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L'enlèvement au sérail - Opéra Orchestre National Montpellier

L'enlèvement au sérail - Opéra Orchestre National Montpellier

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L’enlèvement <strong>au</strong> sérail<br />

Die Entführung <strong>au</strong>s dem Serail<br />

Wolfgang Amadeus Mozart<br />

D’après la pièce Belmont und Konstanze de Christoph Friederich Bretzner (1748-1807)<br />

Créé le 16 juillet 1782 <strong>au</strong> Burgtheater de Vienne<br />

Vendredi 1 er février 20h<br />

Dimanche 3 février 15h<br />

Mardi 5 février 20h<br />

Vendredi 8 février 20h<br />

Dimanche 10 février 15h<br />

Opéra Comédie<br />

Durée : Environ 2h40 avec entracte<br />

Cahier pédagogique réalisé par Geneviève Deleuze et Mélody Baverez<br />

Saison 2012-2013<br />

Service Jeune Public et Actions Culturelles - 04 67 600 281 - www.opera-orchestre-montpellier.fr


L’enlèvement <strong>au</strong> sérail<br />

Wolfgang Amadeus Mozart<br />

Singspiel en trois actes<br />

Livret de Johann Gottlieb Stephanie<br />

D’après la pièce de Christoph Friederich Bretzner<br />

Créé le 16 juillet 1782 <strong>au</strong> Burgtheater de Vienne<br />

Balázs Kocsár direction musicale<br />

Alfredo Arias mise en scène<br />

Cornelia Götz Konstanze<br />

Wesley Rogers Belmonte<br />

Trine Wilsberg Lund Blonde<br />

Jan Stava Osmin<br />

Jeff Martin Pedrillo<br />

Markus Merz Pacha Sélim<br />

Roberto Platé décors<br />

Adeline André costumes<br />

Jacques Rouveyrollis lumières<br />

Chloé Lechat assistante à la mise en scène<br />

Chœurs de l’Opéra national <strong>Montpellier</strong> Languedoc-Roussillon<br />

<strong>Orchestre</strong> national <strong>Montpellier</strong> Languedoc-Roussillon<br />

Nouvelle production<br />

Coproduction :<br />

Opéra national <strong>Montpellier</strong> Languedoc-Roussillon<br />

Opéra Royal de Wallonie, Liège<br />

Angers Nantes Opéra<br />

En partenariat avec Mezzo<br />

La représentation du dimanche 3 février sera donnée en<br />

<strong>au</strong>diodescription pour les personnes déficientes visuelles.


Argument<br />

La jeune espagnole Konstanze, sa femme de chambre anglaise, Blonde, et l’amant de cette dernière, le<br />

serviteur Pedrillo, ont été faits prisonniers par des pirates et vendus à titre d’esclaves <strong>au</strong> pacha Sélim. Le<br />

jeune noble espagnol Belmonte, l’amant de Konstanze, est parvenu à découvrir l’endroit où se trouvent les<br />

trois captifs et vient d’arriver sur place dans l’espoir de les libérer.<br />

Acte I<br />

Belmonte tente une première fois d’entrer dans le palais de Sélim mais il est surpris par le féroce gardien,<br />

Osmin, qui le chasse sous un flot d’imprécations. Ce dernier explique alors à Pedrillo, employé <strong>au</strong> palais en<br />

qualité de jardinier, qu’il hait tous les étrangers et prendrait plaisir à se débarrasser de lui par les méthodes<br />

les plus diverses. Belmonte rencontre alors Pedrillo, qui offre à son maître de l’introduire par la ruse dans le<br />

palais afin que tous deux puissent enlever les jeunes filles et les conduire en Espagne grâce <strong>au</strong> bate<strong>au</strong> de<br />

Belmonte.<br />

Sélim et Konstanze, qui reviennent d’une promenade en mer, sont accueillis par les janissaires. Le pacha<br />

est amoureux de Konstanze mais il refuse de l’obliger à devenir sa femme ; il se plaint qu’elle paraisse<br />

toujours triste et distante en dépit des soins qu’il lui prodigue. Konstanze lui avoue alors qu’elle ne peut<br />

répondre à ses avances car elle en aime un <strong>au</strong>tre.<br />

Pedrillo présente Belmonte <strong>au</strong> pacha en le faisant passer pour un architecte et Sélim, qui s’intéresse à<br />

l’architecture, l’invite à séjourner <strong>au</strong> palais. Osmin, qui surprend les deux étrangers, est bien décidé à leur<br />

barrer le passage mais Pedrillo et Belmonte le repoussent et entrent dans la demeure.<br />

Acte II<br />

Osmin fait sa cour à la jolie Blondine, que le pacha lui a donné comme esclave, mais celle-ci ne se laisse<br />

pas intimider et le chasse. Konstanze, toujours mélancolique, ne peut détacher sa pensée du souvenir de<br />

son amant. De nouve<strong>au</strong>, elle repousse les assiduités de Sélim, qui la menace de la torture et de la mort en<br />

constatant qu’elle lui résiste toujours. Elle affirme alors être prête à tout endurer et préférer mourir plutôt<br />

que céder à ses avances.<br />

Pedrillo annonce à Blondine que Belmonte est <strong>au</strong> palais ; dans la nuit, les deux hommes enlèveront leurs<br />

bien-aimées. Pendant que la femme de chambre porte la bonne nouvelle à sa maîtresse, Pedrillo parvient à<br />

enivrer Osmin, le dangereux garde, qui se dirige alors en titubant vers la maison, où il va faire un somme.<br />

Acte III<br />

A minuit, Belmonte et Pedrillo s’avancent sous les fenêtres du sérail. Après que le serviteur a donné le signe<br />

de la fuite en chantant une sérénade, Belmonte atteint par une échelle la chambre de Konstanze et<br />

redescend en compagnie de sa bien-aimée. Pedrillo s’apprête à libérer Blondine de la même façon, mais<br />

Osmin se réveille à ce moment précis, les surprend, donne l’alerte et fait arrêter les fuyards. Sélim, éveillé<br />

par le bruit, s’avance. Lorsqu’il apprend d’Osmin ce qui s’est passé et reconnaît en Belmonte le fils de son<br />

pire ennemi, lequel l’a un jour chassé de sa patrie, il menace de se venger cruellement sur son rival.<br />

Konstanze et Belmonte restent seuls et se jurent une fidélité inébranlable alors qu’ils s’apprêtent à mourir.<br />

Mais lorsqu’il reparaît, le pacha leur accorde la liberté, car il a décidé de répondre à la cru<strong>au</strong>té du père de<br />

Belmonte par un acte magnanime. Les amants louent la noblesse du cœur de Sélim dans un v<strong>au</strong>deville,<br />

mais Osmin rompt l’harmonie par une nouvelle explosion de colère.


Genèse de l’œuvre<br />

Réussite personnelle, sociale, L’Enlèvement <strong>au</strong> sérail c’est encore, et ses lettres montrent que Mozart en a<br />

conscience, la prouesse d’un musicien. Il fait le rapport hebdomadaire à son père de son travail sur le livret<br />

de Stephanie. C’est la genèse de l’œuvre, le processus de sa création, que nous suivons là et dont nous<br />

mesurons le « génie », comme on l’entendait alors.<br />

Se fixent, en premier lieu, des éléments de chronologie qui laissaient voir le rythme de cette création. Trois<br />

étapes dans l’élaboration musicale : du 1 er août 1781 <strong>au</strong> 22 du mois, Mozart achève le premier acte ; il<br />

s’interrompt presque totalement du 26 septembre 1781 jusqu’<strong>au</strong> début de l’année suivante ; le 8 mai 1782,<br />

le deuxième acte est fait, le 29, l’ensemble achevé. La rapidité dans la réalisation, l’impatience dans<br />

l’inaction caractérisent le compositeur de L’Enlèvement.<br />

« Il f<strong>au</strong>t que j’écrive en diligence, car je viens, à l’instant d’achever le chœur des janissaires et il est déjà midi<br />

passé. » (A son père, Vienne, 8 août 1781)<br />

« Je vais bientôt perdre patience de ne pouvoir plus rien composer pour mon opéra. Il est vrai qu’en attendant<br />

j’écris d’<strong>au</strong>tres choses. Mais ma passion est vraiment là et ce qui m’<strong>au</strong>rait demandé 14 jours <strong>au</strong>paravant, je<br />

n’<strong>au</strong>rais besoin que de 4 <strong>au</strong>jourd’hui pour le faire. J’ai composé en un jour l’air en la d’Adamberger, celui de la<br />

Cavalieri en si bémol, et le trio et les ai écrits en un jour et demi. » (A son père, Vienne, 6 octobre 1781)<br />

A ces précisions sur sa cadence de travail, Mozart ajoute des remarques plus qualitatives, sur le contenu<br />

même de ce travail et nous permet de clairement mesurer sa responsabilité dans le résultat final. Pour créer<br />

cette œuvre, le compositeur agit <strong>au</strong>ssi en dramaturge sinon vraiment en librettiste. Il pousse d’abord<br />

Stephanie à se démarquer de l’original de Bretzner, avant de lui suggérer de remanier son propre travail.<br />

« L’opéra commençait par un monologue, et j’ai prié M. Stephanie d’en faire une petite ariette et <strong>au</strong>ssi, après la<br />

chanson d’Osmin à M. Fisher, qui a certainement une excellente voix de basse… Il f<strong>au</strong>t utiliser un pareil artiste,<br />

d’<strong>au</strong>tant qu’il a tout le public d’ici pour lui. Aussi, comme Osmin n’avait, dans le livret original, que cette seule<br />

petite chanson à chanter, et rien d’<strong>au</strong>tre que le trio et le final, je lui ai donné un air <strong>au</strong> premier acte, et un <strong>au</strong>tre<br />

<strong>au</strong> second. Cet air, je l’ai entièrement suggéré à M. Stephanie, même, l’essentiel de la musique en était déjà<br />

achevé avant que Stephanie en sut un mot… »<br />

Avec son père, musicien lui <strong>au</strong>ssi, Mozart fait, avec détail, « l’analyse de la musique » (6 octobre 1781), de<br />

son opéra. Il lui décrit les procédés qu’il a employés pour rendre l’intrigue, les personnages et leurs paroles :<br />

ressources de musicien, ici, rythme, harmonie, lignes mélodiques, couleurs des instruments et des voix.<br />

« La colère d’Osmin tournera de cette façon <strong>au</strong> comique, parce que j’y emploie la musique turque. Dans le<br />

développement de l’air, j’ai fait briller ses belles notes graves… Le passage « Drum beym Barte des Propheten »<br />

etc…est dans le même tempo que ce qui précède, mais avec des notes brèves et, comme sa colère <strong>au</strong>gmente<br />

toujours, -tandis que l’on s’imaginait que l’air va finir-, l’allegro assai, qui est dans une toute <strong>au</strong>tre mesure et un<br />

<strong>au</strong>tre ton, doit faire juste le meilleur effet… Je n’ai pas choisi ici un ton étranger à celui de fa (qui est le ton de<br />

l’air) mais un ton apparenté : non le plus voisin, ré mineur, mais le plus éloigné, la mineur. » (A son père,<br />

Vienne, 26 septembre 1781)<br />

Rapide la composition, brève et claire l’analyse, L’Enlèvement <strong>au</strong> sérail procède d’un art totalement maîtrisé<br />

et donc libre et souple. Quand il parle de son travail de compositeur, Mozart ne laisse entendre ni une<br />

genèse progressive, hésitante, ni une élaboration planifiée, rigoriste.<br />

« Je vous envoie ici le manuscrit original et deux livrets. Vous trouverez be<strong>au</strong>coup de ratures : c’est que je savais<br />

que la partition serait tout de suite copiée ici, et alors j’ai laissé un libre essor à mes inspirations et, jusqu’<strong>au</strong><br />

moment de donner la musique à la copie, j’y ai inscrit çà et là, mes changements et mes coupures et c’est telle que<br />

vous l’avez là que l’œuvre a été exécutée ». (A son père, Vienne, 20 juillet 1782)<br />

Cette libre maîtrise de son art, il s’applique toujours à la cultiver, cependant, en allant déchiffrer les fugues<br />

de Bach et Haendel chez le Baron Van Swieten.<br />

« Je suis en train de me faire une collection des fugues de Bach ». (A son père, Vienne, 10 avril 1782)


Mais elle lui donne <strong>au</strong>ssi l’assurance de son talent.<br />

« Je suis enchanté de cet opéra, je dois l’avouer ». (A son père, Vienne, 29 mai 1782)<br />

« Messieurs les Viennois (parmi lesquels, il f<strong>au</strong>t comprendre, en tête, l’Empereur) ne doivent pas s’imaginer<br />

que je suis <strong>au</strong> monde pour Vienne seule. Je crois être en état de faire honneur à n’importe quelle Cour. Si<br />

l’Allemagne, ma chère patrie, dont je suis fier (vous le savez), ne veut pas m’accueillir, par Dieu ! il f<strong>au</strong>dra donc<br />

que la France ou l’Angleterre s’enrichisse de nouve<strong>au</strong> d’un habile Allemand de plus ! à la honte de la nation<br />

allemande ». (A son père, Vienne, 17 août 1782)<br />

L’Enlèvement <strong>au</strong> sérail, L’Avant-scène Opéra<br />

Tous droits réservés, diffusion gratuite à l’usage pédagogique<br />

Au centre, Mozart jouant dans sa propre œuvre, L’enlèvement <strong>au</strong> sérail, à Berlin, 1789<br />

Jakubcovà, Alena : Starsu divadlo v ceskych zemich, p. 420<br />

Tous droits réservés, diffusion gratuite à l’usage pédagogique


Biographies<br />

Wolfgang Amadeus Mozart (Salzbourg 1756 – Vienne 1791)<br />

Fils d’un musicien talentueux, Mozart a découvert la musique en<br />

écoutant sa sœur, elle <strong>au</strong>ssi enfant prodigue, prendre des leçons. Il l’a<br />

bientôt surpassée, et leur père les a produits devant les souverains et les<br />

connaisseurs médusés de toute l’Europe. Même en tournée, Mozart n’a<br />

pas cessé de composer et d’étudier. Mais vers 1772, il dût se faire <strong>au</strong>x<br />

réalités d’un poste où son statut social le plaçait entre les valets et les<br />

cuisiniers. Malheureux à la cour de Salzbourg et convaincu de sa propre<br />

supériorité musicale, il a tenté de trouver un <strong>au</strong>tre poste. N’y parvenant<br />

pas, il est devenu l’un des premiers musiciens indépendants. Arrivé à<br />

Vienne en 1781, il a épousé Constance Weber et il a donné des<br />

concerts, publié de la musique et reçu des commandes, en particulier<br />

pour des opéras. En dix ans, il a écrit plus de deux cents œuvres et<br />

affermi sa réputation, mais il devait donner des cours de piano, prendre<br />

des pensionnaires et emprunter de l’argent pour mener le train de vie <strong>au</strong>quel il aspirait. Ses tournées à<br />

travers l’Europe ne l’ont pas seulement rendu célèbre, elles l’ont <strong>au</strong>ssi familiarisé avec de nombreuses<br />

formes musicales qu’il a fondues dans ses œuvres. Sans doute mort de rhumatismes articulaires aigus, il a<br />

été enterré dans la fosse commune, abandonné de tous, alors que les notices nécrologiques de toute<br />

l’Europe saluaient unanimement son génie.<br />

Johann Gottlieb Stephanie (Bresl<strong>au</strong> 1741 – Vienne 1800)<br />

Johann Gottlieb Stephanie est un acteur et librettiste allemand. Arrivé<br />

en Autriche comme prisonnier durant la guerre de Sept Ans, il se fit<br />

un nom à Vienne comme acteur, devint en 1776 l’un des cinq<br />

directeurs du Théâtre national et fut nommé en 1781 directeur du<br />

<strong>National</strong> Singspiel, fondé en 1778 par Joseph II et in<strong>au</strong>guré le 17<br />

février de cette même année avec Die Bergknappen d’Igaz Uml<strong>au</strong>f.<br />

Stephanie adapta les livrets des deux singspiels suivants d’Uml<strong>au</strong>f (Die<br />

schöne Schusterin et Das Irrlicht). Pour Mozart, arrivé à Vienne sur ces<br />

entrefaites et désireux de composer pour le <strong>National</strong> Singspiel,<br />

Stephanie possédait <strong>au</strong> moins deux qualités : il « peut tout <strong>au</strong>près de<br />

l’empereur » et « s’y connaît en matière de théâtre ». Le 30 juillet<br />

1781, Stephanie remit à Mozart un livret qui, après modifications,<br />

devint celui de L’Enlèvement <strong>au</strong> sérail. Il confectionna également en<br />

1786 celui de Der Sch<strong>au</strong>spieldirektor.<br />

Dictionnaire de la musique, éd. Larousse, 2005, Paris<br />

Tous droits réservés, diffusion gratuite à l’usage pédagogique


Nomenclature de l’orchestre<br />

2 flûtes<br />

2 h<strong>au</strong>tbois<br />

2 clarinettes/cors de basset<br />

2 bassons<br />

2 cors<br />

2 trompettes<br />

1 paire de timbales<br />

Cordes<br />

Musique turque :<br />

1 flûte piccolo<br />

1 triangle<br />

1 paire de cymbales<br />

1 grand tambour<br />

Mozart écrit pour quatre sortes de clarinettes : en ut, en si bémol, en la et les cors de basset qui sont des<br />

clarinettes en fa. Il requiert une gamme complète de cors en si bémol.<br />

Le cor de basset fait partie de la famille des clarinettes, instrument à vent de la<br />

famille des bois, à Anche simple. Basset signifie « petite basse », le cor de basset<br />

ayant un son plus grave que la clarinette classique. L’invention du cor de basset<br />

est due à Anton et Johan Stadler vers 1770. La clarinette existe alors depuis<br />

près de 70 ans. Le cor de basset fut la première clarinette non droite qui<br />

bénéficiait du système de pavillon courbé. Sonnant une tierce en dessous de la<br />

clarinette en la, et donc instrument transpositeur en fa, le cor de basset peut être<br />

considéré comme la première clarinette basse qui sera inventée un peu plus tard<br />

<strong>au</strong> début du XIXème siècle. De nos jours certains fabricants reviennent <strong>au</strong>x<br />

sources et confectionnent des cors de basset entièrement en ébène : le son<br />

provenant du bois est plus ch<strong>au</strong>d et plus tendre, comme celui que connut<br />

Mozart. Mozart eut un coup de cœur pour cet instrument. Il l’introduit pour la<br />

première fois en 1781, dans la Sérénade KV361 en Sib dite « gran partita » pour<br />

treize instruments à vent dont deux clarinettes en sib et deux cors de basset, œuvre contemporaine de la<br />

composition de L’Enlèvement <strong>au</strong> Sérail. C’est un succès. L’ensemble de sa musique de chambre pour<br />

instruments à vent utilise cet instrument. C’est un trio de cors de basset qui accompagne ses Nocturnes<br />

pour un trio de cors de basset qui se mêle <strong>au</strong> trio vocal pour lequel ils sont écrits. Sommet de sa passion<br />

pour cet instrument : le duo du Requiem, son œuvre ultime.<br />

Le grand tambour ou tambour turc est un tambour de diamètre relativement restreint et d’une grande<br />

h<strong>au</strong>teur. Mozart le note avec deux hampes différentes : une vers le h<strong>au</strong>t et une vers le bas. L’instrumentiste<br />

doit frapper l’instrument de la main droite avec une lourde baguette et de la main g<strong>au</strong>che avec une<br />

mailloche.


