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tomodensitometrie multicoupe et cardiopathies congenitales

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TOMODENSITOMETRIE<br />

MULTICOUPE<br />

ET CARDIOPATHIES<br />

CONGENITALES<br />

M. Lederlin, V. Latrabe, M. Montaudon, O. Corneloup, F. Laurent<br />

Unité d’imagerie thoracique <strong>et</strong> cardiovasculaire, Hôpital Haut-Lévèque, CHU Bordeaux


AVANT-PROPOS<br />

Ce travail ne constitue pas une revue iconographique exhaustive<br />

des <strong>cardiopathies</strong> congénitales.<br />

Il est délibérément orienté vers les malformations de la voie droite<br />

(<strong>cardiopathies</strong> cyanogènes) où l’échocardiographie manque de<br />

fiabilité.<br />

L’objectif est de montrer, au travers d’exemples précis, l’apport du<br />

scanner dans ces pathologies, mais aussi d’en préciser ses limites.<br />

En définitive, nous discuterons la place du scanner dans l’arsenal<br />

diagnostique des <strong>cardiopathies</strong> congénitales.


GENERALITES<br />

Le scanner est un examen de deuxième intention dans les<br />

<strong>cardiopathies</strong> congénitales.<br />

Il est demandé par le cardiopédiatre ou le chirurgien, soit dans le<br />

cadre du bilan pré-opératoire, soit dans le suivi évolutif des<br />

patients.<br />

L’échocardiographie reste l’examen de première intention, le<br />

scanner étant généralement réalisé pour apporter des réponses à<br />

des questions précises.


MATERIELS ET METHODES<br />

44 patients explorés sur une période de 14 mois<br />

moyenne d’âge = 12 ans<br />

plus jeune = 13 jours<br />

plus âgé = 57 ans<br />

Appareil : scanner 16 canaux (Sensation 16, Siemens)<br />

Constantes adaptée au poids <strong>et</strong> à la taille de l’enfant<br />

Epaisseur de coupe = 0.75 mm, avec reconstructions chevauchées<br />

Délai d’injection variable (détection du bolus sur l’aorte ou l’artère pulmonaire<br />

selon que l’on cherche à explorer la voie gauche ou la voie droite)<br />

Synchronisation cardiaque jamais systématique (↑↑ dose), seulement dans<br />

certains cas particuliers (FEVD demandée, recherche d’une anomalie<br />

d’implantation des coronaires...)<br />

Simple sédation le plus souvent suffisante pour que l’enfant soit immobile


PLAN<br />

Première partie : Cardiopathies cyanogènes<br />

Deuxième partie : Autres <strong>cardiopathies</strong><br />

Troisième partie : Pour la pratique


PREMIERE PARTIE :<br />

CARDIOPATHIES<br />

CYANOGENES


Cardiopathies cyanogènes<br />

Notions élémentaires<br />

Les <strong>cardiopathies</strong> cyanogènes sont caractérisées par<br />

l’existence d’un shunt droite-gauche, c’est-à-dire la<br />

contamination du sang artériel normalement saturé par du sang<br />

veineux désaturé.<br />

Ce shunt droite-gauche (court-circuit) est généralement la<br />

conséquence d’une malformation sur la voie pulmonaire.<br />

L’évaluation de la voie droite apparaît donc fondamentale dans<br />

l’exploration d’une cardiopathie cyanogène, tant en pré qu’en<br />

post-opératoire.


Cardiopathies cyanogènes<br />

Pourquoi le scanner <br />

L’infundibulum du ventricule droit <strong>et</strong> la portion intrapéricardique de l’artère<br />

pulmonaire sont parfois difficiles à analyser en échocardiographie.<br />

De même, l’échographie manque de fiabilité dans l’exploration des artères<br />

pulmonaires au-delà de leur segment proximal (interpositions osseuses <strong>et</strong><br />

aériques).<br />

Enfin, le lit d’aval n’est pas analysable en écho <strong>et</strong> parfois d’analyse délicate<br />

au cathétérisme.<br />

La TDM <strong>multicoupe</strong> <strong>et</strong> l’IRM, de par leur abord multiplanaire, se révèlent<br />

particulièrement performantes dans l’exploration de la voie droite.<br />

Le scanner, malgré des inconvénients certains (irradiation, injection iodée),<br />

possède des avantages indéniables face à l’IRM, au premier rang desquels on<br />

r<strong>et</strong>ient une résolution spatiale inégalée <strong>et</strong> l’analyse concomitante du<br />

parenchyme pulmonaire.


Cardiopathies cyanogènes<br />

PLAN<br />

Tétralogie de Fallot<br />

Atrésie pulmonaire à septum ouvert<br />

Transposition des gros vaisseaux<br />

Atrésie tricuspide<br />

Ventricule unique


TETRALOGIE DE FALLOT<br />

1888 : Arthur Fallot individualise<br />

la tétralogie parmi les autres types<br />

de « maladies bleues »<br />

2004 : Diagnostic de<br />

tétralogie de Fallot en<br />

scanographie <strong>multicoupe</strong>


Comprendre la Tétralogie de Fallot<br />

Cardiopathie cyanogène la plus fréquente, elle est<br />

décrite en 1888 par le Marseillais Arthur Fallot qui<br />

considérait qu’il s’agissait de l’association de 4<br />

anomalies :<br />

Communication interventriculaire<br />

Sténose pulmonaire<br />

Chevauchement de l’aorte sur le septum interventriculaire<br />

Hypertrophie ventriculaire droite<br />

En réalité, il s’agit embryologiquement d’une seule<br />

anomalie : la déviation vers l’avant <strong>et</strong> vers le haut du<br />

septum infundibulaire, qui sépare normalement les<br />

chambres de chasse ventriculaire droite <strong>et</strong> gauche. Ce<br />

septum conal vient ainsi obstruer la voie d’éjection<br />

pulmonaire <strong>et</strong> créer une sténose infundibulaire. Par<br />

ailleurs le septum infundibulaire déplacé ne fait pas sa<br />

jonction avec le septum interventriculaire, il en résulte<br />

une communication interventriculaire dite par<br />

« malalignement ». L’aorte accompagne le<br />

déplacement du septum conal <strong>et</strong> vient chevaucher le<br />

septum interventriculaire. Enfin l’hypertrophie<br />

ventriculaire droite n’est pas un élément malformatif,<br />

elle est adaptative, secondaire à la surcharge de<br />

pression dans le ventricule droit.


