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•<br />
tion culturel<strong>le</strong>, ni un mouvement de théologiens<br />
ne constituent un parti organisé pour<br />
la libération.<br />
Enfin, la « conscience noire» ne constitue<br />
pas non plus, à proprement par<strong>le</strong>r, une<br />
théorie politique. Il s'agit plutôt d'une<br />
sensibilité, d'une orientation généra<strong>le</strong>,<br />
provoquées par <strong>le</strong>s caractéristiques propres<br />
de l'oppression nationa<strong>le</strong> en Afrique <strong>du</strong><br />
Sud: son aspect racial contenu dans la<br />
politique d'apartheid; son caractère<br />
anachronique dans une Afrique indépendante<br />
depuis 20 ans; l'influence profonde<br />
qu'el<strong>le</strong> a eue sur un peup<strong>le</strong> que l'on condamne<br />
au sous-développement mais qui a<br />
connu <strong>le</strong> gigantesque brassage d'une<br />
société in<strong>du</strong>striel<strong>le</strong>. L'excel<strong>le</strong>nt ouvrage de<br />
notre amie Anne-Marie Goguel et de<br />
P. Buis, publié chez l'Harmattan sous <strong>le</strong><br />
titre « Chrétiens d'Afrique <strong>du</strong> Sud face à<br />
l'apartheid », montre bien la profonde<br />
diversité idéologique de ceux qui se réclament<br />
de la conscience noire. Diversité en<br />
ce qui concerne <strong>le</strong> rô<strong>le</strong> de la vio<strong>le</strong>nce armée<br />
dans la libération, diversité en ce qui concerne<br />
l'analyse fondamenta<strong>le</strong> de la société.<br />
pour la libération<br />
Le débat qui s'est instauré autour de la<br />
conscience noire à l'extérieur de l'Afrique<br />
<strong>du</strong> Sud est fort significatif. Douze pays<br />
occidentaux s'étaient faits représenter à<br />
l'enterrement de Steve Biko dont Donald<br />
Woods, un Blanc libéral d'Afrique <strong>du</strong> Sud,<br />
qui déclare avec une curieuse amnésie<br />
historique qu'il est <strong>le</strong> premier des grands<br />
dirigeants de la lutte de libération à être<br />
mort entre <strong>le</strong>s mains de la police raciste (?).<br />
Certains souhaitent, en effet, qu'à la faveur<br />
<strong>du</strong> flou inhérent à ce type de mouvement,<br />
l'on puisse créer une alternative qui ne<br />
remette pas en cause <strong>le</strong>s bases <strong>du</strong> régime<br />
d'oppression en Afrique <strong>du</strong> Sud. On a vu<br />
ail<strong>le</strong>urs d'autres Africains se parer <strong>du</strong> mot<br />
de « négritude» ou d'« authenticité» pour<br />
mieux maintenir <strong>le</strong>urs pays sous tutel<strong>le</strong>. Il<br />
s'agit éga<strong>le</strong>ment de déconsidérer l'African<br />
National Congress en <strong>le</strong> présentant comme<br />
à la traîne <strong>du</strong> mouvement, incapab<strong>le</strong> de<br />
comprendre et de diriger <strong>le</strong>s aspirations<br />
nouvel<strong>le</strong>s de la jeunesse. Enfin, certains<br />
espèrent désorienter <strong>le</strong> mouvement de solidarité<br />
en l'utilisant astucieusement dans ce<br />
type de manœuvres.<br />
Gageons que ces tentatives feront<br />
long feu. La majorité des militants sudafricains<br />
ne s'y trompent pas. Parmi <strong>le</strong>s<br />
responsab<strong>le</strong>s des soulèvements de Soweto<br />
qui ont pu s'échapper, plusieurs étaient<br />
membres clandestins de l'A.N.C. Tous <strong>le</strong>s<br />
jeunes qui sortent à l'heure actuel<strong>le</strong> pour se<br />
préparer à libérer <strong>le</strong>ur pays rejoignent <strong>le</strong>s<br />
camps organisés par <strong>le</strong> mouvement de libération.<br />
Car la Libération, c'est <strong>le</strong> seul<br />
moyen d'honorer vraiment tous ceux qui,<br />