Pour mieux comprendre l’utilisation des instruments turcs et apprécier la saveur exotique et impie de leurs<br />

accents sonores, il ne f<strong>au</strong>t pas oublier que la musique des janissaires était utilisée par les Turcs pour<br />

stimuler leurs propres soldats et effrayer les ennemis.<br />

L’instrumentation, qui est exceptionnellement riche et raffinée, peut-être telle que Mozart n’en avait<br />

jamais utilisée, séduit d’emblée l’<strong>au</strong>diteur. Les instruments sont traités et combinés les uns avec les <strong>au</strong>tres<br />

en une grande diversité de couleurs.<br />

Guide des opéras de Mozart, Claire Gib<strong>au</strong>lt, dirigé par Brigitte Massin, éd. Fayard, 1991, Paris<br />

Tous droits réservés, diffusion gratuite à l’usage pédagogique


Les personnages et leurs voix<br />

Konstanze, fiancée de Belmonte – Soprano<br />

Belmonte, noble espagnol – Ténor<br />

Blonde, femme de chambre de Konstanze – Soprano<br />

Pedrillo, valet de Belmonte – Ténor<br />

Osmin, gardien du sérail – Basse<br />

Sélim, pacha – Rôle parlé<br />

Klaas, marin – Rôle parlé<br />

Janissaires – Chœur


Contexte historique<br />

Esclaves des Ottomans<br />

Pour nous, la Turquie est un pays éloigné de l’Europe occidentale. Mais à l’époque où Mozart compose<br />

l’Enlèvement <strong>au</strong> sérail, les Empires ottoman et <strong>au</strong>trichien sont limitrophes, essentiellement dans la région<br />

des Balkans. D’<strong>au</strong>tre part, la puissance turque domine la Méditerranée orientale et une grande partie de<br />

l’Afrique du Nord. La mer Méditerranée est donc une frontière entre civilisations chrétienne et<br />

musulmane.<br />

Les affrontements avec les puissances chrétiennes sont constants, les ottomans essayant d’accroître leurs<br />

possessions européennes. Ils mettent le siège devant Vienne en 1529, puis en 1683, en vain. L’Espagne,<br />

Venise, Gènes en sont victorieux à Lépante (1571). Les espagnols se sont également emparés d’Oran où<br />

leur <strong>au</strong>torité s’impose presque sans discontinuer de 1501 à 1791. Dans la scène 6, acte 3, de l’Enlèvement<br />

<strong>au</strong> sérail, Belmonte révèle qu’il est le fils du gouverneur d’Oran.<br />

Du VIII ème <strong>au</strong> début du XIX ème siècle, une des relations entre musulmans et chrétiens a été la course,<br />

pratiquée par les corsaires. C’est une activité légale : elle consiste à attaquer en temps de guerre, les navires<br />

marchands de pays ennemis. Le pacha d’Alger utilise <strong>au</strong> XVI ème siècle 22 galères et 1500 janissaires et<br />

soldats à cette course: 1/8 des prises lui revient. Les Etats européens pratiquent <strong>au</strong>ssi cette activité.<br />

Mais sévissent <strong>au</strong>ssi en Méditerranée et dans l’océan Atlantique des pirates, qui agissent pour leur propre<br />

compte.<br />

Le XVII ème siècle est celui qui voit le plus grand développement de l'activité corsaire en Méditerranée,<br />

pratiquée à grande échelle, en particulier par les régences de Tripoli, Tunis et Alger, qui ont pris leurs<br />

distances vis-à-vis du pouvoir affaibli des sultans d’Istanbul.<br />

C’est ainsi qu’un bate<strong>au</strong> venant de Naples sur lequel se trouvait Miguel de Cervantes, l’<strong>au</strong>teur du célèbre<br />

Don Quichotte, est abordé <strong>au</strong> large de Rosas en 1575 : il restera esclave pendant cinq ans. Pareille<br />

mésaventure arrive à Vincent de P<strong>au</strong>l en 1605, entre Marseille et Narbonne. Louis XIV interdit à V<strong>au</strong>ban<br />

(le grand ingénieur militaire qui organise la fortification du roy<strong>au</strong>me) de naviguer. Ce dernier ayant émis le<br />

projet de s’embarquer à Toulon pour Sète, reçoit cette missive du ministre de la guerre, Louvois :<br />

« J’apprends…le projet que vous faites de vous embarquer à Toulon pour rejoindre le port de Cette, et comme je<br />

vous crois des plus malpropres à servir d’espalier (= les deux premiers forçats d'une galère qui réglaient le<br />

mouvement des <strong>au</strong>tres), j’ai pris l’ordre du roi de vous défendre (ce transport)».<br />

Les expéditions des puissances chrétiennes pour faire cesser ces actions n’obtiennent pas be<strong>au</strong>coup de<br />

résultats. En 1682 et 1683, Louis XIV fait bombarder Alger pour arrêter les raids sur les côtes françaises.<br />

En représailles, le père Le Vacher et 20 <strong>au</strong>tres français sont attachés à la bouche d’un canon avant les tirs.<br />

Au XVIII ème siècle, les relations avec la France s’améliorent : les corsaires respectent à peu près le pavillon<br />

français et la France développe son commerce avec les provinces de l'Empire ottoman. En revanche,<br />

d’<strong>au</strong>tres puissances européennes maintiennent les hostilités (par exemple l’Empire d’Autriche). Avec la<br />

Révolution française, la course s’accroit à nouve<strong>au</strong>, en raison du conflit entre la France révolutionnaire et<br />

l’Empire ottoman. C’est par la conquête de l’Algérie par la France, en 1830 que les activités corsaires des<br />

régences d’Afrique du Nord cessent.<br />

Ainsi, du IX ème <strong>au</strong> début du XIX ème siècle, la mise en esclavage des populations est un phénomène courant.


Diverses œuvres de Molière y font allusion. Tout le monde connaît la fameuse phrase : « Que diable allaitil<br />

faire dans cette galère », prononcée par Géronte qui pense que son fils a été enlevé et emmené à Alger<br />

comme esclave (Les Fourberies de Scapin).<br />

Dans L'Avare (acte V scène 5) Marianne retrouve son frère Valère « ce furent des corsaires qui nous<br />

recueillirent... Après dix ans d'esclavage, une heureuse fortune nous rendit notre liberté... ».<br />

Les opéras ne sont pas en reste. L’Italienne à Alger de Rossini raconte l'histoire d'Isabella, une italienne<br />

partie en Algérie pour rendre la liberté à son amant, Lindoro, devenu esclave.<br />

Dans la réalité, les esclaves peuvent être capturés par des raids en terre chrétienne. Dans ce cas, ce sont<br />

plutôt des pirates, sur de petites embarcations qui font ces coups de main rapides, par surprise.<br />

Aucune région n’est épargnée. Ainsi, en 1640, a lieu un raid sur les côtes anglaises, les pirates remontent la<br />

Tamise, prennent 3000 captifs, pillent les villes côtières à tel point que « les pêcheurs redoutent de prendre<br />

la mer et nous sommes forcés d’exercer une veille constante sur toutes nos côtes » (Parlement). On compte<br />

plusieurs centaines d’incursions par an et davantage dans les régions plus proches : entre 1570 et 1606, la<br />

Sicile subit <strong>au</strong> moins 136 attaques: les barbaresques pénètrent jusqu’à 30 km à l’intérieur. Un villageois<br />

sicilien raconte: « Ils prenaient les jeunes filles et les enfants, faisaient main basse sur les objets de valeur,<br />

l’argent, et en un clin d’œil ils étaient de nouve<strong>au</strong> à bord de leurs galères ».<br />

Les villageois sont parfois surpris dans leur sommeil : une expression sicilienne en a gardé la mémoire :<br />

« pigliato dai turchi » (pris par les Turcs) qui signifie « pris par surprise ».<br />

Heureux celui qui pouvait fuir hors de son lit,<br />

Car il n’y avait plus d’<strong>au</strong>tre sécurité ni d’<strong>au</strong>tre refuge<br />

Que de se s<strong>au</strong>ver en laissant tous ses biens…<br />

Et par de petites routes, détournées et peu connues<br />

Chacun tentait de fuir le danger.<br />

(Curthio Mattei, 1623.)<br />

Les populations côtières ont peu de moyens pour se protéger. A partir du milieu du XVII ème siècle, la<br />

défense est mieux assurée par des fortifications, des tours de guet. Des états forts exercent une vigilance<br />

plus ferme. Mais dans les périodes de troubles, celle-ci faiblit, par exemple pendant les guerres de la<br />

Révolution et de l’Empire français. Quelques attaques spectaculaires illustrent ce fait : en 1798, un raid<br />

tunisien sur la petite île de San Pietro <strong>au</strong> sud de Sardaigne permet de capturer 900 personnes.<br />

Cependant, les raids devenant moins aisés, après 1700, ce sont surtout les navires marchands qui sont<br />

attaqués. En théorie les corsaires ne doivent s’en prendre qu’<strong>au</strong>x bate<strong>au</strong>x dont le pays est en guerre contre<br />

les Turcs (ex : les Habsbourg et leurs alliés). Comme l’explique Pedrillo dans l’opéra : « Ce jour terrible où<br />

le sort nous joua un si m<strong>au</strong>vais tour en faisant tomber notre navire <strong>au</strong>x mains des pirates » (acte 1, scène 4)<br />

[toutes les citations tirées de l’Enlèvement <strong>au</strong> sérail sont traduites en français, pour plus de commodité]. Les<br />

ruses pour approcher les bate<strong>au</strong>x sont multiples : hisser un drape<strong>au</strong> d’un pays d’Europe, s’habiller « à la<br />

Cristianesca ». Quand le navire s’aperçoit de son erreur, il est souvent trop tard. Les passagers s’enfuient<br />

parfois dans des barques. Les corsaires convoitent les personnes de rang élevé : officiers, prélats, nobles car<br />

leur rachat permettra un gros profit. Certains abandonnent leurs be<strong>au</strong>x habits pour une tenue modeste et<br />

tentent de donner le change. Ils espèrent que leur valeur de rachat sera moindre. Mais la supercherie éclate<br />

souvent lorsqu’à terre, se révèle leur incapacité <strong>au</strong>x trav<strong>au</strong>x manuels. Les hommes d’équipage sont<br />

recherchés pour leur robustesse, leur expérience (charpentiers, maîtres de voile). En Méditerranée


occidentale, entre 1530 et 1780, on estime le nombre total d’esclaves chrétiens à 1 250 000. La ville la plus<br />

demandeuse est Alger car son industrie et son agriculture demandent be<strong>au</strong>coup de main d’œuvre. Le<br />

déclin du XVIII ème siècle se confirme avec le temps : lorsque la ville est prise par les français, en 1830, les<br />

esclaves ne sont plus que 122.<br />

Tous droits réservés, diffusion gratuite à l’usage pédagogique<br />

A leur arrivée les captifs subissent les quolibets de la foule. John Foss, en 1793, décrit son débarquement à<br />

Alger : « Nous fûmes mis en rang et débarqués <strong>au</strong> milieu des cris et des hourras de milliers de barbares<br />

m<strong>au</strong>vais… qui remerciaient Dieu pour les victoires remportées sur tant de ces chiens de chrétiens incrédules ». Il<br />

retranscrit les paroles du pacha: « Maintenant que vous m’appartenez, chiens de chrétiens, vous allez manger<br />

des pierres ». Les esclaves sont amenés <strong>au</strong> marché <strong>au</strong>x esclaves. On évalue leur âge, leur santé, leur origine<br />

(des mains calleuses signifient une origine populaire, des oreilles percées, une riche naissance).<br />

Un propriétaire qui a acheté quelqu’un de h<strong>au</strong>t rang a tout intérêt à le ménager pour que son prix de<br />

rachat soit très élevé. Les femmes, doivent rester à l’intérieur, elles sont parfois <strong>au</strong>torisées à garder une<br />

servante. C’est le cas de Konstanze dans l’Enlèvement <strong>au</strong> sérail qui a <strong>au</strong>près d’elle Blonde et même Pedrillo<br />

puisque « Par bonheur, il se trouva que le Pacha nous acheta tous trois » (acte 1, scène 4).<br />

Le sort des serviteurs dans les maisons, peut être assez enviable. Ainsi Pedrillo : « Grâce à mon mince talent<br />

de jardinier, j’ai obtenu ses (du pacha) faveurs, ce qui me donne une liberté que mille <strong>au</strong>tres n’<strong>au</strong>raient pas »<br />

(acte 1, scène 4).<br />

D’<strong>au</strong>tres captifs, esclaves publics, font des trav<strong>au</strong>x de force. Ils sont parqués le soir dans des bagnes<br />

crasseux, nourris de pain noir moisi. Le mot « bagne » vient du fait qu’à Constantinople, d’anciens bains<br />

publics ont été convertis en prison <strong>au</strong> début du XVI ème siècle quand le nombre des captifs devenait trop<br />

important.<br />

La plupart des esclaves deviennent galériens : « de tous les m<strong>au</strong>x que les p<strong>au</strong>vres captifs sont contraints<br />

d’endurer, le pire est sans doute celui qu’ils souffrent dans les galères des Turcs et des Barbares », dit le père Dan,


<strong>au</strong> milieu du XVII ème siècle. En effet cette flotte a un très grand besoin de main d’œuvre : il f<strong>au</strong>t 150 à 300<br />

rameurs par bate<strong>au</strong>) ; ex : à la bataille de Lépante, en 1571, on compte 80 000 rameurs. Les raïs d’Alger,<br />

Tunis ou Tripoli pour leurs 50 à 60 galères chacun, emploient 10 000 à 15 000 rameurs. Ceux-ci sont<br />

enchaînés jour et nuit sur un banc, sans chemise pour se protéger du soleil ou de la pluie ; Un témoin<br />

rapporte : « leur pe<strong>au</strong> brûlée se détache de leur dos, découvrant les chairs ». Leur nourriture se compose<br />

de « deux poignées de biscuits noirs / jour ».<br />

Ces conditions de vie expliquent le t<strong>au</strong>x de mortalité très élevé qui peut avoisiner les 20 % par an, surtout<br />

quand femmes, enfants, vieillards comptent parmi les esclaves. Des 400 Islandais capturés en 1627, il n’en<br />

reste plus que 70, en 1631.<br />

Les captifs espèrent leur rachat. Des nouvelles parviennent parfois à leur famille pour la supplier d’y<br />

recourir. « J’avais déjà perdu l’espoir qu’une de mes lettres vous soit parvenue » dit Pedrillo à Belmonte. Plus<br />

loin Blonde s’adresse à Konstanze en ces termes : « Peut-être votre Belmonte va-t-il survenir bientôt avec une<br />

rançon » (acte 2, scène 2). Et ce dernier, lorsque Sélim menace de le faire prisonnier, <strong>au</strong> dernier<br />

acte : « J’appartiens à une grande famille d’Espagne, on paiera pour moi n’importe quelle somme… Fixe pour<br />

Konstanze et moi une rançon <strong>au</strong>ssi élevée que tu désires ».<br />

Mais les plus p<strong>au</strong>vres ne peuvent compter que sur d’<strong>au</strong>tres solutions. Dès 1530, les Etats européens<br />

organisent des « rédemptions générales ». Des ordres apparaissent, spécialisés dans le rachat d’esclaves<br />

(ordres de la Merci et de la Trinité). L’Espagne est la plus active : les Trinitaires espagnols libèrent, en 77<br />

ans <strong>au</strong> XVII ème siècle, 15573 personnes (c’est-à-dire 220 par voyage).<br />

Mais les moins chanceux restent esclaves ; dans ces conditions, un certain nombre se convertit, parfois<br />

contraints ou pour échapper <strong>au</strong>x m<strong>au</strong>vais traitements : on compte 1/5 de renégats vers 1630. Certains<br />

pratiquent, à leur tour, la course et possèdent des esclaves. Le pouvoir d’assimilation des étrangers, anciens<br />

chrétiens convertis, est important. Be<strong>au</strong>coup de vizirs (premier ministre), pachas (titre honorifique porté<br />

par certains h<strong>au</strong>ts personnages civils ou militaires), beys (gouverneur de province : le bey de Tunis, de<br />

Tripoli…) sont des non turcs, convertis à l’islam.<br />

Ainsi Pedrillo explique que : « Le pacha est un renégat » (acte I, scène 4).<br />

Des voyageurs remarquent à la fin du XVIII ème siècle que « les habitants d’Alger avaient une complexion<br />

claire ». On y compte plus de la moitié des raïs d’origine européenne, sans parler des janissaires (armée<br />

d’élite constituée de jeunes chrétiens enlevés à leur famille) et des enfants nés des captives. Des aventuriers<br />

venus d’Europe « prennent le turban » (c’est à dire : deviennent musulmans). Ainsi Cl<strong>au</strong>de Alexandre de<br />

Bonneval (1675- 1747), officier français qui finira par se mettre <strong>au</strong> service de l’Empire ottoman. Il se<br />

convertit, devient pacha, sous le nom d’ Humbaraci Ahmed Pacha.<br />

Un écrivain évoque : « M.M. de Mornay, de Ramsay et l’abbé Mac Carthy qui, décriés dans Paris et poursuivis<br />

de leurs créanciers, étaient venus à Constantinople embrasser la foi des Mahométans. »<br />

Mais, ils gardent des contacts avec les Français voyageant à Constantinople. Sélim, le pacha de l’Enlèvement<br />

<strong>au</strong> sérail, explique à Belmonte sa présence en terre musulmane : « Sache, qu’à c<strong>au</strong>se de ton barbare de père,<br />

je dus quitter ma patrie » (acte III, scène 6)<br />

Le peintre suisse Liotard séjourne dans l’empire turc et en ramène plusieurs portraits, dont celui du comte<br />

de Bonneval.