Garçon de 13 ans, tétralogie de Fallot<br />

Bilan pré-opératoire<br />

La racine de l’aorte vient<br />

chevaucher le septum<br />

interventriculaire<br />

Les bandes musculaires<br />

hypertrophiées du ventricule<br />

droit sont bien visibles,<br />

responsables d’une sténose<br />

infundibulaire<br />

Les coupes axiales natives m<strong>et</strong>tent<br />

bien en évidence le défect du<br />

septum infundibulaire, responsable<br />

ici d’une communication entre la<br />

chambre de chasse ventriculaire<br />

gauche <strong>et</strong> le ventricule droit


Même patient (suite)<br />

Noter pour mémoire la morphologie normale de l’auricule<br />

gauche, en doigt de gant (ou en croch<strong>et</strong>), à base<br />

d’implantation étroite sur l’atrium gauche → situs solitus<br />

Hypotrophie du tronc de l’artère<br />

pulmonaire <strong>et</strong> de ses branches<br />

Dilatation modérée de la racine<br />

de l’aorte, contrastant avec un<br />

cône d’éjection pulmonaire de<br />

p<strong>et</strong>it calibre


Même patient (suite)<br />

MPR de la branche pulmonaire gauche<br />

Reformat MPR dans l’axe de<br />

l’infundibulum pulmonaire <strong>et</strong> de la<br />

branche droite.<br />

La sténose de la voie d’éjection du<br />

ventricule droit est plus évidente<br />

que sur les coupes axiales ()


Intermède clinique<br />

La cyanose est une coloration bleuâtre des téguments <strong>et</strong> des muqueuses. Elle<br />

apparaît dès qu’il y a plus de 5 g d’hémoglobine réduite pour 100 mL de sang<br />

dans le réseau capillaire. Elle correspond en général à une saturation en oxygène<br />

de 85 %.<br />

Le « squatting » ou accroupissement à l’effort est un signe clinique quasipathognomonique<br />

de la maladie de Fallot. Après un effort, l’enfant s’arrête <strong>et</strong><br />

s’accroupit. C<strong>et</strong>te position agit à la manière de garrots placés à la racine des<br />

membres inférieurs : le r<strong>et</strong>our veineux systémique est ainsi modifié ce qui<br />

augmente les résistances artérielles systémiques améliorant en définitive<br />

l’oxygénation cérébrale. Il s’agit d’un moyen instinctif de lutte contre l’hypoxie<br />

qu’il importe de rechercher systématiquement à l’interrogatoire des parents.<br />

Les malaises anoxiques représentent la complication la plus fréquente : ils<br />

surviennent généralement le matin au réveil <strong>et</strong> se manifestent par une<br />

accentuation rapide de la cyanose accompagnée de tachycardie <strong>et</strong> de tachypnée.<br />

L’enfant devient très angoissé ce qui aggrave encore la crise. Ces malaises<br />

peuvent aller jusqu’à la syncope, les convulsions, l’accident vasculaire cérébral,<br />

ou la mort subite. Ils constituent une indication impérative au traitement<br />

chirurgical.


Fallot : bilan pré-opératoire<br />

(même patient que précédemment)<br />

Division à son origine de l’artère coronaire droite<br />

La coronaire gauche donne<br />

normalement l’IVA <strong>et</strong> la circonflexe<br />

Une des deux branches de la coronaire droite<br />

bifurque vers la gauche pour se r<strong>et</strong>rouver en<br />

avant de l’infundibulum pulmonaire<br />

C<strong>et</strong>te branche coronaire ectopique contreindique<br />

une chirurgie correctrice par abord<br />

antérieur car elle se situe sur la zone de<br />

ventriculotomie (visant à élargir la voie droite).<br />

Il est fondamental de signaler au chirurgien ce<br />

type d’anomalie<br />

Noter l’hypertrophie ventriculaire droite


Tétralogie de Fallot<br />

Bilan pré-opératoire<br />

La chirurgie correctrice de la maladie de Fallot consiste, après ferm<strong>et</strong>ure de la CIV, à inciser la<br />

voie d’éjection du ventricule droit, exciser les bandes musculaires hypertrophiées, <strong>et</strong> agrandir<br />

la voie d’éjection droite par un gouss<strong>et</strong> d’élargissement péricardique ou en Dacron®.<br />

En cas d’artère coronaire croisant en avant l’infundibulum pulmonaire, une intervention de type<br />

Rastelli (tube valvulé VD-AP) sera envisagée.<br />

Le scanner <strong>multicoupe</strong> est sans conteste supérieur à l’IRM pour la visualisation des artères<br />

coronaires <strong>et</strong> devrait pouvoir à terme remplacer la coronarographie qui actuellement est encore<br />

systématique dans un bilan pré-opératoire de tétralogie de Fallot.<br />

Ajoutons enfin que le cathétérisme cardiaque n’est pas sans danger, puisque susceptible de<br />

déclencher des malaises anoxiques dans les cas graves de tétralogie. Ces malaise sont<br />

provoqués par l’hypotension due aux sédatifs <strong>et</strong>/ou les manipulations dans le VD génératrices<br />

de spasmes infundibulaires. Un argument supplémentaire donc pour promouvoir le scanner<br />

auprès des chirurgiens.


Fallot : Bilan pré-opératoire<br />

Anomalies associées à rechercher dans le bilan pré-opératoire:<br />

Crosse aortique à droite (30 % des cas), pouvant être associée à une artère sous-clavière rétrooesophagienne<br />

gauche : à signaler avant la mise en place d’un Blalock.<br />

Anomalies des artères coronaires +++ (1/3 des cas): on recherchera tout particulièrement une<br />

naissance anormale de l’IVA à partir de la coronaire droite.<br />

Il convient également d’évaluer le volume télédiastolique du VG qui doit être suffisamment développé<br />

pour envisager une chirurgie correctrice.<br />

Plus rarement on peut r<strong>et</strong>rouver des communications interventriculaires multiples, la persistance d’un<br />

canal artériel, une veine cave supérieure double...<br />

Conditions idéales pour envisager la réparation chirurgicale d’une tétralogie de Fallot :<br />

<br />

<br />

<br />

Développement suffisant des artères pulmonaires (permis selon les cas par une anastomose<br />

systémico-pulmonaire de type Blalock-Taussig)<br />

Absence d’artère coronaire ectopique croisant la face antérieure de l’infundibulum pulmonaire<br />

Volume télédiastolique suffisant du VG<br />

Note : La chirurgie à cœur ouvert a radicalement transformé le pronostic de la<br />

tétralogie de Fallot. Sans intervention, il était rare que les patients atteignent l’âge<br />

de vingt ans. Actuellement, nombreux sont les opérés adultes menant une vie<br />

normale <strong>et</strong> active.