de Bram Fisher à Steve Biko, d'Albert<br />
Luthuli à Eric Peterson, sont morts pour<br />
que vive une Afrique <strong>du</strong> Sud sans racisme.<br />
unesco<br />
nouvel<strong>le</strong>s armes<br />
La conférence généra<strong>le</strong> de l'UNESCO a tenu sa vingtième session<br />
à Paris <strong>du</strong> 24 octobre au 28 novembre 1978.<br />
Deux projets de déclaration ont donné<br />
lieu à des débats passionnés, mais auront,<br />
incontestab<strong>le</strong>ment, marqué une importante<br />
avancée dans <strong>le</strong>ur domaine respectif. Il<br />
s'agit d'une Déclaration sur <strong>le</strong>s principes<br />
fondamentaux concernant la contribution<br />
des organes d'information au renforcement<br />
de la paix et de la compréhension internationa<strong>le</strong><br />
et à la lutte contre la propagande<br />
belliciste, <strong>le</strong> racisme et l'apartheid et<br />
surtout d'une Déclaration sur la race et <strong>le</strong>s<br />
préjugés raciaux.<br />
Le 10 octobre dernier, <strong>le</strong> chronIqueur de<br />
politique internationa<strong>le</strong> de France-Inter,<br />
Edouard Sablier, se livrait à une vio<strong>le</strong>nte<br />
attaque contre <strong>le</strong> projet de déclaration sur<br />
l'information. D'après lui, il s'agissait de la<br />
mainmise de payssous-développés et<br />
communistes sur l'information <strong>du</strong> monde<br />
entier. Il concluait par une menace: « Que<br />
l'UNESCO prête son appareil et ce qui lui<br />
reste de 'respectabilité pour menacer la<br />
conquête vita<strong>le</strong> de la démocratie qu'est la<br />
liberté d'expression, c'est un abus que ne<br />
saurait, en tout cas, encourager la cotisation<br />
des Etats membres. »<br />
Qu'est-ce qui provoquait ainsi l'ire<br />
<strong>du</strong> commentateur? Deux points principaux<br />
étaient abordés par la déclaration. Le<br />
premier est déjà, en grande partie, inscrit<br />
dans la législation française puisqu'il<br />
dissuade <strong>le</strong>s organes de presse de faire de<br />
la propagande raciste, l'apologie de la<br />
guerre ou des crimes de guerre et qu'il <strong>le</strong>ur<br />
recommande au contraire de favoriser<br />
l'amitié entre <strong>le</strong>s peup<strong>le</strong>s. Si <strong>le</strong> texte de<br />
l'UNESCO est plus global que <strong>le</strong>s divers<br />
éléments de notre législation qui <strong>le</strong> précède,<br />
on ne peut que s'en féliciter. Rien,<br />
en tout cas, ne permet de dire qu'i s'agirait<br />
d'atteintes à la liberté d'expression,<br />
et la pratique juridique de notre pays<br />
manifeste bien que la législation intègre, à<br />
un moment donné, <strong>le</strong>s principaux progrès<br />
de la civilisation dans <strong>le</strong> domaine moral.<br />
L'autre aspect fondamental de la déclaration<br />
concerne une revendication fondamenta<strong>le</strong><br />
<strong>du</strong> tiers monde: permettre aux<br />
pays de l'hémisphère sud de diffuser <strong>le</strong>ur<br />
propre information et d'échapper au<br />
quasi-monopo<strong>le</strong> des agences de presse<br />
occidenta<strong>le</strong>s. Ces deux points ont peut-être<br />
des raisons d'effrayer Edouard Sablier, pas<br />
la démocratie!<br />
La déclaration sur la race et <strong>le</strong>s préjugés<br />
raciaux concerne <strong>le</strong> mrap au premier chef.<br />
Tous <strong>le</strong>s pays s'étaient mis d'accord pour<br />
laisser un caractère universel à ce texte et<br />
ne pas mettre spécia<strong>le</strong>ment en accusation<br />
tel ou tel pays. Par contre, <strong>le</strong> développement<br />
des idées <strong>du</strong> racisme biologique,<br />
condamné à juste titre, ont pesé dans<br />
certaines discussion préliminaires.<br />
