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22 > C U L T U R E Chanson andalouse Hommage à cheikh Mohamed Khaznadji Marseille, capitale de la culture européenne Malek Bensmail présente sa dernière œuvre Un hommage particulier a été rendu vendredi soir au monument de la chanson andalouse, cheikh Mohamed Khaznadji par l’Office national des droits d’auteur et droits voisins à la salle Ibn Zeydoun à Alger. Un programme riche et varié a été dédié à cet hommage, commençant par une brève présentation de l’artiste et par une évocation de son parcours avant de diffuser un filmdocumentaire qui a permis de revisiter les meilleurs moments qui ont marqué la carrière du doyen de la chanson andalouse. Dans le documentaire qui lui a été consacré, Mohamed Khaznadji dresse un autoportrait dans lequel il revient sur son brillant parcours, évoquant ses «maîtres» Abderrahmane Belhocine et Mohamed Fekhardji et toutes les rencontres déterminantes qui l’ont mené au succès. Le film s’appuie sur quelques témoignages de ses amis et compagnons de route. Sous des «Zero Dark Thirty» de Kathryn Bigelow Le film qui fait peur à la CIA Dark Thirty», signé par la cinéaste américaine Kathryn «Zero Bigelow, retrace avec minutie et brio les dix ans de traque d’Oussama Ben Laden par la CIA, mais en même temps, lève le voile sur un sujet génant : la torture institutionalisée. Porté brillamment par Jessica Chastain, qui interprète l’analyste de la CIA dont l’obstination a permis de débusquer Ben Laden, le film s’est attiré à la fois les éloges de la presse américaine, pour le traitement exceptionnel d’un sujet ultrasensible, mais aussi les reproches de la CIA et de plusieurs parlementaires, qui l’accusent de faire l’apologie de la torture. Certains responsables des services du renseignement n’ont pas hésité à qualifier le film de propagande pronazie ! Le directeur de la CIA, Michael Morell, écrivait ainsi en décembre : «Le film crée la forte impression que les techniques d’interrogatoire renforcées, qui faisaient partie de notre ancien programme de détention et d’interrogation, ont été des éléments-clés pour trouver Ben Laden. Cette impression est erronée.» Ce à quoi Kathryn Bigelow, oscar de la meilleure réalisatrice en 2010 pour «Démineurs», répondait, dans une tribune au Los Angeles Times : «La torture, comme nous le savons tous, a été employée durant les premières années de la traque. Cela ne veut pas dire que cela a été la clé menant à Ben Laden. Cela veut dire que c’est une partie de l’histoire que nous ne pouvons pas ignorer.» Si la polémique n’a pas empêché Jessica Chastain de remporter dimanche dernier le Golden Globe de la meilleure actrice dramatique, elle a peut-être coûté au film d’autres trophées : nommé dans quatre catégories, il n’en a remporté qu’une. De même, il est applaudissements nourris de l’assistance, l’Orchestre régional d’Alger, sous la direction de Mokdad Zerrouk, dans de belles tenues traditionnelles, a fait ensuite, son entrée, offrant aux regards de beaux modèles originels taillés dans de belles couleurs vives, avant de présenter quelques pièces du riche répertoire du patrimoine andalou dans ses différents modes et dans des rythmes variés. Une pléiade d’interprètes ont exécuté le programme choisi. Mokdad Zerrouk ouvrant la voie à Lamia Madini, Rachid Toumi, Zakia Kara Torki, Imène Soheir et Nasreddine Chaouli, qui a conclu dans des airs aux consonances familières et aux rythmes légers, suscitant une grande adhésion du public venu nombreux. Des fleurs et une compilation, regroupant l’ensemble de l’œuvre du Cheikh ont été remises aux interprètes laissant le moment phare de la cérémonie à la remise de la haute distinction de cet hommage à Mohamed Khaznadji par la ministre de la Culture, Khalida Toumi, sous les youyous et les applaudissements de l’assistance. Le doyen de la chanson andalouse a ensuite enchanté ses admirateurs avec sa voix suave et cristalline dans la douceur d’un air du terroir. Nombre d’artistes, amis du cheikh ont assisté à la cérémonie dont Mohamed Lamari, Abdelkader