ATRESIE PULMONAIRE<br />

AVEC COMMUNICATION<br />

INTERVENTRICULAIRE


Atrésie Pulmonaire<br />

Forme extrême de tétralogie de Fallot<br />

Absence de tout continuité directe entre le VD <strong>et</strong> l’AP<br />

Conséquence : Shunt D-G ventriculaire intégral, tout le sang veineux<br />

allant dans l’aorte à la faveur d’une communication interventriculaire<br />

Le degré d’hypoxémie <strong>et</strong> de cyanose va dépendre du débit pulmonaire<br />

vicariant provenant des collatérales<br />

Note: l’atrésie pulmonaire à septum interventriculaire intact (hyper-Fallot)<br />

ne se voit que chez le nouveau-né. Son pronostic est redoutable.


Atrésie pulmonaire à septum ouvert :<br />

Deux grandes formes cliniques<br />

Forme avec hypoperfusion pulmonaire :<br />

La perfusion pulmonaire à la naissance est assurée<br />

par un canal artériel qui reste complètement ouvert.<br />

Cliniquement : cyanose néonatale marquée.<br />

La perfusion de prostaglandines E1 (parfois pendant<br />

plusieurs semaines) maintient la perméabilité du<br />

canal jusqu’à la création d’un shunt chirurgical (en<br />

attendant une correction complète par la suite).<br />

Forme avec hyperperfusion pulmonaire :<br />

La ferm<strong>et</strong>ure progressive du canal artériel est à<br />

l’origine du développement de larges anastomoses<br />

systémico-pumonaires.<br />

Cliniquement : discrète cyanose néonatale.<br />

Ces anastomoses accentuent de façon importante<br />

le débit cardiaque <strong>et</strong> vont générer une insuffisance<br />

cardiaque à 4-6 semaines de vie.<br />

Evolution généralement favorable de la situation<br />

avec le traitement de l’insuffisance cardiaque (ce<br />

qui fait parfois discuter l’indication opératoire, la<br />

cyanose <strong>et</strong> l’intolérance à l’effort restant souvent<br />

modérées).<br />

En pratique, il existe bien des cas entre ces deux extrêmes où quelques<br />

collatérales perm<strong>et</strong>tent un débit pulmonaire à peine suffisant


Atrésie pulmonaire<br />

L’objectif de l’imagerie en pré-opératoire est double :<br />

Préciser l’anatomie intracardiaque qui est généralement proche<br />

d’une tétralogie de Fallot :<br />

CIV souvent large, par « malalignement »<br />

chevauchement du septum interventriculaire par l’aorte (50% des cas)<br />

dilatation de l’aorte ascendante<br />

Etablir une cartographie précise de la vascularisation pulmonaire :<br />

temps capital du bilan<br />

Il existe une grande variabilité de traj<strong>et</strong> de ces vaisseaux<br />

systémiques de suppléance : leur étude précise va<br />

conditionner l’opérabilité de l’enfant <strong>et</strong> les techniques à<br />

m<strong>et</strong>tre en œuvre.


Atrésie pulmonaire à septum ouvert<br />

Exemple de bilan pré-opératoire (1)<br />

Chez ce garçon de 14 ans, on<br />

note tout d’abord l’existence d’un<br />

arc aortique droit<br />

Il existe de volumineuses<br />

branches de dérivation<br />

systémico-pulmonaires ()<br />

issues de l’aorte<br />

descendante <strong>et</strong> venant<br />

suppléer en totalité (dans<br />

les 3 lobes) la<br />

vascularisation artérielle<br />

pulmonaire droite


Atrésie pulmonaire à septum ouvert<br />

Exemple de bilan pré-opératoire (2)<br />

Même patient : dilatation de la racine de<br />

l’aorte, associée à une anomalie<br />

d’implantation des coronaires à type<br />

d’artère coronaire droite unique ()<br />

Noter en distalité du côté droit<br />

les volumineuses branches de<br />

dérivation aorto-pulmonaires


Atrésie pulmonaire à septum ouvert :<br />

intérêt de l’imagerie<br />

L’analyse fine du réseau de collatéralité est fondamentale<br />

Il faut bien comprendre la physiopathologie de c<strong>et</strong>te maladie où il<br />

existe un équilibre précaire entre « trop de collatérales » ( risque<br />

d’HTAP) <strong>et</strong> « pas assez de collatérales » ( cyanose)<br />

La cartographie précise de ces collatérales en pré-opératoire perm<strong>et</strong> de<br />

planifier au mieux le geste chirurgical<br />

La scanographie volumique se révèle particulièrement bien adaptée à<br />

ce type d’exploration, <strong>et</strong> devrait à terme remplacer définitivement le<br />

cathétérisme.


Atrésie pulmonaire<br />

Exemple d’aspect post-opératoire (1)<br />

Importante dilatation de<br />

l’infundibulum pulmonaire<br />

Disparités de calibre des artères<br />

pulmonaires droite <strong>et</strong> gauche<br />

Thrombose de l’artère lobaire inférieure<br />

gauche () avec développement d’une<br />

volumineuse collatérale issue de l’aorte<br />

descendante () : c<strong>et</strong>te artère réalise une<br />

boucle en avant de l’aorte puis vient longer<br />

le versant interne de la bronche lobaire<br />

inférieure gauche pour assurer la<br />

suppléance de la branche artérielle<br />

thrombosée<br />

Garçon de 8 ans, déjà opéré à 2 reprises<br />

Noter ses rapports anormaux avec la<br />

bronche, comparativement au côté droit


Atrésie pulmonaire<br />

Exemple d’aspect post-opératoire (2)<br />

Même patient :<br />

Thrombose du<br />

shunt de Blalock<br />

gauche ()


Une forme particulière :<br />

l’atrésie pulmonaire acquise<br />

Il existe des atrésies pulmonaires acquises qui sont des aspects<br />

évolutifs de tétralogies de Fallot sévères. Spontanément, ou plus<br />

souvent après la mise en place d’anastomoses systémicopulmonaires<br />

(Blalock), des sténoses infundibulaires ou valvulaires<br />

pulmonaires évoluent vers l’atrésie secondaire. Cliniquement le<br />

souffle disparaît. La circulation est alors assurée par l’anastomose<br />

ou la circulation collatérale.<br />

En pratique, c<strong>et</strong>te forme est de plus en plus rare avec la correction<br />

complète précoce des tétralogies de Fallot sévères.


