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le drainage des tourbières - Peatland Ecology Research Group

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d’une tourbière sur une longue période de temps, il se produit<br />

<strong>des</strong> changements importants dans la composition et dans<br />

l’abondance <strong>des</strong> végétaux (Laine et al., 1995; Laiho et al.,<br />

2003; Murphy et al., 2009; Talbot et al., 2010). La végétation<br />

typique de tourbière est progressivement substituée par une<br />

végétation plus forestière (Laine et al., 1995; Minkkinen et<br />

al., 1999; Laiho et al., 2003; Pel<strong>le</strong>rin et al., 2008; Kozulin et<br />

al., 2010; Talbot et 2010).<br />

Dans une tourbière ombrotrophe, après <strong>le</strong> <strong>drainage</strong>, <strong>des</strong> espèces<br />

de sphaignes comme Sphagnum papillosum (Figure 9) sont<br />

remplacées progressivement par <strong>des</strong> mousses plus forestières<br />

comme P<strong>le</strong>urozium schreberi (Laine et al., 1995; Korpela, 2004).<br />

Poulin et al. (1999) ont noté <strong>des</strong> diminutions importantes<br />

dans <strong>le</strong> couvert de sphaignes dans 24 tourbières ombrotrophes<br />

drainées du Québec et du Nouveau-Brunswick. La diminution<br />

dans <strong>le</strong> couvert de sphaignes était notab<strong>le</strong> jusqu’à plus de 60<br />

m <strong>des</strong> canaux de <strong>drainage</strong> en comparaison aux écosystèmes de<br />

référence non drainés. Un site drainé rend la survie ou l’établissement<br />

de la sphaigne très diffici<strong>le</strong>; il s’ensuit généra<strong>le</strong>ment<br />

une diminution de cette espèce (Stewart et Lance, 1991; Laine<br />

et al., 1995; Poulin et al., 1999; Talbot et al., 2010). La présence<br />

de sphaignes est fortement corrélée à une hauteur de nappe<br />

phréatique se situant entre -11 et -39 cm (Price et Whitehead,<br />

2001; Van Seters et Price, 2002). Toutefois, la pression de l’eau<br />

dans <strong>le</strong> sol est un meil<strong>le</strong>ur indicateur du potentiel de survie de<br />

la sphaigne sur un site. Hayward et Clymo (1982) ont établi<br />

que la pression d’eau doit être supérieure à -100 mb pour permettre<br />

l’établissement et la survie <strong>des</strong> sphaignes. En deçà de<br />

ce seuil, <strong>le</strong>s sphaignes n’ont pas la force capillaire nécessaire<br />

pour s’approvisionner en eau. Puisque <strong>le</strong>s sphaignes n’ont pas<br />

de racines, el<strong>le</strong>s sont fortement dépendantes de <strong>le</strong>ur capacité<br />

à « pomper » l’eau par capillarité. Similairement, l’humidité<br />

relative de l’air à l’interface air-sol doit atteindre plus de<br />

54 % sur une période minima<strong>le</strong> de trois jours pour assurer la<br />

survie <strong>des</strong> sphaignes (L. Rochefort, données non publiées).<br />

Les sphaignes ont une tolérance à la <strong>des</strong>siccation très limitée<br />

(Sagot et Rochefort, 1996).<br />

Dans la succession végéta<strong>le</strong> <strong>des</strong> tourbières drainées, on observe<br />

un déclin important et rapide <strong>des</strong> plantes graminoï<strong>des</strong> qui sont<br />

remplacées par une prolifération d’arbres et d’arbustes (Murphy<br />

et al., 2009). Les éricacées arbustives, comme Vaccinium<br />

myrtilloi<strong>des</strong> et Ledum groenlandicum, augmentent considérab<strong>le</strong>ment<br />

avec <strong>le</strong> <strong>drainage</strong> (Pel<strong>le</strong>rin et Lavoie, 2003;Talbot<br />

et al., 2010). Tandis que <strong>le</strong>s éricacées rampantes, comme <strong>le</strong><br />

Vaccinium oxycoccos (Talbot et al., 2010) et <strong>le</strong>s éricacées basses<br />

et non tolérantes à l’ombre comme <strong>le</strong> Kalmia polifolia (Talbot<br />

et al., 2010) et <strong>le</strong> Chamaedaphne calyculata (Pel<strong>le</strong>rin et Lavoie,<br />

2003; Lachance et Lavoie, 2004; Pel<strong>le</strong>rin et al., 2008), tendent<br />

à disparaître avec l’intensification du <strong>drainage</strong> et la fermeture<br />

de la canopée. Dans <strong>le</strong>s fens, <strong>des</strong> espèces typiques, tel<strong>le</strong>s que<br />

Potentilla palustris, sont remplacées par <strong>des</strong> espèces de forêt<br />

mésique, comme Trientalis europaea et Rubus idaeus (Laine<br />

et al., 1995).<br />

PHOTO : Gil<strong>le</strong>s Ayotte<br />

Figure 9. Sphagnum papillosum, espèce typique <strong>des</strong> tourbières humi<strong>des</strong>.<br />

Après 50 années de <strong>drainage</strong>, la biomasse aérienne <strong>des</strong> plantes<br />

peut-être jusqu’à sept fois supérieure à la biomasse aérienne<br />

d’une tourbière comparab<strong>le</strong> non drainée et être composée à 90<br />

% par la biomasse <strong>des</strong> arbres (Laiho et al., 2003). L’afforestation<br />

est <strong>le</strong> changement <strong>le</strong> plus frappant dans une tourbière soumise<br />

au <strong>drainage</strong> (Figure 10). L’abaissement de la nappe phréatique<br />

favorise l’établissement et la croissance d’arbres comme <strong>le</strong><br />

pin, <strong>le</strong> bou<strong>le</strong>au, <strong>le</strong> mélèze et l’épinette (Lieffers et Rothwell,<br />

1987; Prévost et al., 1997; Jutras et al., 2002; Van Seters et<br />

Price, 2002; Faubert, 2004; Murphy et al., 2009; Talbot et al.,<br />

2010;). Grâce aux conditions plus favorab<strong>le</strong>s, <strong>le</strong> débourrement<br />

<strong>des</strong> bourgeons et la floraison du bou<strong>le</strong>au nain et du mélèze se<br />

produisent de deux à six jours plus rapidement en tourbière<br />

drainée que non drainée (Lieffers et Rothwell, 1987). Dans<br />

l’étude de Van Seters et Price (2002), une augmentation de 5<br />

à 20 % du couvert forestier a été notée à la suite du <strong>drainage</strong><br />

d’une tourbière au Bas-Saint-Laurent. Jutras et al. (2002) ont<br />

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