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E NE DIT PAS - Archives du MRAP

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Les fantômes à [rOil gamméelE Co~it.é International des ~xpert~ de « l'Union Internationale dela Resistance et de la Deportation » (1) a t,enu sa quatrièmeréunion annuelle à Anvers, <strong>du</strong> 17 au 20 novembre. Deux grandsproblèmes étaient inscrits à Son progr,nmme de ItraV'ail : la prescriptiondes crimes de guerre et les inquiétantes résurgences <strong>du</strong> nazisme constatéesun peu partout dans le monde.En fait, ces deux problèmes sont étroitementliés, la prescription des crimes deguerre étant considérée par les nazis nonrepentis comme la première étape d'uneprochaine réhabilitation des nazis , puis <strong>du</strong>nazisme lui-même.Un crime que le Coden'avait pons prévu ...On sait que dans la plupart des paysd'Europe Occidentale l'action publiques'éteint au bout d'un délai qui varie, selonles pays, de vingt à trente années, ce quisignifie qu'au bout de ce délai l'auteurd'un crime peut être découvert, peut mêmeproclamer publiquement sa culpabilité,sans qu'il soit pOSSible d'exercer contrelui des poursuites judiciaires, l'impunitélui étant désormais acquise. Sans entrerdans les détails juridiques tels que la distinctionentre la prescription de l'action etla prescription de la peine, il faut considérerque les raisons qui ont prévalu dansl'esprit des législateurs sont d'intérêt social.Les législateurs successifs qui ont inscritla prescription dans nos différents codesont considéré que passé un certainnombre d'années, généralement vingt ans,le crime qui avait troublé l'ordre public,remué les consciences, causé de l'indignation,inquiété le public, dont le sens de la.iustice réclamait alors vengeance, était oubliéet qu'un châtiment aussi tardif, loinde servir l'ordre public, né ferait au contraireque le troubler à nouveau. Des difficultésmatérielles rendraient aussi presqueimpossible l'application d'une sainejustice : plaignants et témoins morts ouM_ Jacques Delarue, qui fut arrêtésous l'occupation en raisonde ses activités dans la Résistance,consa,cre aujourd'hui tout sontemps à l'étude <strong>du</strong> nazisme et deses séquelles. Son livre « Histoirede la Ge,tapo » a connu un succèsconsidérable_ II est ou doit êtretra<strong>du</strong>it dans 11 pays différents_M. Jacques Delarue, qui prépareun nouveau livre sur l'occupationa participé récemment à la réunion<strong>du</strong> Comité d' experts del'Union Internationale de la Résistanceet de la, Déportation, qui aeu lieu à Anvers, pour étudier lesactivites de l'internationale néonazie.disparus, défaillances de mémoires rendantla preuve de la culpabilité hasardeuse,etc.En quoi toutes ces raisons, dont la valeurne saurait échapper dans les cas decrimes habituels, classiques, ordinaires,• normaux» pourrait-on dire, peuvent-elless'appliquer aux crimes de guerre ? Le comitédes Experts a estimé, à l'unanimité,qu'il n'existait aucun point commun entrela criminalité ordinaire, celle pour laquelleles règles de la prescription ont été élaborées,et la notion toute nouvelle de crimede guerre, qui n'est apparue que près decent quarante ans après l'élaboration <strong>du</strong>Code d'Instruction Criminelle français(1809) .Existe-t-il une commune mesure entrele mari ou l'amant jaloux qui dans un accèsde colère tue la femme qu'il aime etles auteurs réfléchis <strong>du</strong> crime de génocide,méticuleusement élaboré et froidementexécuté, faisant plusieurs millions de victimes? Qui oserait de bonne foi prétendreque les mêmes règles peuvent et doivents'appliquer à des faits aussi différents?Au fond <strong>du</strong> Lac Noir ...Mais, à ces considérations morales doivents'ajouter des considérations d'ordrematériel, très importantes. Dans la répressiondes crimes ordinaires les institutionsparJacques DELA RUEjudiciaires jouent normalement, justice etpolice travaillant dès la découverte <strong>du</strong>crime sans rencontrer d'autres obstaclesque les facteurs humains habituels : mensonge,crainte, mauvaise foi, etc.Il en fut tout autrement en ce quiconcernent les crimes de guerre, commispar des hommes tout puissants, soit dansleUi' propre pays, soit dans des territoiressoumis à leur domination totale, ayant touspouvoirs pour faire disparaître toutes lespreuves de leurs actions et ayant disposede tout le temps nécessaire pour le faire.Ce n'est, dans les cas les plus favorables,qu'avec plUSieurs années de retard queles enquêtes purent être commencées. Encore,les éléments permettant d'identifierles auteurs de ces crimes manquaient-ilspresque toujours.Ces éléments, les preuves de ces crimes,se trouvaient dans les archives nazies.La découverte de pièces ou de dossiersprécis permit tout à la fois de con·naître à coup sûr les auteurs des crimeset d'apporter la preuve indiscutable deleur culpabilité. Les poursuites furent doncentravées, impossibles, tant que les documentsutiles échappaient aux recherches.Des considérations politiques s'ajoutèrentà ces difficultés. En Allemagne del'Ouest, c'est seulement en 1956 que com·mencèrent les poursuites, ce qui reporte·rait le délai normal de prescription, enbonne justice, à 1977.Or, si aucune décision nouvelle n'intervientau Bundestag, la prescription seraappliquée en Allemagne Fédérale le 9 mai1965, date de cessation des hostilités. Cettedate elle-même est arbitraire : combiende déportés, qui sont bien des victimesdes sévices et des atrocités nazies, sont·ils morts au cours des années qui suivirent? Combien meurent encore chaqueannée, qui sont bien, malgré le tempsécoulé, des victimes des mêmes hommeset des mêmes procédés?Ce que nous savons aussi, c'est que denouveaux documents, de nouvelles preuves,sont périodiquement mis au jour ;c'est que les gigantesques archives naziessont bien loin d'être entièrement exploi·tées et même dépouillées, le dédale ad·ministratif, volontaire, <strong>du</strong> monde « brun »en rendant souvent le déchiffrage difficile.L'exemple le plus récent est la découverteen Tchécoslovaquie d'énormes archi·ves de la SS et de services poliCiers immergéesdans des caisses aU fond <strong>du</strong> Lac 'Noir. Et il est bien certain ' que d'autresfaits, d'autres noms, seront encore décou·verts. .Ainsi, si la prescription jouait te 9 maiprochain, on pourrait découvrir les preuvesles plus accablantes contre les nazis assezhabiles pour avoir échappé jusqu'alors auxrecherches, il ne serait plus pOSSible delets poursuivre.Ces révélations tomberaient-elles dansl'indifférence générale? Qui oserait le prétendre?Le temps n'a pas effacé des mé·moires les crimes d'un régime qui a couvertl'Europe de sang, à commencer parson propre pays. Et cela est heureux. Il nes'agit pas d'esprit de vengeance, de goûtde la revanche, bien au contraire. Les Allemandshonnêtes et conscients ne peuventsouhaiter construire un édifice neufet solide sur l'hypocrisie, sur l'oubli <strong>du</strong>passé. Il faut l'assumer pleinement pourfaire place nette.Le vieux cri de mort .•.Car les nazis n'ont pas désarmé, n'ontrien renié de leurs principes de haine etde mort. En Belgique, le cas Degrelle estDernière minute: les députés françaisunanimes contre la prescriptionL es 471 députés français ont adopté, le 16 décembre, à l'l.\nanimité une propositionde loi ainsi conçue : « Le, crimes contre l'humanité, tels qu'ils sont définispar la résolution des Nations Unies <strong>du</strong> 13 février 1946, prenant acte de la définitiondes crimes contre l 'humanité tclle qu'elle figure dans la charte <strong>du</strong> tribunal international<strong>du</strong> 8 août 1945, sont imprescriptibles par leur nature. »Sont intervenus successivement, pour présenter ce texte : MM. Paul Coste· Floret ,RUlYmond Schmittlein, Mme Marie·Claude Vaillant-Couturier.Ce vote f ait suite à ceux qui sont déjà intervenus dans le même sens en Pologne,en Belgique, en U .R.S.S. , en Hongrie, en République Démocratique Allemande.Il constitue une r aison de plus pour l es représentants de la France d'intervenirauprès des autorités de Bonn pour qu'une m êm e disposition soit appliquée enRépublique F édérale Allemande. C'est ce que nous demandons, avec tous l es Françaisqui n 'ont pas oublié ...exemplaire et justifie la sage mesure adop·tée par le parlement belge qui a prorogéde dix années le délai de prescription.Deg relle n'avait-il pas fait savoir, par sesreprésentqnts d'abord, puis directement aucours d'une conférence de presse donnéeà Madrid en juillet dernier, qu'il acceptaitde rentrer en Belgique pour y être jugé,mais qu'il exigeait que le Palais des Sportsde Bruxelles soit tout d'abord mis à sadisposition pendant une semaine afin qu'ilpuisse exposer sa défense et ses théoriespolitiques. Après quoi, son procès devraitêtre entièrement télévisé et radiodiffusé.Enfin, il serait autorisé à se présenter auxprochaines élections législatives.En Allemagne, si la prescription s'appliquaitle 9 mai prochain, on verrait immé·diatement surgir quelques milliers de fantômesà croix gammées. Des milliersd'hommes, réputés morts, et ayant parconséquent échappé à toutes poursuites,vivent sous de fausses identités et n'attendentque cette date pour reparaître augrand jour. Ouand il fut découvert. Eich·mann était considéré comme mort. HeinrichMüller, chef <strong>du</strong> service central de laGestapo avait sa tombe à Berlin. Il estpourtant bien vivant en Albanie. Il en estde même pour Bormann, caché en Amérique<strong>du</strong> Sud. Et il y a ainsi, à travers lemonde, des milliers de faux morts. LaCentrale des crimes de guerre à Ludwigsburgn'a, depuis sa création, examiné que30.000 cas sur lesquels 12.846 ont fait l'objetd'actes d'accusation. Cent cinquantecinqinculpés ont été condamnés pourmeurtre et deux cent quarante-huit pourhomicide. Où sont les autres criminels ?Verrons-nous aux élections de septembre1965, en Allemagne, des candidats an·ciens SS faire leur campagne électoraleavec des brassards à croix gammées, enexaltant le souvenir des glorieuses campagnespassées ? Lira·t-on dans les magazinesà sensation des récits horrifiantsven<strong>du</strong>s à prix d'or par d'anciens bourreauxdésormais sûrs de l'impunité ?Qui les en empêcherait désormais? Quel'on ne se récrie pas comme devant uneénormité: n'importe quel homme averti etde bonne foi peut citer immédiatementcinquante titres de journaux ou de magazines,autant de maisons d'éditions, prêts,à travers le monde, à se disputer cettecopie « sensationnelle n .•Et, quand de nouvelles archives serontdécouvertes, quels chantages, quelles manœuvrespolitiques, permettront-elles ?Encore, toutes ces considérations facilesne font ou'effleurer le problème. ACETTE « GLOIRE » DONT ILSCONSERVENT LA NOSTALGIE.L'arrivée de la Wehrmacht àVichy en 1942.travers le monde, des dizaines de grou·pes néo-nazis sont nés depuis quelquesannées, d'autres adeptes se cherchent.Quels formidables catalyseurs seront poureux les vieilles « gloires » <strong>du</strong> nazisme,désormais libres de prendre leur tête etde pousser à nouveau le vieux cri demort!Nos juristes, si attachés à la lettre destextes qU'ils paraissent en oublier l'esprit(la protection de l'homme et de la société,c'est-à·dire d'une certaine image de l'hommeet d'une certaine forme de société.héritées des Grecs) pensent-ils vraimentque les prochains bénéficiaires de la prescriptionsont des humanistes? Les croientilsvraiment repentis, disparus, et en toutcas inoffensifs ? Leur désillusion risqued'être grande. Mais alors, une nouvellefois, il sera trop tard.(1) L'U.I.R.D. groupe 60 associations appartenantà douze pays : Belgique, France,Grand-Duché <strong>du</strong> Luxembourg, Pays-Bas,Danemark, Allemagne Fédérale, Autriche,Grèce, Italie, Israël, Norvège et Suisse.~IIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIII~~ Si la prescription des ===~ crùmes de guerre était.- = proclamée à Bonn en mai-prochain (comme le prévoitle gouvernement ouest­=allemand) 'les ~{vieillesgloires)} <strong>du</strong> nazisme, res- - surgissant de l'ombre,-p~'endraient la tête <strong>du</strong>=grand complot néo-nazi ...= POUR EMPECHER~cette situation scandaleuse ê- le M.R.A.P. organise une- ~~ ASSEMBLEE ~~ D'INfORMATION i§MERCREDI 13 JANVIER- ===========- ===à 20 h. 30à l'Hôtel ModernePlace de la Républiqueà ParisSous la présidence deCharles PALANlsecrétaire génér,gl<strong>du</strong> M.R.A.P.PRENDRONT LA PAROLEle BâtonnierPaul ARRIGHImembre de l'InstitutetJean SCHAPIRAsecrétaire national<strong>du</strong> M.R.A.P.VE<strong>NE</strong>Z NOMBREUX -= 3;j'IIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIII~2lu p~lu~~mau(J.ai~~goûtPornographie et mauvais goût sontl es deux mamelles de l'inspiration pOUl"les rédacteurs de « Hara,Kiri », et l'onse demande ce qui l'emporte chez euxde la bêtise ou de la perversité. Pa, dequoi être fiers !Un commerçant de la rue de laPcmpe s'en est aperçu - mais un peutard ! - à ses dépens. Ayant commandéun placard publicité, il eut la désa·gréable surprise de trouver le nom desa firme associé grossièrement à celuide Hitler à l'occasion d'un article (sil'on peut appeler ça un article) sur lenazi',;me, d'un « humour » plus quedouteux.Cette affaire a causé un tort considérableà ce commerçant, qui, victimedes persécutions nazies, ayant per<strong>du</strong> plusieursmembres de sa famille dans lescamps de concèntl"a,tion, s'est trouvécité, malgré lui, au milieu d'ignoblesélucubrations.Soutenu par le M.R.A.P., il a intentéune action judiciaire.


