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L'Etat africain en crise - Politique Africaine

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CRISE DE L JÉ TA T<br />

I1 existe <strong>en</strong>core des occasions de profit dans de telles situations<br />

mais elles sont accessibles, soit grâce à la manipulation de l’État<br />

afin d’obt<strong>en</strong>ir des avantages spéciaux, soit par le recours à l’économie<br />

parallèle. Aucune de ces pratiques n’est favorable à une croissance<br />

économique normale. La première stratégie transforme l’activité<br />

d’<strong>en</strong>treprise <strong>en</strong> une série d’activités économiques très largem<strong>en</strong>t<br />

improductives et peut-être même peu lucfatives. Quant à la seconde,<br />

elle érode <strong>en</strong>core plus les moy<strong>en</strong>s de 1’Etat <strong>en</strong> rétrécissant les ressources<br />

imposables et <strong>en</strong> développant la corruption. En fin de<br />

compte, une spirale desc<strong>en</strong>dante de dégénéresc<strong>en</strong>ce étatique et de<br />

déclin économique débouche sur une situation de pénurie approfondie<br />

et de baisse réelle des rev<strong>en</strong>us.<br />

Dans le secteur formel, les sociétés importantes n’investiront que<br />

si-elles peuv<strong>en</strong>t profiter d’une position de monopole protégée par<br />

1’Etat ou d’une ressource naturelle accessible et très valorisée. Le<br />

secteur industriel est habituellem<strong>en</strong>t dominé par les filiales des multinationales<br />

ou par des (( <strong>en</strong>treprises <strong>en</strong> association 1) (joint v<strong>en</strong>tures)<br />

avec elles. Dans la mesure où les multinationales exig<strong>en</strong>t des protections<br />

douanières et d’autres avantages avant d’investir un capital<br />

dans l’industrie, les filiales et les autres <strong>en</strong>treprises n’ont aucun<br />

intérêt à accroître leur productivité ; c’est le cli<strong>en</strong>t qui paie les coûts<br />

élevés. De même, il n’y a aucun avantage à augm<strong>en</strong>ter les exportations,<br />

puisque ces produits ne sont pas compétitifs hors de ces<br />

marchés protégés. Et dans la mesure où la monnaie locale est souv<strong>en</strong>t<br />

surévaluée, l’impact positif de ces <strong>en</strong>treprises <strong>en</strong> est limité<br />

d’autant. Les devises étrangères sont peu coûteuses si ces <strong>en</strong>treprises<br />

y ont accès. Une telle situation les pousse à importer l’équipem<strong>en</strong>t<br />

et les produits intermédiaires et non à établir des relations<br />

avec les industries locales. Encore une fois, ce n’est pas là une base<br />

pour un développem<strong>en</strong>t capitaliste dynamique.<br />

Dans le secteur des matières premières, les (( <strong>en</strong>treprises <strong>en</strong> association<br />

)) peuv<strong>en</strong>t continuer à opérer tant que les prix mondiaux sont<br />

élevés. Mais l’élite dominante doit établir des <strong>en</strong>claves bi<strong>en</strong> protégées<br />

et bi<strong>en</strong> approvisionnées. Au Zaïre, par exemple, la coopération <strong>en</strong>tre<br />

le gouvernem<strong>en</strong>t, les sociétés minières internationales et les gouvernem<strong>en</strong>ts<br />

étrangers (belge, français, américain) permet d’assurer le fonctionnem<strong>en</strong>t<br />

des <strong>en</strong>claves minières exeortatrices, malgré la faillite économique<br />

et le désordre politique. L’Etat mainti<strong>en</strong>t les services nécessaires<br />

et la sécurité dans ces <strong>en</strong>claves, tandis que les gouvernem<strong>en</strong>ts<br />

étrangers procur<strong>en</strong>t l’aide et les troupes nécessaires à la restauration<br />

de l’ordre, lorsque l’armée du présid<strong>en</strong>t Mobutu <strong>en</strong> perd le contrôle.<br />

A l’extérieur de ces <strong>en</strong>claves, la vie économique stagne ; les services<br />

se détérior<strong>en</strong>t, les paysans retourn<strong>en</strong>t à l’agriculture de subsistance<br />

et les marchés noirs ou parallèles fleuriss<strong>en</strong>t. Heureusem<strong>en</strong>t, la situation<br />

n’est pas aussi inquiétante ailleurs, bi<strong>en</strong> que le Zaïre constitue<br />

une image des abîmes où peut conduire la spirale desc<strong>en</strong>dante.<br />

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