UNE 10 décembre 2009 BYD (P1).qxd - fratmat.info
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La sélection du jour<br />
2<br />
Option<br />
La responsabilité<br />
des parents<br />
Le débat a été suscité<br />
par des parents d’élèves,<br />
qui ne comprennent<br />
pas que<br />
l’on puisse dispenser<br />
des cours de renforcement<br />
à des toutpetits,<br />
dont l’esprit<br />
n’est pas suffisamment<br />
aguerri aux<br />
épreuves. «Généralement, on<br />
renforce des acquis. Mais<br />
qu’ont appris ces enfants qui<br />
mérite d’être renforcé», s’étonnent<br />
ils. Belle réplique de<br />
la part des enseignants. «Les<br />
cours de renforcement ne<br />
s’imposent pas aux enfants<br />
dont le père et la mère veillent<br />
au suivi». réponse du berger<br />
à la bergère.<br />
Les parents sont-ils en droit<br />
de se plaindre de ce que des<br />
cours de renforcement soient<br />
sollicités pour leurs enfants,<br />
si véritablement, ils ne les<br />
suivent pas régulièrement<br />
il est bien entendu que certains<br />
parents ne se sentent pas<br />
concernés par des cours de<br />
renforcement ou les répétiteurs<br />
à domicile, parce qu’ils<br />
veillent au suivi de leurs<br />
Par<br />
MarceLLine Gneproust<br />
enfants dans leur travail. Mais<br />
combien sont-ils Malheureusement<br />
- les responsables des<br />
établissements scolaires le<br />
dénoncent souvent-, certains<br />
d’entre eux ignorent la<br />
moyenne de classe de leurs<br />
enfants. Pris dans le feu de<br />
leurs activités professionnelles,<br />
ils ne peuvent ouvrir le<br />
cahier de l’enfant le soir. une<br />
fois ce dernier inscrit, ils ne<br />
retournent dans l’école, que<br />
lorsqu’ils sont convoqués.<br />
Mais même là encore, ils se<br />
font suppléer par le grand<br />
frère, ou même le boy. Lequel<br />
est mandaté pour gérer les<br />
problèmes. Confrontés à plusieurs<br />
défis, les parents «se<br />
cherchent», sans toutefois<br />
accorder un regard à leurs<br />
progénitures, pour qui ils<br />
paient des sommes faramineuses<br />
dans des établissements<br />
scolaires. Peut-on<br />
condamner les enseignants<br />
dispensateurs de cours de renforcement,<br />
tout en accordant<br />
son blanc-seing aux jeunes<br />
chômeurs, non qualifiés,<br />
mués en répétiteurs pour des<br />
prébendes Le psychologue a<br />
bien raison de dire que «c’est<br />
un vrai-faux débat que d’affirmer<br />
que les cours de renforcement<br />
sont à condamner<br />
ou non». La question ici est:<br />
«L’enfant a-t-il besoin que<br />
ses connaissances soient renforcées».<br />
il ne sert à rien de<br />
se ruer sur les répétiteurs de<br />
maison, et jeter la pierre aux<br />
enseignants. Peut-être faut-il<br />
les canaliser…<br />
parents et enseignants<br />
s’accusent mutuellement<br />
La pratique existe depuis bien<br />
longtemps, avec les élèves en<br />
classe d’examen. Ces dernières<br />
années, elle connaît une<br />
extension aux enfants du Ce1,<br />
Ce2 et même au C<strong>P1</strong> et CP2.<br />
Mercredi et samedi, jours non<br />
ouvrés (ouvrables), nombre d’écoles<br />
primaires de Koumassi,<br />
Cocody, Yopougon, d’abobo, etc.,<br />
ouvrent leurs portes aux détenteurs<br />
du savoir et aux petits apprenants,<br />
pour des cours de lecture, d’écriture,<br />
de mathématiques, physique<br />
(pour les plus grands), etc, moyennant<br />
une contribution financière<br />
des parents.<br />
accompagnés par des servantes,<br />
frères et parfois les parents, on en<br />
aperçoit certains dans les cours,<br />
gambadant, sacs à dos, sachets<br />
d’eau et sandwiches en mains.<br />
d’autres, traînant le pas, sont tirés<br />
par les bras par des accompagnateurs,<br />
comme pour les contraindre<br />
à avancer. tout ceci, pendant que<br />
leurs petits camarades sont assis<br />
chez eux.<br />
tricherie organisée désordre<br />
racket Les récriminations fusent<br />
de parents d’élèves qui, pour certains,<br />
ont refusé de s’inscrire dans<br />
cette pratique. tel est le cas de<br />
Mme Kouassi edith agnès, médecin<br />
dans une structure privée, et<br />
mère d’une fillette de 9 ans en<br />
classe de CM2. Pour elle, la question<br />
ne se pose pas. «N’ayons pas<br />
