autrefois en lorraine » (.pdf) - Musée Lorrain - Ville de Nancy
autrefois en lorraine » (.pdf) - Musée Lorrain - Ville de Nancy
autrefois en lorraine » (.pdf) - Musée Lorrain - Ville de Nancy
Create successful ePaper yourself
Turn your PDF publications into a flip-book with our unique Google optimized e-Paper software.
DOSSIER ENSEIGNANTS<br />
AUTREFOIS EN LORRAINE<br />
Section Arts et Traditions Populaires
LES ARTS ET TRADITIONS POPULAIRES<br />
Les collections d’arts populaires du musée<br />
<strong>Lorrain</strong>, prés<strong>en</strong>tées dans l’anci<strong>en</strong> couv<strong>en</strong>t <strong>de</strong>s<br />
Cor<strong>de</strong>liers, résult<strong>en</strong>t d’une collecte initiée dès<br />
1909 et jamais interrompue <strong>de</strong>puis lors.<br />
Leur diversité et leur richesse permett<strong>en</strong>t<br />
aujourd’hui <strong>de</strong> rappeler ce que fur<strong>en</strong>t les<br />
conditions <strong>de</strong> vie quotidi<strong>en</strong>ne <strong>en</strong> <strong>Lorrain</strong>e avant<br />
l’ère industrielle.<br />
Artisanat, mobilier régional, architecture et<br />
décors <strong>de</strong> maisons, objets domestiques, images<br />
populaires, céramiques, outils, costumes et<br />
textiles ou <strong>en</strong>core objets <strong>de</strong> piété form<strong>en</strong>t ainsi<br />
autant d’indices permettant <strong>de</strong> retracer les<br />
mo<strong>de</strong>s <strong>de</strong> vie <strong>de</strong> la société rurale.<br />
Le prés<strong>en</strong>t dossier offre une synthèse <strong>de</strong>s thèmes pouvant<br />
être abordés avec les élèves durant la visite.<br />
SOMMAIRE<br />
Du village à la maison p.3<br />
Cuisine et alim<strong>en</strong>tation. p.8<br />
Se chauffer et s’éclairer p.17<br />
Travaux et saisons p.22<br />
Pistes pédagogiques p.28<br />
1
PLAN DES ESPACES<br />
2
DU VILLAGE A LA MAISON<br />
L’habitat lorrain traditionnel constitue un thème majeur <strong>de</strong> la section<br />
<strong>de</strong>s arts et traditions populaires. En effet, meubles, outils agricoles,<br />
objets domestiques et objets d’arts populaires ont été organisés <strong>de</strong><br />
manière à évoquer ce à quoi pouvai<strong>en</strong>t ressembler les intérieurs<br />
lorrains <strong>de</strong> la fin du XVIIIème siècle au milieu du XXème siècle dans<br />
les campagnes.<br />
La <strong>Lorrain</strong>e rurale<br />
Caractéristiques générales<br />
Docum<strong>en</strong>tation p pédagogique<br />
– musée e <strong>Lorrain</strong><br />
La <strong>Lorrain</strong>e est une vieille région rurale qui prés<strong>en</strong>te un certain<br />
nombre <strong>de</strong> traits originaux :<br />
Un village allongé, le village-rue, avec <strong>de</strong>s maisons accolées<br />
prolongées sur la rue par les usoirs où triomph<strong>en</strong>t le fumier et les<br />
poules.<br />
Un système <strong>de</strong> champs ouverts (ou op<strong>en</strong>field), dans lequel<br />
l’utilisation du sol était minutieusem<strong>en</strong>t réglée par <strong>de</strong> strictes<br />
disciplines communautaires.<br />
Une structure sociale diversifiée alliant les cultivateurs les plus aisés,<br />
les laboureurs, aux plus humbles, les manœuvres.<br />
Autrefois s’imposait la préoccupation <strong>de</strong> se suffire sur place ; le<br />
terroir portait <strong>de</strong>s céréales (blé, seigle..), <strong>de</strong>s légumes (pois, l<strong>en</strong>tilles,<br />
haricots..), <strong>de</strong>s oléagineux (colza, navette, moutar<strong>de</strong>, pavot), <strong>de</strong>s<br />
textiles (chanvre et lin) ainsi que les vignes et les forêts pastorales. Au<br />
XVIIIème siècle s’est ajoutée la pomme <strong>de</strong> terre.<br />
Depuis la Première Guerre mondiale, ce système a subi quelques<br />
modifications avec la disparition <strong>de</strong>s manœuvres et l’accroissem<strong>en</strong>t<br />
du machinisme agricole, l’assouplissem<strong>en</strong>t du système <strong>de</strong> culture basé<br />
sur l’assolem<strong>en</strong>t tri<strong>en</strong>nal et la disparition du troupeau communal et<br />
<strong>de</strong> la vaine pâture.<br />
Alors que l’organisation <strong>en</strong> champs ouverts a subsisté, la structure<br />
économique a s<strong>en</strong>siblem<strong>en</strong>t évolué. Depuis les années tr<strong>en</strong>te, les<br />
labours se sont réduits au profit du fourrage. Le bétail est plus<br />
nombreux et mieux choisi. Le blé est <strong>en</strong> recul comme le seigle et le<br />
méteil au profit <strong>de</strong> l’avoine. La pomme <strong>de</strong> terre est égalem<strong>en</strong>t <strong>en</strong><br />
recul. Les cultures industrielles ont égalem<strong>en</strong>t chuté tandis que le<br />
3
vignoble a reculé au profit <strong>de</strong>s arbres fruitiers (pruniers surtout). Les<br />
cultures fourragères ont progressé (betteraves, prairies artificielles,<br />
pâtures closes appelées « parcs »). La production animale a été<br />
augm<strong>en</strong>tée par la constante amélioration <strong>de</strong>s races bovines et par<br />
l’accroissem<strong>en</strong>t du cheptel.<br />
Diversité régionale: les pays<br />
On divise habituellem<strong>en</strong>t la <strong>Lorrain</strong>e <strong>en</strong> pays. Ces petites unités<br />
géographiques ti<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t leur origine <strong>de</strong>s divisions <strong>de</strong>s anci<strong>en</strong>nes cités<br />
gallo-romaines et correspond<strong>en</strong>t à un espace <strong>de</strong> l’ordre <strong>de</strong> 1000 km 2 .<br />
Docum<strong>en</strong>tation p pédagogique<br />
– musée e <strong>Lorrain</strong><br />
Elles sont définies soit par leurs caractères physiques, soit par la zone<br />
d’influ<strong>en</strong>ce d’un c<strong>en</strong>tre urbain. Le « pays » <strong>de</strong>meure, dans les<br />
campagnes <strong>de</strong> la <strong>Lorrain</strong>e profon<strong>de</strong>, la cellule <strong>de</strong> base d’une étu<strong>de</strong><br />
régionale.<br />
Les pays forestiers :<br />
- La Vôge, une zone <strong>de</strong> forêts qui <strong>en</strong>veloppe les sources <strong>de</strong> la<br />
Saône au sud-ouest <strong>de</strong>s Vosges.<br />
- Les Hauts <strong>de</strong> Meuse.<br />
- Le plateau calcaire du Barrois monotone couvert <strong>de</strong> forêts et <strong>de</strong><br />
terres cultivées.<br />
Ces pays ont une vie rurale chétive où domin<strong>en</strong>t la pomme <strong>de</strong> terre<br />
(Vôge), le seigle et la pomme <strong>de</strong> terre, l’avoine (Hauts <strong>de</strong> Meuse),<br />
l’élevage <strong>de</strong>s ovins (Barrois).<br />
Les pays céréaliers :<br />
- Le Xaintois dominé par la butte témoin <strong>de</strong> Sion Vaudémont est<br />
un vieux pays rural considéré comme un <strong>de</strong>s gr<strong>en</strong>iers à blé du duché.<br />
- Les plaines <strong>de</strong> la Sarre et <strong>de</strong> la Seille.<br />
- Le pays haut <strong>de</strong> Briey conserve un paysage rural à peine modifié<br />
par l’exploitation minière.<br />
- La Woëvre au pied <strong>de</strong>s côtes <strong>de</strong> Meuse.<br />
La montagne :<br />
La vie rurale dans les Vosges s’organise autour <strong>de</strong> l’opposition <strong>en</strong>tre les<br />
Hautes-Vosges au Sud et les Basses-Vosges au Nord.<br />
La principale ressource du paysan vosgi<strong>en</strong> est le pré. Au <strong>de</strong>ssous <strong>de</strong> la<br />
forêt s’ét<strong>en</strong>d<strong>en</strong>t <strong>de</strong>s prairies <strong>de</strong> fauche auxquelles il donne tous ses<br />
4
soins par l’<strong>en</strong>treti<strong>en</strong> <strong>de</strong>s rigoles <strong>de</strong> drainage et d’irrigation et par <strong>de</strong>s<br />
arrosages <strong>de</strong> purin. La chaume <strong>de</strong>s sommets est une autre prairie : c’est<br />
un pâturage d’été où les vaches laitières <strong>de</strong>s villages <strong>de</strong>s vallées (surtout<br />
alsaci<strong>en</strong>nes) vi<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t séjourner p<strong>en</strong>dant quatre mois <strong>de</strong> la belle saison,<br />
la montée se faisant vers le 20 mai. Cep<strong>en</strong>dant, cette utilisation <strong>de</strong>s<br />
hautes chaumes est <strong>en</strong> pleine régression <strong>de</strong>puis le début du XXème<br />
siècle. La maison typique vosgi<strong>en</strong>ne est la « grange » large et basse à<br />
toit écrasé. Elle est souv<strong>en</strong>t bordée <strong>de</strong> bois ou <strong>de</strong> tôles, surtout sur le<br />
pignon ouest. Tout est fait pour y ret<strong>en</strong>ir le plus <strong>de</strong> chaleur possible <strong>en</strong><br />
hiver : le gr<strong>en</strong>ier à fourrage est au-<strong>de</strong>ssus <strong>de</strong>s pièces d’habitation et <strong>de</strong><br />
l’étable ; les f<strong>en</strong>êtres sont petites, le couloir bi<strong>en</strong> fermé.<br />
Docum<strong>en</strong>tation p pédagogique<br />
– musée e <strong>Lorrain</strong><br />
Les Vosges du Nord ont <strong>de</strong>s ressources moindres. Le bois leur a<br />
donné une petite activité industrielle mais les possibilités rest<strong>en</strong>t<br />
inférieures à celles <strong>de</strong>s Vosges du Sud.<br />
Le village lorrain<br />
L’habitat lorrain repose sur l’association <strong>en</strong>tre le village-rue et la<br />
maison <strong>en</strong> profon<strong>de</strong>ur. L’expansion du village-rue s’explique par un<br />
parfait accord avec le système agricole jadis fondé sur les contraintes<br />
collectives d’assolem<strong>en</strong>t et <strong>de</strong> vaîne pâture.<br />
Un pays d’habitat groupé<br />
La <strong>Lorrain</strong>e est un pays d’habitat groupé même s’il existe localem<strong>en</strong>t<br />
<strong>de</strong> grosses fermes isolées (le plus souv<strong>en</strong>t d’origine seigneuriale ou<br />
monastique) et que l’habitat reste dispersé dans la montagne<br />
vosgi<strong>en</strong>ne. En moy<strong>en</strong>ne, le ban ou finage particulier à chaque village<br />
n’est pas <strong>de</strong> superficie uniforme. Ces différ<strong>en</strong>ces ont <strong>de</strong>s causes<br />
historiques ou naturelles (nature <strong>de</strong>s sols). En <strong>de</strong>hors <strong>de</strong> la faible partie<br />
couverte par le village, le territoire se répartit inégalem<strong>en</strong>t <strong>en</strong>tre la<br />
forêt, la prairie, les terres labourées et év<strong>en</strong>tuellem<strong>en</strong>t les vignes. Les<br />
champs sont sans clôture et l’utilisation du sol est minutieusem<strong>en</strong>t<br />
réglée − jusqu’aux années cinquante − par <strong>de</strong> strictes disciplines<br />
communautaires (assolem<strong>en</strong>t tri<strong>en</strong>nal obligatoire, vaine pâture,<br />
v<strong>en</strong>danges et fauchaisons réglem<strong>en</strong>tées).<br />
Village-tas et village-rue<br />
Si le village-tas représ<strong>en</strong>te la structure la plus anci<strong>en</strong>ne, le village-rue<br />
constitue le type <strong>de</strong> plan le plus original avec ses maisons jointives ou<br />
pas, perp<strong>en</strong>diculaires à la rue et séparées <strong>de</strong> celle-ci par un usoir,<br />
5
espace communal non construit (profond <strong>de</strong> 5 à15 m <strong>en</strong>tre faça<strong>de</strong> et<br />
caniveau) où s’<strong>en</strong>tass<strong>en</strong>t les chariots et les instrum<strong>en</strong>ts agricoles. Ce<br />
village est un type <strong>de</strong> référ<strong>en</strong>ce pour toute la <strong>Lorrain</strong>e c<strong>en</strong>trale du<br />
Barrois à la plaine sous-vosgi<strong>en</strong>ne.<br />
Outre les maisons, on r<strong>en</strong>contre dans chaque village un certain<br />
nombre d’édifices qui diffèr<strong>en</strong>t suivant l’importance <strong>de</strong> la localité :<br />
L’église et son cimetière, refuge pour les habitants <strong>en</strong> cas <strong>de</strong> guerre.<br />
Puits, fontaines et lavoirs sont <strong>de</strong>s <strong>en</strong>droits <strong>de</strong> r<strong>en</strong>contre privilégiés.<br />
La halle où se t<strong>en</strong>ai<strong>en</strong>t les marchés.<br />
Les grands fours banaux condamnés par la Révolution.<br />
Le village : une communauté unie<br />
Docum<strong>en</strong>tation p pédagogique<br />
– musée e <strong>Lorrain</strong><br />
Les laboureurs possédai<strong>en</strong>t le matériel aratoire et la terre. Certains ne<br />
possédai<strong>en</strong>t que quelques hectares, d’autres pouvai<strong>en</strong>t <strong>en</strong> avoir jusqu’à<br />
une tr<strong>en</strong>taine. Les manœuvres travaillai<strong>en</strong>t pour le laboureur.<br />
Dép<strong>en</strong>dants <strong>en</strong> toute chose – ils ne possédai<strong>en</strong>t ni charrue, ni<br />