Le Comte de Bonneval, en Turquie Ahmet Pacha, peint par J.E. Liotard<br />

Tous droits réservés, diffusion gratuite à l’usage pédagogique<br />

D’<strong>au</strong>tres peintres ont représenté des scènes où paraissent des esclaves, ainsi Delacroix.<br />

En 1832, il participe à un voyage en Afrique du Nord et a l’immense privilège de pouvoir visiter le harem<br />

d’un corsaire turc. Deux table<strong>au</strong>x évoquent cette vision, l’un peint en 1834, visible <strong>au</strong> Louvre, l’<strong>au</strong>tre<br />

exécuté en 1849, que l’on peut admirer <strong>au</strong> musée Fabre.<br />

Dans les deux table<strong>au</strong>x, on aperçoit une esclave noire et, agenouillée, une captive circassienne. La présence<br />

d’une africaine nous permet de rappeler qu’à cette date, les musulmans ne sont pas les seuls à réduire des<br />

populations en esclavage. Les Européens ont, depuis des siècles, prélevé des habitants d’Afrique pour les<br />

acheminer vers l’Amérique.<br />

Tous droits réservés, diffusion gratuite à l’usage pédagogique<br />

Monique Morestin


Le Burgtheater<br />

« Le théâtre impérial, Burgtheater, était pour le Viennois, pour l’Autrichien, plus qu’une simple scène. Le<br />

premier regard qu’il jetait sur son journal du matin ne portait pas sur les discussions du Parlement ou sur les<br />

évènements mondi<strong>au</strong>x, mais sur la chronique théâtrale » (Stefan Zweig, Le Monde d’hier. Souvenirs d’un<br />

Européen).<br />

Le Burgtheater de Vienne est un théâtre <strong>au</strong>trichien d’Etat. Il est le second plus ancien théâtre d’Europe<br />

après la Comédie Française et est également le plus grand théâtre « parlé » de l’espace germanophone.<br />

L’ancien Burgtheater, situé sur la place Michaelerplatz, servait de théâtre de 1748 jusqu’à l’ouverture du<br />

nouve<strong>au</strong> bâtiment sur le Ring en octobre 1888, créé par Semper (<strong>au</strong>teur de l’aile inachevée de Neue Burg à<br />

Hofburg). Le nouve<strong>au</strong> théâtre brûla entièrement à la suite d’un bombardement en 1945 et, jusqu’à sa<br />

réouverture en 1955, c’est le Ronacher qui prit le relais.<br />

Le théâtre national est l’une des scènes les plus représentatives de la dramaturgie de la langue allemande et<br />

a acquis dans ce domaine une renommée <strong>au</strong> moins égale à celle de l’Opéra dans le monde de la musique.<br />

Le Burgtheater a été fondé le 14 mars 1741 sous le règne de l’impératrice Marie-Thérèse, qui voulait un<br />

théâtre près de son palais impérial (Hofburg). Son fils, le prochain empereur <strong>au</strong>trichien Jospeh II, l’a<br />

nommé Théâtre national allemand en 1776. Quelques années plus tard, trois opéras de Mozart,<br />

l’Enlèvement <strong>au</strong> sérail (1782), les Noces de Figaro (1786) et la Flûte enchantée (1790) ont été donné <strong>au</strong><br />

Burgtheater.<br />

Tout <strong>au</strong> long de son histoire, le théâtre porta divers noms. En 1794, le théâtre a été renommé KK<br />

Hoftheater nächst der Burg (K.K étant synonyme de Kaiserlich und königlich, ou impérial et royal - cette<br />

abréviation était fréquemment utilisée pour marquer l'empire des Habsbourg). Le théâtre fut nommé Die<br />

Burg (Le Burg) par la population viennoise et jusqu’en 1918, il devient le k.k HofBurgtheater. Depuis son<br />

nom officiel est le Burgtheater.


Le singspiel<br />

Genre apparu <strong>au</strong> XVIII ème siècle, le Singspiel (« jeu chanté », de singen, « chanter », et spielen, « jouer ») est<br />

un type d’opéra germanique et en langue allemande, fondé sur l’alternance entre des dialogues parlés (à la<br />

place du récitatif) et des airs chantés (chants populaires ou arias), dont l’intrigue mêle des caractères<br />

sentiment<strong>au</strong>x avec des éléments comiques, qui met souvent en scène des personnages populaires et peut<br />

faire appel <strong>au</strong> merveilleux ou <strong>au</strong> fantastique. Equivalent allemand du « dramma per musica », qui est<br />

influencé par le « ballad-opera » anglais et l’opéra-comique français (caractère, alternance de la parole et du<br />

chant).<br />

La musicologie moderne emploie <strong>au</strong>jourd’hui le mot singspiel pour désigner les opéras comiques<br />

germaniques tels qu’ils voient le jour à partir des années 1760, mais son usage à cette époque était plus<br />

large, ne se limitait pas à la veine comique et pouvait qualifier <strong>au</strong>ssi bien des opéras allemands sérieux<br />

(Ignaz Holzb<strong>au</strong>er, 1711-1783, Günther von Schwarzburg, 1777) que des opéras italiens comiques.<br />

Comme le fait remarquer le musicologue Michel Noiray (Vocabulaire de la musique de l’époque classique,<br />

Minerve, 2005, p. 200), le mot le plus fréquemment employé à l’époque pour qualifier des œuvres de<br />

facture légère qui correspondent à ce que nous appelons maintenant singspiel, semble avoir été celui<br />

d’opérette – mot d’origine italienne et française – comme en témoignent les propos de Mozart concernant<br />

Zaïde (1779-1780, les lettres des 18 janvier et 18 avril 1781), ou encore l’important dictionnaire allemand<br />

Allgemeine Theorie des schönen Künste (1771-1774), qui traite de l’opéra-comique à l’entrée Operette et ne<br />

consacre pas d’entrée <strong>au</strong> Singspiel. C’est également en tant qu’il juxtapose la parole et le chant que le mot<br />

peut qualifier <strong>au</strong> cours du XVIII 12 ème siècle de nombreux ouvrages lyriques allemands ou italiens, de<br />

même qu’il peut désigner dans les années 1760 un opéra-comique traduit ou adapté en allemand.<br />

Ce genre populaire se définit mieux dans certaines œuvres de Haydn (Der Krumme Teufel, 1752, perdu)<br />

mais on retient généralement comme créateur du genre Johann Adam Hiller (Der Teufel ist los, 1766,<br />

d’après The Devil to Pay de l’Anglais Coffey). Avec G. Benda, le choix des sujets s’élargit vers des thèmes<br />

moyenâgeux ou mythologiques, traités avec un effectif choral et orchestral important, tandis que s’ouvrait<br />

à Vienne en 1778 le <strong>National</strong>singspiel , à la demande de l’empereur Joseph II qui était soucieux de mettre<br />

un art et un théâtre allemands <strong>au</strong> service de la nation germanique (voire viennois).<br />

Quatre ans plus tard, Mozart atteint la perfection du genre avec l’Enlèvement <strong>au</strong> sérail, réussite saluée avec<br />

chaleur par Goethe, lui-même <strong>au</strong>teur de livrets de singspiele. Car, dépassant les conventions du genre sans<br />

user des recettes de l’opéra buffa, l’œuvre offre <strong>au</strong> théâtre lyrique allemand de nouvelles perspectives<br />

(« Chaque nation a son opéra, pourquoi n’<strong>au</strong>rions-nous pas le nôtre » écrit Mozart en 1773).<br />

Des écrivains tels que Goethe et Wieland contribuèrent à la diffusion d’un genre <strong>au</strong>quel il f<strong>au</strong>t rattacher la<br />

Flûte enchantée, les opéras de Schubert ainsi que Fidelio, le Freischütz ou Oberon, qui par leurs structures<br />

appartiennent <strong>au</strong> singspiel de la même façon que Carmen à l’opéra-comique.<br />

A la fin du XIX ème siècle, en Allemagne, on assista à une sorte de résurrection du genre avec de nombreux<br />

compositeurs tels que Humperdinck, Theile, Bittner, Urspruch, etc., mais leurs œuvres n’utilisent pas<br />

expressément la dénomination de singspiel.


Caractéristiques<br />

L’humour, la sensibilité, la morale et le refrain populaire font bon ménage dans le singspiel, assez proche en<br />

cela de l’opéra-comique et de l’opéra buffa, <strong>au</strong>xquels il emprunte <strong>au</strong>ssi, très largement, les éléments<br />

structurels. Les dialogues parlés remplacent le récitatif, et les moyens music<strong>au</strong>x mis en œuvre restent<br />

toujours assez simples. L’exotisme conventionnel, qui nuance toujours le livret, conduit les musiciens à<br />

d’heureux effets de timbres, notamment dans les « turqueries ».<br />

Les genres music<strong>au</strong>x, Vers une nouvelle histoire de la musique, Gérard Denize<strong>au</strong>, éd. Larousse, 2005, Paris<br />

Guide des genres de la musique occidentale, Eugène de Montalembert, Cl<strong>au</strong>de Abromont,<br />

éd. Fayard, 2010, Paris<br />

Tous droits réservés, diffusion gratuite à l’usage pédagogique


Clés d’écoute<br />

Savoir pour mieux sentir, sentir pour mieux savoir.<br />

P<strong>au</strong>l Cézanne<br />

C’est à présent que commence mon bonheur et j’espère que mon bonheur sera <strong>au</strong>ssi le vôtre. (Lettre de Mozart à<br />

son père, Vienne, 9 mai 1781).<br />

Le 16 mars Mozart arrive à Vienne où il vient rejoindre son employeur, le prince archevêque de Salzbourg,<br />

Hieronymus Colloredo. Moins de deux mois plus tard, il lui donne sa démission à la suite d’un<br />

affrontement orageux. Il est chassé de la salle d’<strong>au</strong>dience à coups de pied par le majordome de<br />

l’archevêque, le comte Arco : Je ne savais pas que j’étais un valet de chambre. Voilà Mozart libre ! Premier<br />

compositeur à vivre de son art, première raison de son bonheur. Autre <strong>au</strong>torité à affronter, celle de son<br />

père dont il doit obtenir l’<strong>au</strong>torisation d’épouser Constance.<br />

Peu de temps avant sa rupture avec Colloredo, ce jeune homme de vingt-quatre ans est en contact avec<br />

Gottlieb Stéphanie le jeune, homme de théâtre, acteur et <strong>au</strong>teur dramatique bien connu à Vienne qui va<br />

lui écrire un nouve<strong>au</strong> et bon livret (lettre du 18 avril 1781 à son père, première lettre dans laquelle il parle<br />

du livret.) Stephanie va me remettre un opéra allemand à composer (à son père, Vienne, 28 avril 1781).<br />

Voici qu’avant-hier Stephanie le jeune m’a donné un livret à mettre en musique. Il est tout à fait bon. Le sujet<br />

est turc et a pour titre « Belmont und Constanze ou Die Verführung <strong>au</strong>s dem Serail ». Pour l’ouverture, le<br />

chœur du premier acte et le chœur final, j’écrirai une musique turque avec des instruments à percussion (triangle,<br />

grosse caisse, etc).<br />

J’ai tant de joie à mettre ce livret en musique, que j’ai déjà le premier acte de la Cavalieri, ainsi que<br />

celui d’Adamberger et le trio qui conclut le premier acte sont déjà achevés. (A son père, Vienne, 1 er août<br />

1781).<br />

Je vais bientôt perdre patience de ne pouvoir plus rien composer pour mon opéra. Il est vrai qu’en attendant<br />

j’écris d’<strong>au</strong>tres choses. Mais ma passion est vraiment là.<br />

La genèse de cet opéra peut être ainsi reconstituée grâce à cette correspondance célèbre <strong>au</strong> cours de<br />

laquelle Mozart tient son père Léopold <strong>au</strong> courant de sa vie personnelle et professionnelle, correspondance<br />

qui joue le rôle quasiment d’un journal. C’est grâce à elle, que l’on peut vivre avec Mozart, l’ivresse qui l’a<br />

habité durant la période de la composition de L’Enlèvement, œuvre composée dans l’euphorie,<br />

l’exubérance, la joie.<br />

Mozart et l’Enlèvement <strong>au</strong> sérail appartiennent <strong>au</strong> grand mouvement du Siècle des lumières qui a<br />

profondément marqué la seconde moitié du XVIIIème siècle par l’hégémonie culturelle de la France, la<br />

modernisation de l’Autriche, et la domination des femmes dans les salons. Naît de ce courant, l’idée d’une<br />

unité de la société européenne, ainsi que le rejet de tout pouvoir absolu. Fidèle toute sa courte vie, à cet<br />

idéal d’humanisme et de tolérance, Mozart a sondé sans relâche l’âme humaine prisonnière de ses passions,<br />

inexorablement attirée vers un devenir radieux et optimiste.<br />

Première œuvre dramatique d’envergure en langue allemande<br />

L’Enlèvement <strong>au</strong> sérail est né de la volonté de deux hommes de créer un théâtre musical en langue<br />

allemande, celle de l’empereur du Saint Empire romain germanique, roi d’Autriche et de Hongrie, Joseph<br />

II et celle de Mozart pour endiguer, affronter l’invasion déferlante de l’opéra buffa italien et de l’opéracomique<br />

français, sans rival.<br />

A l’origine le terme de Singspiel, littéralement, jeu chanté (jeu pris dans le sens médiéval du terme : pièce<br />

de théâtre.) désigne une comédie musicale typiquement germanique, en langue allemande qui enchaîne<br />

dialogues parlés et structures musicales simples. Pratiqué essentiellement en Allemagne du Nord, son<br />

caractère populaire s’atténue peu à peu vers 1750, dans les productions élaborées de Johann Adam Hiller,


données à Leipzig durant cette période. A Vienne, dans les années 1770, il n’existait pas d’équivalent des<br />

Singspiele de Hiller. Plus tard, ce terme fut même employé dans l’annonce des opéras italiens de Mozart !<br />

Dans sa conception politique et esthétique, Joseph II, en monarque éclairé du Siècle des Lumières,<br />

envisage de faire du théâtre et de l’art national un facteur de développement culturel de la nation<br />

allemande et décide, en 1778, d’associer <strong>au</strong> Burgtheater, le Théâtre national de Vienne, une section<br />

d’opéra allemand appelée Singspiel national.<br />

Voilà qui sert le projet de Mozart et sa conception d’un opéra allemand: Et moi je tiens (je suis partisan<br />

de) <strong>au</strong>ssi pour l’opéra allemand : même s’il me coûte plus de peine, je l’aime encore mieux. Chaque nation a son<br />

opéra : pourquoi nous <strong>au</strong>tres allemands, ne l’<strong>au</strong>rions-nous pas La langue allemande n’est-elle pas <strong>au</strong>ssi<br />

chantante que la française et que l’anglaise ; plus chantante que la russe Bon ! J’écris à présent un opéra<br />

allemand pour moi (lettre à son père, Vienne, 5 février 1783).<br />

Mozart et Gottlieb Stephanie le jeune, son librettiste<br />

Gottlieb Stephanie le jeune adapte pour Mozart le texte de Christoph Friedrich Bretzner (1748-1807).<br />

Et puis, je ne sais, mais dans un opéra, il f<strong>au</strong>t absolument que la poésie soit la fille obéissante de la musique.<br />