Le texte définitif constitue une très importante<br />
contribution internationa<strong>le</strong> à la<br />
lutte contre <strong>le</strong> racisme et <strong>le</strong>s préjugés raciaux.<br />
Il affirme notamment: « Toute théorie<br />
faisant état de la supériorité ou de l'infériorité<br />
intrinsèque de groupes raciaux ou<br />
ethniques qui donnerait aux uns <strong>le</strong> droit<br />
de dominer ou d'éliminer <strong>le</strong>s autres, inférieurs<br />
ou présumés, ou fonderait des jugements<br />
de va<strong>le</strong>ur sur une différence racia<strong>le</strong><br />
est sans fondement scientifique et contraire<br />
aux principes moraux et ethniques de<br />
l'humanité. » (artic<strong>le</strong> 2.)<br />
Ce texte donne mission aux Etats de<br />
développer l'information et l'é<strong>du</strong>cation<br />
dans <strong>le</strong> sens de la compréhension entre <strong>le</strong>s<br />
peup<strong>le</strong>s, notamment en aménageant dans<br />
ce sens <strong>le</strong>s programmes scolaires.<br />
Aujourd'hui, <strong>le</strong>s luttes contre <strong>le</strong> racisme<br />
et pour la compréhension entre <strong>le</strong>s peup<strong>le</strong>s<br />
ont pris une tel<strong>le</strong> amp<strong>le</strong>ur que la conférence<br />
généra<strong>le</strong> a pu affirmer: « Toute<br />
forme de discrimination racia<strong>le</strong> pratiquée<br />
par l'Etat constitue une violation <strong>du</strong> droit<br />
international qui entraÎne sa responsabilité<br />
internationa<strong>le</strong>. » (artic<strong>le</strong> 9.)<br />
Bien que la presse ne l'ait bien souvent<br />
abordée que par <strong>le</strong> petit bout de la lorgnette<br />
la dernière conférence généra<strong>le</strong> de<br />
l'UNESCO constitue donc un important<br />
événement et el<strong>le</strong> comptera certainement<br />
parmi <strong>le</strong>s plus positive de l'histoire de l'organisation.<br />
Théo SAINT-JEAN<br />
• au fil des jours • au fil des jours • au fil des jours • au fil<br />
après darquier<br />
de pel<strong>le</strong>poix<br />
fantasia<br />
néo-nazie<br />
Dans <strong>le</strong> sillage de l'affaire<br />
Darquier de Pel<strong>le</strong>poix, <strong>le</strong>s provocations,<br />
déclarations et agressions<br />
antisémites se sont multipliées en<br />
France. A Garges-lès-Gonesse,<br />
dans la banlieue parisienne, la<br />
section loca<strong>le</strong> <strong>du</strong> R.P.R. a distribué<br />
un tract à la sortie <strong>du</strong> lycée où<br />
l'on pouvait lire la phrase suivante:<br />
« R. Pochon a été démis<br />
de ses fonctions de maire, au<br />
profit <strong>du</strong> stalinien Haim Cukierman<br />
(nom bien de chez nous II!) .»<br />
Un commando d'extrême droite<br />
s'est intro<strong>du</strong>it <strong>le</strong> 29 novembre dernier<br />
dans un lycée de Montreuil et<br />
à détruit <strong>le</strong>s canalisations d'eau,<br />
inondant ainsi l'établissement.<br />
Avant de partir, <strong>le</strong>s fascistes ont<br />
inscrit sur <strong>le</strong>s murs des slogans<br />
antisémites.<br />
A Paris, une organisation juive<br />
a été victime <strong>le</strong> 17 décembre d'un<br />
attentat à la bombe qui a été<br />
revendiqué par <strong>le</strong> groupe qui s'était<br />
attaqué au Club Méditerranée.<br />
A Garges, Sarcel<strong>le</strong>s, Argenteuil<br />
et dans <strong>le</strong>s Vosges, à Saint-Dié,<br />
des monuments aux morts, des<br />
synagogues ont été souillés. Des<br />
inscriptions racistes et antisémites<br />
sont apparues sur <strong>le</strong>s murs des<br />
vil<strong>le</strong>s.<br />
Dans <strong>le</strong> même temps la campagne<br />
de réhabilitation des nazis et<br />