SHUNTS DE BLALOCK


Shunts de Blalock<br />

RAPPELS :<br />

Dans les <strong>cardiopathies</strong> cyanogènes avec obstacle sur la voie<br />

droite, la mise en place d’un shunt systémicopulmonaire<br />

palliatif perm<strong>et</strong> de temporiser dans l’attente<br />

d’une intervention correctrice définitive.<br />

En eff<strong>et</strong>, bien que certains centres prônent une correction<br />

complète à tout âge y compris chez les nouveaux-nés, la<br />

plupart des équipes préfèrent attendre un<br />

développement anatomique plus favorable à une<br />

chirurgie définitive à cœur ouvert. Il est donc pratiqué<br />

en premier lieu une anastomose palliative favorisant la<br />

croissance des artères pulmonaires, facile à supprimer<br />

lors de la réparation complète. La correction complète<br />

est repoussée de quelques mois, voire un à deux ans.<br />

(Une réparation complète précoce ne semble se justifier<br />

qu’en cas de symptomatologie critique en période néonatale,<br />

ce qui n’est pas l’éventualité la plus fréquente.)<br />

Perméabilité d’un shunt de Blalock droit<br />

Le shunt de Blalock-Taussig (1945) reste la principale<br />

opération palliative de la tétralogie de Fallot <strong>et</strong> de<br />

l’atrésie tricuspide


Shunts de Blalock bilatéraux<br />

Anastomoses proximales branchées sur les<br />

artères sous-clavières<br />

* L’écho n’est pas toujours fiable pour<br />

apprécier la perméabilité de ces shunts du<br />

fait de l’interposition du parenchyme<br />

pulmonaire.<br />

* Avant l’avènement des explorations TDM<br />

<strong>et</strong> IRM, la non-visualisation de ces shunts<br />

par échographie était justifiable d’une<br />

angiographie.<br />

* Du fait de sa meilleure résolution spatiale,<br />

la TDM apparaît probablement plus<br />

performante que l’IRM pour dépister<br />

d’éventuelles sténoses de ces<br />

anastomoses.<br />

Anastomoses distales branchées sur les<br />

artères pulmonaires


Shunts de Blalock : note technique<br />

L’anastomose de Blalock-Taussig est de type terminolatérale <strong>et</strong> utilise l’artère<br />

sous-clavière du côté opposé à celui de la crosse aortique. Cependant avant<br />

l’âge de 6 mois, en raison du calibre modeste de l’artère sous-clavière, c<strong>et</strong>te<br />

anastomose est peu efficace <strong>et</strong> comporte de gros risques de thrombose.<br />

L’anastomose de Blalock modifiée par tube de Gore-Tex latéro-latéral a constitué<br />

un réel progrès chez les nourrissons de moins de 6 mois: l’anastomose est plus<br />

large qu’avec la technique de Blalock-Taussig <strong>et</strong> le risque de thrombose<br />

secondaire est faible.<br />

Toutefois quelle que soit la technique employée, les eff<strong>et</strong>s bénéfiques s’épuisent au<br />

fil des années, n’empêchant pas l’aggravation de la sténose de la voie<br />

pulmonaire. Il est donc souhaitable de ne pas laisser passer une trop longue<br />

période entre l’anastomose <strong>et</strong> la réparation complète.


TRANSPOSITION DES GROS<br />

VAISSEAUX


TRANSPOSITION DES GROS<br />

VAISSEAUX : RAPPELS<br />

Définition : il existe une discordance ventriculo-artérielle : l’aorte sort du<br />

ventricule droit tandis que l’artère pulmonaire naît du ventricule gauche<br />

On distingue 2 formes bien différentes :<br />

D-transposition ( = transposition<br />

complète des gros vaisseaux) :<br />

L-transposition ( = transposition<br />

corrigée des gros vaisseaux) :<br />

Fréquente (9% des <strong>cardiopathies</strong> congénitales)<br />

Discordance ventriculo-artérielle<br />

Concordance atrio-ventriculaire<br />

Il existe donc 2 circulations en parallèle, l’une<br />

systémique <strong>et</strong> l’autre pulmonaire, sans échange<br />

entre les deux, hormis par le canal artériel <strong>et</strong> le<br />

foramen ovale<br />

A la naissance lorsque le canal artériel se ferme,<br />

le foramen ovale devient insuffisant urgence<br />

thérapeutique (manœuvre de Rashkind)<br />

Rare (1% des <strong>cardiopathies</strong> congénitales)<br />

Discordance ventriculo-artérielle<br />

Discordance atrio-ventriculaire<br />

C<strong>et</strong>te double discordance vient donc « corriger »<br />

le shunt D-G<br />

S’il n’y a pas d’anomalie associée (ce qui est<br />

rare) les patients sont asymptomatiques


Transposition complète (D-transposition)<br />

Homme de 27 ans, ayant bénéficié d’une manœuvre de Rashkind à la naissance,<br />

puis d’une détransposition veineuse (Senning) à l’âge d’un an<br />

Les gros vaisseaux sont transposés :<br />

L’aorte est en avant <strong>et</strong> à droite (Dtransposition)<br />

de l’artère pulmonaire.<br />

Les ventricules sont en place :<br />

- Le VD, trabéculé avec sa bandel<strong>et</strong>te modératrice, est à droite.<br />

- Le VG est à gauche.<br />

On parle de boucle ventriculaire droite (ou concordance atrio-ventriculaire).<br />

Noter l’aspect dilaté <strong>et</strong> hypertrophié du ventricule droit (ventricule systémique).<br />

Manœuvre de Rashkind : il s’agit d’une atrioseptostomie par sonde à ballonn<strong>et</strong>. A la naissance, lorsque le canal artériel se ferme, le foramen ovale<br />

devient insuffisant pour participer seul aux échanges entre circulations systémique <strong>et</strong> pulmonaire. Très rapidement s’installe une hypoxémie sévère<br />

avec cyanose généralisée, réfractaire à toute oxygénothérapie, puis une acidose métabolique m<strong>et</strong>tant en jeu le pronostic vital. La manœuvre de<br />

Rashkind consiste à agrandir le foramen ovale à l’aide d’un ballonn<strong>et</strong>, de façon à créer une large CIA. Dans ce contexte d’extrême urgence, c’est le<br />

seul <strong>et</strong> unique traitement à envisager pour éviter le décès de l’enfant.


