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de l'école au boulot - CSST

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Prévention<strong>au</strong> travailAutomne 2002 | Volume 15, n o 4M o t d e l a r é d a c t i o nContagieux !Le magazine que vous tenez en main contient <strong>de</strong>s agents h<strong>au</strong>tementcontagieux. En fait, chaque article <strong>de</strong> ce numéro recèle unedose <strong>de</strong> prévention concentrée, injectable <strong>au</strong>x sites susceptibles d’êtresensibilisés… pour la bonne c<strong>au</strong>se.Le dossier, par exemple, vise « l’artère Jeunes », celle sans quil’avenir du Québec ne serait pas. L’article déploie le plan d’actionjeunesse <strong>de</strong> la <strong>CSST</strong>, une affaire nationale, concertée, qui engagel’organisme et <strong>de</strong> nombreux partenaires, et qui touche les employeurset les enseignants du primaire, du secondaire, <strong>de</strong>s cégeps, <strong>de</strong>s universitéset <strong>de</strong>s écoles <strong>de</strong> formation professionnelle et technique.Si l’on veut que les jeunes n’aient plus d’acci<strong>de</strong>nt du travailou <strong>de</strong> maladie professionnelle, il f<strong>au</strong>t que la prévention leur soitinjectée le plus tôt possible. Sur les bancs <strong>de</strong> l’école ? Si fait ! Ainsi,lorsqu’ils commenceront à travailler — <strong>boulot</strong> d’été, <strong>de</strong> week-endou premier emploi — ils afficheront <strong>de</strong>s comportements et <strong>de</strong>s attitu<strong>de</strong>s<strong>de</strong> prévention. Mieux, <strong>au</strong> fil <strong>de</strong>s ans, ils seront, employeursou travailleurs, <strong>de</strong>s porteurs vigilants et contagieux <strong>de</strong> la valeurprévention pour leur entourage. Déjà, il f<strong>au</strong>t voir avec quelleconviction les jeunes du primaire collaborent sur le terrain. Àcelles et ceux qui se <strong>de</strong>man<strong>de</strong>nt pourquoi un <strong>au</strong>ssi gros investissementdans le tissu social québécois, rappelons qu’en 2001, dans lacatégorie <strong>de</strong>s 24 ans et moins, 24 138 jeunes ont eu un acci<strong>de</strong>ntdu travail, <strong>de</strong> ce nombre, 15 sont décédés. L’un d’eux avait juste15 ans. Méchantes statistiques.La section « Reportages » est, elle <strong>au</strong>ssi, particulièrement tonique.On y apprend l’ABG (si, si, formule délibérément détournée !) d’un« Cherchez l’erreur » et comment enfiler un harnais en moinsd’une minute. Style décontracté et humour en prime ! Enfin, leplan d’action construction affiche son bilan. Bouter la mort hors<strong>de</strong>s chantiers, cibler <strong>de</strong>s dangers, travailler en partenariat pour leséliminer, l’approche est dynamique, bien orchestrée, et les remè<strong>de</strong>schoisis agissent !La section « Recherche à l’IRSST » n’est pas en reste. Elle présente,entre <strong>au</strong>tres, le troisième et <strong>de</strong>rnier article d’une série consacrée àl’évolution <strong>de</strong> la toxicologie industrielle. Bonne lecture !Le magazine Prévention <strong>au</strong> travail est publiépar les directions <strong>de</strong>s communications <strong>de</strong> laCommission <strong>de</strong> la santé et <strong>de</strong> la sécurité du travail(<strong>CSST</strong>) et <strong>de</strong> l’Institut <strong>de</strong> recherche Robert-S<strong>au</strong>véen santé et en sécurité du travail (IRSST).Prési<strong>de</strong>nt du conseil d’administrationet chef <strong>de</strong> la direction <strong>de</strong> la <strong>CSST</strong>,et prési<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> l’IRSSTJacques Lamon<strong>de</strong>SECTION <strong>CSST</strong>Directeur <strong>de</strong>s communicationsPierre BenoitRédactrice en chefMonique Leg<strong>au</strong>lt F<strong>au</strong>cherAdjoint à la rédactrice en chef, par intérimMarc TisonSecrétaire <strong>de</strong> rédactionNicole RivardCollaborateursDanielle Brouard, Suzanne Cohen, SuzanneLabrecque, François Messier, Claire Pouliot,Guy Sabourin, Claire Thivierge, Marc Tison,Lyse Tremblay, Anne VézinaRévisionTranslatex communications +, Lucie DuhamelSECTION IRSSTDirecteur général <strong>de</strong> l’IRSSTJean Yves SavoieDirecteur <strong>de</strong>s communicationsJacques MilletteRédactrice en chefMarjolaine Thibe<strong>au</strong>ltCollaborateursMario Bélisle, Caroline Fortin, Benoît Fra<strong>de</strong>tte,Isabelle Labarre, Lucie Lebel, Lorraine Pichette,Anita Rowan, Claire ThiviergeDirection artistique et productionJean Frenette DesignValidation <strong>de</strong>s photographies et <strong>de</strong>s illustrationsGuylaine Bourque, L<strong>au</strong>rent Desbois, Cl<strong>au</strong><strong>de</strong> Lemire,Yvon Papin, Pierre Sirois, Charles Taschere<strong>au</strong>,Conrad Tru<strong>de</strong>l, André TurcotPhoto <strong>de</strong> la page couvertureJames Darrell/ImagebankImpressionImprimeries Transcontinental inc.ComptabilitéDanielle Lalon<strong>de</strong>, Christian LéonardDistributionLyse TremblayAbonnementsAbonnement Québec525, rue Louis-PasteurBoucherville (Québec) J4B 8E7Tél. 1 877 221-7046© <strong>CSST</strong>-IRSST 2002La reproduction <strong>de</strong>s textes est <strong>au</strong>toriséepourvu que la source en soit mentionnéeet qu’un exemplaire nous en soit adressé :<strong>CSST</strong>1199, rue De BleuryC. P. 6056Succursale Centre-villeMontréal (Québec) H3C 4E1Tél. (514) 906-3061, poste 2198Téléc. (514) 906-3016Site Web : www.csst.qc.caIRSST505, boulevard De Maisonneuve OuestMontréal (Québec) H3A 3C2Tél. (514) 288-1551Téléc. (514) 288-7636Site Web : www.irsst.qc.caDépôt légalBibliothèque nationale du QuébecISSN 0840 7355Mise en gar<strong>de</strong>Les photos publiées dans Prévention <strong>au</strong> travailsont le plus conformes possible <strong>au</strong>x lois etrèglements sur la santé et la sécurité du travail.Cependant nos lectrices et lecteurs comprendrontqu’il peut être difficile, pour <strong>de</strong>s raisonstechniques, <strong>de</strong> représenter la situation idéale.| Prévention <strong>au</strong> travail | Automne 2002 | 3


Vient <strong>de</strong> paraître à la <strong>CSST</strong>Registre d’acci<strong>de</strong>nts,d’inci<strong>de</strong>nts et <strong>de</strong> premierssecoursDC 300-402-2Brochure, 17,75 cm x 21,5 cm31 pagesVoici un document qui peutêtre utile tant à l’employeurqu’<strong>au</strong> travailleur ayant subiune blessure ou un malaise. Leregistre sert à inscrire les acci<strong>de</strong>ntsdu travail, les inci<strong>de</strong>nts,les événements reliés à <strong>de</strong>sblessures et à <strong>de</strong>s malaises quisurviennent dans un établissementainsi que les premierssecours donnés, comme leprévoient, entre <strong>au</strong>tres, la Loisur les acci<strong>de</strong>nts du travail etles maladies professionnelleset le Règlement sur les normesminimales <strong>de</strong> premiers secourset <strong>de</strong> premiers soins.Vous êtes visé – Commentdiminuer les risques etles impacts d’une agressionen milieu bancaireDC 200-696Brochure, 14 cm x 21,5 cm15 pagesCette brochure <strong>de</strong> format pratique,rédigée dans un stylesimple et direct, permet d’enapprendre un peu plus sur lafaçon <strong>de</strong> prévenir, dans le milieubancaire, les vols ou les effetsd’un vol sur les employés.Le document présente ce quidoit être fait avant un vol ou uneagression : conseils sur l’aménagement<strong>de</strong>s lieux <strong>de</strong> travail,consignes et métho<strong>de</strong>s à établir,organisation d’activitésd’information et <strong>de</strong> formation— s’adressant <strong>au</strong>tant <strong>au</strong>x gestionnairesqu’<strong>au</strong>x employés —sur la prévention <strong>de</strong>s vols àmain armée. On y trouve égalementun plan à suivre pourmieux réagir pendant et après unvol ou une agression, et prévenirles stress post-tr<strong>au</strong>matiques.Ai<strong>de</strong>-mémoire àl’intention <strong>de</strong>s mé<strong>de</strong>cins –Règlement sur les frais <strong>de</strong>déplacement et <strong>de</strong> séjourDC 200-6233-2Brochure, 21,5 cm x 28 cm8 pagesCet ai<strong>de</strong>-mémoire s’adresse <strong>au</strong>xmé<strong>de</strong>cins qui reçoivent dansleur cabinet <strong>de</strong>s travailleursayant subi une lésion professionnelleet obligés <strong>de</strong> se déplacerpour recevoir <strong>de</strong>s soins oupour subir <strong>de</strong>s examens médic<strong>au</strong>x.Les nouve<strong>au</strong>x t<strong>au</strong>x prévuspar le Règlement sur les frais <strong>de</strong>déplacement et <strong>de</strong> séjour sontentrés en vigueur le 1 er janvier2002. Les mé<strong>de</strong>cins pourrontdonc consulter cette brochurequi, en plus d’offrir un rappel<strong>de</strong>s points saillants du règlementet <strong>de</strong> son application,présente un table<strong>au</strong> <strong>de</strong>s nouve<strong>au</strong>xmontants accordés pourles frais <strong>de</strong> transport, <strong>de</strong> repasou <strong>de</strong> séjour.Dans les boulangeries,les pâtisserieset les biscuiteries…Production, santéet sécurité, qualité :c’est relié !DC 500-167Feuillet, 17,5 cm x 28 cmLe mélange – Pour ne passe mettre dans le pétrinDC 500-165Dépliant, 17,5 cm x 28 cmLe chariot manuel –Comme sur <strong>de</strong>s roulettesDC 500-166Dépliant, 17,5 cm x 28 cmL’emballage –En <strong>de</strong>ux tempset trois mouvementsDC 500-164Dépliant, 17,5 cm x 28 cmLe financement – Pouréviter les surprises saléesDC 500-163Dépliant, 17,5 cm x 28 cmFruit <strong>de</strong> la collaboration entreles divers partenaires du secteur,notamment l’Institut <strong>de</strong>recherche Robert-S<strong>au</strong>vé en santéet en sécurité du travail (IRSST),le Conseil <strong>de</strong> la boulangerie duQuébec, les Services <strong>de</strong> santé<strong>au</strong> travail du territoire <strong>de</strong> Montréalet la Direction régionale <strong>de</strong>l’Île-<strong>de</strong>-Montréal–1 <strong>de</strong> la <strong>CSST</strong>,cette série <strong>de</strong> quatre dépliantsai<strong>de</strong>ra le dirigeant <strong>de</strong> toute boulangerie,pâtisserie ou biscuiterieà améliorer le ren<strong>de</strong>ment,l’efficacité et la rentabilité <strong>de</strong>son entreprise en privilégiantune saine gestion <strong>de</strong> la santéet <strong>de</strong> la sécurité du travail.Ces documents le gui<strong>de</strong>rontvers <strong>de</strong>s choix éclairés lorsqu’il<strong>au</strong>ra à prendre <strong>de</strong>s décisionsconcernant le type <strong>de</strong> chariotmanuel, le travail d’emballage,la préparation <strong>de</strong>s mélanges et lefinancement <strong>de</strong> la santé et lasécurité du travail dans sonétablissement.Réimpressionset rééditionsAmiante – On se protège !DC 500-240-1, ai<strong>de</strong>-mémoireGui<strong>de</strong> d’utilisation<strong>de</strong>s services <strong>de</strong>s échangesélectroniques – Traitements<strong>de</strong> physio-ergo et comptesd’établissements <strong>de</strong> santéDC 200-1116-3, brochureQue faire lors d’uneexposition <strong>au</strong> sang ?En tout temps, considérerle sang <strong>de</strong> toute personnecomme pouvant être infectéDC 900-333-2, pochette avecfichesLes risques biologiques <strong>au</strong>travail – Agir pour prévenirTétanosDC 100-473-1, dépliantHépatite BDC 100-474-1, dépliantGui<strong>de</strong> d’utilisationd’une fiche signalétiqueDC 200-338-2, brochureGrille d’analyse –Conformité avecles exigences québécoisesdu SIMDUTDC 200-2200-2, brochureLes appareils <strong>de</strong> protectionrespiratoire utilisés<strong>au</strong> QuébecOn clique, on trouve,on respire mieux !www.prot.resp.csst.qc.caDC 100-464, dépliantDC 700-208, signetPestici<strong>de</strong>s en agricultureDC 300-411-4, brochureVous pouvez vous procurerces documents <strong>au</strong> bure<strong>au</strong> <strong>de</strong> la<strong>CSST</strong> <strong>de</strong> votre région. ODanielle Brouard4| Prévention <strong>au</strong> travail | Automne 2002 |


Cherchez l’erreurLe travail<strong>au</strong> rayon <strong>de</strong>s fruits et légumesDès l’<strong>au</strong>rore, dans les marchés d’alimentation, les placeuses et les placeursfont la rotation <strong>de</strong>s fruits et légumes : ils regarnissent les étalages en s’assurantque les invendus <strong>de</strong> la veille sont encore frais et qu’ils se trouvent <strong>au</strong>-<strong>de</strong>ssus <strong>de</strong> la pile.Cependant, l’empressement à bien servir la clientèle ne doit pas reléguerla sécurité sous le boisse<strong>au</strong>. Pour illustrer le propos, Chantal et Josée, oubliantleur coutumière pru<strong>de</strong>nce, se sont volontairement mises dans une situationdélicate. Pouvez-vous dire en quoi elles sont « dans les patates » ?SimulationPhoto Denis Bernier| Prévention <strong>au</strong> travail | Automne 2002 | 5


Les erreurs21Chantal doit fléchir le dos pour atteindre, à bout <strong>de</strong> bras, les lourdssacs <strong>de</strong> pommes <strong>de</strong> terre <strong>au</strong> fond <strong>de</strong> la caisse-présentoir. Ces <strong>de</strong>uxcontraintes risquent d’entraîner <strong>de</strong>s troubles lombaires.342Josée tente péniblement <strong>de</strong> diriger son transpalette manuel dans uneallée trop étroite. Elle doit exercer une poussée désaxée sur le levier<strong>de</strong> l’appareil, <strong>au</strong> risque <strong>de</strong> se blesser <strong>au</strong> dos.13Une palette vi<strong>de</strong> est appuyée à la verticale. Elle pourrait basculer etheurter quelqu’un.4La zone <strong>de</strong> circulation est encombrée <strong>de</strong> cartons vi<strong>de</strong>s, <strong>de</strong> débris <strong>de</strong>pellicule et <strong>de</strong> ruban d’emballage. Rien <strong>de</strong> mieux pour s’y prendre lespieds et s’étaler <strong>de</strong> tout son long… sans l’ai<strong>de</strong> <strong>de</strong> pelure <strong>de</strong> banane !55Chantal et Josée portent <strong>de</strong>s ch<strong>au</strong>ssures sport ordinaires, sans protectionpour les orteils.Photos Denis BernierLes correctionsLes principes d’ergonomie veulentqu’un travailleur soit en mesure <strong>de</strong> saisiret <strong>de</strong> manipuler les objets en maintenantle dos droit, sans <strong>de</strong>voir se pencher.La zone <strong>de</strong> travail idéale est compriseentre la h<strong>au</strong>teur <strong>de</strong> la main, bras baissé,et celle <strong>de</strong>s ép<strong>au</strong>les. Pour atteindre cetobjectif, on a h<strong>au</strong>ssé le fond <strong>de</strong>s caissesà environ 20 cm du rebord, on y a placé<strong>de</strong>ux rangs <strong>de</strong> boîtes <strong>de</strong> plastique servanthabituellement <strong>au</strong> transport <strong>de</strong>sacs <strong>de</strong> lait. Un panne<strong>au</strong> cartonné sert<strong>de</strong> fond. Résultats : la caisse est à bonneh<strong>au</strong>teur et Chantal n’a plus à y plongerpour saisir les sacs les plus éloignés.Bénéfice supplémentaire : les clientspourront se servir tout <strong>au</strong>ssi facilement !Enfin, le f<strong>au</strong>x-fond permet <strong>de</strong> mettremoins d’aliments à la fois. Ce qui signifiemoins <strong>de</strong> perte et une rotationplus facile <strong>de</strong> la marchandise.L’équipement <strong>de</strong> protection obligatoireDans le secteur du commerce <strong>de</strong> détail,les ch<strong>au</strong>ssures <strong>de</strong> sécurité sont obligatoirespour les travailleurs appelés àsoulever <strong>de</strong>s charges <strong>de</strong> plus <strong>de</strong> 17 kg.Josée et Chantal portent donc <strong>de</strong>s ch<strong>au</strong>ssures<strong>de</strong> sécurité appropriées avec emboutsprotecteurs.La zone <strong>de</strong> travailLes allées doivent être libres <strong>de</strong> débris,boîtes vi<strong>de</strong>s, résidus d’emballages et<strong>au</strong>tres fruits ou légumes écrasés. Lorsqu’untravailleur porte une boîte ou unsac, son champ <strong>de</strong> vision est limité etil ne voit pas l’obstacle sous ses pas.Les emballages sont donc jetés dansune poubelle ou un contenant prévu àcet usage dès qu’ils sont retirés. Lesboîtes vi<strong>de</strong>s sont soigneusement empiléesà l’écart <strong>de</strong>s aires <strong>de</strong> circulationavant d’être apportées <strong>au</strong> compacteur.Par ailleurs, les palettes vi<strong>de</strong>s doiventêtre déposées à plat sur le sol.Les allées doivent également offrirle dégagement nécessaire pour queJosée puisse pousser et tirer directementdans l’axe du levier <strong>de</strong> conduite, sansrisquer <strong>de</strong> torsion lombaire. Cet objectifest atteint quand la largeur <strong>de</strong> l’alléemesure <strong>au</strong> moins 60 cm <strong>de</strong> plus que lalongueur du transpalette.Avec un aménagement et <strong>de</strong>s métho<strong>de</strong>s<strong>de</strong> travail appropriés, Chantalet Josée peuvent goûter <strong>au</strong>x fruits <strong>de</strong> laprévention. OMarc TisonNous remercions le personnel du magasin Costco<strong>de</strong> Longueuil, arrondissement <strong>de</strong> Saint-Hubert ;Christine Girard, responsable <strong>de</strong>s ressourceshumaines, Chantal Langevin et Josée Morin,placeuses <strong>au</strong> rayon <strong>de</strong>s fruits et légumes (nos<strong>de</strong>ux figurantes).Nos personnes-ressources <strong>de</strong> la <strong>CSST</strong> : JoséeS<strong>au</strong>vage, ergonome, Yvon Papin, conseiller, tous<strong>de</strong>ux <strong>de</strong> la Direction <strong>de</strong> la prévention-inspection,et Conrad Tru<strong>de</strong>l, inspecteur et ergonome à laDirection régionale <strong>de</strong> Longueuil.6| Prévention <strong>au</strong> travail | Automne 2002 |


Photo James Darrell / ImagebankDossierJeuneset préventionDe l’école <strong>au</strong> <strong>boulot</strong>Par Claire Thivierge


8DossierAu printemps 2001, la <strong>CSST</strong>donnait le coup d’envoid’un vaste plan d’action« jeunesse ». Objectif,redresser le bilan <strong>de</strong>sacci<strong>de</strong>nts et <strong>de</strong>s maladiesdu travail chez les 24 ansou moins. Contribuer àinculquer une culture <strong>de</strong> laprévention <strong>au</strong>x employeurset <strong>au</strong>x travailleurs<strong>de</strong> <strong>de</strong>main. Car lorsqu’unjeune se blesse <strong>au</strong> travail,son avenir peut êtredramatiquement remis enquestion. Avis <strong>au</strong>xintéressés, à tous ceux quiles aiment et… à tous ceuxqui les emploient.Conçu par le comité jeunesse <strong>de</strong>la <strong>CSST</strong>, décrété prioritaire par JacquesLamon<strong>de</strong>, prési<strong>de</strong>nt du conseil d’administrationet chef <strong>de</strong> la direction, le pland’action est <strong>de</strong>stiné <strong>au</strong>x jeunes, partoutoù ils se trouvent, <strong>de</strong>puis la maternellejusqu’à la fin <strong>de</strong> leurs étu<strong>de</strong>s, dans leurs<strong>boulot</strong>s d’été, <strong>de</strong> soir et <strong>de</strong> week-end,puis dans leurs emplois <strong>de</strong> jeunesadultes. Le plan fait <strong>au</strong>ssi appel à ceuxqui ont un rôle à jouer dans leur formationet leur encadrement, les enseignantset les employeurs. Pourquoiune telle offensive ? « Les statistiquesmontrent que les jeunes sont plus àrisque que leurs aînés, répond RenéeSt-Cyr, directrice <strong>de</strong>s relations avec lespartenaires, il f<strong>au</strong>t donc qu’ils adoptenttôt <strong>de</strong>s habitu<strong>de</strong>s <strong>de</strong> prévention. » La<strong>CSST</strong> ayant toujours agi en ce sens,quelle différence le plan d’action peutilfaire ? Conçue pour que la futuremain-d’œuvre soit apte à prendre encharge sa santé et sa sécurité, cetteapproche engage les partenaires « dansune vision commune, elle donne unevaleur ajoutée <strong>au</strong>x actions <strong>au</strong>trefoisPhoto Denis Bernierisolées et une plus gran<strong>de</strong> portée<strong>au</strong>x efforts <strong>de</strong> tous », rétorque DianeRodier, responsable du dossier à laVice-prési<strong>de</strong>nce <strong>au</strong>x relations avec lesclientèles et les partenaires. La valeur<strong>de</strong> cette stratégie est, du reste, reconnuepar le gouvernement du Québec commecontribution à son plan national d’actionpour la jeunesse.Plusieurs facteurs militent en faveurd’une telle offensive : les statistiqueséloquentes (lire l’encadré « Des chiffresalarmants »), l’urgence <strong>de</strong> préparerune relève — le vieillissement <strong>de</strong> lapopulation entraînera le transfert <strong>de</strong>scompétences en santé et sécurité d’unfort pourcentage <strong>de</strong> travailleurs expérimentéspartant à la retraite — etenfin, la réussite <strong>de</strong> campagnes <strong>de</strong> préventionmenées ailleurs (lire l’encadré« Un modèle inspirant »). Voilà doncpourquoi, pour la première fois, lesinterventions <strong>de</strong> la <strong>CSST</strong> ciblent unepopulation, et non un risque ou un secteurd’activité. Adopté en avril 2001, leplan d’action jeunesse s’articule <strong>au</strong>tour<strong>de</strong> trois axes : l’éducation, la formationet l’intégration <strong>au</strong> travail.Renée St-Cyr(à droite), directrice<strong>de</strong>s relationsavec les partenaires,et Diane Rodier,responsabledu dossier jeunesseà la Vice-prési<strong>de</strong>nce<strong>au</strong>x relationsavec les clientèleset les partenaires,passent en revuele contenu <strong>de</strong> la trousse<strong>de</strong>stinée <strong>au</strong>x jeunes.L’école <strong>de</strong> la vieFer <strong>de</strong> lance <strong>de</strong> la sensibilisation <strong>de</strong>sjeunes du primaire et du secondaire,le Défi prévention jeunesse entre danssa cinquième année. Depuis 1998, la<strong>CSST</strong> mène un programme d’éducationqui vise à inculquer <strong>au</strong>x jeunes uneculture <strong>de</strong> la prévention. Et elle offreune ai<strong>de</strong> financière <strong>au</strong>x écoles désireusesd’organiser <strong>de</strong>s activités en cesens. Le Défi, antérieurement appeléProjet santé et sécurité en milieu scolaire,découle d’une collaboration avecla Centrale <strong>de</strong>s syndicats du Québec, laFédération <strong>de</strong>s commissions scolairesdu Québec et le ministère <strong>de</strong> l’Éducation.En quatre ans, il a permis à <strong>de</strong>sélèves et à leurs enseignants <strong>de</strong> réaliser400 projets à l’échelle du territoire.Ils ont <strong>de</strong> cinq à 17 ans, ils repèrent<strong>de</strong>s situations à risque et trouvent <strong>de</strong>sfaçons <strong>de</strong> prévenir les dangers <strong>de</strong>s produitstoxiques, du bruit excessif, <strong>de</strong>sm<strong>au</strong>vaises postures, <strong>de</strong>s risques d’acci<strong>de</strong>ntsdans la vie <strong>de</strong> tous les jours, etc.Ils concrétisent leur démarche en produisant<strong>de</strong>s vidéocassettes, <strong>de</strong>s cédéroms,<strong>de</strong>s jeux <strong>de</strong> société, <strong>de</strong> courtesDes chiffres alarmantsChaque jour, environ 70 jeunes <strong>de</strong> 15 à 24 ans se blessent <strong>au</strong> travail !En 2001, 24 138 d’entre eux ont subi un acci<strong>de</strong>nt et 494 ont contractéune maladie professionnelle. Pis encore, 15 en sont morts, dont sept <strong>de</strong>moins <strong>de</strong> 20 ans. Quatre <strong>de</strong> ces jeunes avaient tout juste 16 ans et un,15 ans. Toujours en 2001, 522 000 <strong>de</strong>s 964 000 Québécois <strong>de</strong> moins <strong>de</strong>24 ans occupaient un emploi (à temps plein ou partiel). En fait, près <strong>de</strong>40 % <strong>de</strong>s élèves du secondaire travaillent. S’ils occupent 15 % <strong>de</strong>s emplois,les jeunes subissent néanmoins 17 % <strong>de</strong>s acci<strong>de</strong>nts du travail. Des étu<strong>de</strong>srévèlent que plus <strong>de</strong> 50 % <strong>de</strong>s acci<strong>de</strong>nts surviennent dans les sixpremiers mois d’un nouvel emploi. La <strong>CSST</strong> débourse près <strong>de</strong> 48 millions<strong>de</strong> dollars pour in<strong>de</strong>mniser les jeunes travailleurs acci<strong>de</strong>ntés. O| Prévention <strong>au</strong> travail | Automne 2002 |


pièces <strong>de</strong> théâtre. Ce faisant, ilsacquièrent une conscience accrue <strong>de</strong>srisques et ils adoptent <strong>de</strong>s comportements<strong>de</strong> prévention pour les éviter.Voici <strong>de</strong>s exemples éloquents <strong>de</strong> lacuvée 2002.À l’école Tourterelle <strong>de</strong> Brossard,Antoine Leduc, sept ans, suggère àl’enseignante Sara Lefrançois <strong>de</strong> fairepartager à ses camara<strong>de</strong>s une expérience<strong>de</strong> prévention contre les morsures<strong>de</strong> chiens qu’il a vécue chez les scouts.Sa proposition est acceptée d’emblée,car « c’est le rôle <strong>de</strong> l’école <strong>de</strong> responsabiliserles enfants, notamment enmatière <strong>de</strong> santé et <strong>de</strong> sécurité, expliquela directrice Céline Roy, et si un enfant<strong>de</strong> cet âge suggère une telle idée, c’estque c’est <strong>au</strong>ssi sérieux pour ses copainset ses copines que pour lui ». À preuve,un cinquième <strong>de</strong>s enfants <strong>de</strong> la classeavaient déjà été agressés par un chien.Avec le concours d’une animatrice <strong>de</strong>Zoothérapie Québec, 46 élèves ontdonc appris comment se comporter faceà un cabot menaçant. « Quelques moisplus tard, nous avons pu vérifier qu’ilsAntoine Leduc fréquente l’écoleTourterelle <strong>de</strong> Brossard. Il a suggéréà Sara Lefrançois (<strong>de</strong>rrière lui)<strong>de</strong> partager avec ses camara<strong>de</strong>s uneexpérience <strong>de</strong> prévention contre lesmorsures <strong>de</strong> chiens qu’il a vécue dansle passé. Une idée qui a plu d’embléeà Céline Roy, directrice <strong>de</strong> l’école.Un modèle inspirantLa plupart <strong>de</strong>s provinces canadiennes se sont donné <strong>de</strong>s moyens pourfavoriser la prévention chez les jeunes.« À l’avant-gar<strong>de</strong>, précise RenéeSt-Cyr, le Worker’s Compensation Board <strong>de</strong> la Colombie-Britannique a,<strong>de</strong>puis le début <strong>de</strong>s années 1990, mis <strong>au</strong> point <strong>de</strong>s stratégies particulièrementdynamiques, tant dans les écoles que sur le marché du travail ;il a publié <strong>de</strong>s gui<strong>de</strong>s pédagogiques pour tous les nive<strong>au</strong>x scolaires,organisé <strong>de</strong>s tournées <strong>de</strong> sensibilisation par <strong>de</strong> jeunes acci<strong>de</strong>ntés, ménagé<strong>de</strong>s interventions d’inspecteurs dans <strong>de</strong>s secteurs ciblés. En six ans, cesactions ont permis <strong>de</strong> réduire <strong>de</strong> 33 % le nombre <strong>de</strong>s <strong>de</strong>man<strong>de</strong>s d’in<strong>de</strong>mnitéspour acci<strong>de</strong>nts chez les jeunes. En effet, le t<strong>au</strong>x <strong>de</strong> fréquence, lui,est passé <strong>de</strong> 6,3 en 1993 à 4,2 en 1999, alors que la moyenne québécoisese situe à 4,1. Ces chiffres montrent qu’il est possible d’intervenir etd’obtenir <strong>de</strong>s résultats significatifs », conclut M me St-Cyr. Ose rappelaient toutes les positions enseignéespour se protéger, souligneM me Lefrançois, et ils vont probablementles retenir toute leur vie. » Ilparaît que même les adultes présentsont retenu la leçon !Au Collège français <strong>de</strong> Longueuil,avec l’ai<strong>de</strong> <strong>de</strong> l’institutrice Marie-Antoinette Guerra, <strong>de</strong>s élèves <strong>de</strong> huitet neuf ans ont monté le projet Harosur mon dos ! Ils ont pesé les sacsà dos <strong>de</strong> leurs camara<strong>de</strong>s <strong>de</strong> l’école,puis présenté un spectacle d’ombreschinoises et <strong>de</strong>s affiches illustrant,entre <strong>au</strong>tres, que si le poids d’un telsac excè<strong>de</strong> 10 % <strong>de</strong> celui <strong>de</strong> l’enfant,la colonne vertébrale écope !« La sensibilisation <strong>de</strong>s enfants parPhoto Yves Be<strong>au</strong>lieu<strong>de</strong>s enfants est be<strong>au</strong>coup plus efficaceque celle faite par <strong>de</strong>s adultes, affirmela directrice Nicole Van Den Bossche,et tous font maintenant la différence. »Les parents <strong>au</strong>ssi d’ailleurs, sensibilisésà cette question par leurs petits,et bien d’<strong>au</strong>tres gens encore puisquele projet a fait l’objet d’un reportageà la télévision <strong>de</strong> Radio-Canada enmars 2002.Louise Messier, enseignante à l’écolesecondaire Le Carrefour <strong>de</strong> Varennes,s’est pour sa part engagée dans unambitieux projet multivolets touchantune cinquantaine d’élèves <strong>de</strong> 12 ans. Ils’agit <strong>de</strong> repérer la violence à la piscine,dans les vestiaires, dans l’<strong>au</strong>tobus et <strong>au</strong>dîner, ainsi que les risques d’acci<strong>de</strong>nts àl’école, notamment dans les escaliers et<strong>au</strong> gymnase. Puis <strong>de</strong> produire un dépliant,mener un sondage, réaliser un reportage<strong>au</strong>diovisuel, concevoir <strong>de</strong>s affiches…Comme dans les <strong>au</strong>tres écoles, l’exercicea permis <strong>au</strong>x jeunes non seulement<strong>de</strong> comprendre les conséquences <strong>de</strong>leurs actes, mais <strong>au</strong>ssi d’acquérir <strong>de</strong>sconnaissances dans divers domaines,comme le veut l’esprit <strong>de</strong> la réforme <strong>de</strong>l’enseignement. « Ils prennent d’abordconscience du danger, ajoute LouiseMessier, puis ils trouvent <strong>de</strong>s correctifs.Pour réaliser leur projet, ils doivent développer<strong>de</strong>s habiletés en communication,en relations humaines et dansplusieurs matières, par exemple le françaispour l’élaboration du sondage etdu dépliant, les mathématiques pourla compilation <strong>de</strong>s données du sondageet l’art dramatique pour la réalisationdu reportage. » En plus, remarquet-elle,toute la démarche renforce leurconfiance en eux. Comme quoi la formationen santé et en sécurité fait partieintégrante <strong>de</strong> la scolarisation, <strong>au</strong> mêmetitre que les <strong>au</strong>tres compétences nécessairespour bien vivre sa vie d’adulte.| Prévention <strong>au</strong> travail | Automne 2002 | 9