attelage−, ils vivai<strong>en</strong>t cep<strong>en</strong>dant dans leur propre maison. Les artisans<br />
(maréchaux, maçons et charp<strong>en</strong>tiers, tisserands et tailleurs d’habits,<br />
charrons, tanneurs, bourreliers et cordonniers, potiers, tuiliers et<br />
chaufourniers, meuniers et huiliers) vivai<strong>en</strong>t aussi plus ou moins <strong>de</strong> la<br />
culture <strong>de</strong> quelques terres. Les notables (curé, tabellion, maître d’école,<br />
chirurgi<strong>en</strong>, etc) étai<strong>en</strong>t issus <strong>de</strong> la classe <strong>de</strong>s laboureurs. Malgré ces<br />
différ<strong>en</strong>ces, les services communautaires et les croyances religieuses<br />
contribuai<strong>en</strong>t à faire du village une communauté homogène.<br />
A l’intérieur <strong>de</strong> la maison<br />
Une maison <strong>en</strong> profon<strong>de</strong>ur<br />
La maison <strong>lorraine</strong> est rectangulaire et perp<strong>en</strong>diculaire à la rue. Elle<br />
abrite sous le même toit hommes, bêtes et récoltes. Elle est composée<br />
dès le XVIème siècle <strong>de</strong> un, <strong>de</strong>ux, trois ou quatre rains (ou travées) :<br />
un pour les hommes (l’habitation), un pour les récoltes (la grange), et<br />
selon la richesse du propriétaire un pour les chevaux (l’écurie) et plus<br />
tard un quatrième pour les vaches (l’étable) quand l’élevage bovin<br />
<strong>de</strong>vi<strong>en</strong>dra plus important. La maison est recouverte d’une charp<strong>en</strong>te <strong>de</strong><br />
bois formée <strong>de</strong> grands poteaux appelés parfois « hommes <strong>de</strong>bout » et<br />
reposant au sol sur un sabot <strong>de</strong> pierre ou une semelle <strong>de</strong> bois. A<br />
l’origine, la maison <strong>lorraine</strong> est une maison <strong>en</strong> bois que la pierre n’a<br />
jamais remplacée complètem<strong>en</strong>t.<br />
6
Les toits sont à faible p<strong>en</strong>te. Ils avanc<strong>en</strong>t fortem<strong>en</strong>t <strong>en</strong> avant <strong>de</strong>s<br />
faça<strong>de</strong>s, jusqu’à 2 m par <strong>en</strong>droits. Cette avancée permettait <strong>de</strong> faire<br />
sécher les récoltes susp<strong>en</strong>dues <strong>en</strong> <strong>de</strong>ssous. Une faible partie <strong>de</strong>s<br />
maisons rurales était <strong>en</strong>core couverte <strong>de</strong> toits <strong>de</strong> chaume <strong>en</strong> 1850, mais<br />
on sait que les tuiles creuses ont été utilisées <strong>en</strong> <strong>Lorrain</strong>e dès le<br />
XVIIème siècle.<br />
Une stricte organisation <strong>de</strong> l’espace<br />
Docum<strong>en</strong>tation p pédagogique<br />
– musée e <strong>Lorrain</strong><br />
La maison du laboureur a été construite plus tôt que les autres <strong>en</strong><br />
matériaux durables, c’est donc ess<strong>en</strong>tiellem<strong>en</strong>t elle qui a survécu.<br />
L’habitation n’occupe généralem<strong>en</strong>t que le rez-<strong>de</strong>-chaussée. A l’étage<br />
se trouv<strong>en</strong>t les gr<strong>en</strong>iers. Cep<strong>en</strong>dant, à partir du XIXème siècle, on voit<br />
se multiplier les chambres d’étage. Le premier rain abrite l’habitation. Il<br />
est composé <strong>de</strong> trois pièces <strong>en</strong> <strong>en</strong>fila<strong>de</strong> : une chambre sur la rue, la<br />
cuisine et une chambre arrière.<br />
Seule la chambre sur rue, appelée « poêle » ou « belle chambre », est<br />
pourvue d’une f<strong>en</strong>être. La chambre du fond est souv<strong>en</strong>t une pièce<br />
borgne qui reçoit un peu <strong>de</strong> lumière <strong>de</strong> la cuisine par une petite f<strong>en</strong>être<br />
intérieure ou par une porte vitrée. Quant à la cuisine, elle est aérée et<br />
éclairée par l’ouverture <strong>de</strong> la cheminée. A partir du XIXème siècle, on<br />
a aménagé dans certaines maisons une flaman<strong>de</strong> (sorte <strong>de</strong> <strong>de</strong>uxième<br />
hotte <strong>de</strong> cheminée parallèle à celle du foyer, qui part d’une gran<strong>de</strong><br />
ouverture dans le plafond et se termine, au ras du toit, par un<br />
lanternon vitré). La cuisine conti<strong>en</strong>t la cheminée, unique foyer <strong>de</strong> la<br />
maison. Elle se situe le plus souv<strong>en</strong>t contre le mur <strong>de</strong> la chambre, ce<br />
qui permet <strong>de</strong> chauffer la chambre grâce à une taque <strong>de</strong> fonte <strong>de</strong>rrière<br />
laquelle la maçonnerie était évidée.<br />
La grange sert <strong>de</strong> lieu <strong>de</strong> travail. On y bat le blé, on y prépare les li<strong>en</strong>s<br />
pour la moisson. Les femmes s’y réuniss<strong>en</strong>t pour bro<strong>de</strong>r ou tricoter,<br />
nettoyer les légumes etc … C’est là que l’on r<strong>en</strong>tre toutes les récoltes<br />
et que l’on range le matériel. Les troisième et quatrième travées sont<br />
aux animaux (étable et écurie). Au <strong>de</strong>ssus du logis et <strong>de</strong>s écuries, le<br />
gr<strong>en</strong>ier conti<strong>en</strong>t <strong>en</strong> hiver toutes les récoltes du laboureur.<br />
La maison du manœuvre n’a qu’une seule travée sans écurie (ne<br />
possédant pas <strong>de</strong> train <strong>de</strong> culture, il n’a pas <strong>de</strong> cheval ) avec une toute<br />
petite étable à l’arrière. Elle n’a généralem<strong>en</strong>t que <strong>de</strong>ux pièces (la<br />
chambre et la cuisine). Au <strong>de</strong>ssus <strong>de</strong> la porte se trouve une ouverture<br />
(la gerbière) par où l’on <strong>en</strong>grange les récoltes.<br />
7
CUISINE ET ALIMENTATION<br />
Etymologiquem<strong>en</strong>t, le mot « cuisine » vi<strong>en</strong>t du latin coquere qui<br />
signifie « cuire ». Par conséqu<strong>en</strong>t, le terme « cuisine » désigne d’abord<br />
l’action <strong>de</strong> préparer les alim<strong>en</strong>ts avant d’être employé pour désigner la<br />
seule pièce <strong>de</strong> la maison équipée d’une cheminée.<br />
La cuisine, cœur <strong>de</strong> la maison <strong>lorraine</strong><br />
Caractéristiques générales<br />
Docum<strong>en</strong>tation p pédagogique<br />
– musée e <strong>Lorrain</strong><br />
On y fait le feu grâce auquel on cuit les alim<strong>en</strong>ts mais aussi on<br />
chauffe la maison. C’est la raison pour laquelle, traditionnellem<strong>en</strong>t, la<br />
cuisine est la pièce privilégiée <strong>de</strong> la maison, celle où la famille se ti<strong>en</strong>t<br />
le plus souv<strong>en</strong>t et se réunit pour les veillées.<br />
La cuisine se trouve généralem<strong>en</strong>t au cœur <strong>de</strong> la maison <strong>lorraine</strong><br />
toute <strong>en</strong> profon<strong>de</strong>ur. Elle est donc le plus souv<strong>en</strong>t borgne, sauf dans<br />
les montagnes vosgi<strong>en</strong>nes, le Pays-Haut et la Meuse où elle est dotée<br />
d’une f<strong>en</strong>être. Son sol dallé est <strong>en</strong> pierre.<br />
L’équipem<strong>en</strong>t <strong>de</strong> la cuisine<br />
La taque <strong>de</strong> cheminée<br />
Très importante dans la maison <strong>lorraine</strong>, elle permet <strong>de</strong> chauffer la<br />
pièce avoisinante. Le terme <strong>de</strong> « taque » ou « plaque » désigne <strong>en</strong><br />
réalité 2 équipem<strong>en</strong>ts différ<strong>en</strong>ts mais complém<strong>en</strong>taires :<br />
- la plaque <strong>de</strong> fonte verticale, souv<strong>en</strong>t travaillée ou ornée <strong>de</strong><br />
moulures, fixée au fond <strong>de</strong> l’âtre. En effet, la cheminée <strong>de</strong> la cuisine<br />
étant souv<strong>en</strong>t la seule source <strong>de</strong> chaleur <strong>de</strong> tout l’espace habité, un<br />
trou <strong>de</strong> communication était établi <strong>en</strong>tre la cuisine et la pièce<br />
contiguë ; la taque servait alors <strong>de</strong> « cloison », le métal <strong>de</strong> la plaque<br />
permettant à la chaleur <strong>de</strong> l’âtre <strong>de</strong> se propager dans la chambre<br />
voisine.<br />
- la plaque <strong>de</strong> fonte horizontale, lisse et non ornée sur laquelle on fait<br />
le feu.<br />
Le mobilier<br />
Simple et fonctionnel, il a longtemps été limité. Il se compose<br />
ess<strong>en</strong>tiellem<strong>en</strong>t <strong>de</strong>s élém<strong>en</strong>ts suivants :<br />
- <strong>de</strong>s placards évidés dans le mur. On range dans ceux qui se situ<strong>en</strong>t<br />
<strong>de</strong> part et d’autre <strong>de</strong> la cheminée les d<strong>en</strong>rées qu’il faut t<strong>en</strong>ir au sec<br />
8
telles que certains alim<strong>en</strong>ts, la boîte à sel, quelques épices...<br />
- le sel peut égalem<strong>en</strong>t être gardé dans une saunière, meuble bas <strong>en</strong><br />
forme <strong>de</strong> véritable coffre à sel (parfois à plusieurs tiroirs) placé à côté<br />
<strong>de</strong> la cheminée et sur lequel on peut s’asseoir.<br />
- chaque cuisine possè<strong>de</strong> une table, longue et étroite, et <strong>de</strong>s bancs,<br />
aussi longs que la table. Personne ne s’assied aux bouts.<br />
- on trouve égalem<strong>en</strong>t pour s’asseoir quelques tabourets ou sellettes à<br />
trois pieds obliques que l’on place souv<strong>en</strong>t près du foyer. Les chaises<br />
apparaiss<strong>en</strong>t au XVIIIème siècle.<br />
Docum<strong>en</strong>tation p pédagogique<br />
– musée e <strong>Lorrain</strong><br />
- les coffres sont appréciés pour leur mobilité (qui reste relative) et leur<br />
capacité <strong>de</strong> rangem<strong>en</strong>t. De toutes tailles, certains étai<strong>en</strong>t décorés <strong>de</strong><br />
motifs peints, surtout dans les Vosges. Selon leur fonction, un nom<br />
spécifique leur était donné : par exemple, on appelait « huges » ou<br />
« huches » <strong>de</strong>s coffres <strong>de</strong> taille moy<strong>en</strong>ne où l’on rangeait du grain, <strong>de</strong>s<br />
légumes secs ou quelques autres d<strong>en</strong>rées. Les plus petites d’<strong>en</strong>tre elles,<br />
les « hugeottes », parfois <strong>en</strong> osier, conservai<strong>en</strong>t le lard, le jambon ou<br />
<strong>en</strong>core <strong>de</strong>s fromages.<br />
- on gardait la farine dans <strong>de</strong>s burtoires ou maies, sortes <strong>de</strong> coffres sur<br />
pieds, utilisées comme pétrin dans la confection du pain. Un plateau<br />
mobile permettait <strong>de</strong> l’utiliser comme plan <strong>de</strong> travail.<br />
- jusqu’à une époque réc<strong>en</strong>te, on trouvait aussi un lit car les par<strong>en</strong>ts<br />
dormai<strong>en</strong>t dans la cuisine. Ce lit est souv<strong>en</strong>t sous forme d’alcôve<br />
simple, <strong>en</strong> angle, ou double. Dans ce cas, les <strong>de</strong>ux alcôves sont<br />
séparées par un étroit placard et occup<strong>en</strong>t un mur <strong>de</strong> la pièce. Parfois,<br />
on trouve à la place <strong>de</strong>s alcôves un lit mobile à ri<strong>de</strong>aux<br />
exceptionnellem<strong>en</strong>t pourvu d’une petite armoire à son pied.<br />
- <strong>en</strong>fin, on trouve dans une cuisine un meuble où mettre la vaisselle.<br />
Celle-ci est cachée ou exposée selon les cas. On distingue :<br />
le buffet : il r<strong>en</strong>ferme l’arg<strong>en</strong>terie, du linge <strong>de</strong> table, <strong>de</strong>s<br />
papiers, <strong>de</strong> l’arg<strong>en</strong>t, mais aussi <strong>de</strong>s d<strong>en</strong>rées alim<strong>en</strong>taires.<br />
le dressoir : il sert surtout à exposer <strong>en</strong> perman<strong>en</strong>ce c’est-àdire<br />
« dresser » <strong>de</strong>s ust<strong>en</strong>siles tels que <strong>de</strong>s chaudrons, pots ou<br />
poêles mais aussi <strong>de</strong> la vaisselle diverse (assiettes <strong>de</strong> faï<strong>en</strong>ce..).<br />
9
Les ust<strong>en</strong>siles<br />
liés à l’eau : chaudron à eau, baquets <strong>de</strong> bois, pots et bassines <strong>de</strong><br />
cuivre, fer blanc ou terre cuite...<br />
liés au feu : pincettes, tire-braises, pelle à c<strong>en</strong>dres, soufflet... On<br />
appelle « c<strong>en</strong>drier » un récipi<strong>en</strong>t dans lequel on gar<strong>de</strong> les c<strong>en</strong>dres <strong>en</strong><br />
vue <strong>de</strong>s lessives à v<strong>en</strong>ir.<br />
pour cuisiner : casseroles diverses (cocottes, marmites, tourtière,<br />
daubière, poêles, etc..) tripo<strong>de</strong>s ou posées sur un trépied, bras mobile<br />
appelé « la servante » fixé à un montant latéral <strong>de</strong> l’âtre et pouvant être<br />
ram<strong>en</strong>é <strong>en</strong> avant pour sout<strong>en</strong>ir la queue d’une longue poêle,<br />