12LE GALA DU 22 NOVEMBRE'i~Une magnifique soiréeAVECles années, le gala <strong>du</strong> ,~l.R.A.P. s'~lf}ïr111e de plu~ en, pluscomme un 5-ynonyme de sucees et de qualtte. CeluI de 1964 n aurapar failli à sa réDutation, démontrée une fOIS de plus par UI1 recordd'affluence. , .C'est Georges DE CAc'<strong>NE</strong>S qui presenta et anl111a le sl?ectacle, avecla simpl icité. là gentillesse ('u'on lui connaît. alclé dans sa tache par sonchien EIDER.Quatre joyeux fantaisist~s, LE~BRETELL' S placèrent d'entree la SOIréesous' le signe de la b~nne humeu!".Accompagnée de ses mUSICIens, LydtaEW ANDE, au corps soupl~, à la voixchaude et prenante, sut expnmer deva!ltune salle attentive, l'Afrique en devel1lr.Se succédèrent ensuite. sur un rythmeaccéléré, Jean-Claude DARN AL, dontles refrains courent sur toutes les bouches,Jean V ALTON et ses remarquablesimitations, Anne SYLVESTREchez qui poésie et chanson ne fontqu'un, les MACHUCAMBOS qui nousoffrirent un aperçu trop bl'ef <strong>du</strong> folkloresud-américain.La deuxième vartie fut tout aussiéclectique avec la danseuse israélienneHana MEGOURI-COHEN, entouréecie ballets dont la fraîcheur fut appréciée: Robert ROCCA, tout en finesse.et enfin la grande chanteuse franc.oanglaiseP étilla CLARK clont le bno,l'entrain et le charme remportèrentl'adhésion <strong>du</strong> public.A l'entr'acte, Charles P ALANT, secrétairegénéral <strong>du</strong> M.R.A.P. avait prononcél'allocution traditionnelle.Il commença par remercier les personnalitésprésentes clans la salle, lesartistes qui avaient accepté cI.e pr~terleur concours et tous eeux qUI avalentœuvré à l'organisation cie cette brillantesoirée, faisant applauclir tout particulièrementnotre amie Anne BERANGER.Il devait ensuite souligner les progrèscie la mison, aux Etats-Unis, avecla ringlante défaite infligée à Golclwater,en Angleterre où « le gOlwernementtravailliste décide l'embargo surtO'ntes les armes à destination de l'Etatraciste de l'A friqu e dt~ Sud », à Rome,avec l'adoption par le Concile <strong>du</strong> .schémasur les juifs.« Victoire de la raison JJ, s'exclamat-ilavec force « c'est le vœu de tousles antiraciste~ de tous les partisansde la paix, viqilants aux incidents qwise reno1!velle/l't au Moyen-Orient ..., àChypre ..., au Sud-Viet-nal/l, ait CO/lgo(...) ». .Il s'insurgea contre le projet de prescriptiondes crimes naZis qui serait« tm inqualifiable outrage à la mémoiredes victimes dt~ na:::isme ... »« POttl' que la raison triomphe, continuaCharles Palant, ïl appartient auxantiracistes de dénoncer en France, lesinfâmes gr,!!.!jJagnes de presse menéescontre les fravaillettrs algériens ... Pourque la raison l'emporte, il faltt exigerdes pouvoirs publics que soit mis finà l'intolérable festival néo-fasciste, que ...Tixier-VignancOltr poursuit à traverstout le PW:>,s. »Il devait conclure en appelant àl'union cie tous les antiracistes, cie tousles démocrates de notre pay's, « pourque vienne vite et pou'r toujours, le mondefratemel exalté pa'r Pierre Paraidans son livre « Le 1'Qcisl1le dans lemonde ».NOS PHOTOS(de haut en bas)• Georges de Caunes et sQn 'fidèle Eider - qui étaîtaussi de la fête.• Une vue de la salle : ilfallut refuser <strong>du</strong> monde ...• Dans le hall de Pleyel, ill'entr'acte.• Au bar : Renée Lebas,Jean Sablon et Gr'égoireA,lan.LES PfRSONN4LITESDe nombreuses personnalités entouraient le presi·dent Pierre PARAF et Mme Mathilde PARAF, parmilesquelles :Les ambassadeurs ou représentants diplomatiquesdes pays suivants: ALGERIE, COTE D'IVOIRE, HON·GRIE, KENYA, REPUBLIQUE MALGACHE, MALI,MAURITANIE, SE<strong>NE</strong>GAL, TCHECOSLOVAQUIE,V.R,S.S. ;MM. Jean AUBURTIN, membre et wncien prési.dent <strong>du</strong> Conseil Municipal de Paris ; Roger CARCAS·SON<strong>NE</strong>, sénateur ; Robert BALLANGER et Charlesde CHAMBRUN, députés; M' André BLUMEL, prési·dent·fondateur <strong>du</strong> M.R.A.P. ; Mme Suzanne COL·LETTE.KAHN, secrétaire générale de la FédérationInternationale des Droits de l'Homme ; MM. HenriFAURE, président de la Ligue de l'Enseignement ;Jacques MADAULE, président de l'Amitié Judéo­Chrétienne ; M' Etienne NOUVEAU, vice·présidentde l'U.F.A.C. ;MM. les professeurs Charles·André JULIEN etAndré KASTLER ;MM. les pasteurs Pierre DU CROS, président <strong>du</strong>Christianisme Social, et André DUMAS ; le R.P.GHYS ;MM. Jean CASSOU, conservateur en chef <strong>du</strong> Muséed'Art Moderne ; Gabriel DUSSURGET, directeurartistique de l'Opéra; le peintre André HAMBOURG ;les artistes Renée LEBAS, Grégoire ASLAN, PascaleROBERTS, Jean SABLON, Claire MOTTE, danseuseétoileà l'Opéra ; le cinéaste J.·L. RANKOVITCHles écrivains Albert MEMMI et Jacques NANTET ;l'éditeur J .·L. PIDOUX·PAYOT ; les critiques d'artGuy DORNAND et Chil ARONSON ;MM. Charles LE.OERMAN, président de l'Union desJuifs pour la Résistance et l'Entraide; ROSENBLUM,président de l'Union des Sociétés Mutualistes Juivesde France, et Alfred GRANT, secréta'ire général ;BERCOVICI, préSident de l'Association des AnciensCombattants Juifs 1914·1918 ; Li BLUM, secrétaire·général de l'Union des Engagés Volontaires et An·ciens Combattants Juifs 1939·1945 ; STAMFATER,président de la Fédération des Artisans et Façonniers;MM. HANNOUN, de l'Amicale des Algériens enFrance ; Claude·Roland SOUCHET, secrétaire géné·rai de lru Jeune République ; M. Adolphe ESPIARD ;les r eprésentants <strong>du</strong> P .S.U., de Pax Christi, <strong>du</strong>C.R.I.F., de la J eunesse Ouvrière Chrétienne, del'Union des Etudiants Communistes ; de Travail etCulture, de la Fédération des Villes Jumelées, GuyCIJ.ALON, secrétaire gén éral <strong>du</strong> Comité d'Action <strong>du</strong>Spectacle.La presse était représentée par des journalistes deCombat, Libération, Le Dauphiné Libéré, Paris-Jour,l'Union Fr'ançaisc d'Information, l'Agence Dalmas,La Presse Nouvelle, l'O.R.T.F., l'O.C.O.R.A., rémoi·gnage Chrétien, l' Expres 1, Paris·Match, La Vie Afri·caine, La Tribune des Nations, El Mondo, The JewishChroniclc, Radio.Luxembourg ct Radio..Monte·Carlo.Beaucoup d'autres personnalités, dans l'impossi·bi.lité d'être présentes, avaient fait parvenir des ex·cuses ou des messages.BONS DE SOUTIEN:VOICI DES CADEAUX(peut-être) POUR VOUSVoici les résultats <strong>du</strong> tirage des Bons de Soutien<strong>du</strong> M.R.A.P., qui a eu lieu le 22 novembre, au Gala dela salle Pleyel :UN BON D'ACHAT DE 5.000 FRANCS(500.000 ANCIENS FRANCS) au BAZAR DEL'HOTEL DE VILLE: N° 29.887.U<strong>NE</strong> CAMERA PAILLARD ET UN PROJEC­TEUR ZEISS: N° 91.101.UN TELEVISEUR SCH<strong>NE</strong>IDER: N° 33.130- N° 110.073.UN MAG<strong>NE</strong>TOPHO<strong>NE</strong>: N° 57.331.U<strong>NE</strong> SEMAI<strong>NE</strong> AUX SPORTS D'HIVERN° 86.490.UN COMBI<strong>NE</strong> RADIO·ELECTROPHO<strong>NE</strong> : N° 82.890.UN FAUTEUIL STEI<strong>NE</strong>R: N°' 16.111 • 152 . 19.151.UN TRANSISTOR : N°' 106.688 . 137.640.UN APPAREIL PHOTO avec étui de cuir : N° 86.371 .U<strong>NE</strong> PAIRE DE JUMELLES DE THEATRE : N°' 107.505·137.522.UN MATELAS P<strong>NE</strong>UMATIQUE : N° 103.819.UN BRIQUET SILVER MATCH : N°' 39.287 . 70.093 .84.246· 104.562.UN BON DE 50 FRANCS POUR SERVICE HAUTE·COIFFURE (Léonardo) : N°' 8.795 . 28.800 . 39.28665.246 . 67.730 . 68.001 . 68.255 . 69.495 . 74.92077.596 . 80.206 . 83.880 . 86.206 . 98.056 . 105.626 .108.082 . 136.955.UN CARDIGAN TlMWEAR : N ° 106.707,UN CORSAGE TIMWEAR : N" 132.384.UN CORSAGE EN SOIE: N°' 102.777 . 139.305.UN SAC A MAIN: N° 8.121.U<strong>NE</strong> PAIRE DE CHAUSSURES DAME : N" 38.300.UN SHORT DAME: N° 59.880.DEUX PIECES BON<strong>NE</strong>:rERIE ENFANT : N°' 126.500130.205.TROIS BOUTEILLES DE CHAMPAG<strong>NE</strong>: N" 137.841.UN LIVRE D'ART: N°' 12.237 • 85.686 . 86.197 . 88.592 .115.805 . 127.690 . 128.631 . 