le drainage des tourbières - Peatland Ecology Research Group
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Impact du <strong>drainage</strong> sur <strong>le</strong> contenu en eau<br />
Bien que <strong>le</strong> <strong>drainage</strong> affecte <strong>le</strong>s tourbières à <strong>des</strong> distances<br />
différentes, un <strong>des</strong> premiers impacts observab<strong>le</strong>s est la baisse<br />
du niveau de la nappe phréatique à la suite de la rupture de<br />
la structure diplothelmique de la tourbière (Braekke, 1983;<br />
Lieffers et Rothwell, 1987; Stewart et Lance, 1991; Rou<strong>le</strong>t et<br />
Moore, 1995; Rothwell et al., 1996; Silins et Rothwell, 1999;<br />
Van Seters et Price, 2002; Price 2003; Holden et al., 2006).<br />
Les fluctuations de la nappe phréatique sont éga<strong>le</strong>ment plus<br />
importantes (Van Seters et Price, 2002; Holden et al., 2006). Plus<br />
<strong>le</strong> <strong>drainage</strong> est vieux, plus la position de la nappe phréatique<br />
fluctue (Strack et al., 2008). Donc, en période de sécheresse,<br />
la nappe phréatique <strong>des</strong>cend plus bas dans <strong>le</strong> profil de tourbe<br />
et en période de pluie, la nappe phréatique remonte plus rapidement.<br />
Dans une tourbière drainée du Bas-Saint-Laurent, <strong>le</strong>s<br />
fluctuations de la nappe phréatique étaient 67 % plus variab<strong>le</strong>s<br />
qu’en tourbière naturel<strong>le</strong> (Van Seters et Price, 2002). La<br />
Figure 4, tirée de Price et al. (2003), illustre <strong>le</strong>s variations de<br />
la hauteur et <strong>le</strong>s fluctuations de la nappe phréatique dans une<br />
partie naturel<strong>le</strong>, drainée et remouillée d’une grande tourbière<br />
près du lac Saint-Jean.<br />
Figure 4. La hauteur de la nappe phréatique dans une partie de tourbière naturel<strong>le</strong> (ligne épaisse),<br />
une partie de tourbière drainée (ligne mince) et une partie de tourbière où <strong>le</strong>s canaux de <strong>drainage</strong>s<br />
ont été bloqués (ligne pointillée). Tourbière située près du lac Saint-Jean (Québec). Graphique tiré de<br />
Price et al. (2003).<br />
L’abaissement de la nappe phréatique et une série d’autres<br />
mécanismes liés au <strong>drainage</strong> entraînent <strong>des</strong> pertes d’eau<br />
considérab<strong>le</strong>s. Dans la couche supérieure de tourbe (dix<br />
premiers centimètres), la teneur en eau peut diminuer de<br />
20 à 29 % dans une tourbière drainée en fonction de la distance<br />
du canal de <strong>drainage</strong> (Prévost et al., 1997). Par exemp<strong>le</strong>, à<br />
10 m du canal de <strong>drainage</strong>, la teneur en eau dans la couche<br />
supérieure de tourbe peut passer de 73 % avant <strong>le</strong> <strong>drainage</strong><br />
à 44 % après <strong>le</strong> <strong>drainage</strong>.<br />
Dans <strong>le</strong>s tourbières drainées, <strong>le</strong>s conditions plus sèches dans<br />
la couche supérieure de tourbe changent la structure hydraulique,<br />
entre autres par une diminution de la grosseur <strong>des</strong> pores.<br />
Ces changements peuvent favoriser un mouvement capillaire<br />
de l’eau située plus en profondeur vers la surface (Hobbs,<br />
1986; Price et Whitehead, 2001), ce qui entraîne une perte<br />
d’eau substantiel<strong>le</strong> en tourbière drainée par évaporation. Ces<br />
conditions plus sèches favorisent la prolifération d’arbres,<br />
ce qui accentue l’assèchement de la tourbière avec <strong>le</strong> temps<br />
(Van Seters et Price, 2001; Hökkä et al., 2008; Fay et Lavoie,<br />
2009). La colonisation <strong>des</strong> tourbières drainées par <strong>le</strong>s arbres<br />
peut augmenter <strong>le</strong>s pertes par évapotranspiration par plus de<br />
25 % et l’interception de l’eau pluie peut être aussi é<strong>le</strong>vée<br />
que 32 % (Van Seters et Price, 2001).<br />
La circulation de l’eau à l’intérieur d’une tourbière drainée<br />
est profondément modifiée, ce qui influence sa capacité de<br />
rétention en eau et la quantité d’eau qui en sort. Annuel<strong>le</strong>ment,<br />
la quantité d’eau qui s’échappe d’une tourbière drainée est<br />
nettement supérieure à la quantité d’eau qui s’échappe d’une<br />
tourbière intacte (Paavilainen et Päivänen, 1995; Holden et<br />
al., 2006). Après un épisode de pluie, <strong>le</strong>s tourbières drainées<br />
continuent à évacuer de l’eau à faib<strong>le</strong> débit pendant une plus<br />
grande période que <strong>le</strong>s tourbières non drainées, à cause du<br />
rabattement de la nappe phréatique en profondeur (Burke,<br />
1975). Dans <strong>le</strong>s tourbières drainées, une grande partie de<br />
l’eau évacuée provient de l’eau souterraine. Tandis que dans<br />
<strong>le</strong>s tourbières naturel<strong>le</strong>s, l’eau sortante est majoritairement<br />
constituée d’eau de surface (David et Ledger, 1988; Holden<br />
et al., 2006).<br />
Il peut parfois y avoir une période de latence de plusieurs années<br />
entre <strong>le</strong> moment de l’initiation du <strong>drainage</strong>, qui exporte d’un<br />
coup une grande quantité d’eau et l’augmentation annuel<strong>le</strong> de<br />
l’écou<strong>le</strong>ment par unité de surface (Holden et al., 2006). Donc,<br />
ce n’est pas parce qu’on ne voit aucun changement dans la<br />
dynamique de l’écou<strong>le</strong>ment <strong>des</strong> cours d’eau récepteurs dans<br />
<strong>le</strong>s premières années de <strong>drainage</strong> que <strong>le</strong>s répercussions ne<br />
sont pas en préparation.<br />
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