DossierOutre l’effet d’émulation que lesprojets du Défi prévention jeunessepeuvent entraîner, une entente entrela <strong>CSST</strong> et Opération Enfant Soleilpermet <strong>de</strong> sensibiliser un large publicà l’importance <strong>de</strong> la prévention.« Chaque année, <strong>de</strong>puis 2000, quatreprojets sont choisis et <strong>de</strong>s capsules sontfilmées, qu’on présente ensuite pendantle téléthon <strong>de</strong> cet organisme,diffusé dans l’ensemble du Canada,explique Manon Gravel, conseillère àla Direction <strong>de</strong>s communications <strong>de</strong>la <strong>CSST</strong> et responsable du tournage<strong>de</strong>s capsules. Par la suite, les vidéocassettessont offertes gratuitement <strong>au</strong>xenseignants qui en font la <strong>de</strong>man<strong>de</strong>. »Le Défi, offert sur une base volontaire,touche environ 40 000 jeuneschaque année. Mais il ne peut à luiseul assurer l’évolution <strong>de</strong>s mentalités.Aussi, pour que le concept <strong>de</strong> la préventionsoit assimilé le plus tôt possible,la <strong>CSST</strong> participe à un comitémixte avec le ministère <strong>de</strong> l’Éducation(MEQ) qui révise les programmesd’enseignement, ce qui mènera à lamise en place <strong>de</strong> nouvelles stratégieset à la production d’un nouve<strong>au</strong> matérieldidactique. « Notre contributionest <strong>de</strong> cerner, dans le contexte <strong>de</strong> laréforme <strong>de</strong> l’enseignement, les notionsrelatives à la santé-sécurité que la<strong>CSST</strong> souhaite voir intégrées par lesjeunes dans différentes disciplines »,explique M me Rodier. Pensons <strong>au</strong>xdangers <strong>au</strong>xquels ils peuvent êtreexposés dans un laboratoire pendantles cours <strong>de</strong> sciences, dans l’atelierpendant <strong>de</strong>s trav<strong>au</strong>x d’arts plastiques,dans le gymnase pendant l’éducationphysique…Intégrer, former…La formation professionnelle et technique(FPT) n’est pas en reste. Toujoursen collaboration avec le MEQ,la <strong>CSST</strong> conçoit <strong>de</strong>s outils permettantd’intégrer la santé et la sécuritédans l’enseignement. Cécile Collinge,ergonome et ingénieure, et Jean-YvesCharbonne<strong>au</strong>, conseiller, tous <strong>de</strong>ux<strong>de</strong> la Direction <strong>de</strong> la préventioninspection,sont appelés à rédiger<strong>de</strong>s documents <strong>de</strong>stinés, entre <strong>au</strong>tres,à la formation en boulangerie et entechniques <strong>de</strong> génie industriel et <strong>de</strong>production industrielle. Ainsi, ils déterminentles risques <strong>de</strong> ces métiers en sefondant sur l’analyse <strong>de</strong>s situations <strong>de</strong>travail faite par le MEQ avec <strong>de</strong>s enseignantset <strong>de</strong>s gens <strong>de</strong> l’industrie.« Dans le cas <strong>de</strong> la boulangerie parexemple, le document fait ressortir lesrisques liés <strong>au</strong>x outils tranchants, <strong>au</strong>xéléments rotatifs et <strong>au</strong>x appareils souspression, note M me Rodier, mais <strong>au</strong>ssile contact avec <strong>de</strong>s produits en forteconcentration, qu’il s’agisse d’alimentsou <strong>de</strong> nettoyants, les postures contraignantes,les efforts physiques, les horaires<strong>de</strong> travail atypiques, etc. »Parallèlement à l’élaboration <strong>de</strong>ces manuels, M me Collinge et CharlesAllard, <strong>de</strong> la Direction régionale <strong>de</strong>Québec, participent à un projet pilote<strong>de</strong> formation en ébénisterie dans lequeltrois centres <strong>de</strong> formation professionnelle(CFP) situés à Rimouski,Sainte-Marie-<strong>de</strong>-Be<strong>au</strong>ce et Terrebonne,se sont engagés en février 2002. Uncomité, formé <strong>de</strong> représentants <strong>de</strong> la<strong>CSST</strong>, d’enseignants et <strong>de</strong> directeurs<strong>de</strong> centres, s’est inspiré d’une expériencemenée en France. « Pendant leurstage en entreprise, les jeunes Françaisqui étudient les métiers du bois doiventfaire un diagnostic <strong>de</strong> différentes machinesou procédés en fonction <strong>de</strong> lasanté et <strong>de</strong> la sécurité, rapporte CécileCollinge. Nous avons adapté cettemétho<strong>de</strong> à notre réalité. » En utilisantla série <strong>de</strong> fiches ainsi produites, lesenseignants peuvent, dans tous lesSilence, on tourne ! Derrièrela caméra, Manon Gravel,conseillère à la Direction <strong>de</strong>scommunications, accompagnéed’une équipe <strong>de</strong> tournage, prépareune capsule pour Opération EnfantSoleil avec <strong>de</strong>s jeunes <strong>de</strong> l’écoleNotre-Dame-<strong>de</strong>-la-Défense.La prévention, ça s’apprend,et les jeunes savent y faire !modules du programme, transmettre lesconcepts <strong>de</strong> la prévention <strong>de</strong> façon trèsconcrète, tant ceux visant les appareilset les procédés que les attitu<strong>de</strong>s. « Certains<strong>de</strong> ces enseignants sont issus dumilieu du travail et n’ont jamais étéformés en santé et sécurité, expliquel’ergonome. Il est donc essentiel queces notions soient intégrées dans leurenseignement, qu’elles ne reposent plussur la personne, mais sur la structure<strong>de</strong> la formation. » Cependant, préciseDiane Rodier, « le but <strong>de</strong> ce projet est<strong>de</strong> permettre à la <strong>CSST</strong> et <strong>au</strong> MEQ, àla lumière <strong>de</strong> cette expérience, <strong>de</strong> revoirl’enseignement <strong>de</strong> la santé et <strong>de</strong> lasécurité pour pouvoir appliquer unevéritable démarche <strong>de</strong> prévention. »C’est d’ailleurs la quête <strong>de</strong> la meilleurefaçon d’assurer cette formationqui a amené <strong>de</strong>s délégués <strong>de</strong> la <strong>CSST</strong>à un séminaire tenu à Strasbourg, enFrance, en 2001, et réunissant <strong>de</strong>s représentants<strong>de</strong> 12 pays. Cette rencontre,organisée par l’Association internationale<strong>de</strong> la sécurité sociale (AISS)et l’Institut national <strong>de</strong> la recherchescientifique (INRS) <strong>de</strong> France, a permis<strong>au</strong>x organismes chargés <strong>de</strong> laPhoto M<strong>au</strong>rice Vézinet10| Prévention <strong>au</strong> travail | Automne 2002 |


prévention et <strong>au</strong> milieu <strong>de</strong> l’enseignement<strong>de</strong> partager <strong>de</strong>s expériences <strong>de</strong>partenariat, ainsi que <strong>de</strong> faire état <strong>de</strong>leurs métho<strong>de</strong>s. Le <strong>de</strong>uxième séminairesera mis sur pied avec la collaboration<strong>de</strong> la <strong>CSST</strong> et du MEQ, et il <strong>de</strong>vraitavoir lieu <strong>au</strong> Québec en 2003. Onespère déboucher sur un protocoleénonçant <strong>de</strong>s principes fondament<strong>au</strong>xen ce qui a trait à l’enseignement <strong>de</strong> lasanté et <strong>de</strong> la sécurité.La <strong>CSST</strong> a par ailleurs contribué àd’<strong>au</strong>tres interventions concertées visantl’enseignement <strong>de</strong>s métiers d’abatteurforestier, <strong>de</strong> sou<strong>de</strong>ur et <strong>de</strong> carrossierdans trois CFP, grâce à l’appui <strong>de</strong> sespartenaires du milieu (lire l’encadré« Qualitech, une école encore plusdigne <strong>de</strong> porter ce nom », page 14).L’objectif <strong>de</strong> ces projets pilotes étaitd’encourager les centres à mettre l’accentsur la prévention en formant et enresponsabilisant les jeunes avant leurentrée sur le marché du travail.C’est dans le même esprit <strong>de</strong> valorisation<strong>de</strong> la formation en santé etsécurité du travail que la <strong>CSST</strong> s’estassociée, <strong>de</strong>puis 1999, <strong>au</strong>x Olympia<strong>de</strong>squébécoises <strong>de</strong> la formation professionnelleet technique. En mai 2002,elle a à nouve<strong>au</strong> décerné <strong>de</strong>s médailles<strong>au</strong>x 10 l<strong>au</strong>réats inscrits dans<strong>de</strong>s concours en santé et sécurité reliésà trois grands secteurs, la construction,l’entretien du matériel motorisé et lafabrication mécanique.Formation universitaireUn <strong>de</strong>s volets du plan d’action jeunessevise la formation <strong>de</strong>s étudiants qui <strong>au</strong>rontun pouvoir décisionnel et arrêteront<strong>de</strong>s choix stratégiques ayant <strong>de</strong>s inci<strong>de</strong>ncessur la santé et la sécurité du travail,en l’occurrence les architectes, leschimistes et les ingénieurs. Il s’agit <strong>de</strong>les inciter à tenir davantage compte <strong>de</strong>la santé et <strong>de</strong> la sécurité. Au printempsPhotos Roch Théroux2002, Marie Larue, directrice <strong>de</strong> laprévention-inspection <strong>de</strong> la <strong>CSST</strong>,et Kenneth George, responsable <strong>de</strong>ce dossier à la Direction <strong>de</strong>srelations avec les partenaires,ont donc entrepris d’abor<strong>de</strong>r lesordres professionnels pour lesencourager « à intégrer la santé etla sécurité dans leur analyse età y accor<strong>de</strong>r plus d’attention »,explique M. George. Pourquoi lesordres professionnels et non lesuniversités ? Parce que ces instancesont, entre <strong>au</strong>tres rôles, celui<strong>de</strong> cerner les besoins <strong>de</strong> formationcontinue <strong>de</strong> leurs membres.De plus, dans le cas <strong>de</strong> certainsordres, nul ne peut exercer s’iln’est pas inscrit à l’ordre, ce quisuppose la réussite <strong>de</strong> l’examend’admission, lequel pourrait comporterune section sur la santé etla sécurité. Cela implique toutefoisque la prévention <strong>de</strong>vienneplus présente dans les cursus universitairesqu’elle ne l’est actuellement.« Toutes ces formationscomportent <strong>de</strong>s cours sur les risquesenvironnement<strong>au</strong>x et sur les risquespour la santé et la sécurité, mais ilsDeux participants photographiés pendantles 7 es Olympia<strong>de</strong>s québécoises <strong>de</strong> laformation professionnelle et technique.Lors <strong>de</strong> la cérémonie<strong>de</strong> clôture, la <strong>CSST</strong>a remis 10 médailles ensanté et en sécurité dutravail et une bourse<strong>de</strong> 300 $ à chacun<strong>de</strong>s l<strong>au</strong>réats. De g<strong>au</strong>cheà droite, premièrerangée : Juliette P.Bailly, vice-prési<strong>de</strong>nte<strong>au</strong>x relations avecles clientèles et lespartenaires (<strong>CSST</strong>),Francis Gagné,Louis-Philippe Grenier,Jacob Jubinville,Dominic Dinel,Jean-Michel Pelletieret Jacques Lamon<strong>de</strong>,prési<strong>de</strong>nt du conseild’administrationet chef <strong>de</strong> la direction<strong>de</strong> la <strong>CSST</strong>.Deuxième rangée :Jonathan Viens,Daniel Dawson, RobinBoucher, Marc Potvinet Étienne Vallée.| Prévention <strong>au</strong> travail | Automne 2002 |11


DossierEn novembre 2001, <strong>de</strong>s étudiants <strong>de</strong> l’École <strong>de</strong> technologie supérieure(ETS) <strong>de</strong> Montréal se sont regroupés <strong>de</strong>vant un stand d’information unpeu particulier. Situé à <strong>de</strong>ux pas <strong>de</strong> la cafétéria, le stand ne se distinguaiten rien <strong>de</strong> celui qui, tout juste en face, faisait la promotion <strong>de</strong> diversesactivités étudiantes. À une exception. Sur le panne<strong>au</strong> rouge qui servait<strong>de</strong> toile <strong>de</strong> fond était épinglée la photo d’un jeune finissant, surmontéed’une épitaphe : Guill<strong>au</strong>meDelisle, 1974-2000. Diplômé engénie <strong>de</strong> la production <strong>au</strong>tomatisée.Décédé dans l’exercice <strong>de</strong> sesfonctions. Les parents du jeunehomme électrocuté acci<strong>de</strong>ntellement,Diane et Jean Delisle, sontà l’origine <strong>de</strong> cette rencontreémouvante ayant pour thèmela prévention <strong>au</strong> travail. Invitéspar les Services <strong>au</strong>x étudiants<strong>de</strong> l’ETS, ils sont venus tous <strong>de</strong>ux<strong>de</strong> Trois-Rivières pour rencontrerles étudiants entre <strong>de</strong>ux séances<strong>de</strong> cours. M me Delisle explique :« Nous voulons que la mort<strong>de</strong> Guill<strong>au</strong>me serve à quelquechose. »Grâce à l’initiative <strong>de</strong>s Services<strong>au</strong>x étudiants et avec la collaborationdu Département <strong>de</strong>s services<strong>au</strong>x étudiants et <strong>de</strong> ChristianPelletier, inspecteur à la Directionrégionale <strong>de</strong> Montréal–1 (DRIM–1) <strong>de</strong> la <strong>CSST</strong> et responsable <strong>de</strong>l’enquête sur l’acci<strong>de</strong>nt, les parents du jeune Delisle ont pu non seulementrecevoir les condoléances d’étudiants durement interpellés par lesort du jeune homme, mais <strong>au</strong>ssi profiter <strong>de</strong> l’occasion pour faire passerun message, <strong>au</strong> nom <strong>de</strong> leur fils. « Nous souhaitons les conscientiser <strong>au</strong>xdangers qui les guettent sur le marché du travail, leur rappeler qu’ilssont les lea<strong>de</strong>rs <strong>de</strong> <strong>de</strong>main et qu’ils <strong>de</strong>vront assumer leur part <strong>de</strong> responsabilitéen matière <strong>de</strong> sécurité <strong>au</strong> travail », déclare Jean Delisle.L’inspecteur Pelletier, solidaire <strong>de</strong> la démarche <strong>de</strong>s parents <strong>de</strong>puis ledébut, a apprécié l’expérience. « Ces étudiants ont déjà acquis be<strong>au</strong>coup<strong>de</strong> connaissances et ils posent <strong>de</strong>s questions très pertinentes », expliquet-il,pendant qu’un étudiant parcourt son rapport d’enquête.Cette initiative toute simple a été un be<strong>au</strong> succès. Selon RéjeanGosselin, communicateur régional à la DRIM–1, « plus <strong>de</strong> 200 étudiantsont pris le temps <strong>de</strong> s’arrêter <strong>au</strong> stand, et plusieurs sont repartis avec<strong>de</strong>s brochures, <strong>de</strong>s documents, un exemplaire <strong>de</strong> Prévention <strong>au</strong> travail. Etça, poursuit-il, c’est sans compter le professeur qui a <strong>de</strong>mandé à recevoir<strong>de</strong> la documentation pour qu’il puisse s’en servir dans ses cours ».La prévention avance, à force <strong>de</strong> petits pas. Grâce <strong>au</strong>x parents<strong>de</strong> Guill<strong>au</strong>me, soutenus par les Services <strong>au</strong>x étudiants <strong>de</strong> l’ETS et laDRIM–1 <strong>de</strong> la <strong>CSST</strong> qui ont accueilli favorablement leur idée, <strong>de</strong>s futurstravailleurs sont entrés dans le grand univers <strong>de</strong> la santé et <strong>de</strong> la sécurité« AVANT <strong>de</strong> faire le pas qui les mènera <strong>au</strong> marché du travail », commele fait très justement remarquer l’inspecteur Christian Pelletier. OFrançois MessierETSUne idée, une rencontre,un pas <strong>de</strong> plus…Photo Réjean Gosselin, <strong>CSST</strong>restent les parents p<strong>au</strong>vres, puisqu’ils’agit souvent <strong>de</strong> cours facultatifs », estimeM. George. Selon lui, les ordresprofessionnels se sont montrés très réceptifs<strong>au</strong>x propositions <strong>de</strong> la <strong>CSST</strong>.« Comme bien <strong>de</strong>s gens, ils n’étaient pasconscients <strong>de</strong> l’acuité du problème et <strong>de</strong>l’ampleur <strong>de</strong>s acci<strong>de</strong>nts et <strong>de</strong>s maladiesdu travail chez les jeunes », signale-t-il.Ainsi, <strong>de</strong>s possibilités <strong>de</strong> partenariatont été trouvées, soit en ce qui a traità la formation, <strong>au</strong>x contacts avec <strong>de</strong>sprofessionnels ou <strong>au</strong>x démarches communes<strong>au</strong>près <strong>de</strong>s universités. Selon lechargé <strong>de</strong> dossier, cette collaborationà l’acquisition <strong>de</strong>s connaissances ensanté-sécurité du travail dans la formationuniversitaire favorise <strong>de</strong>s actionsréelles qui, dépassant les vœux pieux,donneront <strong>de</strong>s résultats positifs.« Investir » un terrain acci<strong>de</strong>ntéQu’ils aient quitté les étu<strong>de</strong>s ou pas,<strong>de</strong>s milliers <strong>de</strong> jeunes arrivent chaqueannée sur le marché <strong>de</strong> l’emploi, enparticulier pendant l’été. À preuve,39 % <strong>de</strong>s acci<strong>de</strong>nts <strong>au</strong>xquels ils sontmêlés surviennent entre mai et août. La<strong>CSST</strong> juge donc crucial d’intervenirdirectement dans les milieux <strong>de</strong> travailpour, d’une part, renseigner ces jeunessur leurs droits et leurs responsabilitésà l’égard <strong>de</strong> la santé et <strong>de</strong> la sécuritéet, d’<strong>au</strong>tre part, pour sensibiliser lesemployeurs <strong>au</strong> rôle qu’ils doivent jouerdans la formation <strong>de</strong> ces travailleursinexpérimentés. Mais, pour être efficaces,les opérations terrain doiventêtre structurées. En d’<strong>au</strong>tres termes, ilf<strong>au</strong>t viser juste ! La <strong>CSST</strong> a donc dresséun portrait <strong>de</strong> la population ciblée,comprenant <strong>de</strong>s données sur ses valeurset ses comportements. Cette analysefait ressortir le fait que si les jeunesveulent être considérés comme <strong>de</strong>sadultes, ils pensent néanmoins souventqu’un « job » d’été ou à temps partiel,ce n’est pas un vrai emploi. En outre,ils sont peu conscients <strong>de</strong>s risques.La santé et la sécurité ne figurent pasparmi leurs priorités et ils surestimentparfois leur force. À cela s’ajoute lefait que souvent les jeunes « n’ont pastoute la formation nécessaire parcequ’ils ne restent pas assez longtempsdans le même milieu <strong>de</strong> travail », faitremarquer Renée St-Cyr.C’est donc avec ces données entête que <strong>de</strong>s directions régionales <strong>de</strong>la <strong>CSST</strong> ont élaboré leurs propresstratégies découlant du plan d’action12| Prévention <strong>au</strong> travail | Automne 2002 |


national. Certaines travaillent à l’élaboration<strong>de</strong> démarches d’interventiondans les CFP <strong>de</strong> leur territoire (lirel’encadré Qualitech, page 14). D’<strong>au</strong>tresont mandaté <strong>de</strong>s inspecteurs dans lesétablissements. Leur rôle ? Sensibiliserles employeurs <strong>au</strong>x risques qu’encourentles jeunes travailleurs et lesinciter à mettre <strong>au</strong> point un plan <strong>de</strong>formation en conséquence. Ils ontpour appui leur pouvoir <strong>de</strong> persuasion,l’offre du soutien <strong>de</strong> la <strong>CSST</strong> et la Loisur la santé et la sécurité du travail.Cette ai<strong>de</strong> se traduit par une troussecomportant une brochure et une vidéo<strong>de</strong>stinées <strong>au</strong>x jeunes. Ces documentsleur donnent <strong>de</strong> l’information sur leursdroits et leurs obligations et sur l’importance<strong>de</strong> se renseigner à propos<strong>de</strong>s risques et <strong>de</strong>s règles <strong>de</strong> préventionliés à l’utilisation <strong>de</strong>s outils, <strong>de</strong>s machineset du matériel qu’ils peuventêtre appelés à utiliser...« Nous avons sensibilisé une dizained’inspecteurs à la question, affirmeJean Lajeunesse, directeur régional <strong>de</strong>la Yamaska, et choisi les entreprises enfonction d’un ciblage régional tenantcompte <strong>de</strong>s facteurs d’acci<strong>de</strong>nts. » Ladémarche a révélé que, tout commedans le cas <strong>de</strong>s ordres professionnels,les statistiques étonnent la plupart <strong>de</strong>semployeurs. « Généralement, on leurfait découvrir l’ampleur et la gravité <strong>de</strong>la situation, déclare M. Lajeunesse. Sinous, à la <strong>CSST</strong>, n’avions jamais poséle problème sous l’angle <strong>de</strong>s jeunes, ilsne l’avaient pas fait eux non plus. »Du côté <strong>de</strong> la Direction régionale<strong>de</strong> l’Île-<strong>de</strong>-Montréal–4 (DRIM–4),l’enjeu s’avère particulièrement important,parce que ce territoire compte <strong>de</strong>ssecteurs à forte concentration <strong>de</strong> jeunestravailleurs et d’étudiants travailleurs,be<strong>au</strong>coup d’entreprises <strong>de</strong> services, enparticulier dans l’hébergement et larest<strong>au</strong>ration, et un grand nombre d’organismesdu domaine <strong>de</strong>s arts, <strong>de</strong> la cultureet <strong>de</strong>s loisirs, tous en croissance.« La situation <strong>de</strong>s jeunes est fort préoccupantechez nous, révèle DianeChevalier, directrice <strong>de</strong> la DRIM–4,puisqu’en terme d’importance relative,22% <strong>de</strong> nos travailleurs in<strong>de</strong>mnisés ont24 ans ou moins, comparativement à17 % pour l’ensemble du Québec en2001. » Ces chiffres illustrent bien que,malgré ce que préconise la loi, lesjeunes <strong>au</strong> travail sont loin <strong>de</strong> toujoursbénéficier <strong>de</strong> l’encadrement nécessaireà leur protection. D’où l’urgence d’agir.La <strong>CSST</strong> a par ailleurs expérimentéun <strong>au</strong>tre projet pilote à l’été 2001.S’inspirant du modèle éprouvé sur leschantiers <strong>de</strong> construction, elle a formé<strong>de</strong>s briga<strong>de</strong>s <strong>de</strong> jeunes pour qu’ilsagissent comme ambassa<strong>de</strong>urs <strong>de</strong> laprévention <strong>au</strong>près <strong>de</strong> leurs pairs. Deuxgroupes ont ainsi visité <strong>de</strong>s municipalités,<strong>de</strong> grands employeurs et <strong>de</strong>sentreprises du commerce <strong>de</strong> détail <strong>de</strong>srégions <strong>de</strong> Montréal et <strong>de</strong> Québec quiemploient be<strong>au</strong>coup <strong>de</strong> jeunes. La<strong>CSST</strong> a étendu cette formule en 2002.Parallèlement à toutes ces actionsdirectes, la <strong>CSST</strong> utilise égalementdivers moyens <strong>de</strong> communication pourpasser son message <strong>de</strong> prévention :envois <strong>au</strong>x employeurs, information,animation dans les centres d’emploi etles carrefours emploi-jeunesse, participationà <strong>de</strong>s salons… Ainsi, 2002<strong>au</strong>ra été l’année <strong>de</strong> la mise en placed’une panoplie d’éléments visant àréduire les acci<strong>de</strong>nts et les maladiesprofessionnelles chez les jeunes.Dans une démarche commune, la<strong>CSST</strong> et ses partenaires ont constituéune véritable armada en vue <strong>de</strong> changerles mentalités, tant à l’école que dansles milieux <strong>de</strong> travail. « Ce que faitsurtout le plan d’action, conclut JeanLajeunesse, c’est <strong>de</strong> nous rendre maîtreMandatée par la <strong>CSST</strong> et avec la collaboration<strong>de</strong> la Direction régionale<strong>de</strong> l’Île-<strong>de</strong>-Montréal–2, une briga<strong>de</strong><strong>de</strong> jeunes a rencontré <strong>de</strong>s jeunes travailleursdu magasin Sears du centrecommercial Fairview Pointe Clairepour leur parler <strong>de</strong> prévention. Deg<strong>au</strong>che à droite, Dave Bellemare etNatalya-Ann Dwarka, employés dumagasin, Judith Desroches, Na<strong>de</strong>igeBélizaire, membres <strong>de</strong> la briga<strong>de</strong>, etFrédérick Bélanger, chef du service<strong>de</strong> la protection <strong>de</strong>s ressources du magasin.Une <strong>au</strong>tre briga<strong>de</strong> a visité <strong>de</strong>sentreprises <strong>de</strong> la région <strong>de</strong> Québec.d’œuvre d’une action concertée quis’exerce sur tous les fronts. Et quandla <strong>CSST</strong> déci<strong>de</strong> <strong>de</strong> s’attaquer à unproblème, elle améliore la situation,ce qui est encourageant. »Une campagne globale, menée àl’échelle nationale et réunissant tous lesacteurs, voilà qui <strong>de</strong>vrait contribuer àrenverser la vapeur. Pour que la prévention<strong>de</strong>vienne une réelle compétence,il va <strong>de</strong> soi qu’il f<strong>au</strong>t faire participerles enfants dès leur plus jeune âge etfavoriser l’adoption <strong>de</strong> comportements<strong>de</strong> prévention à toutes les étapes <strong>de</strong> leurvie <strong>de</strong> travailleurs et d’employeurs en<strong>de</strong>venir. La santé-sécurité, c’est commeles habitu<strong>de</strong>s alimentaires, si l’on enprend <strong>de</strong> bonnes jeune, on les conserveratoute sa vie.Photo Pierre Charbonne<strong>au</strong>| Prévention <strong>au</strong> travail | Automne 2002 | 13


Dossier« L’entrée <strong>de</strong>s jeunes sur le marchédu travail constitue une étape cruciale,insiste Marie Larue, directrice<strong>de</strong> la prévention-inspection, tant poureux que pour la société. En effet, lesnouve<strong>au</strong>x arrivés assurent le renouvellement<strong>de</strong> la main-d’œuvre. Ils insufflent<strong>de</strong>s idées nouvelles en mêmetemps qu’un grand dynamisme etune belle réceptivité <strong>au</strong>x nouvellesmanières <strong>de</strong> faire tout en poursuivantl’apprentissage d’un nouve<strong>au</strong> métier.Les jeunes travailleurs et travailleusespeuvent <strong>au</strong>ssi contribuer à l’amélioration<strong>de</strong>s comportements <strong>de</strong> préventiondans leur milieu, à la conditionqu’on les ait encouragés et incités àcultiver les valeurs <strong>de</strong> prévention toutPhoto Robert EtcheverryMarie Larue, directrice <strong>de</strong> la prévention-inspection, et Kenneth George, chargé<strong>de</strong> projet à la Direction <strong>de</strong>s relations avec les partenaires, ont entreprisd’abor<strong>de</strong>r les ordres professionnels « pour les encourager à intégrer la santéet la sécurité dans leur analyse et pour y accor<strong>de</strong>r plus d’attention ».vellement <strong>de</strong> la main-d’œuvre, touten valorisant la prévention <strong>de</strong>s acci<strong>de</strong>ntsdu travail et <strong>de</strong>s maladies professionnelles.» OQualitech, une école encore plus digne<strong>de</strong> porter ce nomRené Dion, directeur <strong>de</strong> QualitechLe projet pilote mené <strong>au</strong>près <strong>de</strong>sélèves en carrosserie du centre <strong>de</strong>formation professionnelle (CFP)Qualitech <strong>de</strong> Cap-<strong>de</strong>-la-Ma<strong>de</strong>leineoffre un remarquable exempledu pouvoir <strong>de</strong> la concertation. Ce« premier be<strong>au</strong> projet d’interventionconcertée », comme le décrit JoanHamel, chef <strong>de</strong> programme <strong>au</strong>Centre <strong>de</strong> santé Cloutier-Durivage,ralliait, en plus <strong>de</strong> ce CLSC, la Régierégionale <strong>de</strong> la santé et <strong>de</strong>s services<strong>au</strong> long <strong>de</strong> leur formation. Le pland’action jeunesse permet précisémentà la <strong>CSST</strong> et à ses partenaires<strong>de</strong> participer activement <strong>au</strong> renousoci<strong>au</strong>x(RRSSS) M<strong>au</strong>ricie et Centredu-Québec,la direction régionaledu ministère <strong>de</strong> l’Éducation, l’associationsectorielle paritaire Autoprévention, <strong>de</strong>ux concessionnaires<strong>au</strong>tomobiles <strong>de</strong> Trois-Rivières et laDirection régionale <strong>de</strong> la M<strong>au</strong>ricie etdu Centre-du-Québec <strong>de</strong> la <strong>CSST</strong>.« Grâce à l’expérience <strong>de</strong>s personnesréunies à la même table, nous avonspu apporter <strong>de</strong>s modifications pourassurer la sécurité <strong>de</strong> certaines <strong>de</strong>nos métho<strong>de</strong>s sans nuire à la productivité», constate René Dion, directeur<strong>de</strong> Qualitech. « Nous avonsd’abord cerné les besoins <strong>de</strong> l’écoleen matière <strong>de</strong> matériel pédagogique,raconte Marlène Tremblay,agente <strong>de</strong> recherche à la régie régionale.Puis nous avons rassembléce matériel, nous l’avons validé <strong>au</strong>près<strong>de</strong>s entreprises, et enfin nousen avons muni les professeurs. » Desmembres du personnel du CLSC etNormand Lambert, inspecteur à laDirection régionale <strong>de</strong> la M<strong>au</strong>ricieet du Centre-du-Québec, ont <strong>au</strong>ssiévalué tout ce qui touchait la santéet la sécurité dans l’école, <strong>au</strong> mêmetitre que s’il s’était agi d’une PME.« Sans que cela nous ait coûté unefortune, c’est incroyable toutes lespetites choses que nous avons puaméliorer, signale M. Dion, sanscompter que cela nous a permis <strong>de</strong>sensibiliser les enseignants et lesélèves, <strong>de</strong> les rapprocher <strong>de</strong>s gens<strong>de</strong> l’industrie et d’harmoniser nosmétho<strong>de</strong>s. »Chez Qualitech, le souci <strong>de</strong> laprévention se manifeste désormaisdans tout et en tout temps.Après avoir donné un module d’introduction<strong>de</strong> 15 heures sur la santéet la sécurité, les professeurs insistentsur cet aspect du travailtout <strong>au</strong> long du programme d’enseignement.Par ailleurs, « les dirigeants<strong>de</strong>s entreprises recevant<strong>de</strong>s élèves du CFP en stage remarquentque ces jeunes sont plus sensibilisésà la santé et à la sécurité,qu’il y a donc moins <strong>de</strong> travail àfaire pour les convaincre <strong>de</strong> penserprévention », rapporte MarlèneTremblay. « Cela a responsabiliséles élèves, conclut René Dion, etquand ils arriveront en industrie,ils continueront <strong>de</strong> véhiculer cesvaleurs. » O14| Prévention <strong>au</strong> travail | Automne 2002 |