crémaillère, mais aussi écumoire, louche, fourchette à gran<strong>de</strong>s d<strong>en</strong>ts,<br />
grils ou <strong>en</strong>core gaufrier.<br />
Docum<strong>en</strong>tation p pédagogique<br />
– musée e <strong>Lorrain</strong><br />
Ces ust<strong>en</strong>siles sont le plus souv<strong>en</strong>t p<strong>en</strong>dus à <strong>de</strong>s clous, sous le manteau<br />
<strong>de</strong> la cheminée.<br />
L’eau<br />
Les puits et fontaines<br />
Rares sont les maisons pourvues <strong>de</strong> puits particuliers : le plus souv<strong>en</strong>t,<br />
les g<strong>en</strong>s s’approvisionn<strong>en</strong>t <strong>en</strong> eau à <strong>de</strong>s fontaines ou <strong>de</strong>s puits, publics<br />
ou partagés avec d’autres propriétaires. L’usage <strong>de</strong> puits à balancier est<br />
une caractéristique <strong>de</strong> la <strong>Lorrain</strong>e jusqu’au XVIIIème siècle où leur<br />
usage décline à mesure que l’on parvi<strong>en</strong>t à capter l’eau <strong>de</strong>s sources.<br />
Dès lors, on amène l’eau jusqu’aux fontaines <strong>de</strong>s villages où elle coule<br />
<strong>en</strong> perman<strong>en</strong>ce.<br />
La pierre à eau<br />
A l’intérieur <strong>de</strong> chaque cuisine se trouve une pierre à eau fabriquée<br />
avec une pierre locale. Elle est <strong>de</strong> gran<strong>de</strong> dim<strong>en</strong>sion, jusqu’à 1,80 m <strong>de</strong><br />
long, et se situe souv<strong>en</strong>t dans une sorte <strong>de</strong> niche ou <strong>en</strong>feu. Elle est<br />
fréquemm<strong>en</strong>t surmontée d’étagères ou <strong>de</strong> placards. Lorsque la cuisine<br />
a une f<strong>en</strong>être, la pierre à eau est placée <strong>de</strong>vant celle-ci et l’écoulem<strong>en</strong>t<br />
<strong>de</strong>s eaux usées se fait directem<strong>en</strong>t à l’extérieur.<br />
Lorsque la maison a un puits particulier, une pompe alim<strong>en</strong>te<br />
directem<strong>en</strong>t la pierre à eau, placée juste à côté. Ce confort est un luxe !<br />
Dans tous les cas, un seau rempli d’eau est posé <strong>en</strong> perman<strong>en</strong>ce sur la<br />
pierre. On y puise <strong>de</strong> l’eau avec une sorte <strong>de</strong> louche <strong>en</strong> cuivre à fond<br />
plat appelée « poche ».<br />
10
L’alim<strong>en</strong>tation traditionnelle <strong>en</strong> <strong>Lorrain</strong>e<br />
Caractéristiques générales<br />
Jusqu’à la diffusion <strong>de</strong> plats ou recettes d’autres régions puis d’autres<br />
pays à partir <strong>de</strong> 1925 <strong>en</strong>viron, la population <strong>lorraine</strong> consomme<br />
uniquem<strong>en</strong>t <strong>de</strong>s produits locaux qu’elle produit souv<strong>en</strong>t elle-même,<br />
surtout <strong>en</strong> milieu rural.<br />
Docum<strong>en</strong>tation p pédagogique<br />
– musée e <strong>Lorrain</strong><br />
La <strong>Lorrain</strong>e procè<strong>de</strong> dès le Moy<strong>en</strong> Age à <strong>de</strong>s échanges commerciaux<br />
<strong>de</strong> d<strong>en</strong>rées, aussi bi<strong>en</strong> à l’intérieur <strong>de</strong> la région qu’avec les provinces<br />
voisines. Il existe ainsi <strong>de</strong>s relations séculaires <strong>en</strong>tre la <strong>Lorrain</strong>e et le<br />
Luxembourg mais aussi l’Alsace ou la Franche-Comté dont les<br />
traditions culinaires sont spécifiques. Par conséqu<strong>en</strong>t, la cuisine<br />
<strong>lorraine</strong> est géographiquem<strong>en</strong>t variée : celle que l’on pratique dans la<br />
Moselle germanophone diffère <strong>de</strong> celle <strong>de</strong> la <strong>Lorrain</strong>e c<strong>en</strong>trale, <strong>de</strong>s<br />
vignobles, du Barrois, <strong>de</strong> la Vôge, <strong>de</strong> la montagne, ou <strong>en</strong>core <strong>de</strong>s<br />
gran<strong>de</strong>s villes. Enfin, le développem<strong>en</strong>t <strong>de</strong> communautés religieuses ou<br />
émigrées <strong>en</strong> <strong>Lorrain</strong>e introduit aussi dans la région <strong>de</strong> nouvelles<br />
pratiques culinaires issues <strong>de</strong> traditions juives sous l’Anci<strong>en</strong> Régime,<br />
itali<strong>en</strong>nes ou <strong>en</strong>core polonaises au XXème siècle.<br />
Enfin <strong>en</strong> raison du climat, les ressources sont limitées. La peur <strong>de</strong><br />
manquer ou la pauvreté font que l’alim<strong>en</strong>tation <strong>lorraine</strong> est régie par<br />
un strict souci d’économie. Ainsi, quelle que soit la catégorie sociale, le<br />
pain et les végétaux domin<strong>en</strong>t l’alim<strong>en</strong>tation toute l’année.<br />
L’introduction <strong>de</strong> la pomme <strong>de</strong> terre au XVIIIème siècle fut toutefois<br />
un progrès ess<strong>en</strong>tiel contre la misère et ce tubercule domine <strong>en</strong>core la<br />
cuisine régionale à l’heure actuelle.<br />
Les bases <strong>de</strong> l’alim<strong>en</strong>tation quotidi<strong>en</strong>ne<br />
Les légumes<br />
La soupe est le plat quotidi<strong>en</strong> ess<strong>en</strong>tiel <strong>de</strong>s <strong>Lorrain</strong>s jusqu’au XIXème<br />
siècle. Cela occasionne une certaine monotonie <strong>de</strong>s repas car toutes les<br />
familles cultiv<strong>en</strong>t les mêmes produits : <strong>de</strong>s fécul<strong>en</strong>ts (pois, fèves puis<br />
pommes <strong>de</strong> terre), <strong>de</strong>s légumes t<strong>en</strong>dres (choux divers, raves, radis,<br />
rutabagas, navets, poireaux, carottes, bettes, épinards et sala<strong>de</strong>s<br />
diverses) et <strong>de</strong>s aromates (thym, persil, cerfeuil, estragon, ciboulette).<br />
En cuisine, l’oignon et l’échalote sont bi<strong>en</strong> plus utilisés que l’ail.<br />
Au cours du XIXème siècle, on adopte d’autres légumes tels que les<br />
l<strong>en</strong>tilles blon<strong>de</strong>s, le raifort ou le chou rouge. La culture <strong>de</strong> la l<strong>en</strong>tille a<br />
totalem<strong>en</strong>t disparu <strong>de</strong> nos jours alors que, vers 1860, La <strong>Lorrain</strong>e <strong>en</strong><br />
était une très grosse productrice. La bourgeoisie, curieuse <strong>de</strong><br />
11
nouveautés, <strong>de</strong>man<strong>de</strong> à ses jardiniers <strong>de</strong> cultiver <strong>de</strong>s légumes plus<br />
raffinés tels que la laitue, les <strong>en</strong>dives <strong>de</strong> Bruxelles, les asperges, les<br />
artichauts, les salsifis, les potirons. Enfin, les guerres et l’émigration<br />
introduis<strong>en</strong>t la choucroute et les plats méridionaux à base <strong>de</strong> tomates,<br />
courgettes et poivrons. Cette gran<strong>de</strong> diversité <strong>de</strong> légumes est <strong>de</strong>meurée<br />
le plus souv<strong>en</strong>t inconnue <strong>de</strong> la cuisine populaire tant que l’unique plat<br />
<strong>de</strong> légumes proposé chaque jour à table fut la soupe au lard, le pot-aufeu,<br />
la potée et les pommes <strong>de</strong> terre diversem<strong>en</strong>t cuisinées.<br />
Les laitages<br />
Docum<strong>en</strong>tation p pédagogique<br />
– musée e <strong>Lorrain</strong><br />
La pauvreté r<strong>en</strong>d la vian<strong>de</strong> rare. On cherche alors <strong>de</strong>s protéines dans<br />
<strong>de</strong>s recettes à base <strong>de</strong> lait, <strong>de</strong> farine, d’œufs et <strong>de</strong> crème. A la<br />
campagne, la plupart <strong>de</strong>s ménages possédai<strong>en</strong>t <strong>de</strong>s volailles voire une<br />
vache. En ville, <strong>de</strong>s laitiers allai<strong>en</strong>t dans tous les quartiers v<strong>en</strong>dre du<br />
lait. Quoi qu’il <strong>en</strong> soit, le lait était un produit précieux. Il est bu <strong>en</strong>tier,<br />
écrémé par le consommateur lui-même, ou allongé d’eau afin <strong>de</strong><br />
l’économiser.<br />
Il sert aussi à fabriquer <strong>de</strong> nombreux produits laitiers : la crème,<br />
omniprés<strong>en</strong>te dans la cuisine <strong>lorraine</strong> mais utilisée avec mesure pour<br />
épaissir un potage, <strong>en</strong>richir une sauce..., ou <strong>en</strong>core le beurre obt<strong>en</strong>u<br />
grâce à l’adjonction <strong>de</strong> présure <strong>de</strong> veau et fabriqué dans <strong>de</strong>s barattes. Il<br />
se conserve tout l’hiver à la cave dans <strong>de</strong>s pots <strong>de</strong> grès. V<strong>en</strong>du <strong>en</strong><br />
motte ou converti <strong>en</strong> pains dans <strong>de</strong>s moules <strong>en</strong> bois, il était surtout<br />
utilisé à la ville car, à la campagne, on lui préfère le lard, le saindoux et<br />
la crème. Le fromage est un produit laitier fort répandu car il a<br />
l’avantage <strong>de</strong> se conserver. Il est apprécié <strong>en</strong> <strong>Lorrain</strong>e <strong>de</strong>puis <strong>de</strong>s<br />
siècles. Certains fromages vosgi<strong>en</strong>s sont commercialisés mais, le plus<br />
souv<strong>en</strong>t, le cultivateur se cont<strong>en</strong>te du fromage qu’il fabrique lui-même.<br />
Il <strong>en</strong> existe 3 sortes: le fromage blanc, le fromage salé et le fromage<br />
fondu. Le plus simple, le « blanc fromage », était du lait caillé égoutté<br />
dans un moule <strong>en</strong> bois. On le mangeait chaque soir avec <strong>de</strong>s oignons,<br />
du sel et du poivre ou <strong>en</strong>core avec <strong>de</strong>s pommes <strong>de</strong> terre à l’eau ..<br />
Certaines personnes, moins économes, l’agrém<strong>en</strong>t<strong>en</strong>t d’un peu <strong>de</strong><br />
crème. On peut égoutter <strong>en</strong>core le reste, le saler puis le faire sécher <strong>de</strong><br />
quelques jours à quelques semaines <strong>en</strong>viron, p<strong>en</strong>dant lesquelles il se<br />
tasse, durcit <strong>en</strong>core et jaunit. En Argonne, on le conserve dans la<br />
c<strong>en</strong>dre. Enfin, on mange aussi <strong>en</strong> <strong>Lorrain</strong>e du fromage fondu proche<br />
<strong>de</strong> la cancoillotte comtoise à partir <strong>de</strong> fromage blanc fait auquel on<br />
ajoutait <strong>de</strong> la crème ou du beurre avant <strong>de</strong> le faire fondre doucem<strong>en</strong>t.<br />
12
Pain et gâteaux<br />
La farine ti<strong>en</strong>t une place très importante dans la cuisine populaire<br />
<strong>lorraine</strong>. La maîtresse <strong>de</strong> maison met un point d’honneur à<br />
confectionner <strong>de</strong>s alim<strong>en</strong>ts nourrissants et savoureux. Ceux-ci<br />
permett<strong>en</strong>t à la fois <strong>de</strong> donner <strong>de</strong> la consistance aux repas quotidi<strong>en</strong>s,<br />
souv<strong>en</strong>t dépourvus <strong>de</strong> vian<strong>de</strong>, et <strong>de</strong> leur apporter une certaine fantaisie<br />
gustative qui rompt la monotonie <strong>de</strong>s m<strong>en</strong>us. Elle fabrique <strong>de</strong>s<br />
produits à base <strong>de</strong> pâte à pain qu’elle pétrit et façonne elle-même mais<br />
elle aime égalem<strong>en</strong>t faire <strong>de</strong> la pâtisserie. Elle confectionne <strong>en</strong>fin <strong>de</strong>s<br />
pâtés, appelés <strong>de</strong> nos jours « pâtés lorrains ».<br />
Docum<strong>en</strong>tation p pédagogique<br />
– musée e <strong>Lorrain</strong><br />
Quand sa cuisson à domicile n’est pas interdite, le pain est cuit sur<br />
place, à la maison. La farine <strong>de</strong> blé compose l’ess<strong>en</strong>tiel du pain lorrain<br />
même si, <strong>en</strong> Moselle ou <strong>en</strong> cas <strong>de</strong> disette, l’orge et le seigle sont aussi<br />
utilisés. On distingue plusieurs sortes <strong>de</strong> pain au blé : les plus connues<br />
sont le pain blanc et le pain bis, équival<strong>en</strong>t du pain complet actuel. A la<br />
campagne, on mêle souv<strong>en</strong>t un peu <strong>de</strong> seigle à la farine <strong>de</strong> blé afin que<br />
le pain se conserve plus longtemps, jusqu’à quinze jours. La<br />
consommation quotidi<strong>en</strong>ne <strong>de</strong> pain a longtemps été élevée et atteignait<br />
une à <strong>de</strong>ux livres par jour. Dès 1863, <strong>de</strong>s boulangers font <strong>de</strong>s tournées<br />
dans les plus gros villages puis dans chaque commune. Ils propos<strong>en</strong>t<br />
<strong>de</strong>s pains <strong>en</strong> forme <strong>de</strong> couronne, plus légers et plus petits que les<br />
miches <strong>de</strong> 6 à 12 livres que les habitants peuv<strong>en</strong>t cuire eux-mêmes. Par<br />
conséqu<strong>en</strong>t, la fabrication du pain à la maison a t<strong>en</strong>dance à se raréfier<br />