130.560.ALBUM ZOLA (Pleïade) : N° 109.148.UN EXEMPLAIRE DEDICACE DU LIVRE DE PIERREPARAF « LE RACISME DANS LE MONDE» : N°' 13.368·45.770·68.545·88.516·97.575·106.959·115.238·126.931128.598·130.187.DEUX LIVRES : N°' 12.972 . 20.601 . 21.324 . 58.817 .60.907· 62.714· 63.477· 85.880· 89.376· 89.381·92.920· 98.060· 102.872 . 103.162 . 104.476 . 106.516 .110.054 . 114.777 . 126.228 . 127.563 . 129.722 . 130.756 •132.144·137.221 ·137.520.UN LIVRE POUR ENFANTS: N°' 49 . 1.272 . 4.920 . 10.04011.693· 49.711· 57.067· 60.671· 67.542 · 72.910·69.671· 7'3.531· 80.642· 85.265· 85.684. 86.315 ·106.242 . 107.901 . 115.761 . 115.950 . 129.888 . 129.904 .130.070 . 130.810.UN LIVRE: N"' 175 . 12.443 . 19.155 . 19.981 . 26.331 .37.740· 38.533· 49.732· 65.093· 66.639· 70.824·72.768· 74.315· 76.639· 86.312· 88.515· 88.555 ·104.776 . 105.701 . 106.438 . 106.882 . 106.885 . 107.416 .113.534 . 115.758 · 127.621 . 128.558· 128.720· 129.725 .137.504 . 138.484 . 140.904.UN DISQUE 45 TOURS: N°' 7.450 . 7.506 . 8.642 . 8.64312.519· 13.691· 14.964 · 15.708· 15.886· 16.956 ·20.060· 20.717. 27.962· 33.357· 35.841· 38.540·45.672· 58.446· 60.306· 63.242· 66.866· 67.316·70.409· 72.055· 73.137· 73.771· 74.032· 79,934·8"1.441· 88.543· 90.315· 91.707· 93.592· 100.140 .101.015 . 103.121 . 104.170 . 105.578 . 105.700 . 106.468 •106.516 . 107.077 . 107.504 . 107.665 • 107.926 . 107.928 .110.033 . 113.075 . 113.199 . 114.498· 114.885 • 115.173·115.410· 115.839 " 115.985 . 125.796· 127.119 . 127.150 .127.582 . 131.2'; 8 . 131.301 . 132.540 . 134.320 • 138.067 •140.005·140.164 ' 140.522.UN STYLO: N" 221 • 262 . 7.509 . 8.115 . 9.041 . 9.443 .11,164. 11.493· 12.204· 13.240· 17.543· 18.081·25.307· 29.051· 29.202· 31.096· 32.150· 33.547·3R.279· 38.454· 40.158· 41.124' 48.188· 48.466·57.530· 58.191· 59.860· 59.976 · 60.374· 62.569·65.092· 65.094· 65.887· 66.292· 66.601· 69,212·69.216· 73.397· 77.256· 78.398· 78.476· 78.490·83.021· 83.687· 85.515 ' 89.192· 89.747· 94.540·101.936· 102.780 . 105.002 . 105.691 . 105.876 . 105.941 .106.250· 113.798· 129.804 • 130.160· 130.219 . 130.551 .132.991 . 133.072 . 137.024 • 137.639 . 139.017 • 140.957.UN STYLO A BILLE (Luxe) : N°' 8.437 . 14.918 . 15.070 .32.970' 34.112· 40.238· 41.156· 56.886· 60.102·69.716· 73.360· 74,222· 76.130· 84.132· 106.635 .115.815 • 129.644 . 130.159 • 132.550 . 137.530.UN ALBUM DE TIMBRES: N°' 24.285 • 91.627 . 130.271.UN REPERTOIRE: N° 56.511.*:Tous les numéros se terminant par 30 gagnentun abonnement d~un an.(Au cas où le gagnant serait déjà abonné, il pourra enfaire bénéficier un tiers.)1RETRAIT DES LOTSLes gagnants sont priés de réclamer leurs lots,en échange de leurs billets, au siège <strong>du</strong> M.R.A.P.,30, rue des Jeuneurs, Paris·II'.Les lots non réclamés d'ici le 31 mars 1964 (in·clus) demeureront acquis au Mouvement.


Le Prix Goncourt et le racismeUn entretien avecMax-Pol FOUCHETVOUDRIEZ-VOUS, Max-Pol Fou-_chet, préciser, pour nos lecteurs,votre point de vue sur« L'état sauvage ».Max-Pol FOUCHET. - M . GeorgesConchon fait preuve d'un talent deconteur qui, certes, ne s'embarrasse pasde préjugés ni de subtilité, . Je ne pensepas que son intention fut d'écrir-e unroman difficile! Il a écrit un livre pourg'rand public ct ce livre sera lu parun grand public, d'autant qU'il a obtenule Prix Goncourt.J e crois que le danger que présentecc livre, c'est que, volontairement ouinvolontain;mcnt, il laisse le Iccteur surl'impl'cssion qu'il y a un racisme noirqui, sans doute, e l t la conséquence directc<strong>du</strong> racisme blanc, mais qui estplus violent et plus « sauvag'e ll.Je suis recollnaissant, bien entcn<strong>du</strong>,il M . Georges Conchon, de nous permettre d'appcler le racisme « état sau-Jfax-Pol FOlJHET (Photo O.R.T.F.)vage II car c'est ainsi que je veux comprendreson titre ! « L'état sauvage ll,effectivEment, c'c,t la violence raciste,ma.is l'auteur, ici cncorc, nous con<strong>du</strong>ità l'ambiguïté ; à sa lecture, c'est laviolence qui sommeille en nous qui parait« état sauvage ll, et non spécifiquementla violence ~·ac iste.Je ne puis pas m 'empêcher d'êtretloublé par l'ambiguïté d' un livre quimGntre le racisme des noirs sans expliquerjamais ses raison , . Les gens par­Ient <strong>du</strong> racisme africain à l'égard desblancs d'autant plus qu'i1s sont sensibiliséspar les événements actuels <strong>du</strong>Cor.go. Ce livre e'Ût-iI paru plus tôt ouplus tard, et non pas au moment mêmede la cri lc congolaise, le danger eûtété certainement moindre_ Les gensv(]mt tout de suite établir le rapportaVLC les événements congolais qui nousont été contés avec un luxe de détailsexceptionnel dans la grande presse. Maisla grande presse, bien enten<strong>du</strong>, n'a. montréqu'un aspect <strong>du</strong> problème, c'est-àdirela violence africaine, la « barbarie" , « l'état sauvage II de, Simbas,massacrant les otages européens, maisClIn s'est pr-esque t!lujours gardé demontrer ce qui se faisait <strong>du</strong> côté blanc,ce que les mercenaires, le mot en ditlong pourtant, faisaient de leur côté.JI y a là dcux violcnce, qui s'affrontent,c'est vrai. Mais c'est la violence africaineque l'on montre toujours, et àla télévision, par exemple, c'est la con<strong>du</strong>itcdes noirs qui est :-eprésentée, etnon pas, impartialement, ce qui s'estpassé dés deux côtés. Car il est à · rappelerque le gouverfIleml:nt congolaisde M. Tshombé agit avec l'aide depui :sances étrangères, qui sont représentéessur place non seulement par <strong>du</strong>matériel, mais aussi par des instrucieurset des « Affreux II qui trouventlà une sorte de revanche aux guerreswloniales qu'ils ont per<strong>du</strong>es récemment.- Il m e semble que dans son livre,Con eh on n'a pas suffisamment montréles aspects politiques de la situationdans ee pays imaginaire. Aujourd'hui,quand il y a, en Afrique, des h eurtsentre hommes politiques, ou entre blancsct noirs, c'est bien davantage pour desraisons pOlitiques ou économiqu es quepour des raisons raciales. Cela n'apparaîtpas dans le livre ...Max-Pol FOUCHET. - Je suis toutà fait d'accord avec ce que vous venezdc dire et, en effet, l'élision volontaire -6n n e peut pas penser qu'elle est involontaire- de la politique, est une desLe livre de GEORGES C.ONCHON « L'état sauvage », qui vientd'obtenir le Prix Goncourt, a suscité des appréciations fort diverses.Les critiques les plus sévères - que la plupart des antiracistesapprouvent - ont été formulées par MAX-POL FOUCHET aucours d'une récente émission télévisée.Notre rédacteur en chef, Albert Lévy, s'est entretenu à cesujet avec Max-Pol Fouchet dont nous publions ci -dessous les propos,en même temps qu'une interview accordée, avant l'attribution<strong>du</strong> Prix Goncourt, par Georges Conchon à notre collaborateur BernardSannier-Salabert.choses qui me gênent et qui me fontpenser que ce livre est un peu trophabile. J e ne veux pas douter de l'antiracismede M. Conchon, mais, ',i M.ConchGn a voulu écr'ire un livre parfaitement atltiraciste, je suis désolé de ledire, il a raté son livre. Si son projet€tait autrc, on ne saurait tl'Op lui reprocherd'avoir joué avec un sujet aussigrave, de s'en être servi.