Droits et obligations« Ai-je perdu mon emploi ? »Frédérick était commis <strong>au</strong>rayon <strong>de</strong> la peinture dans une quincaillerie.Il y a quelques mois, il s’est infligéune entorse lombaire en essayantd’attraper un contenant qui tombaitd’une tablette. Aujourd’hui, il est rétabliet il ne conserve ni atteinte permanenteni limitation fonctionnelle. Bref,il se sent prêt à retourner <strong>au</strong> travail.Un doute surgit dans son esprit : sonemployeur le reprendra-t-il ? Il n’estcouvert par <strong>au</strong>cune convention collectiveet un collègue lui a appris qu’unnouvel employé a été emb<strong>au</strong>ché pourle remplacer.Frédérick retrouvera son emploi s’ilsatisfait <strong>au</strong>x conditions prévues <strong>au</strong>chapitre VII <strong>de</strong> la Loi sur les acci<strong>de</strong>ntsdu travail et les maladies professionnelles(LATMP) qui traite du droit <strong>au</strong>retour <strong>au</strong> travail.Selon la loi, un travailleur victimed’une lésion professionnelle, quand ilest rétabli, a le droit <strong>de</strong> réintégrer prioritairementson emploi dans l’établissementoù il travaillait lorsque s’estmanifestée sa lésion. Si cet emploin’existe plus, il a le droit <strong>de</strong> réintégrerun emploi équivalent.Alors, pendant combien <strong>de</strong> tempsFrédérick pourra-t-il se prévaloir <strong>de</strong> cedroit ? Tout dépend <strong>de</strong> la nature ducontrat <strong>de</strong> travail (à durée déterminéeou indéterminée) qui le lie à son employeuret du nombre <strong>de</strong> travailleursdans la quincaillerie. S’il est lié par uncontrat à durée indéterminée et quel’établissement compte 20 travailleursou moins, il <strong>au</strong>ra le droit <strong>de</strong> réintégrerson emploi dans l’année qui suit ledébut <strong>de</strong> sa pério<strong>de</strong> d’absence continueen raison <strong>de</strong> sa lésion professionnelle.Si l’établissement compte plus<strong>de</strong> 20 travailleurs, son droit <strong>au</strong> retour<strong>au</strong> travail pourra être exercé durant les<strong>de</strong>ux années suivant le début <strong>de</strong> la pério<strong>de</strong>d’absence continue. S’il est plutôtlié par un contrat à durée déterminée, ilpourra exercer son droit <strong>au</strong> retour <strong>au</strong>travail seulement s’il re<strong>de</strong>vient apte àexercer son emploi avant l’expiration<strong>de</strong> son contrat et à l’intérieur du délaid’un ou <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux ans, selon le nombre<strong>de</strong> travailleurs <strong>de</strong> l’établissement danslequel il travaillait.Le droit <strong>au</strong> retour <strong>au</strong> travail s’exerce<strong>de</strong> la manière décrite dans la conventioncollective applicable <strong>au</strong> travailleursi <strong>de</strong>s dispositions y sont prévues.Ainsi, s’il est en désaccord avec sonemployeur et s’il veut faire respecterson droit <strong>au</strong> retour <strong>au</strong> travail, le travailleur<strong>de</strong>vra recourir à la procédure<strong>de</strong> grief prévue à sa convention collective.En l’absence d’une telle convention,les modalités d’application <strong>de</strong> cedroit seront déterminées par le comité<strong>de</strong> santé et <strong>de</strong> sécurité ou, à déf<strong>au</strong>t<strong>de</strong> l’existence d’un tel comité, parune entente entre l’employeur et letravailleur.Si <strong>au</strong>cune convention collectivecontenant <strong>de</strong>s dispositions relatives <strong>au</strong>droit <strong>au</strong> retour <strong>au</strong> travail n’est applicable<strong>au</strong> travailleur et qu’il y a désaccor<strong>de</strong>ntre celui-ci et son employeur,ou <strong>au</strong> sein du comité <strong>de</strong> santé et <strong>de</strong>sécurité, la <strong>CSST</strong> pourra intervenir, sur<strong>de</strong>man<strong>de</strong>, afin <strong>de</strong> faire appliquer ceIllustration Pierre Berthi<strong>au</strong>meLe droit <strong>au</strong> retour <strong>au</strong> travaildroit. Après avoir tenté <strong>de</strong> concilier lesparties, la <strong>CSST</strong> rendra une décision.Elle pourra ordonner à l’employeur <strong>de</strong>réintégrer le travailleur dans son emploiou, s’il n’existe plus, dans un emploiéquivalent avec les mêmes droits etprivilèges. La <strong>CSST</strong> pourrait égalementordonner à l’employeur <strong>de</strong> verser <strong>au</strong>travailleur l’équivalent du salaire et <strong>de</strong>savantages dont il l’a privé en refusant<strong>de</strong> le réintégrer conformément à sondroit <strong>au</strong> retour <strong>au</strong> travail.Comme Frédérick ne s’est absentéque quelques mois en raison <strong>de</strong> sa lésionprofessionnelle, il peut exercer sondroit <strong>au</strong> retour <strong>au</strong> travail et réintégrerson emploi. Il a priorité sur son remplaçant.Ce droit prévu dans la LATMPpermet donc <strong>de</strong> préserver, durant lesdélais déterminés, le lien d’emploi<strong>de</strong>s travailleurs victimes <strong>de</strong> lésionsprofessionnelles. OAnne Vézina| Prévention <strong>au</strong> travail | Automne 2002 | 15


Agenda24 octobre 2002Jonquière (Québec)5 novembre 2002Québec (Québec)FormationDispositifs <strong>de</strong> protection et <strong>de</strong> sécuritéassociés <strong>au</strong>x machines dangereuses19 novembre 2002Montréal (Québec)13 novembre 2002Québec (Québec)FormationInterventions et outils pratiquesen ergonomieRenseignementsAQHSSTBure<strong>au</strong> 4107400, boul. Les Galeries d’AnjouAnjou (Québec) H1M 3M2Tél. (514) 355-3830Téléc. (514) 355-4153Courriel : info@aqhsst.qc.caSite Web : www.aqhsst.qc.ca25 octobre 2002Québec (Québec)Petit-déjeuner SST Bonjour !L’obligation d’accommo<strong>de</strong>menten cas d’acci<strong>de</strong>nt du travail :une nouvelle problématique25 octobre 2002Montréal (Québec)6 novembre 2002Granby (Québec)8 novembre 2002Québec (Québec)Rencontres médico-administrativesHistoire <strong>de</strong> casÉpicondylite, tendinite du poignet,canal carpien… et cie !29 octobre 200229 novembre 2002Montréal (Québec)Session d’informationLe RSST : qu’est-ce que ça changepour vous ?RenseignementsCentre patronal <strong>de</strong> santé et sécuritédu travail du QuébecBure<strong>au</strong> 1000500, rue Sherbrooke OuestMontréal (Québec) H3A 3C6Tél. (514) 842-8401Téléc. (514) 842-9375Courriel : reception@centrepatronalsst.qc.caSite Web : www.centrepatronalsst.qc.ca2 décembre 2002Montréal (Québec)3 décembre 2002Québec (Québec)Alcool, drogues et gestion du risqueRenseignementsCentre patronal <strong>de</strong> santé et sécuritédu travail du QuébecBure<strong>au</strong> 1000500, rue Sherbrooke OuestMontréal (Québec) H3A 3C6Tél. (514) 842-8401Téléc. (514) 842-9375Courriel : reception@centrepatronalsst.qc.caSite Web : www.centrepatronalsst.qc.ca27 <strong>au</strong> 30 octobre 2002Baltimore (États-Unis)6 e conférence internationalesur les règles <strong>de</strong> l’art en matière<strong>de</strong> santé et sécurité <strong>au</strong> travail,d’éducation, <strong>de</strong> formationet <strong>de</strong> communicationRenseignementsThe Occupational Safety and Health BestPractices ConferenceNorth Carolina ERC3300 Highway 54 WestChapel HillNC 27516-8264ÉTATS-UNISTél. 1 888 235 3320 ou 1 919 962 2101Téléc. 919 966 7579Site Web : www.jhsph.edu/ohsbestpractices5 <strong>au</strong> 8 novembre 2002Paris (France)Salon international <strong>de</strong> la protectionet <strong>de</strong> la sécuritéExpoprotection/Feu 2002RenseignementsReed ExpositionsFRANCETél. 01 47 56 52 10Site Web : www.expos-protection.com/fr/saExpo/home.htm12 novembre 2002Montréal (Québec)Colloque sur la santé et la sécurité<strong>au</strong> travail Québec –Ch<strong>au</strong>dière-AppalachesLa prévention : globalismeet individualitéRenseignementsColloque sur la santé et la sécurité <strong>au</strong> travail730, boul. Charest EstC.P. 4900, succursale TerminusQuébec (Québec) G1K 7S6Tél. (418) 266-4000 ou 1 800 668-681120 <strong>au</strong> 22 novembre 2002Espoo (Finlan<strong>de</strong>)Colloque international sur les jeuneset le mon<strong>de</strong> du travailRenseignementsYouth and WorkFinnish Institute of Occupational HealthMs Taina PääkkönenTopeliuksenkatu 41 a AFIN-00250 HelsinkiFINLANDETél. 358 9 47 47 2910Téléc. 358 9 2413 804Courriel : taina.paakkonen@occuphealth.fiSite Web :www.occuphealth.fi/e/project/youthwork26 <strong>au</strong> 29 novembre 2002Lyon (France)POLLUTECSalon international <strong>de</strong>s équipements,technologies et services pour l’environnementRenseignementsReed ExpositionsFRANCETél. 01 47 56 52 1026 <strong>au</strong> 29 novembre 2002Poitiers (France)HIM 200214 e conférence francophonesur l’interaction homme-machineRenseignementsAssociation francophone d’interactionhomme-machineFRANCESite Web : www.afihm.org/ihm20025 et 6 décembre 2002Saclay (France)3 e rencontres <strong>de</strong>s personnescompétentes en radioprotectionRenseignementsSecrétariat <strong>de</strong> la SFRP3 e rencontres <strong>de</strong>s personnes compétentesen radioprotectionBP/7292263 Fontenay <strong>au</strong>x Roses Ce<strong>de</strong>xFRANCETél. 01 46 54 72 85Téléc. 01 46 54 83 59Courriel : jacques.lombard@ipsn.fr16| Prévention <strong>au</strong> travail | Automne 2002 |


Recherche à l’IRSSTToxicologieindustriellePhoto Mario BélisleDe la recherche appliquéeet <strong>de</strong>s retombées concrètesAu cours <strong>de</strong>s 20 <strong>de</strong>rnièresannées, <strong>de</strong> nombreuses rechercheseffectuées par l’IRSST et son rése<strong>au</strong>ont permis <strong>de</strong> repousser les frontières<strong>de</strong>s connaissances. Les résultats <strong>de</strong>plusieurs projets ont contribué <strong>de</strong> façonsignificative <strong>au</strong> développement <strong>de</strong>l’expertise et à la création <strong>de</strong> nouve<strong>au</strong>xoutils. Après avoir fait un survol <strong>de</strong>smétho<strong>de</strong>s <strong>de</strong> mesure <strong>de</strong> l’exposition(Prévention <strong>au</strong> travail, Printemps 2002)et <strong>de</strong> la relation existant entre les nive<strong>au</strong>xd’exposition et les effets sur la santé(Prévention <strong>au</strong> travail, Été 2002), le <strong>de</strong>rnierarticle <strong>de</strong> cette série sur la toxicologieindustrielle tourne ses projecteurssur quelques retombées concrètes <strong>de</strong> larecherche pour les milieux <strong>de</strong> travail etjette un regard sur l’avenir.Élaboration <strong>de</strong> gui<strong>de</strong>s, substitution<strong>de</strong> produits toxiques, ajustement <strong>de</strong>valeurs d’exposition, établissement <strong>de</strong>paramètres <strong>de</strong> surveillance biologique,etc. Voilà <strong>au</strong>tant <strong>de</strong> résultats tangiblesdécoulant <strong>de</strong> recherches qui ont eu<strong>de</strong>s effets bénéfiques pour les travailleurset les employeurs du Québec. Lestrav<strong>au</strong>x <strong>de</strong>s chercheurs ont <strong>au</strong>ssi pavéla voie à une bonne compréhension<strong>de</strong> divers phénomènes toxicologiques,tout en assurant un meilleur contrôle <strong>de</strong>ssubstances chimiques dans les milieux<strong>de</strong> travail.Un même nive<strong>au</strong> <strong>de</strong> protectionAvant la révision <strong>de</strong> l’annexe A <strong>de</strong>l’ancien Règlement sur la qualité dumilieu <strong>de</strong> travail (RQMT) 1 , les travailleursne bénéficiaient pas tous d’unmême nive<strong>au</strong> <strong>de</strong> protection. Auparavant,les normes d’exposition à <strong>de</strong>s substancesdangereuses étaient fixées en fonctiond’horaires <strong>de</strong> travail conventionnels.La portée <strong>de</strong> ces valeurs d’exposition1. Le RQMT et le Règlement sur les établissementsindustriels et commerci<strong>au</strong>x ont étéfusionnés en 2001 pour <strong>de</strong>venir le Règlementsur la santé et la sécurité du travail.17Dans ce numéroToxicologie industrielleDe la recherche appliquéeet <strong>de</strong>s retombées concrètes20Épan<strong>de</strong>urs d’abrasifsdangereux :le problème est réglé22Mines souterrainesLe s<strong>au</strong>tage adouci,une technique qui améliorela prévention <strong>de</strong>s chutes<strong>de</strong> terrain24Diagnostic <strong>de</strong>s lombalgiesL’imagerie par résonancemagnétique ne présente pasd’avantage sur les métho<strong>de</strong>straditionnelles27Boursière : Anne Falar<strong>de</strong><strong>au</strong>Université du Québecà MontréalLa rotation <strong>de</strong>s posteset la prévention <strong>de</strong>s troublesmusculo-squelettiques28Boursier : Mamert MbonimpaÉcole polytechniqueStabiliser les sols et les remblais<strong>au</strong>tour <strong>de</strong>s ouvrages miniers2931Nouvelles publicationsNouvelles recherchesCliquez recherchewww.irsst.qc.ca| Prévention <strong>au</strong> travail | Automne 2002 | 17


Recherche à l’IRSSTadmissibles était limitée, car une personnesoumise à un horaire non conventionnelne jouissait pas <strong>de</strong>s mêmesgaranties <strong>de</strong> protection qu’une <strong>au</strong>treayant un horaire usuel, soit huit heurespar jour, cinq jours par semaine. À la<strong>de</strong>man<strong>de</strong> <strong>de</strong> la <strong>CSST</strong>, un groupe <strong>de</strong> toxicologues<strong>de</strong> l’Université <strong>de</strong> Montréal,sous la responsabilité <strong>de</strong> Jules Bro<strong>de</strong>uret <strong>de</strong> Guy Perr<strong>au</strong>lt, s’est attaqué à ceproblème en proposant <strong>de</strong>s modifications<strong>au</strong>x normes applicables <strong>au</strong>x travailleursexposés à <strong>de</strong>s contaminantsdurant <strong>de</strong>s horaires non conventionnels,afin <strong>de</strong> s’assurer que l’accumulation <strong>de</strong>substances dans l’organisme n’excè<strong>de</strong>pas celle <strong>de</strong>s travailleurs assujettis àun horaire dit normal. S’inspirant dumodèle <strong>de</strong> l’Occupationnal Safety andHealth Administration (OSHA), leschercheurs en toxicologie ont proposéune démarche structurée qui a conduit àune métho<strong>de</strong> d’ajustement <strong>de</strong>s valeursd’exposition admissibles (VEA). Fruitd’une expertise scientifique, <strong>de</strong> consultationsavec <strong>de</strong>s experts internation<strong>au</strong>xet d’un consensus paritaire, un gui<strong>de</strong> aainsi été conçu pour soutenir le travail<strong>de</strong>s hygiénistes. De plus, le projet apermis l’élaboration d’un utilitaire informatiquepermettant <strong>de</strong> calculer l’ajustement<strong>de</strong>s normes en fonction d’unhoraire <strong>de</strong> travail non conventionnel.Tout en assurant le même nive<strong>au</strong> <strong>de</strong>protection à tous les travailleurs, qu’ilssoient soumis à un horaire conventionnelou non, cette démarche d’expertise <strong>au</strong>rasuscité une remise en question <strong>de</strong> tout cequi concerne l’ajustement <strong>de</strong>s VEA.Les pestici<strong>de</strong>s plus sécuritairesOn le savait ! Les travailleurs, particulièrementceux du domaine maraîcher,sont exposés <strong>de</strong> façon significative <strong>au</strong>xeffets néfastes <strong>de</strong>s pestici<strong>de</strong>s, notammentlorsqu’ils retournent sur un site qui afait l’objet d’un épandage. Pourtant,<strong>au</strong>cun outil <strong>de</strong> référence n’existait pourles ai<strong>de</strong>r à comprendre et gérer ces situationsà risque. D’un commun accord, la<strong>CSST</strong> et l’Union <strong>de</strong>s producteurs agricoles(UPA) ont fait une priorité <strong>de</strong> laquestion <strong>de</strong>s délais <strong>de</strong> réentrée 2 , d’<strong>au</strong>tantplus que cette information essentiellen’est pas toujours indiquée sur l’emballage<strong>de</strong>s pestici<strong>de</strong>s vendus <strong>au</strong> Canada.Le chercheur Onil Samuel, <strong>de</strong> l’Institutnational <strong>de</strong> santé publique du Québec2. Délai qui s’écoule entre l’épandage <strong>de</strong> pestici<strong>de</strong>set le retour sécuritaire <strong>de</strong>s travailleurssur le site.(INSPQ), s’est d’abord attelé à la tâcheconsistant à proposer une approche <strong>de</strong>détermination <strong>de</strong>s délais en fonction <strong>de</strong>la toxicité <strong>de</strong>s pestici<strong>de</strong>s. Ainsi, il amis en évi<strong>de</strong>nce qu’un travailleur quirespecte les délais <strong>de</strong> réentrée minimiseses risques d’exposition. Dans unesecon<strong>de</strong> phase, Onil Samuel a ensuiterédigé le Gui<strong>de</strong> <strong>de</strong> prévention pour lesutilisateurs <strong>de</strong> pestici<strong>de</strong>s en agriculturemaraîchère qui classe les substances,présente leurs caractéristiques et lesdélais prescrits avant le retour <strong>au</strong> champ,tout en compilant <strong>de</strong>s données sur l’inflammabilitéet l’instabilité chimique<strong>de</strong>s divers produits. Ce gui<strong>de</strong> vulgarisépropose également la marche à suivreen cas d’intoxication.Pour répondre <strong>au</strong>x inquiétu<strong>de</strong>s manifestéespar les travailleurs du Jardinbotanique et <strong>de</strong>s serres <strong>de</strong> la Ville <strong>de</strong>Montréal, une nouvelle étu<strong>de</strong>, visantcette fois la caractérisation <strong>de</strong> l’exposition<strong>au</strong>x pestici<strong>de</strong>s en milieu serricoleest en cours. L’ensemble <strong>de</strong> ces trav<strong>au</strong>xCertains travailleurs sont exposéssimultanément à plus d’unproduit toxique. Les normes neprenant habituellement pasen considération la possibilitéd’interactions entre diversessubstances, <strong>de</strong>s chercheurs se sontpréoccupés <strong>de</strong> l’effet <strong>de</strong> ce typed’exposition sur la santé.ai<strong>de</strong>ra les producteurs maraîchers et lestravailleurs <strong>de</strong>s serres à connaître etmieux choisir leurs pestici<strong>de</strong>s, tout enprotégeant leur santé.Les interactions toxicologiquesOn peut remplacer un produit toxiquepar une substance moins dangereuse,comme c’est le cas pour certains solvants,mais que peut-on faire lorsqu’untravailleur est exposé simultanément à<strong>de</strong> multiples contaminants ? Les valeursd’exposition admissibles (VEA) ne s’appliquent,en théorie, qu’à <strong>de</strong>s situationsoù une personne est soumise à une seulesubstance à la fois. Or, dans certainscas, <strong>de</strong>s travailleurs sont exposés àun cocktail <strong>de</strong> produits nuisibles danslequel on peut retrouver <strong>de</strong>s pestici<strong>de</strong>s,<strong>de</strong>s solvants, <strong>de</strong>s poussières irritantes et<strong>de</strong>s fumées <strong>de</strong> soudage. Comme lesnormes ne prenaient habituellementpas en considération la possibilitéd’interactions entre diverses substanceschimiques, les chercheurs se sont préoccupés,<strong>au</strong> cours <strong>de</strong>s <strong>de</strong>rnières années,<strong>de</strong> l’effet <strong>de</strong> l’exposition simultanée àplusieurs produits toxiques sur la santé<strong>de</strong>s travailleurs. Au début <strong>de</strong>s années1990, les D rs Robert Tardif et JulesBro<strong>de</strong>ur remettent en question l’influence<strong>de</strong>s expositions multiples sur18| Prévention <strong>au</strong> travail | Automne 2002 |


les paramètres <strong>de</strong> surveillance biologique.Ces trav<strong>au</strong>x les amènent à élaborer<strong>de</strong>s modèles informatisés pourfaciliter l’interprétation <strong>de</strong>s donnéesdans <strong>de</strong>s situations d’exposition à <strong>de</strong>multiples contaminants. Ainsi, la recherchemet en lumière divers phénomènes<strong>au</strong> cours <strong>de</strong>squels l’interaction<strong>de</strong> produits influence la toxicité <strong>de</strong>substances individuelles, tels que l’additivité(1 + 1 = 2), la supraadditivité(1 + 1 = 3) ou encore l’infraadditivité(1 + 1 = 1). Il est même possible que <strong>de</strong>ssubstances prises individuellement neproduisent <strong>au</strong>cun effet toxique, alors queleur combinaison <strong>de</strong>vient néfaste.Récemment, un projet conjoint Université<strong>de</strong> Montréal-<strong>CSST</strong>-IRSST, sousla responsabilité du chercheur AdolfVyskocil, a mené à l’élaboration d’unebase <strong>de</strong> données grâce à laquelle on peuti<strong>de</strong>ntifier, pour chaque substance répertoriéedans le Règlement sur la santé etla sécurité du travail, les princip<strong>au</strong>xorganes du corps humain qui sont touchés.Un même organe pouvant êtreaffecté par plus d’une substance, cettebase <strong>de</strong> données permet <strong>au</strong>x intervenants<strong>de</strong> prendre ce facteur en considérationdans l’application <strong>de</strong>s normes d’exposition.Ce travail colossal constitue unoutil d’ai<strong>de</strong> à la décision pour les mé<strong>de</strong>cins,les infirmières ou tout <strong>au</strong>tre intervenanten SST voulant comprendre lesinteractions toxicologiques.Malgré les progrès accomplis, il restebe<strong>au</strong>coup à faire dans ce domaine. Dansbien <strong>de</strong>s cas, il est impossible <strong>de</strong> prévoirle type <strong>de</strong> phénomène c<strong>au</strong>sé par lesinteractions toxicologiques, soit parceque les effets ne sont pas suffisammentconnus, soit parce que les mécanismesd’action <strong>de</strong>meurent indéterminés. Laphase 2 du projet <strong>de</strong> Adolf Vyskocil<strong>de</strong>vrait nous éclairer davantage.Que nous réserve l’avenir ?Bien malin celui qui peut répondre àcette question. Mais on peut pru<strong>de</strong>mmentavancer que la course <strong>au</strong>x donnéesgénétiques pave la voie à <strong>de</strong> nouvellestechnologies qui permettront l’étu<strong>de</strong><strong>de</strong>s maladies et <strong>de</strong>s effets <strong>de</strong>s produitschimiques sur l’expression <strong>de</strong>s gênes.Ce recours à la génomique pour étudierles questions toxicologiques s’appellela toxicogénomique. On peut présumerque cette nouvelle avenue ai<strong>de</strong>rales chercheurs à expliquer pourquoi lesindividus et les espèces ne réagissentpas tous pareillement lorsqu’ils sont1 + 1 = ?L’exposition à <strong>de</strong>s mélanges peutdonner lieu à divers phénomènespouvant influencer la toxicité <strong>de</strong>ssubstances individuelles :1) l’additivité – où l’effet d’unecombinaison <strong>de</strong> substancescorrespond précisément à lasomme <strong>de</strong>s effets <strong>de</strong>s substancesindividuelles ;2) la supraadditivité – où une interactionrésulte en un effet supérieurà cette somme ;3) l’infraadditivité – où l’interactionconduit à un effet inférieur à cettesomme.exposés à une même substance chimique.Ainsi, le métabolisme d’unproduit varie chez différentes personnesen raison <strong>de</strong> facteurs génétiques. Lesmêmes phénomènes sont égalementobservés dans les quantités <strong>de</strong> métabolites3 éliminées dans l’urine, d’unepersonne à l’<strong>au</strong>tre, ce qui vient f<strong>au</strong>sserl’interprétation <strong>de</strong>s données <strong>de</strong> surveillancebiologique.Si cette avenue semble prometteusepour une meilleure prévention <strong>de</strong>s maladiesprofessionnelles, elle pose cependant<strong>de</strong>s questions éthiques dès qu’onabor<strong>de</strong> le champ <strong>de</strong>s bioindicateurs et<strong>de</strong>s susceptibilités individuelles. Lesquestions soulevées sont nombreuses.Quel type d’informations doit-on fournir<strong>au</strong>x travailleurs ? Quelles données surla santé <strong>de</strong>s employés <strong>de</strong>vraient êtremises à la disposition <strong>de</strong> l’employeur ?Quel sort sera réservé <strong>au</strong>x travailleurs« différents » et hypersensibles à unproduit chimique ?Bien qu’il soit évi<strong>de</strong>nt que la rechercheen santé et en sécurité du travailvise à assurer une meilleure protection<strong>de</strong>s travailleurs, il n’en <strong>de</strong>meure pasmoins que <strong>de</strong>s questions <strong>de</strong> plus en pluscomplexes et délicates surgissent dansle mon<strong>de</strong> <strong>de</strong> la science et suscitent <strong>de</strong>sconsidérations en matière d’éthiqueprofessionnelle. Jusqu’où la recherchepeut-elle aller ? Ces facettes <strong>de</strong> la sciencefont d’ailleurs l’objet d’un projet <strong>de</strong>recherche sur l’intégration <strong>de</strong>s aspectséthiques et toxicologiques en santé <strong>au</strong>3. Substances organiques évacuées par le corpshumain ou dont on trouve <strong>de</strong>s traces dansl’urine, le sang, les cheveux, etc.travail sur lequel se penchent présentementChantal C<strong>au</strong>x, étudiante <strong>au</strong>doctorat, Cl<strong>au</strong><strong>de</strong> Vi<strong>au</strong>, <strong>de</strong> l’Université <strong>de</strong>Montréal, et le D r David Roy, du Centre<strong>de</strong> bioéthique <strong>de</strong> l’Institut <strong>de</strong> recherchescliniques <strong>de</strong> Montréal.Des normes <strong>de</strong> plus en plus sévèresLes progrès enregistrés grâce à larecherche scientifique produisent uneffet domino positif. Une meilleureconnaissance <strong>de</strong>s mécanismes d’action<strong>de</strong>s substances chimiques toxiques etune meilleure compréhension <strong>de</strong>s relationsdose-effet <strong>de</strong>s produits permettentnotamment <strong>au</strong>x déci<strong>de</strong>urs d’adapter lesnormes en vigueur, ce qui se traduitpar une meilleure protection <strong>de</strong>s travailleurs.Tout indique que le mon<strong>de</strong> dutravail, ici et ailleurs, sera soumis à<strong>de</strong>s normes d’une sévérité accrue, <strong>au</strong> furet à mesure <strong>de</strong>s avancées <strong>de</strong> la science.Cet abaissement <strong>de</strong>s normes offriraégalement <strong>de</strong> nouve<strong>au</strong>x défis <strong>au</strong>x chercheurs.En matière analytique, ils voudrontêtre en mesure <strong>de</strong> déterminer avecprécision <strong>de</strong>s concentrations <strong>de</strong> plusen plus faibles. Ils tenteront <strong>de</strong> créer <strong>de</strong>nouve<strong>au</strong>x biomarqueurs permettant <strong>de</strong>mesurer <strong>de</strong>s nive<strong>au</strong>x d’exposition toujoursplus bas et établissant <strong>de</strong>s liensplus directs avec les effets sur la santé.Présentement, la voie cutanée est souventune voie d’exposition négligeablepar rapport à la voie pulmonaire pourl’évaluation <strong>de</strong> l’exposition à <strong>de</strong>s contaminants.Une étu<strong>de</strong> <strong>de</strong> Cl<strong>au</strong><strong>de</strong> Vi<strong>au</strong> surles approches expérimentales <strong>de</strong> mesure<strong>de</strong> l’absorption percutanée 4 et la revue<strong>de</strong>s données disponibles sur la pénétrationtranscutanée 5 <strong>de</strong>s substances réglementées<strong>au</strong> Québec appelle toutefoisà la pru<strong>de</strong>nce. L’interprétation <strong>de</strong>s informationscontenues dans la littératureactuelle peut être fort différente, selonla métho<strong>de</strong> utilisée. L’abaissement <strong>de</strong>snormes entraînera sans doute la mise<strong>au</strong> point d’un procédé standardisé <strong>de</strong>mesure <strong>de</strong> l’absorption percutanée <strong>de</strong>scontaminants. Chose certaine, là commeailleurs en toxicologie, <strong>de</strong> nouvellespercées sont à prévoir en matière <strong>de</strong>surveillance biologique <strong>au</strong> cours <strong>de</strong>sprochaines années. OJacques Millette4. Qui se fait à travers la pe<strong>au</strong>, avec effractiontissulaire.5. Qui se produit ou est fait à travers la pe<strong>au</strong>,sans effraction tissulaire.| Prévention <strong>au</strong> travail | Automne 2002 | 19