voire disparaître car, <strong>de</strong> plus <strong>en</strong> plus, les g<strong>en</strong>s préfèr<strong>en</strong>t acheter du pain<br />
frais chez le boulanger. Ainsi, on trouvait <strong>en</strong> 1876 1 four par ménage ;<br />
30 ans plus tard, il ne restait plus que 1 ou 2 fours à pain par<br />
commune.<br />
Traditionnellem<strong>en</strong>t, le pain gar<strong>de</strong> un caractère sacré. La <strong>Lorrain</strong>e est<br />
une région très pratiquante et, au quotidi<strong>en</strong>, certains rituels sont<br />
associés au pain : on fait un signe <strong>de</strong> croix <strong>en</strong> le fabriquant, le père <strong>de</strong><br />
famille fait égalem<strong>en</strong>t un signe <strong>de</strong> croix sur la croûte d’une miche avant<br />
<strong>de</strong> l’<strong>en</strong>tamer et chaque membre <strong>de</strong> la famille respecte le pain : il est<br />
hors <strong>de</strong> question <strong>de</strong> le gâcher, d’<strong>en</strong> perdre le moindre morceau ou<br />
d’<strong>en</strong>foncer la pointe d’un couteau dans une miche. On ne doit pas non<br />
plus poser le pain à l’<strong>en</strong>vers, côté croix, sinon on risque <strong>de</strong> manquer <strong>de</strong><br />
pain un jour. Entre les repas, le pain est <strong>en</strong>veloppé dans une nappe à<br />
pain posée sur une table du poêle, le côté <strong>en</strong>tamé tourné vers la porte.<br />
Les pains non <strong>en</strong>tamés sont, quant à eux, conservés dans une huche<br />
(sorte <strong>de</strong> coffre) ou à la cave. Enfin, les familles pratiquantes font bénir<br />
le dimanche leur pain <strong>de</strong> la semaine.<br />
13
Docum<strong>en</strong>tation p pédagogique<br />
– musée e <strong>Lorrain</strong><br />
Les gâteaux serv<strong>en</strong>t à rompre la monotonie <strong>de</strong>s repas, mais certains,<br />
plus élaborés ou coûteux, agrém<strong>en</strong>t<strong>en</strong>t seulem<strong>en</strong>t les m<strong>en</strong>us <strong>de</strong> fête.<br />
Tant que l’âtre fut le seul mo<strong>de</strong> <strong>de</strong> cuisson, les douceurs étai<strong>en</strong>t cuites<br />
dans <strong>de</strong>s poêles, <strong>de</strong>s gaufriers ou <strong>de</strong>s cocottes <strong>en</strong> fonte. On mangeait<br />
donc <strong>de</strong>s crêpes, <strong>de</strong>s gaufres, <strong>de</strong>s clafoutis... Pour mardi gras, on faisait<br />
aussi <strong>de</strong>s beignets « <strong>de</strong> carnaval », d’abord cuits et dorés dans la poêle.<br />
Il faut <strong>en</strong> revanche porter au boulanger les tartes et gâteaux <strong>de</strong> fête<br />
pour qu’ils soi<strong>en</strong>t cuits. Enfin, on profite du jour où on cuit le pain<br />
familial pour « quichotter », c’est-à-dire faire <strong>de</strong>s « quiches ». Ce mot<br />
est issu <strong>de</strong> l’alsaci<strong>en</strong> « Kuche » qui signifie « gâteau ». Par conséqu<strong>en</strong>t, à<br />
l’origine, on appelait « quiches » <strong>en</strong> <strong>Lorrain</strong>e toutes sortes <strong>de</strong> tartes. Les<br />
premières fur<strong>en</strong>t garnies <strong>de</strong> prunes puis, selon les saisons et<br />
l’inspiration <strong>de</strong> la cuisinière, on mit tout ce qu’on voulait ou pouvait<br />
mettre sur la pâte. Les plus célèbres sont la tarte aux mirabelles et la<br />
fameuse « quiche <strong>lorraine</strong> » (seule à avoir gardé son nom d’origine).<br />
la quiche <strong>lorraine</strong><br />
Sa recette a beaucoup varié ; au début du XVIème siècle, elle était à base <strong>de</strong> pâte à pain. Au cours <strong>de</strong>s siècles, la<br />
quiche est <strong>de</strong>v<strong>en</strong>ue plus raffinée et, finalem<strong>en</strong>t, sa recette s’est fixée <strong>de</strong> la manière suivante qui correspond à celle<br />
que nous connaissons <strong>en</strong>core actuellem<strong>en</strong>t :<br />
Foncez une tourtière avec une pâte brisée (et non feuilletée !) mince mais assez résistante pour supporter le poids<br />
d’une « migaine ». Préparez cet appareil à l’ai<strong>de</strong> d’œufs (un par convive), <strong>de</strong> crème fraîche, <strong>de</strong> sel, <strong>de</strong> poivre, et <strong>de</strong><br />
petits morceaux <strong>de</strong> lard maigre, frais ou rôtis dans la poêle. Ces lardons peuv<strong>en</strong>t être soit intégrés à la migaine et<br />
battus avec l’<strong>en</strong>semble, soit posés directem<strong>en</strong>t sur la pâte avant qu’on ne verse l’appareil jusqu’à moitié <strong>de</strong> la<br />
hauteur du moule. Laissez cuire le tout au four une <strong>de</strong>mi-heure.<br />
Cette recette fort simple est réputée dans le mon<strong>de</strong> <strong>en</strong>tier. Des essais ont été faits pour l’<strong>en</strong>richir avec du<br />
fromage, du jambon, et bi<strong>en</strong> d’autres choses <strong>en</strong>core mais les spécialistes dis<strong>en</strong>t que cela « pervertit » la saveur <strong>de</strong><br />
l’auth<strong>en</strong>tique quiche <strong>lorraine</strong> qui a longtemps été le plat <strong>de</strong> résistance <strong>de</strong>s repas qui sortai<strong>en</strong>t <strong>de</strong> l’ordinaire ... Il<br />
faut toutefois reconnaître qu’elle a toujours eu une gran<strong>de</strong> rivale, la tourte, élégant moy<strong>en</strong> <strong>de</strong> cuisiner le porc.<br />
Outre la brioche, les gâteaux les plus typiques sont « l’oriquette », sorte<br />
<strong>de</strong> gâteau <strong>de</strong> Noël, et le « pain galu ». Le premier est égalem<strong>en</strong>t appelé<br />
« cougneux » (= gui neuf) car il est servi lors <strong>de</strong>s fêtes <strong>de</strong> fin d’année.<br />
C’est un gâteau constitué <strong>de</strong> triangles <strong>de</strong> pâte à la levure <strong>de</strong> bière, très<br />
riche <strong>en</strong> œufs et <strong>en</strong> beurre, étalé <strong>en</strong>tre les couches <strong>de</strong> pâte. Le « pain<br />
galu » (ou « raima » au Val-d’Ajol) est, quant à lui, une douceur à base<br />
<strong>de</strong> pâte à pain faite à partir <strong>de</strong> farine <strong>de</strong> seigle et <strong>de</strong> miel, truffée <strong>de</strong><br />
quartiers <strong>de</strong> pommes, <strong>de</strong> poires, et <strong>de</strong> fruits secs (noix et raisins). Cette<br />
recette est typique <strong>de</strong>s Vosges où l’influ<strong>en</strong>ce <strong>de</strong> l’Alsace fait que<br />
certaines ménagères font aussi <strong>de</strong>s « kouglofs ». En plaine, <strong>de</strong>puis<br />
Stanislas, on mange du baba même si le baba lorrain, proche du<br />
savarin, diffère du baba polonais qui est au seigle et au vin doux.<br />
14
Les vian<strong>de</strong>s<br />
Traditionnellem<strong>en</strong>t, <strong>en</strong> <strong>Lorrain</strong>e, les bêtes serv<strong>en</strong>t surtout <strong>de</strong> force <strong>de</strong><br />
travail. Pourtant, à la campagne, on abat périodiquem<strong>en</strong>t <strong>de</strong>s animaux<br />
qu’on élève tels que <strong>de</strong>s porcs et <strong>de</strong>s volailles.<br />
Le cochon domine dans l’alim<strong>en</strong>tation <strong>lorraine</strong>. Il est consommé sous<br />
toutes ses formes et, à la campagne, chaque ménage même mo<strong>de</strong>ste, a<br />
un ou <strong>de</strong>ux porcs à <strong>en</strong>graisser : l’un est <strong>de</strong>stiné à la v<strong>en</strong>te et l’autre à la<br />
consommation personnelle. En ville, chaque ouvrier d’usine disposant<br />
d’un peu <strong>de</strong> terre <strong>en</strong> élève un. Le cochon est apprécié <strong>de</strong>s couches<br />
populaires <strong>de</strong> la société car la possibilité d’élever puis tuer et <strong>en</strong>fin<br />
transformer sur place l’animal donne à chaque famille <strong>de</strong>s provisions<br />
carnées et <strong>de</strong> la graisse (saindoux) <strong>en</strong> quantité suffisante pour l’hiver.<br />
Docum<strong>en</strong>tation p pédagogique<br />
– musée e <strong>Lorrain</strong><br />
Le tuage du cochon est un rituel immuable auquel particip<strong>en</strong>t les g<strong>en</strong>s<br />
du village. Dans le Nord <strong>de</strong> la <strong>Lorrain</strong>e, une fois tué, on grille l’animal<br />
sur un lit <strong>de</strong> paille. Dans le Sud, la coutume veut qu’on ébouillante le<br />
cochon dans un cuveau. Quel que soit le mo<strong>de</strong> opératoire utilisé, il<br />
s’agit d’un événem<strong>en</strong>t convivial et social grâce auquel la famille qui<br />
sacrifie un animal manifeste sa capacité à assurer sa subsistance <strong>en</strong><br />
vian<strong>de</strong> et <strong>en</strong> corps gras. L’ai<strong>de</strong> apportée par les habitants du village lors<br />
du rituel est à charge <strong>de</strong> revanche car le travail, imm<strong>en</strong>se, ne peut être<br />
accompli par la famille seule : une fois que le cochon est tué et vidé <strong>de</strong><br />
ses <strong>en</strong>trailles, on dispose <strong>en</strong> effet <strong>de</strong> trois jours pour transformer 300 à<br />
400 livres <strong>de</strong> vian<strong>de</strong> et d’abats !<br />
Ri<strong>en</strong> ne se perd dans le cochon : on fabrique <strong>de</strong>s charcuteries variées,<br />
du boudin, <strong>de</strong>s saucisses, <strong>de</strong>s jambons etc. Chaque pays rivalise<br />
d’ingéniosité pour diversifier ses recettes, possè<strong>de</strong> sa propre tradition<br />
charcutière et possè<strong>de</strong> ses foires au cochon. Le mo<strong>de</strong> <strong>de</strong> conservation<br />
<strong>de</strong> la vian<strong>de</strong> diffère selon le pays : à l’est <strong>de</strong> la région, on a t<strong>en</strong>dance à<br />
fumer le porc alors qu’à l’ouest, on le sale.<br />
A la campagne, on possè<strong>de</strong> souv<strong>en</strong>t un poulailler et <strong>de</strong>s clapiers à<br />
lapins qui fourniss<strong>en</strong>t <strong>de</strong> la vian<strong>de</strong> plus légère que le porc, que l’on<br />
consomme ess<strong>en</strong>tiellem<strong>en</strong>t pour agrém<strong>en</strong>ter les repas <strong>de</strong> fête et les<br />
réceptions. Le bœuf n’est pratiquem<strong>en</strong>t jamais tué à la campagne. Par<br />
conséqu<strong>en</strong>t, sa vian<strong>de</strong> s’achète chez le boucher et on n’<strong>en</strong> trouve que<br />
dans les bourgs. Les g<strong>en</strong>s <strong>de</strong> la campagne n’<strong>en</strong> achèt<strong>en</strong>t<br />
qu’occasionnellem<strong>en</strong>t, quand ils vont à la ville. A partir <strong>de</strong> 1905, les<br />
bouchers font <strong>de</strong>s tournées dans les villages. Le bœuf reste toutefois<br />
une d<strong>en</strong>rée chère et seules les personnes disposant d’un salaire régulier<br />
<strong>en</strong> achèt<strong>en</strong>t.<br />
15
Les boissons<br />
La vigne a été très tôt implantée <strong>en</strong> <strong>Lorrain</strong>e. Il existait déjà <strong>de</strong>s ceps<br />
sauvages avant l’occupation romaine mais c’est cette <strong>de</strong>rnière qui a<br />
développé la culture <strong>de</strong> la vigne dans notre région, sur les versants<br />
abrités <strong>de</strong>s vallées, surtout celle <strong>de</strong> la Moselle. Toutefois, les récoltes<br />
sont <strong>de</strong> qualité irrégulière et le vin lorrain reste souv<strong>en</strong>t médiocre par<br />
rapport à ses voisins alsaci<strong>en</strong>s ou bourguignons. Excepté <strong>en</strong> montagne,<br />
tous les villages ont eux aussi quelques vignes <strong>de</strong>stinées à l’autoconsommation.<br />
La « piquette », réservée à la consommation locale, est<br />
obt<strong>en</strong>ue après une 3° pression du moût mais ce <strong>de</strong>rnier peut aussi être<br />
obt<strong>en</strong>u à partir d’autres fruits que le raisin.<br />
Docum<strong>en</strong>tation p pédagogique<br />
– musée e <strong>Lorrain</strong><br />
La bière existait déjà à l’époque gauloise mais c’est seulem<strong>en</strong>t à partir<br />
du XVIème siècle que la <strong>Lorrain</strong>e <strong>de</strong>vint réputée dans ce domaine. Les<br />
brasseries se développèr<strong>en</strong>t à partir du XVIème siècle, la production<br />
était le plus souv<strong>en</strong>t effectuée par <strong>de</strong>s moines. Le duc Charles III<br />
(1543- 1608) finança l’installation <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux brasseries à <strong>Nancy</strong> et à<br />
Hombourg <strong>en</strong> Moselle car, non seulem<strong>en</strong>t cela créait du travail, mais<br />
cela donnait à ses sujets comme à l’armée ducale une boisson moins<br />
chère que le vin. Au XVIIIème siècle, <strong>de</strong> nouveaux fabricants<br />
améliorèr<strong>en</strong>t les techniques <strong>de</strong> fabrication. Enfin, avec la suppression<br />