peur des mots, c’est du racket<br />
imposé dans les écoles. Ou le maître<br />
est incompétent et n’arrive pas<br />
à faire comprendre à l’enfant ce<br />
qu’il faut pendant ses cours, ou il<br />
est très doué pour réussir à lui<br />
faire comprendre l’essentiel en 2h.<br />
S’il n’a pas pu faire entrer dans<br />
son petit cerveau, ce qu’il doit<br />
comprendre en 6h, ce n’est pas en<br />
2h qu’il va le réussir. En plus,<br />
quand un parent refuse, son enfant<br />
a de mauvaises notes. Mais on sait<br />
qu’en réalité, il s’agit d’une sanction<br />
parce que ce dernier ne vient<br />
pas aux cours de renforcement ».<br />
Pour celle-ci, la situation est d’autant<br />
délicate que l’enfant est obligé<br />
de subir la présence du maître, les<br />
jours ouvrés et libres.<br />
«Pédagogiquement, est-il<br />
conseillé pour un enfant de vivre<br />
cette situation A-t-on pensé à<br />
l’impact psychologique que cela<br />
peut entraîner», s’interroge-telle.<br />
attoumgbré Pascal, ingénieur,<br />
relève le caractère contraignant<br />
ettien Yao corentin (à gauche) et Dibi aimé, tous deux enseignants.<br />
(Photos: GneProust)<br />
Les tout-petits ne disposent plus de leurs jours libres. (Photo d’arChives)<br />
des cours, qui, bien que définis par<br />
les enseignants comme facultatifs,<br />
sont en réalité obligatoires, selon<br />
lui. il dénonce même une prise en<br />
otage des parents par les demandeurs.<br />
« Ces cours sont en réalité<br />
imposés, parce que, lorsque l’enfant<br />
ne les suit pas, il subit des<br />
représailles, d’une manière ou<br />
d’une autre. Ses résultats vont s’en<br />
ressentir et l’enseignant a toujours<br />
le beau rôle pour vous dire que l’échec<br />
de l’enfant est dû à ses lacunes.<br />
Au point que finalement, on se<br />
Mme ecrabet esther,<br />
parent d’élèves.<br />
Fraternité Matin / Jeudi <strong>10</strong> décembre <strong>2009</strong><br />
École primaire Petits écoliers de Cp1, Cp2 et au-delà sont sollicités les mercredis et jeudis<br />
par des maîtres pour des cours de renforcement, moyennant une contribution financière.<br />
sent obligé d’accepter. On n’ose<br />
même pas approcher les enseignants<br />
pour leur manifester notre<br />
opposition, de peur que l’enfant ne<br />
subisse des représailles en classe.<br />
Les parents sont finalement pris en<br />
otage ».<br />
Les parents réfractaires aux cours<br />
de renforcement ne viennent pas<br />
que du domaine non enseignant.<br />
L’opposition se rencontre au sein<br />
même de la corporation. Ceux-là<br />
en appellent à la vigilance de leur<br />
ministère de tutelle.<br />
Mme Bogui solange, conseiller<br />
pédagogique.<br />
en attendant une décision officielle,<br />
Mme Bogui solange Clarisse,<br />
conseiller pédagogique en éducation<br />
physique et sportive, en fonction<br />
à la direction de la pédagogie<br />
et de la formation continue, a affiché<br />
clairement sa position aux<br />
enseignants de ses neveux qui<br />
voulaient renforcer leurs connaissances.<br />
« J’ai refusé. Et quand les<br />
maîtres ont su qu’ils avaient en<br />
face d’eux, quelqu’un dont les<br />
actions pouvaient les desservir, ils<br />
se sont rétractés ». elle accuse les<br />
responsables d’établissements de<br />
complicité. « Parfois, c’est toute<br />
l’administration de l’école qui est<br />
impliquée. Parce qu’un chef, c’est<br />
celui qui doit donner l’exemple et<br />
si le directeur de l’école dit non,<br />
ces choses ne peuvent pas exister<br />
».<br />
Le refus de Mme Bogui Clarisse<br />
s’explique, à l’entendre, par le fait<br />
que ces enfants sont jeunes et «<br />
qu’on ne renforce que des connaissances<br />
». or, en ce qui les concerne,<br />
poursuit-elle, « qu’ont-ils<br />
appris qui mérite d’être renforcé<br />
». elle déduit simplement qu’il<br />
s’agit d’une tricherie et même<br />
d’une anarchie. « Chacun se lève<br />
et fait ce qu’il veut. En plus, c’est<br />
de la tricherie, parce que ceux qui<br />
dispensent ces cours sont ceux-là<br />
même qui font les évaluations des<br />
élèves pendant les compositions de<br />
passage. Finalement, l’élève n’est<br />
pas plus méritant que les autres.<br />
La preuve, pendant les examens de