Recherche à l’IRSSTÉpan<strong>de</strong>urs d’abrasifsle problème est régléÀ première vue, on comprendmal qu’un épan<strong>de</strong>ur d’abrasifspuisse c<strong>au</strong>ser la mort d’hommes. C’estpourtant ce qui est arrivé dans <strong>de</strong>uxvilles <strong>de</strong> la région <strong>de</strong> Montréal, en 1999et 2000, à 13 mois d’intervalle, pendant<strong>de</strong> simples opérations <strong>de</strong> nettoyage.Deux travailleurs ont été happés parle roule<strong>au</strong> broyeur <strong>de</strong> leur machine,Point <strong>de</strong> départEn 1999 et 2000, <strong>de</strong>s épan<strong>de</strong>urs d’abrasifset <strong>de</strong> fondants utilisés pour déglacerles trottoirs étaient la c<strong>au</strong>se <strong>de</strong> <strong>de</strong>uxacci<strong>de</strong>nts mortels, alors que les opérateursprocédaient à leur nettoyage. 1Une expertise a démontré quel’agencement <strong>de</strong> ces épan<strong>de</strong>ursne permettait pas <strong>de</strong> faire, entoute sécurité, la vidange <strong>de</strong> labenne sur place. Près <strong>de</strong> 50 machines<strong>de</strong> ce type sont en servicechez plus <strong>de</strong> 25 utilisateurs, principalement<strong>de</strong>s municipalités.2La <strong>CSST</strong> a <strong>de</strong>mandé à l’IRSST <strong>de</strong>proposer <strong>de</strong>s modifications<strong>au</strong>x épan<strong>de</strong>urs utilisés dansune <strong>de</strong> celles-ci.ResponsablesSerge Massé 1 , Denis Turcot 2 etChristian Sirard 3 , du Programmesécurité-ingénierie <strong>de</strong> l’IRSST.PartenaireSylvie Poulin, conseillère àl’APSAM.RésultatsUne fiche technique permettant <strong>au</strong>x utilisateurset <strong>au</strong>x fabricants d’épan<strong>de</strong>ursd’abrasifs et <strong>de</strong> fondants <strong>de</strong> rendre cesmachines sécuritaires.UtilisateursLes fabricants, les usagers, tels que lesmunicipalités et les institutions, ainsi queles opérateurs d’épan<strong>de</strong>urs d’abrasifs et<strong>de</strong> fondants.3alors que la grille recouvrant la benneétait enlevée et que les roule<strong>au</strong>x situésà l’intérieur étaient en marche. Ques’est-il donc passé ? Les épan<strong>de</strong>ursavaient-ils un déf<strong>au</strong>t <strong>de</strong> conception ?Pourquoi le roule<strong>au</strong> était-il en marchealors que l’engin était arrêté ? Qu’estcequi nécessitait une vidange manuelle? Une équipe <strong>de</strong> l’IRSST, encollaboration avec la Direction régionale<strong>de</strong> Laval <strong>de</strong> la <strong>CSST</strong> et le fabricantDal-Bel, s’est penchée sur le problèmeet a trouvé <strong>de</strong>s réponses et <strong>de</strong>s moyensafin d’éviter que pareils acci<strong>de</strong>nts ne seproduisent à l’avenir. Le résultat <strong>de</strong>cette expertise a permis la productiond’une fiche technique, en coopérationavec l’Association paritaire pourla santé et la sécurité du travailsecteur Affaires municipales(APSAM).Les épan<strong>de</strong>ursLes machines en question sont <strong>de</strong>sbennes, remorquées par un tracteur,servant à épandre <strong>de</strong>s abrasifs ou<strong>de</strong>s fondants sur les trottoirs. Unegrille recouvre la benne afin <strong>de</strong>tamiser les abrasifs pendant lechargement. Les épan<strong>de</strong>urs sontéquipés <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux roule<strong>au</strong>x transvers<strong>au</strong>x,soit un broyeur et undistributeur. Une plaque permettant<strong>de</strong> régler le dosage <strong>de</strong>s produitss’appuie sur le cylindre distributeur<strong>au</strong> moyen <strong>de</strong> ressorts. Lescomposantes <strong>de</strong> l’épan<strong>de</strong>ur sontactionnées par le système hydr<strong>au</strong>liquedu tracteur.Les acci<strong>de</strong>ntsLes <strong>de</strong>ux acci<strong>de</strong>nts se sont produits <strong>de</strong>manière similaire : la grille – la partiesupérieure <strong>de</strong> la benne – était enlevée etles roule<strong>au</strong>x (broyeur et distributeur)permettant le broyage et l’épandage<strong>de</strong>s abrasifs étaient en marche parceque cela facilitait le nettoyage. C’est enintervenant à l’intérieur <strong>de</strong> la bennepour débloquer ou accélérer le nettoyage,que les <strong>de</strong>ux travailleurs ont étéhappés – l’un par son gant et l’<strong>au</strong>tre parla manche – par le roule<strong>au</strong> broyeur.Les c<strong>au</strong>sesDans un premier temps, les scientifiquesont cherché à connaître les raisons quiont incité les travailleurs victimes <strong>de</strong>ces acci<strong>de</strong>nts à laisser leur machine enmarche pendant le nettoyage. Ils ont<strong>au</strong>ssi i<strong>de</strong>ntifié les interventions présentant<strong>de</strong>s risques, les besoins <strong>de</strong>sopérateurs pour effectuer leur travail ensécurité et les conditions dans lesquellesles activités d’épandage, d’entreposageet d’entretien se faisaient. « Il y avaitun problème <strong>de</strong> conception et <strong>de</strong> bonfonctionnement à la base, précise SergeMassé, ingénieur à l’IRSST et responsable<strong>de</strong> la recherche. D’une part, lematériel abrasif ne s’écoulait pas bienet, d’<strong>au</strong>tre part, il était difficile <strong>de</strong> vi<strong>de</strong>rcomplètement la machine. » En fait,pour la nettoyer, les opérateurs <strong>de</strong>vaientla vi<strong>de</strong>r à la main et enlever les pierresqui passaient par les ouvertures <strong>de</strong> lagrille. En plus, ces pierres ne pouvaients’écouler <strong>de</strong> la benne parce qu’<strong>au</strong>cuneouverture n’était assez gran<strong>de</strong> pour leséliminer <strong>au</strong> besoin. Enfin, les roule<strong>au</strong>xétant mus par le système hydr<strong>au</strong>liquedu tracteur, l’opérateur les mettait enmarche lorsque ce véhicule fonctionnaitpuisque cela facilitait le nettoyage. Lesacci<strong>de</strong>nts sont survenus du fait que lestravailleurs <strong>de</strong>vaient vi<strong>de</strong>r la machinemanuellement et que la benne n’étaitpas munie d’un système permettant <strong>de</strong>l’ouvrir et <strong>de</strong> la vi<strong>de</strong>r rapi<strong>de</strong>ment.Les correctifsLes <strong>de</strong>ux ordres <strong>de</strong> solutions proposéessont <strong>de</strong> nature préventive ou visent àassurer une plus gran<strong>de</strong> protection.Voici d’abord les correctifs préventifs :• une <strong>au</strong>gmentation d’<strong>au</strong> moins 15º <strong>de</strong>la pente <strong>au</strong> fond <strong>de</strong> la benne afin <strong>de</strong>permettre l’écoulement plus rapi<strong>de</strong>et efficace <strong>de</strong>s abrasifs;• la mise en place d’une grille à ouverturesrétrécies pour éliminer lepassage <strong>de</strong> blocs trop gros dans le système<strong>de</strong> vidange, résistante <strong>au</strong> poidsdu matériel et à la pression exercéepar le chargeur pendant le remplissage.De plus, cette grille est maintenantscindée en <strong>de</strong>ux afin d’en20| Prévention <strong>au</strong> travail | Automne 2002 |


dangereux :Parmi les correctifs proposés : la miseen place d’une grille à plus petitesouvertures évitant, d’une part, lepassage <strong>de</strong> blocs trop gros qui pourraientbloquer le système <strong>de</strong> vidange.Cette grille est scindée en <strong>de</strong>uxafin d’en faciliter la manipulation.La photo du bas laisse voir le système<strong>de</strong> verrouillage qui bloque instantanémentle mouvement du roule<strong>au</strong>broyeur et du cylindre distributeurdès la plus petite ouverture <strong>de</strong> l’uneou l’<strong>au</strong>tre <strong>de</strong>s portes.faciliter la manipulation, puisqu’elle aété alourdie par le rétrécissement <strong>de</strong>souvertures;• l’ajout d’un dispositif <strong>de</strong> vidange àl’intérieur <strong>de</strong> la benne permettantl’écoulement rapi<strong>de</strong> du matériel abrasifainsi que <strong>de</strong> plus grosses pierres ou<strong>de</strong> blocs <strong>de</strong> matière agglomérée.Comme moyens <strong>de</strong> protection,les chercheurs ont prévu les élémentssuivants :• conception d’une grille couvrant le<strong>de</strong>ssus <strong>de</strong> la benne <strong>de</strong> manière àempêcher l’accès <strong>au</strong>x roule<strong>au</strong>x enmouvement (en y glissant la main,par exemple) en fonction <strong>de</strong> la normeACNOR Z-432-1994;• mise en place d’un système <strong>de</strong> verrouillagebloquant le mouvementdu roule<strong>au</strong> broyeur et du cylindredistributeur lorsqu’une <strong>de</strong>s portes estouverte;• installation <strong>de</strong>s grilles sur <strong>de</strong>s charnièresafin <strong>de</strong> faciliter le montage dudispositif <strong>de</strong> verrouillage et d’éviterson contournement ;• installation <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux distributeurs hydr<strong>au</strong>liqueset <strong>de</strong> cames <strong>au</strong> nive<strong>au</strong> <strong>de</strong>spivots <strong>de</strong>s grilles afin <strong>de</strong> bloquer lemouvement <strong>de</strong>s roule<strong>au</strong>x lorsqu’uneporte est ouverte.Enfin, précisons que les plans <strong>de</strong>l’épan<strong>de</strong>ur ont été refaits, en collaborationavec un ingénieur engagé à cette finpar le fabricant Dal-Bel. Les solutionsretenues, <strong>de</strong> concert avec ce <strong>de</strong>rnier, ontPhotos Mario Bélisleété intégrées et validées par <strong>de</strong>s essais,et les objectifs <strong>de</strong> sécurité souhaitéeont ainsi été atteints. « Il f<strong>au</strong>t dire quela collaboration avec le fabricant a étéexcellente », souligne Serge Massé.Une fiche techniqueAvant la rédaction <strong>de</strong> la fiche technique,Sylvie Poulin, conseillère à l’APSAM,avait publié un article dans le bulletinL’APSAM, distribué partout <strong>au</strong> Québec,afin d’expliquer <strong>au</strong>x travailleurs queltype d’épan<strong>de</strong>ur était en c<strong>au</strong>se et lesmesures <strong>de</strong> sécurité à adopter. Par lasuite, elle a vulgarisé les données <strong>de</strong>l’expertise et rédigé la fiche, qui comprendune <strong>de</strong>scription <strong>de</strong>s risques,l’i<strong>de</strong>ntification <strong>de</strong>s besoins <strong>de</strong>s utilisateurs,<strong>de</strong>s propositions <strong>de</strong> solutions(croquis <strong>de</strong>s systèmes <strong>de</strong> verrouillage et<strong>de</strong> vidange) et enfin, les références <strong>au</strong>xnormes et les explications nécessaires.Ce document a été distribué <strong>au</strong>x différentsutilisateurs <strong>de</strong> ces épan<strong>de</strong>urs,entre <strong>au</strong>tres les municipalités, les institutionsd’enseignement et les industries,afin <strong>de</strong> les ai<strong>de</strong>r à modifier lesmachines existantes ou en comman<strong>de</strong>r<strong>de</strong> nouvelles répondant <strong>au</strong>x prescriptions<strong>de</strong> la fiche. OBenoit Fra<strong>de</strong>ttePour en savoir plusMASSÉ, Serge, Denis TURCOT, ChristianSIRARD et Sylvie POULIN. Épan<strong>de</strong>urd’abrasifs pour trottoirs – Prévention etprotection, Fiche technique n o 29, APSAM,6 pages.Téléchargeable gratuitement àwww.irsst.qc.ca.| Prévention <strong>au</strong> travail | Automne 2002 | 21


Recherche à l’IRSSTMines souterrainesLes chutes <strong>de</strong> terrain dans lesmines souterraines sont, encore <strong>au</strong>jourd’hui,une c<strong>au</strong>se importante d’acci<strong>de</strong>ntsmortels et d’<strong>au</strong>tres acci<strong>de</strong>nts graves.Ainsi, malgré une baisse généraliséedu nombre d’inci<strong>de</strong>nts fatals dans lesmines québécoises <strong>au</strong> cours <strong>de</strong>s 50 <strong>de</strong>rnièresannées, ceux que c<strong>au</strong>sent leschutes <strong>de</strong> terrain – 15% <strong>de</strong> tous les acci<strong>de</strong>ntset 46 % <strong>de</strong>s acci<strong>de</strong>nts mortels –ne diminuent pas <strong>de</strong> façon significative.Actuellement, la principale techniquepour le percement d’excavations <strong>de</strong>roches dures dans les mines souterrainesPoint <strong>de</strong> départLes chutes <strong>de</strong> terrain représentent un <strong>de</strong>sprincip<strong>au</strong>x dangers pour les travailleurs<strong>de</strong>s mines souterraines. L’endommagementdu massif rocheux par le s<strong>au</strong>tageconstitue, en raison <strong>de</strong> sa nature déstabilisatrice,un <strong>de</strong>s facteurs influençant lesrisques <strong>de</strong> chute <strong>de</strong> terrain pendant <strong>de</strong>sopérations d’écaillage et d’installation<strong>de</strong> soutènements. Des scientifiques voulaientvérifier si la technique appelées<strong>au</strong>tage adouci se révèlerait1moins dommageable pour lemassif rocheux.ResponsablesRichard Simon 1 et MichelAubertin 2 , <strong>de</strong> l’École polytechnique<strong>de</strong> Montréal, François Girard<strong>de</strong> la mine Richmont – divisionFrancœur, et L<strong>au</strong>rent Roy, <strong>de</strong>Explosifs ETI.RésultatsCompte tenu <strong>de</strong>s gains potentielspour la stabilité <strong>de</strong>s parois dumassif rocheux, la technique du s<strong>au</strong>tageadouci s’est avérée efficace. Sonutilisation <strong>de</strong>vrait donc être envisagéepour prévenir les chutes <strong>de</strong> blocs quise produisent fréquemment pendantl’excavation <strong>de</strong> galeries minières.Utilisateurs potentielsLes ingénieurs miniers, les dirigeants <strong>de</strong>chantiers miniers et les membres <strong>de</strong>comités <strong>de</strong> santé et <strong>de</strong> sécurité.2Le s<strong>au</strong>tage adouci,une techniquequi améliorela prévention<strong>de</strong>s chutes <strong>de</strong> terrainest encore le s<strong>au</strong>tage à l’ai<strong>de</strong> d’explosifs.Cette métho<strong>de</strong> contribue à l’endommagementdu massif rocheux età la création d’instabilités localisées.La zone endommagée peut varier <strong>de</strong>quelques centimètres à plusieurs mètres<strong>de</strong> profon<strong>de</strong>ur. Un <strong>de</strong>s moyens permettant,du moins théoriquement, <strong>de</strong> réduireles risques <strong>de</strong> chutes <strong>de</strong> roches estle s<strong>au</strong>tage adouci. Un projet d’évaluationdu gain <strong>de</strong> la stabilité <strong>de</strong>s parois parle s<strong>au</strong>tage adouci a été mené à la mined’or Richmont – division Francœur,située près <strong>de</strong> Rouyn-Noranda, par uneéquipe <strong>de</strong> chercheurs <strong>de</strong> l’École polytechnique,<strong>de</strong> l’entreprise minière et<strong>de</strong> la compagnie Explosifs ETI.Deux opérations,trois facteurs <strong>de</strong> risquesLorsqu’on développe <strong>de</strong>s galeriesdans une mine souterraine, oneffectue généralement cinq opérations<strong>de</strong> base : le forage, le s<strong>au</strong>tage,l’écaillage, le déblaiementet l’installation d’un soutènement.Parmi ces étapes, l’écaillageet le soutènement sontcelles qui représentent le plus<strong>de</strong> risques <strong>de</strong> blessures pour lestravailleurs.Trois princip<strong>au</strong>x facteurs <strong>au</strong>gmententle potentiel <strong>de</strong> risque <strong>de</strong>ces <strong>de</strong>ux opérations : la fracturationinhérente <strong>au</strong> massif rocheux et la présence<strong>de</strong> structures géologiques, lescontraintes exercées sur la paroi <strong>de</strong>la galerie, qui peuvent c<strong>au</strong>ser <strong>de</strong>sinstabilités et, finalement, l’endommagementc<strong>au</strong>sé par le s<strong>au</strong>tage. Théoriquement,il est possible <strong>de</strong> réduirece <strong>de</strong>rnier par la technique du s<strong>au</strong>tageVocabulaire minierGalerie : espace créé dans une minesouterraine à <strong>de</strong>s fins <strong>de</strong> ventilationou pour permettre <strong>au</strong>x mineurs <strong>de</strong> serendre jusqu’<strong>au</strong> minerai.Écaillage : opération <strong>au</strong> cours<strong>de</strong> laquelle <strong>de</strong>s mineurs procè<strong>de</strong>nt<strong>au</strong> nettoyage <strong>de</strong>s parois d’une galerie.Soutènement : forage <strong>de</strong> trous etinstallation <strong>de</strong> boulons d’ancrageou d’un grillage pour supporter le toitd’une galerie.Patron <strong>de</strong> s<strong>au</strong>tage : forme prédéterminée<strong>de</strong> l’emplacement <strong>de</strong>s trous quirecevront <strong>de</strong>s explosifs.Volée : distance franchie d’un seul coupà la suite d’une détonation. Elle représente,en moyenne, une progression <strong>de</strong>2,4 mètres à plus <strong>de</strong> 4 mètres, selonl’équipement utilisé.adouci. Les ingénieurs Richard Simonet Michel Aubertin voulaient évaluersi cela pouvait diminuer <strong>de</strong> façonsubstantielle l’endommagement dumassif rocheux, comparativement àla technique conventionnelle, et déterminersi le s<strong>au</strong>tage adouci pouvait êtreintégré facilement dans le cycle <strong>de</strong>développement d’une galerie.Patron <strong>de</strong> s<strong>au</strong>tage adouciLe s<strong>au</strong>tage adouci n’est pas une nouvelletechnique. Il est déjà appliqué22| Prévention <strong>au</strong> travail | Automne 2002 |


dans les chantiers ouverts, où lescontraintes <strong>de</strong> temps sont moins importantes,mais il est moins utilisé à<strong>de</strong>s fins d’avancement dans les galeries.Quelle est la différence entre unpatron <strong>de</strong> s<strong>au</strong>tage adouci et un patron<strong>de</strong> forage normal ? Essentiellement, lepremier comprend <strong>de</strong>s trous supplémentaires,disposés différemment surla paroi, dans lesquels <strong>de</strong>s explosifsmoins puissants seront insérés. RichardSimon, chercheur principal, précise :« On ajoute <strong>de</strong>s trous à la périphérie<strong>de</strong> l’excavation, comme <strong>au</strong> toit ousur les murs. On les fait détonneren <strong>de</strong>rnier afin <strong>de</strong> couper le roc et <strong>de</strong>réduire l’endommagement. » Conséquemment,si le massif rocheux estmoins endommagé, il y <strong>au</strong>ra moins<strong>de</strong> roches branlantes et donc moins<strong>de</strong> risques pour les travailleurs lorsqueviendra le moment <strong>de</strong> procé<strong>de</strong>r àl’écaillage et à l’installation d’un soutènement.Une expérienceà 150 mètres sous terreL’étu<strong>de</strong> a été réalisée dans une galerie<strong>de</strong> ventilation, à 150 mètres <strong>de</strong> profon<strong>de</strong>ur.Cinq volées ont été effectuéesavec un patron <strong>de</strong> s<strong>au</strong>tage conventionnelet cinq <strong>au</strong>tres avec un patron<strong>de</strong> s<strong>au</strong>tage adouci représentant uneavancée <strong>de</strong> 24 mètres <strong>au</strong> total. Ce<strong>de</strong>rnier comprenait, par rapport <strong>au</strong>patron conventionnel, six trous supplémentaires,dont <strong>de</strong>ux <strong>au</strong> toit. De plus,du cor<strong>de</strong><strong>au</strong> détonnant était inséré dansles trous du toit pour réduire la puissanceexplosive.Tous les indicateurs utilisés par lesscientifiques pour comparer les <strong>de</strong>uxtechniques ont été favorables <strong>au</strong> patron<strong>de</strong> s<strong>au</strong>tage adouci. Ainsi, ils ont notéune amélioration moyenne <strong>de</strong> 3 % à14 % par rapport <strong>au</strong> patron conventionnel.Si l’on compare seulement leszones <strong>de</strong> roc <strong>de</strong> même qualité, l’améliorationse situe entre 20 % et 48 %.Cette technique apporterait donc <strong>de</strong>sgains non négligeables sur le plan<strong>de</strong> la sécurité pendant le percementd’une galerie.L’utilisation du patron <strong>de</strong> s<strong>au</strong>tageadouci a nécessité entre 10 et 20 minutessupplémentaires pour le forageet le chargement <strong>de</strong>s trous, et entraînéune <strong>au</strong>gmentation <strong>de</strong> 10 %<strong>de</strong>s coûts <strong>de</strong> matériel et <strong>de</strong> 4 % pourl’ensemble <strong>de</strong>s opérations. Les cycles<strong>de</strong> travail ont toutefois été accomplissans difficulté majeure par lestravailleurs.Photo Mario BélislePour Richard Simon, même si lestests sont révélateurs, il f<strong>au</strong>t être pru<strong>de</strong>ntdans l’interprétation <strong>de</strong>s résultats :« Dans ce type d’étu<strong>de</strong> sur le terrain,on fait face à plusieurs facteurs difficilesà contrôler. Il peut être hasar<strong>de</strong>ux<strong>de</strong> tirer <strong>de</strong>s conclusions très générales.Les 10 volées réalisées ne sont pas unequantité importante et définir l’endommagementet le mesurer n’est pas aisé.Malgré cela, les indicateurs démontrentqu’il y a moins d’endommagement avecle patron adouci. »Il convient toutefois <strong>de</strong> préciserque c’est la première fois qu’on dispose<strong>de</strong> résultats concrets à cet égard.François Girard, chef ingénieur à lamine Be<strong>au</strong>fort, participant <strong>au</strong> projet etmembre du comité <strong>de</strong> santé et <strong>de</strong> sécurité: « Avant, nous n’avions que <strong>de</strong>scritères visuels pour évaluer les facteurs<strong>de</strong> risque ; avec cette expérience <strong>de</strong>s<strong>au</strong>tage adouci, nous avons <strong>de</strong>s donnéeset <strong>de</strong>s mesures concrètes. De plus, lecomité <strong>de</strong> santé et <strong>de</strong> sécurité du travaila bien accueilli les conclusions <strong>de</strong> cetteétu<strong>de</strong>. » M. Girard affirme cependantqu’il f<strong>au</strong>dra be<strong>au</strong>coup <strong>de</strong> travail <strong>de</strong> sensibilisation<strong>de</strong>s ingénieurs et <strong>de</strong>s mineursavant <strong>de</strong> généraliser l’utilisation <strong>de</strong>spratiques <strong>de</strong> s<strong>au</strong>tage adouci. OBenoit Fra<strong>de</strong>ttePour en savoir plusSIMON, Richard. Étu<strong>de</strong> <strong>de</strong> l’effet du s<strong>au</strong>tageadouci sur la fracturation <strong>de</strong>s parois d’uneexcavation souterraine, Rapport R-310,65 pages, 5,35$.Téléchargeable gratuitement àwww.irsst.qc.ca.L’endommagement <strong>de</strong>s rochesMichel Aubertin a par ailleurs dirigé une <strong>au</strong>tre recherche, qui vient <strong>de</strong> seterminer, sur les effets <strong>de</strong> l’endommagement <strong>de</strong>s roches sur la stabilité <strong>de</strong>sexcavations souterraines très profon<strong>de</strong>s. Dans ce cas-ci, les scientifiquesproposaient d’appliquer un modèle d’endommagement <strong>au</strong>x cas d’excavationsen roches dures soumises à <strong>de</strong> fortes contraintes, en fonction d’uncritère <strong>de</strong> rupture tridimensionnel qui permet d’introduire les effets dutemps et <strong>de</strong> l’échelle. Ils ont évalué sa validité <strong>au</strong> moyen <strong>de</strong> calculs etd’observations en laboratoire et sur le terrain. Il appert que cette métho<strong>de</strong>constitue un outil <strong>de</strong> prévision plus sécuritaire, qui permet <strong>de</strong> mieuxévaluer les besoins <strong>de</strong> soutènement et donc, <strong>de</strong> réaliser une meilleureconception <strong>de</strong>s excavations minières souterraines.| Prévention <strong>au</strong> travail | Automne 2002 | 23


Recherche à l’IRSSTDiagnosticL’imagerie par résonance magnétiquene présente pas d’avantage sur lesPoint <strong>de</strong> départLe Centre <strong>de</strong> recherche du Pavillon Saint-François d’Assise s’est muni d’un appareild’imagerie par résonance magnétiqueà champ ouvert (IRMCO) qui permetd’obtenir <strong>de</strong>s images dynamiques <strong>de</strong>la colonne vertébrale, en diverses positionset conditions <strong>de</strong> charge. On voulaitsavoir si cette particularité ai<strong>de</strong>rait <strong>au</strong>diagnostic <strong>de</strong>s lombalgies en objectivantles symptômes.ResponsablesJean-Marie Moutquin, Jean-François Roy,Patrice Montmigny, Marie Dufour, GillesBouchard et François Bergeron, du Centre<strong>de</strong> recherche du Pavillon Saint-Françoisd’Assise du Centre hospitalier universitaire<strong>de</strong> Québec.RésultatsL’étu<strong>de</strong> <strong>de</strong>s disques intervertébr<strong>au</strong>xà l’ai<strong>de</strong> <strong>de</strong> l’IRMCO s’est avérée peuutile <strong>au</strong> diagnostic <strong>de</strong>s lombalgies.La recherche confirme certains faits,notamment que la seule façon <strong>de</strong> distinguerune personne lombalgiqueconsiste à mesurer le pincement discal,et que cela peut se faire par une radiographieordinaire. Les chercheursremettent donc en question la pertinence<strong>de</strong>s métho<strong>de</strong>s d’imagerie parrésonance magnétique (IRM) commepremière étape <strong>de</strong> diagnostic. Ils ontnéanmoins pu monter une base <strong>de</strong>données considérable grâce à laquellela recherche pourra se pencher surd’<strong>au</strong>tres aspects physiologiques <strong>de</strong>slombalgies.Utilisateurs potentielsLes professionnels <strong>de</strong> la santé, les clinicienset les chercheurs.Au Québec, les m<strong>au</strong>x <strong>de</strong> dosreprésentent près du tiers <strong>de</strong>s lésionsprofessionnelles. Véritable flé<strong>au</strong>, ilsn’épargnent <strong>au</strong>cun secteur d’activité.Leur inci<strong>de</strong>nce dans la populationen général, et plus particulièrementchez les travailleurs, <strong>de</strong> même queleurs conséquences socioéconomiquessont énormes. Mais en l’absence d’undiagnostic précis et <strong>de</strong> traitementsadéquats, les risques <strong>de</strong> chronicité et<strong>de</strong> récidive <strong>au</strong>gmentent, ce qui entraîne<strong>de</strong>s conséquences importantes sur lesplans <strong>de</strong> la qualité <strong>de</strong> vie, <strong>de</strong> l’absentéismedu travail et <strong>de</strong>s coûts d’in<strong>de</strong>mnisation.Le diagnostic constitue eneffet un pivot crucial, sur lequel s’articulent,d’une part, la prévention <strong>de</strong> lachronicité et d’<strong>au</strong>tre part, le traitementet la réadaptation.Pour les professionnels <strong>de</strong> la santé,le diagnostic <strong>de</strong>s m<strong>au</strong>x <strong>de</strong> dos représenteun exercice complexe et particulièrementsubjectif. Des chercheursdu Centre <strong>de</strong> recherche du PavillonSaint-François d’Assise du Centre hospitalieruniversitaire <strong>de</strong> Québec ontvoulu savoir si un nouvel appareild’imagerie par résonance magnétiqueà champ ouvert (IRMCO) pouvait lefaciliter.Il convient <strong>de</strong> préciser ici qu’unpourcentage significatif <strong>de</strong> personnes(<strong>de</strong> 25 % à 64 %) sans antécé<strong>de</strong>nt <strong>de</strong>m<strong>au</strong>x <strong>de</strong> dos montrent <strong>de</strong>s résultatsanorm<strong>au</strong>x à l’imagerie par résonancemagnétique (IRM) classique. De nombreusesrecherches ont d’ailleurs parle passé souligné l’absence <strong>de</strong> corrélationentre les observations faites grâceà l’IRM et <strong>au</strong>x <strong>au</strong>tres techniques d’investigationet les symptômes ou douleursrapportés par les patients. Enfait, pour la majorité <strong>de</strong> ces <strong>de</strong>rniers(jusqu’à 80 %), la douleur ne peut êtrereliée à une lésion anatomique spécifiqueet, conséquemment, les techniquesd’imagerie médicale paraissentpeu utiles.Une technologie<strong>au</strong>x capacités élargiesOr, ni la tomo<strong>de</strong>nsimétrie, ni l’IRMn’évaluent la colonne vertébrale en état<strong>de</strong> charge, ni ne considèrent l’aspectdynamique qui lui est normalement24| Prévention <strong>au</strong> travail | Automne 2002 |