de banalisation des crimes commis<br />
au nom <strong>du</strong> national-socialisme<br />
s'est poursuivie. Alfred Fabre<br />
Luce, que son passé devrait inciter<br />
à plus de modération, s'esttristement<br />
illustré dans cette tâche<br />
peu ragoûtante. Dans un artic<strong>le</strong><br />
paru dans « <strong>le</strong> Figaro» et intitulé<br />
« à bas l'antisémitisme», Fabre<br />
Luce a pris la défense de Bousquet,<br />
responsab<strong>le</strong> de la raf<strong>le</strong> des<br />
juifs à Paris. Sous couvert de<br />
réconciliation, il invite <strong>le</strong>s juifs à<br />
faire tab<strong>le</strong> rase <strong>du</strong> passé, parlant<br />
même de « la supériorité» des<br />
juifs, présentés comme des « capitalistes<br />
avisés» soumis aux règ<strong>le</strong>s<br />
contraignantes de la « doub<strong>le</strong> allégeance».<br />
Après <strong>le</strong> vo<strong>le</strong>ur qui crie « au<br />
vo<strong>le</strong>ur 1 », voici l'antisémite qui<br />
crie : « A bas l'antisémitisme 1 ».<br />
En écho, <strong>le</strong> professeur Faurisson,<br />
suspen<strong>du</strong> depuis de l'université<br />
de Lyon Il, affirmait qu'après<br />
tout <strong>le</strong>s crimes nazis avaient été<br />
grossis démesurément par <strong>le</strong>s<br />
vainqueurs <strong>du</strong> Troisième Reich à<br />
des fins de propagande et qu'en<br />
particulier <strong>le</strong>s chambres à gaz<br />
n'avaient jamais existé.<br />
Tout aussi condamnab<strong>le</strong>,<br />
campagne visant à réhabiliter la<br />
.cinéaste préférée de Goebbels,<br />
Leni Riefenstahl, à qui l'on doit<br />
deux films de propagande: « Le<br />
Triomphe de la volonté» et « Les<br />
Dieux <strong>du</strong> stade ».<br />
De l'étranger, de mauvaises<br />
nouvel<strong>le</strong>s nous parviennent. Aux<br />
Pays-Bas, Pieter Menten, qui avait<br />
été condamné à quinze ans de<br />
prison pour crimes de guerre, a été<br />
remis en liberté sur requête <strong>du</strong><br />
tribunal de La Hay~. On apprenait<br />
éga<strong>le</strong>ment qu'un dirigeant chrétien-démocrate,<br />
Wil<strong>le</strong>m Aantjes,<br />
avait appartenu <strong>du</strong>rant la guerre à<br />
la Waffen SS.<br />
Aux U.S.A., enfin, une centaine<br />
d'étudiants ont organisé une<br />
manifestation antisémite devant<br />
des locaux occupés par des juifs.<br />
inhospitalité<br />
sénatoria<strong>le</strong><br />
et racisme<br />
à l'université<br />
Il est de notoriété publique que<br />
Mme Alice Saunier-Seité, ministre<br />
des Universités, n'aime pas <strong>le</strong>s<br />
étudiants étrangers. El<strong>le</strong> l'a d'ail<strong>le</strong>urs<br />
fait sa<strong>voir</strong> de vive voix en<br />
déclarant en juin 1978 que « l'enseignement<br />
sup...érieur français ne<br />
doit pas devenir <strong>le</strong> trop-p<strong>le</strong>in <strong>du</strong><br />
tiers monde». La circulaire<br />
Bonnet, qui vise à restreindre<br />
l'entrée des étudiants étrangers et<br />
à faire déguerpir ceux qui sont<br />
déjà là en imposant une sé<strong>le</strong>ction<br />
socia<strong>le</strong>, pédagogique et politique,<br />
montre qu'il ne s'agissait pas de<br />
paro<strong>le</strong>s en l'air. (Voir droit et<br />
liberté de novembre 1978) .<br />
Les pou<strong>voir</strong>s publics ne sont<br />
pas <strong>le</strong>s seuls à rendre <strong>le</strong>s étudiants<br />
étrangers responsab<strong>le</strong>s de la cr:se<br />
dont souffre l'U niversité française.<br />
La qualité première d'un sénateur<br />
est la sagesse, dit-on. Certains<br />
d'entre d'eux ont pourtant<br />
embouché, et avec quel<strong>le</strong> fougue,<br />
<strong>le</strong>s trompettes <strong>du</strong> racisme.<br />