- Il faut constater que les journauxracistes ont pu utiliser ce roman àl'appui des thèses qu'ils défendent habituellsment.Même s'il y a là un certainabus, c'est un phénomène inquiétant ...Max-Pol FOUCHET. - Dans les lettresque j'ai reçues à la suite de monintervention à la télévision, quelquesunesdonnaient raison à M. Conchon,Irais de quelle façon! En disant : « . Cethomme est un grand Français ». Je suistOl>jours iitquiet lonque je lis cette expression({ grand Fra.nçais ", car je saishêlas ce qu'ellc cache ou plutôt cequ'elle révèle !Si j'avais pu douter de l'impressionque j'avais ressentie à sa lecture etque j'ai essayé d'exprimer avec le plusd'honnèteté et de franchise, ce courrierjustement m'empêcherait de douter aujourd'hui.II e , t certain que nombre deces lettres (pas toutes et pas la majorité,tant s' en faut !) font écho à unGeGrg'es Conchon qui n'est peut-être pasie vrai, mais à un Conchon que lesgens peuvent se permettre de créer :l'homme qui a écrit pour eux le livredénonciateur de la décolonisation. Toutesces lettres font pr'ofession de foid'un " cartiérÏ3me II qui n 'est pas seulementéconomique, mais racial. Pourquoidonner de l'argent à des g'ens qui sontdes « sauvages » ? C'est aussi cela leracisme.La question capitale que pose égaIementle livre, c'est de savoir si nouspouvons supporter qu'une femme blanchecouche avec un noir. Cela, en effet,c'e,t le fond <strong>du</strong> problème racial pourbeaucoup.Je suis père d' une petite fille. J'essaiede me mettre dans la peau <strong>du</strong> père queje serai lor'squ'elle aura l'àge de semarier ou d'avoir un amant. Si elle medisait « Demain j'épouse un noir,ou un jaune, ou un israélite ll, je luidirais : « C'est une affaire qui t 'eststrictement personnelle. Si tu l'aimes,c'est parfait, fais ta vie avec cet hommell. J 'e,père que je serai encore, lorsqu'elleaura 20 ans, l'homme qui ditcela aujourd'hui. C"est la pierre de touche.Beaucoup de ceux qui se disentantiracistes sont antir'acistes jusqu'àcette éventualité non comprise. Cela,c'est grave.Dans le livre de M. Conchon, le problèmese trouve posé lorsque le héros(Avit) arrive à Fort-Jaeul. Lorsqu'il apprendque !la femme n 'e ,t plus avecson amant iilanc mais qu'elle est maintenantavec un ministre africain, c'està-direavec un noir, c'est à ce momentlàqu'il dit : « Je me sens raciste, jesuis raciste ll, sans aucune résistanceintellectuelle. Le lecteur' peut ainsi penserqu'il y a naturellement un momentoù l'antiraci.1m e est irrecevable, prendfin, e'est quand une femme blanche setrouve dans les bras d'un homme noir.- Il semble que le côté inquiétant de« L'état sauvage » ait échappé à uncertain nombre de critiques pourtantbien intentionnés. Comment expliquezvouscela ?Max-Pol F OUCHET. Un certainnombre de critiques ne se sont pasaperçus de ce point de vue parce qu'ilsont été emportés par le sujet <strong>du</strong> Iivr-e,pin les péripétie>. parce qu'on peutêtre r econnaissant à quelqu'un, à l'époqueoù les romans ne racontent plus« d'histoire ll, d'en racontel' une. Jepense à mon ami Jean-Louis Bory parexemple qui, dans « L'EXPRESS », aécrit une note enthousiaste. Bory estparfaitement antiracbte, mais je necomprends pas qu'il n 'ait pas éprouvéde gêne.(Suite page 14),Les lignes qui vont suivre ontd'autant plus de valeur, de sincérité,d'intérêt, qu'elles r elatent unentretien que j'ai eu avec GeorgesConchon, dans les tous premiersjours de novembre, au Sénat, bienavant que le Goncourt s'en viennesanetionner son der'nier ouvrage.Dès la parution de « L'état sauvag·e» il m'avait semblé intéressantde m'entretenir avec son auteurde la portée sociale d' un livrequi, après tout, n'est publié quesous l'étiquette de « roman ».Bien avant que les spéciali,tes,suivant leurs opinions politiquesou leurs convictions personnelles,a ient tenté de s'approprier le « mesliageII de ce livre, voici les proposque m'a tenus Georges Conchonpour les leeteurs de « Droit etLiberté IIGEORGES CONCHON vient depublier chez Albin Miéhel un romanparticulièrement violent surle racisme en Afrique équatoriale« l'état sauvage ».La position de rapporteur analytiqueau Sénat n'empêche point cet écrivaind'être un auteur « engagé» Qui fait entendresa voix pour dire (l ue la guerreest un fléau ... et c'est « Les H onne1!YSde la G1terre » (Prix Fénéon I9S6), ouque la guerre d'Espagne fut une despires... et ce fut « La Corrida de laVictoire » (Prix des Libraires I960).Le sujet de « l'état sauvage » dépasse.de loin, le cadre <strong>du</strong> roman :Un jeune fonctionnaire de l'U.N.E.S.C.O., que sa femme a quitté, retrouvccelle-ci, vivant avec un ministre noir<strong>du</strong> jeune gouvernement équatorial qu'ilvisite professionnellement.A ntiraciste de cœur et presque parprofession, le héros se trouve tout d'aborddevant la société blanche de Fort­Jacul qui le guette, espérant un gestede folie qui calmera son ressentimentsauvage d'être obligée de vivre sous laloi des nègres.Ceci serait déjà un excellent sujetmais Georges Conchon, en le développant,met ce jeune homme devant unedécouverte également pénible : ce gouyernementnoir l'expulse, car il est legêneur - cal- il existe, a ussi, un racismeanti-blanc.Ainsi r ésumé on se rend compte del'importance de ce livre et c'est pourm'en entretenir avec son auteur quej'ai, il y a quelques jours, franchi leshautes portes <strong>du</strong> Séna t pour fai re subirà Georges Conchon le supplice de laquestion.- Georges Conchon, votre positiondans cette maison ne va-t-elle point fairenaître dans l'es-prit de vos lecteurs l'idéed'une sorte de caution morale pour l'ouvrage que vous venez d'achever et leprésenter ainsi comme le _ reflet d'unefaçon de penser plus ou moins officielle?...- Absolument vas. Il n'est que laconsta tation d'un éta t de fait qui medésespère. La cohabita tion de deuxgroupes ethniques différents est toujourstrès difficile et aboutit - pourun antiraciste d'essence, comme je lesuis - à des résultats désespérants -àconstater. J'ai conscience d'avoir écritun livre qui me fera sans doute desamis mais, certainement aussi des ennemis.- Déjà, dans la presse spéc'ialisée,prenons par exemple « Rivarol », la critiquede votre roman a Bonné un nouveauprétexte à emboucher les longuestrompettes <strong>du</strong> racisme et, par le contextemême de l'article et son optique particulière,laiss'e dans l'esprit <strong>du</strong> leCteurque c'est là un roman raciste ...- Alors Que c'est tout le contraire. Ilpose, entr.e autres l'un des problèmes quipeuvent intéresser le plus le public aujourd'hui: je ne suis pas raciste mais ...je ne venais pas d'un bon œil que mafi ll e épouse un noir.- Autre questionvotre roman " a-t-ilGeorges CONCHONnous dit ...: pourquoi danssi peu de noirọ\:1« a<strong>du</strong>ltes », si je peux dire- C'est que dans cette partie del'Afrique, que je connais, la puissancecolonisatrice a maintenu les gens de cepays dans un état intellectuel effrayant,C'est ce que ie dis dans le roman : « Jevous donne trois bacheliers, faites-moiune république » ...Peinture <strong>du</strong> racisme chez les blancS'qui s'obstinent à demeurer là-bas et quiont la nostalgie de la colonisation ; témoignagesur un certain racisme noirvis-à-vis clu blanc, dont la présencedans des conditions assez exceptionnelles,va cristalliser la violence, l'état sauvagese retrouve clans les deux communautés...- Quell es solutions préconisez-vouspour tenter d'aboli r les exactions commisesau nom <strong>du</strong> racisme ?- Je vais vous faire une réponseambiguë. Dans le cas particulier dontGeorges CONCHONnous parlons' il faudrait que les noirscessent de considérer l'Europe commele :nodèle cie tout et d'imiter les colonisateurs,et replongent clans Je fond nationalnoir pour y puiser leurs valeurs.Cette civilisation européenne telle quenous la subisson s ici, n'est pas faitepour eux, pour leurs coûtumes.- Nous reposons donc le clouble problèmedes jeunes Républiques noires, celuide la survie. qui est un problèmede fraternité entre les nations', et celuide mise en place cles institutions qu ileur est propre.Ecrit dans un style personnel, pleincI'imaO'es et de dialogues percutants,« l'état sa'uvage » qui est au ssi unetrès belle histoire d'amour, connaîtra,peut-être à cause de cela, un succès quiclénassera de loin celui que 1'011 réservea ux liv res sur le racisme.Expression d'une indéniable hostilitéà tout racisme. quel qu'il soit, ce romansuscitera pourtant, en raison de sa formeet de sa conception même, cles débatspassionnés - et fructueux - parmiles antiracistes.c'estCI.ÜPu ,EN VENTE dans toutes les bonnelMaisons de Literie et d'Ameublementet les grands Magasinl.