Chaou et Hamdi Bennani. R. C. probable que les attaques contre le film aient joué un rôle dans l’absence de Kathryn Bigelow de la liste des nommés à l’oscar du meilleur réalisateur, qui a surpris toute la profession, tant les qualités du film relèvent précisément de choix de réalisation. Le film reste en lice dans cinq catégories, dont celle du meilleur film. Y. C. / Agence «Ulysse, le brûleur de frontières et la mer blanche du milieu», un nouveau film fiction du réalisateur algérien Malek Bensmaïl, est projeté pour la première fois à Marseille à l’occasion de la manifestation Marseille, capitale européenne de la culture 2013. Le réalisateur Malek Bensmaïl a imaginé un Ulysse contemporain, qui comme le modèle, navigue à la rencontre des autres pour leur faire découvrir qui ils sont vraiment. Le documentaire d’une cinquantaine de minutes a été produit en 2012. AGENDA CULTUREL Salle El-Mouggar Jusqu’au 28 janvier : poursuite de la projection du film «Skyfall» de Sam Mendes, à raison de 3 séances par jour : à 14h, 17h et 20h, sauf les 17 et 19 janvier à raison d’une seule séance. Centre d'Etudes Diocésain (Les Glycines) Mercredi 23 janvier à 18h : Mohamed Brahim Salhi, professeur en sociologie et anthropologie à l’université Mouloud-Mammeri - Tizi Ouzou, animera une conférence sous le théme : «Construction historique et modes de recomposition de la citoyenneté en Algérie». La conférence abordera la question de la construction de la citoyenneté en Algérie et ses modes de recomposition, en particulier à travers les conflits identitaires et politiques. ALGERIE NEWS Dimanche 20 janvier 2013
C U L T U R E 23 «Les terrasses», nouveau film de Merzak Allouache Alger pris de haut ! C’est le onzième et dernier jour de tournage. Bab El-Oued croule sous un ciel bas et gris. La mer est pourtant calme ; de jeunes surfeurs font de la voile près des rivages tandis qu’au loin un navire en rade coupe l’horizon en deux. Action ! Reportage réalisé par : Sarah Haidar terrasses» est le troisième film d’un sprint cinématographique entamé par Merzak Allouache en 2011. Après «Normal» et «Le «Les repenti» (tournés en moins d’un an), voici venir un autre long métrage, dont le tournage a pris fin hier à El-Kettani, sur un air de drame intime qui touche à son épilogue sur la terrasse d’un vieil immeuble à Bab El-Oued. Sept étages, trois haltes pour reprendre le souffle, une rumeur timide s’échappe d’en haut : c’est le bruit discret d’une équipe perchée sur les hauteurs d’Alger, en train de fixer les derniers détails pour le tournage d’une séquence… Sur le plateau, on retrouvera le réalisateur, son assistant Nadjib Oulebsir que l’on a vu en tête d’affiche de «Normal», le directeur photo Philippe Derien à qui l’on doit les belles images du «Hublot» de Anis Djaâd, le staff technique et les acteurs. Sur cette terrasse un peu délabrée qui, néanmoins, offre une vue imprenable sur la baie de Bab El-Oued et la place Kettani, on fera la connaissance de Aïcha, les cheveux ébouriffés, les traits tirés et une éternelle cigarette à la bouche. Elle est mère célibataire d’un adolescent, Krimou, avec qui elle vit chez sa tante Selouma dans une misérable piaule nichée sur l’immeuble. Aïcha, la plaie dans le regard Les décors sont plantés, presque naturellement : le lieu est gardé tel qu’il est d’habitude, avec ses câbles, ses paraboles, son irréductible tristesse accentuée par le ciel lourd qui semble frôler les bordures de la terrasse. Au fond, Amal Kateb (dans le rôle de Aïcha), est recroquevillée sur elle-même, le visage chargé d’une indicible tragédie. Allouache nous présentera succinctement le personnage : «Elle a été retenue en otage pendant cinq ans par un groupe terroriste. Violée par son geôlier, elle en reviendra enceinte et dépressive». Son fils Krimou (Adlen Djemim) est aujourd’hui un adolescent paumé, attaché à sa mère qu’on verra le rejeter cruellement alors qu’il essaye de la serrer dans ses bras ; il se drogue, subit cette vie disloquée sans trop se plaindre, semble être ailleurs… Sellouma, campée