Transposition complète (D-transposition)<br />

Même patient<br />

Le ventricule « morphologiquement » droit est le ventricule systémique.<br />

Il donne naissance à l’aorte.<br />

Le ventricule « morphologiquement » gauche est le ventricule pulmonaire.<br />

Il donne naissance à l’artère pulmonaire.<br />

Les reformations MPR dans un plan sagittal oblique montrent bien<br />

l’aspect caractéristique dit « en canon de fusil » de l’aorte <strong>et</strong> l’artère<br />

pulmonaire qui cheminent en parallèle sans se croiser


Transposition complète (D-transposition)<br />

Les veines<br />

pulmonaires () ont<br />

été connectées à<br />

l’atrium droit(), <strong>et</strong><br />

donc au ventricule<br />

droit (systémique) <strong>et</strong><br />

à l’aorte<br />

Les veines caves supérieure ()<br />

<strong>et</strong> inférieure se rejoignent au<br />

niveau d’une cavité néoformée ()<br />

qui est en connexion avec le<br />

ventricule morphologiquement<br />

gauche <strong>et</strong> donc l’artère pulmonaire<br />

Le chenal cave supérieur () apparaît bien<br />

perméable, sans thrombose ni plicature<br />

On notera cependant une p<strong>et</strong>ite réduction de calibre<br />

au niveau de sa terminaison<br />

Remarquer une sonde de pace-maker atrial, posé à<br />

l’âge de 17 ans pour dysfonction sinusale<br />

Même patient<br />

Le scanner avait été<br />

demandé pour<br />

contrôler le montage<br />

chirurgical.<br />

Ce patient a bénéficié<br />

d’une intervention de<br />

Senning (ou Mustard)<br />

à l’âge d’un an. C<strong>et</strong>te<br />

opération consiste en<br />

une détransposition<br />

veineuse (atrial<br />

switch).<br />

Actuellement la<br />

tendance est plutôt<br />

de réaliser une<br />

détransposition<br />

artérielle (arterial<br />

switch), correction<br />

plus « anatomique ».<br />

Celle-ci doit<br />

cependant être<br />

pratiquée<br />

précocement, avant<br />

la troisième semaine<br />

de vie, quand le VG<br />

peut encore faire face<br />

à une circulation<br />

systémique.


Transposition corrigée (L-transposition)<br />

Garçon de 17 ans<br />

Le ventricule morphologiquement droit est à gauche<br />

(boucle ventriculaire gauche). On l’identifie sur<br />

plusieurs critères morphologiques :<br />

1) Le décalage (ou offs<strong>et</strong>) des valves atrioventriculaires :<br />

l’anneau tricuspidien () se reconnaît par son insertion<br />

septale plus antérieure (= plus apicale) que l’anneau mitral<br />

() plus postérieur<br />

2) Les trabéculations grossières () de l’apex<br />

caractéristiques de la paroi myocardique « tourmentée » du<br />

VD (qui est par ailleurs hypertrophié car en connexion avec<br />

l’aorte <strong>et</strong> la circulation systémique)<br />

3) La bandel<strong>et</strong>te modératrice (), expansion d’une<br />

trabéculation, tendue entre le septum <strong>et</strong> le pilier<br />

principal du VD


Transposition corrigée (L-transposition)<br />

Même patient<br />

L’aorte se situe en avant <strong>et</strong> à gauche (Ltransposition)<br />

de l’artère pulmonaire<br />

Elle émerge du ventricule morphologiquement droit<br />

situé à gauche, qui est le ventricule systémique<br />

Il y donc ici une double discordance atrioventriculaire<br />

<strong>et</strong> ventriculo-artérielle, <strong>et</strong> donc<br />

une circulation du sang normale<br />

Malgré un examen un peu artéfacté, on note que<br />

l’artère coronaire située à droite () donne<br />

naissance à l’IVA ()


Transposition corrigée (L-transposition)<br />

Même patient<br />

On r<strong>et</strong>rouve sur ces reconstructions coronales l’aspect classique « en<br />

canon de fusil » de l’aorte <strong>et</strong> l’artère pulmonaire.<br />

Remarque : chez ce garçon de 17 ans, le diagnostic a été fait tardivement, ceci en<br />

raison du caractère peu symptomatique de l’anomalie puisque « corrigée ».<br />

A noter cependant que dans la majorité des cas, la transposition corrigée s’associe à<br />

d’autres anomalies (CIV, ventricule unique, maladie d’Ebstein, atrésie ou sténose<br />

pulmonaire se rapprochant d’une tétralogie de Fallot...)


ATRESIE TRICUSPIDE


ATRESIE TRICUSPIDE<br />

Ce qu’il faut comprendre<br />

Anomalie rare mais sévère (1-3 % des <strong>cardiopathies</strong> congénitales)<br />

Déf : Absence de communication entre l’atrium droit <strong>et</strong> le ventricule droit<br />

(qui est souvent hypoplasique)<br />

Conséquence : shunt D-G obligatoire à travers un défaut septal inter-atrial<br />

Classification (fonction des malformations associées)<br />

Gros vaisseaux en place (70%) Gros vaisseaux malposés (30%)<br />

Type Ia : avec atrésie pulmonaire (10%)<br />

Type Ib : avec sténose pulmonaire (50%)<br />

Type IIa : avec dextromalposition (27%)<br />

Type IIb : avec lévomalposition (3%)<br />

Type Ic : avec large CIV (10%)


ATRESIE TRICUSPIDE<br />

Patient de 15 ans ayant déjà bénéficié d’une chirurgie palliative<br />

Communication<br />

inter-atriale<br />

(nécessaire à la<br />

survie)<br />

Atrésie tricuspide : Amas<br />

graisseux au niveau du<br />

sillon tricuspidien<br />

P<strong>et</strong>ite<br />

communication<br />

interventriculaire<br />

Il y a une absence totale de<br />

communication entre l’atrium droit<br />

dilaté <strong>et</strong> la cavité ventriculaire<br />

droite rudimentaire<br />

VD rudimentaire <strong>et</strong> sa<br />

bandel<strong>et</strong>te modératrice<br />

Pour mémoire : continuation azygos d’une double VCI


ATRESIE TRICUSPIDE<br />

Même patient<br />

Voie d’éjection pulmonaire () qui apparaît extrêmement sténosée, presque atrétique<br />

