation et tra<strong>du</strong>ction, sans<br />

présupposer que l’acte de comprendre ou l’interprétation viennent seuls à bout de l’acte de tra<strong>du</strong>ire. Ce<br />

croisement suscite plusieurs questions : a) celle <strong>du</strong> degré zéro de la signification : une tra<strong>du</strong>ction sans<br />

interprétation a-t-elle un sens b) La question des tra<strong>du</strong>ctions contre-interprétatives ou tra<strong>du</strong>ctionsreconstructions<br />

(re-tra<strong>du</strong>ction des textes canoniques, Bible, Homère, Dante, Cervantès, Mille et une nuits,<br />

Coran, Poe, Melville, etc.) ; c) celle <strong>du</strong> niveau infra interprétatif par le biais de la physique <strong>du</strong> langage et<br />

de ton, dont Jean Paulhan disait que c’était la part la plus impardonnable d’un discours qu’un tra<strong>du</strong>cteur<br />

puisse rater. Enfin d), se pose la question heuristiquement générique au sens où l’on pourrait se demander<br />

à quel régime d’interprétation les différents « genres » de discours font appel et selon quelles variations et<br />

comment un texte peut commander un régime interprétatif singulier (C4, « Enjeux interprétatifs de la<br />

tra<strong>du</strong>ction »). Ce travail, comprenant séminaires et journées d’études, sera coordonné par Régis Salado<br />

et Jean-Patrice Courtois.<br />

Cette réflexion collective sera également nourrie par deux conférences données sur le<br />

changement de sens, dans le cadre <strong>du</strong> travail sur les théories de la signification mené par V. Nyckees<br />

(C6).<br />

IV Usages et effets de l’interprétation<br />

On travaillera dans cet axe, à se demander ce que fait l’interprétation : quelle est son efficacité <br />

Dans quels territoires – mentaux, existentiels, sociaux, politiques, esthétiques… – ses gestes débouchentils<br />

Comment son action se développe-t-elle dans la <strong>du</strong>rée Avec quels effets, à la fois sur ses objets et<br />

sur ses acteurs Il s’agira<br />

HERMES<br />

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