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LEADERSHIP à la<br />
des dirigeants du<br />
Les entrepreneurs et les managers d’entreprise peuvent beaucoup apprendre du<br />
sport comme principes et valeurs de management : capacité à fixer et à atteindre<br />
des objectifs, à mobiliser des équipes, à se remettre en cause, à gérer les crises.<br />
S’il ne traite pas de ce sujet en tant que tel dans “Les Grands Dirigeants du Sport”,<br />
Emmanuel Bayle, professeur en gestion du sport à l’Institut des Sciences du Sport de<br />
l’Université de Lausanne nous présente quelques figures marquantes. Des hommes<br />
au leadership important, à la faculté de résilience, qui se sont hissés là où ils sont à<br />
la force du poignet. À l’instar de nos chefs d’entreprise…<br />
PROPOS RECUEILLIS PAR S. HEFFINCK<br />
CCI mag’ : « Vous vous êtes intéressé<br />
de plus près aux « Grands<br />
Dirigeants du Sport », dans l’un<br />
de vos derniers ouvrages… Quelle<br />
vision entrepreneuriale partagent<br />
les 23 noms illustres que vous<br />
citez » ?<br />
E.B. : « Il y a des entrepreneuriats très différents<br />
car le monde du sport comporte des contextes et<br />
des organisations aux statuts juridiques, rôles et<br />
fi nalités différents : des ligues et clubs professionnels,<br />
des fédérations sportives nationales et internationales,<br />
des organisateurs d’évènements. Les<br />
fédérations sportives nationales et internationales,<br />
mais aussi le Comité International Olympique<br />
sont des associations avec des présidents élus<br />
sur un mode démocratique. C’est très différent<br />
comme logique de fonctionnement des clubs<br />
professionnels organisés sous forme de société<br />
anonyme avec des systèmes de gouvernance à<br />
géométrie variable : des actionnaires propriétaires<br />
présidents (cas de Jean-Michel Aulas à l’Olympique<br />
Lyonnais) ou des actionnaires déléguant<br />
la gestion à des présidents (cas de l’Olympique<br />
de Marseille). Selon le système de gouvernance,<br />
la légitimité des dirigeants est très différente. La<br />
vision entrepreneuriale d’un Jean-Michel Aulas<br />
est très forte et il considère son club comme un<br />
centre de profi t potentiel ; il a essayé de créer<br />
les conditions pour ce faire : nouveau modèle<br />
économique autour du Grand stade, professionnalisation<br />
très intense du club depuis ces vingt<br />
dernières années, levée de près de 100 millions<br />
d’euros en bourse (…). Il essaye de dupliquer les<br />
« bonnes » pratiques des grands clubs européens<br />
tout en appliquant les méthodes de management<br />
mises en place dans l’entreprise qu’il a créée,<br />
la CEGID, avec un fort pouvoir de décision et<br />
de contrôle qui implique une omniprésence du<br />
personnage. Cette forme d’entrepreneuriat est<br />
donc assez proche de l’entrepreneuriat classique<br />
alors que la direction des fédérations sportives,<br />
dont le rôle est d’organiser et de développer<br />
le sport, correspond théoriquement plus à de<br />
l’entrepeuneuriat social (vivre mieux en société<br />
grâce au sport et à ses valeurs) ».<br />
CCI mag’ : « Qu’est-ce qui les<br />
distingue, néanmoins, dans leur<br />
approche » ?<br />
E.B. : « Les époques n’exigent pas forcément les<br />
mêmes compétences, les mêmes qualités et ne<br />
font pas émerger les mêmes profi ls de dirigeants ;<br />
c’est comme pour les entreprises où les ingénieurs,<br />
puis les marketers et les fi nanciers se sont succédé<br />
à la tête des grandes entreprises.<br />
Il y a un temps d’innovation très fort porté, à la fi n<br />
du 19 e et au début du 20 e siècle notamment par<br />
les Anglais et les Français qui vont institutionnaliser<br />
le sport international. […] Il y a une période de<br />
relatif conformisme voire de conservatisme…<br />
Puis un temps d’adaptation au marketing et aux<br />
demandes des télévisions et l’explosion du nombre<br />
de compétitions et de sports professionnels. Il y a<br />
une grande différence entre le sport professionnel<br />
et les fédérations sportives au sein desquelles les<br />
dirigeants ne sont pas choisis sur base de leurs<br />
compétences et les besoins en compétences<br />
des fédérations sportives, mais sur la dimension<br />
politique et leur capacité à préserver des équilibres<br />
et des intérêts ».<br />
CCI mag’ : « Quelles qualités font<br />
les grands dirigeants de sport » ?<br />
E.B. : « Incontestablement : premièrement, comme<br />
en politique, « être un animal politique » pour<br />
l’accès et la conservation du pouvoir. Deuxièmement,<br />
la passion. Troisièmement, savoir<br />
bien s’entourer pour créer les conditions de la<br />
réussite : c’est vrai pour les clubs professionnels<br />
et les fédérations sportives comme pour toute<br />
entreprise ».<br />
“<br />
Le monde du sport<br />
comme le monde<br />
de l’entrepreneuriat<br />
est un monde de<br />
passion et de fortes<br />
incertitudes ».<br />
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CCIMAG’ N° 03 – MARS 2015