Il s’agit donc ici d’une atrésie tricuspide<br />

de type Ib, c’est-à-dire avec sténose<br />

pulmonaire <strong>et</strong> p<strong>et</strong>ite CIV


ATRESIE TRICUSPIDE<br />

Même patient<br />

Pour mémoire :<br />

pseudo-scissure azygos<br />

Chez ce patient déjà opéré, on note une bonne<br />

perméabilité de l’anastomose cavo-pulmonaire droite ()<br />

ainsi que du shunt de Blalock gauche ()<br />

Note : c<strong>et</strong>te anastomose<br />

veineuse cavo-pulmonaire<br />

(de Glenn) est de moins en<br />

moins utilisée car<br />

fréquemment à l’origine d’un<br />

syndrome cave supérieur


ATRESIE TRICUSPIDE<br />

CHIRURGIE CORRECTRICE<br />

Intervention de Fontan (1968) : anastomose entre atrium droit <strong>et</strong> infundibulum du VD<br />

ou artère pulmonaire. C<strong>et</strong>te intervention se veut curative puisqu’elle a pour but de<br />

drainer la totalité du sang des veines caves vers les artères pulmonaires.<br />

Si les résultats à court <strong>et</strong> moyen terme sont souvent très satisfaisants, avec le recul<br />

ils apparaissent plus aléatoires à long terme.<br />

Initialement, on pensait que la contraction atriale<br />

pourrait favoriser le passage du sang des veines<br />

caves dans l’artère pulmonaire.<br />

En pratique, les patients ont rarement une<br />

capacité physique normale même s’ils ne sont<br />

plus cyanosés. Ils présentent souvent une<br />

détérioration progressive de la fonction<br />

ventriculaire gauche. Enfin des troubles du<br />

rythme supraventriculaires apparaissent entre 5<br />

<strong>et</strong> 15 ans après l’intervention, favorisant la<br />

survenue d’une insuffisance cardiaque <strong>et</strong><br />

pouvant provoquer des morts subites.<br />

Fontan classique : revascularisation de la voie<br />

pulmonaire (AP) réalisée à partir de l’atrium droit<br />

(AD), sur l’auricule droite (Au), directement ou<br />

par l’intermédiaire d’un conduit.<br />

(Schéma d’après B. Kastler)<br />

Ces patients doivent donc être suivis de façon<br />

régulière car leur devenir à long terme reste<br />

incertain.


VENTRICULE UNIQUE


Ventricule unique<br />

Garçon de 12 ans.<br />

Antécédent de cerclage<br />

de l'artère pulmonaire.<br />

Bilan pré-opératoire<br />

avant anastomose<br />

cavo-bipulmonaire<br />

(Fontan modifié)<br />

CA<br />

Cœur univentriculaire<br />

avec une chambre<br />

accessoire (CA)<br />

antéro-supérieure<br />

correspondant<br />

à un<br />

ventricule droit<br />

rudimentaire.<br />

On identifie le cerclage<br />

de l’artère pulmonaire.<br />

Noter qu’il n y a pas de<br />

malposition des gros<br />

vaisseaux (alors que<br />

c’est une anomalie<br />

généralement associée<br />

au ventricule unique).


Ventricule unique<br />

Les reconstructions dans un plan<br />

sagittal oblique perm<strong>et</strong>tent une<br />

meilleure visualisation du cerclage<br />

de l’artère pulmonaire<br />

Noter au niveau de la loge rétrosternale pré-aorticocave<br />

l’aspect normal du thymus chez ce garçon de 12 ans<br />

Rappel : le cerclage ou banding de l’artère pulmonaire est une intervention palliative visant à<br />

prévenir une HTAP en cas d’hyperdébit dans l’artère pulmonaire. Une bande en matière<br />

synthétique est placée autour du tronc artériel pulmonaire <strong>et</strong> est ajustée de telle sorte que la<br />

pression systolique dans l’artère pulmonaire soit égale au tiers de la pression systémique.


DEUXIEME PARTIE :<br />

AUTRES<br />

CARDIOPATHIES


R<strong>et</strong>our Veineux Pulmonaire Anormal Partiel<br />

(syndrome du cim<strong>et</strong>erre)<br />

Auricule gauche<br />

Veine pulmonaire<br />

supérieure gauche<br />

Les veines<br />

pulmonaires<br />

droites confluent<br />

pour former un<br />

volumineux<br />

collecteur veineux<br />

Noter la dilatation ventriculaire droite,<br />

consécutive à la surcharge volumique<br />

supportée par le cœur droit<br />

Veine pulmonaire<br />

inférieure gauche<br />

Noter également la dextroposition<br />

cardiaque caractéristique du syndrome<br />

du cim<strong>et</strong>erre ( ou syndrome de Halasz)<br />

Du côté gauche, les veines pulmonaires<br />

supérieure <strong>et</strong> inférieure s’abouchent<br />

normalement dans l’atrium gauche<br />

Du côté droit, il n’y a pas de veine<br />

pulmonaire en connexion avec l’atrium<br />

gauche<br />

Ce collecteur vient<br />

s’aboucher à la face<br />

postérieure de la veine cave<br />

inférieure, créant ainsi un<br />

important shunt G-D


R<strong>et</strong>our Veineux Pulmonaire Anormal Partiel<br />

(syndrome du cim<strong>et</strong>erre)<br />

Reconstructions MIP sagittales<br />

Les reconstructions MIP coronales<br />

montrent bien que tout le drainage<br />

veineux du poumon droit s’effectue<br />

dans la veine cave inférieure par<br />

l’intermédiaire d’un gros collecteur<br />

veineux (cim<strong>et</strong>erre)<br />

On aura bien entendu remarqué l’existence d’une veine cave supérieure gauche présentant un traj<strong>et</strong><br />

classique en avant du hile gauche <strong>et</strong> venant s’aboucher dans le sinus coronaire <strong>et</strong> donc dans l’atrium droit


Fistule coronaro-cave<br />

La veine cave supérieure reçoit une afférence anormale<br />

Jeune homme de<br />

22 ans présentant<br />

un angor d’effort<br />

depuis plusieurs<br />

semaines<br />

Une volumineuse coronaire droite naît du sinus de<br />

Valsalva antéro-droit (noter la différence de calibre avec<br />

l’IVA <strong>et</strong> la circonflexe)<br />

Ces 2 vaisseaux se rejoignent au<br />

niveau du sillon atrio-ventriculaire<br />

droit, ne formant qu’une seule <strong>et</strong><br />

même structure volumineuse <strong>et</strong><br />

contournée : il s’agit d’une fistule<br />

coronaro-cave.<br />

Naissance d’une p<strong>et</strong>ite branche qui plonge dans le<br />

sillon atrio-ventriculaire vers la face diaphragmatique<br />

du VD : elle correspond à la « véritable » artère<br />

coronaire droite<br />

Noter sur<br />

c<strong>et</strong>te coupe la<br />

morphologie<br />

normale des 2<br />

auricules


Fistule coronaro-cave<br />

VCI<br />

Aorte<br />

Reconstruction MIP<br />

Reconstruction curviligne<br />

Les fistules coronaires concernent plus souvent la coronaire droite (>50% des cas).<br />