<strong>de</strong>s monopoles à la Révolution, le nombre <strong>de</strong>s brasseries augm<strong>en</strong>ta<br />
énormém<strong>en</strong>t et, dès 1805, on comptait plusieurs c<strong>en</strong>taines <strong>de</strong><br />
brasseries dans toute la région (conc<strong>en</strong>trées surtout dans le Nord).<br />
La « petite bière » est, quant à elle, une boisson que les cultivateurs<br />
produisai<strong>en</strong>t eux-mêmes à partir d’orge et <strong>de</strong> houblon <strong>de</strong> jardin.<br />
Contrairem<strong>en</strong>t à la bière, il s’agit seulem<strong>en</strong>t d’une boisson infusée,<br />
sucrée, ferm<strong>en</strong>tée par <strong>de</strong> la levure, puis colorée à la chicorée. Elle ne<br />
titre qu’autour <strong>de</strong> 1,5° (au lieu <strong>de</strong> 5° pour la bière) donc est aussi peu<br />
alcoolisée que les boissons <strong>de</strong> ménage habituelles. C’est une boisson<br />
du quotidi<strong>en</strong>.<br />
Au XVIIIème siècle, seul le marc <strong>de</strong> raisin était distillé. L’eau <strong>de</strong> vie<br />
s’est toutefois développée et diversifiée <strong>en</strong> <strong>Lorrain</strong>e au fur et à mesure<br />
que les vignobles disparaissai<strong>en</strong>t. On les a <strong>en</strong> effet, remplacés par <strong>de</strong>s<br />
vergers et l’abondance <strong>de</strong> fruits a conduit les propriétaires à distiller les<br />
surplus. Cet alcool, fort et presque gratuit, a connu un succès très<br />
important car on <strong>en</strong> donnait aussi bi<strong>en</strong> aux <strong>en</strong>fants (même bébés !)<br />
pour les fortifier, aux hommes pour les ai<strong>de</strong>r à <strong>en</strong>durer les travaux <strong>de</strong><br />
force tout au long <strong>de</strong> la journée ou aux visiteurs év<strong>en</strong>tuels pour les<br />
accueillir chaleureusem<strong>en</strong>t. Enfin, on <strong>en</strong> buvait <strong>en</strong>core le soir avant <strong>de</strong><br />
se coucher pour mieux dormir.<br />
16
SE CHAUFFER ET S’ECLAIRER<br />
Dans une région aux hivers longs et rigoureux telle que la <strong>Lorrain</strong>e, il<br />
serait logique que les questions du chauffage et <strong>de</strong> l’éclairage ai<strong>en</strong>t<br />
toujours été <strong>de</strong>s soucis majeurs. Etonnamm<strong>en</strong>t, il n’<strong>en</strong> est ri<strong>en</strong> et, la<br />
maison <strong>lorraine</strong> était le plus souv<strong>en</strong>t mal chauffée et mal éclairée.<br />
Le chauffage<br />
Jusqu’au XIXème siècle, la cuisine est, traditionnellem<strong>en</strong>t, la seule<br />
pièce <strong>de</strong> la maison à être chauffée. C’est <strong>en</strong> effet dans cette pièce que<br />
se trouve une cheminée dans laquelle un feu à l’âtre brûle <strong>en</strong><br />
perman<strong>en</strong>ce.<br />
Docum<strong>en</strong>tation p pédagogique<br />
– musée e <strong>Lorrain</strong><br />
Afin <strong>de</strong> mieux r<strong>en</strong>tabiliser cette source <strong>de</strong> chaleur, au XVIème siècle,<br />
on inv<strong>en</strong>te un système <strong>de</strong> taques assurant un meilleur rayonnem<strong>en</strong>t<br />
<strong>de</strong> la chaleur. On appelle « taque » une épaisse plaque <strong>de</strong> fonte.<br />
Certaines cheminées sont pourvues <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux taques, l’une sous le<br />
foyer et l’autre verticale, mais c’est surtout cette <strong>de</strong>rnière qui assure la<br />
diffusion <strong>de</strong> la chaleur. Certaines taques vi<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t <strong>de</strong>s forges du Pays-<br />
Haut. Leur usage se généralise rapi<strong>de</strong>m<strong>en</strong>t et, dès le XVIIème siècle,<br />
on perfectionne le système <strong>en</strong> pratiquant une ouverture dans le mur<br />
<strong>de</strong> séparation <strong>en</strong>tre la cuisine et le « poêle », c’est-à-dire la chambre<br />
voisine. L’ouverture est masquée par la taque verticale qui, par<br />
conduction, apporte une partie <strong>de</strong> la chaleur <strong>de</strong> l’âtre dans la pièce<br />
voisine. Dans certaines maisons, on joint l’utile à l’agréable et la taque<br />
<strong>de</strong>vi<strong>en</strong>t égalem<strong>en</strong>t un véritable élém<strong>en</strong>t <strong>de</strong> décoration <strong>de</strong> la maison<br />
<strong>lorraine</strong>.<br />
Au XVIIIème siècle, surtout dans la région du Lunévillois, on<br />
améliore <strong>en</strong>core le système <strong>en</strong> créant dans la chambre la boiserie <strong>de</strong><br />
poêle. Celle-ci est une sorte <strong>de</strong> placard chauffant, dit aussi parfois<br />
« armoire à taque », aménagé dans l’épaisseur du mur séparant la<br />
cuisine <strong>de</strong> la belle chambre. Ce placard, dont les portes donn<strong>en</strong>t sur<br />
le revers <strong>de</strong> la taque, est bi<strong>en</strong> utile pour gar<strong>de</strong>r au sec les provisions<br />
<strong>de</strong> sel et d’épices, cailler le lait ou faire gonfler la pâte à pain.<br />
L’ouverture <strong>de</strong>s portes du placard permet <strong>de</strong> régler la température <strong>de</strong><br />
la pièce. Enfin, il arrive que, par pur souci esthétique, on fasse poser<br />
une fausse cheminée <strong>de</strong>vant la taque. Celle-ci donne sans doute un<br />
aspect plus confortable à la pièce mais ne change <strong>en</strong> ri<strong>en</strong> la<br />
température <strong>de</strong> cet espace parfois appelé « la chambre tiè<strong>de</strong> » (par<br />
opposition à la chambre froi<strong>de</strong> située à l’arrière <strong>de</strong> la maison).<br />
17
Par conséqu<strong>en</strong>t, les femmes recour<strong>en</strong>t à <strong>de</strong>s chaufferettes appelées<br />
couvots. En laiton, <strong>en</strong> cuivre, <strong>en</strong> tôle ou <strong>en</strong> terre, ces systèmes <strong>de</strong><br />
chauffage d’appoint transportables permett<strong>en</strong>t <strong>de</strong> se réchauffer les<br />
pieds : on y met <strong>de</strong>s braises rouges et on les remue <strong>de</strong> temps <strong>en</strong><br />
temps avec une pelle à couvot dont le musée possè<strong>de</strong> <strong>de</strong> nombreux<br />
modèles décorés et personnalisés.<br />
Docum<strong>en</strong>tation p pédagogique<br />
– musée e <strong>Lorrain</strong><br />
Enfin, le soir, on tiédit le lit avec une bassinoire <strong>en</strong> cuivre, <strong>de</strong> forme<br />
ron<strong>de</strong> et aplatie, remplie <strong>de</strong> braises incan<strong>de</strong>sc<strong>en</strong>tes et que l’on fait<br />
aller et v<strong>en</strong>ir <strong>en</strong>tre les draps grâce à son long manche <strong>de</strong> bois.<br />
D’autres utilis<strong>en</strong>t une brique <strong>de</strong> terre chau<strong>de</strong>, une bouillotte<br />
remplie d’eau fumante ou <strong>en</strong>core, un « moine » constitué d’une<br />
structure <strong>en</strong> forme <strong>de</strong> cage <strong>en</strong> bois et d’un réchaud <strong>de</strong> cuivre qui<br />
risque <strong>de</strong> mettre le feu à la literie...<br />
Ce n’est qu’au XIXème siècle que le chauffage <strong>de</strong> la maison <strong>lorraine</strong><br />
<strong>de</strong>vi<strong>en</strong>t performant avec l’introduction <strong>de</strong>s poêles <strong>en</strong> fonte dans les<br />
maisons. Ils sont parfois utilisés <strong>en</strong> plus du feu à l’âtre <strong>de</strong> la cuisine.<br />
En fait, on le trouve surtout dans la « belle chambre ». Il <strong>en</strong> existe<br />
plusieurs sortes. Dans le Pays-Haut, l’usage du fourneau se développe<br />
très vite selon une technique particulière permettant d’approvisionner<br />
le poêle <strong>en</strong> braises <strong>de</strong>puis la cuisine grâce à une ouverture pratiquée<br />
sans le mur. On appelle ce type <strong>de</strong> fourneau le « gueulard » près<br />
d’Homécourt, le « poêle à calotte » vers Conflans, Longwy ou<br />
<strong>Ville</strong>rupt et, « le fourneau dans le mur » à Longuyon. La plupart <strong>de</strong><br />
ces fourneaux provi<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t <strong>de</strong> Herserange et sont décorés <strong>de</strong> motifs<br />
<strong>en</strong> relief. On trouve égalem<strong>en</strong>t dans le Pays-Haut une autre sorte <strong>de</strong><br />
fourneau, coulé près <strong>de</strong> Longuyon, constitué <strong>de</strong> plusieurs corps<br />
horizontaux reliés <strong>en</strong>tre eux par <strong>de</strong>s colonnes <strong>de</strong> fonte...<br />
L’éclairage<br />
La configuration même <strong>de</strong> la maison <strong>lorraine</strong>, tout <strong>en</strong> longueur et<br />
souv<strong>en</strong>t mitoy<strong>en</strong>ne, fait que cet habitat est naturellem<strong>en</strong>t sombre. Le<br />
plus souv<strong>en</strong>t, seules une à <strong>de</strong>ux f<strong>en</strong>êtres sur la rue et une à l’arrière <strong>de</strong><br />
la maison permett<strong>en</strong>t à la lumière du jour <strong>de</strong> pénétrer dans les<br />
chambres. Généralem<strong>en</strong>t, la principale pièce à vivre <strong>de</strong> la maison, la<br />
cuisine, est borgne. Afin <strong>de</strong> remédier à ce manque <strong>de</strong> lumière, les<br />
<strong>Lorrain</strong>s utilis<strong>en</strong>t, bi<strong>en</strong> évi<strong>de</strong>mm<strong>en</strong>t <strong>de</strong>s lampes mais ils peuv<strong>en</strong>t<br />
égalem<strong>en</strong>t réaliser <strong>de</strong>s aménagem<strong>en</strong>ts structurels leur permettant <strong>de</strong><br />
mieux capter la lumière du jour.<br />
18
Aménagem<strong>en</strong>ts <strong>de</strong> l’espace<br />
Dans son état le plus archaïque la cheminée <strong>de</strong> la cuisine ne possè<strong>de</strong><br />
pas <strong>de</strong> manteau. Le foyer est alors constitué <strong>de</strong> ce que l’on appelle un<br />
« trait <strong>de</strong> feu » où une simple ouverture aménagée dans le plafond et<br />
le toit permet d’évacuer la fumée par un conduit. Ce système <strong>de</strong><br />
relation directe <strong>en</strong>tre le foyer et l’extérieur n’est, certes, guère<br />
commo<strong>de</strong> pour le chauffage mais permet un peu à la lumière du jour<br />
<strong>de</strong> pénétrer dans la pièce.<br />
Docum<strong>en</strong>tation p pédagogique<br />
– musée e <strong>Lorrain</strong><br />
Lorsque la maison <strong>lorraine</strong> n’est pas jointive mais séparée <strong>de</strong> sa<br />
voisine par une étroite ruelle, on perce une f<strong>en</strong>être dans le mur <strong>de</strong> la<br />
cuisine, afin <strong>de</strong> permettre au jour d’éclairer quelque peu la pièce.<br />
Certes, la proximité <strong>de</strong> la maison voisine r<strong>en</strong>d cet éclairage mo<strong>de</strong>ste<br />
mais c’est toujours un aménagem<strong>en</strong>t bi<strong>en</strong> agréable. Souv<strong>en</strong>t, on place<br />
alors <strong>de</strong>vant la pierre à eau. On recourt parfois, quand on le peut, à<br />
une autre sorte d’aménagem<strong>en</strong>t : on met une porte vitrée ou, mieux<br />
<strong>en</strong>core si les finances le permett<strong>en</strong>t, une cloison vitrée <strong>en</strong>tre la<br />
cuisine et la chambre. Ce système permet à la lumière qui <strong>en</strong>tre par la<br />
f<strong>en</strong>être <strong>de</strong> la chambre <strong>de</strong> pénétrer jusque dans la cuisine. Plus tard, au<br />
XIXème siècle, on repr<strong>en</strong>d le principe du « trait <strong>de</strong> feu » <strong>en</strong> le<br />
mo<strong>de</strong>rnisant : il s’agit <strong>en</strong>core d’am<strong>en</strong>er <strong>de</strong> la lumière du jour par le<br />
toit grâce à un conduit d’abord commun puis distinct <strong>de</strong> celui <strong>de</strong> la<br />
cheminée. Ce conduit indép<strong>en</strong>dant permet <strong>de</strong> résoudre le problème<br />
du chauffage car il est obturé par une verrière au niveau du toit. Ce<br />
système appelé « flaman<strong>de</strong> » permet donc d’avoir la lumière <strong>de</strong><br />
l’extérieur sans faire r<strong>en</strong>trer le froid.<br />
Toutefois, quels que soi<strong>en</strong>t les aménagem<strong>en</strong>ts effectués, l’intérieur <strong>de</strong><br />
la maison <strong>lorraine</strong> reste faiblem<strong>en</strong>t éclairé. On est donc obligé <strong>de</strong><br />
recourir à un système d’éclairage artificiel.<br />
L’éclairage artificiel<br />
Depuis l’Antiquité, la lampe à huile est un système d’éclairage<br />
fréquemm<strong>en</strong>t utilisé. Il existe diverses sortes <strong>de</strong> lampes à huile : <strong>en</strong><br />
terre, <strong>en</strong> métal, <strong>de</strong> forme et taille variables, etc.. Elle possè<strong>de</strong> une<br />
mèche qu’il faut déplacer manuellem<strong>en</strong>t quand elle se consume. Dans<br />