i-----14Après le vote <strong>du</strong> (joncile (L'Abbé PIERRE.·« Un acte de véritéet de courage »FAUT-IL, pour désig-ner ce texte, Qui n'a pas fini de soulever des réactionspassionnées, oarler de Déclaration <strong>du</strong> Concile « sur les problèmesjuifs? » ..Ne serait-il pas beaucoup plus profon- normale, de toutes les sortes de Vtcttmesdément exact de parler de déclaration de ce que l'on peut appeler « le pêché(humblement faite, car elle comporte la des racismes préten<strong>du</strong>s religieux ? J)reconnaissance des péchés des chrétiens Il faut des déclarations de vérité_comme des autres humains) sur l'univer- Et puis des actes de vérité.salité de la fraternité humaine et l'uni- Travaillons maintenant ensemble àversalité de l'égarement humain, et l'universalitéde la vocation humaine à lasanctification ren<strong>du</strong>e surnaturellementpossible par la valeur <strong>du</strong> sacrifice volontairementoffert de Jésus, fils de Marie,Incarnation <strong>du</strong> Verbe de l'Eternel, UniquePerfection et Plénitude d'Amour ?,Ce texte veut replacer les réalités religieuses,de ce que l'on appelle, au longdes siècles, les problèmes juifs, à leur'place à l'intérieur <strong>du</strong> . drame humain total.Tout texte est incomplet et imparfait.Tout texte peut être sollicité par lespassions.Tel qu'il est, celui-ci est à la fois unacte de Vérité et de Courage_Courage, non seulement de se recon·naitre soi aussi, pécheur parmi tous lesautre;, mais courage également, en témoignantpour le maximum possible devérité, de consentir au risque de fâcherd'autres frères pourtant autant aimés.Lorsque l'on a commencé d'oser unpas de plus vers la vérité et le courage,quasi nécessairement l'on s'est exposé àdes coups nouveaux, et la vérité insatiableappelle à d'autres pas encore.Espérons, tous, et unissons nos sincéritéset nos prières pour que, d'une part,sous les coups nous gardiOns la sérénitéqui témoigne de la joie de la vérité, etpour que, d'autre part, face aux exigencesde cette vérité, nous continuions d'ouvrirnos yeux, notre intelligence et notreamour, pour comprendre et vouloir lesactes à venir, à accomplir.Le plus prochain de ces actes nécessairesne sera-t-il pas, pour les croyantsde toute race, de se reconnaître le ~evoirde prendre constamment, en esprtt deréparation poUir l'humanité entière, .lacharge, au-delà des politiques de nattonalités,de la remise en condition de vieAlbert GRANTceux-ci.Secrétaire général de l'Union des SociétésMutualistes Juives de France :« Une ère nouvelle »IL est indéniable Qu'à la suite <strong>du</strong>récent vote de la session <strong>du</strong> ConcileŒcuménique, une voie nouvelleest en train de s'ouvrir dans les relationsentre les peuples à travers latrouée effectuée dans le mur séculairedes attitudes hostiles <strong>du</strong> catholIcismeenvers les juifs.En effet, l'encouragement de VaticanII à une estime mutuelle entre chrétienset juifs, pour remplacer la réprobationrui avait cours naguère enversces derniers, traités de « race maudite» qui aurait été « déïcide », est enmesure de bouleverser à l'avenir lescomportements néfastes <strong>du</strong> passé, illustréspar l'Inquisition. Nous ne saurionsoublier aue, sur cette base religieuses'est greffé l'antisémitisme politique,Qui a abouti au p'énocicle nazi.Déciclément, les six millions cie VICtimesjuives innocentes pesaient lourdementdans l'examen de conscience conciliaire.Si, dorénavant, les recommandations<strong>du</strong> 20 novembre dernier de la plus hauteautorité catholique entrent dans la pratiqueQuotidienne de l'Eglise, on pourradire Que l"antisémitisme perdra son soutienpopulaire, ce Qui est décisif pourl'avenir.Il est à vrévoir. dans la nouvelle conjoncture,Que des orêches soient 111"OnOncés<strong>du</strong> haut des chaires des Eglises enSuite de la )page centraleMme Suzanne COLLETTE-KAHNVice-Présidente de la Ligue Française et Secrétaire générale de la Fédérationinternationale des Droits de l'Homme«. Il reste beaucoup à faire »LE 20 novembre dernier, le Concile œcuménique réuni à Rome a enfin votéle texte deDuis 10ngtemDs atten<strong>du</strong> Qui définit la position de l'Eglise catholiquevis-à-vis des religions non chrétiennes.Que dit ce texte ?Il déclare tout d'abord que l'EgliseCatholique « ne rejette rien de ce qui estvrai dans la r eligion bouddhiste J) qu'elleconsidère avec respect les musulmans« qui adorent le Dieu vivant, tout puissantcréateur <strong>du</strong> ciel et de la terre J) - etqui, s'ils ne reconnaissent pas J ésus, « seréfèrent souvent au prophète Abraham etvénèrent Marie, en sa qualité de mère<strong>du</strong> prophète J ésus ».Le Rabbin André ZAOUI .« Un tournant lumineux »COMME l'aurait fait Jules Isaac, s'il avait vécu, nous nous félicitons de laDéclaration courageuse d~ Vatican II sur.le~ juifs e~ no?s espérons !=Iu'ellesera définitivement adoptee d'ms I~ .Co~StltutlOn de 1 Eghse. C~tt~ I?eclarationmarque un tournant lumineux dans l, hIstOIre ?es r~pport~ <strong>du</strong> chnstJan~sme e~général avec les juifs. Elle pourra creer le necessalre chmat de confIance al'intérieur <strong>du</strong> monde des croyants de l'Occident, et dans ce cas, servir d'exempleà toute l'humanité pour le rapprochement et l'amitié entre toutes les religions del'Occident comme de l'Orient.C'est aussi un exemple pour nous, Juifs, Qui avons besoin de mettre en pratiquela maxime de Billel : « Aime la paix, poursuis la paix, aime les créatureset rapproche-les de la Loi divine» (Avoth l, 12).Nous espérons enfin Que lors d'un prochain Concile, la réforme profonde dela théologie, déjà amorcée, am~n~ra les Père~ conc!liaires à un aut;e a~ t e decourage : reconnaître Q~e les JUIfs sont deP?I~ touJ~urs le peup~e d IS,rael.. Eneffet, ce Qui est anachronlOue est non p~ s les Hl1fs, n;als la, c0!1ceptlOn the?loglQuequi ne semble pas encore les reconnaltre comme etant 1 U1l1Que et vraI peuplevivant d'Israël, des temps bibliques à nos iours.· Peuple des Prophètes, auqueld'ailleurs peuvent se joindre d'autres nations Qui formeront ensemble dans lestemps messianiques. le Peuple de Dieu (Isaïe II, 2-4 ; Michée IV, 1-3 ; Zacharie II,IS, VIII, 2S.)M. Olivier* Suite de la page centrale.« théâtre d'humanité » - comme lecondensé de la condition humaine, dema propre condition dirait un chrétienconscient. Ainsi aurait été ren<strong>du</strong>e impossiblela réaction des chrétiens -orthodoxes, catholiques ou monophysites- Qui vivent dans les pays arabes.Pour souligner le caractère limité decette réaction, je voudrais rappeler Quepresque toutes les Eg-lises nrthodoxesont ratifié, à la troisième Assemblée <strong>du</strong>Conseil Œcuménique des Eglises, réuniefaveur de l'amitié envers les juifs etcontre la haine antijuive, et Que les catéchismesenseignent l'ég-alité entrechrétiens et juifs au lieu <strong>du</strong> méprisd'antan.Alors, on peut espérer Qu'une ère nouvelleapparaîtra dans le moncle où l'excitationd'un peuple contre un autre,préparant les guerres, pourra céder laplace à la reconnaissance de l'égalitéQui perpétuera la Daix.CLEMENTen 1962 à la Nouvelle-Delhi, une déclarationdont voici l'essentiel : « L'Assembléeexhorte ses Eglises membres àrésister de toutes leurs forces à touteforme d'antisémitisme. Dans l'enseignementreligieux chrétien, les événementshistoriques Qui ont con<strong>du</strong>it à la Crucifixionne devraient pas être présentésde manière à faire assumer aux juifsd'aujourd'hui des responsabilités Qui incombentà notre humanité tout entièreet non à une seule race ou communauté.Des juifs ont été les premiers à accepterJésus, et des iuifs ne sont pas lesseuls à ne Das le reconnaître encore. »Ces textes convergents me paraissentextirper les racines (pseuclo-) chrétiennescie l'antisémitisme. L'assassinat -par chacun de nous, et d'abord par moi- <strong>du</strong> Dieu fait homme par amour,l'assassinat Quotidien de l'amour est unerévélation si écrasante Que la chrétientéhistorique n'a pu la porter. Elle acherché alors un bouc-émissaire et faitsubir aux juifs - au moment où elles'enlisait partiellement dans les tentationsde la puissance - le destin mêmede « l'homme cie douleurs ». Ainsi,comme l'écrivait Berdiaev, « les chrétien~se sont interposés entre le Christet les juifs, dissimulant à ceux-ci l'imageauthentique <strong>du</strong> Sauveur ».La pénitence nécessaire des chrétiens,leur souffrance enfin commune aveccelle cles juifs dans certains pays del'Est prouvent Que nous sommes entrésdans une nouvelle époque de l'histoirespirituelle des hommes, où « la lueur<strong>du</strong> four crématoire d'Auschwitz... seconfond avec une autre lueur, celle de1 la Croix » (J. Isaac).Faisant allusion aux « dissentions etinimitiés » - (les croisades <strong>du</strong> Moyen­Age par exemple ?) - qui se sont manifestéesau cours des siècles entre chrétienset musulmans, le Concile exhorteles uns et les autres à oublier le passé,à s'efforcer de se comprendre mutuellement,afin de « faire progresser ensemble,pour tous les hommes, la justice sociale,les biens moraux, et aussi la paix et laliberté ».Puis vient, dans le texte, la déclarationconcernant les juifs : déclaration atten<strong>du</strong>eavec une curiosité particulière enraiSOn des atrocités commises contre euxpar l'hitlérisme ; vis à vis desquelles laplus haute autorité de l'Eglise Catholiqued'alors, le Pape Pie XII, a gardé un silencepour le moins étrange ...*Que l'on soit chrétien ou non chrétien,croyant ou incroyant, ce texte <strong>du</strong> Concileamène le lecteur à faire quelques réflexions,et ne va pas sans provoquer chezlui quelques réactions ...La première qui lui vienne à l'esprit estcelle-ci : « Mieux vaut tard que jamais! »A-t-il, en effet, fallu près de 2000 ansà l'Eglise catholique pour découvrir lesliens historiques existant entre la religionjuive et la religion chrétienne ? Luia-t-il fallu tant de siècles pour se rendrecompte qu'il était monstrueusement injusted'accuser tous les adeptes de la religionjuive qui se sont succèdé à traversles âges, de la mort présumée <strong>du</strong> Christ ?Et si, comme on veut le croire - lesdignitaires de l'Eglise catholique ont depuisfort longtemps reconnu l'existencede ces liens historiques et la monstruositéde cette injustice : qu'ont-ils fait pourque les fidèles en prennent égalementconscience ? - Qu'ont-ils fait, a'1 C'lursdes siècles, pour empêcher et condamnerles persécutions de tous genres que lesjuifs ont subies dans le passé : un passéqui hélas s'est prolongé jusqu'à nosjours, et que l'Eglise préfère visiblementoublier ? ..Certes on ne peut que se féliciter deses bonnes intentions présentes, on nepeut toutefois se défendre d'une certaineinquiétude en constatant que ce texteprudent et modéré - n'a pas réuni l'unanimité<strong>du</strong> Concile, qu'il a été voté par1657 voix contre 99 et 242 réserves, que levote n'est que provisoire et ne deviendradéfinitif que l'an prochain, après unnouvel examen <strong>du</strong> Concile.Et même l'on demeure confon<strong>du</strong> en apprenantque le vote de ce texte a suscitéde vives réactions hostiles parmi les Chrétiens<strong>du</strong> Moyen-Orient (sans parler del'hostilité ouverte des Arabes obéissantà des mobiles purement politiques).On en conclut que l'Eglise a encorebeaucoup à faire pour imprégner certainsde ses fidèles <strong>du</strong> véritable esprit chrétien.VIENT DE PARAITRE :Jean BOULIER, ancien professeur à la Facultélibre de Droit de Paris : « lE CON­CilE VATICAN Il - U<strong>NE</strong> EXPLICATION ».Une étude ronéotypée de 56 pages Simpleinterligne, tirage limité. Prix: 9 Frs franco.C.C.P. les Editions <strong>du</strong> Monde Réel, Parisn° 10.865.02 (ou chèque bancaire) , 15, rueMontmartre, Paris-1 ".Un entretien avec Max-Pol FOUCHET* Suite de la pogge 13.Heureusement, d'autres critiques, sur·tout M. Georges Balandier, ont fait lepoint. Georges Balandier a été très sé·vère lorsqu'il a dit qu'on se trouvaitdevant un « Ubu africaniste ». Juge.ment presque sans appel si l'on songeque M. Balandier e,t l'un des meilleursafricanistes, lui.On n 'écrit pas un livre à la légèresur les jeunes Etats d'Afriqué au momentoù ils tentent de se donner uneligne politique, de se constituer en. Etat, parce qu'il faut attendre que cesgens aient appris ce que nous, nous neleur avons pa', appris (et qu'il faudraitparfois nous a.pprendre !) Si le Congoa été le théâtre des scènes de violenceet de massacres que nous savons, c'estparce que la puissance de tutelle de laBelgique a refusé, pendant tout sonmandat, une promotion humaine auxpopulations congolaise ,.Si, aujourd'hui se récolte la. tempête,il faut nous en prendre à nous-mêmes.C'est un peu plus vrai, un peu plusutile, que de montrer une égalité desottise entre des colonialistes qui neveulent pas cesser d'être colonialistes etde, noirs qui ont pris tous les défautsdes blancs .A la télévision, je n'ai pas « attaqué»M. Conchon et son livre. J'ai tenté defaire un examen de critique et de citoyen.Le critique littéraire avait le droitd'exprimer par la parole ce qu'il pensaitde la valeur littéraire de cet ouvrage,et le citoyen avait le droit d'exprimerson inquiétude publiquement. Que ces)it par la pal·ole ou par l'écrit, c'estlà le devoir le plus élémentaire d'uncriti.que. Il n'y a, de ce point de vue,nulle différence entre une critiqueécrite et une critique parlée. Quant àla puissance de diffusion de la T.V.,elle ne pouvait rivaliser en l'oceurenceavec celle de la presse qui, dans saquasi totalité, entretenait ·,es lecteurs<strong>du</strong> Prix Goncourt 1964, lui assurantainsi une audience incomparable.