Pourquoi les opéras bouffes italiens plaisent-ils donc partout, avec tout ce que leurs livrets renferment de<br />

misérable […] C’est que la musique y règne sans partage et dès lors on oublie le reste (à son père, Vienne, 13<br />

octobre 1781).<br />

Mozart se comporte en dramaturge inspiré, clairvoyant, décidé, et trouve en Stephanie le jeune un<br />

librettiste flexible, soumis à toutes ses suggestions et propositions d’adaptation : L’opéra commençait par un<br />

monologue, et j’ai prié M. Stephanie d’en faire une petite ariette et <strong>au</strong>ssi, après la petite chanson d’Osmin, <strong>au</strong><br />

lieu de laisser bavarder ensemble les deux personnages, d’en tirer un duo. Osmin, qui n’avait dans le livret<br />

original, que cette seule petite chanson à chanter, et rien d’<strong>au</strong>tre que le trio et le final, je lui donné un air <strong>au</strong><br />

premier acte, et un <strong>au</strong>tre <strong>au</strong> second. Cet air, je l’ai entièrement suggéré à M. Stephanie, même, l’essentiel de la<br />

musique en était déjà achevé avant que Stephanie en sût un mot. Je ne puis rien composer de plus parce<br />

que toute l’histoire pour p<br />

l’instant est remaniée sur ma demande, il est vrai. Tout le monde fait la moue<br />

quand il s’agit de Stephanie, mais il n’en arrange pas moins fort bien son livret pour moi, et comme je<br />

veux, à un cheveu près.<br />

Il intervient <strong>au</strong>ssi <strong>au</strong> nive<strong>au</strong> du vocabulaire et de la prosodie, non sans humour : Le ‘hui’ je l’ai changé en<br />

‘schnell’, ce qui donne « doch wie schnell schwand meine Freude » (Mai ma joie bien vite s’en est allée). Je ne<br />

sais pas à quoi pensent nos poètes allemands : peut-être ne comprennent-ils rien <strong>au</strong> théâtre, mais en ce qui<br />

concerne l’opéra, ils ne devraient pas faire parler leurs personnages comme s’ils s’adressaient à des cochons.<br />

Mozart est donc un compositeur passionné de théâtre : Ma seule distraction est le théâtre. Je voudrais que tu<br />

pusses voir, ici, une tragédie ! D’une façon générale, je ne connais <strong>au</strong>cun théâtre (en dehors de Vienne) où l’on<br />

représente remarquablement tous les genres de spectacles ; mais c’est le cas ici. (A Vienne). (Lettre du 4 juillet<br />

1781 à sa sœur).<br />

Un sujet dans le vent<br />

Cependant, le sujet de L’Enlèvement <strong>au</strong> sérail n’est pas plus de Bretzner, de Stéphanie le jeune, que de<br />

Mozart : l’amour réciproque d’un homme et d’une femme, nerf de leur libération d’un despote, est dans<br />

l’air de ce temps de L’Aufklärung, de ce Siècle des Lumières, emporté par l’ouragan de liberté qui secoue<br />

l’Europe. Il est la métaphore de la volonté de la société européenne de se débarrasser du pouvoir<br />

<strong>au</strong>toritaire.<br />

En 1782, Mozart participe à l’organisation des Concerts des dilettantes qui ont pour vocation de supprimer<br />

le monopole culturel de l’aristocratie en le sortant des palais, afin de mettre la musique, la culture, à la<br />

portée de tous, avec l’approbation et le soutien de Joseph II. Le premier concert des dilettantes a lieu le 29<br />

mai 1782, six semaines avant la création de L’Enlèvement.<br />

Et pourquoi donc Blonde est-elle anglaise, Blonde l’astucieuse, l’impertinente, celle qui affronte Osmin,<br />

stupide, rustre et méchant (Mozart dixit) Parce que la Franc-Maçonnerie est née en Angleterre <strong>au</strong> XVII ème


siècle et qu’elle joue, <strong>au</strong> temps de Mozart, un rôle incontestable dans la préparation de la conquête du<br />

pouvoir par la bourgeoisie, parce que, pendant cette période, le compositeur multiplie les contacts avec<br />

cette association à laquelle il adhèrera plus tard.<br />

Dix à douze œuvres avaient traité le même sujet, mais L’Enlèvement Voilà la réponse de Goethe : Tous<br />

les efforts que nous faisions pour parvenir à exprimer le fond des choses devinrent vains <strong>au</strong> lendemain de<br />

l’apparition de Mozart. L’Enlèvement nous dominait tous. (4 avril 1785).<br />

L’exubérance, la joie, le rire : tonalités majeures, tempi rapides, dominent la partition, servis par un<br />

orchestre brillant, coloré.<br />

L’ouverture<br />

Elle est très courte et fait alterner sans cesse ‘forte’ et ‘piano’ ; tous les passages ‘forte’ contiennent la musique<br />

turque. Elle module continuellement : je ne crois pas que l’on pourra dormir pendant son exécution même si l’on<br />

n’a pas dormi la nuit précédente. (Mozart)<br />

L’ouverture est en trois parties : A B A’.<br />

1 ère<br />

ère partie : pétillante, joyeuse dans la tonalité la plus populaire qui soit, celle d’Au clair de la lune, celle<br />

<strong>au</strong>ssi de la Symphonie des jouets dont l’<strong>au</strong>teur n’est <strong>au</strong>tre que son père Léopold Mozart, comme elle,<br />

scandée par la mesure la plus répandue, 2/4, entraîne l’<strong>au</strong>diteur dans un presto vigoureux.<br />

Son orchestration est l’exemple même de ce que l’on appellera une formation Mozart :<br />

- Les bois par deux : 2 flûtes, 2 h<strong>au</strong>tbois, 2 clarinettes, 2 cors de basset, 2 bassons<br />

- Ainsi que les cuivres : 2 cors, 2 trompettes<br />

- 1 paire de timbales<br />

- Les cordes : premiers et seconds violons, altos, violoncelles et contrebasses.<br />

La formation Mozart reh<strong>au</strong>ssée de :<br />

La musique alla turca : flûte piccolo, triangle, cymbales, grosse caisse qui la rejoint dans les forte.<br />

L’Empire ottoman laissa son empreinte sur la vie culturelle de Vienne peut être plus qu’ailleurs. Cette<br />

formation clinquante est empruntée à la musique des Janissaires et fut d’abord introduite dans certaines<br />

des musiques militaires européennes <strong>au</strong> début du XVIIIème siècle. Utilisée non seulement par les armées<br />

<strong>au</strong>trichiennes, mais plus tard, par les armées napoléoniennes elle nécessitait à cette époque une écriture<br />

particulière. Ce n’est qu’<strong>au</strong> XIXème siècle qu’elle intègrera l’orchestre symphonique traditionnel.<br />

Beethoven l’emploiera dans le Finale de sa 9 ème symphonie lors de la variation du thème de l’Ode à la<br />

joie : Alla marcia (Allegro assai à 6/8, en si bémol).<br />

Destinée à surprendre un public appartenant à toutes les couches de la société viennoise, elle remplit<br />

essentiellement un rôle dramaturgique et n’a pas grand lien avec la musique traditionnelle turque !<br />

A : Cette ouverture présente un premier élément thématique, furtif, énoncé par les cordes seules dans une<br />

nuance piano. Il sonne forte dans les tutti, avec l’apport de la brillance de la musique turque. Puis c’est avec<br />

le retour de la nuance piano, qu’il est entendu alors à la clarinette. Repris de nouve<strong>au</strong> en tutti, la répétition<br />

de sa désinence est suivie d’une période de gammes ascendantes qui débouchent sur ce qui peut être<br />

considéré comme la deuxième section de cette première partie : En Sol mineur, assombrie par les accords<br />

de septième diminuée, elle évoque les orages et tempêtes qui ont déferlés sur les opéras baroques et peut<br />

être considérée comme un deuxième élément dramatique, si ce n’est thématique.


Une cadence à la dominante amène une troisième période qui apporte des éclairages harmoniques<br />

nouve<strong>au</strong>x jouant sur la juxtaposition de la tonalité de sol M et de sa tonalité homonyme sol min, des jeux<br />

de timbre et de contrastes entre les nuances Forte et Piano, de densité entre solo et tutti. Une cadence en<br />

Sol M conclut cette première partie.


B : La partie centrale évolue dans un tout <strong>au</strong>tre climat. Ici, pas d’exotisme ! C’est un Andante en do<br />

mineur de forme lied : a b a’ qui revêt l’allure d’un lent menuet, composé en 3/8, chantant le cœur<br />

souffrant de Belmonte. Deux phrases, la première en do mineur exposée par les cordes puis reprise par les<br />

bois, la seconde <strong>au</strong> ton relatif majeur, mi bémol, la troisième étant un retour varié de la première.<br />

H<strong>au</strong>tbois et clarinette dialoguent, colloque amoureux de Konstanze et de Belmonte ! La mélodie ici<br />

chantée par l’orchestre, dans la fosse, sera celle de la première aria de Belmonte mais il la chantera en do<br />

majeur : parvenu à entrer dans les jardins du Pacha Selim, plein d’espoir, il se sent sur le point de délivrer<br />

sa Konstanze.


A’ : Retour varié de la première partie, la joie, l’ardeur, pourquoi ne pas dire l’ivresse de vivre. L’ouverture<br />

s’enchaîne à la première scène de l’opéra, l’aria de Belmonte grâce à une cadence en Sol, Sol ici considéré<br />

comme dominante de Do majeur.<br />

La synthèse des styles<br />

L’une des constantes de l’art germanique est de ne se jamais couper de ses racines populaires, et la vocation<br />

d’un compositeur allemand, <strong>au</strong> moins depuis J.S. Bach, est celle d’assimiler les styles. Mozart n’y échappe<br />

pas : style buffa, comique, pour Osmin, seria, noblement tragique, pour Konstanze, simplicité des marches<br />

des Janissaires, alla turca, écriture élaborée des ensembles.<br />

OSMIN : L’opéra était censé débuter par un monologue mais j’ai demandé à Herr Stephanie d’en faire une<br />

petite ariette et remplacer par un duo le dialogue entre les deux personnages après la petite chanson d’Osmin.<br />

N°2 – Chanson d’Osmin<br />

Celui qui a trouvé une belle<br />

Qui veut être sincère et fidèle,<br />

Qu’il la gratifie de mille baisers,<br />

Lui fasse la vie douce<br />

Soit plein d’égards et de tendresse<br />

Trallalera, trallalera !<br />

Osmin porte une échelle qu’il place contre un arbre, près de la porte du palais, il y monte et cueille des figues.<br />

La petite chanson de ce personnage, stupide, rustre et méchant, (selon Mozart) ennemi juré de tous les<br />

étrangers, intendant de la résidence du Pacha Selim semble <strong>au</strong> début anodine. En Sol mineur, dans le<br />

balancement souple d’une mesure à 6/8, qui l’apparente à une barcarolle, elle est modelée suivant la<br />

structure d’une chanson populaire : trois strophes se terminant par un refrain, séparées par les<br />

interpellations de Belmonte ignorées, méprisées d’Osmin. Elle en a <strong>au</strong>ssi la configuration mélodique, en ce<br />

qui concerne les deux premières phrases, écriture syllabique, mouvement conjoint. La troisième phrase et<br />

ainsi que son enchaînement fait évoluer ce profil populaire vers une écriture pour voix de basse<br />

professionnelle: la descente dans le grave extrême, s<strong>au</strong>ts d’intervalle de sixte, d’octave, de douzième. Au<br />

cours de la troisième strophe, tout à coup un Allegro casse la nonchalance nostalgique de ce Lied : Souvent<br />

un jeune-homme la guette appâte et charme la petite folle, alors Osmin « s’affole » ! Puis retour <strong>au</strong> Primo<br />

tempo, et à sa mélancolie : Et alors bonsoir fidélité ! Cette chanson s’adresse bien sûr à Belmonte qu’il feint<br />

d’ignorer !<br />

Osmin professe ici la nécessité d’enfermer les femmes !<br />

La couleur tonale : Apparemment simple, mais fluctuante, instable : c’est un Sol mineur qui module <strong>au</strong><br />

ton de la dominante Ré mineur, suivi d’un insidieux Ré majeur, son ton homonyme (deuxième phrase).<br />

L’usage de la gamme mélodique ascendante de Sol mineur, éclaire furtivement d’un Do majeur le<br />

deuxième trallalera, confirmant l’ambiguïté de ce Lied.


La couleur harmonique : L’harmonie pratiquée par Mozart est celle de son temps : ici accords parfaits<br />

majeurs et mineurs, septièmes de dominantes. Seulement, ce jeune homme de 25 ans joue <strong>au</strong> sorcier avec<br />

elle en la troublant de trilles et d’appoggiatures fortes entendues sur les temps, ce qui a pour résultat de<br />

transformer ces accords courants en accords dissonants : voilà comment Mozart révèle la cru<strong>au</strong>té du<br />

personnage et souligne la curieuse coïncidence des paroles de la chanson avec la situation dramatique du<br />

moment.<br />

L’écriture de l’orchestre : Elle évolue à chaque strophe.<br />

1 ère strophe : Les accords des cordes ponctuent le chant comme on le ferait maintenant avec une guitare<br />

dans une réunion de copains. Puis, les arpèges enveloppent la dernière phrase ‘qu’il soit plein d’égards, qu’il<br />

soit plein de tendresse’.<br />

2 ème strophe : Les accords des cordes scandent dans la douceur, le balancement de cette barcarolle. Ils sont<br />

développés en arpèges <strong>au</strong>-dessus desquels le h<strong>au</strong>tbois et le basson échangent des motifs de deux notes,<br />

tantôt pris dans la base harmonique, tantôt dissonant avec elle, volent <strong>au</strong>-dessus des accords des cordes<br />

simulant le vol des créatures frivoles qui se plaisent trop à goûter le vin nouve<strong>au</strong>. (Osmin est musulman)


3 ème strophe : Le cueilleur de figues regarde enfin Belmonte et se remet à chanter : Surtout <strong>au</strong> clair de lune,<br />

amis, surveillez-les bien. Sur les accords en pizzicati des cordes, le dessin fluide des bois pourrait bien<br />

simuler des poursuites amoureuses. L’évocation d’un jeune homme guettant la jeune folle fait sortir Osmin<br />

de ses gonds : changement de tempo, Allegro, propulsé par les accords des cordes. Puis retour du tempo<br />

initial et tout l’orchestre se joint <strong>au</strong> gardien du sérail pour renforcer sa conclusion : Et alors bonsoir,<br />

fidélité ! Un crescendo dit la haine ironique qu’habite le dernier refrain.


N° 18 - La Romance de Pedrillo<br />

Elle donne le signal de l’Enlèvement, en adoptant le style d’une chanson populaire à couplets : simplicité<br />

mélodique, mais assaisonnée d’un traitement harmonique savoureux.<br />

Or <strong>au</strong> temps de la composition de L’Enlèvement, Mozart découvre grâce <strong>au</strong> Baron Von Swieten, J.S. Bach<br />

et Haendel, avec quelle science d’écriture il est possible de faire rayonner des thèmes mélodiques simples.<br />

Mozart ici s’inscrit dans cette tradition d’écriture initiée par les chorals de Bach : mélodies empruntées <strong>au</strong><br />

ps<strong>au</strong>tier luthérien, écriture complexe des trois <strong>au</strong>tres voix destinée à surligner le sens des mots.


Le chœur des Janissaires :<br />

Le chœur des janissaires est tout ce que l’on peut attendre d’un chœur de janissaires : bref et joyeux, et<br />

parfaitement conçu pour plaire <strong>au</strong>x Viennois.


Ce numéro a une fonction de musique de scène, dont le but est d’accompagner l’évolution du chœur.<br />

C’est une musique à danser. A la gloire de Selim, ce chœur mixte à 2/4 en écriture homophonique comme<br />

il se doit révèle la source <strong>au</strong>thentique de la mode alla turca qui règne à Vienne : il sonne carrément alla<br />

ungarese : anacrouse de l’introduction instrumentale, accent sur le 2 ème temps fa traité en degré mobile, soit<br />

naturel, soit diésé ; l’ornementation, la juxtaposition de La mineur et de Do majeur sans transition,


frénésie des dessins ornement<strong>au</strong>x, couleur modale dans l’épisode central des quatre solistes, ostinato<br />

rythmique. C’est déjà la couleur d’Harry Janos !<br />

La Formation Mozart et la formation "musique"<br />

turque"<br />

Cela sonne ! L’épisode chanté par les quatre solistes du chœur interrompt ce joyeux tintamarre ; il traite en<br />

jeu d’imitation un motif en La mineur dont la couleur modale ainsi que le rythme évoque certaines<br />

musiques populaires slaves (Plaine, ma plaine). On pense que Mozart a pu avoir connaissance des musiques<br />

slaves par l’intermédiaire de l’ambassadeur de Russie à Vienne.