la maison <strong>lorraine</strong> traditionnelle, il est fréqu<strong>en</strong>t <strong>de</strong> voir une lampe à<br />
huile non pas posée sur un meuble mais susp<strong>en</strong>due par un crochet à<br />
un anneau situé au plafond ou à la tablette <strong>de</strong> la cheminée. On<br />
appelle « copion », une lampe à huile à quatre becs, <strong>en</strong> fer martelé,<br />
19
souv<strong>en</strong>t pourvue d’une crémaillère pour <strong>en</strong> régler la hauteur.<br />
Docum<strong>en</strong>tation p pédagogique<br />
– musée e <strong>Lorrain</strong><br />
Chan<strong>de</strong>lles, cierges et bougies sont égalem<strong>en</strong>t <strong>de</strong>s moy<strong>en</strong>s<br />
d’éclairage répandus dans la région. Les chan<strong>de</strong>lles sont constituées<br />
<strong>de</strong> suif, c’est-à-dire <strong>de</strong> graisse animale fondue ou moulée autour d’une<br />
mèche. A température ambiante, le suif est à l’état soli<strong>de</strong> mais n’est<br />
pas dur : il a une consistance pâteuse qui r<strong>en</strong>d la chan<strong>de</strong>lle assez<br />
désagréable à manipuler. Lorsqu’on allume une chan<strong>de</strong>lle, on obti<strong>en</strong>t<br />
une belle flamme claire. Toutefois, <strong>en</strong> plus du désagrém<strong>en</strong>t provoqué<br />
par l’o<strong>de</strong>ur du suif, la flamme <strong>de</strong>vi<strong>en</strong>t très vite <strong>de</strong> moins <strong>en</strong> moins<br />
int<strong>en</strong>se et la mèche, noircie <strong>de</strong> charbon, fume. Si l’on ne veut pas que<br />
l’int<strong>en</strong>sité <strong>de</strong> la flamme décroisse ni que le suif ne se mette à couler, il<br />
convi<strong>en</strong>t absolum<strong>en</strong>t <strong>de</strong> couper l’extrémité <strong>de</strong> la mèche toutes les<br />
tr<strong>en</strong>te minutes <strong>en</strong>viron pour <strong>en</strong>lever la petite boule <strong>de</strong> charbon. On<br />
dit alors que l’on « mouche » la chan<strong>de</strong>lle. L’instrum<strong>en</strong>t utilisé pour<br />
effectuer cette opération, sorte <strong>de</strong> paire <strong>de</strong> ciseaux plus ou moins<br />
ouvragée terminée par une boîte, s’appelle une mouchette. La boîte,<br />
<strong>de</strong> forme et décoration variables, sert à recueillir directem<strong>en</strong>t les<br />
mouchures car, si elles tombai<strong>en</strong>t par terre, elles pourrai<strong>en</strong>t<br />
provoquer un inc<strong>en</strong>die. Ces mouchettes « à récipi<strong>en</strong>t » apparaiss<strong>en</strong>t<br />
dès le XVIème siècle mais le système s’est par la suite perfectionné.<br />
Le cierge, quant à lui, est fabriqué à partir <strong>de</strong> cire d’abeille d’où son<br />
nom. Comme la cire vaut cher, le cierge n’est pas un moy<strong>en</strong><br />
d’éclairage répandu dans les intérieurs : on le réserve pour les<br />
pratiques liturgiques et les éclairages prestigieux.<br />
Au XIXème siècle, l’inv<strong>en</strong>tion <strong>de</strong> la bougie permet <strong>de</strong> mettre fin aux<br />
désagrém<strong>en</strong>ts causés par les chan<strong>de</strong>lles : <strong>en</strong> effet, après <strong>de</strong><br />
nombreuses recherches faites par <strong>de</strong>s sci<strong>en</strong>tifiques (dont le Nancéi<strong>en</strong><br />
Braconnot), on parvi<strong>en</strong>t à extraire l’aci<strong>de</strong> stéarique <strong>de</strong> la graisse<br />
animale. La matière obt<strong>en</strong>ue permet la fabrication par moulage <strong>de</strong><br />
bougies plus pratiques que les chan<strong>de</strong>lles car elles sont plus dures, ne<br />
tach<strong>en</strong>t pas. On crée égalem<strong>en</strong>t <strong>de</strong>s bougies <strong>en</strong> paraffine. De plus,<br />
une amélioration du système <strong>de</strong> mèche permet <strong>de</strong> ne plus avoir<br />
besoin <strong>de</strong> recourir aux mouchettes. Désormais, on utilise <strong>en</strong> effet une<br />
mèche <strong>de</strong> coton non plus torsadée mais tressée puis imprégnée<br />
d’aci<strong>de</strong> borique. Cela lui permet <strong>de</strong> se consumer sans « filer ».<br />
Enfin, au XIXème siècle, on utilise une lampe utilisant <strong>de</strong> l’huile<br />
minérale et non plus végétale, le pétrole. Comme ce combustible est,<br />
à l’époque, bi<strong>en</strong> moins cher que l’huile, les lampes à pétrole se<br />
diffus<strong>en</strong>t très vite dans la région. Elle est plus perfectionnée que la<br />
20
lampe à huile car un mécanisme permet <strong>de</strong> régler la hauteur <strong>de</strong> la<br />
mèche et l’adjonction d’un verre <strong>de</strong> lampe favorise la combustion<br />
donc procure un meilleur éclairage. Les lampes à pétrole peuv<strong>en</strong>t <strong>en</strong><br />
outre être <strong>de</strong>s objets décoratifs car il <strong>en</strong> existe une infinie variété, <strong>de</strong><br />
la plus simple à la plus richem<strong>en</strong>t décorée.<br />
A Lunéville où <strong>de</strong>s c<strong>en</strong>taines <strong>de</strong> bro<strong>de</strong>uses travaillai<strong>en</strong>t à domicile, on<br />
utilisait une « lampe <strong>de</strong> bro<strong>de</strong>use ». Le principe consistait à placer une<br />
carafe remplie d’eau <strong>de</strong>vant la source <strong>de</strong> lumière utilisée. La carafe<br />
servait ainsi <strong>de</strong> l<strong>en</strong>tille grossissante et permettait à la bro<strong>de</strong>use <strong>de</strong><br />
mieux voir son ouvrage.<br />
Docum<strong>en</strong>tation p pédagogique<br />
– musée e <strong>Lorrain</strong><br />
Les lanternes, connues <strong>de</strong>puis longtemps, étai<strong>en</strong>t utilisées pour les<br />
sorties nocturne et pour les écuries et granges. Fautes <strong>de</strong> protection,<br />
elles étai<strong>en</strong>t à l’origine d’inc<strong>en</strong>dies dévastateurs.<br />
Les mo<strong>de</strong>s d’éclairage traditionnels sont nombreux et variés, les<br />
<strong>Lorrain</strong>s ont fait preuve d’ingéniosité pour tirer le meilleur parti <strong>de</strong> ce<br />
qu’ils avai<strong>en</strong>t à leur disposition mais ces moy<strong>en</strong>s manqu<strong>en</strong>t<br />
d’efficacité et ne sont pas sans danger.<br />
21
TRAVAUX ET SAISONS<br />
L’exist<strong>en</strong>ce <strong>de</strong>s populations rurales avant la mécanisation du XXème<br />
siècle repose avant tout sur l’autosubsistance. Synonyme d’un travail<br />
physique éprouvant auquel tout le mon<strong>de</strong> participe (hommes,<br />
femmes, <strong>en</strong>fants et personnes âgées), le quotidi<strong>en</strong> est rythmé par les<br />
travaux agricoles saisonniers et les pratiques religieuses qui, <strong>de</strong> l’office<br />
aux gran<strong>de</strong>s fêtes liturgiques, ponctu<strong>en</strong>t l’année <strong>de</strong> chaque individu.<br />
L’activité rurale <strong>en</strong> <strong>Lorrain</strong>e<br />
Les structures agraires<br />
Docum<strong>en</strong>tation p pédagogique<br />
– musée e <strong>Lorrain</strong><br />
Le territoire communal (ou finage) couvre une superficie moy<strong>en</strong>ne<br />
d’un millier d’hectares mais les différ<strong>en</strong>ces sont gran<strong>de</strong>s d’une région<br />
à l’autre (quelques c<strong>en</strong>taines d’ha dans les plaines fertiles, trois ou<br />
quatre fois plus sur les plateaux calcaires au sols pauvres).<br />
Le finage a été divisé <strong>en</strong> <strong>de</strong>ux parties bi<strong>en</strong> distinctes : les propriétés<br />
individuelles et les propriétés communes. Les meilleurs sols du terroir<br />
communal sont consacrés à la culture. Divisés <strong>en</strong> un nombre <strong>de</strong><br />
parcelles égal à celui <strong>de</strong>s ménages, les lots sont répartis par tirage au<br />
sort pour une pério<strong>de</strong> <strong>de</strong> neuf ou dix années. Chaque bénéficiaire<br />
verse à la caisse municipale une taxe <strong>de</strong> jouissance <strong>de</strong>stinée au<br />
paiem<strong>en</strong>t <strong>de</strong>s impositions et <strong>de</strong>s m<strong>en</strong>us frais d’arp<strong>en</strong>tage. Les pacages<br />
couvr<strong>en</strong>t <strong>de</strong>s ét<strong>en</strong>dues <strong>de</strong> terrain <strong>de</strong> plusieurs hectares d’un seul<br />
t<strong>en</strong>ant ; ils se localis<strong>en</strong>t dans les dépressions humi<strong>de</strong>s et dans les<br />
parties hautes et sèches impropres aux cultures, souv<strong>en</strong>t à la lisière<br />
<strong>de</strong>s bois. Les propriétés individuelles consist<strong>en</strong>t <strong>en</strong> champs, prés,<br />
vignes, jardins et clos.<br />
La mise <strong>en</strong> valeur du finage<br />
Jadis, les paysans <strong>en</strong>voyai<strong>en</strong>t leurs bêtes paître <strong>en</strong> forêt. Mais <strong>de</strong>puis<br />
la Première Guerre mondiale, le pâturage du bétail <strong>en</strong> forêt a disparu.<br />
La liberté complète n’existe que pour les jardins et les clos. Ces<br />
<strong>de</strong>rniers étai<strong>en</strong>t jadis réservés aux plantes industrielles (on y<br />
produisait le chanvre dont la filasse portée au tissier local servait à<br />
fabriquer les fortes toiles qui emplissai<strong>en</strong>t les armoires <strong>lorraine</strong>s).<br />
L’<strong>en</strong>semble <strong>de</strong>s champs ouverts forme le ban c’est-à-dire la surface<br />
<strong>de</strong> terrain exploitée suivant <strong>de</strong>s contraintes communes. Les<br />
v<strong>en</strong>danges étai<strong>en</strong>t réglem<strong>en</strong>tées : à partir du jour où les raisins<br />
comm<strong>en</strong>çai<strong>en</strong>t à « mêler », jusqu’à la récolte, on mettait les v<strong>en</strong>danges<br />
<strong>en</strong> ban (il était interdit d’<strong>en</strong>trer dans les vignes non closes, même<br />
22
dans les si<strong>en</strong>nes). De la même manière, un ban <strong>de</strong> f<strong>en</strong>aison fixait la<br />
date d’ouverture <strong>de</strong> la prairie aux faucheurs. Tous y pénétrai<strong>en</strong>t le<br />
jour prescrit et comm<strong>en</strong>çai<strong>en</strong>t la coupe par les parcelles <strong>de</strong> l’<strong>en</strong>trée<br />
afin <strong>de</strong> ne pas <strong>en</strong>dommager l’herbe par le passage <strong>de</strong>s chevaux et <strong>de</strong>s<br />
chariots.<br />
Docum<strong>en</strong>tation p pédagogique<br />
– musée e <strong>Lorrain</strong><br />
Le territoire labourable est divisé <strong>en</strong> trois parties <strong>de</strong> superficie à peu<br />
près égale appelées soles ou saisons. L’assolem<strong>en</strong>t tri<strong>en</strong>nal consiste<br />
<strong>en</strong> une rotation <strong>de</strong>s cultures sur trois ans: blé ou seigle, la première<br />
année ; avoine ou orge, la secon<strong>de</strong> ; la troisième année, la terre était<br />
laissée <strong>en</strong> repos. Après la Première Guerre mondiale, la jachère est<br />
remplacée par les pommes <strong>de</strong> terre, les betteraves et les prairies<br />
artificielles. La réglem<strong>en</strong>tation du travail <strong>en</strong> pério<strong>de</strong> <strong>de</strong> récolte est très<br />
stricte. Comme pour la v<strong>en</strong>dange et la moisson, la fixation <strong>de</strong> la date<br />
<strong>de</strong> la récolte s’est longtemps faites par les bans <strong>de</strong> moisson, <strong>de</strong><br />
pommes <strong>de</strong> terre.<br />
Les terres labourables sont, comme les prés, utilisées pour le pâturage<br />
du bétail. Selon le principe <strong>de</strong> la vaine pâture, les troupeaux peuv<strong>en</strong>t<br />
les parcourir durant le temps où elles sont vaines, c’est-à-dire<br />
dépouillées <strong>de</strong> leurs fruits et vi<strong>de</strong>s <strong>de</strong> sem<strong>en</strong>ces. La commune <strong>en</strong>gage<br />
un pâtre pour les bêtes à cornes et un berger pour le petit bétail.<br />
Chaque matin, au son <strong>de</strong> la trompe ou à l’appel du clairon du pâtre<br />
ou du berger, les bêtes lâchées se rassembl<strong>en</strong>t <strong>en</strong> un troupeau<br />
commun dans la rue principale du village. A la nuit tombante, elles se<br />
press<strong>en</strong>t aux portes <strong>de</strong>s étables et <strong>de</strong>s bergeries et le même signal<br />
avertit du retour les propriétaires.<br />
Le cal<strong>en</strong>drier agricole<br />
Printemps<br />
En mars, le paysan va au labour <strong>de</strong> l’aube à la fin <strong>de</strong> matinée, du<br />
début <strong>de</strong> l’après-midi à la nuit. Il utilise une charrue à avant-train et à<br />
pièces <strong>de</strong> fer (qui a remplacé au milieu du XIXème siècle l’araire à soc<br />