unE IIYIPORTAnTE REunion ou conSEil nATionAL DU mIR.A.p.LA lutte pour empêcher la prescription des crimes nazis fu~,tout au long de la journée, au centre des travaux <strong>du</strong> ConseilNational <strong>du</strong> M.R.A.P., lors de sa réunion <strong>du</strong> dimanche 13 dé·cembre dans la grande salle de la Ligue de l'Enseignement, ilParis.Après l'exposé de Mc Jean Schapira" un débat prolongé a euL/ année Lincoln* Suite de la page centrale.de réprouvées dan~ leurs ghettos errants, frères antillais, dontquelles que soient nos conceptions politiques sur leur futur sta·tut, la situation sociale et morale, encore indigne d'eux et dela métropole, nous concerne personnellement, le M.R.A.P. a étécréé pour vous défendre, pour vous aimer, dans votre intérêtcomme dans l'intérêt et l'honneur de la France.CE bref rappel de la réalité qui nous étreint en 1965 seraitincomplet si l'on n'évoquait en terminant la menace d'uneprescription accordée en Allemagne aux criminels nazispour le vingtième anniversaire de la fin des hostilités.C'est une des tâches urgentes <strong>du</strong> M.R.A.P. que de souleverl'opinion avec l'appui de toutes les organisations de la Résis·tance contre une mesure qui serait une offense aux morts, undéfi aux survivants. Nul doute qu'au sein de l'Allemagne fédéraleelle·même, de nombreux honnêtes gens mesurent l'immoralitéd'un tel projet. L'attitude <strong>du</strong> gouvernement de Bonn à l'égarddes ' anciens nazis serait un des plus sûrs moyens d'appréciersa loyauté. Tolèrera·t·on que les pires criminels puissent repren·dre leurs activités sans crainte, sinon sans remords, récupèrentleurs biens, leur influence, afin de pouvoir, le moment venu, renouvelerleurs forfaits?_Un mot d'ordre s'impose'à tous ceux qui ne veulent pas revoir,de nouveaux Aaschiwtz :Pas de prescription pour les crimes nazis !1965EST placée pour nous sous le signe <strong>du</strong> grand PrésidentAbraham Lincoln, assassiné il y a cent ans, parcequ'il avait défen<strong>du</strong> l'égalité des noirs et sous le signede la victoire précédée par la libération des camps de la mort.L'année nouvelle doit permettre au M.R.A.P., qui a obtenu en1964 des résultats si encourageants, d'étendre son action en pro·londeur, d'y associer plus intimement ses militants et son Con·seil National, qui est leur émanation directe à cette action.Le M.R.A.P. doit utiliser de la manière la plus moderne, la.dont il peut être appelé à disposer : la presse, le film, le livre,plus efficace, les moyens d'informations dont il dispose et ceuxle colloque ou la conférence·débat, la radio, la télévision.Grande tâche à laquelle en toute confiance nous convions lajeunesse. Tâche qui est à l'échelle de notre temps, à l'échelle desa volonté libératrice.Cet article, qui devait être, lorsque j'en écrivais les premiè·'res lignes, une simple carte de vœux affectueux de bonheurpersonnel et familial, s'étendant à notre Mouvement tout entier,est aussi l'affirmation de cette volonté.Pierre PARAF.lieu, marqué par les interventions de Mo. Yves JOuffa, H. G. Philip,Sarotte et Imerglik, ainsi que Mme G. Ascoli, M. Aelion, MmeDudicq (au nom de la délégation belge), René Guyard, Henri Citl'inot.Sur la base de cette discussion, une commission a mis aupoint la résolution ç ..te nous repro<strong>du</strong>isons ci-contre, adoptée àl'unanimité, et qu'il a été décidé de faire parvenir au gouvernementfrançais, et aux élus: députés, sénateurs, conseillers généraux,conseillers municipaux. Les comités <strong>du</strong> M.R.A.P. et l'ensemblede nos amis sont invités à soumettre ce texte aux candidats,lors de la prochaine campagne électorale, en leur demandantde faire connaître leur position. Des démarches seront aussifaites directement auprès des autorités de Bonn, et des initiativesprises, sur le plan national et local, en vue de coordonner lesefforts de tous ceux qui s'opposent à la prescription.*Après Pierre Paraf, qui présidait la séance <strong>du</strong> matin, c'est MmeGebelin, secrétaire <strong>du</strong> comité <strong>du</strong> Gard, qui assura la directionetes débats.Le rapport d'Albert Lévy sur la préparation de la prochaineJournée Nationale contre le racisme, l'antisémitisme et pour lapaix, fut suivi des interventions de M' Georges Sarotte, AlbertGradztein (Club Amitié), Emmanuel N'Gassa, Jacques LedeTman,le professeur Marc-André Bloch, Mmes Ascoli, Andrée Wins (Lille),,Jacqueline Marchand, Marie-Magdeleine Carbet, Aelion, LéonGriner (Belgique), Henri Krziwkosky, M. Dudicq (Belgique), M'Catherine Ammar, Charles Ovezarek, Guy Perrin.La Journée Nationale de 1965 sera placée sous le double signe<strong>du</strong> centenaire de l'assassinat de Lincoln 05 avril) et <strong>du</strong> 20' anniversairede la fin de la guerre (8 mai). Le débat a surtout portésur les moyens propres à faire participer activement à ses travauxle plus grand nombre d'antiracistes. A cet effet, serontcréées des commissions dont certaines prolongeront et élargirontl'activité de celles qui fonctionnent dès maintenant au M.R.A.P. :commission culturelle, commission juridique, comité d'action Gontrela prescription, commission des enseignants et é<strong>du</strong>cateurs,comité -d'organisation (comité de la région pariSienne et départementaux),comité de gestion. Sont proposées également des commissionstraitant de divers problèmes particulieTs : lutte contrel'apartheid en Afrique <strong>du</strong> Sud, Moyen-Orient, racisme anti-algérier.en France, racisme à l'égard des peuples africains, défense desgitans.D'ORES ET DEJA TOUS LES AMIS DU M.R.A.P. ET LECTEURSDE « DROIT ET LIBERTE " SONT INVITES A S'INSCRIRE, SELONLEUR COMPETENCE OU LEUR GOUT, DANS CES DIFFERENTESCOMMISSIONS, QUI DOIVENT COMMENCER A FONCTION<strong>NE</strong>RAUSSITOT QUE POSSIBLE, AVANT LA JOUR<strong>NE</strong>E NATIONALE.*Dernier débat, ouvert par un exposé de Louise Kanar : commentaméliorer la propagande <strong>du</strong> M.R.A.P. ? Interventions deJoseph Creitz, Albert Gradztein, Denise Decourdemanche_ Tous lesmoyens à notre disposition ont évé abordés: presse, expositions,livres, conférences, radio et télévision, cinéma, théâtre.Charles Palant, secrétaire général <strong>du</strong> M.R.A.P., tira successivement,les conclusions de chacun des débats. A l'issue de la journée,le président Pierre Paraf remercia cl:laleureusement les participantspour leur travail sérieux et prometteur.- _... ------------------------------------~:DIX sur DISQUElA GRANDENUIT's UR un lit de clinique, quelquepart en Suisse, une jeune fem·me vient de prendre une nouvelleconscience de l'Amitié et <strong>du</strong>Souvenir.Cette jeune femme c'est Mich~lineMaure!.Micheline Maurel, matricule 22.410<strong>du</strong> vingt-deux millième convoi qui,en août 1943, quitta le fort de Romainvillepour le camp de Ravensbrück.Vou avez, nous avons presque tous,lu son remarquable livre de souvenir :« Un camp très ordinaire »... PrIX descritiques 1957. Ce témoignage indiscutablea inspiré à F rançois Mauriac, danssa préface, ces lignes prémoni toi res :« ... A u cœur de sa misère, Micheline:Maurel n'avait pas per<strong>du</strong> l'espérance ...Peut-être aujourd'hui a-t-elle plus depeine à ne pas perdre cœur. »Et voici que, vingt années après, les« Futurs souvenirs » qu'elle écrivit àRavensbrück, par l'extraordinaire pouvoirque donne la fo i et la persévérance,sont devenus, grâce a Jany Sylvaire(qui fut sa compagne à Neubrandenbourg)le plus l-emarquable témoignagede ces heures, dans ce qu'il a de plusimpérissable : le microsillon.CO MPAG<strong>NE</strong>S de camp, repriseschacune par leur activité aprèsguerre, elles n'oublient point.Quand Jany Sylvaire eut l'occasion à laradio de dire quelques-uns des poèmesde son amie, déjà Derçait l'idée de lesréunir, de lancer l'écho de ces témoignagesdans un monde à l'oubli faci le ...Car sur les 150.000 femmes, dontJO.ooo Françaises qui passèrent parRavensbrück, 92_000 y moururent. Etaitcetrop Deu pour qu'on s'en souvienne?Vingt ans après, voici que sort chezBarclay un superbe album-disque : « Lilgrande nuit ».Jany Sylvaire et Renée Galharet yont apporté tout leur talent, toute leurémotion, servie en cela par un technicienremarquable : Pierre Rosenwald,qui a su créer cette présence, cette authenticitécomplice qu'est une prise deson tellement nuancée nu'elle sait faireoublier ses prouesses techniques.Et ces vers, qui ne furent au débutqu'un prétexte à refuser l'abattementmoral - cette paralysie de l'esprit quisuit les grandes faiblesses - ces' poèmesde celle qui était, là-bas, comllle l'écrivainpublic d'un groupe de femmes engourdiespar les privations et les tortUl-es,revivent pour nous, POUl- toutesles générations à venir. pour une certainejeunesse ;\ussi (lui tremble auxrisClues que court un Joss Randall defeu 'l1eton télévisé et que les parents,souvent, oublient d'é<strong>du</strong>quer sur ceuxqu'encoururent les' victimes de LaGrande NHit.Illustrés Dar Jean-Claude Trambouze,dits par Silvia Monfort, Emmanuel Riva,Catherine Sellers et Jany Sylvaire,ces textes, dans l'éclai rage musical d'unepaltition de Joseph Kosma, dirigée parSerge Baudo, nous restituent l'étatd'esprit des déportées, sans outrance,comme « à vif »,« La Grande Nuit » pourrait n'êtrequ'un di s'oue parfait à tous égards,choix <strong>du</strong> texte et présentation; ce sera,j'en suis persuadé, un témoignage inoubliable, un gage mémorable d'une grandefraternité que le temps ne pourradétruire.Merci, Micheline Maure!.Bernard SANNIER-SALABERT.