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de l'école au boulot - CSST

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Ou le prix d’un sourire…sa colère, son hostilité,pour vaincre saméfiance, le mettre enconfiance, obtenir sacollaboration. Il y <strong>au</strong>n jeu, en surface et enprofon<strong>de</strong>ur, pouvant êtrenéfaste sur le plan <strong>de</strong>la santé mentale. Parcequ’un être humain nepeut pas feindre, étoufferses émotions toutle temps ! Il finit parressentir un malaise, unstress, un sentiment <strong>de</strong>dissonance émotive.PT O Il y a <strong>au</strong>ssice que vous qualifiez<strong>de</strong> division sexuelle<strong>de</strong>s émotions…AS O Ah oui, et ça,c’est culturel ! On penseencore que les hommessont les spécialistes <strong>de</strong>stâches ru<strong>de</strong>s. On attendd’eux qu’ils soient forts,agressifs, froids, en parfaitemaîtrise <strong>de</strong> leurs émotions (pas <strong>de</strong>larmes !). Quant <strong>au</strong>x femmes, on leurconfie les tâches perçues comme moinsexigeantes et <strong>de</strong>mandant <strong>de</strong> la douceur,du doigté, <strong>de</strong> l’intuition, <strong>de</strong> la diplomatie,<strong>de</strong> la compassion, <strong>de</strong> la patience.Hommes et femmes ne gèrent pas lamême charge émotive <strong>de</strong> travail. Parfois,il y a <strong>de</strong>s avantages. Un coiffeurm’a expliqué comment il exploitait lesémotions <strong>de</strong> ses clientes pour faciliterson travail. En les complimentant surleur apparence, il a observé qu’il luiétait be<strong>au</strong>coup plus facile <strong>de</strong> les coiffer.Mais il arrive <strong>au</strong>ssi que la gestion<strong>de</strong>s émotions soit plus lour<strong>de</strong> en raisondu racisme. Une infirmière ou unecaissière noire peut avoir à accomplirun plus grand travail émotif quesa collègue blanche. Elle ne peut pasrépondre à l’injure, à l’offense, il luif<strong>au</strong>t endurer le regard <strong>de</strong> mépris, l’humiliationverbale et <strong>au</strong>ssi le racisme.Dans certains secteurs, notamment ceux<strong>de</strong> la coiffure et <strong>de</strong> la santé, la dimensionsexuelle va jouer. Il f<strong>au</strong>t bienPhoto Robert Etcheverrytoucher l’<strong>au</strong>tre. Mais l’<strong>au</strong>tre peut êtretrès sale, physiquement répugnant,sentir m<strong>au</strong>vais <strong>au</strong> point <strong>de</strong> souleverle cœur, mais il f<strong>au</strong>t bien le laver, lenettoyer, en prendre soin, sans rienlaisser voir <strong>de</strong> ce qu’on ressent.PT O La charge émotive, c’est unechose invisible, difficile à mesurer ?AS O Vrai. On ne saisit pas bien l’impact,la complexité <strong>de</strong> la gestion <strong>de</strong>sémotions <strong>au</strong> travail. Et pourtant, ellefait partie intégrante <strong>de</strong> la qualité <strong>de</strong>sservices rendus. En outre, à c<strong>au</strong>se <strong>de</strong> ladivision sexuelle du travail émotif, nonseulement les femmes ne voient pasleur travail valorisé, mais elles sontstigmatisées comme étant « émotives »,pour ne pas dire « hystériques », s’illeur arrive <strong>de</strong> perdre la maîtrise <strong>de</strong> leursémotions… ou <strong>de</strong> celles <strong>de</strong>s <strong>au</strong>tres !On ne reconnaît pas les compétencesspécifiques dont elles font preuve <strong>au</strong>quotidien. Et, oui, c’est difficile à mesurer.Les chercheurs ont l’habitu<strong>de</strong>,« Jusqu’ici, on s’est surtout intéressé<strong>au</strong>x dimensions physique et mentaledu travail. Il f<strong>au</strong>t désormaiss’intéresser à son aspect émotif »,estime Angelo Soares.lorsqu’ils font l’analyse d’un poste, <strong>de</strong>séquences <strong>de</strong> travail, <strong>de</strong> décortiquerchaque geste, chaque mouvement selon<strong>de</strong>s théories et <strong>de</strong>s modèles construitspour comprendre le travail industriel.Mais dans le secteur <strong>de</strong>s services, onse heurte à l’invisible ! Jusqu’ici, ons’est surtout intéressé <strong>au</strong>x dimensionsphysique et mentale du travail.Il f<strong>au</strong>t désormais s’intéresser à sonaspect émotif.PT O Il y a donc <strong>de</strong> bellesrecherches en perspective ?AS O Certainement ! Intégrer lesrapports soci<strong>au</strong>x <strong>de</strong> sexe, <strong>de</strong> classe,d’âge, <strong>de</strong> race et d’ethnie et les émotionsdans les analyses du travail estseulement le début d’une manièreplus complexe et réaliste <strong>de</strong> théoriserle travail, la santé <strong>au</strong> travail et les entreprisescontemporaines.PT O Le grand défi pour leschercheurs, c’est donc <strong>de</strong> ne plusécarter les émotions, mais <strong>au</strong>contraire <strong>de</strong> les intégrer…AS O Absolument ! Les émotions etles rapports soci<strong>au</strong>x façonnent ensembleet <strong>de</strong> manière synergique letravail, la santé <strong>au</strong> travail et les entreprises.Si nous parvenons à releverle défi, nous éviterons la reproductiondans nos analyses sur le travail, la santé<strong>au</strong> travail et les entreprises, <strong>de</strong>s stéréotypesaxés sur les expériences émotives,organisationnelles <strong>de</strong>s hommes blancs<strong>de</strong> classe moyenne, comme étant laréalité du mon<strong>de</strong> en général. Nousobtiendrons, du même coup, une analyseplus proche <strong>de</strong> la complexité <strong>de</strong>la vie quotidienne, pleine d’émotions,dans les entreprises. OMonique Leg<strong>au</strong>lt F<strong>au</strong>cher| Prévention <strong>au</strong> travail | Automne 2002 | 47

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