conique avec une planche pour versoir) tirée par une paire <strong>de</strong> bœufs<br />
ou un robuste cheval. Après avoir semé <strong>de</strong> l’avoine un peu claire, il<br />
répand <strong>de</strong> la luzerne ou du trèfle par-<strong>de</strong>ssus et passe la herse à d<strong>en</strong>ts<br />
<strong>de</strong> fer ou à d<strong>en</strong>ts <strong>de</strong> bois. Après les semailles <strong>de</strong> blé <strong>de</strong> mars (le<br />
from<strong>en</strong>t étant la production ess<strong>en</strong>tielle <strong>de</strong>s céréales), le paysan<br />
sème un peu <strong>de</strong> vesces, quelques l<strong>en</strong>tilles et <strong>de</strong>s pommes <strong>de</strong> terre <strong>en</strong><br />
gran<strong>de</strong> quantité. Dans les jachères réservées au blé d’octobre, il<br />
donne un second labour et fume avec du fumier ess<strong>en</strong>tiellem<strong>en</strong>t.<br />
23
En avril, labours et semailles continu<strong>en</strong>t. Le paysan achève le<br />
troisième labour où il a projet <strong>de</strong> semer du seigle, <strong>de</strong> l’orge ou du<br />
chanvre. Il s’occupe <strong>de</strong>s plantations <strong>de</strong> pommes <strong>de</strong> terre. C’est le<br />
temps égalem<strong>en</strong>t <strong>de</strong> travailler dans le jardin, tout proche <strong>de</strong> la<br />
chènevière où le chanvre va être semé. Le chanvre aimant la terre<br />
fraîche et bi<strong>en</strong> fumée, la chènevière est située à proximité <strong>de</strong> la<br />
maison.<br />
En mai, le cultivateur comm<strong>en</strong>ce la première coupe <strong>de</strong> trèfle semé <strong>en</strong><br />
septembre, sans mélange d’autres graines, quand la fleur est nouée ou<br />
boutonnée. Il continue <strong>de</strong> fumer au second labour les terres qu’il<br />
sèmera <strong>en</strong> blé d’octobre.<br />
Docum<strong>en</strong>tation p pédagogique<br />
– musée e <strong>Lorrain</strong><br />
Eté<br />
En juin, il faut faucher les luzernes, aussitôt que les premières graines<br />
apparaiss<strong>en</strong>t. Les prés se rempliss<strong>en</strong>t <strong>de</strong> faucheurs à façon, <strong>de</strong><br />
journaliers qui utilis<strong>en</strong>t la faux qui a remplacé la faucille au cours <strong>de</strong> la<br />
première moitié du XIXème siècle. Le soir même, si le temps est sec,<br />
le foin est retourné. Le l<strong>en</strong><strong>de</strong>main matin il est fané à l’ai<strong>de</strong> du râteau<br />
(plus tard <strong>de</strong> la faneuse) et mis <strong>en</strong> petites meules le soir. Le troisième<br />
jour, il doit être <strong>en</strong>tièrem<strong>en</strong>t ramassé pour gagner la grange sur la<br />
voiture à échelle.<br />
En juillet, on achève la f<strong>en</strong>aison et on prépare la moisson après avoir<br />
nettoyé la grange. Particip<strong>en</strong>t à la moisson, tous les bras <strong>de</strong> la famille,<br />
les militaires, les journaliers, les saisonniers v<strong>en</strong>ant <strong>de</strong>s départem<strong>en</strong>ts<br />
voisins ou <strong>de</strong> l’étranger (d’Allemagne jusqu’à la guerre francoprussi<strong>en</strong>ne<br />
<strong>de</strong> 1870). On ramasse dans les vergers, sous les arbres, les<br />
fruits véreux et on les donne aux cochons. Le paysan p<strong>en</strong>se<br />
égalem<strong>en</strong>t à mettre dans un fût, prunes ou cerises, pour préparer <strong>de</strong><br />
l’eau <strong>de</strong> vie.<br />
En août, on moissonne le from<strong>en</strong>t ainsi que le méteil qu’on cultive<br />
beaucoup au XIXème siècle pour parer aux aléas du climat (gelées<br />
trop tardives, pluies trop abondantes), <strong>de</strong> l’avoine et <strong>de</strong> l’orge. Après<br />
1850, pour moissonner, la faux remplace la faucille qui reste<br />
employée pour couper le seigle lorsqu’il s’agit <strong>de</strong> faire avec ses tiges<br />
<strong>de</strong>s li<strong>en</strong>s, <strong>de</strong>s nattes, <strong>de</strong>s chapeaux… le paysan donne un troisième<br />
labour aux terres qu’il <strong>de</strong>stine à l’<strong>en</strong>sem<strong>en</strong>cem<strong>en</strong>t <strong>en</strong> blé d’automne.<br />
24
Automne<br />
Docum<strong>en</strong>tation p pédagogique<br />
– musée e <strong>Lorrain</strong><br />
On laboure une quatrième fois les terres qu’on veut <strong>en</strong>sem<strong>en</strong>cer <strong>en</strong><br />
seigle, méteil et from<strong>en</strong>t. On sème le trèfle seul, sans mélange<br />
d’autres graines, comme on l’avait fait <strong>en</strong> mars. On récolte le chanvre<br />
qu’on cueille quand la graine est mûre. Ensuite, on le bat pour <strong>en</strong><br />
tirer la graine, puis on le lie <strong>en</strong> petites gerbes avant <strong>de</strong> le mettre à<br />
rouir, soit <strong>en</strong> ét<strong>en</strong>dant les tiges sur un champ humi<strong>de</strong>, soit <strong>en</strong> le<br />
plongeant dans <strong>de</strong>s trous d’eau <strong>de</strong> la rivière ménagés à cette effet, afin<br />
qu’il se gorge d’eau p<strong>en</strong>dant plusieurs semaines. On fauche les<br />
regains. On comm<strong>en</strong>ce à récolter <strong>de</strong>s fruits et <strong>de</strong>s légumes. On<br />
charrie du fumier sur les terres avant le <strong>de</strong>rnier labour. On comm<strong>en</strong>ce<br />
à battre le blé pour les sem<strong>en</strong>ces ; le grain le plus petit, fin et sec, sera<br />
choisi. Le temps <strong>de</strong>s récoltes <strong>de</strong> fruits et <strong>de</strong> légumes est déjà bi<strong>en</strong><br />
avancé. Lorsque tous les labours sont terminés, le cultivateur sème du<br />
seigle et <strong>en</strong>suite du from<strong>en</strong>t. Le blé est battu au fléau sur l’aire <strong>de</strong> la<br />
grange avec l’ai<strong>de</strong> d’un ou <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux par<strong>en</strong>ts ou amis, selon un rythme<br />
bi<strong>en</strong> particulier acquis par l’expéri<strong>en</strong>ce. Le tri <strong>en</strong>tre la pousse et la<br />
graine est effectué à l’ai<strong>de</strong> d’un « van » et d’un « crible ». La paille est<br />
alors employée à la nourriture et à la litière du bétail ; celle du seigle<br />
pouvant servir, au XIXème siècle <strong>en</strong>core, à la confection <strong>de</strong> chaume.<br />
Hiver<br />
La vie laborieuse à l’extérieur se ral<strong>en</strong>tit. Le paysan dépose sur les<br />
prés naturels ou artificiels <strong>de</strong> la fi<strong>en</strong>te <strong>de</strong> pigeon, <strong>de</strong>s c<strong>en</strong>dres, <strong>de</strong> la<br />
suie, <strong>de</strong> la poussière <strong>de</strong> chaux, du fumier égalem<strong>en</strong>t, quand le souci <strong>de</strong><br />
fumer les prairies pénètre à la campagne au cours <strong>de</strong> la <strong>de</strong>uxième<br />
moitié du XIXème siècle. Il va faire sa coupe : tirer les bois,<br />
confectionner les fagots, les charrier. Il ne doit pas oublier non plus<br />
d’effectuer – tout au moins au cours <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux premiers tiers du<br />
XIXème siècle – ses prestations : empierrer un certain nombre <strong>de</strong><br />
mètres carrés <strong>de</strong> chemins communaux et vicinaux, sous la<br />
surveillance du gar<strong>de</strong>-champêtre. Il poursuit le battage <strong>de</strong>s grains, les<br />
labours et les plantations d’arbres quand le temps le permet. Il répare<br />
outils et instrum<strong>en</strong>ts aratoires et participe int<strong>en</strong>sém<strong>en</strong>t à la vie<br />
domestique.<br />
25
Le cal<strong>en</strong>drier <strong>de</strong>s fêtes<br />
L’automne et l’hiver<br />
Dans la vie traditionnelle <strong>lorraine</strong>, l’année s’achève <strong>en</strong> automne.<br />
Après la moisson et la f<strong>en</strong>aison, les champs sont ouverts à tous les<br />
animaux (vaine-pâture) et on prépare l’hiver <strong>en</strong> tuant le cochon.<br />
La Toussaint est la veillée <strong>de</strong>s morts. Elle se t<strong>en</strong>ait au soir du 1e<br />
novembre et consiste <strong>en</strong> la visite au cimetière. Toutefois, il était<br />
habituel que les hommes sonn<strong>en</strong>t les cloches <strong>de</strong> l’église une partie <strong>de</strong><br />
la nuit.<br />
Docum<strong>en</strong>tation p pédagogique<br />
– musée e <strong>Lorrain</strong><br />
La Sainte-Catherine et la Saint-Nicolas sont <strong>de</strong>ux fêtes <strong>de</strong> jeunesse<br />
qui se répondai<strong>en</strong>t <strong>en</strong> écho. A la Sainte-Catherine (25 novembre), les<br />
jeunes filles préparai<strong>en</strong>t un repas dans un café auquel on conviait les<br />
garçons. A l’issue <strong>de</strong> ce repas, les filles pouvai<strong>en</strong>t inviter les garçons à<br />
danser (dans les sociétés traditionnelles, le célibat <strong>de</strong>s filles était<br />
stigmatisé). Quinze jours plus tard, la Saint-Nicolas permettait aux<br />
jeunes g<strong>en</strong>s <strong>de</strong> r<strong>en</strong>dre la politesse. La fête <strong>de</strong> saint Nicolas (06<br />
décembre) est celle qui a le plus perduré. Il est accompagné du « Père<br />
Fouettard » ( « Hans Trapp » <strong>en</strong> <strong>Lorrain</strong>e germanophone). L’épiso<strong>de</strong><br />
<strong>de</strong>s trois <strong>en</strong>fants ressuscités par le saint est toujours figuré. Dans<br />
l’église <strong>de</strong> Saint-Nicolas-<strong>de</strong>-Port, a lieu une procession où apparaît le<br />
Sire <strong>de</strong> Réchicourt, un miraculé <strong>de</strong> saint Nicolas <strong>en</strong>veloppé dans une<br />
cape et portant bottes et gants <strong>de</strong> cuir ainsi qu’un heaume <strong>de</strong> métal à<br />
la visière rabattue. On faisait croire aux <strong>en</strong>fants que le saint vi<strong>en</strong>drait<br />
la nuit distribuer <strong>de</strong>s ca<strong>de</strong>aux (pommes, noisettes et orange au début<br />
du siècle) aux <strong>en</strong>fants sages.<br />
Noël est une fête plus familiale et plus religieuse que la Saint-<br />
Nicolas. En soirée, on brûlait une bûche : un tronc d’arbre que le<br />
grand-père bénissait <strong>en</strong> l’aspergeant d’eau bénite ou <strong>de</strong> vin. Une<br />
<strong>de</strong>mi-heure avant minuit, on se r<strong>en</strong>dait à l’église pour assister à la<br />
messe <strong>de</strong> minuit. Enfin avait lieu le repas <strong>de</strong> Noël où l’on servait<br />
uniquem<strong>en</strong>t <strong>de</strong> la vian<strong>de</strong> <strong>de</strong> porc, du jambon voire du boudin.<br />
Carnaval marque la fin <strong>de</strong> l’hiver et le retour aux travaux <strong>de</strong>s<br />
champs. Le port <strong>de</strong>s masques et <strong>de</strong>s déguisem<strong>en</strong>ts était courant sauf<br />
dans les Vosges. Dans <strong>de</strong> nombreux villages, <strong>de</strong>s cavalca<strong>de</strong>s<br />
parcour<strong>en</strong>t les rues du village. On noircissait aussi le visage <strong>de</strong>s filles<br />
avec <strong>de</strong> la suie ou du cirage et on n’hésitait pas à mettre du désordre<br />
dans les cuisines. Enfin, faire <strong>de</strong>s crêpes ou <strong>de</strong>s beignets faisait partie<br />
<strong>de</strong>s coutumes <strong>de</strong> Carnaval.<br />
26
Le printemps<br />
Le cycle pascal : le dimanche <strong>de</strong>s Rameaux, on faisait bénir le buis<br />
qui assurerait la protection <strong>de</strong>s bêtes et <strong>de</strong>s g<strong>en</strong>s. A partir du Jeudi<br />
Saint, les cloches <strong>de</strong> l’église ne sonnai<strong>en</strong>t plus. Les <strong>en</strong>fants <strong>de</strong> chœur<br />
parcourai<strong>en</strong>t alors le village et annonçai<strong>en</strong>t les heures du jour et les<br />
offices avec <strong>de</strong>s crécelles. Puis, ils passai<strong>en</strong>t <strong>de</strong> maison <strong>en</strong> maison<br />
récolter <strong>de</strong>s œufs teints dans <strong>de</strong>s décoctions <strong>de</strong> pelures d’oignons, <strong>de</strong><br />
grains <strong>de</strong> chicorée ou <strong>de</strong> fleurs d’anémone. Le Samedi Saint, ils<br />
faisai<strong>en</strong>t une tournée <strong>de</strong> quête et chantai<strong>en</strong>t aux maîtresses <strong>de</strong><br />
maisons visitées un chant sur l’air du Stabat Mater.<br />
Les Rogations<br />
Docum<strong>en</strong>tation p pédagogique<br />
– musée e <strong>Lorrain</strong><br />
Le cycle <strong>de</strong> pâques annonçait le temps <strong>de</strong> processions. Celles<br />
organisées durant les trois jours précéd<strong>en</strong>t l’Asc<strong>en</strong>sion portai<strong>en</strong>t le<br />
nom <strong>de</strong> Rogations. Le caractère agricole utilitaire <strong>de</strong> ces cérémonies,<br />
consistant à protéger les cultures, explique la faveur dont elles<br />