(Le di sque « La Grande Nuit », ven<strong>du</strong>au prix cie 27 F, peut être C0111-mandé au M.R.A.P., w, rue des Jeü­Ile~rs, 'paris. (2'). Ajouter 2 F .so pourfrais d envOl , c.c.P. 60-70-98 Paris.)15Pas de prescriptionpour les crimes nazis!L e Conseil National <strong>du</strong> Mou.vement contre le Racisme, l'Antisémitismeet pour la Paix (<strong>MRAP</strong>),réuni à Paris le 13 décembre 1964,:ouligne l'extrême gravité de ladécision prise par les autoritésouest-allemandes de déclarer acquise,le 8 mai prochain, la pres·cription des poursuites contre lescrimes perpétrés par les nazis de1933 à 1945.Car le nazisme n'est pas mort.Vingt ans aprè3 la capitulation<strong>du</strong> 3' Reich, des organisations na·tionales et internationales se réclamcntet s'inspirent toujours del'idéologie raciste hitlérienne. Ilserait intolérable de permettre àdes milliers de criminels, en lessoustrayant légalement à toutepoursuite, de rejoindre ouvertementces organilations et de lesrenforcer, en hommes et en moyensfinanciers.La prescription, si elle devenaitune réalité, serait un défi, nonseulement aux accords interalliés,mais encore au droit pénal internationaltel que l'ont défini lesNations Unies en 1946, 1947 et1948. Elle mettrait à néant l'undes résultats essentiels de la vic·toire de, peuples sur le nazisme:la recherche et le châtiment descriminels hitlériens. Les règles or.dinaires sont inapplicables à descrimes dont l'ampleur est sanspréCédent dans l'histoire et qui nesont pas prescriptibles.Le Conseil National invite tou,les antiracistes sans distinction,les anciens internés et déportés,les anciens résistants, les ancienscombattants, toutes le., victimes<strong>du</strong> nazisme, à s'unir et à coor·donner leurs actions pour empê.cher la situation scandaleuse quise prépare.Il appelle les comités et les militants<strong>du</strong> M.R.A.P. à redoublerd'efforts pour faire mieux con.naïtre à l'opinion publique lesdangers de la prescription et mul.tiplier le:; démarches auprès desautorités compétentes.Il demande à tous les élus etau gouvernement français d'in·tervenir fermement auprès <strong>du</strong> gou·vernement de la R.F.A. et der.appeler celui·ci au respect <strong>du</strong>droit international inscrit dans sapropre Constitution.L'année <strong>du</strong> 20- anniversaire dela libération des camps, où desmillions d'ëtres humains furentexterminés, ne peut être celle dela preJcription des crimes nazis.~ IIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIII111111111111UI'ê: LA VIE DU=M. R. A. P.==~""IIIIIIII"I"II""""IIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIflll"~• Le président PIERRE PARAF signerason livre « Le racisme dœns le monde »,le 19 décembre à Bruxelles (Librairie <strong>du</strong>M onde Entier), le 15 janvier à Paris, dansle 16' (1, rue Mesnil), le 23 janvier dansle S' (à la Librairie, 73, boulevard Saint­Michel, dans le cadre <strong>du</strong> Mois <strong>du</strong> livreantiraciste organisé par le Comité Etudiant<strong>du</strong> M .R.A.P.). Il fera une conférencele 27 ja'nvier, aW Club Amitié.• Le professeur MARC - ANDREBLOCH, membre <strong>du</strong> Conseil National<strong>du</strong> M .R.A.P. a présenté, le film « Samson» au cinéma A.B.C., à Caen, le 17novembre.• Des conférences ont été faites devantdes groupes de jeunes par ROGERMARIA, à Rueil-Malmaison, le 4 décem ·bre, et ALBERT LEVY, à Saint-Maur,le 12 décembre.• CHARLES PALANT, secrétaire gé.néral <strong>du</strong> M .R .A.P., a pris récemment laparole devœnt deux sociétés mutualistesjuives .' les Amis de Przytyck et Secoursaux Amis.• Le film « Le procès de Julie Richards» (one potato, two potato) seraprésenté à Strasbourg, le 19 janvier, aUicinéma A.B.C., au cours d'un gala patro·né par le M.R.A.P.• Le comité <strong>du</strong> M.R.A.P. de Champigny(Seine) organise un vin d'honneurpour la remise d~s cartes, le dimanche10 janvier, à 11 heures, à la mairie, eaprésence de CHARLES PALANT.• Une conférence sur le racisme etl'antisémitisme sera faite par JEANSCHAPIRA, le 12 j anvier, au Lycée deSain t-Germain-en-Laye.


juif sans l'être -« Organiser la culture » tel était lemot d'ordre de Maïakovski, reprismaintenant par Gabriel Garrand, lebrillant directeur <strong>du</strong> Théâtre de lacommune d'Aubervilliers, premierthéâtre dont la troupe est permanente,ce qui lui confère dès le départun certain caractère d'originalité.L 'inauguration <strong>du</strong> nouveau t h é atr~d 'Aubervillier s aura lieu le 24 janvieren matinée avec la première d' « Andorra» de Max Frisch ; cette représentationa ura lieu sous le patronage<strong>du</strong> M.R.A.P .Pourquoi le M.R.A.P . prend-il tantd 'intér êt à la r éalisation de cette pièce ?On le comprendra a u x r éponses queGabriel Garrand, m algr é ses multiplesGabriel Garrand, directeur <strong>du</strong> Théâtrede la. Commune d'Aubervilliers et metteuren (;cène d' « Andorra »activités a bien voulu faire aux questions que n ou s lui avon s posées.Naissance d'un théâtreUne pièce cla'Ïre, ch a ude, sympathique,des murs color és, des affi ches, desphotos, plusieurs tables en combrées detextes, de projets, de m aquettes, deslivres par tout ; une atmosphère de travailet de camaraderie : c'est, dan s unevieille maison de la rue Saint-Mart in .la « retraite » de Gabriel Garrand.- Gabriel G a-rr and, avec le théâtred e la Commune d'Auber villier s, c'estu ne expérience tout à fait nouvelle quevous tentez là ? Pourquoi avoir choisi1DIMANCHE 24 JANVIERà 15 heuresGrande première deANDORRAsous le patronage<strong>du</strong> M. R. A. P.au Théâtrede la Communeà Aubervilliers (1)Places à 9 F 00 et 15 F 00Location au M.R.A.P.30, rue des JeûneursPARIS (II' ) (GUT. 09·57)C.C.P. 18·825·85 Paris(1) Parking assuré.Autobus 65 partant de la gared'Austerlitzft ftn ft ft ft e"Auber villiers, juste aux portes de Paris?- C'est le résultat des réflexions communesà beaucoup d'entre nous, ani·mateurs théâtraux qui nous insurg-eonscontre une conception traditionnelle etclassique qui met le théâtre à la dis·pO.,ition d' une élite seulement.En 1960, 30 à 40.000 personnes, touejours les mêmes, ont fréquenté les théâ·tres parisiens ; une certaine décentra·lisation en Province a permis de tou·cher de nouvelles couches encore res·treintes d i! la population. En dehors decela, c'est le no mans' land, un videculturel.J'étais obsédé par ce pro.blème, lors·que je devins, il y a quatre ans, l'ani·mateur d'une jeune équipe comprenantenviron soixantp. personnes. Nous noussommes installés à Aubervilliers avecle désir de nous implanter auprès d'unemunicipalité ouvrière et dans un lieuoù jamais il n 'avait été question dethéâtre.C'est ainsi qu'est né, tout d'abord, leFesti.val annuel d'Aubervilliers.- Et maintenant, vous allez franchirune autre étape ...- En effet, pendant que nous faisionsce travail de sensibilisation <strong>du</strong> public,des subventions étaient accordées par lacommllne pour la construction d'un théâ·tre ultra·moderne à Aubervilliers. 'Conçupar l'architecte René Allio, le décorateurde Planchon, qui a travaillé avecLaurence Olivier et qui e.,t maintenantau Théâtre de Fra:nce, ce nouveau bâtimentnous permettra de nous installerde façon permanente.Des indivi<strong>du</strong>s et un problème- Donc le 24 janvier, vous inaugurezoffi ciellem en t le théâtre avec la pre·m ière d 'une pièce de Max Frisch « An·dorra ». Voulez-vous n ous dire qui estMax FriSCh ? et pourquoi avoir choisiAndorra ?- II sc trouve qu'a l'heure actuelle,les deux auteurs les plus célèbres <strong>du</strong>théâtre de langue allemande sont deuxSuisses ; Durenmatt ·et Max Frisch. MaxFrisch est pratiquemcnt inconnu enFranee sauf par un montag-e « Bider·mann et les Incendiaires », réalisé pal'Jean.Marie Serraut au théâtre Lutèce,il y a environ quatre ans. Max Frischest né vers 1911. Il a d'abord été journalistemais surtout un architecte detrès g-rande renommée. Son œuvre dra·matique a attiré l'attention des criti·ques ; elle s'étoffe d'année en année et':e rattache, je crois, à tout un courant<strong>du</strong> théâtre contemporain, malheureuse.ment trop négligé par les auteurs fran·çais.« Pourquoi notre choix? Je considère« Andorra » comme étant tout d'abord <strong>du</strong>théâtr'e contemporain dans la mesureoù celui-ci doit être profondément enga·gé pal' ses thèmes, son lang-age, sespréoccupations, dans notre époque. LeThéâtre de la Commune d'Aubervilliersa comme ambition première d'org-aniserun cycle de créations contemporaineset de ne pas, constamment, se réfugierdans le passé.A travers les pièces que nous avonsmontées jusqu'ici, nous avons eu unsouci ; essayer de rendre compte d'unechronique collective des hommes, c'est·à·dire de montrer constamment les homomes en train de faire leur histoire.{( Pas comme les a'utres » •••- pouvez·vous, sans la défiorer, carje sais que le dénouement est inatten<strong>du</strong>,nous brosser: les grandes lignes de lapièce ?- « Andorra » est un pays imagi.naire qui se prend pour le berceau dela justice et de la liberté. Dans ce petitEtat, vit Andri, le héros de la pièce,un jeune garçon âgé de vingt ans dontl'ambition est de devenir menuisier etd'épouser Earbeline, la fille de l'insU··tuteur·, .3on père adoptif. Andri passepour être un enfant juif recueilli parle maître d'école lors d'un voyage aupays voisin où les « Casaques Noires »se livraient à de sang-lants pogromes,Le racisme latent, larvé, des habitantsd'Andorra se cristallise sur Andri lors·Que la: menace d'une invasion de, « Ca·saques Noires » se précise et on voitalors la per·sonna.lité d'Andri qui n evoulait être qu'un garçon comme lesautres, se transformer. s'altérer et fina.lement se façonner à l'image que lestout enAndorriens lui imposent. Andri se défendmais finira par accepter sa con·dition !W juif et le., attributs tradition·n els qu'on y rattache ...Mais, coup de théâtre; la venue d'unedame étrang-ère nous révèle la vérité ;Andri, l'enfant juif, recueilli par pitié .. .- N'en dites pas plus : cet te révélationdémontre, d ' une façon très originale,le caractère absurde et artificielde l'a ttitude des Andorriens à l'égardct-' Andri.- J'ajouterai seulement qu'Andris'identifie, à la. fin de la pièce, à tousles juifs, à tous les persécutés ct mour'rapOUl' avoir voulu a"sumer jusqu'au boutle destin irréversible qU'on lui a fabri·qUé de toutes pièccs. Le symbolismecaricatural de la piècc trouvc son apog-éedans une dcs dernières scèncs, doulou·reuse, atroce, par ses références auxmascarades nazies.- Ne croyez-vous pas que Max Frischa; dépassé le problème de l'a ntisémitismepour aborder celui <strong>du</strong> ch auvinismeoutra.ncier, <strong>du</strong> nationalisme réactionnaire,de la responsa bilité,. de la r elativitéde la liberté ?