ACTE II<br />

2 ème scène : Blonde a réussi à expulser Osmin en le menaçant de lui griffer les yeux. Restent en scène les deux<br />

prisonnières.<br />

N°10 – 11 : Récitatif et Aria<br />

Ici, point de référence populaire ni de structure simple: Mozart transcende le style seria qu’il justifie par la<br />

grandeur tragique de ce moment.<br />

Ces deux numéros constituent en réalité une seule unité dramatique et musicale interrompue par le<br />

dialogue entre Blonde et Konstanze puis, entre les deux airs, par l’arrivée du Pacha et son affrontement<br />

orageux avec la prisonnière. Mozart traite librement le plan de la grande Aria italienne : récitatif,<br />

l’introduction de l’air, cantabile ou Adagio, ou Andante ou primo tempo, appelé parfois cavatine ; un tempo<br />

di mezzo, partie intermédiaire souvent caractérisée par une péripétie qui justifie le passage de la première<br />

partie à la seconde partie de l’air de caractère lyrique et de tempo modéré, à la cabalette de style brillant en<br />

tempo rapide. Le dialogue entre Blonde et Konstanze, l’affrontement violent entre Constance et Selim<br />

font office de tempo di mezzo.<br />

Ce plan, courant déjà <strong>au</strong> temps de Mozart, sera généralisé par Rossini et Verdi, qui l’adoptera pour ses<br />

premiers opéras.<br />

Récitatif : Adagio. 4/4. (Cordes)<br />

Quel trouble règne dans mon âme<br />

Depuis le jour où le destin nous a séparés !<br />

L’harmonie développée par l’introduction des cordes dévoile avant l’entrée de Konstanze ce trouble : pas<br />

d’armure comme cela sera pratiqué par la Deuxième Ecole de Vienne : tonalités fluctuant entre Mib<br />

majeur, Do mineur, Lab majeur, emprunt à Fa mineur, sans compter les dissonances provoquées par les<br />

appoggiatures, motifs de tierces plaintives dérivés d’un prélude de J.S. Bach que Mozart a dû<br />

particulièrement aimer, puis qui sera repris dans la Flûte Enchantée. Tout cela est porté par le dessin des<br />

basses en croches régulières. Cette introduction révèle le trouble, la douleur, la fermeté de cette première<br />

grande héroïne Mozartienne.


Elle s’exprime en élans impulsifs, d’abord soutenus par les accords des cordes puis ponctuée par les motifs<br />

de tierces descendantes présentés dans l’introduction instrumentale, cadences se brisant sur des accords de<br />

7 ème diminuée, une instabilité tonale surprenante pour 1781. Tout est douleur. Une cadence en ré majeur<br />

annonce qui ouvre sur la tonalité tragique de l’Aria : Sol mineur.<br />

Aria : Sol mineur. Andante con moto. 2/4. (Flûtes, h<strong>au</strong>tbois, clarinettes, cors de basset, bassons, Cors,<br />

cordes).<br />

La tristesse est désormais ma destinée / puisqu’à toi (Belmonte) on m’a arrachée.<br />

Les bois que l’on n’a pas entendus pendant le récitatif présentent le motif de la première invocation à la<br />

tristesse, Tr<strong>au</strong>rigkeit (Tristesse). Cette Aria assure une continuité surprenante avec le récitatif : elle amplifie<br />

son écriture mélodique par de courtes vocalises, dialogue avec l’orchestre et se déroule suivant une coupe<br />

strophique malgré la reprise de la première partie : A B A B C + Coda.<br />

A : La tristesse est désormais ma destinée.<br />

B : Même à la brise je ne puis confier/L’Amer chagrine mon âme.


Effectivement, dans la reprise des deux premières strophes, c’est la volonté de Mozart de dévoiler une<br />

Konstanze bloquée dans sa tristesse et l’amer chagrin de son âme (Meiner seele bitter Schmerz).<br />

L’écriture mélodique est syllabique, les phrases courtes limitées à des ambitus quarte, oscillant en secondes<br />

mineures, ramassée en broderies interrompues de silences, syncopes, parfois se déployant en arpèges.<br />

Le vocabulaire de l’émoi impulsif, toute continuité évitée.


La quatrième section garde le texte de la partie B mais en enserrant les trois derniers vers dans un tissage<br />

musical complètement différent.<br />

Car son souffle refusant cette charge / Renvoie à mon p<strong>au</strong>vre cœur chacun de ses soupirs.<br />

L’avant dernier est pris dans des mélismes répétitifs, traités en contrepoint par les cordes, reflets de l’état<br />

obsessionnel de Konstanze. Ils réapparaîtront dans les Noces de Figaro pour évoquer le désarroi de<br />

Barberine.<br />

Quant <strong>au</strong> dernier, ses soupirs sont figurés par des broderies de seconde mineure discrètement ponctuées par<br />

les accords des cordes. Les élans de s<strong>au</strong>ts d’octaves conduisent à l’unique vocalise de cette aria, arpège<br />

brodé qui développe les sanglots de seconde mineure. Les cordes doublent la syncope du chant qui sera<br />

l’élément principal de la péroraison, entouré des tierces et sixtes, symboles de tendresse.


Puisque Mozart l’a titré Aria, on ne peut le contredire, l’usage d’une coupe strophique justifie cette<br />

appellation, mais une aria qui, librement écrite, dans le style de l’arioso suivant, à la syllabe près l’état<br />

intérieur de Konstanze. Tout est dans le texte musical, écho de ses états d’âme, le texte du livret, ici, étant<br />

un concentré de platitudes.<br />

Suivent deux intermèdes parlés. Mozart ici emprunte à la forme de l’Opéra-Comique français l’inclusion<br />

d’intermèdes parlés qui ont pour avantage une meilleure compréhension de l’intrigue.<br />

1 er<br />

er Intermède parlé ou la leçon de vie de Blonde : Ecoutez-moi : je ne passe pas ma vie à me désespérer,<br />

même si les choses vont fort mal. Car c’est à force d’imaginer le pire que le pire finit par vous arriver. Courage !<br />

Nous reverrons certainement notre patrie. (Elle sort)<br />

Cet intermède clôt la deuxième scène de l’acte II.<br />

Scène<br />

III, Intermède parlé : Entre Sélim. Konstanze voudrait l’éviter. Il la retient et la met en demeure<br />

de l’aimer. Elle refuse. Il la menace alors de la faire mourir dans les pires supplices.<br />

Marten aller Arten /Mögen meiner warten. (Toutes sortes de supplices / peuvent m’attendre.)<br />

Prête à subir tous les supplices pour rester fidèle à Belmonte, Konstanze dévoile une <strong>au</strong>tre nature, celle<br />

d’une héroïne tragique.<br />

Dans cet air d’une envergure exceptionnelle, ignorée jusqu’<strong>au</strong> 16 juillet 1782, écrit pour une soprano<br />

dotée de moyens exceptionnels, la Cavalieri créatrice du rôle, Konstanze revendique avec véhémence sa<br />

liberté d’aimer, affirme que jamais elle ne se soumettra dans un cri d’une révolte irrépressible.<br />

Do majeur. Allegro. Mesure C (4/4)<br />

Cette Aria est l’une des plus belles écrites par Mozart et c’est la première !<br />

Introduction instrumentale : Mozart adopte pour cette introduction la forme du concerto grosso, l’une<br />

des grandes innovations de l’Italie baroque dans laquelle un ensemble de solistes, le concertino, dialogue<br />

avec un ensemble plus important, le concerto grosso. Les clarinettes, bassons, cors, clarins (trompettes en<br />

ré), deux timbales en do et sol et le quintette à cordes constituent le concerto grosso, et une flûte, un<br />

h<strong>au</strong>tbois, un violon et un violoncelle, le concertino.


Chacun de ces solistes a son motif propre. Ils s’enchaînent les uns <strong>au</strong>x <strong>au</strong>tres dans la complicité, la fluidité<br />

et l’élégance, et se regroupent en quatuor pour dialoguer avec les cordes. Pour chacun Mozart a réservé une<br />

séquence de virtuosité en prélude <strong>au</strong>x coloratures qui attendent Konstanze. Les valeurs rythmiques<br />

englobent des durées allant de la ronde liée sur deux mesures, à la triple croche, et leur organisation, une<br />

grande variété de formules : des croches régulières <strong>au</strong>x fusées de triples croches, syncopes, une grande<br />

variété également des modes d’attaque : legato, staccato, fp ainsi que des dynamiques (nuances). En<br />

opposant Tutti et solistes, la forme du Concerto grosso contient en elle-même des possibilités de<br />

dramatisation. Tout est réuni pour annoncer la performance vocale de Konstanze.


Cette cabaletta gigantesque, car c’en est une, est, d’après les sopranos qui la travaille, plus redoutable que<br />

l’air de la Reine de la Nuit.<br />

C’est un air de bravoure à l’italienne, écrit pour une voix d’exception, celle de Katharina Cavalieri : J’ai un<br />

peu sacrifié <strong>au</strong> gosier de la Cavalieri avoue Mozart à propos du premier aria de Konstanze, l’aria n°6. Ici,<br />

dans cet air n° 11, il en dépasse l’écriture.<br />

Faire briller une soprano n’est pas le seul objectif de cette virtuosité d’écriture: <strong>au</strong> cours du monologue de<br />

l’andante con moto, Mozart épouse la douleur, le désespoir de Konstanze qui se confie à Blonde.<br />

Maintenant, elle s’adresse à Selim, répond à ses menaces par un tsunami de vocalises, de coloratures venues<br />

de l’opéra seria.<br />

En 1781, c’est à Vienne, l’époque du classicisme viennois, que même la fureur doit être cadrée.<br />

Deux grandes strophes elles-mêmes scindées en deux parties : c’est la structure amplifiée de l’aria<br />

précédent.<br />

Chaque phrase du livret de Léopold Stéphanie le jeune a trouvé en Mozart des résonances sans cesse<br />

diversifiées. Chacune des répétitions incitent le compositeur à sonder le cœur de Konstanze avec quelle<br />

intelligence, avec quel génie ! à la demande du public viennois, fan de vocalises.<br />

A : Allegro<br />

a) Matern aller Arten/Toutes sortes de supplices peuvent bien m’attendre. Cette section s’inscrit dans la<br />

continuité de l’introduction symphonique. L’écriture vocale syllabique reprend les élans de sixte, intervalle<br />

de prédilection de Mozart, ici métaphore de l’attitude héroïque de Konstanze.


) Ich verlache/Je me ris des tortures et des souffrances : première vocalise, le rire provocateur de Konstanze.<br />

c) Nichts, nichts, soll micht er schütternnur dann würd in zittern / Rien ne s<strong>au</strong>rait m’ébranler. S’il m’arrivait<br />

d’être infidèle, alors seulement le tremblerais : il f<strong>au</strong>t tout de même que Selim comprenne ! donc écriture<br />

syllabique déployée sur les intervalles ascendants de quarte, quinte.


d) Wenn ich untreu könnte sein/alors seulement je tremblerais. Le syllabisme résiste ! mais le mot untreu<br />

(infidèle) est surligné d’une chute de quinte diminuée tout d’abord, puis d’une sixte majeure : la honte !<br />

e) Reprenant la phrase précédente, dans une écriture discrète, la voix complète les évolutions en gammes<br />

ascendantes des quatre solistes, reflet de l’exaltation croissante de Konstanze, jouées en relais<br />

successivement par le violon, le violoncelle, le h<strong>au</strong>tbois, la flûte ; puis la voix s’immobilise sur un point<br />

d’orgue atteint, écriture absolument incroyable pour l’époque, par un s<strong>au</strong>t ascendant de 9 ème mineure.<br />

Encore une fois, Mozart annonce la 2 ème Ecole de Vienne par ce coup d’épée vocal.


f) Lass dich bewegen, vershone mich / Laisse-toi fléchir ! Après une courte intervention des solistes regroupés<br />

en quatuor, la voix est de nouve<strong>au</strong> en écriture syllabique animée de courts syllabismes.<br />

g) Des Himmels Segenbelohne dich / La clémence du ciel te récompensera : Interpellation du divin. Cette<br />

phrase est elle-même divisée en périodes syllabiques et vocaliques.<br />

1) Syllabique (une note par syllabe)


2) Vocalique (plusieurs notes par syllabe) : Et quelles vocalises, vertigineuses, elles atteignent le contre<br />

ut, puis le contre ré, et enchaînent traits de doubles croches, staccato et tenues en legato.<br />

3) Nouvelle période syllabique : Sentant son impuissance à fléchir Selim après un immense élan de<br />

10 ème mineure, c’est Konstanze qui déprime ! La voix parcourt une gamme descendante étalée sur un<br />

ambitus de 11 ème du mi aigu <strong>au</strong> si grave écrite en durées de plus en plus lentes. Alors que fusent des<br />

solistes du concertino des gammes montant de plus en plus h<strong>au</strong>t, la flûte atteignant le suraigu, les<br />

gammes semblent réanimer l’énergie du personnage.<br />

4) Intervention efficace : la vigueur de Konstanze renaît de plus belle ! Une nouvelle période<br />

vocalique est encouragée par le premier intermède important de l’orchestre, marqué par les traits<br />

virtuoses des violons.<br />

5) Syllabique : Traitée en écriture concertante, dialoguant avec le concertino qui intervient entre<br />

chacune des phrases chantées.


B) Allegro assai<br />

Doch du bist entschlossen / Mais ta décision est prise, De mon plein gré, avec ardeur / je choisis la peine et le<br />

malheur.<br />

Changement de tempo. Chaque phrase est en écriture syllabique soutenue par l’écriture symphonique<br />

frénétique des grands drames : tutti, accents fp, syncopes, trémolos, accords sf ponctuant les mots Lärme,<br />

tobe, wüte (gronde, tempête, déchaîne-toi) d’accords massifs attaqués sf, grondement des basses en triolets de<br />

doubles croches : le vocabulaire des tempêtes de l’opéra baroque est là ! Les résonances de la langue<br />

allemande trouvent leur équivalent dans celles de l’orchestre.<br />

Ordne nur, gebiete, Lärme, tobe, wüte! Zuletz befreit mich doch der Tod / Allons, commande, exige / gronde,<br />

tempête, déchaîne-toi ! / La mort, à la fin, me délivrera. (Elle sort.) : Les deux derniers retours de cette phrase<br />

ultime reprennent le vocabulaire de la résignation : nuance piano, ligne mélodique descendante,<br />

chromatique par instant.


Retour du tempo primo (l’allegro initial) et du texte Lass dich bewegen / Laisse-toi fléchir dans un<br />

traitement musical qui développe une écriture plus concertante que dans la première section, <strong>au</strong> sein de<br />

laquelle la voix joue le rôle d’un cinquième soliste sur un accompagnement frémissant de doubles croches.<br />

La longue tenue de la voix sur le contre ut est suivie d’une formule cadentielle avec trille. Voilà pour cette<br />

reprise du texte : même texte littéraire, écriture musicale différente, plus travaillée.<br />

Reprise <strong>au</strong>ssi de l’allegro legro assai : Même texte et même écriture musicale du précédent allegro assai,<br />

incluant cependant quelques modifications concernant les intervalles ainsi que l’inclusion des<br />

chromatismes. Seulement voilà, notre belle Konstanze va carrément mitrailler Selim de 16 mesures de<br />

vocalises époustouflantes prises dans un tempo accéléré, qui se brisent sur une cadence rompue avant<br />

l’affirmation des deux derniers mots der Tod / la mort. Deux accalmies sur les mots mich doch der Tod.<br />

Quant <strong>au</strong>x vocalises, elles honorent bien sûr l’idée de liberté : Zuletzt befreiet mich doch der Tod / la<br />

mort me délivrera ! (cœur du livret de l’Enlèvement <strong>au</strong> Sérail).<br />

Trop be<strong>au</strong> pour nos oreilles et bien trop de notes, mon cher Mozart <strong>au</strong>rait dit Joseph II à la sortie de la<br />

générale ou de la première de L’Enlèvement, à quoi le musicien <strong>au</strong>rait répondu : juste <strong>au</strong>tant qu’il est<br />

nécessaire, Sire ! Cet air est le fleuron de ce premier grand Singspiel, premier opéra allemand, tant par sa<br />

justification dramatique que par la science de son écriture, le brio qu’il offre à Konstanze.<br />

N°16. Quatuor (Konstanze, Belmonte, Blonde, Pedrillo)<br />

(Flûtes, h<strong>au</strong>tbois, basson, cors, cordes)<br />

Trois étapes pour traiter la guerre d’amour : Un accès de jalousie masculine basée sur des soupçons sans<br />

justification, explications, réconciliations, une mini intrigue d’opéra ! Comme dans les comédies de<br />

Molière, il y a deux couples : celui des maîtres, celui des serviteurs. Mais <strong>au</strong> théâtre les couples se disputent<br />

séparément et successivement. Dans le théâtre chanté, maîtres et serviteurs peuvent dialoguer<br />

simultanément, ce que Victor Hugo enviera à l’opéra. Cela pourrait aboutir à une belle confusion ! Grâce à<br />

la différence des timbres de voix et à la différence des style d’écriture, seria pour Konstanze et Belmonte,<br />

buffo pour Blonde et Pedrillo, chaque personnage se détache nettement de l’ensemble.<br />

Ce quatuor évolue en six périodes :<br />

1. Allegro<br />

Ah Belmonte, toi ma vie ! Tout est joie : la tonalité Ré majeur, la mesure à 4/4, l’écriture rythmique, les<br />

bonds de syncopes. Après une courte introduction orchestrale, Konstanze et Belmonte échangent leur joie<br />

dans de courts élans voc<strong>au</strong>x, mélismatiques, puis leurs voix se réunissent, se doublant à la tierce, l’intervalle<br />

figurant l’amour dans le vocabulaire métaphorique du madrigal italien.


Suivent les retrouvailles de Blonde et de Pedrillo dans une toute <strong>au</strong>tre écriture : courtes phrases syllabiques,<br />

impulsives. N’ayant pas été séparés, leur joie n’a pas la même ampleur.


Les quatre voix se rejoignent pour chanter leur bonheur commun en écriture homophonique (les mêmes<br />

syllabes sont chantées en même temps) : Enfin le soleil de l’espoir / Brille clair <strong>au</strong> sombre firmament ! / Plein<br />

d’allégresse, de joie et de plaisir / Nous voyons la fin de nos tourments. Sur le mot ‘End’ (fin), changement de<br />

tonalité, de tempo et de mesure.


