Le plan d - CSST

Recherche
à l’IRSST
Personnel chargé des
L’importance de l’organisation
comme moyen de protection
Réforme, virage ambulatoire,
compressions budgétaires… Le secteur
de la santé a connu bien des change-
Point de départ
Une étude réalisée en 1998 montrait que
les emplois d’infirmières et d’auxiliaires
en CLSC présentaient des risques pour
la santé et la sécurité de ce personnel,
risques qui pouvaient être réduits par
une meilleure organisation du travail.
Responsables
Esther Cloutier 1 , Élise Ledoux 2 et
Madeleine Bourdouxhe 3 , de
l’IRSST ; Hélène David, Isabelle
Gagnon et François Ouellet,
de l’Université de Montréal ;
Catherine Teiger, du Centre national
des arts et métiers de
France.
Partenaires
Quatre CLSC et un comité consultatif
formé de représentants
du ministère de la Santé et
des Services sociaux ainsi que
d’associations diverses : CLSC
et CHSLD, secteur des affaires
sociales, auxiliaires familiales et
sociales, syndicats, infirmières.
Résultats
3
L’analyse de l’activité de travail et des
facteurs organisationnels propres à la
prestation de soins à domicile a permis
de dégager de solides principes de base
qui, appliqués à l’organisation du travail,
préservent la santé et la sécurité
du personnel.
Utilisateurs
Toute personne responsable de l’élaboration
de politiques, de directives ou
de programmes en matière de santé et
de services sociaux ; les gestionnaires
en charge de l’organisation du travail,
des ressources humaines, de la santé
et de la sécurité du travail ; les infirmières
et les auxiliaires familiales et
sociales
1
2
ments au cours des dernières années,
sans compter la prévision que la population
des 65 ans et plus doublera au
Québec d’ici à 30 ans. Si l’on ajoute à
cela une main-d’œuvre de plus en plus
rare et vieillissante, le manque de places
dans les centres d’hébergement de soins
de longue durée (CHSLD), la volonté
grandissante des gens de rester chez eux
et un financement au profit des hôpitaux
de courte durée, il n’est pas surprenant
de voir la demande de
soins de santé à domicile grimper
en flèche.
Un bilan sombre
Faisant suite à une étude exploratoire
menée en 1998, Esther
Cloutier et son équipe ont passé
de nombreux mois dans le milieu
des centres locaux de Services
communautaires (CLSC) afin d’étudier
plus en détail le travail des
auxiliaires familiales et sociales
(AFS) et des infirmières prodiguant
des soins à domicile. « Le
personnel est extrêmement essoufflé,
dit Esther Cloutier. Au cours
des trois ans de l’étude, on a vu
une très nette hausse de la charge
de travail. Par exemple, les auxiliaires
sont passées de cinq soins
par jour à sept ou huit dans certains
cas. En plus, les patients sont
en moins bonne condition qu’avant et
ont des pathologies plus graves ou plus
complexes. Dans certains milieux, on
note des taux d’absentéisme de l’ordre
de 50 %. C’est loin d’être anodin. » Le
bilan dressé par l’étude est en effet très
préoccupant, bien qu’il vise à dégager
de l’expérience actuelle des pistes pour
mieux protéger la santé du personnel
de soins et pour assurer sa sécurité.
Des solutions d’ordre
organisationnel
De nombreuses recherches dans le domaine
démontrent que des conditions
de travail « pénibles », subies durant de
longues périodes, peuvent entraîner des
maladies diverses affectant soit la santé
psychologique, le système musculosquelettique,
la santé cardiovasculaire,
l’appareil digestif ou plusieurs systèmes
simultanément. De plus en plus, ces
nouvelles représentations de la santé
au travail remettent en question la nécessité
d’établir un lien précis et exclusif
entre l’apparition d’une maladie et la
présence d’un facteur de risque particulier.
Les résultats obtenus militent
plutôt en faveur de la détermination de
formes d’organisation globalement plus
favorables que d’autres.
L’étude de l’IRSST va en ce sens.
L’analyse fine de l’activité de travail
des AFS et des infirmières révèle l’existence
de stratégies protectrices chez
ces travailleuses, développées avec l’expérience
du métier. Parmi celles-ci :
l’adoption de postures qui réduisent
les contraintes au dos ; l’utilisation de
genouillères afin de réduire les douleurs
aux genoux ; l’établissement d’une
routine particulière à chaque client,
selon les capacités de la soignante et
l’aménagement des lieux, de façon à
24 Prévention au travail Printemps 2006