par Nassima Belmihoub, est la femme qui les héberge depuis tant d’années. Elle risque de se faire expulser de sa modeste habitation, ne peut plus prendre en charge sa nièce et son bâtard de fils, parle avec colère et dépit… Tandis qu’un plan de passage est tourné de l’autre côté de la terrasse, derrière une toiture en métal donnant sur l’intérieur de l’immeuble, d’où l’on voit monter le jeune acteur Ahmed Dahan, Nassima Belmihoub répète ses répliques dans un coin alors que Amel Kateb entre progressivement dans son personnage. Son visage se transforme, devient “habité”, quasiment effrayant, son regard est figé comme si elle était en transe ou perdue dans un cauchemar sans fin. L’actrice demeurera dans cet état tout au long de la journée, elle est entièrement plongée dans son rôle et semble dans l’incapacité d’en sortir, même en hors-champ. Huis clos La scène centrale commence autour d’une table-basse où Sellouma déjeune avec Krimou tout en vilipendant sa nièce qui se refuse toujours à manger. A quelques mètres de là, ALGERIE NEWS Dimanche 20 janvier 2013 Merzak Allouache et son script toisent le moniteur. Le réalisateur ne raffole pas des «coupez !» à tout-va, ne répète pas le même plan une trentaine de fois, mais il sait néanmoins faire passer son idée aux comédiens qui parviennent toujours à composer la séquence souhaitée. D’apparence simple, le tournage de ce déjeuner houleux prendra quand même quelques heures avant de finir dans la boîte. Sellouma doit arriver à une expression du visage qui sied parfaitement à la teneur de son propos colérique. Lorsqu’elle dit à Aïcha qu’elle est une mère indigne, le souci est d’exprimer toute la cruauté de cette phrase en arabe dialectal. A ce sujet, Allouache estime qu’en ordre général, l’on ne s’écoute pas assez parler, et que certaines situations sont difficilement transmissibles au cinéma par le vocabulaire algérien, assez pauvre en matière dramatique. D’ailleurs, la réplique de Sellouma donne ceci en dialectal : «Tu ne mérites pas d’être mère», car, nous dit encore le réalisateur : «Il n’y a aucune traduction fidèle à «mère indigne» dans notre vocabulaire». Tandis que la scène se fait et se défait, arrive sur le plateau un monsieur imposant, vêtu d’un pardessus beige et coiffé d’un béret. C’est l’acteur Mohamed Djouhri qui campera le rôle d’un commissaire de police retraité, ancien communiste. Nous n’en dirons pas plus sur ce personnage qui se révèlera à la fois ambigu et passionnant, mais le comédien nous concèdera quelques indications : «Je joue le rôle d’un homme blasé, déçu par la tournure qu’ont pris les événements depuis l’Indépendance. Je regarde ces deux pauvre femmes et cet «ado» comme un échantillon des millions de victimes de ce pays». Il est vrai qu’avec son visage ridé, son regard profond et son allure nonchalante, Djouhri a tout l’air d’un révolutionnaire raté qui, aujourd’hui, a l’occasion de prendre une revanche sur ses échecs passés en intervenant dans le destin de Sellouma, Aïcha et son fils… Le tournage de cette journée se terminera au soir, à l’appel de la prière. Lequel est d’ailleurs le seul point commun entre les cinq terrasses qui composeront ce nouveau film de Allouache. Voici le topo : cinq histoires distinctes se déroulent en l’espace d’une journée sur des toits d’immeubles à Bab El-Oued, Notre-Dame d’Afrique, Télémly, Belcourt et La Casbah. Quarante-quatre acteurs en tout participent à ce long métrage, dont on citera Adila Bendimerad, Rachid Benallal, Kader Affak, Mourad Khan, Nabil Asli, Meriem Medjkane Ahcene Benzerari, Abdullah Abbas Cissé, etc. «Les terrasses», dont la date de sortie n’est pas encore fixée, nous ramènera donc dans un Alger «allouachien», chargé de ces petites histoires tragiques ou drôles, riche en personnages à la fois réels et fantastiques. Une ville qui n’a pas fini d’obséder le réalisateur de «Normal». Merzak Allouache veut retrouver enfin le rythme rêvé de cette cité et décide, pour le coup, de la prendre… de haut ! S. H.
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