2. Andante. Sol mineur. 3/8<br />

Hélas malgré toute cette ivresse / Mon cœur éprouve encore / Mainte secrète tristesse (Belmonte). Haletant<br />

Belmonte exprime avec discrétion la raison de son tourment sans même oser finir sa phrase On dit…on dit<br />

que tu serais…


Suit le dialogue Pedrillo/Blonde. Pedrillo demande si elle v<strong>au</strong>t bien la peine qu’on le pende, nommant, lui,<br />

l’objet de ses soupçons, Herr Osmin, qu’il dote d’un monsieur. Il la harcèle carrément en phrases très<br />

courtes. A ces interrogatoires les deux femmes répondent calmement usant d’une même écriture faite de<br />

courts dessins mélodiques, Konstanze avec retenue alors que Blonde envoie promener son Pedrillo.<br />

Deuxième période, Allegro assai<br />

Les questions deviennent précises : Réaction de Konstanze : elle pleure. Réaction de Blonde : Elle envoie<br />

une gifle à Pedrillo.<br />

Les voix de nouve<strong>au</strong> se réunissent en quatuor, les deux couples faisant face à une situation commune.<br />

Néanmoins Mozart les organise comme pour un match de double, s’entrecroisant tout en gardant leur<br />

style propre, se bousculant, se relançant, se stimulant. L’intervention de Konstanze : Willst du dich nicht<br />

erklâren / Vas-tu enfin t’expliquer, en récitatif, introduit l’interrogatoire de Blonde par Pedrillo qui le<br />

déroule dans un Andante à 4/4.


3. Allegro assai. 4/4<br />

C’est maintenant la phrase de Blonde, ‘Da nimm die Antwort dr<strong>au</strong>f / Voilà ma réponse (Blonde donne une<br />

gifle à Pedrillo), qui sert de transition. Les deux femmes se plaignent l’une à l’<strong>au</strong>tre de l’injure subie. Sib<br />

mineur. Les voix évoluent en valeurs régulières sur de courts dessins mélodiques en mouvement conjoint<br />

ascendant puis en arpège, doublées par l’orchestre, les soutenants dans leur indignation. Point d’orgue,<br />

point d’arrêt, elles et l’orchestre sont pétrifiées d’indignation !<br />

Enfin, les deux hommes reprennent les motifs chantés par leurs fidèles mais en majeur : ils sont rassurés<br />

quant à leur comportement ! Mais l’orchestre a une toute <strong>au</strong>tre attitude, il se fait discret. Mozart leur a<br />

réservé un motif d’ostinato de notes répétées, griffées sur le premier temps d’un groupe appoggiature. Tout<br />

cela aboutit à un point d’arrêt, silence de stupéfaction, et voilà le quatuor réuni dans un Adagio en écriture<br />

verticale mais non homophonique, les quatre personnages chantant un texte différent correspondant à leur<br />

situation du moment. Les tonalités Ré min et La mineur s’ouvrent sur La majeur, tonalité de la quatrième<br />

section.


4. Andantino. 6/8<br />

C’est une sicilienne. Dépaysement total. Après le climat de la dispute précédente, les quatre personnages<br />

sont de nouve<strong>au</strong> réunis, moralisant, Blonde et Konstanze sur le comportement des hommes, Pedrillo et<br />

Belmonte sur celui des femmes, doublés par les cordes. Le rythme berceur de la sicilienne, évocation d’un<br />

monde idéal, apaise les tensions précédentes. Nouve<strong>au</strong> point d’arrêt, nouvelle suspension.<br />

5. Allegretto. La Majeur. 2/2<br />

Après le recueillement de l’Andantino et ses sages maximes, retour des tensions de l’intrigue.<br />

Les hommes réclament leur pardon. Konstanze et Belmonte. Blonde, non. Alors que les parties des trois<br />

<strong>au</strong>tres personnages restent en 2/2, Blonde chante en 12/8, ce qui a pour résultat une rafale de croches<br />

chantées dans un train d’enfer !<br />

Finalement, Blonde rejoint la commun<strong>au</strong>té du 2/2. Finalement les deux filles pardonnent en adoptant<br />

l’écriture d’un canon (celle de Frère Jacques). Nouve<strong>au</strong> silence, nouve<strong>au</strong> suspense.


6. Allegro. 2/2<br />

Retour à la tonalité de la joie : Ré majeur, tonalité de tous les Gloria. Cette sixième partie débute par un<br />

canon dont le motif est présenté par Konstanze. Puis les quatre voix se réunissent en écriture de style<br />

choral. Nouve<strong>au</strong> canon suivi d’un choral qui termine l’acte dans une <strong>au</strong>ra de joie fervente.<br />

C’est à la demande de Mozart que cet épisode, théâtre dans le théâtre, a été écrit et avec un texte d’une<br />

banalité affligeante. En réalité cet intermède fait prendre conscience qu’il existe par-delà les péripéties de<br />

L’Enlèvement, une action intérieure. Selon Hermann Abert ce grandioso siciliano célèbre la pensée centrale de<br />

tout ‘ L’Enlèvement’. En effet, ce n’est pas du Pacha ni d’Osmin que vient le danger principal qui menace les<br />

amoureux, mais de leur propre être intime, danger des mouvements mesquins de la jalousie. Ces mesquineries<br />

doivent être d’abord dominées ; alors seulement les amoureux seront mûrs et aguerris, et pourront affronter les<br />

ennemis et les dangers extérieurs. C’est pour cela que la clémence de Sélim est à double face, masquant une<br />

réelle cru<strong>au</strong>té. C’est la thèse soutenue par Nicole Martin-M<strong>au</strong>rer. Ayant été éconduit par Aloysia Weber, la<br />

sœur de Constance Weber, celle qui sera son épouse, Mozart connaissait bien les tortures de l’âme !


Un rôle parlé donc musicalement muet : SELIM le pacha n’a pas droit <strong>au</strong> chant !<br />

Ce rôle était d’abord destiné <strong>au</strong> ténor Joseph Walter, mais celui-ci quitta la troupe du Burgtheater en 1782.<br />

Le rôle fut ensuite confié à un acteur, J<strong>au</strong>tz, revenant <strong>au</strong> texte repris par Leopold Stephanie pour écrire le<br />

livret de L’Enlèvement <strong>au</strong> Sérail, du Bellmont und Konstanze de Bretzner.<br />

Plusieurs hypothèses : le refus de Stephanie de versifier le texte de Bretzner. Le manque de temps pour<br />

Mozart d’écrire un nouvel air ce qui semble peu probable. La troisième, avancée par Brigitte et Jean<br />

Massin : l’argument de l’Enlèvement véhicule la haine de toute servitude, la passion de la liberté. Mozart,<br />

violemment ébranlé par sa rupture avec l’archevêque de Salzbourg, Colloredo, le coup de pied du comte<br />

Arco n’a pas eu de notes pour la clémence de Sélim, despote éclairé certes mais despote et gardien<br />

d’esclaves tout de même ! Neuf ans plus tard, Mozart compose son dernier opéra sur un livret de Mazzolà<br />

adapté de Métastase, La Clémence de Titus (6 septembre 1791) et Titus chante ici son pardon !<br />

« Je crois voir en cette œuvre ce que sont pour chaque homme ses joyeuses années de jeunesse, dont<br />

il ne peut jamais retrouver telle quelle la floraison : quand plus tard on extirpe les déf<strong>au</strong>ts, il y a<br />

<strong>au</strong>ssi des charmes irrécupérables qui se perdent. Oui, je ne crains pas d’exprimer<br />

d<br />

ma conviction :<br />

dans L’Enlèvement, , l’expérience de l’art a atteint sa pleine maturité et c’est seulement l’expérience<br />

de la vie qui plus tard a progressé. Des opéras comme Figaro ou Don Giovanni, le monde était en<br />

droit d’en attendre plusieurs <strong>au</strong>tres de lui. Mais avec la meilleure volonté il ne pouvait plus réécrire<br />

un ‘Enlèvement’ »<br />

(Carl<br />

Carl-Maria von Weber, cité par Alain Du<strong>au</strong>lt).<br />

Le plus grand succès de Mozart. L’opéra le plus joué en Europe de son vivant (sans qu’il ait reçu un<br />

u<br />

seul sou, les droits d’<strong>au</strong>teur n’existant pas).<br />

Glossaire à l’usage des spectateurs de L’enlèvement <strong>au</strong> Sérail<br />

Sérail : Le terme de « sérail » désigne la résidence et le palais du Sultan, sa cour et l’ensemble de ses<br />

serviteurs.<br />

Sérail de Topkapi, Istanbul<br />

Tous droits réservés, diffusion gratuite à l’usage pédagogique<br />

Les janissaires : Littéralement « nouvelle milice », ils formaient une secte militaire très puissante composée<br />

d’esclaves et constituaient l’élite de l’infanterie de l’armée ottomane à l’apogée de l’Empire ottoman. Les<br />

Turcs, originaires des steppes asiatiques, étaient d’excellents cavaliers, mais de m<strong>au</strong>vais fantassins. A partir<br />

du XIVème, ils mettent sur pied une armée composée essentiellement d’européens en enlevant chaque<br />

année entre 2000 et 12000 enfants chrétiens âgés de 10 à 15 ans dans les pays conquis. Ces enfants étaient<br />

acheminés à Istanbul où ils recevaient une formation qui les transformait en Turcs, musulmans et experts


de la guerre. Leur statut d’esclaves n’avait rien de dégradant car ils constituaient une élite respectée et<br />

redoutée de tous. Certains d’entre eux accédèrent <strong>au</strong>x plus h<strong>au</strong>tes charges de l’état : entre 1453 et 1623,<br />

tous les vizirs (s<strong>au</strong>f cinq) étaient des janissaires.<br />

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Les fanfares des Janissaires : Les armées européennes s’inspirèrent des innovations des armées ottomanes :<br />

l’usage des tranchées pour approcher des places fortes assiégées, l’hygiène de leurs camps militaires et leur<br />

musique : les armées ottomanes furent les premières en Europe à se doter de fanfares composées d’un nombre<br />

variable d’ensembles. Un ensemble était constitué d’un tambour, de timbales, d’une clarinette, d’une<br />

trompette et de cymbales. Et de cette musique des janissaires adoptée par les armées européennes que<br />

toutes les compositions alla turca prendront leur couleur exotique, la plus connue étant le dernier<br />

mouvement de la sonate en la M n° 11 K 331 Rondo alla turca ou Marche Turque. Cette musique des<br />

janissaires étaient encore bien vivante en Hongrie. Pour aller de Vienne en Hongrie, il n’y a qu’à traverser<br />

le Danube !<br />

La Musique alla turca, en 1782 était à la mode dans de nombreuses villes d’Europe, fortement adaptée <strong>au</strong><br />

goût Européen et utilisée pour tout ce qui était oriental, chinois ou barbare.<br />

Ce sont les percussions qui forment le cœur de la musique turque : tambour turc (grosse caisse), petites<br />

cymbales et triangle. Quant <strong>au</strong>x instruments que l’on secoue, on a, en dehors du tambourin, le chape<strong>au</strong><br />

chinois, en fait une perche surmontée d’un croissant de lune en cuivre, suspendu par des prèles que l’on<br />

monte et descend sur mesure. Dès la fin de la moitié du 18 ème siècle, presque tous les orchestres des armées<br />

européennes ont leurs « instruments turcs » (seules les puissances coloniales de la France et de l’Angleterre<br />

préfèrent avoir des musiciens noirs « exotiques » en uniformes de fantaisie). Les marches turques<br />

ues<br />

figuraient partout <strong>au</strong> répertoire. A partir de là, les théâtres où étaient représentés des « opéras turcs »<br />

durent se procurer les instruments nécessaires dans la mesure où ceux-ci n’étaient pas déjà présents ici ou là<br />

dans l’orchestre. Il arrivait que l’on utilise <strong>au</strong>ssi des instruments origin<strong>au</strong>x, butin des vainqueurs sur les<br />

Turcs. La musique savante s’en saisit pour trouver des couleurs sonores nouvelles et de nouvelles<br />

formations rythmiques. En dehors de l’opéra, d’<strong>au</strong>tres genres profitèrent de cet apport : la symphonie<br />

(Symphonie Militaire de Haydn, 1794), la musique domestique (le défilé des Janissaires en transcription<br />

pour le piano) et même la musique d’église (registre des Janissaires à l’orgue).<br />

Cet engouement repose manifestement sur un mélange d’attirance et d’affinité pour l’étranger, l’exotisme,<br />

de surprise et d’admiration mais <strong>au</strong>ssi de crainte secrète et de peur. On y surprend un intérêt<br />

ethnologique naissant. Léopold Mozart décrit très à propos en 1777 l’effet d’une telle « musique turque »


de Johann Michael Haydn à Salzbourg sur les <strong>au</strong>diteurs : « Les intermèdes music<strong>au</strong>x de Haydn pour la pièce<br />

de Voltaire Zaïre, sont vraiment be<strong>au</strong>x, à la fin d’un acte, il y eut un arioso avec variations pour violoncelle,<br />

flûtes, h<strong>au</strong>tbois, etc. : et sans prévenir, puisque précédée d’une variation piano, retentit une variation de musique<br />

turque, si inattendue que toutes les femmes furent prises de frayeur et que des rires fusèrent dans le public. »<br />

Pour les musiciens, Vienne, par sa proximité à la Hongrie, longtemps sous l’occupation turque, offrait de<br />

bonnes possibilités de connaître la « musique turque » : les pratiques et usages de cette musique mais <strong>au</strong>ssi<br />

et bien sûr les instruments.<br />

Pacha ou bassa est un titre de h<strong>au</strong>t rang accordé <strong>au</strong>x gouverneurs de provinces et <strong>au</strong>x génér<strong>au</strong>x. Dans<br />

l’Empire ottoman, le terme « Pacha » avait en outre une valeur honorifique, équivalent de<br />

« Monseigneur », « Sir » ou « Voïvode ».<br />

Pacha ottaman<br />

Tous droits réservés, diffusion gratuite à l’usage pédagogique<br />

Clémence : La clémence est cette vertu qui porte à épargner <strong>au</strong>x coupables le châtiment qu’ils ont mérité.<br />

Selon Nicole Quentin-M<strong>au</strong>rer, il serait impossible à Sélim de pardonner : Belmonte, rival heureux de<br />

Sélim, fils unique de son ennemi juré, Sélim doit dominer à la fois son amour pour Konstanze et son désir<br />

de vengeance. Il choisit la clémence, ce serait là une vengeance suprême que de rendre <strong>au</strong>x amants la<br />

liberté. Peut-être qu’<strong>au</strong> siècle de Mariv<strong>au</strong>x et du mariv<strong>au</strong>dage, il ne serait pas interdit de voir dans cette<br />

morale de la cru<strong>au</strong>té le dépassement de la passion et de la mort.<br />

Cette vengeance trouvée dans le pardon, ce sera celle que propose Alonso <strong>au</strong>x fiancés de Cosi fan tutte,<br />

comme c’est celle de la comtesse à la fin des Noces. C’est toujours cette solution ‘coup de théâtre’ choisie<br />

par Mozart exception faite pour Don Giovanni et la Flûte qui sont des mythes.<br />

Geneviève Deleuze


Sources bibliographiques :<br />

Partition chant-piano, éditions Bärenreiter<br />

Conducteur : éditions Bärenreiter.<br />

Mozart, Brigitte et Jean Massin, éd. Fayard<br />

Correspondance de Mozart. Geneviève Gefrey. Editions Flammarion.<br />

Les Influences étrangères dans l’œuvre de Mozart. Editions du C.N.R.S. (1958)<br />

Vienne, histoire musicale de 1100 à1848. Henry-Louis de La Grange. Editions Bernard Coutaz.<br />

L’enlèvement <strong>au</strong> sérail, Avant-scène Opéra.<br />

Jean-Marc Nattier, Mademoiselle de Clermont en sultane (1733), The Wallace Collection (Londres)<br />

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Quelques éléments de mise en scène<br />

Maquette de décor :<br />

Tous droits réservés, diffusion gratuite à l’usage pédagogique<br />

Costumes de Konstanze :


Costume de Belmonte :<br />

Tous droits réservés, diffusion gratuite à l’usage pédagogique


Pour aller plus loin<br />

A écouter :<br />

L’enlèvement <strong>au</strong> sérail, W.A. Mozart, dirigé par Nikol<strong>au</strong>s Harnoncourt. Avec Kenny, Watson, Scheier,<br />

Gamlich, Salminen et Reichmann, Chœur et orchestre Mozart de l’Opéra de Zurich, 1984 - Teldec, 3 CD<br />

L’enlèvement <strong>au</strong> sérail, W.A. Mozart, dirigé par Joseph Krips. Avec Rothenberger, Popp, Gedda, Unger,<br />

Frick et Rudolf, Chœur de l’Opéra et <strong>Orchestre</strong> philarmonique de Vienne, 1966 – EMI, 2 CD<br />

L’enlèvement <strong>au</strong> sérail, W.A. Mozart, dirigé par Sir Thomas Beecham. Avec Marshall, Hollweg, Simone<strong>au</strong>,<br />

Unger, Frick et L<strong>au</strong>benthal, Société chorale Beecham, <strong>Orchestre</strong> Royal Philharmonic, 1956 – EMI, 2 CD<br />

L’enlèvement <strong>au</strong> sérail, W.A. Mozart, dirigé par Yehudi Menuhin. Avec Dobbs, Eddy, Gedda, Fryatt,<br />