<strong>de</strong>s lombalgiesmétho<strong>de</strong>s traditionnellesimposé. Les chercheurs ont donc voulusavoir, grâce <strong>au</strong>x capacités du nouvelappareil d’IRMCO, si ces facteurs pouvaientexpliquer, du moins en partie,l’absence <strong>de</strong> correspondance entresymptômes et observations.L’IRMCO est en fait une version améliorée <strong>de</strong> l’IRM.Elle génère <strong>de</strong>s champs magnétiques d’intensité troisfois moindre, réduit le temps d’examen et permet unevisualisation en temps réel. Sa principale caractéristiquerési<strong>de</strong> dans sa configuration ouverte, par rapport à l’IRMoù le sujet est complètement enfermé. Il <strong>de</strong>vient ainsipossible d’avoir accès <strong>au</strong> patient pour <strong>de</strong>s interventionschirurgicales ou <strong>de</strong>s traitements et pour exploiterdifférentes positions d’examen. Contrairement <strong>au</strong>x<strong>au</strong>tres types d’imagerie où le sujet est toujours examinéen position couchée, on peut donc maintenant, grâce àl’IRMCO, évaluer l’aspect dynamique du comportement<strong>de</strong> la colonne lombaire en situation <strong>de</strong> charge naturelle(position assise ou à genoux, flexion du tronc) ousupplémentaire (poids posé sur les ép<strong>au</strong>les du sujet).Un modèle <strong>de</strong> comportementL’étu<strong>de</strong> menée <strong>au</strong> Centre hospitalieruniversitaire <strong>de</strong> Québec visait doncdans un premier temps à dégager unmodèle normatif du comportement dudisque intervertébral chez <strong>de</strong>s personnesPhotos Centre hospitalier universitaire <strong>de</strong> Québecqui n’ont <strong>au</strong>cun mal <strong>de</strong> dos et dont lacolonne est soumise à <strong>de</strong>s contraintesnaturelles <strong>de</strong> charge et <strong>de</strong> mouvement.On voulait voir dans un <strong>de</strong>uxièmetemps si ce modèle pouvait permettre<strong>de</strong> différencier, par comparaison, lessujets atteints d’affections lombaireset <strong>de</strong> lombalgie. On espérait en faitréussir à objectiver l’état symptomatiquelombaire, c’est-à-dire affecterune mesure physiologique à l’expression<strong>de</strong> la douleur.Dans une première phase, <strong>de</strong>s volontairessans m<strong>au</strong>x <strong>de</strong> dos ont subi unexamen à l’IRM avant d’être réunis en<strong>de</strong>ux groupes : un premier <strong>de</strong> 25 personnes,exemptes <strong>de</strong> symptômes et neprésentant <strong>au</strong>cune lésion à l’IRM, et unsecond <strong>de</strong> 25 personnes, <strong>au</strong>ssi exemptes<strong>de</strong> symptômes, mais présentant <strong>de</strong>sanomalies à l’IRM. Ces 50 sujets ontensuite fait l’objet d’un examen àl’IRMCO dans les positions suivantes :couchée (colonne hors charge), assise età genoux (charge naturelle), assise et àgenoux avec une charge <strong>de</strong> 18 kg sur lesép<strong>au</strong>les, et en mouvement <strong>de</strong> flexion <strong>de</strong>30 o vers l’avant, avec et sans charge.Dans la <strong>de</strong>uxième phase, 52 personnessouffrant <strong>de</strong> m<strong>au</strong>x <strong>de</strong> dos ontété examinées selon le même protocole,les résultats <strong>de</strong>vant être comparés <strong>au</strong>modèle statistique établi dans la premièrephase. Il convient <strong>de</strong> noter icique parmi les 52 participants, cinq n’ontpas pu compléter l’examen en positionassise avec charge et 26 n’ont pas effectuél’examen avec charge à genoux. Deplus, la flexion vers l’avant a été abandonnée,car la très gran<strong>de</strong> majorité <strong>de</strong>ssujets lombalgiques étaient incapables <strong>de</strong>rester dans cette position pendant toutela durée <strong>de</strong> l’examen, soit 45 minutes.Pas <strong>de</strong> différence dans les mesuresTout d’abord, les chercheurs n’ont noté<strong>au</strong>cune différence significative entre lesmesures prises sur les participants asymptomatiques,qu’ils présentent une lésiondiscale ou non, et ce, quel que soit laposition ou le mouvement. Chez les patientsatteints <strong>de</strong> m<strong>au</strong>x <strong>de</strong> dos mais nemontrant <strong>au</strong>cune lésion discale, les dimensionsdu disque étaient essentiellement| Prévention <strong>au</strong> travail | Automne 2002 | 25


Recherche à l’IRSSTi<strong>de</strong>ntiques à celles du disque sain d’unepersonne asymptomatique. De plus,l’ajout d’une charge <strong>de</strong> 18 kg n’a pasmodifié la dynamique du disque.Cependant, chez les personnes présentantune lombalgie accompagnéed’une lésion discale, on a trouvé <strong>de</strong>sdisques affaissés et plus minces que dansle cas <strong>de</strong>s sujets ayant une lésion maispas <strong>de</strong> douleur, et ce, dans toutes les positionsétudiées. Cela confirme <strong>de</strong>s faitsdéjà connus, l’affaissement du disqueétant considéré <strong>au</strong>jourd’hui comme unindicateur important <strong>de</strong> lombalgie et <strong>de</strong>pathologie intradiscale. Quant à l’effet<strong>de</strong> charge, lorsqu’il a pu être toléré parles participants lombalgiques, il ne modifiepas la dynamique intervertébraleet paraît donc peu utile <strong>au</strong> diagnosticd’une lombalgie, qu’elle soit ou nonaccompagnée d’une lésion discale.L’étu<strong>de</strong> <strong>de</strong>s variations <strong>de</strong> positionn’a quant à elle apporté que très peud’information supplémentaire. Parmiles 52 lombalgiques, les changements<strong>de</strong> position ont permis <strong>de</strong> détecter unelésion supplémentaire chez quatre participantsqui en présentaient déjà àl’IRM et une nouvelle lésion discalechez <strong>de</strong>ux <strong>au</strong>tres qui n’en montraientalors <strong>au</strong>cune. Il importe <strong>de</strong> remarquer icique ces découvertes n’ont <strong>au</strong>cunementmodifié la stratégie <strong>de</strong> traitement<strong>de</strong>s personnes concernées.Peu <strong>de</strong> valeur ajoutéeLes chercheurs ont donc concluque l’IMRCO ajoute peu <strong>de</strong> valeurà l’imagerie obtenue par l’IRMconventionnelle dans l’étu<strong>de</strong> dudisque lombaire. On pourrait mêmealler jusqu’à dire que l’imagerie parrésonance magnétique ne peut distinguerune personne lombalgique<strong>au</strong>trement que par l’importance dupincement discal (les lombalgies<strong>au</strong>xquelles il est fait référence iciétaient associées cliniquement àune lésion du disque intervertébralL4-L5 ou L5-S1 et n’étaient pasreliées à la compression <strong>de</strong> nerfs,comme dans le cas <strong>de</strong> hernies).Comme ce pincement serait <strong>de</strong>toute façon visible en radiographiestandard, parl’espacement intervertébral,les observationsrecueillies en cours <strong>de</strong>recherche remettent enquestion la pertinence <strong>de</strong>recourir immédiatement àl’IRM pour le diagnosticd’une lombalgie non associéeà la compression <strong>de</strong> nerfs.En conséquence, peut-êtref<strong>au</strong>drait-il plutôt reconsidérer,comme première étape <strong>de</strong> diagnostic,le recours à la radiologieclassique. En effet, le tempsd’attente pour un examen enIRM <strong>au</strong> Québec est relativementlong et la technologie,coûteuse, tandis que l’examenradiologique est très rapi<strong>de</strong> etaccessible. Cette avenue s’avèreintéressante puisqu’en favorisantun diagnostic sans tar<strong>de</strong>r, il <strong>de</strong>vientpossible d’intervenir pluspromptement et plus efficacement,et donc <strong>de</strong> réduire le phénomène<strong>de</strong> chronicité.En outre, l’étu<strong>de</strong> <strong>au</strong>ra permis<strong>de</strong> constituer une soli<strong>de</strong> base <strong>de</strong>données et d’images dynamiques<strong>de</strong> la colonne, sur laquelle leschercheurs pourrontcontinuer à travailler.De nombreux aspectsrestent encore à étudier,dont les effets <strong>de</strong>lésions <strong>au</strong>x facettes <strong>de</strong>svertèbres, <strong>de</strong> l’atrophiemusculaire et du diamètredu canal spinal. OLoraine PichetteTechniques d’imagerie médicalePour bien comprendre les résultats <strong>de</strong> cette étu<strong>de</strong>, il f<strong>au</strong>t d’abord faireun bref survol <strong>de</strong>s principales techniques d’imagerie médicale actuellementen usage.Mentionnons en premier lieu la radiographie simple (les rayons X),qui sert notamment <strong>au</strong> repérage <strong>de</strong>s fractures et <strong>de</strong>s dislocations <strong>de</strong>svertèbres ainsi qu’<strong>au</strong> dépistage <strong>de</strong>s tumeurs et <strong>de</strong>s infections. Elle nepermet cependant pas <strong>de</strong> visualiser les tissus mous, comme les ligaments,les disques ou les éléments nerveux.Vient ensuite la tomo<strong>de</strong>nsimétrie (<strong>au</strong>ssi appelée scanographie, ou simplement« scan »), qui est, elle <strong>au</strong>ssi, un procédé radiologique, mais quiutilise <strong>de</strong> très fins faisce<strong>au</strong>x <strong>de</strong> rayons X. Elle permet <strong>de</strong> visualiser directementle disque intervertébral et sa relation avec les structures osseusesadjacentes. Si son utilité première se situe <strong>au</strong> chapitre <strong>de</strong> l’évaluation<strong>de</strong> l’architecture osseuse et <strong>de</strong> la détection <strong>de</strong> petites fractures, la tomo<strong>de</strong>nsimétrieest <strong>au</strong>ssi une technique efficace pour l’i<strong>de</strong>ntification d’unehernie discale.Il y a finalement l’imagerie par résonance magnétique (IRM), unetechnique relativement récente, qui utilise une combinaison complexe<strong>de</strong> champs magnétiques statiques et alternatifs pour générer <strong>de</strong>s imagesprécises <strong>de</strong>s tissus mous. L’IRM, comparativement à la tomo<strong>de</strong>nsimétrie,est très coûteuse. Mais en regard <strong>de</strong>s problèmes lombaires, c’est ellequi produit les meilleurs contrastes <strong>de</strong>s tissus mous.Pour en savoir plusROY, Jean-François, Jean-MarieMOUTQUIN, Carmen LINDSAY, PatriceMONTMIGNY, François BERGERON,Gilles BOUCHARD, Marie DUFOUR etPierre GRONDIN. Sensibilité et spécificité<strong>de</strong> la résonance magnétique à champ ouvertpour l’objectivation <strong>de</strong> l’état symptomatiquelombaire, Rapport R-299, 23 pages,5,35 $.Téléchargeable gratuitement àwww.irsst.qc.ca.26| Prévention <strong>au</strong> travail | Automne 2002 |


BoursièreAnne Falar<strong>de</strong><strong>au</strong>Université du Québecà MontréalLa rotation <strong>de</strong>s posteset la prévention <strong>de</strong>s troubles musculosquelettiquesGrâce à une bourse <strong>de</strong> l’IRSST,Anne Falar<strong>de</strong><strong>au</strong> parfait actuellement saformation en ergonomie en terminantune maîtrise en sciences biologiques àl’Université du Québec à Montréal(UQAM). Elle s’intéresse à la relationentre la gestion <strong>de</strong>s assignations temporaireset la rotation <strong>de</strong>s postes, ainsi qu’àl’effet <strong>de</strong> ces pratiques sur la prévention<strong>de</strong>s troubles musculo-squelettiques.Anne Falar<strong>de</strong><strong>au</strong> est passée du baccal<strong>au</strong>réaten anthropologie à l’Université<strong>de</strong> Montréal à un diplôme d’étu<strong>de</strong>ssupérieures en ergonomie cognitive àl’École polytechnique, pour finalemententreprendre une maîtrise en sciencesbiologiques à l’UQAM. « J’étais déjàinscrite à la maîtrise en anthropologie,j’avais même obtenu une bourse duFonds FCAR 1 , lorsque j’ai entenduparler d’ergonomie pour la premièrefois. Comme ce domaine semblait offrir<strong>de</strong> meilleures perspectives d’emploi etrejoignait mon intérêt pour l’anthropologiephysique, je n’ai pas hésité unesecon<strong>de</strong> à me réorienter. »Cependant, Anne Falar<strong>de</strong><strong>au</strong> réaliserapi<strong>de</strong>ment que pour percer le marchédu travail, elle a besoin d’une formationcomplémentaire. Elle suit donc quelquescours <strong>au</strong> Département <strong>de</strong>s sciences1. Le Fonds pour la formation <strong>de</strong> chercheurs etl’ai<strong>de</strong> à la recherche (Fonds FCAR) se nommemaintenant Fonds québécois <strong>de</strong> la recherche surla nature et les technologies.biologiques <strong>de</strong> l’UQAM, où elle rencontreNicole Vézina, responsable <strong>de</strong>la Chaire GM en ergonomie, dontles activités se concentrent sur l’étu<strong>de</strong>d’une forme particulière d’organisationdu travail : la rotation <strong>de</strong>s postes. Lachercheuse l’invite alors à se joindre àson équipe pour travailler sur la relationqui existe entre la gestion <strong>de</strong> l’assignationtemporaire et la rotation <strong>de</strong>s postes.Un terrain <strong>de</strong> recherche fertileBien qu’<strong>au</strong>cune recherche ne sembleavoir étudié l’interrelation entre l’assignationtemporaire et la rotation <strong>de</strong>spostes, il paraît évi<strong>de</strong>nt que ces pratiquesont un effet l’une sur l’<strong>au</strong>tre. Laboursière explique : « Un travailleursain n’ayant pas la possibilité d’occuperpériodiquement <strong>de</strong>s postes légers àl’intérieur <strong>de</strong> son groupe <strong>de</strong> rotation,parce que ceux-ci sont occupés par <strong>de</strong>stravailleurs en assignation temporaire,risque davantage <strong>de</strong> se blesser. »Au cours <strong>de</strong> l’expérimentation sur leterrain, dans un abattoir <strong>de</strong> porcs, lajeune chercheuse constate que les processus<strong>de</strong> rotation présentent un intérêtparticulier, car ce sont les travailleurseux-mêmes, et non la direction, qui lesont organisés et s’occupent <strong>de</strong> leur gestion.Une situation inusitée, voire unique.Par contre, la division où AnneFalar<strong>de</strong><strong>au</strong> concentre son intervention,l’éviscération <strong>de</strong>s porcs, soustrait trèspeu <strong>de</strong> postes à la rotation pour lesattribuer à l’assignation temporaire. Lachercheuse se penche donc sur l’effet<strong>de</strong>s absences sur l’organisation <strong>de</strong> la rotation,qui peuvent non seulement êtreprovoquées par <strong>de</strong>s mesures d’assignationtemporaire mais également par lescongés <strong>de</strong> maladie, les vacances, etc.Un outil d’évaluation novateurAfin <strong>de</strong> trouver <strong>de</strong>s moyens <strong>de</strong> maximiserencore davantage le processus <strong>de</strong>rotation, la boursière s’intéresse <strong>au</strong>réaménagement d’un petit groupe <strong>de</strong>postes, soit la sous-rotation <strong>de</strong> l’éviscération<strong>de</strong>s porcs, et à la distribution<strong>de</strong>s tâches à l’intérieur <strong>de</strong> ce groupe.Ce travail lui a permis <strong>de</strong> proposer uncertain nombre <strong>de</strong> recommandations,i<strong>de</strong>ntifiées grâce à un outil novateur etpolyvalent qu’elle a mis <strong>au</strong> point.Cet outil d’évaluation vise à recueillirla perception qu’ont les travailleurs<strong>de</strong>s exigences reliées <strong>au</strong>x différentspostes <strong>de</strong> travail qu’ils occupent. AnneFalar<strong>de</strong><strong>au</strong> précise « que l’analyse permettrapar la suite <strong>de</strong> s’assurer que larotation distribue bel et bien l’effortdéveloppé <strong>au</strong> cours d’un quart <strong>de</strong> travailentre plusieurs groupes musculaires etsegments corporels <strong>de</strong>s travailleurs ».Ce nouvel outil pourra être adapté etservir dans diverses entreprises.Une carrière déjà bien amorcéeAnne Falar<strong>de</strong><strong>au</strong> récolte les fruits <strong>de</strong>ses efforts : elle a obtenu un emploi<strong>au</strong> Centre <strong>de</strong> réadaptation La Maison,à Rouyn-Noranda, à titre d’ergonomepour le projet-pilote Prévention <strong>de</strong>shandicaps <strong>au</strong> travail (PREVICAP), unprogramme qui vise le retour <strong>au</strong> travailprompt, durable et sécuritaire <strong>de</strong>stravailleurs atteints <strong>de</strong> lésions musculosquelettiques.OIsabelle LabarreLe programme<strong>de</strong> bourses <strong>de</strong> l’IRSSTAnne Falar<strong>de</strong><strong>au</strong> est une <strong>de</strong>sétudiantes bénéficiant du programme<strong>de</strong> bourses <strong>de</strong> l’IRSST. Celui-ci viseà former <strong>de</strong>s chercheurs en santéet en sécurité du travail <strong>au</strong> Québec.Pour obtenir <strong>de</strong>s informations surle programme <strong>de</strong> bourses <strong>de</strong> l’IRSST,on peut téléphoner <strong>au</strong> (514) 288-1551,ou écrire à bourses@irsst.qc.ca.| Prévention <strong>au</strong> travail | Automne 2002 | 27


Recherche à l’IRSSTBoursierMamert MbonimpaÉcole polytechniqueStabiliser les solset les remblais<strong>au</strong>tour <strong>de</strong>s ouvrages miniersMamert Mbonimpa a, pour lemoins, un parcours étonnant. Il a obtenuson titre d’ingénieur civil dans son paysd’origine, le Burundi, puis fait unemaîtrise et un doctorat en géotechniqueen Allemagne, pour ensuite compléter<strong>de</strong>s étu<strong>de</strong>s postdoctorales en environnementminier <strong>au</strong> Québec avec, enpoche, une bourse <strong>de</strong> l’IRSST : <strong>de</strong> quoien impressionner plus d’un!C’est avec toute l’humilité qui caractériseles personnes ayant surmonté<strong>de</strong> gran<strong>de</strong>s épreuves que MamertMbonimpa raconte son périple. Aprèsl’obtention <strong>de</strong> son baccal<strong>au</strong>réat, il travaillependant <strong>de</strong>ux ans comme professeuradjoint <strong>au</strong> Département <strong>de</strong> géniecivil <strong>de</strong> la faculté <strong>de</strong>s sciences appliquées<strong>de</strong> l’Université du Burundi.Puis, il quitte son pays pour allerfaire une maîtrise et un doctorat enAllemagne, bénéficiant ainsi d’unebourse du DAAD (office allemandd’échanges universitaires). Il racontequ’il y a rédigé sa thèse et son mémoireen allemand, alors que les <strong>de</strong>ux seuleslangues qu’il parlait à son arrivée là-basétaient le kirundi et le français!Le choixd’une nouvelle terre d’accueilComme à plusieurs compatriotes partisparfaire leur formation à l’étranger, laguerre civile qui sévit <strong>au</strong> Burundi dérobe<strong>au</strong> jeune chercheur son projet <strong>de</strong>revenir enseigner <strong>au</strong> pays. Un <strong>de</strong> sescollègues étudiant à l’École polytechniquelui parle <strong>de</strong>s trav<strong>au</strong>x <strong>de</strong> MichelAubertin qui, plus tard, <strong>de</strong>viendra professeurtitulaire <strong>de</strong> la Chaire industrielleCRSNG-Polytechnique-UQATen environnement et gestion <strong>de</strong>s rejetsminiers.Mamert Mbonimpa entre en contactavec lui. De cette rencontre naît l’idée<strong>de</strong> trouver une métho<strong>de</strong> <strong>de</strong> calcul rapi<strong>de</strong>et peu coûteuse qui permettraitd’évaluer le comportement hydrogéotechnique<strong>de</strong>s matéri<strong>au</strong>x utilisés dansla construction <strong>de</strong>s digues qui circonscriventles parcs <strong>de</strong> résidus miniers,<strong>de</strong>s amas <strong>de</strong> roches broyées pouvantatteindre plusieurs dizaines <strong>de</strong> mètres.Une métho<strong>de</strong> <strong>de</strong> calculpeu coûteuse et rapi<strong>de</strong>Le boursier explique dans quel contextese fait l’excavation <strong>de</strong> roches et <strong>de</strong>minerais : « Avant <strong>de</strong> trouver ce qu’ilscherchent, les mineurs doivent mettre<strong>de</strong> côté <strong>de</strong>s tonnes et <strong>de</strong>s tonnes <strong>de</strong>matéri<strong>au</strong>x sans valeur commerciale,qu’ils entassent dans <strong>de</strong>s parcs à résidus.Autour <strong>de</strong> ces parcs, on construit <strong>de</strong>sdigues pour empêcher que ces amas <strong>de</strong>rejets ne s’écoulent ni ne s’écroulent,risquant ainsi <strong>de</strong> mettre en dangerla santé et la sécurité <strong>de</strong>s vies environnantes.»Mamert Mbonimpa poursuit sonexplication : « Les matéri<strong>au</strong>x secsprésentent une plus gran<strong>de</strong> stabilité queles matéri<strong>au</strong>x saturés d’e<strong>au</strong>. La pluiepeut donc entraîner une perte <strong>de</strong> résistanceet une diminution <strong>de</strong> la stabilité<strong>de</strong>s digues ou <strong>de</strong>s amoncellements.Dans mon travail, j’ai notamment essayéd’estimer la capacité <strong>de</strong> rétentiond’e<strong>au</strong> <strong>de</strong> matéri<strong>au</strong>x non saturés (secs) àpartir <strong>de</strong> paramètres <strong>de</strong> base classiques,faciles à évaluer. »De ces recherches <strong>de</strong>vrait résulterun modèle <strong>de</strong> prédiction <strong>de</strong> la stabilité<strong>de</strong>s digues simple à utiliser, rapi<strong>de</strong> etpeu coûteux, qui permettrait <strong>au</strong>x ingénieurs<strong>de</strong>s entreprises minières d’évaluereux-mêmes cette résistance. Lechercheur fait toutefois une mise engar<strong>de</strong> : « Ce modèle ne <strong>de</strong>vra servirque pour une première évaluation.Il f<strong>au</strong>dra toujours effectuer <strong>de</strong>s testsplus poussés par la suite, surtout siles résultats révèlent un certain risqued’instabilité <strong>de</strong>s digues. »Dans son pays, c’est encore mieux !Environ 11 ans après avoir quittéson pays, Mamert Mbonimpa désiretoujours y retourner pour exercer laprofession qui le passionne : professeurchercheur.« Après mes étu<strong>de</strong>s enAllemagne, en principe, j’avais unposte qui m’était réservé à l’Universitédu Burundi… Maintenant, je ne saisplus. » Selon le chercheur, <strong>de</strong>s dizaines<strong>de</strong> personnes qui <strong>de</strong>vaient rentrer <strong>au</strong>pays pour travailler dans leur universitéont dû prolonger leur exil… Jusqu’àquand ? OIsabelle LabarreLe programme<strong>de</strong> bourses <strong>de</strong> l’IRSSTMamert Mbonimpa est un <strong>de</strong>sétudiants bénéficiant du programme<strong>de</strong> bourses <strong>de</strong> l’IRSST. Celui-ci viseà former <strong>de</strong>s chercheurs en santéet en sécurité du travail <strong>au</strong> Québec.Pour obtenir <strong>de</strong>s informations surle programme <strong>de</strong> bourses <strong>de</strong> l’IRSST,on peut téléphoner <strong>au</strong> (514) 288-1551,ou écrire à bourses@irsst.qc.ca.28| Prévention <strong>au</strong> travail | Automne 2002 |


Nouvelles publicationsToutes ces publicationspeuvent être commandéespar la poste. Lesprix indiqués comprennentla taxe etles frais d’envoi. Ellessont <strong>au</strong>ssi disponiblesgratuitement en versionPDF dans notresite Internet.Cliquez recherchewww.irsst.qc.caAmélioration <strong>de</strong> la sécurité<strong>de</strong>s machines parl’utilisation <strong>de</strong>s dispositifs<strong>de</strong> protectionBOURBONNIÈRE, Réal etJoseph-Jean PAQUES, Fichetechnique RF-280, 2 pages,gratuite.Une gran<strong>de</strong> variété <strong>de</strong> dispositifs<strong>de</strong> protection pour améliorerla sécurité <strong>de</strong>s machinessont offerts sur le marché nordaméricain,mais les informationssur leur utilisation sontbe<strong>au</strong>coup moins nombreuses.La fiche produite par l’IRSSTregroupe quelques notions <strong>de</strong>base sur les types <strong>de</strong> dispositifsles plus fréquemment utilisésainsi qu’une synthèse <strong>de</strong>s conditionsd’utilisation maximale.Finalement, une section estréservée <strong>au</strong>x ouvertures admissiblesdans un protecteur afin <strong>de</strong>tenir le travailleur à l’extérieur<strong>de</strong> la zone <strong>de</strong> danger.Cette publication est disponibleuniquement sur le siteWeb <strong>de</strong> l’IRSST.La substitution<strong>de</strong>s solvants parle diméthylsulfoxy<strong>de</strong>BÉGIN, Denis, Jérôme LAVOUÉet Michel GÉRIN, RapportB-062, 75 pages, 7,49 $.Le 1-bromopropane et lasubstitution <strong>de</strong>s solvantsBÉGIN, Denis et Michel GÉRIN,Rapport B-063, 46 pages, 6,42 $.La substitution <strong>de</strong>ssolvants par les nettoyantsaqueux – Le dégraissage<strong>de</strong>s mét<strong>au</strong>xLAVOUÉ, Jérôme, Denis BÉGINet Michel GÉRIN, RapportB-064, 138 pages, 10,70 $.L’inflammabilité, la toxicitéou le danger pour l’environnementque présentent les solvantsorganiques poussent les entreprisesà chercher <strong>de</strong>s produits<strong>de</strong> substitution. Une étu<strong>de</strong> apermis <strong>de</strong> produire <strong>de</strong>s monographiessur trois <strong>de</strong> ces produits,le 1-bromopropane, lediméthylsulfoxy<strong>de</strong> et les nettoyantsaqueux. Chaque documenttraite d’une substanceen particulier, présentant sespropriétés physicochimiques,ses utilisations potentielles, seseffets sur la santé et l’environnement,les nive<strong>au</strong>x d’expositionconnus, la réglementationpertinente ainsi que les aspectstechniques <strong>de</strong> son implantationet les métho<strong>de</strong>s <strong>de</strong> prévention.Ces documents peuventêtre particulièrement utiles <strong>au</strong>xhygiénistes industriels, <strong>au</strong>x mé<strong>de</strong>cinsdu travail et à d’<strong>au</strong>tresspécialistes du domaine.Programme d’interventionintégré sur les risquesbiologiques : l’exposition<strong>de</strong>s éboueurs <strong>au</strong>xbioaérosolsBOULIANE, Pierre, DeniseGILBERT, Jacques LAVOIE, DenisLALIBERTÉ et la <strong>CSST</strong>, Fichetechnique RF-282, 4 pages,gratuite.Cette fiche technique, qui présenteles faits saillants d’uneétu<strong>de</strong> <strong>de</strong> l’IRSST sur l’exposition<strong>de</strong>s éboueurs <strong>au</strong>x bioaérosols,s’adresse <strong>au</strong>x travailleursdu secteur <strong>de</strong> la collecte <strong>de</strong>sdéchets domestiques.Le travail <strong>de</strong>s éboueurs s’estcomplexifié <strong>au</strong> cours <strong>de</strong>s <strong>de</strong>rnièresannées et le moment estpropice pour procé<strong>de</strong>r à l’évaluation<strong>de</strong>s risques qu’ils encourentdans l’exercice <strong>de</strong> leurmétier et surtout, <strong>de</strong> rectifier letir en matière <strong>de</strong> protection et<strong>de</strong> prévention. L’IRSST s’intéresseà la question <strong>de</strong> la santéet <strong>de</strong> la sécurité <strong>de</strong> ces travailleurs<strong>de</strong>puis plusieurs années.Cette fiche porte plus particulièrementsur l’exposition <strong>au</strong>xbioaérosols. Elle constitue unsurvol <strong>de</strong> cette problématiqueet intègre <strong>de</strong>s statistiques et <strong>de</strong>sdéfinitions, mais <strong>au</strong>ssi le contexteet la métho<strong>de</strong> utilisée pour menerla recherche. Les résultats démontrentque certains types <strong>de</strong>collectes présentent <strong>de</strong>s nive<strong>au</strong>xd’exposition <strong>au</strong>x bioaérosolsnettement supérieurs <strong>au</strong>x valeurs<strong>de</strong> référence. Une série <strong>de</strong> mesuresd’hygiène et <strong>de</strong> moyens<strong>de</strong> prévention sont suggérés afin<strong>de</strong> diminuer les risques d’exposition,dont les effets peuventse traduire par <strong>de</strong>s problèmespulmonaires, cutanés ou encoregastro-intestin<strong>au</strong>x, ces <strong>de</strong>rniersétant souvent reliés à la collecte<strong>de</strong> déchets domestiquesbiodégradables.Cette publication est disponiblegratuitement sur les sitesWeb <strong>de</strong> l’IRSST et <strong>de</strong> l’Associationparitaire du secteur Affairesmunicipales (APSAM). Desexemplaires papier sont égalementofferts à l’APSAM.Travailleuses et travailleursatteints <strong>de</strong> lésionsmusculo-squelettiques :les stratégies <strong>de</strong> prise encharge en milieu <strong>de</strong> travaildans le secteur électrique/électronique <strong>de</strong> l’Île <strong>de</strong>Montréal – « Workready »Phase 1 : Volet qualitatifquébécoisSTOCK, Susan, SuzanneDEGUIRE, Raymond BARIL etMarie-Josée DURAND, RapportR-297, 82 pages, gratuit.On sait peu <strong>de</strong> choses sur le déroulement<strong>de</strong> la prise en charge<strong>de</strong>s travailleurs souffrant <strong>de</strong>lésions musculo-squelettiques(LMS) dans les entreprises.L’étu<strong>de</strong>, qui fait partie du projetinterprovincial Workready,visait à connaître cette réalité,les stratégies et les solutionsmises en place, ainsi que lesfacteurs qui contrarient ou facilitentces interventions. Leschercheurs ont examiné la situationdans 10 entreprises <strong>de</strong>ssecteurs électrique et électronique<strong>de</strong> l’île <strong>de</strong> Montréal, quiavaient tous <strong>de</strong>s cas <strong>de</strong> LMS et,pour la plupart, <strong>de</strong>s programmes<strong>de</strong> retour ou <strong>de</strong> maintien <strong>au</strong>travail par l’assignation temporaire.Leur rapport brosse unportrait complexe, lié à plusieurséléments, notamment : les nombreuxintervenants et leurs objectifsquelquefois conflictuels ;la communication parfois difficileavec les mé<strong>de</strong>cins traitants ;la difficulté <strong>de</strong>s superviseurs àconcilier les exigences <strong>de</strong> la productionet l’assignation temporaire; l’influence <strong>de</strong> l’intérêt <strong>de</strong>la direction sur la collaboration<strong>de</strong>s travailleurs et l’importance<strong>de</strong> la culture <strong>de</strong> l’entreprise dansle succès <strong>de</strong> l’intervention. Leschercheurs ont ainsi exploré lesbesoins <strong>de</strong>s différents acteurs envue d’élaborer maintenant <strong>de</strong>soutils <strong>de</strong> prise en charge par lesmilieux <strong>de</strong> travail.Cette publication est disponibleuniquement sur le siteWeb <strong>de</strong> l’IRSST.| Prévention <strong>au</strong> travail | Automne 2002 | 29