En revanche, il est assez rare qu’elles se drainent dans la veine cave supérieure (3% des cas). Elles se<br />

drainent plus fréquemment dans le ventricule droit (40%), l’atrium droit (25%), ou le tronc de l’artère<br />

pulmonaire (15%).<br />

Sur le plan clinique, la majorité des suj<strong>et</strong>s sont asymptomatiques.<br />

Un angor chez un patient jeune doit faire évoquer le diagnostic, cependant il n’y a jamais de symptomatologie<br />

angineuse avant l’âge de 15 ans. Bien que de très larges fistules puissent déterminer une insuffisance<br />

cardiaque, le shunt G-D reste généralement négligeable.<br />

Le signe physique le plus typique est le souffle continu de caractère superficiel, qui fait d’abord évoquer le<br />

souffle du canal artériel mais qui n’en a ni le siège, ni les caractéristiques.


Dysplasie Arythmogène du Ventricule Droit<br />

Ce garçon de 13 ans présente des extrasystoles<br />

ventriculaires inquiétantes.<br />

L’IRM n’a pas été suffisamment contributive au<br />

diagnostic de DAVD (le patient n’ayant pu tenir les<br />

apnées <strong>et</strong> la synchronisation cardiaque étant de<br />

mauvaise qualité du fait des troubles du rythme)<br />

Amincissement de la paroi libre du ventricule droit<br />

Infiltration graisseuse de la<br />

paroi antérieure du VD dans sa<br />

partie inférieure<br />

Ballonisation de<br />

l’infundibulum du VD<br />

Le scanner apparaît comme un examen tout aussi<br />

performant que l’IRM pour le diagnostic de DAVD<br />

S’il ne perm<strong>et</strong> pas une aussi bonne analyse de la cinétique<br />

du VD, il compense par une meilleure résolution spatiale


Double arc aortique<br />

Persistance de 2 crosses aortiques<br />

Présence de 4 TSA<br />

Nourrisson de 5 mois<br />

présentant des infections<br />

respiratoires récidivantes<br />

<strong>et</strong> une dyspnée<br />

(l’examen est d’ailleurs<br />

artéfacté par les<br />

mouvements respiratoires)<br />

Les 2 crosses se<br />

rejoignent en arrière<br />

de l’œsophage pour<br />

former l’aorte<br />

descendante<br />

L’aorte descendante est unique, latéralisée à gauche


Coarctation de l’aorte<br />

Dilatation des troncs supra-aortiques<br />

Noter la double veine<br />

cave supérieure<br />

Dilatation des artères mammaires internes, intercostales <strong>et</strong> dorsales<br />

Ce réseau de collatéralité traduit le caractère serré de la coarctation<br />

Noter également la<br />

dilatation poststénotique


Quel est votre diagnostic <br />

On r<strong>et</strong>rouve tout d’abord des anomalies rares mais non<br />

exceptionnelles, à type d’arc aortique droit avec artère sousclavière<br />

gauche rétro-oesophagienne (), réalisant une<br />

empreinte sur le bord gauche de l’oesophage<br />

Une patiente de 57 ans est adressée pour bilan d’HTAP.<br />

L’analyse des fenêtres<br />

parenchymateuses<br />

Une échocardiographie<br />

montre<br />

a r<strong>et</strong>rouvé<br />

la<br />

une p<strong>et</strong>ite CIV qui d’après<br />

présence<br />

les cardiologues<br />

de lignes<br />

ne<br />

septales<br />

suffit pas à expliquer l’élévation importante<br />

prédominant<br />

des<br />

du côté<br />

pressions<br />

droit, en<br />

artérielles pulmonaires.<br />

rapport avec la surcharge<br />

interstitielle.<br />

Un scanner est donc demandé.<br />

Il existe surtout une naissance aberrante de l’artère pulmonaire<br />

droite () qui est issue de l’aorte ascendante.<br />

C<strong>et</strong>te anomalie très rare est responsable d’un shunt G-D qui<br />

apparaît comme le principal responsable de l’HTAP de la patiente<br />

Noter également la naissance<br />

anormalement bas située de la<br />

carotide commune gauche ()


TROISIEME PARTIE :<br />

POUR LA PRATIQUE


Fonction ventriculaire droite<br />

La mesure de la fraction d’éjection du ventricule droit est parfois demandée par les cliniciens.<br />

La méthode est la même que pour la détermination de la FEVG. Elle nécessite de réaliser l’examen avec gating<br />

cardiaque <strong>et</strong> de reconstruire 2 séries d’images (systole <strong>et</strong> diastole) de 10 phases chacune en incidence p<strong>et</strong>it axe.<br />

La technique la plus communément employée est celle de Simpson (méthode de sommation des tranches) : elle<br />

consiste avec l’aide d’un logiciel dédié (Argus©, Siemens) à contourer la cavité ventriculaire droite en systole<br />

<strong>et</strong> en diastole sur des coupes p<strong>et</strong>it axe jointives. Le calcul de la somme des volumes des tranches perm<strong>et</strong> de<br />

connaître le volume ventriculaire diastolique <strong>et</strong> systolique, <strong>et</strong> on peut donc déterminer la fraction d’éjection en<br />

pourcentage.


Un point capital de pratique quotidienne<br />

Chez les patients déjà opérés, il se développe des<br />

adhérences fibreuses secondaires à la sternotomie<br />

Lors d’une réintervention il y a un risque de décès<br />

per-opératoire immédiat par plaie de l’aorte avec le<br />

striker de sternotomie<br />

Avant tout nouvel acte chirurgical, il est vital de<br />

préciser dans le compte-rendu les rapports du<br />

sternum avec les structures vasculaires au contact<br />

Le chirurgien pourra ainsi soit modifier sa voie<br />

d’abord, soit canuler d’emblée les gros vaisseaux<br />

pour débuter la CEC avant la sternotomie<br />

Patient de 18 ans porteur d’une<br />

cardiopathie congénitale complexe,<br />

déjà opéré (fils de sternotomie) <strong>et</strong><br />

devant subir une réintervention.<br />

L’aorte est située immédiatement en<br />

arrière de la partie médiane du<br />

sternum. Seul un très mince fil<strong>et</strong><br />

graisseux sépare l’aorte du sternum.