Au cours <strong>du</strong> débat précédant <strong>le</strong><br />
vote <strong>du</strong> budget des universités, il<br />
s'en est, en effet, trouvé un,<br />
M. Jacques Hubert, appartenant<br />
à la majorité, pour reprocher à<br />
Mme Alice Saunier-Seité .. . son<br />
libéralisme . « 1/ est temps, a-t-il<br />
ajouté, d'instaurer une certaine<br />
sé<strong>le</strong>ctivité à l'accueil. » Ce point<br />
de vue a été partagé par M. Paul<br />
Seramy (U.D .F.) «ne péchons<br />
pas, de grâce, par trop d'hospitalité<br />
», a-t-il déclaré sous <strong>le</strong>s<br />
applaudissements frénétiques<br />
d'une partie de l'assistance.<br />
A ce train, ces sénateurs vont<br />
bientôt concurrencer Mme<br />
Saunier-Seité sur <strong>le</strong> terrain de<br />
l'insulte et de l'invective.<br />
la<br />
marions-<strong>le</strong>s<br />
Guta Korenblum, « en blanc», et Auguste Crétinoir arr'ivent<br />
devant l'église Saint-Germain-des-Prés. Le père Latour, curé de la<br />
paroisse, <strong>le</strong>s accueil<strong>le</strong> par quelques ·mots d'encouragement<br />
adressés à cette curieuse noce. Les journalistes pressent <strong>le</strong>s<br />
fiancés de questions, stupéfaits qu'on puisse encore faire des<br />
problèmes à des jeunes gens qui veu<strong>le</strong>nt se marier sous prétexte<br />
que l'un c\.'entre eux n'est pas français (Guta est israélienne cf dl<br />
nO 3751.<br />
Mais la police n'a pas l'air d'apprécier l'initiative prise par <strong>le</strong> mrap<br />
et <strong>le</strong>s deux futurs époux, ce mercredi 6 décembre: un cortège<br />
nuptial de l'église Saint-Germain-des-Prés à ... la préfecture de<br />
police pour y demander l'autorisation de mariage. El<strong>le</strong>s sont<br />
pourtant bien pacifiques <strong>le</strong>s quarante personnes qui entourent<br />
Guta et Auguste, avec <strong>le</strong>ur riz, <strong>le</strong>urs tambourins et <strong>le</strong>ur amitié. Le<br />
commissaire prend <strong>le</strong>s deux jeunes gens à part et <strong>le</strong>ur propose de<br />
<strong>le</strong>s amener tout de suite, en voiture, à la préfecture de police:<br />
« Comme ça, vous serez moins fatigués! »<br />
Refus poli. Nous l'invitons en revanche à suivre avec nous <strong>le</strong><br />
cortège, ce qu'il fait ... à distance respectab<strong>le</strong>. Arrivés au pont<br />
Saint-Michel, un fort déploiement de policiers en tenue empêche<br />
la « noce» d'al<strong>le</strong>r plus loin. Une petite délégation, composée de<br />
deux conseil<strong>le</strong>rs de Paris, MM. Férignac (P.C.F.1 et Rossin (P.S.),<br />
élus témoins à l'unanimité de la noce, Jean-Louis Sagot-Duvauroux<br />
pour <strong>le</strong> mrap et <strong>le</strong>s deux « futurs», est admise à pénétrer<br />
dans l'î<strong>le</strong> de la Cité, puis dans <strong>le</strong> temp<strong>le</strong> de l'ordre parisien. Après<br />
une longue odyssée, de bureau en bureau, Guta obtient une<br />
prolongation de son séjour. On attend encore l'autorisation <strong>du</strong><br />
ministre pour célébrer <strong>le</strong> « vrai)) mariage.<br />
A la suite de cette initiative, largement relatée dans la presse, de<br />
nombreuses personnes se trouvant dans des difficultés analogues<br />
se sont présentées au mrap. Un comité de défense de la<br />
famil<strong>le</strong> s'est créé dans <strong>le</strong> but d'aider à résoudre <strong>le</strong>s cas indivi<strong>du</strong>els<br />
et d'arriver à l'abolition de l'autorisation préalab<strong>le</strong> <strong>du</strong> mariage<br />
pour <strong>le</strong>s étrangers non résidents.<br />
2<br />
o<br />
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a..<br />
10<br />
droit et liberté • nO 376 • janvier 1979<br />
11