Recherche à l’IRSSTDéveloppement d’unmodèle intégré informatiquepour la planification<strong>de</strong> la ventilation dansles mines souterrainesFYTAS, Kostas, Rapport R-291,63 pages, 7 $.Mis <strong>au</strong> point en 1998 <strong>au</strong> Département<strong>de</strong> génie minier <strong>de</strong>l’Université Laval, le logicielEolaval permet <strong>de</strong> calculer lesdébits d’air frais qui satisfont<strong>au</strong>x normes gouvernementalespartout dans une mine souterraine.Le rapport présente lanouvelle version <strong>de</strong> ce logiciel<strong>de</strong> simulation, ses possibilitésd’utilisation et les calculs surlesquels il se fon<strong>de</strong>.Les améliorations permettent<strong>de</strong> tenir compte <strong>de</strong> lacompressibilité <strong>de</strong> l’air dansles mines profon<strong>de</strong>s ainsi que<strong>de</strong>s ventilateurs <strong>de</strong> renfort dansles branches d’une mine. Dotéed’une interface graphique compatibleavec Autocad, cettenouvelle version intègre lesoutils propres à Windows. Elleinclut également les courbescaractéristiques <strong>de</strong>s modèles <strong>de</strong>ventilateurs courants. L’utilisateurpeut obtenir une simulationvisuelle en trois dimensionsaprès avoir spécifié la taille etles caractéristiques <strong>de</strong> chaquebranche. Eolaval est présentementutilisé dans plusieursmines du Québec et ses prédictionsse sont avérées fiables.Intégration <strong>de</strong>s approchesbiomécaniques etergonomiques pourl’évaluation <strong>de</strong>s effetsd’une pratique libre<strong>de</strong> tâches <strong>de</strong> manutentionGAGNON, Michelineet Monique LORTIE, RapportR-293, 45 pages, 6,42 $.Cette étu<strong>de</strong> pluridisciplinaire,menée à l’Université <strong>de</strong> Montréalet à l’Université du Québecà Montréal, visait à créer uninstrument d’évaluation du travail<strong>de</strong> manutention. Les <strong>de</strong>uxscientifiques se sont particulièrementattardées à certainsaspects associés à <strong>de</strong>s risques<strong>de</strong> blessures : l’asymétrie <strong>de</strong>sefforts et <strong>de</strong> la posture, l’effortfourni et l’équilibre.Les sujets <strong>de</strong>vaient répéterune tâche <strong>de</strong> manutention surtrois formats <strong>de</strong> charge dansun contexte qui leur permettaitd’adapter leur mo<strong>de</strong> <strong>de</strong> fonctionnementd’un essai à l’<strong>au</strong>tre.Trois séries <strong>de</strong> données ontété compilées en parallèle :<strong>de</strong>s mesures biomécaniques,une grille d’analyse rempliepar <strong>de</strong>s observateurs externeset <strong>de</strong>s questions <strong>au</strong>x manutentionnairessur leur perception.Les <strong>au</strong>teures discutent<strong>de</strong> la pertinence <strong>de</strong> ces troisapproches et <strong>de</strong>s corrélationsqui s’établissent entre elles.La dépression etl’exposition <strong>au</strong>x champsélectromagnétiquesMcGREGOR, Douglas B.,Rapport R-300, 34 pages, 5,35 $.Depuis la fin <strong>de</strong> 1960, <strong>de</strong>sscientifiques se sont intéressés<strong>au</strong>x effets nocifs éventuels<strong>de</strong> l’exposition <strong>au</strong>x champsélectromagnétiques sur la santépsychologique et sur les risques<strong>de</strong> maladies chroniques pouvanten découler. Même si cesétu<strong>de</strong>s présentaient <strong>de</strong> nombreusesfaiblesses, elles ontsuscité <strong>de</strong> vifs débats tant dansle mon<strong>de</strong> scientifique que dansla population en général.Le rapport fait la recension<strong>de</strong>s données <strong>de</strong> recherches plusrécentes sur la relation entreles symptômes <strong>de</strong> la dépressionet la présence <strong>de</strong> champs électromagnétiques<strong>de</strong> fréquenceextrêmement basse. L’<strong>au</strong>teurconstate que la difficulté d’évaluerl’exposition, d’établir précisémentles symptômes et<strong>de</strong> tenir compte <strong>de</strong>s facteursconfusionnels complexifie particulièrementles trav<strong>au</strong>x épidémiologiquesdans ce domaine.Il souligne que la majorité <strong>de</strong>sétu<strong>de</strong>s acceptables n’ont pasdémontré une relation <strong>de</strong> c<strong>au</strong>seà effet entre l’exposition <strong>au</strong>xchamps électromagnétiques etla santé. Il conclut que l’étatactuel <strong>de</strong>s connaissances surles mécanismes biologiquesne permet pas d’établir <strong>de</strong> lienentre l’apparition <strong>de</strong> symptômes<strong>de</strong> dépression et l’exposition<strong>au</strong>x champs électromagnétiques<strong>de</strong> fréquence extrêmementbasse.Impact <strong>de</strong> l’entretien surla résistance <strong>au</strong> glissement<strong>de</strong>s planchersMASSICOTTE, André, SophieBOUDRIAS et FrançoisQUIRION, Rapport R-283,66 pages, 5,35 $.Au cours <strong>de</strong>s <strong>de</strong>rnières années,l’IRSST a financé plusieursétu<strong>de</strong>s afin d’évaluer les conditionsoptimales <strong>de</strong> nettoyage<strong>de</strong>s planchers dans divers milieux<strong>de</strong> travail, toujours dans lebut <strong>de</strong> réduire le nombre <strong>de</strong> lésionsengendrées par <strong>de</strong>s chutessur <strong>de</strong>s planchers glissants.Cette fois-ci, les chercheursont voulu savoir si l’entretien etl’usure attribuable à la circulationavaient une influence sur larésistance <strong>au</strong> glissement <strong>de</strong>splanchers. Le rapport présentele détail <strong>de</strong>s résultats obtenussur le terrain et en laboratoire,et consacre une <strong>de</strong> ses parties àl’étu<strong>de</strong> <strong>de</strong>s planchers recouverts<strong>de</strong> paraffine.Description <strong>de</strong>s risquesà la santé et à la sécuritédu travail <strong>de</strong> nettoyageavec jets d’e<strong>au</strong> sous h<strong>au</strong>teet très h<strong>au</strong>te pressionIMBEAU, Daniel, YvesMONTPETIT et Sylvie BERGERON,Rapport R-285, 63 pages, 7 $.Les travailleurs effectuant <strong>de</strong>strav<strong>au</strong>x <strong>de</strong> nettoyage industriel<strong>au</strong> jet d’e<strong>au</strong> sous h<strong>au</strong>te pressionsont exposés à <strong>de</strong>s risques<strong>de</strong> lésions professionnelles,dont la gravité va <strong>de</strong> la coupurejusqu’<strong>au</strong> sectionnement dupied. Les statistiques récenteset les plaintes <strong>de</strong>s milieux s’avérantinquiétantes, une équipe<strong>de</strong> recherche a procédé à unepremière étu<strong>de</strong> <strong>de</strong> la problématique,à la <strong>de</strong>man<strong>de</strong> <strong>de</strong> l’Associationsectorielle transport etentreposage (ASTE). Elle aainsi pu dresser le portrait <strong>de</strong>sgran<strong>de</strong>s catégories <strong>de</strong> risquesinhérents à ce travail, formuler<strong>de</strong>s recommandations pour réduireces risques, jeter les basesd’une formation à l’intention<strong>de</strong>s travailleurs et établir uneliste <strong>de</strong> critères d’évaluationpour le choix <strong>de</strong> bottes <strong>de</strong> protection.De tous les modèles<strong>de</strong> bottes présentement sur lemarché, <strong>au</strong>cun ne répondait<strong>au</strong>x critères <strong>de</strong> sélection. Lesdonnées contenues dans le rapportpourront cependant êtrerécupérées par les fabricantsafin <strong>de</strong> concevoir une botte plussécuritaire.AussiSafety of Mine HoistsControlled by ProgrammableSystemsPAQUES, Joseph-Jean, LouisGERMAIN, Ghislain FORTIN etRéal BOURBONNIÈRE, Gui<strong>de</strong>technique RF-275, 22 pages, 4,50 $.Bioaerosols in the Workplace:Evaluation, Controland Prevention Gui<strong>de</strong>GOYER, Nicole, Jacques LAVOIE,Louis LAZURE et GenevièveMARCHAND, Gui<strong>de</strong> techniqueT-24, 72 pages, 26,65 $. OCaroline FortinAnita RowanClaire Thivierge30| Prévention <strong>au</strong> travail | Automne 2002 |


Nouvelles recherchesAcci<strong>de</strong>ntsImpact du mo<strong>de</strong> <strong>de</strong> gestion<strong>de</strong>s changements technologiqueset organisationnelssur la santé et la sécuritédu travail en relation avecles représentations sociales<strong>de</strong> la SST(099-059)En raison <strong>de</strong> leur effet perturbateur,les changements technologiqueset organisationnelspeuvent susciter une h<strong>au</strong>sse notable<strong>de</strong>s lésions professionnelles.Ce phénomène semble liéà leur mo<strong>de</strong> <strong>de</strong> gestion et à lamanière dont les travailleurset les employeurs perçoivent lasanté et la sécurité du travail(SST). Cette recherche élargitet diversifie l’échantillonnaged’une étu<strong>de</strong> exploratoire antérieure.Elle évaluera les conséquences,tant positives quenégatives, du mo<strong>de</strong> <strong>de</strong> gestion<strong>de</strong>s changements technologiqueset organisationnels sur la SSTdans <strong>de</strong>s établissements <strong>de</strong>s secteurs<strong>de</strong>s services et <strong>de</strong> la fabricationindustrielle. Cette étu<strong>de</strong>i<strong>de</strong>ntifiera les façons <strong>de</strong> faireayant <strong>de</strong>s effets favorables à cetégard et les groupes <strong>de</strong> travailleursles plus à risque. Il seraensuite possible d’en dégager<strong>de</strong>s mesures préventives et <strong>de</strong>formuler <strong>de</strong>s recommandationspour améliorer la gestion duchangement. Ses résultats permettrontnotamment <strong>de</strong> mieuxcibler les actions concernant laSST, <strong>de</strong> mieux adapter la formationet d’améliorer l’efficacité<strong>de</strong>s efforts pour mobiliseremployeurs et travailleurs enversla prévention.Responsables : CamilleLegendre, Université <strong>de</strong>Montréal ; Denis Harrisson,Université du Québec à HullIntégration <strong>de</strong> la SST dèsla conception d’un projet<strong>de</strong> transformationorganisationnelle :une étu<strong>de</strong> exploratoiredans le secteur <strong>de</strong>s services(099-184)Les transformations subies par<strong>de</strong>s établissements du rése<strong>au</strong> <strong>de</strong>la santé et <strong>de</strong>s services soci<strong>au</strong>xdu Québec ont entraîné <strong>de</strong>srépercussions sur l’organisation<strong>de</strong>s services, la composition <strong>de</strong>séquipes et la santé et la sécuritédu travail (SST). Les scientifiquesprojettent <strong>de</strong> documenterla manière dont on peut favoriserl’intégration <strong>de</strong> la SST dès laconception d’un projet <strong>de</strong> transformationorganisationnelle.Elles analyseront d’abord uneintervention interdisciplinaired’accompagnement d’un projet<strong>de</strong> transformation dans uncentre <strong>de</strong> jour. Ensuite, elles étudieront,en temps réel, un projet<strong>de</strong> transformation organisationnelledans le secteur <strong>de</strong>s services.Parallèlement, elles procé<strong>de</strong>rontà une recension <strong>de</strong>s écritsscientifiques en accordant uneattention particulière <strong>au</strong>x recommandationset <strong>au</strong>x constatssusceptibles <strong>de</strong> minimiser lesconséquences négatives sur laSST. Des outils d’intervention<strong>de</strong>stinés à sensibiliser les établissements<strong>au</strong>x enjeux <strong>de</strong> SSTseront <strong>au</strong>ssi élaborés.Responsables : Élise Ledoux,IRSST ; Fernan<strong>de</strong> Lamon<strong>de</strong>,Université Laval ; ChantalAurousse<strong>au</strong>, chercheuse<strong>au</strong>tonomeSubstanceschimiques et agentsbiologiquesCaractérisation <strong>de</strong>la relation « Exposition –Indicateur biologiqued’exposition »pour le n-hexane(099-171)La documentation et la quantification<strong>de</strong>s princip<strong>au</strong>x facteurssusceptibles d’influencerles données <strong>de</strong> surveillancebiologique <strong>de</strong> l’exposition <strong>au</strong>xcontaminants a soulevé entre<strong>au</strong>tres questions celle <strong>de</strong> larelation précise qui existeentre l’exposition <strong>au</strong> n-hexane(n-HEX) et l’excrétion urinaire<strong>de</strong> la 2,5-hexanedione (2,5-HD)chez les travailleurs exposés à cesolvant. Actuellement, l’AmericanConference of GovernmentalIndustrial Hygienists remeten c<strong>au</strong>se l’utilisation <strong>de</strong> la valeur<strong>de</strong> référence <strong>de</strong> l’indicateur biologiqued’exposition, la 2,5-HDtotale urinaire, employée <strong>de</strong>puis<strong>de</strong> nombreuses années. Les chercheursferont donc <strong>de</strong>s vérificationsexpérimentales <strong>au</strong>près <strong>de</strong>volontaires, dans <strong>de</strong>s conditionscontrôlées en laboratoire, pourobtenir une <strong>de</strong>scription exactedu lien « Exposition <strong>au</strong> n-HEX –Excrétion <strong>de</strong> la 2,5-HD ». Cetteconnaissance <strong>de</strong>vrait permettreune surveillance plus judicieuse<strong>de</strong> l’exposition <strong>au</strong> n-HEX ence qui concerne la significationet l’interprétation <strong>de</strong> l’indicebiologique d’exposition. Lesrésultats <strong>de</strong> ce travail <strong>au</strong>ront <strong>de</strong>séchos sur la scène scientifiqueinternationale.Responsables : Robert Tardif,Université <strong>de</strong> Montréal ;Ginette Truchon, IRSSTDéveloppement <strong>de</strong>métho<strong>de</strong>s analytiquespour la détection à h<strong>au</strong>tesensibilité <strong>de</strong>s isocyanatesen milieu <strong>de</strong> travail(099-192)Les isocyanates sont <strong>de</strong>s irritantset <strong>de</strong>s sensibilisants respiratoireset cutanés, dont l’asthme professionnelconstitue la manifestationla plus grave. Dans diversessituations, l’utilité <strong>de</strong>s métho<strong>de</strong>sactuelles servant à doser cessubstances s’avère limitée enraison <strong>de</strong> leur sensibilité insuffisante,soit environ 5 % <strong>de</strong> lavaleur d’exposition moyennepondérée. Un procédé analytiqueplus sensible et spécifiquepermettrait entre <strong>au</strong>tres <strong>de</strong>mieux documenter les milieux<strong>de</strong> travail présentant <strong>de</strong> faiblesconcentrations d’isocyanates.Les chercheurs élaboreront <strong>de</strong>smétho<strong>de</strong>s d’analyse pour détecter<strong>de</strong> bas nive<strong>au</strong>x <strong>de</strong> fonctionsisocyanates en contexte industriel.Les clientèles <strong>de</strong> l’Institutet <strong>de</strong> la <strong>CSST</strong> disposeront ainsid’un outil utile pour la prise <strong>de</strong>décision concernant le choix <strong>de</strong>séquipements <strong>de</strong> protection personnelleappropriés, l’organisationplus sécuritaire du travail,la réaffectation <strong>de</strong>s travailleurssensibilisés et la détermination<strong>de</strong>s nive<strong>au</strong>x d’isocyanates nonréagis dans divers matéri<strong>au</strong>x. Ladiffusion <strong>de</strong>s résultats dans lescommun<strong>au</strong>tés scientifiques québécoiseet internationale permettraà l’IRSST <strong>de</strong> faire valoirune approche novatrice contribuantà l’enrichissement <strong>de</strong>sconnaissances dans ce domaine.Responsables : Jacques Lesage,Yves Cloutier et Cl<strong>au</strong><strong>de</strong>Ostiguy, IRSSTSécurité <strong>de</strong>s outils,<strong>de</strong>s machines et <strong>de</strong>sprocédés industrielsLa maintenance :état <strong>de</strong> la connaissanceet étu<strong>de</strong> exploratoire(099-203)Présentes dans toutes les entreprises,les activités <strong>de</strong> maintenancepeuvent avoir <strong>de</strong>sconséquences préjudiciablespour la sécurité <strong>de</strong> tous les employés.D’ailleurs, pas moins <strong>de</strong>12 travailleurs sont décédés <strong>de</strong>puisaoût 1999 lors d’opération<strong>de</strong> maintenance ou à la suite d’undysfonctionnement du service.Cette recherche exploratoirepermettra d’obtenir une meilleurevision et une meilleurecompréhension <strong>de</strong>s activités <strong>de</strong>maintenance en rapport avecla santé et la sécurité du travail.Il s’agira notamment <strong>de</strong> documenterces tâches, <strong>de</strong> dresserun portrait <strong>de</strong> cette question <strong>au</strong>Québec et dans d’<strong>au</strong>tres paysindustrialisés et <strong>de</strong> créer uneéquipe multidisciplinaire.Après un examen <strong>de</strong> la bibliographieet <strong>de</strong>s rapports d’acci<strong>de</strong>ntsgraves ou mortels, lesscientifiques procé<strong>de</strong>ront à unerapi<strong>de</strong> étu<strong>de</strong> sur le terrain etanalyseront certains logiciels<strong>de</strong> gestion <strong>de</strong> la maintenanceassistée par ordinateur.Responsables : L<strong>au</strong>rent Gir<strong>au</strong>d,Joseph-Jean Paques et ÉliseLedoux, IRSST ; Ait-Kadi Daoud,Université Laval OClaire ThiviergeJacques Millette| Prévention <strong>au</strong> travail | Automne 2002 | 31


Les acci<strong>de</strong>ntsnous parlentUn méchantcoup !1Décembre 2000.Sur un chantier<strong>de</strong> construction,une grue soulèveune poutre pour la dirigervers son emplacementdans la structure.Soudain, la poutrese décroche et tombe<strong>au</strong> moment où ellepasse juste <strong>au</strong>-<strong>de</strong>ssusd’un travailleur.Que s’est-il passé ?Le chantier est celui d’une future usine<strong>de</strong> fabrication <strong>de</strong> feuilles <strong>de</strong> cuivre. Lacharpente comporte <strong>de</strong>s sections <strong>de</strong> bétonet <strong>de</strong>s structures d’acier. Deux monteursd’acier s’apprêtent à boulonnerune poutre à <strong>de</strong>s colonnes. Le premierdoit exécuter sa tâche à bord d’une nacelleélévatrice, alors que le second setient sur la structure déjà en place, touten étant bien attaché par un harnais <strong>de</strong>sécurité. Les poutres sont dirigées versles travailleurs à l’ai<strong>de</strong> d’une grue. Unouvrier place une attache à étranglement<strong>au</strong> centre <strong>de</strong> la poutre et accrochela boucle <strong>de</strong> l’élingue <strong>au</strong> crochet munid’un linguet <strong>de</strong> sécurité. Au premieressai, la charge ne se maintient pasen position horizontale. Elle est re<strong>de</strong>scendue<strong>au</strong> sol. Deuxième essai : nonconcluant. Chaque fois, le grutier doitrelâcher la tension sur l’élingue. Latroisième levée est la bonne. Mais lerelâchement <strong>de</strong> la tension, combiné à latorsion <strong>de</strong> l’élingue, permet à la boucled’exécuter un quart <strong>de</strong> rotation dans lecrochet et <strong>de</strong> prendre appui sur lelinguet <strong>de</strong> sécurité plutôt que dans lagorge du crochet (figure 1). Le grutierachemine la poutre <strong>au</strong> monteur setrouvant sur la structure. Alors qu’ellese trouve <strong>au</strong>-<strong>de</strong>ssus <strong>de</strong> ce <strong>de</strong>rnier, lelinguet <strong>de</strong> sécurité cè<strong>de</strong> sous le poids.La poutre s’échappe et frappe le monteurd’acier situé en contrebas. Ellecontinue son trajet et heurte le <strong>de</strong>ssusdu gar<strong>de</strong>-corps <strong>de</strong> la nacelle où setrouve le <strong>de</strong>uxième travailleur, qui, parun heureux hasard, est accroupi àce moment-là. Ce <strong>de</strong>rnier <strong>au</strong>ra la vies<strong>au</strong>ve. Son collègue n’<strong>au</strong>ra pas eu lamême chance, hélas ! Par un be<strong>au</strong> dimancheensoleillé, il perd la vie tandisque <strong>de</strong>ux enfants per<strong>de</strong>nt un père…Qu’<strong>au</strong>rait-il fallu faire ?Lorsque la poutre s’est décrochée, ellese trouvait <strong>au</strong>-<strong>de</strong>ssus du monteur qui<strong>de</strong>vait la recevoir. Elle n’<strong>au</strong>rait jamaisdû se trouver à cet endroit, comme lestipule le Co<strong>de</strong> <strong>de</strong> sécurité pour lestrav<strong>au</strong>x <strong>de</strong> construction.Lors du transport <strong>de</strong> la poutre,les élingueurs étaient attentifs à son2 3équilibre plutôt qu’à l’attache <strong>de</strong>l’élingue. Il f<strong>au</strong>t toujours s’assurerque la charge et l’élingue sont bienaccrochées dans la gorge du crochet.L’emploi d’une seule élingue à étranglementne permet pas <strong>de</strong> soulever <strong>de</strong>longues pièces <strong>de</strong> façon sécuritaire.Lorsqu’un grutier soulève, dépose etsoulève <strong>de</strong> nouve<strong>au</strong> une charge, lerelâchement <strong>de</strong> tension permet à laboucle <strong>de</strong> l’élingue <strong>de</strong> pivoter dans lecrochet. Si la boucle prend appui surle linguet, un phénomène <strong>de</strong> roll out(risque <strong>de</strong> décrochage) est susceptible<strong>de</strong> se produire. L’utilisation d’un crochet<strong>au</strong>tobloquant, possédant idéalementun dispositif <strong>de</strong> verrouillage,permet d’éviter ce phénomène (figures2 et 3). OJulie MélançonNos personnes ressources : L<strong>au</strong>rent Desbois,ingénieur, Yvon Papin, conseiller, Jean-PierreChevrier, inspecteur, et André Turcot, ingénieur,tous quatre <strong>de</strong> la Direction <strong>de</strong> la préventioninspection<strong>de</strong> la <strong>CSST</strong>.Illustrations Ronald Du Repos32 | Prévention <strong>au</strong> travail | Automne 2002 |


Santé et sécurité en images● La violence <strong>au</strong> travail :le problème qui dégénèreCote VC-001404 – Durée 15 minutesLa violence est un souci croissant dans notre société,particulièrement <strong>au</strong> travail. Mais elle n’est pas et ne doitpas <strong>de</strong>venir un risque du métier, quel que soit l’emploi.La violence peut se manifester par un acte anodinen apparence, qu’on ne remarque peut-être pas<strong>de</strong> prime abord, qu’on minimise ou qu’on choisitd’ignorer. Puis se produit une escala<strong>de</strong> qui mène àune explosion. Aussi est-il important <strong>de</strong> savoir enreconnaître les manifestations, <strong>de</strong> les évaluer et <strong>de</strong>les maîtriser avant que le problème s’aggrave. Telssont les objectifs <strong>de</strong> cette vidéo. Évi<strong>de</strong>mment, ellene permet pas <strong>de</strong> résoudre le problème <strong>de</strong> violence<strong>au</strong> travail en 20 minutes. Elle nous apprend parcontre à gar<strong>de</strong>r l’œil ouvert sur <strong>de</strong>s comportementspouvant donner prise à la violence : harcèlement,blagues déplacées <strong>de</strong> nature sexiste, raciste,religieuse ou sexuelle. À neutraliser dans l’œufce qui pourrait dégénérer en violence physique.Une production <strong>de</strong> ESAO (The Education SafetyAssociation of Ontario).▲ La conduite<strong>de</strong>s chariots <strong>au</strong>tomoteursCote VC-001410 – Durée 24 minutesLa vidéo <strong>au</strong>rait pu tout <strong>au</strong>ssi bienporter le titre Tout ce que vous aveztoujours voulu savoir sur les chariotsélévateurs. Un véritable marathon.Au départ, les qualités exigées d’uncariste, sa formation en prévention,ses responsabilités et celles <strong>de</strong> sonemployeur. À l’arrivée, le remisage<strong>de</strong> l’engin après le travail. Entre les<strong>de</strong>ux, un parcours détaillé où rienn’est oublié : les éléments constitutifsdu chariot et ses éléments protecteurs.Sa vérification mécaniquepréventive. Les règles <strong>de</strong> chargementet <strong>de</strong> déchargement, <strong>de</strong> gerbage et<strong>de</strong> dégerbage. Une attention touteparticulière est accordée <strong>au</strong>x risques<strong>de</strong> la conduite et <strong>au</strong>x aléas qui, sansprévention, risquent <strong>de</strong> c<strong>au</strong>ser <strong>de</strong>sacci<strong>de</strong>nts, tels le déséquilibre <strong>de</strong> lacharge, le renversement, le basculement,la collision. Évi<strong>de</strong>mment, leparcours est parsemé <strong>de</strong> consignes et<strong>de</strong> façons <strong>de</strong> faire pour prévenir cesacci<strong>de</strong>nts. Cette vidéo est une productionfrançaise <strong>de</strong> A.G.E. (groupeéditions législatives).● Les risques et les mesures<strong>de</strong> prévention dans un atelier<strong>de</strong> maintenanceCote VC-001421 – Durée 13 minutesLa vidéo présente en rafale une vingtaine<strong>de</strong> situations <strong>de</strong> risque susceptibles<strong>de</strong> survenir dans un atelier <strong>de</strong>maintenance. D’une façon simple etpercutante, elle illustre les acci<strong>de</strong>ntspotentiels, les moyens à prendre,les comportements à adopter et lesconsignes à respecter pour éviterqu’ils ne se produisent. Tout y passeou presque : désordre, lutte contre lesincendies, arrimage <strong>de</strong>s bonbonnesd’acétylène ou d’oxygène, étincelles,cope<strong>au</strong>x générés par la perceuse, piècesen mouvement, meules, prises électriquesdéfectueuses, fils électriquesdétériorés ou rafistolés, m<strong>au</strong>vaises positionslors <strong>de</strong> la manutention, élingues,échaf<strong>au</strong>dages, échelles, lieux <strong>de</strong> travailen h<strong>au</strong>teur, boîtes électriques, chariotsélévateurs, premiers soins. Les situationssont recréées à l’ai<strong>de</strong> <strong>de</strong> <strong>de</strong>ssinsanimés numérisés. Cœurs sensibless’abstenir ! Une <strong>au</strong>tre production <strong>de</strong>A.G.E (groupe éditions législatives). OSuzanne LabrecqueModalités d’emprunt àl’<strong>au</strong>diovidéothèque <strong>de</strong> la <strong>CSST</strong>Les documents vidéo sont prêtés gratuitement.Il suffit <strong>de</strong> remplir et <strong>de</strong> signerune <strong>de</strong>man<strong>de</strong> d’emprunt. Toute personnepeut venir chercher et rapporter les vidéocassettes,pendant les heures <strong>de</strong> bure<strong>au</strong>— 8 h 30 à 16 h 30 —, du lundi <strong>au</strong> vendredi.Le visionnement peut se faire surplace, moyennant réservation <strong>de</strong> la salle(capacité <strong>de</strong> quatre personnes). L’<strong>au</strong>diovidéothèquepeut <strong>au</strong>ssi expédier lesdocuments à l’emprunteur ; la <strong>CSST</strong> paieles frais d’expédition mais les frais <strong>de</strong>retour sont à la charge <strong>de</strong> l’emprunteur.Pour obtenir un formulaire <strong>de</strong> <strong>de</strong>man<strong>de</strong>,pour réserver la salle <strong>de</strong> visionnementou emprunter une vidéocassette :Téléc. (514) 906-3024Tél. (514) 906-3085 ou 1 888 873-3160Courriel : <strong>au</strong>diovi<strong>de</strong>otheque@csst.qc.ca1199, rue De Bleury, 4 e étageMontréal (Québec) H3B 3J1● Information grand public▲ Information spécialisée■ Avec document ou gui<strong>de</strong>d’accompagnement| Prévention <strong>au</strong> travail | Automne 2002 | 33


