L'Etat africain en crise - Politique Africaine
L'Etat africain en crise - Politique Africaine
L'Etat africain en crise - Politique Africaine
You also want an ePaper? Increase the reach of your titles
YUMPU automatically turns print PDFs into web optimized ePapers that Google loves.
R. SANDBROOK<br />
étai<strong>en</strong>t obligées de s’adapter. Et elles se sont effectivem<strong>en</strong>t adaptées,<br />
bi<strong>en</strong> que ce processus soit loin d’être achevé. Le résultat provisoire<br />
est une forme de néo-patrimonialisme que l’on peut décrire<br />
adéquatem<strong>en</strong>t comme le pouvoir personnel. C’est la réponse des<br />
leaders politiques à leur problème numéro un: comm<strong>en</strong>t gouverner<br />
et appréh<strong>en</strong>der globalem<strong>en</strong>t des sociétés paysannes non intégrées,<br />
<strong>en</strong> l’abs<strong>en</strong>ce de toute autorité légitime Toutefois les pratiques<br />
politiques du pouvoir personnel sont telles qu’il faut égalem<strong>en</strong>t<br />
<strong>en</strong> payer le prix, même si elles permett<strong>en</strong>t la survie du régime<br />
et la promotion des politici<strong>en</strong>s du système. Ce phénomène pr<strong>en</strong>d<br />
la forme d’une désorganisation bureaucratique et d’une prépondérance<br />
des intérêts factionnels à courte vÚe sur les nécessités de la<br />
croissance économique à long terme.<br />
Bi<strong>en</strong> <strong>en</strong>t<strong>en</strong>du, la politique n’est que l’un des facteurs d’explication<br />
de la <strong>crise</strong> économique de l’Afrique. Un climat économique<br />
international difficile, les calamités naturelles comme la sécheresse<br />
et la désertification et, dans bi<strong>en</strong> des cas, l’abs<strong>en</strong>ce de toute pot<strong>en</strong>tialité<br />
économique élém<strong>en</strong>taire conduis<strong>en</strong>t aussi les économies vers<br />
la stagnation.<br />
Types de .régime et de gouvernem<strong>en</strong>t<br />
Quelles sont les t<strong>en</strong>dances dynamiques de l’adaptation politique <br />
Pour gouverner, les dirigeants <strong>africain</strong>s doiv<strong>en</strong>t motiver à la fois<br />
les bureaucrates dans leur application des lois et des politiques, et<br />
les citoy<strong>en</strong>s, afin qu’ils se conform<strong>en</strong>t aux décisions des autorités.<br />
Ils ont dû acquérir cette double soumission dans des sociétés paysannes,<br />
pauvres, faiblem<strong>en</strong>t intégrées, qui ne connaiss<strong>en</strong>t ni classe<br />
moy<strong>en</strong>ne appréciable, ni tradition politique homogène, ni rationalité<br />
instrum<strong>en</strong>tale correspondant à l’organisation bureaucratique. Toutes<br />
ces conditions matérielles et sociales différ<strong>en</strong>ci<strong>en</strong>t l’<strong>en</strong>vironnem<strong>en</strong>t<br />
<strong>africain</strong> de celui qui dominait les pays europé<strong>en</strong>s quand ils<br />
ont transféré leurs modèles politiques et institutionnels. Gouverner<br />
et admiqistrer dans de telles circonstances est un défi difficile.<br />
Les Etats forts sont ceux qui sont fondés sur une soumission<br />
volontaire. Tout dirigeant recherche la légitimité, c’est-à-dire la conviction,<br />
chez les bureaucrates et les citoy<strong>en</strong>s, qu’ils sont dans l’obligation<br />
d’obéir à ce& qui occup<strong>en</strong>t certaines positions d’autorité.<br />
Pourtant, il y a peu de gouvernem<strong>en</strong>ts aujourd’hui qui arriv<strong>en</strong>t à<br />
obt<strong>en</strong>ir une base morale indiscutable pour leur autorité. Si la légitimité<br />
est faible, la soumission volontaire doit être provoquée par<br />
des considérations pragmatiques. Les g<strong>en</strong>s obéiss<strong>en</strong>t parce qu’ils<br />
croi<strong>en</strong>t que tel g<strong>en</strong>re de gouvernem<strong>en</strong>t ou de politique déf<strong>en</strong>d leurs<br />
intérêts. C’est pourquoi un dirigeant politique avantage subrepti-<br />
19