Mangin et Kelsey, Ambrosian Singers, <strong>Orchestre</strong> du festival de Bath, 1966. Version en anglais<br />

A voir :<br />

L’enlèvement <strong>au</strong> sérail, W.A. Mozart, mise en scène de Peter Wood. Avec Valerie Masterson, Ryland<br />

Davies, Lilian Watson, Williard White, James Hoback et Joachim Bissmeier, <strong>Orchestre</strong> philarmonique de<br />

Londres, Festival de Glyndebourne, 1980<br />

Amadeus, film réalisé par Milos Forman, avec Tom Hulce, F. Murray Abraham et Elisabeth Berridge,<br />

1984, repris en 2002<br />

Wolfgang Amadeus Mozart, divertissement, solitude et transformation, La leçon de musique de Jean-François<br />

Zygel, réalisé par Stéphan Aubé, 2006<br />

A lire :<br />

Guide des opéras de Mozart, Claire Gib<strong>au</strong>lt, dirigé par Brigitte Massin, éd. Fayard, 1991, Paris<br />

Correspondance de Mozart. Geneviève Gefrey. Editions Flammarion.<br />

Les Influences étrangères dans l’œuvre de Mozart. Editions du C.N.R.S. (1958)


Biographies des artistes<br />

Balázs Kocsár, direction musicale<br />

Balázs Kocsár est né en 1963, à Budapest. C’est dans sa ville natale qu’il étudie consécutivement la<br />

composition <strong>au</strong> Conservatoire Béla Bartók puis la direction de chœur <strong>au</strong> sein du Lycée Franz Liszt. Il<br />

prend part à des cours de perfectionnement <strong>au</strong>près d’Helmuth Rilling, Péter Eötvös et Jorma Panula et<br />

parachève sa formation de chef d’orchestre à la Musikhochschule de Vienne <strong>au</strong>près de Karl Österreicher.<br />

En 1989, il est L<strong>au</strong>réat du 6 ème concours international de direction d’orchestre de la télévision hongroise ;<br />

en 1995, il gagne le Concours Ferrara organisé par l’Opéra de Rome. Les années suivantes, Balázs Kocsár<br />

sera consécutivement nommé Directeur du Teatro Nazionale de Szeged, chef d’orchestre invité de l’Opéra<br />

de Budapest, Directeur musical du Théâtre de Csokonai de Debrecen, Premier Kapellmeister à l’Opéra de<br />

Francfort et Directeur artistique de l’<strong>Orchestre</strong> Philharmonique, du Chœur Kodaly et du Théâtre<br />

Csokonai de Debrecen. Depuis 2011, il est Directeur musical du Festival du Printemps de Budapest.<br />

C’est à l’opéra de Debrecen qu’il se crée un vaste répertoire : de Hunyadi László/Ferenc Erkel, à Aida en<br />

passant par L’Ange de feu/Prokofiev, Carmen, Háry János/Kodály, Idoménée, Attila, Tosca, La Forza del<br />

destino, Lucia di Lammermoor, Manon, Bánk Bán (opéra du répertoire national hongrois du compositeur<br />

Ferenc Erkel), Rusalka et Turandot. Plus récemment, il y dirige Oedipus Rex, Boris Godunov, Die Tote Stadt<br />

(Korngold), La Bohème et la création mondiale de L’Ultimo giorno di un condannato de Davide Alagna.<br />

A l’Opéra de Budapest, il dirige <strong>au</strong> cours des dernières années : Simon Boccanegra, Turandot, Arabella, La<br />

Traviata, Norma, Don Pasquale (avec Juan Pons), Rigoletto et tout récemment La Wally (janvier 2013).<br />

Durant l’été 2011, il est avec l’Opéra de Budapest, l’invité du célèbre Festival d’Opéra de Savonlinna avec<br />

Le Châte<strong>au</strong> de Barbe-Bleue (Bartók) et Don Carlo (Verdi).<br />

Si les orchestres et maisons d’opéra italiens – tels que l’<strong>Orchestre</strong> du Maggio Musicale, l’<strong>Orchestre</strong> Verdi et<br />

I Pomeriggi Musicali (Milan), l’<strong>Orchestre</strong> Symphonique de Palerme, tout comme l’Opéra de Rome, Les<br />

Arènes de Vérone, Le Théâtre Verdi de Trieste, la Saison lyrique de Lecce (pour La Fanciulla del West) et<br />

l’Opéra de Sassari (Sicile) pour Macbeth – furent les premiers à repérer Balázs Kocsár, les <strong>au</strong>tres pays<br />

suivirent rapidement et sa carrière internationale prit alors son essor. Entretemps, il fut l’invité de l’Opéra<br />

des Flandres pour Le Châte<strong>au</strong> de Barbe-Bleue, Otello et L’Amour des trois Oranges (Prokofiev) et de l’Opéra<br />

Royal de Wallonie pour Don Carlo, se produisit en Suisse à l’Opéra de Bâle où il dirigea la version<br />

française de Don Carlos , <strong>au</strong>x Pays-Bas et surtout en Allemagne, où il fut engagé par l’Opéra de Leipzig<br />

pour La flûte enchantée, The turn of the screw (Britten) et L’Elisir d’amore (Donizetti) ; l’Opéra de<br />

Hambourg pour La Clemenza di Tito, La flûte enchantée, Cosí fan tutte et Madama Butterfly, Rigoletto ;<br />

l’Opéra de Mannheim pour La Traviata ; l’Opéra de Cologne pour Cavalleria rusticana et I Pagliacci (avec<br />

Jose Cura).<br />

Durant la saison 2012-2013, il dirigera notamment Jenufa à l’Opéra d’Avignon et sera l’invité du Festival<br />

de Budapest (concerts), il redirigera Arabella à l’Opéra de Budapest.


Alfredo Arias, mise en scène<br />

Alfredo Arias est né à Buenos Aires où il a fondé le célèbre Groupe TSE.<br />

Alfredo Arias a fait partie dans les années 60 d’un mouvement d'artistes plasticiens <strong>au</strong>tour de l’institut Di<br />

Tella à Buenos Aires participant à des nombreuses expositions, happenings et performances.<br />

Premiers pas : Sa toute première création théâtrale est Dracula, réduction vertigineuse du roman de Bran<br />

Stocker et joué à la manière d'une bande dessinée, suivent Aventuras et Futura écrites et mise en scène par<br />

lui-même, où il aborde le comte d’initiations et l’essai futuriste.<br />

En 1968 il forme le Groupe TSE et part d'Argentine pour présenter ses spectacles à Caracas, New York et<br />

Paris.<br />

Copi : Sa première création à Paris <strong>au</strong> Théâtre de L’épée de Bois est Eva Perón de Copi ; Alfredo Arias<br />

conservera toujours un lien avec l’écriture poétique et unique de son ami, il montera à travers les années La<br />

femme assise, Loretta Strong, Les escaliers du Sacre Cœur, Le frigo et Cachafaz.<br />

Un Théâtre personnel : Alfredo Arias a composé un monde théâtral propre avec une invention et un<br />

imaginaire baroque qui conserve toute la puissance de l’émerveillement de l’enfance, notamment L’histoire<br />

du théâtre, Comédie policière, Luxe, Vingt-quatre heures, Notes et Vierge, L'étoile du nord.<br />

Théâtre des Masques : Découvrant le travail du dessinateur du 19 ème siècle J.J ; Grandville, Alfredo Arias va<br />

ouvrir la porte d'un théâtre du merveilleux où règnent des anim<strong>au</strong>x <strong>au</strong>x corps humains et qui se prolonge<br />

dans un monde fantastique. Peines de cœur d'une chatte anglaise. Peines de cœur d'une chatte française, Les<br />

jeux de l’amour et du hasard, L’oise<strong>au</strong> bleu.<br />

Un théâtre biographique : Avec Trio pièce qui raconte la vie cl<strong>au</strong>strée de ses tantes paternelles, Alfredo<br />

Arias commence un nouve<strong>au</strong> volet de son travail. C’est ainsi qu’il va explorer son enfance et plus tard ses<br />

retrouvailles avec son pays natal. Ces spectacles sont Mortadela, F<strong>au</strong>st Argentin, Mambo Mistico et Famille<br />

d’artistes avec une musique originale d’Astor Piazzolla.<br />

Auteurs et répertoire : Son passage comme directeur du Centre Dramatique d’Aubervilliers va lui permettre<br />

de faire une halte dans son travail de création et ainsi pouvoir visiter des textes fondament<strong>au</strong>x par leur<br />

puissance dramatique. La bête dans la jungle de Henry James dans l’adaptation de Marguerite Duras, Les<br />

Jume<strong>au</strong>x vénitiens, La Locandiera, L'éventail de Goldoni. Au festival d’Avignon La Tempête de Shakespeare.<br />

La Ronde de Schnitzler avec la Comédie Française, La Dame de chez Maxim’s de Feyde<strong>au</strong>, Les Bonnes de<br />

Jean Genet, Kavafis, Les Oise<strong>au</strong>x d’Aristophane à la Comédie Française.<br />

Théâtre Argentin : Alfredo Arias a voulu nous faire découvrir deux écrivains, deux femmes argentines qui<br />

chacune de leur côté ont su illustrer la société de leur pays : Nini Marshall célèbre comique des années 50<br />

et Silvina Ocampo grand écrivain, compagne de Adolfo Bioy Casarès et complice de Jorge Luis Borges,<br />

leurs pièces : Nini et Pluie de feu.<br />

Complicités : Alfredo Arias a entretenu une longue collaboration avec René de Ceccatty et Chantal<br />

Thomas. De René de Ceccatty il a monté son adaptation de La Dame <strong>au</strong>x camélias et celle De la Femme et<br />

le Pantin de Pierre Louÿs, ainsi que des scènes d’Aimer sa mère et Mère et fils. Chantal Thomas a écrit pour<br />

Alfredo Arias Le Palais de la reine et adapté son récit de L’île flottante.<br />

Opéra : Alfredo Arias a pu traduire son univers dans celui de l’opéra notamment dans la Veuve joyeuse et<br />

Les Mamelles de Tirésias <strong>au</strong> festival de Spolète et <strong>au</strong> Théâtre du Châtelet, Les Contes d'Hoffman à l’Opéra de<br />

Genève, <strong>au</strong> Théâtre du Châtelet et à la Scala de Milan, Les Indes galantes et Rake' s Progress <strong>au</strong> festival<br />

d'Aix-en-Provence, Carmen à l’Opéra Bastille, La Corte del Faraon <strong>au</strong> Teatro de la Zarzuela de Madrid, Le


songe d'une nuit d'été <strong>au</strong> Teatro Regio de Turin. Au Teatro Colon de Buenos Aires, il a monté Rake’s<br />

progress, Bomarzo et Mort à Venise.<br />

Music-hall : Pour les Folies Bergères Alfredo Arias a imaginé Fous des Folies. Et pour le Théâtre du Rond-<br />

Point Divino Amore.<br />

Comédie musicale : Sur une partition de Nicolas Piovani, compositeur de Federico Fellini, entre <strong>au</strong>tres<br />

pour Ginger et Fred, Alfredo Arias a créé Concha Bonita. Deux récentes collaborations, l’une avec Axel<br />

Krygier lui a inspirée la création de trois pièces musicales Trois Tangos, l’<strong>au</strong>tre avec Diego Vila a donné<br />

naissance <strong>au</strong> spectacle Tatouage et <strong>au</strong> Cabaret Brecht Tango Broadway.<br />

Cinéma : Fuegos est son premier film, suivi du téléfilm Bella vista adapté de la nouvelle de Colette.<br />

Livres : Alfredo Arias a publié Folies Fantômes, recueil de projets, certains inachevés, entremêlés de<br />

souvenirs. Un livre d’entretiens guidés par Hervé Pons L’écriture retrouvée vient de paraître. Nombreuses<br />

de ses pièces sont publiées dans la collection théâtre de actes Sud-Papiers.<br />

Prix et récompenses : Alfredo Arias a obtenu une bourse de la fondation Guggenheim. Il a reçu le prix<br />

Plaisir du Théâtre, Il Pegaso d'Oro et Premio Eti en Italie, Le prix ACE de la critique Argentine. Il a reçu<br />

deux fois Le Molière pour le meilleur spectacle musical pour ses créations de Mortadela et Peines de cœur<br />

d’une chatte française et en 2003 lui a été décerné un Molière d'Honneur. Il a été nommé Chevalier,<br />

officier et commandeur des Arts et des Lettres.<br />

Roberto Platé, décors<br />

Né le 9 septembre 1940 à Buenos Aires (Argentine), il accomplit une partie de ses études à Munich à<br />

l'Akademie der Bildenden Künste. De retour en Argentine, il prolonge son travail à l’Instituto di Tella de<br />

Buenos Aires en 1965, où naissent des expressions nouvelles comme performances, happenings,<br />

installations. Il appartient à cette génération d’artistes qui a pris part à la révolution culturelle des années<br />

60. En 1968, il participe avec une dizaine d'artistes dont Alfredo Arias, Juan Stoppani, Marucha Bo et<br />

Facundo Bo, à la fondation du groupe de théâtre TSÉ. Il est l<strong>au</strong>réat de plusieurs prix artistiques, mais<br />

défraye <strong>au</strong>ssi la chronique <strong>au</strong> di Tella en 1968 par son installation Los Baños (Les Toilettes) qui fait<br />

scandale. La censure sous le régime des militaires met alors un terme radical <strong>au</strong>x mouvements de l’avantgarde.<br />

Les membres du groupe TSÉ ont déjà fait parler d’eux en dehors des frontières. En 1969, ils sont<br />

invités à New York pour une exposition où se côtoient des artistes comme James Rosenquist, Andy<br />

Warhol, Claes Oldenburg… Puis à Paris, en France, le pays qu’ils choisiront d’adopter comme seconde<br />

patrie.<br />

En 1970, le groupe TSÉ donne à Paris de nombreuses représentations. Notamment Eva Perón de Copi,<br />

Comédie Policière, Luxe … C’est l’époque où le théâtre se définit comme un grand laboratoire d’idées. Les<br />

Argentins insufflent à la scène parisienne un courant de fantaisie baroque et surréaliste, un imaginaire<br />

débridé et un sens de l’absurde qui provoquent et séduisent en leur assurant rapidement une place de choix<br />

et la notoriété.<br />

Roberto Platé enchaîne alors les productions prestigieuses. Il se tourne également vers l'opéra sur les scènes<br />

publiques et privées, nationales et internationales. Il est <strong>au</strong>ssi un compagnon de la première heure<br />

d’<strong>au</strong>teurs et metteurs en scène de théâtre tels que Cl<strong>au</strong>de Régy, Jorge Lavelli ou Marguerite Duras. Avec<br />

Alfredo Arias de nouve<strong>au</strong>, mais dans un <strong>au</strong>tre registre, il se distingue pour la Tempête de Shakespeare dans<br />

la Cour d’Honneur du Palais des Papes <strong>au</strong> Festival d’Avignon.<br />

Il collabore <strong>au</strong>ssi à de nombreux opéras avec Pierre Constant notamment Les Noces de Figaro, Don<br />

Giovanni et Cosi fan tutte, trilogie de Mozart qui, fait unique, sera représentée plus de cent fois. Avec<br />

Marcel Maréchal, il participe à des productions qui soulèvent la contestation, comme avec Les Paravents de<br />

Jean Genet. Il en est de même avec les Maîtres Chanteurs dans la mise-en-scène de Cl<strong>au</strong>de Régy où les


sifflets rivalisent avec les ovations et les appl<strong>au</strong>dissements à tout rompre. Roberto Platé travaille également<br />

avec Robert Fortune, puis Jacques Rosner, Lluis Pasqual, François Petit, Samy Frey… Pierre Mondy. Pour<br />

la danse, il signe les décors de Lucinda Childs, Dominique Bagouet, Roland Petit, et Vladimir<br />

Bourmeister.<br />

Sa carrière est vaste et se poursuit à un rythme soutenu, avec toujours <strong>au</strong>tant de productions en cours, et<br />

de projets. Pour l’année 2013, outre sa grande exposition Table<strong>au</strong> de Scène à la Maison de l’Amérique<br />

latine (20 mars – 26 juillet), il réalise trois scénographies, deux opéras, l’un pour Alfredo Arias, l’<strong>au</strong>tre<br />

pour Pierre Constant, deux pièces avec Benoît Jacquot, et une zarzuela, La Verbena de la Paloma pour<br />

Christine Mananzar.<br />

Ce qui est si particulier dans le travail de Roberto Platé, c’est sa vision d’artiste plasticien. Depuis ses<br />

installations des années 1960 et 70, qui resteront dans les mémoires, jusqu’<strong>au</strong>x réalisations actuelles, il<br />

demeure fidèle à ses premiers principes. Il est l’<strong>au</strong>teur d’un style <strong>au</strong>x lignes souvent dépouillées, reflet d’un<br />

vertige existentiel teinté d’humour et de gravité, où l’illusion et le trompe-l’œil peuvent faire douter de la<br />

place du réel et de l’imaginaire, du lieu où tout finit et où tout commence.<br />

Adeline André, costumes<br />

Après ses études à l’Ecole de la Chambre Syndicale de la Couture Parisienne, elle entre chez Christian Dior<br />

comme assistante de Marc Bohan pour la H<strong>au</strong>te Couture.<br />

En 1981 elle crée sa propre marque et dépose le modèle original de son premier vêtement à trois<br />

emmanchures <strong>au</strong>près de l’INPI à Paris, puis l’OMPI à Genève.<br />

Des modèles de vêtements à trois emmanchures sont notamment présents dans les collections des Musées<br />

de Mode à Paris (Palais Galliéra, UCAD), du FIT à New York et du MUDE à Lisbonne.<br />

Depuis mai 1997, Adeline André est membre invité par la Chambre Syndicale de la H<strong>au</strong>te Couture.<br />

En janvier 2005, elle reçoit le label H<strong>au</strong>te Couture et présente chaque saison ses collections dans le cadre<br />

officiel des défilés de H<strong>au</strong>te Couture Parisienne.<br />

2012 Miami - Création de costumes pour le ballet Symphonic Dances,<br />

chorégraphie d’Alexeï Ratmansky, musique de Sergeï Rachmaninof.<br />

Production du Miami City Ballet, Etats-Unis.<br />

2011 Paris - Création de costumes pour le ballet Psyché,<br />

chorégraphie d’Alexeï Ratmansky, musique de César Franck.<br />

Production de l’Opéra national de Paris.<br />

2010 Paris - Exposition collective “Les Années 1990-2010”, UCAD Musée du Louvre.<br />

Sèvres - Création pour la Cité de la Céramique de Sèvres d’une collection de contenants en porcelaine.<br />

2009 Paris - Création des costumes pour le ballet Répliques,<br />

chorégraphie de Nicolas P<strong>au</strong>l, musique de György Ligeti.<br />

Production de l’Opéra <strong>National</strong> de Paris.<br />

2008 Paris - Exposition des dessins, Galerie Martine et Thib<strong>au</strong>lt de la Châtre.<br />

2007 Pékin - Création de costumes pour le ballet en trois parties Entrelacs,<br />

chorégraphie de Kader Belarbi, musiques d’Arvo Pärt et d’Iannis Xenakis.<br />

Production de l’Opéra national de Paris.<br />

Genève - Création de costumes pour le ballet Le Mandarin merveilleux,<br />

chorégraphie de Kader Belarbi, musique de Béla Bartók.<br />

Production du Grand Théâtre de Genève.<br />

2005 Lyon - Création des costumes pour le ballet Set and Reset, Reset,<br />

chorégraphie de Trisha Brown, musique de L<strong>au</strong>rie Anderson.<br />

Production de l’Opéra national de Lyon.