Tolérance zéro à l’égard <strong>de</strong>sPar Suzanne CohenPetite histoired’une fameuse idéeconcrétiséetambour battant.Et par ici le bilan…Pendant trop longtemps,la mort a fait partie <strong>de</strong>s statistiques« naturelles » et « obligées » du secteur<strong>de</strong> la construction. « Il a fallu attendrel’érection du Gol<strong>de</strong>n Gate Bridge <strong>de</strong>San Francisco, dans les années 1930,pour que l’on commence à mettre enplace <strong>de</strong>s filets <strong>de</strong> sécurité pendantla construction <strong>de</strong>s ponts 1 », rappelleAlain Auger, chef du Service bâtimentet trav<strong>au</strong>x publics à la Direction <strong>de</strong>la prévention-inspection <strong>de</strong> la <strong>CSST</strong>.« À cette époque, poursuit-il, les entrepreneursprévoyaient les décès<strong>de</strong> travailleurs selon leur budget. Ilsestimaient en effet comme une bonneperformance en sécurité <strong>de</strong> déplorermoins d’un décès par million <strong>de</strong> dollars<strong>de</strong> trav<strong>au</strong>x. »Malgré les progrès réalisés sur leschantiers <strong>de</strong> construction <strong>au</strong> fil <strong>de</strong>sans, un certain fatalisme semblaitencore <strong>de</strong> mise il y a à peine cinq ansdans ce secteur d’activité. Avec pourrésultat un nombre toujours inacceptable<strong>de</strong> morts pourtant évitables.Constat navrant : les efforts déployés<strong>de</strong>puis longtemps par les spécialistes<strong>de</strong> la prévention et les inspecteurs <strong>de</strong>la <strong>CSST</strong> ne réussissaient pas à fairebaisser les sinistres statistiques.Sortir la mort du chantier !Afin <strong>de</strong> donner le coup <strong>de</strong> grâce à cettementalité coriace, fataliste, et dans lebut d’éliminer sans complaisance lesprincip<strong>au</strong>x dangers mortels dans le1. Onze ouvriers y ont laissé la vie, mais19 <strong>au</strong>tres ont été s<strong>au</strong>vés grâce <strong>au</strong> filet <strong>de</strong>sécurité inventé par Joseph B. Str<strong>au</strong>ss, créateurdu célèbre pont.Plan d’actionGérard Bibe<strong>au</strong>, vice-prési<strong>de</strong>nt <strong>au</strong>xopérations et instigateur du pland’action construction, évoquel’envergure du défi relevé : « Il nousfallait mettre <strong>au</strong> point une approchecohérente qui fasse l’unanimité,<strong>au</strong>tant à l’interne qu’à l’externe. »secteur <strong>de</strong> la construction, la Viceprési<strong>de</strong>nce<strong>au</strong>x opérations, en collaborationavec la Direction <strong>de</strong> laprévention-inspection <strong>de</strong> la <strong>CSST</strong>, aélaboré un plan d’action sans précé<strong>de</strong>nt.« Le problème était sérieux etnécessitait l’intervention concertée <strong>de</strong>tous les acteurs du secteur <strong>de</strong> la construction», déclare Gérard Bibe<strong>au</strong>, viceprési<strong>de</strong>nt<strong>au</strong>x opérations et instigateurdu projet. C’est, par conséquent, cequi l’a incité à mobiliser <strong>au</strong>tour <strong>de</strong>la question l’ensemble <strong>de</strong>s directionsrégionales <strong>de</strong> la <strong>CSST</strong> ainsi que lesemployeurs, les travailleurs et les associationsqui les représentent. Puis <strong>de</strong>les amener à adopter, à l’échelle duQuébec, un cri <strong>de</strong> ralliement communface à ces dangers : TOLÉRANCEZÉRO ! « On a examiné les grandsrisques du secteur <strong>de</strong> la construction,Photo Yves Be<strong>au</strong>lieules dangers sur lesquels tout le mon<strong>de</strong>s’entend, explique le vice-prési<strong>de</strong>nt, eton a pris les moyens pour remédier àla situation. Il fallait mettre <strong>au</strong> point,par rapport à ces dangers, une approchecohérente qui fasse l’unanimité <strong>au</strong>tantà l’interne qu’à l’externe. » NormandP<strong>au</strong>lin, directeur <strong>de</strong> la santé et <strong>de</strong>la sécurité à la Direction régionale <strong>de</strong>la M<strong>au</strong>ricie et du Centre-du-Québecet membre du comité <strong>de</strong> suivi, résumebien la situation : « Auparavant, lesinterventions <strong>de</strong>s inspecteurs étaienttrès variables d’une région à l’<strong>au</strong>treou même d’un inspecteur à l’<strong>au</strong>tre.Le plan d’action présente le grandavantage d’établir la liste <strong>de</strong>s dangersconsidérés comme prioritaires et <strong>de</strong>smoyens d’intervention uniformes. »Carol-Ann Griffin, directrice <strong>de</strong> lasanté et <strong>de</strong> la sécurité à la Directionrégionale <strong>de</strong> l’Île-<strong>de</strong>-Montréal–1,qui siège <strong>au</strong> même comité, ajoute :« L’idée consistait à rallier les inspecteurs<strong>au</strong>tour <strong>de</strong> cibles communes<strong>de</strong> TOLÉRANCE ZÉRO et à envoyer<strong>de</strong>s messages clairs <strong>au</strong> milieu <strong>de</strong> laconstruction. »Un plan évolutifLe plan d’action est simple. Chaqueannée, un important danger pouvantprovoquer <strong>de</strong>s décès est ciblé sur leschantiers. Tout en incitant ses directionsrégionales à se concerter en vue<strong>de</strong> l’adoption d’une position communepar rapport <strong>au</strong> danger ciblé, la <strong>CSST</strong>invite les représentants patron<strong>au</strong>x etsyndic<strong>au</strong>x concernés à participer, dansun esprit <strong>de</strong> partenariat, à l’adoption <strong>de</strong>solutions qui feront l’unanimité et quiseront diffusées dans l’ensemble dusecteur. Normand P<strong>au</strong>lin commente :« Les employeurs estiment <strong>au</strong> débutque l’utilisation d’équipements <strong>de</strong> sécuritéest contraignante. En s’asseyantet en discutant avec eux, on finit partrouver <strong>de</strong>s solutions acceptables danstoutes les situations. On leur montreque l’application <strong>de</strong> mesures <strong>de</strong> santéet <strong>de</strong> sécurité est tout à fait compatibleavec leur souci d’efficacité. Elle peutmême <strong>au</strong>gmenter la productivité danscertains cas. »34| Prévention <strong>au</strong> travail | Automne 2002 |


constructiondangers <strong>de</strong> mortUne fois le consensus établi <strong>au</strong>tourdu danger en question et les outils d’informationproduits, la <strong>CSST</strong> lance unplan d’action intensif qui s’étend surtrois ans. La première année, en collaborationavec ses partenaires, ellesensibilise les employeurs et les travailleurset mène une campagne d’informationsur les exigences relatives <strong>au</strong>danger ciblé. La <strong>de</strong>uxième année, lesinspecteurs qui constatent <strong>de</strong>s dérogations<strong>au</strong>x règles convenues exigentl’arrêt <strong>de</strong>s trav<strong>au</strong>x et <strong>de</strong>man<strong>de</strong>nt lacorrection immédiate <strong>de</strong>s situationsjugées dangereuses ou à h<strong>au</strong>t risque.La troisième année, ils appliquent leprincipe <strong>de</strong> la TOLÉRANCE ZÉRO !Outre qu’ils suspen<strong>de</strong>nt les trav<strong>au</strong>x,ils recomman<strong>de</strong>nt qu’on délivre <strong>de</strong>sconstats d’infraction <strong>au</strong>x employeurset <strong>au</strong>x contremaîtres pris en déf<strong>au</strong>t.Même les travailleurs f<strong>au</strong>tifs sont sanctionnés,notamment ceux qui négligent<strong>de</strong> s’attacher en h<strong>au</strong>teur quand leuremployeur leur fournit les équipements<strong>de</strong> protection nécessaires. À cet égard,Gérard Bibe<strong>au</strong> précise : « Au début, onne donnait <strong>de</strong>s constats qu’<strong>au</strong>x monteurs<strong>de</strong> structures d’acier. Maintenanton en donne <strong>au</strong>ssi à tous ceux qui travaillenten h<strong>au</strong>teur sans s’attacher, peuimporte leur corps <strong>de</strong> métier. » Finalement,<strong>de</strong>puis novembre 2000, les constatsd’infraction sont publiés dans lesquotidiens et les journ<strong>au</strong>x loc<strong>au</strong>x.Jusqu’à maintenant, plusieurs centainesd’avis ont ainsi été publiés et ce moyensemble avoir un très fort effet dissuasif<strong>au</strong>près <strong>de</strong>s entrepreneurs.Déjà, plusieurs dangers ont étéplacés dans la mire <strong>de</strong> ce plan d’actionévolutif : les dangers liés <strong>au</strong>x trav<strong>au</strong>xd’excavation et <strong>de</strong> tranchées, y comprisceux exécutés près <strong>de</strong>s lignes électriques,<strong>au</strong>x trav<strong>au</strong>x en h<strong>au</strong>teur, <strong>au</strong>xéchaf<strong>au</strong>dages et à l’utilisation d’uneéchelle. En 2002, on met l’accent surles dangers associés <strong>au</strong>x trav<strong>au</strong>x susceptibles<strong>de</strong> produire <strong>de</strong>s poussièresd’amiante. Pour ce danger, le consensusest le suivant. Obligation d’établir<strong>de</strong>s métho<strong>de</strong>s <strong>de</strong> travail, notamment ence qui a trait à la détermination du typed’amiante ; <strong>de</strong> placer immédiatementles débris qui en contiennent dans<strong>de</strong>s contenants étanches ; <strong>de</strong> porterl’équipement <strong>de</strong> protection respiratoireapproprié ; d’aménager une enceinteétanche entre l’aire <strong>de</strong> décontaminationet l’aire <strong>de</strong> travail ; et d’assurerune ventilation efficace. Enfin, on délivrera<strong>de</strong>s constats d’infraction <strong>au</strong>x responsables<strong>de</strong> chantiers lorsque <strong>au</strong>cunavis d’ouverture <strong>de</strong> chantier n’<strong>au</strong>ra ététransmis à la <strong>CSST</strong>, ou que cet avisn’<strong>au</strong>ra pas fait mention <strong>de</strong> la présenced’amiante.Pour ce qui est <strong>de</strong>s dangers liés àl’utilisation <strong>de</strong>s échaf<strong>au</strong>dages, la sensibilisationprogresse à grands pas. Pasmoins <strong>de</strong> huit associations patronaleset syndicales ou paritaires ont collaboréactivement à la formulation <strong>de</strong>règles <strong>de</strong> sécurité approuvées <strong>de</strong> façonconsensuelle. Le logo <strong>de</strong>s associationsconcernées figure d’ailleurs fièrementsur la documentation distribuée àgran<strong>de</strong> échelle pour faire connaître cesmesures. Sylvie Thib<strong>au</strong>lt, conseillère àla Direction <strong>de</strong>s communications <strong>de</strong> la<strong>CSST</strong>, est responsable <strong>de</strong>s communicationsen construction. Elle reconnaîtque cette façon <strong>de</strong> procé<strong>de</strong>r comporte<strong>de</strong> multiples avantages : « Jusqu’ici, lespartenaires nous ont donné un sérieuxLes trav<strong>au</strong>xen h<strong>au</strong>teuront été dansla mire duplan d'actionévolutifévoqué parGérard Bibe<strong>au</strong>.Désormais,<strong>de</strong>s constatsd'infractionsont donnés àtous ceux quitravaillenten h<strong>au</strong>teursans s'attacher.Photo Ken Davies / Masterfile| Prévention <strong>au</strong> travail | Automne 2002 | 35


coup <strong>de</strong> pouce pour la distribution <strong>de</strong>sdocuments d’information. Imaginez laportée <strong>de</strong>s logos <strong>de</strong> toutes les associationssur les publications <strong>au</strong>x yeux<strong>de</strong>s travailleurs, le message est d’<strong>au</strong>tantplus fort ! Ces associations, qui sonten contact avec leur clientèle tous lesjours, <strong>de</strong>viennent <strong>de</strong>s agents multiplicateursdu message. Quand on arrive àla phase <strong>de</strong> TOLÉRANCE ZÉRO, personnene peut prétendre ne pas en avoirentendu parler. » Normand P<strong>au</strong>lin commenteainsi cette métho<strong>de</strong> <strong>de</strong> travail :« L’idée n’est pas <strong>de</strong> prendre les gensen déf<strong>au</strong>t, mais plutôt <strong>de</strong> leur fairecomprendre que la <strong>CSST</strong> ne tolère plusces situations. Nous avons tout intérêtà permettre à nos adhérents <strong>de</strong> prendreeux-mêmes conscience <strong>de</strong> la gravité<strong>de</strong>s dangers, <strong>de</strong> changer progressivement<strong>de</strong> mentalité et <strong>de</strong> corriger lessituations inacceptables. Cela allègequelque peu le travail <strong>de</strong>s inspecteursqui peuvent alors concentrer leurs interventions<strong>au</strong>près <strong>de</strong>s employeurs, <strong>de</strong>scontremaîtres et <strong>de</strong>s travailleurs qui netiennent pas compte <strong>de</strong>s messages quileur sont adressés. »Pour faire passer ses messages, la<strong>CSST</strong> a diffusé <strong>de</strong>s publicités percutantesqui ont eu un effet remarquable.On en a parlé sur la place publique.Les messages ont atteint un publiccible plus large que prévu. Selon lesson<strong>de</strong>urs, les résultats dépassent lesnormes d’efficacité établies par lesfirmes <strong>de</strong> sondage. Les campagnes <strong>de</strong>publicité ont contribué à influencerun changement <strong>de</strong> comportement enmatière <strong>de</strong> sécurité sur les chantiers duQuébec. Sylvie Thib<strong>au</strong>lt ajoute : « Descapsules <strong>de</strong> sécurité ont <strong>au</strong>ssi été produitesdans le cadre <strong>de</strong> la série téléviséeHabitaction, une émission grandpublic qui traite <strong>de</strong> construction et <strong>de</strong>rénovation dans le secteur rési<strong>de</strong>ntiel.Des annonces sont également publiéesdans diverses revues spécialisées, dontQuébec construction, Construire, etc.En outre, les communicateurs <strong>de</strong>s21 bure<strong>au</strong>x région<strong>au</strong>x <strong>de</strong> la <strong>CSST</strong>prennent le relais pour répandre lemessage dans les régions. » À celas’ajoutent <strong>de</strong>s blitz d’inspection sur leschantiers rési<strong>de</strong>ntiels : en 2001, près <strong>de</strong>80 inspecteurs <strong>de</strong> la <strong>CSST</strong>, spécialistes<strong>de</strong> la construction, ont visité plus <strong>de</strong>1 229 chantiers et rencontré près <strong>de</strong>4 500 travailleurs et 931 employeurs.En parallèle, quatorze étudiants ontentrepris <strong>de</strong>s tournées d’informationAction ! Monsieur Picole (à g<strong>au</strong>che), incarné par l’humoriste FrançoisLéveillée, et l’inspecteur Serge Dion <strong>de</strong> la Direction régionale <strong>de</strong> Québec,en pleine répétition d’une émission <strong>de</strong> la série Habitaction télédiffuséesur les on<strong>de</strong>s <strong>de</strong> TQS. La <strong>CSST</strong> a été l’un <strong>de</strong>s commanditaires <strong>de</strong> l’émissionen 2000 et 2001. Treize capsules <strong>de</strong> prévention « La minute <strong>de</strong> sécurité surles chantiers » ont été présentées <strong>au</strong>x téléspectateurs.Des annonces ont paru dansplusieurs revues spécialisées, histoire<strong>de</strong> s’assurer que le messages’infiltre partout. En matière<strong>de</strong> sécurité sur les chantiers,pas <strong>de</strong> relâche !dans 1 345 chantiers, dont 1 071 chantiersrési<strong>de</strong>ntiels. Jean-Louis Morency,directeur <strong>de</strong> la santé et sécurité à laDirection régionale <strong>de</strong> Québec et <strong>au</strong>ssimembre du comité <strong>de</strong> suivi, était responsable<strong>de</strong> ce volet. Il précise que la<strong>CSST</strong> s’est faite plus présente sur leschantiers rési<strong>de</strong>ntiels et les petits chantiers.Les entrepreneurs et les travailleurs,qui avaient été avisés <strong>de</strong> cesvisites, ont très bien accueilli l’initiative.Il mentionne <strong>au</strong>ssi qu’on note, <strong>de</strong>puis,une nette amélioration sur ces chantiers.Un moyen <strong>de</strong> gestion rentableComme Alain Auger le fait remarquer,« plusieurs employeurs se sont renducompte que la prévention peut faire réaliser<strong>de</strong>s économies, en particulier ceuxqui font partie <strong>de</strong> mutuelles <strong>de</strong> préventiondont les primes ont baissé. C’estsans compter les in<strong>de</strong>mnités pour <strong>de</strong>sacci<strong>de</strong>nts qui ne sont pas survenus. Ilsont <strong>au</strong>ssi pris conscience que les adaptationsrendaient les trav<strong>au</strong>x moins coûteuxen fin <strong>de</strong> compte. Par exemple, <strong>au</strong>début, les monteurs <strong>de</strong> structures d’acierenvisageaient avec réticence l’utilisation<strong>de</strong> plates-formes élévatrices. Maintenant,ils ne veulent plus se passer <strong>de</strong> cesengins qui permettent d’exécuter lestrav<strong>au</strong>x plus rapi<strong>de</strong>ment en plus gran<strong>de</strong>sécurité. Les plates-formes se rentabilisentd’ailleurs en six mois. »Photo Roch Théroux36| Prévention <strong>au</strong> travail | Automne 2002 |


Au cours <strong>de</strong> 2001,14 étudiants ontentrepris <strong>de</strong>s tournéesd’informationdans 1 345 chantiersdont 1071 dansla catégorie « rési<strong>de</strong>ntiels». Sur notrephoto, <strong>de</strong> g<strong>au</strong>cheà droite, Guill<strong>au</strong>meCouillard, RaphaëlDumais, IsabelleWarren et MartinCôté. La mêmeactivité estivalea eu lieu en2000 et 2002.Photo Roch ThérouxUne nouvelle prise <strong>de</strong> conscienceDepuis la mise en application du pland’action construction, on constate uneréduction marquée <strong>de</strong>s décès liés <strong>au</strong>xacci<strong>de</strong>nts sur les chantiers. Ainsi, en2000, le nombre d’acci<strong>de</strong>nts a diminué<strong>de</strong> 27 % par rapport à l’année précé<strong>de</strong>nte.Pourtant, en raison <strong>de</strong> la reprise<strong>de</strong> la construction, le nombre d’heurestravaillées a <strong>au</strong>gmenté <strong>de</strong> 9 % <strong>au</strong> cours<strong>de</strong> cette année. Il y a fort à parier quel’implantation du plan d’action y estpour quelque chose.Ce dont on est sûr, c’est que le plansuscite une véritable prise <strong>de</strong> conscienceen matière <strong>de</strong> sécurité dansle milieu. On observe, par exemple,que certains couvreurs commencentà poser <strong>de</strong>s ancrages sur les toitspour faciliter la tâche <strong>de</strong>s ouvriersqui exécuteront <strong>de</strong>s trav<strong>au</strong>x ou <strong>de</strong>sréparations dans plusieurs années.Certains architectes prévoient <strong>de</strong> plusen plus garnir les toits d’ornementspouvant servir <strong>de</strong> points d’appui ou<strong>de</strong> gar<strong>de</strong>-corps. Et si l’on observeattentivement les chantiers <strong>de</strong> constructionen h<strong>au</strong>teur, on peut constaterla présence <strong>de</strong> barrières <strong>de</strong> protectionet <strong>de</strong> travailleurs portant <strong>de</strong>s harnais<strong>de</strong> sécurité, ce qui n’était pas le cas ily a quelques années.Gérard Bibe<strong>au</strong> reconnaît que la<strong>CSST</strong> fait face <strong>au</strong> défi du maintien<strong>de</strong>s acquis : « C’est be<strong>au</strong> d’inciter lestravailleurs et les employeurs à se préoccuperd’un danger particulier surune pério<strong>de</strong> <strong>de</strong> trois ans. Par contrequand, chaque année, on se tournevers une nouvelle cible, il n’est pasPhoto Louise Bilo<strong>de</strong><strong>au</strong>Le comité, photographié quelques minutes avant une réunion. De g<strong>au</strong>cheà droite, Michel Bolduc, chargé <strong>de</strong> projet en prévention-inspection,Alain Auger, chef du Service bâtiment et trav<strong>au</strong>x publics, Direction <strong>de</strong> laprévention-inspection (DPI) <strong>de</strong> la <strong>CSST</strong>, Carol-Ann Griffin, directrice santésécurité,Direction régionale <strong>de</strong> l’Île-<strong>de</strong>-Montréal–1, Jean-Louis Morency,directeur santé-sécurité, Direction régionale <strong>de</strong> Québec, Sylvie Thib<strong>au</strong>lt,conseillère, Direction <strong>de</strong>s communications, P<strong>au</strong>l Marce<strong>au</strong>, directeur <strong>de</strong>scomptes majeurs et du soutien opérationnel, et Normand P<strong>au</strong>lin, directeursanté-sécurité, Direction régionale <strong>de</strong> la M<strong>au</strong>ricie et du Centre-du-Québec.Était absente, Suzanne Dion, chargée <strong>de</strong> projet à la DPI.question <strong>de</strong> perdre le terrain gagnépar rapport <strong>au</strong>x cibles précé<strong>de</strong>ntes. Ilnous f<strong>au</strong>t rester vigilants ! » Resteà convaincre les grands donneursd’ouvrage <strong>de</strong> produire, désormais,<strong>de</strong>s cahiers <strong>de</strong> charge détaillant lesaspects <strong>de</strong> santé et <strong>de</strong> sécurité àconsidérer <strong>au</strong> moment <strong>de</strong> l’exécution<strong>de</strong>s trav<strong>au</strong>x, ce qui réglerait bien <strong>de</strong>sproblèmes à la source.En attendant, une chose est claire. La<strong>CSST</strong> est plus que jamais déterminéeà poursuivre, <strong>de</strong> concert avec ses partenaires,une offensive musclée contreles dangers <strong>de</strong> mort sur les chantiers <strong>de</strong>construction. Et, qui sait, ce modèle <strong>de</strong>plan d’action en matière <strong>de</strong> sécurité,ayant amplement fait ses preuves, pourraitéventuellement être exporté versd’<strong>au</strong>tres secteurs d’activité ? O| Prévention <strong>au</strong> travail | Automne 2002 | 37


Une leçon <strong>de</strong> harnaisPar Guy SabourinDurée : 60 secon<strong>de</strong>sDifficile à mettre,un harnais ?« Harnaisez »-nous pas !Ça vousdirait <strong>de</strong>changerd’idéeen compagnie<strong>de</strong> Serge Dion,Photos Yves Be<strong>au</strong>lieuChaque année, trop <strong>de</strong> travailleursper<strong>de</strong>nt encore la vie ou subissent<strong>de</strong> graves blessures en tombant <strong>de</strong>plus ou moins h<strong>au</strong>t. Des acci<strong>de</strong>ntsd’<strong>au</strong>tant plus regrettables qu’ils sontparfaitement évitables. Rappelez-vous,il a fallu imposer la ceinture <strong>de</strong> sécuritéen voiture — mesure que personnene conteste <strong>au</strong>jourd’hui — pour réussirà réduire la mortalité sur la route.Depuis le premier janvier 2002, leharnais remplace la ceinture pourtous ceux qui travaillent en h<strong>au</strong>teur<strong>au</strong> Québec. Outre cet équipement, onpeut <strong>au</strong>ssi éliminer le danger à lasource en assemblant ou en réparant<strong>au</strong> sol, en prévoyant la mise en placed’un gar<strong>de</strong>-corps, etc.Il existe pourtant un moyen simple<strong>de</strong> gar<strong>de</strong>r la vie s<strong>au</strong>ve : s’attacher !Encore f<strong>au</strong>t-il savoir enfiler correctementle harnais. C’est ici qu’intervientSerge, notre sympathique cobaye, quiapprendra à le faire en suivant quelquesétapes toutes simples. Devenir una<strong>de</strong>pte du harnais, un vrai PH (professionneldu harnais), c’est facile. Ilsuffit <strong>de</strong> faire preuve <strong>de</strong> bonne volontéet <strong>de</strong> répéter l’exercice quelques fois,jusqu’à ce qu’il <strong>de</strong>vienne un <strong>au</strong>tomatisme! Vous avez bien appris à nouer<strong>de</strong>s lacets, un jour, avant l’avènement<strong>de</strong> la ban<strong>de</strong> velcro, alors…f<strong>au</strong>x sceptiquepour la bonne c<strong>au</strong>se ?Allez, c’est parti.Top chrono…UnÀ voir sa mine rébarbative, <strong>au</strong>cun doutepossible. Serge ne sait pas trop quoifaire <strong>de</strong> ce tas informe <strong>de</strong> sangles etd’anne<strong>au</strong>x qu’on lui tend. « Tu ne veuxpas adopter l’habitu<strong>de</strong> du harnais, Serge ?Réfléchis un brin. C’est lui qui te s<strong>au</strong>vera lavie si tu tombes... et tu le sais bien, <strong>au</strong> fond,personne n’est à l’abri d’une chute.Comment enfiler un harnais ? Facile !Suis bien les instructions. »38| Prévention <strong>au</strong> travail | Automne 2002 |


Trois« En te rappelant quel’anne<strong>au</strong> dorsal doit êtreentre tes omoplates, enfileun bras dans une bretelle,puis l’<strong>au</strong>tre, tout simplement,comme tu enfilerais uneveste. Assure-toi que lesbretelles sont croisées danston dos et que l’anne<strong>au</strong>dorsal est à l’extérieur duharnais. Et voilà, tu viens<strong>de</strong> réussir une rencontredu troisième type ! »Deux« D’abord, ouvre l’œil et repèrel’anne<strong>au</strong> dorsal du harnais. Il agénéralement la forme d’un grosD. Sur tous les modèles normalisésCSA, <strong>de</strong>ux lettres “ A ” avec <strong>de</strong>sflèches vers le h<strong>au</strong>t pointent verscet anne<strong>au</strong>. Empoigne le harnaisfermement par l’anne<strong>au</strong> dorsal,comme tu attraperais un blousonpar son col, et secoue-le pourle démêler. Tu distinguesles bretelles ? Super ! Tu viens<strong>de</strong> réussir la prise <strong>de</strong> l’anne<strong>au</strong>…et sans douleur ! »Quatre« Des courroies vertespen<strong>de</strong>nt <strong>de</strong>rrière toi, le long<strong>de</strong> tes jambes. Penche-toi,enroules-en une <strong>au</strong>tour duh<strong>au</strong>t <strong>de</strong> ta cuisse, vers l’avanten passant sous la fesse, etattache-la avec la boucle quise trouve <strong>de</strong>vant ta cuisse.Recommence l’opération pourl’<strong>au</strong>tre jambe. À quelle tension ?Il f<strong>au</strong>t que tu puisses glisser tamain entre la sangle et ta cuisse.Pas trop comprimé, Serge ?On continue… »| Prévention <strong>au</strong> travail | Automne 2002 | 39


Six« Il te reste à ajuster les <strong>de</strong>uxsangles verticales, celles quitraversent ta poitrine et tonabdomen <strong>de</strong> chaque côté.Serre-les, l’une après l’<strong>au</strong>tre,suffisamment pour quetu puisses passer ta main,jusqu’<strong>au</strong>x jointures, entre leharnais et ton corps. Assure-toique les extrémités <strong>de</strong>s sanglesrestent <strong>de</strong> longueurs égales. Enpassant ton bras par-<strong>de</strong>ssusl’ép<strong>au</strong>le, vérifie une <strong>de</strong>rnière foisque l’anne<strong>au</strong> en D se trouve bienentre tes omoplates. Ensuite ?C’est terminé, Serge ! Maintenant,en répétant quelques foisl’exercice, tu réussiras à enfilerton harnais en une <strong>de</strong>mi-minuteseulement, comme un pro.Allez, salut, champion ! »Cinq« Maintenant, turelies entre ellesles <strong>de</strong>ux courroiesqui traversentla poitrine.Serre justeassez pourque le harnaistienne bien surtoi. N’entravepas ta respiration,tout <strong>de</strong> même !Là, c’est parfait ! »Nous remercions Serge Dion,inspecteur à la Directionrégionale <strong>de</strong> Québec et sonmentor, pour l’occasion,L<strong>au</strong>rent Desbois, ing. et conseillerà la Direction <strong>de</strong> la préventioninspection,tous <strong>de</strong>ux <strong>de</strong> la <strong>CSST</strong>.SeptSerge vous a convaincus, nous l’espérons,que l’art d’endosser un harnaiss’apprend et que l’épreuve estindolore (tomber l’est moins !).Trois rappels en terminant :A – lisez toujours très attentivementle mo<strong>de</strong> d’emploidu fabricant <strong>de</strong> votre harnais ;le modèle que vous utilisez peutdifférer <strong>de</strong> celui <strong>de</strong> Serge ;B – prenez soin <strong>de</strong> votre harnais,surveillez-en les lignes d’usure etmettez-le <strong>de</strong> côté s’il est endommagé,votre vie en dépend ;C – porter le harnais ne suffit pas.Reliez-le toujours à un point d’ancragesoli<strong>de</strong>, muni d’un absorbeur d’énergie. O40 | Prévention <strong>au</strong> travail | Automne 2002 |


L’AB… Gd’un « Cherchez l’erreur »Vous faites partie d’un comité<strong>de</strong> santé et <strong>de</strong> sécuritéet vous aimeriez produireun document <strong>de</strong> formationet <strong>de</strong> sensibilisation à laprévention ? La rubrique« Cherchez l’erreur »publiée <strong>de</strong>puis plusieursannées dansce magazine est uneformule amusante quipeut avoir be<strong>au</strong>coupd’effet sur votre milieu<strong>de</strong> travail. Voici quelquesconseils pour enréaliser une semblableavec rigueur etefficacité.Par Claire PouliotA Zoom sur…Repérer une situation à corrigerPromenez-vous dans l’usine, les bure<strong>au</strong>x,les loc<strong>au</strong>x, l’entrepôt, etc.Repérez une situation dangereusepour les travailleurs parmi celles quevous aimeriez corriger et, bien sûr,qu’il vous est possible <strong>de</strong> corriger.Analysez-la soigneusement afin <strong>de</strong>trouver les solutions qui éliminent ledanger à la source et, du même coup,protègent les travailleurs. Vous aveztrouvé ?B Tous pour une…Constituer une équipeMaintenant, formez l’équipe <strong>de</strong> travailqui vous accompagnera tout <strong>au</strong> long<strong>de</strong> la réalisation. Vous <strong>au</strong>rez besoin<strong>de</strong> personnes pouvant jouer les rôlessuivants : superviseur, photographe,rédacteur, comédiens pour la prise <strong>de</strong>photos (idéalement <strong>de</strong>s travailleurs intéressésà participer <strong>au</strong> projet).Assurez-vous <strong>au</strong>ssi d’obtenir la collaboration<strong>de</strong> personnes-ressources capables<strong>de</strong> vous conseiller et d’approuverles solutions proposées. Il peut s’agird’un inspecteur <strong>de</strong> la <strong>CSST</strong>, d’un conseillerd’une association sectorielle paritaire,d’un membre d’une équipe <strong>de</strong>santé <strong>au</strong> travail d’un CLSC, etc.Vous avez tout votre mon<strong>de</strong>? Parfait!C Imaginons que…Rédiger le scénarioLe scénario se prépare en <strong>de</strong>ux temps,en équipe. Une première partie prévoitla mise en scène qui présente les erreurs,et une <strong>de</strong>uxième les solutions. Si possible,travaillez avec les personnesressourceset les experts qui pourrontapprouver votre scénario rapi<strong>de</strong>ment.Partant <strong>de</strong> la situation à corriger,faites une liste <strong>de</strong> cinq ou six erreurssur lesquelles vous voulez attirer l’attention.N’en choisissez pas plus <strong>de</strong> septet prévoyez-en plusieurs faciles à trouver.Des exemples d’erreurs? Absence<strong>de</strong> gar<strong>de</strong> protecteur, <strong>de</strong> signalisation,d’équipements <strong>de</strong> protection individuelle,m<strong>au</strong>vaise métho<strong>de</strong> <strong>de</strong> travailIllustration Benoît Laverdière| Prévention <strong>au</strong> travail | Automne 2002 | 41


