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Exposition - Thiers

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Pénibilité extrême et salaires médiocres<br />

Syndicaliste à <strong>Thiers</strong> 150 ans d’histoire<br />

Au XIX e , la coutellerie assied sa domination, alors que la papeterie disparaît. Les très<br />

petites entreprises pullulent : peu de machines, peu de capitaux investis, faibles bénéfices et<br />

l’énergie est offerte par les rivières. Le travail à domicile abonde. Dans la corporation-phare<br />

des émouleurs, les spécificités artisanales se mêlent aux particularités ouvrières.<br />

La division du travail confine la personne dans une fonction productive de détail. D’où les<br />

basses qualifications — sauf chez les émouleurs — et les salaires médiocres. Les ouvriers<br />

livrent d’opiniâtres combats sur les tarifs à un patronat émietté, mais regroupé en Chambre<br />

syndicale à partir de 1901.<br />

L’émouture endommage les poumons, les dos, les cervicales. Quand une meule explose,<br />

son servant ne survit pas. Même enceintes, des polisseuses travaillent à plat ventre. La forge<br />

est pénible. Le repos dominical ne devient courant qu’en 1920. En 1965, à Saint-Rémy-sur-<br />

Durolle, 2% des ouvriers partent en vacances l’été.<br />

L’inspiration chrétienne de la Mutualité<br />

Emus par la misère ouvrière, des philanthropes chrétiens rencontrent l’aspiration des<br />

travailleurs à l’entraide et à la solidarité. La Mutualité est fondée à <strong>Thiers</strong> sous cette<br />

injonction évangélique : « Aimez-vous les uns les autres ». Rien de commun avec la<br />

lutte des classes. Toutefois tant les mutualistes, qui souvent deviendront laïques, que les<br />

syndicalistes prennent pour emblème des mains qui s’entrelacent. Après la sanglante<br />

répression de juin 1848 à Paris, toute conciliation des classes apparaît impossible. En 1864,<br />

Napoléon III concède le droit de grève. La III e République légalise le syndicalisme en 1884.<br />

Dès 1883, les émouleurs et d’autres corps de métiers thiernois avaient devancé la loi<br />

Waldeck-Rousseau. En 1901, une Bourse du Travail nait à l’initiative du Syndicat des<br />

forgerons.<br />

L’indépendance au cœur<br />

Tout ici est à la fois manifestation de la singularité thiernoise et expression du mouvement<br />

national. En 1900, les émouleurs s’appellent entre eux « citoyens » ; quelques années après,<br />

« camarades », mais ils n’adhèrent à la CGT qu’après 1918.<br />

De Février 34 à la fin des années 40, leurs cœurs, certes farouchement indépendants, battent<br />

au rythme du Front populaire, au côté du Syndicat unique de la coutellerie créé en 35,<br />

puis des conquêtes et des espoirs de la Libération. Des documents nous font vivre la<br />

naissance de nouveaux syndicats (CGT- FO ; CFDT…), les grands conflits de la fin des<br />

années 40, Mai 68. Les femmes interviennent dans de nouvelles luttes. Le domaine de<br />

l’action s’étend aux paysans, aux enseignants et aux étudiants, aux cadres, voire au patronat<br />

qui, en 1901, se groupe en Chambre syndicale.<br />

Bénéficiant du protectionnisme, la coutellerie thiernoise a longtemps conquis des marchés.<br />

Mais la concurrence des producteurs européens les plus modernisés, suivie de l’émergence<br />

de la Chine, pose, dès la fin des « Trente Glorieuses », le problème de la reconversion.<br />

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