Conference debat_100113.indd - Ville de Paris

L’histogramme ci-dessous montre le niveau
élevé de la consommation d’énergie (chauffage
et eau chaude sanitaire) des immeubles
construits pendant les « Trente Glorieuses », sa
diminution à partir de 1975 et la performance
assez correcte des constructions d’avant 1914.
Avec les premiers effets du réchauffement
kWh/m²/an
300
250
200
150
100
150
200
250
climatique, le confort d’été va devenir de
plus en plus important, surtout dans les îlots
de chaleur qui sont nombreux à Paris. Dans
bien des cas, il faudra trouver des solutions
pour le rafraîchissement de l’air autres que
les appareils de climatisation lorsque les
logements n’ont pas de façades sur cour.
CONSOMMATIONS D’ÉNERGIE DES LOGEMENTS PARISIENS (CHAUFFAGE + ECS)
170
130
100
ventions simples, ne nécessitant pas des isolations
thermiques par l’extérieur, celles-ci étant
parfois difficiles à mettre en œuvre comme
dans le cas des façades haussmanniennes.
Les travaux d’efficacité énergétique peuvent
poser des problèmes de propriété intellectuelle
(altération de « l’écriture architecturale »),
notamment pour le patrimoine labellisé « XX ème
siècle » et qui a de mauvaises performances
énergétiques : les HBM des années 1920 et
1930, d’une grande richesse architecturale,
l’architecture des années 1960 (barres de
Maine-Montparnasse de Jean Dubuisson, la
tour Super Montparnasse de Bernard Zehrfuss,
Orgues de Flandres dont la rénovation en
cours est confiée à Yves Lion).
Lors de son PLU de 2006, la ville de Paris a
lancé une protection (« protection ville de
Paris ») qui rend les démolitions très difficiles et
il faut saluer cette initiative.
Des solutions d’isolation par l’intérieur doivent
pouvoir être envisagées, y compris avec des
matériaux nouveaux offrant de faibles épaisseurs
et une bonne conductivité de l’air.
La rénovation thermique des bâtiments patrimoniaux,
y compris des bâtiments récents,
n’est envisageable qu’après une étude spécifique
au cas par cas. Il s’agit de comprendre le
comportement de l’immeuble. Les diagnostics
et audits doivent être faits de façon objective
et si possible avec le concours d’un architecte.
Alors que pour la rénovation énergétique de
parc bâti parisien, le logement social avance
assez vite, les copropriétés privées ne sont
pas prêtes. Les stratégies sont différentes
selon qu’il s’agit de la « grande échelle » ou
du « diffus ».
Cependant, on doit se demander s’il faut imposer
dès à présent des rénovations onéreuses
alors que dans l’avenir on disposera sans
doute de techniques qui changeront les conditions
et le coût des rénovations.
15
50
0
avant 1914 HBM Trente Glorieuses RT74 RT82 RT89
Discussion
Source : analyse de la performance thermique des logements parisiens, mars 2011, APUR
1.2.2. Point de vue du Service territorial
de l’architecture et du patrimoine de Paris
Jean-Marc Blanchecotte,
architecte des bâtiments de France, chef du Service territorial de l’architecture et du patrimoine
(STAP) de Paris
L’adaptation de la ville de Paris au changement
climatique ne doit pas se faire au détriment de
son paysage urbain.
A cet égard, il faut rappeler que le plan climaténergie
de Paris s’impose pour les constructions
neuves mais pas pour la rénovation.
Au demeurant, des gains d’économie d’énergie
substantiels peuvent être obtenus par des inter-
La conservation du patrimoine n’est pas antinomique
avec l’application des principes du
développement durable, celui-ci étant une
opportunité plutôt qu’une contrainte. Par défi -
nition, le patrimoine est durable alors que la
démolition ne l’est pas. Les thermiciens apprennent
à travailler avec les architectes et il
faudrait aussi travailler de plus en plus avec
les historiens.
Quelle est la date limite de péremption d’un
immeuble à Paris Il n’y a pas d’objection de
principe à la démolition ; il ne faut pas tout
conserver, on peut modifier et démolir. A cet
égard, il est plus facile de démolir du bâti
des années 1960, qui comprend beaucoup
d’immeubles de bureaux. Mais il faut faire attention
au patrimoine. Sur ce plan, et en particulier
pour ce qui concerne les logements
sociaux, il existe de nombreux contacts entre
le STAP et la ville de Paris.
Les bailleurs sont confrontés aux difficultés
économiques des locataires ; il faut parfois
gérer des intérêts contradictoires (donneurs
d’ordre, architectes, occupants). Les dossiers
prennent du retard lorsqu’on ne trouve pas de
voie commune. Cependant, renoncer à rénover
un immeuble en raison du coût de la rénovation,
accentue la précarité énergétique pour
les occupants à faibles ressources.
Nous nous trouvons dans un moment clé où
des questions cruciales se posent auxquelles
les entreprises doivent répondre sans délai
(par exemple pour la question des fenêtres et
des menuiseries métalliques). Il faudrait, par
l’intensification de l’effort de recherche, que
de bonnes solutions soient proposées : des
capteurs solaires qui ne modifieraient pas le
paysage des toitures ou des matériaux de construction
de meilleure qualité, par exemple.
Sinon, il serait préférable d’attendre un peu.