Illustration Benoît Laverdièreobligeant le travailleur ou la travailleuseà forcer <strong>de</strong> façon excessive,plancher encombré, travailleur avecch<strong>au</strong>ssures <strong>de</strong> sport <strong>au</strong>x pieds, etc. Ceserreurs seront reproduites dans la miseen scène <strong>de</strong> la première photo.Ensuite, prévoyez la mise en scène<strong>de</strong> la <strong>de</strong>uxième photo qui illustrera lessolutions approuvées par votre équipeet vos personnes-ressources.Votre scénario tient bien la route ?De toute be<strong>au</strong>té !dans la photo <strong>de</strong>s erreurs (ficelles,détritus, <strong>de</strong> quoi imiter <strong>de</strong>s flaquesd’huile, cope<strong>au</strong>x <strong>de</strong> toutes sortes,etc.). Faites une liste <strong>de</strong> ce dont vousavez besoin pour vos solutions afin<strong>de</strong> ne rien oublier le jour <strong>de</strong> la prise <strong>de</strong>photos : casques, lunettes, appareils<strong>de</strong> protection respiratoire, protecteurs<strong>au</strong>ditifs, gants, gar<strong>de</strong>s, produits nettoyants,balais, etc. Il vous f<strong>au</strong>t <strong>au</strong>ssiun appareil-photo (<strong>de</strong> préférence polaroïdou numérique).D Tout prévoirLa préproductionDéci<strong>de</strong>z <strong>de</strong> la forme que prendra ledocument : sera-t-il publié dans lejournal interne <strong>de</strong> l’entreprise ou simplementphotocopié sur <strong>de</strong>s feuillesvolantes qui seront distribuées <strong>au</strong>personnel, ou encore affichées sur lebabillard ?Préparez un calendrier <strong>de</strong> production.Il f<strong>au</strong>t prévoir le lieu et l’horaire <strong>de</strong> laprise <strong>de</strong> photos, du temps pour la rédaction,pour l’approbation du texte par lespersonnes-ressources, et une pério<strong>de</strong>pour le montage du document (mise enpage, corrections, épreuves, etc.).Prévoyez les équipements et lesaccessoires nécessaires, tant pour laphoto <strong>de</strong>s erreurs que pour celle <strong>de</strong>ssolutions. Peut-être <strong>de</strong>vrez-vous réunir<strong>de</strong>s petits objets pour semer le désordreIllustration Benoît LaverdièreSurtout,n’oubliez pas <strong>de</strong>noter dans un carnet<strong>de</strong> bord les éléments,les réflexions,les bour<strong>de</strong>s involontairescommises, les petitsinci<strong>de</strong>nts <strong>de</strong> parcoursqui vous permettront <strong>de</strong>refaire éventuellementun <strong>au</strong>tre jeu, avec,cette fois, l’expérienced’un vrai pro !42| Prévention <strong>au</strong> travail | Automne 2002 |


Voyez à obtenir toutes les <strong>au</strong>torisationsqui vous permettront <strong>de</strong> tenirla séance <strong>de</strong> photo en un lieu déterminé,et d’utiliser pendant quelquesminutes, ou quelques heures, les services<strong>de</strong> travailleurs-comédiens. Ça yest, tout est prêt ? On s’installe !E Gar<strong>de</strong>z la pose, ne bougez plus !La productionDans un « Cherchez l’erreur », l’imagedit tout. Prenez le temps qu’il f<strong>au</strong>t pourobtenir <strong>de</strong>s photos où l’on distingueclairement les erreurs… et les solutions.En utilisant un appareil-photopolaroïd ou numérique, vous <strong>au</strong>rezl’avantage <strong>de</strong> voir instantanément lesrésultats et <strong>de</strong> fignoler le travail. Sivous avez un appareil ordinaire, pas<strong>de</strong> risque à prendre : prenez plusieursphotos, sous divers angles.Une suggestion : commencez parle cliché comportant les erreurs car,pour cette mise en scène, vous pourriezavoir besoin <strong>de</strong> simuler un désordre, <strong>de</strong>retirer le gar<strong>de</strong> d’une machine, d’empiler<strong>de</strong>s boîtes dans un coin…Un conseil : assurez-vous bien <strong>de</strong> nepas mettre les acteurs dans une situationdangereuse. Évitez, par exemple,<strong>de</strong> les faire travailler dans un échaf<strong>au</strong>dageinstable ou transporter pour <strong>de</strong>vrai <strong>de</strong>s objets lourds, ou enfin <strong>de</strong> fairefonctionner un appareil sans gar<strong>de</strong>. Onsimule, mais en toute sécurité !Une fois cette étape terminée, remetteztout en ordre pour la secon<strong>de</strong>mise en scène. Cette fois, vous <strong>de</strong>vrezgar<strong>de</strong>r l’œil bien ouvert pour que lessolutions présentées soient évi<strong>de</strong>nteset que rien, absolument rien, ne cloche.Il f<strong>au</strong>t viser la perfection !Ai<strong>de</strong>-mémoire pour la prise <strong>de</strong> photos• Les erreurs sont-elles toutes « en place » et bien visibles ?• Y <strong>au</strong>rait-il, par hasard, <strong>de</strong>s erreurs involontaires dans le cadrage (un filqui pend, une boîte électrique ouverte sur le mur, là, <strong>au</strong> fond…) ?• Peut-on lire le nom <strong>de</strong> compagnies <strong>au</strong>tres que la vôtre sur le mobilier,l’équipement <strong>de</strong> transport, les contenants, etc. ? Si oui, il f<strong>au</strong>dra peut-êtreles masquer avec du ruban adhésif, avant la prise <strong>de</strong> photos.• La <strong>de</strong>uxième photo montre-t-elle clairement toutes les solutions visantà corriger les erreurs commises ?et la photo erronée. Au verso, la même,reproduite avec les erreurs numérotéeset signalées par une pastille, ainsi quela photo revue et corrigée. Le texte quil’accompagne comprend <strong>de</strong>ux sections :la <strong>de</strong>scription <strong>de</strong>s erreurs en suivantl’ordre <strong>de</strong>s numéros et l’explication <strong>de</strong>smesures <strong>de</strong> sécurité préconisées.Votre jeu est-il efficace ? Testez-le<strong>au</strong>près <strong>de</strong> vos collègues et réajustez-le<strong>au</strong> besoin. Voilà, à présent, à vous lascène ! OF Les mots pour le direLa rédactionLe rédacteur <strong>au</strong>rait tout intérêt à assisterà la prise <strong>de</strong> photos. Il lui sera plusfacile <strong>de</strong> rédiger le texte, photos finalesen main. Il est essentiel <strong>de</strong> privilégier<strong>de</strong>s phrases courtes, simples, alertes,faciles à lire et à la fois précises. L’humourest permis, bien sûr !G Grand rassemblementProcé<strong>de</strong>r <strong>au</strong> montageComment relier le texte <strong>au</strong>x photos ?Vous pouvez vous inspirer <strong>de</strong> la rubrique« Cherchez l’erreur » publiéedans Prévention <strong>au</strong> travail. Sur la pagerecto : un bref texte <strong>de</strong> mise en situationIllustration Benoît Laverdière| Prévention <strong>au</strong> travail | Automne 2002 | 43


En raccourciLe Gui<strong>de</strong> sur la décharge<strong>de</strong>s déflagrations en français !La nouvelle va faire du bruit : la norme NFPA-68 Gui<strong>de</strong> sur la décharge<strong>de</strong>s déflagrations Édition 98 vient d’être publiée en français. Cette normeest utilisée couramment pour maîtriser les risques <strong>de</strong> déflagration etd’explosion à l’intérieur <strong>de</strong> bâtiments ou <strong>de</strong> systèmes fermés. Le document<strong>de</strong> près <strong>de</strong> 70 pages a été traduit <strong>de</strong> l’anglais sous la direction <strong>de</strong> la <strong>CSST</strong>.La norme originale américaine avait été entérinée en 1998 par la NationalFire Protection Association, organisme indépendant chargé <strong>de</strong> la normalisationdans le domaine <strong>de</strong> la prévention <strong>de</strong>s incendies. « C’est une normefortement utilisée pour tous les dépoussiéreurs, indique Luc Ménard,hygiéniste industriel et conseiller à la Direction <strong>de</strong> la prévention-inspection<strong>de</strong> la <strong>CSST</strong>. C’est la raison pour laquelle nous l’avons fait traduire. Ony fait référence dans le Règlement sur la santé et la sécurité du travail. »La norme NFPA-68 mentionne tous les éléments et les facteursnécessaires <strong>au</strong> calcul <strong>de</strong> résistance <strong>de</strong>s dépoussiéreurs et à celui <strong>de</strong>sévents <strong>de</strong> déflagration. Ces évents, conçus pour cé<strong>de</strong>r en premier lieu encas <strong>de</strong> déflagration, dirigeront le souffle c<strong>au</strong>sé par l’inflammation rapi<strong>de</strong><strong>de</strong>s poussières et <strong>de</strong>s gaz vers un endroit sécuritaire, prévenant ainsil’explosion <strong>de</strong> l’enceinte.Sans prétendre éliminer tous les dangers reliés à une déflagration dansune enceinte fermée, l’application rigoureuse <strong>de</strong> cette norme permettra <strong>de</strong>réduire considérablement les risques pour la sécurité <strong>de</strong>s travailleurs et lesdommages matériels.Disponible <strong>au</strong>x Publications du Québec. O MTUn certificat en SSTqui s’étendDepuis l’<strong>au</strong>tomne 2002, le Certificaten santé et sécurité du travail,déjà offert <strong>au</strong> Campus Ville <strong>de</strong>Laval et à Québec, par la Faculté<strong>de</strong> l’éducation permanente <strong>de</strong>l’Université <strong>de</strong> Montréal, se donne<strong>au</strong>ssi à Longueuil. Le programmeenglobe les activités <strong>de</strong> base ensanté et en sécurité du travaildans les entreprises. Il traite donc<strong>de</strong> la surveillance du milieu, dutraitement <strong>de</strong>s cas d’in<strong>de</strong>mnisationet <strong>de</strong> la prévention <strong>de</strong>s lésionsprofessionnelles.Une douzaine <strong>de</strong> cours sontofferts à l’hiver 2003 dont <strong>de</strong>uxnouve<strong>au</strong>tés : « Aspects médic<strong>au</strong>xet ergonomiques » et « Prévention<strong>de</strong> la violence en milieu <strong>de</strong> travail »,tous <strong>de</strong>ux donnés comme coursà option.Pour plus <strong>de</strong> renseignements,communiquer avec Yvan G<strong>au</strong>thier,responsable du Certificat en santéet sécurité du travail : (514) 343-6111,poste 1-2888. OCoup <strong>de</strong> jeunesCoup sur coup, les Presses <strong>de</strong> l’Université Laval publiaient, à l’<strong>au</strong>tomne 2001,trois étu<strong>de</strong>s : Les 18 à 30 ans et le marché du travail, sous la direction <strong>de</strong>Geneviève Fournier et Bruno Bourassa, avec la collaboration spéciale <strong>de</strong>Antoine Baby et Yvon Pépin, L’insertion socioprofessionnelle, un jeu <strong>de</strong> stratégieou un jeu <strong>de</strong> hasard ?, sous la direction <strong>de</strong> Geneviève Fournier et MarcelMonette, et Disparition ou transformation <strong>de</strong>s formes <strong>de</strong> l’emploi ?, unentretien avec José Rose, chercheur et docteur d’État en économie, en France.Chaque ouvrage abor<strong>de</strong> <strong>de</strong>s questions graves, entre <strong>au</strong>tres celle <strong>de</strong> la formationprofessionnelle. Et propose <strong>de</strong>s réflexions particulièrement pertinentespour qui s’intéresse <strong>au</strong>x jeunes et <strong>au</strong> marché du travail. Et la prévention ?Puisque l’on s’interroge sur les rapports entre l’humain et le travail, lethème <strong>de</strong> la prévention se trouve abordé par l’intermédiaire <strong>de</strong> constatsfondament<strong>au</strong>x sur <strong>de</strong>s problèmes incontournables. Exemple ? « En l’an2000, la neurasthénie est à peu près disparue <strong>de</strong>s diagnostics et du vocabulaire.Les symptômes perdurent, mais ils se regroupent maintenantsous <strong>de</strong>s appellations différentes : burn out, épuisement professionnel,fatigue chronique. Toutefois, la source <strong>de</strong> ces symptômes n’est plus lamême qu’hier. De fait, la société et les employeurs ne <strong>de</strong>man<strong>de</strong>nt plus <strong>au</strong> travailleur<strong>de</strong> se soumettre à une machine. On exige plutôt <strong>de</strong> lui l’initiative individuellequi est dorénavant la mesure <strong>de</strong> la performance du travailleur. Ce <strong>de</strong>rnier n’estplus subordonné <strong>au</strong>x contraintes externes, il est tributaire <strong>de</strong> l’obligation <strong>de</strong> sechoisir, <strong>de</strong> s’affirmer. (…) Ce principe obligé <strong>de</strong> liberté <strong>de</strong> se construire est confondantet paralysant pour ceux qui se sentent incapables et impuissants à gérercontinuellement un “ moi inc. ”. Ce principe fait que le drame <strong>de</strong> la culpabilité<strong>de</strong> la neurasthénie d’hier s’est transformé en “ tragédie <strong>de</strong> l’insuffisance ” 1 .»Se pourrait-il que nous soyons, comme le laissent entendre les chercheurs, enmanque <strong>de</strong> solidarité, <strong>de</strong> routine, <strong>de</strong> train-train quotidien ? Voilà qui nousramène à la question brûlante du sens réel du travail… O MLF1. L’insertion socioprofessionnelle : un jeu <strong>de</strong> stratégie ou un jeu <strong>de</strong> hasard?, p. 194.44| Prévention <strong>au</strong> travail | Automne 2002 |


La kinanthropologie<strong>au</strong> travail !Un nouve<strong>au</strong> programme <strong>de</strong> maîtrise professionnelleen kinanthropologie spécialisé energonomie vient <strong>de</strong> voir le jour. Offert <strong>de</strong>puisseptembre 2002, il a été mis sur pied par leDépartement <strong>de</strong> kinanthropologie <strong>de</strong> l’Universitédu Québec à Montréal, en collaborationavec l’École <strong>de</strong> Technologie supérieure,et en partenariat avec l’École polytechnique<strong>de</strong> Montréal et l’Université <strong>de</strong> Sherbrooke.La création d’une maîtrise en ergonomievient répondre à <strong>de</strong>s besoins pressants, tantsur le plan social qu’économique. Le vieillissement<strong>de</strong> la population, le nombre croissant<strong>de</strong> troubles musculo-squelettiques rapportésà la <strong>CSST</strong>, l’<strong>au</strong>tomatisation et les difficultésd’implantation <strong>de</strong> nouve<strong>au</strong>x modèles d’organisationdu travail sont quelques exemples<strong>de</strong>s questions complexes nécessitantune expertise <strong>de</strong> h<strong>au</strong>t nive<strong>au</strong> dans l’étu<strong>de</strong> dumouvement humain et <strong>de</strong>s environnements<strong>de</strong> travail.Cette formation supérieure apporte uneréponse <strong>au</strong>x besoins exprimés par <strong>de</strong> nombreuxorganismes comme la <strong>CSST</strong>, l’Institut<strong>de</strong> recherche Robert-S<strong>au</strong>vé en santé et ensécurité du travail (IRSST), le rése<strong>au</strong> <strong>de</strong>la santé et <strong>au</strong>tres associations sectoriellesparitaires en santé et sécurité du travail.Avis lancé <strong>au</strong>x étudiants prêts à semettre <strong>au</strong> travail ! O MTBonne…et m<strong>au</strong>vaise marraineDans le dossier « Profession : inspecteurà la <strong>CSST</strong> » (n o <strong>au</strong>tomne 2002), une erreurs’est glissée. La vraie marraine <strong>de</strong> l’inspecteurOlivier Lesquir est ChristineFortuna et non M me Fontaine. O MLFUne idée impressionnante !Le 3 mai 2002, l’entreprise Les Emballages WinpakHeat Seal inc. a reçu le Prix Graphi-prévention,décerné par l’Association paritaire <strong>de</strong> santé et <strong>de</strong> sécuritédu travail, secteur imprimerie et activités connexes.Ce prix souligne la réalisation d’idées <strong>de</strong> préventiondans les entreprises du secteur <strong>de</strong> l’imprimerie.L’idée primée a permis <strong>de</strong> réduire les risques <strong>de</strong>coupures <strong>au</strong>x mains et <strong>au</strong>x doigts par l’ajout d’un gar<strong>de</strong><strong>de</strong> sécurité sur un coute<strong>au</strong> rotatif. « Ce dispositif offre<strong>de</strong> meilleures conditions <strong>de</strong> sécurité à l’opérateur <strong>de</strong> lapresse sans pour <strong>au</strong>tant nuire à la production, mentionnele communiqué publié par l’organisme. Il s’est<strong>au</strong>ssi avéré très efficace, car <strong>au</strong>cun <strong>au</strong>tre acci<strong>de</strong>ntn’a été signalé à ce poste <strong>de</strong>puis son installation. »Au nom <strong>de</strong>s employés <strong>de</strong> Winpak, Nathalie Théorêt, Jean-Pierre Blanchette et André More<strong>au</strong>, <strong>au</strong> centre <strong>de</strong> la photo,ont reçu cette distinction <strong>de</strong>s mains <strong>de</strong> Pierre A. Dumoulin etJacques Tousignant, respectivement coprési<strong>de</strong>nt syndical sortantet coprési<strong>de</strong>nt patronal <strong>de</strong> l’Association. Bravo ! O MTIllustration Jean-P<strong>au</strong>l EidCoup <strong>de</strong> tête…Oui ou non, les coups <strong>de</strong> tête dans le ballon <strong>de</strong> football (socceren Amérique du Nord) peuvent-ils avoir un effet néfaste surles performances cognitives <strong>de</strong>s joueurs ? Les chercheurs,jusqu’ici, ne s’enten<strong>de</strong>nt pas à ce sujet. Des étu<strong>de</strong>s montrentque oui, d’<strong>au</strong>tres les contredisent. L’Institut <strong>de</strong> mé<strong>de</strong>cine <strong>de</strong> laNational Aca<strong>de</strong>my of Sciences s’est penché toute une journéesur la question. L’United States Soccer Foundation, pour sapart, a accordé une subvention <strong>de</strong> 50 000 $ à l’Université <strong>de</strong>la Caroline du Nord pour qu’elle tente <strong>de</strong> trouver une réponseclaire et nette. D’ici là, l’American Aca<strong>de</strong>my of Pediatricsrecomman<strong>de</strong> la plus gran<strong>de</strong> pru<strong>de</strong>nce et déconseille l’utilisation<strong>de</strong> cette pratique qui consiste à cogner le ballon avec satête. Plusieurs <strong>au</strong>torités sportives locales, tel le Département<strong>de</strong>s parcs et <strong>de</strong> la récréation <strong>de</strong> Grand Rapids, <strong>au</strong> Michigan,interdisent carrément les « têtes » pendant l’entraînement etdurant les matchs. Jouer avec sa tête a <strong>de</strong>s limites… O MLF| Prévention <strong>au</strong> travail | Automne 2002 | 45


PerspectivesÉmotion et travailAngelo Soares est professeur <strong>au</strong>Département organisation et ressourceshumaines <strong>de</strong> l’Université du Québec à Montréalet chercheur <strong>au</strong> CINBIOSE (Centre pour l’étu<strong>de</strong><strong>de</strong>s interactions biologiques entre la santéet l’environnement). Lors du colloque SELF-ACE,qui s’est déroulé àMontréal à l’<strong>au</strong>tomne2001, il a présentéune communicationqui a suscitéun vif intérêt et…pas mal d’émotions.Prévention <strong>au</strong> travail OPourquoi vous intéressez-vous <strong>au</strong>xémotions <strong>au</strong> travail dans le secteur<strong>de</strong>s services ?Angelo Soares O Tous les jours,chacun <strong>de</strong> nous fait <strong>au</strong> moins unetransaction <strong>de</strong> service avec une pharmacienne,un mé<strong>de</strong>cin, un commis<strong>de</strong> banque, une caissière, un coiffeur,une ven<strong>de</strong>use, une infirmière, etc. Quevivent ces personnes sur le plan émotionnel? On ne le sait pas vraiment. Lesanalyses du travail et <strong>de</strong> la santé <strong>au</strong>travail, dans ce secteur, sont encoreembryonnaires. Et les rares étu<strong>de</strong>s quiexistent ont utilisé <strong>de</strong>s modèles d’analyseconçus pour comprendre le travailindustriel, où l’on trouve en majorité<strong>de</strong>s hommes. Or les femmes, les immigrantset les jeunes sont majoritairesdans le secteur <strong>de</strong>s services qui prend<strong>de</strong> plus en plus d’ampleur. Saviez-vousqu’<strong>au</strong>x États-Unis, McDonald’s compteplus d’hommes et <strong>de</strong> femmes à son serviceque toute l’industrie sidérurgique ?Heureusement, <strong>de</strong>s personnes commencentà se poser <strong>de</strong>s questions surce secteur, et j’en suis.PT O Dans le cadre <strong>de</strong> l’une <strong>de</strong>vos recherches, à la fois qualitativeet sociologique, vous avez rencontréune cinquantaine <strong>de</strong> travailleuseset <strong>de</strong> travailleurs <strong>de</strong> ce milieu et vousvous êtes intéressé à la dimensionémotive <strong>de</strong> leurs activités professionnelles…AS O Je voulais comprendre les effets<strong>de</strong> cette dimension sur les émotions etla santé <strong>au</strong> travail. Une <strong>de</strong>s caractéristiquesdu milieu, c’est l’interactionentre le travailleur ou la travailleuse etla personne à qui il ou elle donne leservice. Cette interaction est traverséepar différents rapports soci<strong>au</strong>x, <strong>de</strong>genre, <strong>de</strong> sexe, <strong>de</strong> race, d’âge, <strong>de</strong> classesociale, ainsi que par <strong>de</strong>s rapports <strong>de</strong>pouvoir exigeant <strong>de</strong>s compétencesspécifiques. Le travail dans les servicescomporte plusieurs dimensions.Par exemple, une dimension essentiellementphysique : circuler avecun plate<strong>au</strong>, laver un mala<strong>de</strong>, couperles cheveux, faire une transactionbancaire… Il y a <strong>au</strong>ssi une dimensioncognitive : la caissière <strong>de</strong> supermarchédoit maîtriser certaines connaissances,entre <strong>au</strong>tres, sur les co<strong>de</strong>s <strong>de</strong> diversaliments que le lecteur optique nelit pas. Le mé<strong>de</strong>cin, lui, doit menerà bien l’anamnèse et l’examen <strong>de</strong>smala<strong>de</strong>s, etc. Mais il existe d’<strong>au</strong>tresdimensions moins évi<strong>de</strong>ntes, parexemple la dimension sexuelle et ladimension émotive.PT O Dimension sexuelle ?AS O Les corps <strong>de</strong>s travailleurs, particulièrementceux <strong>de</strong>s travailleuses,sont soumis à <strong>de</strong>s co<strong>de</strong>s : les femmesdoivent porter un uniforme ou <strong>de</strong>svêtements sexy, avoir un maquillagesoigné, <strong>de</strong>s ongles vernis, une coiffureimpeccable, accrocher un sourire à leurvisage. Leur corps sert d’instrument<strong>de</strong> marketing, il doit attirer la clientèle,inciter à consommer, servir <strong>de</strong> « démonstrateur». C’est particulièrement frappantdans les rayons <strong>de</strong>s cosmétiques,<strong>de</strong> la mo<strong>de</strong>. Dans certains services,il y a même un contact physique avecle client : le mé<strong>de</strong>cin, l’infirmière, lecoiffeur, touche l’<strong>au</strong>tre. Le corps <strong>de</strong>vientune partie du produit et cela impose<strong>de</strong>s contraintes qui n’existent pasdans le secteur industriel. Autre différence: dans le secteur <strong>de</strong>s services, lestravailleurs doivent faire preuve <strong>de</strong>diplomatie, <strong>de</strong> tact, être polis, patients,convaincants. Ils doivent possé<strong>de</strong>r <strong>de</strong>shabiletés spécifiques pour entrer enrelation avec le client et mener cetterelation à terme <strong>de</strong> façon satisfaisantepour ce <strong>de</strong>rnier. Intimement liée à cettedimension relationnelle, il y a la dimensionémotive. L’être humain n’est pasun robot. Il éprouve <strong>de</strong>s émotions,et le corps les laisse transparaître :pâleur, rougissement <strong>de</strong> la pe<strong>au</strong>,accélération du pouls, sensation <strong>de</strong>malaise, tic, larmes… Travailler dansles services <strong>de</strong>man<strong>de</strong> une gestion <strong>de</strong>l’expression <strong>de</strong>s émotions, les sienneset celles <strong>de</strong> l’<strong>au</strong>tre. La dimension émotivefaisant partie <strong>de</strong> la tâche, l’employeurpeut exercer un contrôle surles activités <strong>de</strong>s travailleurs par laformation et la supervision. À chaqueinteraction, travailleuses et travailleursdoivent observer et respecter certainesrègles <strong>de</strong> sentiments qui leur dictent letype d’émotion approprié. Il leur f<strong>au</strong>tsourire, même s’ils ont <strong>de</strong> bonnesraisons d’être tristes; ne pas montrerleur fatigue, leur dégoût, leur répulsion,leur agacement, leur peur, leurindignation. Dans certaines situations,ils doivent <strong>au</strong>ssi gérer les émotions <strong>de</strong>l’<strong>au</strong>tre, les ressentir pour le comprendreet le satisfaire, pour ne pas susciter46| Prévention <strong>au</strong> travail | Automne 2002 |


Ou le prix d’un sourire…sa colère, son hostilité,pour vaincre saméfiance, le mettre enconfiance, obtenir sacollaboration. Il y <strong>au</strong>n jeu, en surface et enprofon<strong>de</strong>ur, pouvant êtrenéfaste sur le plan <strong>de</strong>la santé mentale. Parcequ’un être humain nepeut pas feindre, étoufferses émotions toutle temps ! Il finit parressentir un malaise, unstress, un sentiment <strong>de</strong>dissonance émotive.PT O Il y a <strong>au</strong>ssice que vous qualifiez<strong>de</strong> division sexuelle<strong>de</strong>s émotions…AS O Ah oui, et ça,c’est culturel ! On penseencore que les hommessont les spécialistes <strong>de</strong>stâches ru<strong>de</strong>s. On attendd’eux qu’ils soient forts,agressifs, froids, en parfaitemaîtrise <strong>de</strong> leurs émotions (pas <strong>de</strong>larmes !). Quant <strong>au</strong>x femmes, on leurconfie les tâches perçues comme moinsexigeantes et <strong>de</strong>mandant <strong>de</strong> la douceur,du doigté, <strong>de</strong> l’intuition, <strong>de</strong> la diplomatie,<strong>de</strong> la compassion, <strong>de</strong> la patience.Hommes et femmes ne gèrent pas lamême charge émotive <strong>de</strong> travail. Parfois,il y a <strong>de</strong>s avantages. Un coiffeurm’a expliqué comment il exploitait lesémotions <strong>de</strong> ses clientes pour faciliterson travail. En les complimentant surleur apparence, il a observé qu’il luiétait be<strong>au</strong>coup plus facile <strong>de</strong> les coiffer.Mais il arrive <strong>au</strong>ssi que la gestion<strong>de</strong>s émotions soit plus lour<strong>de</strong> en raisondu racisme. Une infirmière ou unecaissière noire peut avoir à accomplirun plus grand travail émotif quesa collègue blanche. Elle ne peut pasrépondre à l’injure, à l’offense, il luif<strong>au</strong>t endurer le regard <strong>de</strong> mépris, l’humiliationverbale et <strong>au</strong>ssi le racisme.Dans certains secteurs, notamment ceux<strong>de</strong> la coiffure et <strong>de</strong> la santé, la dimensionsexuelle va jouer. Il f<strong>au</strong>t bienPhoto Robert Etcheverrytoucher l’<strong>au</strong>tre. Mais l’<strong>au</strong>tre peut êtretrès sale, physiquement répugnant,sentir m<strong>au</strong>vais <strong>au</strong> point <strong>de</strong> souleverle cœur, mais il f<strong>au</strong>t bien le laver, lenettoyer, en prendre soin, sans rienlaisser voir <strong>de</strong> ce qu’on ressent.PT O La charge émotive, c’est unechose invisible, difficile à mesurer ?AS O Vrai. On ne saisit pas bien l’impact,la complexité <strong>de</strong> la gestion <strong>de</strong>sémotions <strong>au</strong> travail. Et pourtant, ellefait partie intégrante <strong>de</strong> la qualité <strong>de</strong>sservices rendus. En outre, à c<strong>au</strong>se <strong>de</strong> ladivision sexuelle du travail émotif, nonseulement les femmes ne voient pasleur travail valorisé, mais elles sontstigmatisées comme étant « émotives »,pour ne pas dire « hystériques », s’illeur arrive <strong>de</strong> perdre la maîtrise <strong>de</strong> leursémotions… ou <strong>de</strong> celles <strong>de</strong>s <strong>au</strong>tres !On ne reconnaît pas les compétencesspécifiques dont elles font preuve <strong>au</strong>quotidien. Et, oui, c’est difficile à mesurer.Les chercheurs ont l’habitu<strong>de</strong>,« Jusqu’ici, on s’est surtout intéressé<strong>au</strong>x dimensions physique et mentaledu travail. Il f<strong>au</strong>t désormaiss’intéresser à son aspect émotif »,estime Angelo Soares.lorsqu’ils font l’analyse d’un poste, <strong>de</strong>séquences <strong>de</strong> travail, <strong>de</strong> décortiquerchaque geste, chaque mouvement selon<strong>de</strong>s théories et <strong>de</strong>s modèles construitspour comprendre le travail industriel.Mais dans le secteur <strong>de</strong>s services, onse heurte à l’invisible ! Jusqu’ici, ons’est surtout intéressé <strong>au</strong>x dimensionsphysique et mentale du travail.Il f<strong>au</strong>t désormais s’intéresser à sonaspect émotif.PT O Il y a donc <strong>de</strong> bellesrecherches en perspective ?AS O Certainement ! Intégrer lesrapports soci<strong>au</strong>x <strong>de</strong> sexe, <strong>de</strong> classe,d’âge, <strong>de</strong> race et d’ethnie et les émotionsdans les analyses du travail estseulement le début d’une manièreplus complexe et réaliste <strong>de</strong> théoriserle travail, la santé <strong>au</strong> travail et les entreprisescontemporaines.PT O Le grand défi pour leschercheurs, c’est donc <strong>de</strong> ne plusécarter les émotions, mais <strong>au</strong>contraire <strong>de</strong> les intégrer…AS O Absolument ! Les émotions etles rapports soci<strong>au</strong>x façonnent ensembleet <strong>de</strong> manière synergique letravail, la santé <strong>au</strong> travail et les entreprises.Si nous parvenons à releverle défi, nous éviterons la reproductiondans nos analyses sur le travail, la santé<strong>au</strong> travail et les entreprises, <strong>de</strong>s stéréotypesaxés sur les expériences émotives,organisationnelles <strong>de</strong>s hommes blancs<strong>de</strong> classe moyenne, comme étant laréalité du mon<strong>de</strong> en général. Nousobtiendrons, du même coup, une analyseplus proche <strong>de</strong> la complexité <strong>de</strong>la vie quotidienne, pleine d’émotions,dans les entreprises. OMonique Leg<strong>au</strong>lt F<strong>au</strong>cher| Prévention <strong>au</strong> travail | Automne 2002 | 47

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