bénéfici<strong>en</strong>t dans les villages.<br />
La Fête-Dieu : à l’époque <strong>de</strong> la f<strong>en</strong>aison et <strong>de</strong>s moissons, il y avait<br />
peu <strong>de</strong> place pour les distractions et les réjouissances. C’était le temps<br />
<strong>de</strong>s communions sol<strong>en</strong>nelles qui ont comm<strong>en</strong>cé à disparaître à la fin<br />
<strong>de</strong>s années soixante. Le <strong>de</strong>uxième dimanche après la P<strong>en</strong>tecôte, la<br />
Fête-Dieu (une fête mobile rattachée au cycle lunaire <strong>de</strong> Pâques) est<br />
la cérémonie la plus fastueuse <strong>de</strong> la saison où l’on vénère le Saint<br />
sacrem<strong>en</strong>t. La fête consiste <strong>en</strong> une procession à travers le village où<br />
<strong>de</strong>s branchages et <strong>de</strong>s fleurs jonch<strong>en</strong>t le sol; le prêtre dépose<br />
l’ost<strong>en</strong>soir du Saint Sacrem<strong>en</strong>t sur <strong>de</strong>s autels provisoires où prières,<br />
coups d’<strong>en</strong>c<strong>en</strong>soir et bénédiction <strong>de</strong>s paroissi<strong>en</strong>s se succèd<strong>en</strong>t.<br />
Chaque maison située à proximité <strong>de</strong> ces reposoirs avait à cœur <strong>de</strong><br />
participer à la décoration (nappe blanche, chan<strong>de</strong>lier, vases avec<br />
fleurs cueillies dans le jardin). La procession terminée, on récupérait<br />
précieusem<strong>en</strong>t les fleurs bénies.<br />
L’été<br />
La Saint Jean est une fête solaire qui a lieu au solstice d’été, le 24<br />
juin. Le principal rite consiste à allumer un bûcher.<br />
27
Pistes d’exploitation pédagogique<br />
Le village et la maison<br />
collège<br />
LE VILLAGE LORRAIN<br />
A partir <strong>de</strong> l’observation <strong>de</strong>s photographies<br />
Les maisons <strong>lorraine</strong>s sont généralem<strong>en</strong>t disposées<br />
le long <strong>de</strong> la rue principale. Quel nom donne-t-on à<br />
ce type <strong>de</strong> village <br />
Comm<strong>en</strong>t s’appelle l’espace situé <strong>de</strong>vant chaque<br />
maison où sont mis les tas <strong>de</strong> fumier <br />
Docum<strong>en</strong>tation p pédagogique<br />
– musée e <strong>Lorrain</strong><br />
LA MAISON LORRAINE<br />
A partir <strong>de</strong> l’observation <strong>de</strong>s maquettes<br />
A quel usage sont <strong>de</strong>stinées les 2 ou 3 travées d’une<br />
maison <strong>lorraine</strong> <br />
De combi<strong>en</strong> <strong>de</strong> f<strong>en</strong>êtres est pourvue chaque<br />
maison Où les trouve-t-on <br />
La maison se compose <strong>en</strong> général <strong>de</strong> 3 pièces.<br />
Citez-les <strong>en</strong> partant <strong>de</strong> la rue :<br />
-<br />
-<br />
-<br />
L’OBJET DE MUSEE<br />
A partir <strong>de</strong> l’observation d’un intérieur<br />
Observez les objets <strong>de</strong> cette pièce (taille, matière,<br />
traces d’utilisation, position), id<strong>en</strong>tifiez-les puis<br />
expliquez leur fonction <br />
Quelles différ<strong>en</strong>ces faites-vous <strong>en</strong>tre cette mise <strong>en</strong><br />
scène <strong>de</strong>s objets et une salle d’exposition classique<br />
(avec socles, vitrines..) Quel est selon-vous l’intérêt<br />
d’une telle prés<strong>en</strong>tation <br />
28
Pistes d’exploitation pédagogique<br />
Le village et la maison<br />
élém<strong>en</strong>taire<br />
LE VILLAGE LORRAIN<br />
Observation et <strong>de</strong>scription <strong>de</strong>s photographies<br />
Comm<strong>en</strong>t les maisons sont-elles disposées le<br />
long <strong>de</strong> la rue Et les unes par rapport aux<br />
autres <br />
Compare l’une <strong>de</strong>s photographies avec ta<br />
rue; qu’est-ce qui est différ<strong>en</strong>t <br />
Docum<strong>en</strong>tation p pédagogique<br />
– musée e <strong>Lorrain</strong><br />
En l’abs<strong>en</strong>ce <strong>de</strong> voitures, la rue est un lieu <strong>de</strong><br />
jeu, <strong>de</strong> r<strong>en</strong>contres et d’activités. Quels animaux<br />
sont laissés <strong>en</strong> liberté Que font les personnes<br />
que tu vois sur les photographies <br />
DES MAISONS, UN MUSEE<br />
Immersion dans les intérieurs, perceptions s<strong>en</strong>sorielles<br />
Déplace toi dans la pièce et observe la couleur<br />
<strong>de</strong>s murs, la matière du sol, l’origine <strong>de</strong> la lumière,<br />
le bruit que tu fais <strong>en</strong> te déplaçant. Que ress<strong>en</strong>s-tu<br />
Imagine que tu remontes le temps et que tu vis<br />
dans une anci<strong>en</strong>ne maison <strong>lorraine</strong>: quels serai<strong>en</strong>t<br />
les sons familiers Les o<strong>de</strong>urs Les activités<br />
quotidi<strong>en</strong>nes Les personnes prés<strong>en</strong>tes dans la<br />
pièce <br />
Quels indices montr<strong>en</strong>t qu’il s’agit bi<strong>en</strong> d’un<br />
musée et non d’une anci<strong>en</strong>ne maison <br />
Compare les objets <strong>de</strong> cette cuisine et <strong>de</strong> la<br />
ti<strong>en</strong>ne: quels sont les différ<strong>en</strong>ces <br />
Tous les objets prés<strong>en</strong>tés sont d’anci<strong>en</strong>s objets<br />
utilisés au quotidi<strong>en</strong>. Repère sur certains d’<strong>en</strong>tre<br />
eux les marques d’utilisation ou les traces d’usure,<br />
ou <strong>en</strong>core les indices qui évoqu<strong>en</strong>t leur anci<strong>en</strong><br />
propriétaire (initiales, date, <strong>de</strong>ssin).<br />
29
Pistes d’exploitation pédagogique<br />
Cuisine et alim<strong>en</strong>tation<br />
élém<strong>en</strong>taire<br />
LA CUISINE<br />
Curiosité, observation et expression<br />
Retrouve chaque objet sur ce <strong>de</strong>ssin et indique son nom. Sais-tu à quoi chacun sert <br />
Docum<strong>en</strong>tation p pédagogique<br />
– musée e <strong>Lorrain</strong><br />
L’ALIMENTATION<br />
Transformation <strong>de</strong>s matières premières<br />
Replace ces illustrations dans le bon ordre afin <strong>de</strong> fabriquer un délicieux beurre.<br />
30
Pistes d’exploitation pédagogique<br />
Se chauffer et s’éclairer<br />
élém<strong>en</strong>taire<br />
AMBIANCE D’UNE VEILLEE LORRAINE<br />
Ecoute et imagine…. retrouve <strong>en</strong>suite les objets dans les vitrines ou les intérieurs du<br />
musée.<br />
Docum<strong>en</strong>tation p pédagogique<br />
– musée e <strong>Lorrain</strong><br />
« Un bon feu flambe dans l’âtr et éclaire la taque décorée. Dehors, un v<strong>en</strong>t d’hiver secoue les branches <strong>de</strong>s<br />
arbres et siffle au-<strong>de</strong>ssous <strong>de</strong>s portes. La lampe à huile éclaire la cuisine d’une faible lueur. Pour mieux y<br />
voir, les femmes ont apporté <strong>de</strong>s bouteilles d’eau où la petite flamme reflète sa pâle lumière. Les mâmiches<br />
(mamies) se chauff<strong>en</strong>t frileusem<strong>en</strong>t les pieds sur un couvot empli <strong>de</strong> braises. Les hommes fum<strong>en</strong>t<br />
tranquillem<strong>en</strong>t leur pipe <strong>en</strong> bavardant. Ils parl<strong>en</strong>t du temps, <strong>de</strong>s semailles d’automne, <strong>de</strong>s bêtes… Et, <strong>de</strong> fil<br />
<strong>en</strong> aiguille, l’un <strong>de</strong>ux comm<strong>en</strong>ce à raconter une petite histoire. Un autre lui succè<strong>de</strong>. Et les éclats <strong>de</strong> rire<br />
fus<strong>en</strong>t. »<br />
(d’après A. Jeanmaire, Veillées <strong>lorraine</strong>s, 1978)<br />
H<strong>en</strong>ri Val<strong>en</strong>tin, le coin du feu dans les Vosges<br />
31
Pistes d’exploitation pédagogique<br />
Travaux et saisons<br />
élém<strong>en</strong>taire<br />
ACTIVITES TRADITIONNELLES<br />
A quelles activités correspond<strong>en</strong>t ces photographies A quelle pério<strong>de</strong> <strong>de</strong> l’année avai<strong>en</strong>t-elle<br />
lieu Retrouve dans le musée certains outils visibles sur ces photographies.<br />
Docum<strong>en</strong>tation p pédagogique<br />
– musée e <strong>Lorrain</strong><br />
32
Lég<strong>en</strong><strong>de</strong>s et crédits photographiques<br />
Pour tous les visuels, crédits photographiques © musée <strong>Lorrain</strong>, ville <strong>de</strong> <strong>Nancy</strong>.<br />
p.3/cartes postales : Bertrichamps, Allarmont, Bertrambois, Brû p.4/cartes<br />
postales : Le repas <strong>de</strong>s bûcherons au Ballon d’Alsace, f<strong>en</strong>aison à Longemer<br />
p.5/cartes postales : Gérardmer le Haut <strong>de</strong> l’Urson, scierie communale <strong>de</strong> La<br />
Bresse, Aubrives, Burey-<strong>en</strong>-Vaux p.6/cartes postales : Beauzée-sur-Aire,<br />
Létricourt; photographie : faça<strong>de</strong> <strong>de</strong> maison <strong>lorraine</strong> p.7/ village lorrain; vues <strong>de</strong><br />
l’intérieur I (cuisine et chambre); vue <strong>de</strong> la grange p.8/ cuisine <strong>de</strong> l’intérieur IV;<br />
plaque <strong>de</strong> cheminée <strong>en</strong> fonte <strong>de</strong> 1709 (intérieur I); cuisine <strong>de</strong> l’intérieur III<br />
(détail) p.9/ saunière formant tabouret (intérieur I); table (intérieur II); coffre<br />
peint 1775-1800 (Vosges); lit mi-clos (intérieur III); cuisine <strong>de</strong> l’intérieur II<br />
(détail) p.10/ David Dugay, aquarelle d’après un relevé <strong>de</strong> 1943 d’une maison <strong>de</strong><br />
Brizeaux , Meuse (détail); carte postale représ<strong>en</strong>tant le puits à balancier <strong>de</strong><br />
Parroy; cuisine <strong>de</strong> l’intérieur I (détail) p.11/ femme cuisinant à Vandoeuvre <strong>en</strong><br />
1906; moissonneurs à Vandoeuvre <strong>en</strong> 1903; Charles Pinot, La cuisine d’une maison<br />
<strong>lorraine</strong> vers 1850 p.12/ Ferme à Bussang; moule à fromage (espace laiterie); carte<br />
postale: le marché au beurre à <strong>Nancy</strong> (détail) p.14/moule à agneau pascal: espace<br />
boulangerie (détail) p.15/ espace laiterie (détail); le tuage du cochon à <strong>Ville</strong>rs-lès-<br />
<strong>Nancy</strong>; Adri<strong>en</strong>ne Jouclard, Raclage du cochon à Onville et Homme râclant un cochon<br />
saigné (détails) p.16/ cartes postales: le travail <strong>de</strong> la vigne à Brûley, chargem<strong>en</strong>t <strong>de</strong><br />
vin à Lucey; alambic <strong>de</strong> Selaincourt, 1800-1825 p.17/ H<strong>en</strong>ri Val<strong>en</strong>tin, le coin du<br />
feu dans les Vosges; chambre <strong>de</strong> l’intérieur IV (détail); chambre <strong>de</strong> l’intérieur II<br />
(détail) p.18/ chaufferette utilisée par Louise Adam (1847-1933); pelle à couvot<br />
<strong>en</strong> laiton, poêle <strong>de</strong> Longwy 1775-1800, femme lisant dans une cuisine à<br />
Vandoeuvre <strong>en</strong> 1909 p.19/ cuisine <strong>de</strong> l’intérieur III: cuisine <strong>de</strong> l’intérieur II;<br />
paroi vitrée <strong>de</strong> l’intérieur I; lampe à huile p.20/ bougeoir <strong>en</strong> cuivre 1850-1900;<br />
mouchette <strong>en</strong> fer XIXème siècle; lampe à pétrole p.21/ lampe <strong>de</strong> bro<strong>de</strong>use<br />
1875-1900; lanterne p.22/ départ aux champs <strong>en</strong> 1905 à Vandoeuvre; cartes<br />
postales: Arnaville, Gémonville, Maxey-sur-Vaise p.23/ Adri<strong>en</strong>ne Jouclard, Deux<br />
femmes et un homme arrachant <strong>de</strong>s pommes <strong>de</strong> terre, 1907; Joseph-Emile Gri<strong>de</strong>l, Le<br />
berger communal <strong>de</strong> D<strong>en</strong>euvre gardant son troupeau, vers 1890; Adri<strong>en</strong>ne Jouclard, Le<br />
semeur à Chambley, début du XXème siècle p.24/ Adri<strong>en</strong>ne Jouclard, Homme et<br />
femme bêchant, début du XXème siècle; paysannes et paysans dans un champ<br />
<strong>de</strong>vant une gran<strong>de</strong> charrette pleine <strong>de</strong> foin tirée par <strong>de</strong>ux bœufs; la f<strong>en</strong>aison <strong>en</strong><br />
<strong>Lorrain</strong>e, 1895; un paysan faisant <strong>de</strong>s bottes <strong>de</strong> foin, Vandoeuvre p.25/ H<strong>en</strong>ri<br />
Val<strong>en</strong>tin, Une coisseuse <strong>de</strong> chanvre dans les Vosges; crible prov<strong>en</strong>ant <strong>de</strong> Messein, fin<br />
du XIXème siècle; <strong>de</strong>ux hommes avec une charrette pleine <strong>de</strong> bois, forêt <strong>de</strong><br />
Haye; homme assis nettoyant <strong>de</strong>s betteraves, Vandoeuvre, 1908 p.26/ Miracle <strong>de</strong><br />
saint Nicolas, imagerie Pellerin, Epinal; Nativité, Lagney, XVIIIème siècle p.27/<br />
H<strong>en</strong>ri Val<strong>en</strong>tin, le dimanche <strong>de</strong>s bures; crécelle, XXème siècle; bannière <strong>de</strong> procession,<br />
XIXème siècle.<br />
33