Un autre point de pratique quotidienne, plus trivial...<br />

Même si cela semble une<br />

évidence, rappelons<br />

l’impérieuse nécessité<br />

d’examiner systématiquement<br />

le parenchyme pulmonaire.<br />

On a en eff<strong>et</strong> tendance à se<br />

focaliser sur les anomalies<br />

cardiaques <strong>et</strong> négliger ou tout<br />

simplement oublier de<br />

regarder le poumon.<br />

Exemple du patient de 22 ans chez qui a été découvert une fistule coronaro-cave<br />

Les coupes plus basses r<strong>et</strong>rouvent un foyer infectieux basal<br />

gauche qui peut paraître bien banal (pour ne pas dire<br />

vulgaire) face à une fistule coronaro-cardiaque, mais qui en<br />

pratique n’en est pas moins important


A propos de l’irradiation<br />

L’irradiation de ces jeunes patients doit être un<br />

souci permanent. Les constantes seront toujours<br />

adaptées au poids <strong>et</strong> à la taille de l’enfant.<br />

Il faut être particulièrement vigilant quant à la<br />

répétition des examens scanographiques chez un<br />

même patient.<br />

Outre les mesures d’usage (protections plombées<br />

des cristallins <strong>et</strong> de la thyroïde), on pourra<br />

parfois utiliser une protection en bismuth, tout en<br />

sachant qu’elle dégrade quelque peu la qualité de<br />

l’image.<br />

La synchronisation à l’ECG est responsable<br />

d’une augmentation significative de la dose<br />

absorbée (x 2-3). De plus, elle nécessite une<br />

apnée plus longue. Enfin elle n’est possible<br />

qu’en dessous d’une certaine fréquence<br />

cardiaque (laquelle est élevée chez les jeunes<br />

enfants).<br />

Par conséquent, la synchronisation cardiaque ne<br />

sera jamais systématique, mais réalisée de façon<br />

ponctuelle pour des indications sélectionnées<br />

(calcul de la FEVD, recherche d’une artère<br />

coronaire ectopique...) Bien entendu il s’agira<br />

toujours d’une synchronisation rétrospective.<br />

Protection en bismuth : le bismuth arrête les photons X<br />

de basse énergie qui sont très irradiants mais ne<br />

participent que peu à la formation de l’image.<br />

Le produit dose-longueur peut ainsi être réduit d’un<br />

facteur 2. Ainsi, on cherche principalement à protéger les<br />

glandes mammaires, organes les plus radiosensibles du<br />

thorax.<br />

En contrepartie, la qualité de l’image est un peu<br />

dégradée (ce qui va à l’encontre de la qualité première<br />

du scanner, à savoir son excellente résolution spatiale).<br />

L’utilisation des protections en bismuth est donc loin<br />

d’être systématique en routine.<br />

Malgré la dégradation de l’image secondaire à l’utilisation<br />

de protections en bismuth, on diagnostique une atrésie<br />

tricuspide (amas graisseux au niveau du sillon<br />

tricuspidien), avec ventricule unique, <strong>et</strong> VCS gauche<br />

s’abouchant dans le sinus coronaire


Place du scanner dans l’arsenal diagnostique<br />

des <strong>cardiopathies</strong> congénitales<br />

Examen de deuxième intention, venant après l’échocardiographie.<br />

Limites de l’échographie :<br />

Barrières anatomiques aux US : os <strong>et</strong> air<br />

Champ de vue limité<br />

Très opérateur dépendant<br />

Suivi difficile<br />

Le scanner (comme l’IRM) empiète progressivement sur le terrain du<br />

cathétérisme cardiaque qui voit ses indications se restreindre au fil des<br />

années.<br />

Précisons cependant que la mesure invasive des pressions cavitaires<br />

demeure extrêmement précieuse dans bon nombre d’indications <strong>et</strong> reste<br />

du ressort exclusif du cathétérisme.


TDM versus IRM…<br />

Avantages : acquisition rapide des images, temps de sédation de l’enfant très réduit *,<br />

meilleure résolution spatiale, étude du parenchyme pulmonaire<br />

Inconvénients : irradiation, injection iodée, pas d’étude ciné possible (ou au prix d’un surcroît<br />

d’irradiation), ni de quantification de flux (vélocimétrie)<br />

La supériorité du scanner sur l’IRM apparaît surtout manifeste pour l’analyse précise des<br />

p<strong>et</strong>ites structures anatomiques. Exemples :<br />

Recherche d’une artère coronaire ectopique dans un bilan préopératoire (ex: Fallot, atrésie pulmonaire...) perm<strong>et</strong>tra<br />

vraisemblablement de surseoir à la coronarographie dans un avenir proche (dès que la technique aura gagné la<br />

confiance des chirurgiens...)<br />

Etude d’un réseau de collatéralités. Exemples : cartographie des anastomose systémico-pumonaires dans le bilan préopératoire<br />

des atrésies pulmonaires.<br />

En post-opératoire, évaluation précise d’une éventuelle sténose d’un tube (ex: Rastelli), ou d’un shunt de Blalock.<br />

Le suivi post-opératoire au long cours des <strong>cardiopathies</strong> congénitales nous semble cependant<br />

devoir rester l’apanage de l’IRM (non irradiant).<br />

* Compte tenu de la rapidité de l’examen, une simple sédation est suffisante pour que l’enfant soit immobile,<br />

alors qu’en IRM une anesthésie générale est souvent nécessaire


CONCLUSION<br />

Le scanner est avec l’IRM un examen de seconde intention<br />

dans l’exploration des <strong>cardiopathies</strong> congénitales, demandé<br />

généralement pour suppléer à certaines insuffisances de<br />

l’échocardiographie.<br />

Il constitue dans bien des cas une intéressante alternative à<br />

l’IRM, tout particulièrement pour réaliser un bilan<br />

préopératoire précis, exhaustif, <strong>et</strong> souvent unique. Dans bon<br />

nombre de cas, il devrait perm<strong>et</strong>tre d’éviter un cathétérisme<br />

invasif.<br />

En revanche, compte tenu de son caractère irradiant, il devra<br />

n’être proposé qu’avec prudence <strong>et</strong> parcimonie dans le suivi<br />

post-opératoire de ces jeunes patients où, sauf cas particulier,<br />

l’IRM sera préférée.


Références<br />

IRM des malformations cardio-vasculaires, B. Kastler (+++)<br />

Cardiologie pédiatrique, C. Dupuis<br />

Cardiac imaging in infants, children, and adults, L.P. Elliot

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