Cornelia Götz – Konstanze<br />

Cornelia Götz est une soprano de renommée nationale et internationale.<br />

En 2009, elle s’est produite entre <strong>au</strong>tres à Athènes, à Paris (Opéra Bastille), à Be<strong>au</strong>ne, où elle a chanté Cosi<br />

fan tutte de Mozart (Fiordiligi) et conçu la partie de soprano dans le Requiem de Mozart. Durant la saison<br />

2009/10, elle est membre de la troupe du Semperoper de Dresde, là, elle y interprètera les rôles de<br />

Konstanze dans L'Enlèvement <strong>au</strong> sérail, Gretel dans Hansel et Gretel, Cléopâtre dans Jules César en Egypte,<br />

Sophie dans Der Rosenkavalier et La Reine de la Nuit dans La Flûte enchantée.<br />

Durant l'année 2006/07, elle fait ses débuts <strong>au</strong> Metropolitan Opera House de New York sous la baguette<br />

de James Levine, elle incarne la Reine de la Nuit dans La Flûte enchantée. Au cours des saisons 2006/07 et<br />

2007/08, Cornelia Götz se produit dans La Flûte enchantée (La Reine de la Nuit) à l’Opéra de Hambourg,<br />

à Berlin et <strong>au</strong> Festival d'Aix-en-Provence. Toujours à l'Opéra de Berlin, elle est Olympia dans Les Contes<br />

d'Hoffmann, rôle qu’elle interprète à nouve<strong>au</strong> <strong>au</strong> Staatstheater de Stuttgart. A la Semperoper de Dresde,<br />

elle chante dans L'Enlèvement <strong>au</strong> Sérail (Konstanze). En juillet 2007 <strong>au</strong> Staatstheater am Gärtnerplatz de<br />

Munich elle interprète le rôle de Cunigonde dans Candide, dans une production musicale de Leonard<br />

Bernstein. Elle se produit dans de nombreuses maisons d'opéra de renommée internationale, tels que<br />

Staatsoper de Hambourg, Semperoper de Dresde, l'Opéra de Zurich, le Festival de Glyndebourne et le<br />

Lyric Opera de Chicago. En outre, elle est invitée à Tokyo et Yokohama, à Londres, Edinbourg,<br />

Marseille, Rome, Parme, Vienne, Berlin, Stuttgart et Leipzig.<br />

Cornelia Goetz a fait ses études à l'Université de Musique de Karlsruhe avec Christiane Hampe, à Vienne<br />

avec Ruthilde Boesch et <strong>au</strong> Reinhardt Seminar avec Atrid Varnay, à l'Opéra Studio de l'Opéra de Munich<br />

avec Martino Stamos Vogiatsis.<br />

Elle a ainsi l’occasion de travailler avec des réalisateurs comme : Harry Kupfer, Peter Konwitschny, Olivier<br />

Tambosi, Sebastian B<strong>au</strong>mgarten, August Everding, Hans Neuenfels et Andreas Homoki.<br />

Elle a été dirigée par des chefs tels que Giuseppe Sinopoli, James Lewine, Andrew Davis, Pierre Auguin,<br />

Philip Jordan, Yakov Kreizberg, Michael et Vladimir Jurowski, Sebastian Weigle, Julien Salemkour, Alfred<br />

Eschwé, et Bertrand de Billy et Marc Piollet.<br />

Elle chante en concert les rôles de colorature dans des œuvres majeures de Mozart comme La Reine de la<br />

Nuit, Donna Anna (Don Giovanni), Konstanze, Fiordiligi…, mais <strong>au</strong>ssi les grandes œuvres du répertoire<br />

italien : Rigoletto de Verdi (Gilda), La Bohème de Puccini (Musetta), ou encore Ariadne <strong>au</strong>f Naxos de<br />

Richard Str<strong>au</strong>ss (Zerbinetta) et Les Soldats de Zimmermann (Marie).<br />

Parmi ses projets : les rôles de Lucia dans Lucia di Lammermoor de Donizetti et de Lulu (Lulu) de Berg.<br />

Trine Wilsberg Lund, Blonde<br />

Après avoir terminé ses études à l’Académie norvégienne de musique d’Oslo, la soprano norvégienne,<br />

Trine Wilsberg Lund étudie à l'Académie de Musique de Cologne. Elle est récompensée par un Premier<br />

Prix Jeunes Chanteurs et le 2 ème Prix pour Johann Sebastian Bach International Competition (2004) et<br />

Mozart Competition (2006). Elle participe à un certain nombre de masterclasses avec des musiciens<br />

renommés comme Svein Bjørkøy, Anne Gjevang et Ian Partridge. Elle chante régulièrement sur les scènes<br />

internationales et les festivals tels que le Festival International de Musique Contemporain d’Oslo, Münster<br />

Barock Festival, Wiesbaden Bach Festival, les Folles Journées de Nantes, Festa da Musica de Lisbonne,<br />

MDR Musiksommer. Elle travaille ainsi avec le Leipzig Barockorchester, Kammerorchester,<br />

Gewandh<strong>au</strong>sorchester de Leipzig, Dresde Barock et Oslo Symphonieorchester.


Elle chante en soliste avec l’Ochestre Gewandh<strong>au</strong>s conduit par Morten Schuldt-Jensen et la Philharmonie<br />

de Hambourg sous la direction de Simone Young. Elle a travaillé avec un certain nombre de chefs<br />

d'orchestre comme Georg Christoph Biller, Peter Neumann, Martin Lutz et Ton Kopman. Son répertoire<br />

s’étend tant à la musique baroque qu’<strong>au</strong> répertoire contemporain. Elle interprète des œuvres de<br />

Monteverdi, Vivaldi, Bach, Haendel, Mozart, Mendelssohn, Verdi, Grieg, Bernstein et Berio.<br />

De 2007 à 2009, elle est membre du Hamburgische Staatsoper. Elle s'est produite dans Die Z<strong>au</strong>berflöte,<br />

Madama Butterfly, Rigoletto, L'Elisir d'amore, Elektra, Die Fr<strong>au</strong> ohne Schatten et Hänsel und Gretel. Elle a<br />

interprété les rôles de Frasquita, Gretel, Sœur Constance et Ännchen et a chanté notamment dans<br />

Weihnachtsoratorium de Bach, Iphigénie en T<strong>au</strong>ride de Gluck et Mort à Venise de Britten.<br />

En 2009, 2010 et 2011, toujours pour le Hamburgische Staatsoper, elle interprète Ännchen, Frasquita,<br />

Papagena, Gianetta, elle a été <strong>au</strong>ssi Clarice dans Il Mondo della luna (Haydn), Amintha dans Il Rè pastore,<br />

ainsi qu'Amore dans L'Incoronazione di Poppea pour ses débuts <strong>au</strong> Théâtre an der Wien. Elle a chanté tous<br />

les solos de soprano sur un CD de quatre messes<br />

Kammerorchester de Leipzig et a enregistré Davide Penitente de Mozart.<br />

de Schubert avec Morten Schuldt-Jensen et le<br />

Elle chante tout récemment Polissena à Kiel, La Passion selon Saint-Jean avec l’<strong>Orchestre</strong> Symphonique<br />

de Madrid conduit par Tonne Koopman et interprète le rôle principal dans le nouvel opéra The Outcast<br />

(Le Réprouvé) écrit par Olga Neuwirth <strong>au</strong> Théâtre national de Mannheim.<br />

Parmi ses projets cette saison : Marzelline dans Fidelio pour l’Opéra de Bergen, et Pamina dans Die<br />

Z<strong>au</strong>berflöte à Mannheim.<br />

Wesley Rogers<br />

ers, Belmonte<br />

C’est à l’Opéra de Dresde <strong>au</strong> printemps 2011, que Wesley Rogers fait des débuts remarqués dans le rôle de<br />

Belmonte dans Die Entführung <strong>au</strong>s dem Serail. En juin 2011, il est à Paris <strong>au</strong> Théâtre des Champs-Elysées,<br />

il y interprète ce même rôle, sous la direction de Christoph Spering.<br />

Durant la saison 2011/2012, il est sur scène, sous la direction de Tomáš Netopil, Don Ottavio dans une<br />

nouvelle production de Don Giovanni d’abord à Prague. Il fait ses débuts <strong>au</strong> USA dans Die Z<strong>au</strong>berflöte<br />

(Tamino).<br />

Le jeune ténor a fait partie du Young Artist Program de l’Opéra de Seattle, où il a chanté Peter Quint dans<br />

The Turn of the Screw de Britten. A l’Opéra de Seattle, il s’est produit dans Billy Budd, La Fanciulla del<br />

West, Salome et l’officier lors de la création d’Amelia de Daron Hagen. Toujours pour l’Opéra de Seattle, il<br />

est engagé pour les rôles de Pylade dans Iphigenie en T<strong>au</strong>ride, le Chanteur italien dans Der Rosenkavalier,<br />

Froh dans Das Rheingold, Steuermann dans Tristan und Isolde, Dodge et Icarus dans Amelia de Hagen.<br />

Il ajoute à son répertoire les rôles de Bénédict dans Béatrice et Bénédict, Ferrando dans Cosi fan tutte,<br />

Fenton dans Falstaff ou encore Sam dans Street Scene de Weill.<br />

Wesley Rogers consacre également une grande partie de sa carrière à l’oratorio et <strong>au</strong> récital. En 2011, <strong>au</strong><br />

Mondavi Center, il interprète le Te Deum de Berlioz, se produit dans le Messie d’Haendel, ou encore avec<br />

l’<strong>Orchestre</strong> de Seattle, puis avec les American Bach Soloists dans La Passion selon Saint Matthieu de Bach<br />

(L’Evangéliste). Récemment, il chante dans le War Requiem de Britten avec l’<strong>Orchestre</strong> de Seattle, La Messe<br />

du couronnement de Mozart avec l’EOS Orchestra, se produit <strong>au</strong> Mondavi Center dans le Te Deum de<br />

Bruckner et le Stabat Mater de Rossini. Il donne un récital dans le cadre du Bach Festival et y interprète<br />

The Daniel Jazz de Louis Gruenberg.<br />

Il a collaboré entre <strong>au</strong>tres avec le Seattle Baroque Orchestra, Santa Fe Pro Musica, Cabrillo Festival,<br />

Capella Romano, Tudor Choir, Opera Memphis, Sun Valley Center for the Arts, Mark Morris Dance<br />

Company, Lake Chelan et Pacific Northwest Ballet.<br />

Parmi ses projets, Don Ottavio dans Don Giovanni <strong>au</strong> Madison Opera, Belmonte dans Die Entführung <strong>au</strong>s<br />

dem Serail à l’Opéra Royal de Wallonie (Liège) sous la direction de Christophe Rousset.


Markus Merz, Pacha Sélim<br />

Né à Menziken (Suisse), Markus Merz a fait ses études d’art dramatique à la Hochschule für Musik und<br />

Theater à Bern, <strong>au</strong>près d’Hans G<strong>au</strong>gler, Norbert Klassen, P<strong>au</strong>l Roland, Luise G<strong>au</strong>gler, Leonie Stein et<br />

Ernst Georg Böttcher.<br />

Ses premiers engagements le conduisent pendant ses études <strong>au</strong> Staatstheater de Stuttgart. Il devient ensuite<br />

membre du Schlosstheater à Celle, puis des théâtres d’Augsburg et de Gera.<br />

Il est engagé à Bâle avec Michael Schindhelm jusqu’en 2006. Pendant cette période, il se produit comme<br />

artiste invité <strong>au</strong> Festival de Salzburg, <strong>au</strong> Sch<strong>au</strong>spielh<strong>au</strong>s de Zürich et à la Ruhrtriennale à Bochum. Il a<br />

régulièrement travaillé avec des metteurs en scènes tels que Christoph Loy, Michael Thalheimer, Nicolas<br />

Stemann, Stefan Bachmann, Lars–Ole Walburg, Katharina Thalbach, Andreas Kriegenburg, Barbara Frey,<br />

Tim Staffel, Dani Levy, Sebastian Nübling ou Joachim Schlömer.<br />

Ses engagements le conduisent également à l’opéra, dès 2002 <strong>au</strong> Théâtre de Bâle dans La Flûte Enchantée,<br />

puis en 2007 <strong>au</strong> Festival de Lucerne dans A clear view of heaven, en 2009 <strong>au</strong> Festival d’ Innsbruck dans<br />

L’isola disabitata de Haydn. Il participe <strong>au</strong>ssi à des productions de comédies musicales telles que West Side<br />

Story, Chicago, Irma la douce, Golem et L’Opéra de quatre sous.<br />

Markus Merz apparait régulièrement dans des films, <strong>au</strong>ssi bien pour le cinéma que la télévision,<br />

notamment avec Kl<strong>au</strong>s Maria Brand<strong>au</strong>er dans Manipulation et dans Dead Fucking Last sorti fin 2012. Il a<br />

tourné récemment à Zürich dans le film Tr<strong>au</strong>mland de Petra Volpe.<br />

Après ses débuts en Selim dans Die Entführung <strong>au</strong>s dem Serail à <strong>Montpellier</strong>, Markus Merz retrouvera ce<br />

rôle à Nantes/Angers Opéra et à l’Opéra de Liège en 2013.<br />

Jan Stava - Osmin<br />

Jan Stava apparaît très tôt sur scène en soliste dans plusieurs grandes maisons d’opéra. C’est <strong>au</strong> Théâtre de<br />

Prague qu’il chante pour la première fois dans Don Giovanni de Mozart, il interprète actuellement<br />

Leporello dans une nouvelle production de ce même opéra. Au Théâtre de Prague toujours, il incarne pour<br />

la première fois Osmin dans Die Entführung <strong>au</strong>s dem Serail, puis Bartolo dans Le Nozze di Figaro.<br />

A l’été 2012, on a pu l’entendre <strong>au</strong> Festival Smetana dans une nouvelle production de The Fairy Queen de<br />

Purcell, dans le même temps, il a également participé à Salzbourg <strong>au</strong> “Young Singers Project” interprétant<br />

les rôles d’Osmin et Sarastro.<br />

Sa jeune carrière a été récompensée par de nombreux prix, notamment Bohuslav Martinu Competition à<br />

Prague, Dusek Competition et le Concours des Chanteurs de Prague. Son talent a été reconnu par Jose<br />

Cura, dont il a suivi les masterclasses à Nancy et qui à cette occasion lui a attribué un prix spécial.<br />

Son répertoire comprend notamment les rôles de Bartolo (Le Nozze di Figaro), Leporello et Le<br />

Commandeur (Don Giovanni), Osmin (Die Entführung <strong>au</strong>s dem Serail), il a participé <strong>au</strong>x productions de<br />

Jenufa, La Petite renarde rusée et Boris Godounov.<br />

En concert, il chante le Requiem de Mozart, Les Sept dernières paroles du Christ de Haydn, Missa<br />

Dominicalis et Missa Pastoralis de Brixi et Biblical Songs de Dvorak.<br />

Parmi ses projets : le Requiem de Dvorak avec l’<strong>Orchestre</strong> <strong>National</strong> de Lyon, mais <strong>au</strong>ssi avec l’<strong>Orchestre</strong><br />

Beethoven. Il sera à l’Opéra de Nantes-Angers pour une nouvelle production de Die Entführung <strong>au</strong>s dem<br />

Serail.<br />

Jan Stava étudie le chant <strong>au</strong> Conservatoire national Janacek à Brno

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