_ Il faut voir dans « Andorra » unel'étantdramatiséc â l'extrêm e ; au contraire,clic a la simplicité des hi ,toires lesplus belles, les plus. évidentes, mais cesont les prolong-cmcnts dans le publicqni sont à considérer. C'est une desœ uvres les plus importantes de notreépoque. Elle e jt actuellement en trainde faire le tour <strong>du</strong> monde. En :\I1e·m agne, il y a eu comme 1.500 à 1.800représentations en 57 villes différentes ;en I sraël, en Scandinavie, dans les dé·mocraties populaircs, elle a un succèsénorme. Elle va êtl'e créée à Londresd'ici peu ainsi qu'en Amérique <strong>du</strong> Sud.l'al' contrc, elle n ' a tenu que cinq joursà Broadway ; il est vrai qu' Arturo V in 'a pu y être joué que huit JOUI·S. Kous.allons donc en faire la créa tion fran·çaise.- J e pense qu'on peut y voir uneleçon pour le présent et u n avert isse·ment pour l'avenir.- Je vous l'épondr'ai en citant simplement Max Frisch. Voici ce qu'il écrivaitdans le programme de la pièce lors desa création en Allemag-ne en 1961.« L' image que l'aryen sc fait <strong>du</strong> juif,le blane <strong>du</strong> noh', le Français de l'Alg-é·rien. le Suissc de l'ouvrier italien. touteUenis Manuel (André), Pierre Meyralld (le m enuisier) et Pierre Vielherscaze(l'apprenti) au cours d'une répétition.« Deven ir menuisier, ce n 'est p as si Simple, quand on n 'a pas ça da·ns le sang,et d'où est-cè que tu aurais ça dans le sang? »(Photo Elie K agan.)piêce à plusieurs niveaux il y a.d'abord le problèmc <strong>du</strong> juif, m ais il n es'agit pas seulement de cela. En fait,H y a des problèmes de r elation entreh ommes qui cristalli.,ent sur un juif cequ'ils sont eux·mêmes. Le cupide traitele juif de cupide. Le grossier, le lubri·que expriment leuI's tares à propos <strong>du</strong>juif ; il e n est de même pour l'ambitieuxqui a ttribue ses échecs aux juifs.Nous som mes dans un sy"tème drama·turgique extraordinaire nous a.vonsd'abord le juif en relation avec les anti·sémites, le juif n'étant juif que parcequ' il est désig-né commc tel. Puis, dé·passant le cas <strong>du</strong> juif, Max Frisch posele problème de tout le racisme, c'est·à·dirc l e problème de celui qui n'e,t pasadmis dans unc collectivité, dans uneethnie, qui est désigné.La simplicité d'une belle histoireCeci dit, il ne s'agit pas d'une œuvr'eimage <strong>du</strong> prochain prive l'autre de saliberté, en fait une victime, à la limite.elle le tue. »~ Avan t de nous séparer, pouvezvousnous parler t rès rapideme:lt dela troupe.- C'c,t André Acquart qui r éalise lescostumes et les décors ; Joseph K osmala musique. La t r oupe se compose d'unevingtaine d'interprètes avec Den is }la·nuel qui a créé un Saint Just très rema rqué à la TV ; Nathalie l\enal,R ohert BaziI, des tra nsfug-es <strong>du</strong> théâtrede la Gité de Villeu rbanne, Jacques AI·rie, Pierre Meyrand, Jean·Pierre Dou·gnae, Françoise Bertin, Claude Mercu·00, etc ...- Merci G abriel Garr aë1d. Rendezvousle 24 ja nvier .!I,o.Uft lU"" cadeaux de fin d'année ....-UN MAGNIFIQUE ALBUM .-Interviewrecueillie parMarguerite KAGAN.ft_u•( Hommage ~, aux combattantsmartyrs <strong>du</strong> ghetto de VarsovieDessins de Maurice MendjiskyTextes de Paul Eluard et VercorsATTENTION. En raison <strong>du</strong> succès remporté par cette œuvre,le M.R.A.P. a 'la possibilité, désormais de l,a diffuser au prix de100 FRANCS .au lieu de 150 francs. (Les acheteurs ay,ant déjàeffectué leur paiement bénéficieront donc d'un crédit de 50francs1. Hâtez-vous de passer vos commandes a'u M.R.A.P., 30,rue des Jeûneurs. (C.C.P. 17.813-001.:w:r ft "n __----


8aussi souvent qu'ils le voulaient, puisqu'aucune listeélectorale n'avait été établie et qu'on pouvait votern'importe où. Certaines personnes ont voté jusqu'àdix fois ... Un de nos correspondants katangais nousécrivait({ Voici comment ce fameux référen<strong>du</strong>ms'était déroulé au Katanga oriental :({ 'Contrairement aux pri'ncipes d'un vrairéféren<strong>du</strong>m, la popUlation évilloise n'avait pasla liberté de vote. Elle était obligée, maisalors obligée de dire oui à la comédie deLuluabourg :({ 1° On lui a tout d'abord défen<strong>du</strong> demener une campagne contre le projet deConstitution, sous peine de courir des risquestrès graves allant jusqu'à l'emprisonnement.Ceci a été annoncé officiellement à la radiointer·provinciale, par M. Kapwasa Antoine,président <strong>du</strong> Comité Régional <strong>du</strong> Référen<strong>du</strong>m.({ 2" On lui a donné, lorsqu'elle se prés~ntaitau bureau de vote, installé en plein air(le principe : le vote est secret, on le fouleaux pieds) le bulletin portant mention ({ oui»et on l'obligeait à le déposer dans une caisse,et, comme deuxième . opération, On lui présentaitle bulletin « non» qu'il devait déchireret tout ceci sous l' œil d'un soldat ou d'unpolicier, armé jusqu'aux dents. »Malgré ce procédé, il n'y eut, en faveur de cetteillégale Constitution, que deux millions de « oui » -à diviser d'ailleurs par deux ou trois, si l'on tientcompte des partisans ayant voté pluSieurs fois, surquatorze millions de Congolais.C'est en s'appuyant sur cette ({ Constitution »,que M. Kasavubu désigna Moïse Tshombé en qualitéde Premier Ministre.Tshombé ne s'est jamais présenté devant lesChambres, ni devant les Chambres élues congédiéespar M. Kasavubu, ni devant les nouvelles Chambresprévues par la ({ Constitution» illégale deM. Kasavubu.Il est donc évident que Moïse Tshombé ne représentestrictement rien d'autre que lui-même et leprésident Kasavubu.Son gouvernement est absolument illégal.M. P.-H. Spaak, - qui a pourtant pris le partide le soutenir, - a lui-même reconnu l'illégalité <strong>du</strong>processus qui a abouti à sa formation. Cette illégalitéfoncière, immédiatement dénoncée par lesleaders lumumbistes, allait être aggravée par laprésence, aux côtés de Tshombé, le responsable dela sécession katangaise, - ce crime majeur commiscontre le Congo, - d'un GOdefroy Munongo, quel'opinion internationale tient pour l'un des assas·sins directs de Patrice Lumumba, et d'un AlbertKalonji - le responsable des abominables massacresde Bakwanga au cours desquels périrent,dans l'horribles conditions, onze des leaders lesplus aimés <strong>du</strong> parti de Patrice Lumumba.71 NTENSI FICATIONDE LA LUTTE REVOLUTIONNAIRELa prise <strong>du</strong> pOUVOir par Tshombé allait accélérerle rythme des victoires des insurgés.Le l e,' juillet 1964, on annonçait la chute deKabal0 et de Kongolo. Kin<strong>du</strong> était menacée.Le 18 juillet, Kasongo tombait aux mains desforces populaires.Le 21, c'était Baudouinville. Le 25, Kin<strong>du</strong> etKahma. Le 30, Kaboogo.Le 31 juillet, alors que les insurgés investissaientle Kivu, le nord de la province <strong>du</strong> Kasai, la provinceOrientale et atteignaient même la provincede l'Equateur, une nouvelle menace se précisait,visant, cette fois, la capitale elle-même. BOlobo,Kwamouth, Mushié étaient occupés. Les avant-gardesde l'armée populaire étaient à 100 kilomètres deLéopoldville.Des Belges qui ont été en contact avec ceshommes, les décrivent « remarquablement dis cipltnéset organisés ». (5).Banningville est menacée.Un journaliste belge qui rencontre le généralissimede l'A.N.C., écrit (6) :« Le général MobUtu, aussi bien, étaiteffondré quand je l'ai vu.({ Il se rend compte enfin ... » (7).« Le Monde» titre (8) :« M. Tshombé n'est plus soutenu que parquelques villes dont la fidélité reste d'ailleursproblématique. »Les insurgés sont aux portes de Kamina et me-(5) « Le Soir », <strong>du</strong> 31 juillet 1964.(6) « Pourquoi Pas? », <strong>du</strong> 31 juillet 1964.(7) Un article de l'hebdomadaire de Léopoldville« Présence Congolaise », <strong>du</strong> 1 er août 1964, indiqueclairement l'éten<strong>du</strong>e de la liquéfaction de l'A.N.C. :« Avant le retrait des troupes onusiennes <strong>du</strong>Congo, le général Mobutu n'avait cessé d'affirmeravec force, à ceux qui voulaient l'entendre, que sestroupes étaient capables d'intervenir à tous momentset en toutes circonstances là où des troublesseraient signalés.«Que voit-on maintenant? Les troupes del'A.N.C., comme des petits boyscouts, fuient devantles rebelles, abandonnant dans la plupart des cas,armes et munitions.« Conunent peut-on comprendre que nos troupes,dont l'entretien coûte énormément cher au pays(le budget ordinaire de l'armée nationale congolaises'élève à 10 milliards de francs congolais par an)et qui possèdent aprèS tout un armement moderne,puissent battre en retraite ou se laisser prendre commedes mouches par ces rebelles armés, dans laplupart des cas, de machettes, de f!.èches et d'autresarmes primitives? ».(8) Le 1 er août 1964.8nacent directement la base où s'affairent depuisquelques semaines les officiers belges <strong>du</strong> colonelDe Cock (9).Bukavu est investie, le 4 août, le même jour, onévacue les femmes et les enfants européens deStanleyville.Le 6 août, Stanleyville elle-même tombe.L'A'CCOrw SPAAK-HARRIMAND'INTERVE NTION M ILITAIREL'heure est considérée comme grave parWashington.M. Averell Harriman, envoyé spécial <strong>du</strong> présidentJohnson, débarque à Bruxelles et va s'enfermeravec M. P.-H. Spaak pendant de longues heures.Il reprochera au ministre belge, la trop granderéserve de son gouvernement à l'égard de Tshombéet lui fera part de l'intention des Américains d'envoyerà Tshombé une aide massive en aviation etmatériel lourd.« Cependant, le grand obstacle d'une aideeffective des Etats-Unis, serait d'ordre linguistique.Pour reprendre en main les débrisde l'armée congolaise, il faudrait des expertsmilitaires américai'ns parlant français. » (10).Comme les Etats-Unis ne disposent pas de telsexperts, c'est sur la Belgique que le Départementd'Etat compte pour lui en fournir.M. Spaak acceptera donc de faire jouer à desmilitaires belges le rôle de techniciens au servicedes forces américaines.Au même moment, l'ambassadeur de Belgique àLéopoldville est rappelé en consultation. Il rencontre,en dehors des ministres belges des AffairesEtrangères et de la Défense Nationale, les représentantsdes sociétés belges ayant de gros intérêtsau Congo.Des pressions de toutes sortes sont exercées surles membres <strong>du</strong> gouvernement belge qui hésiteraientencore à intensifier l'aide militaire à Tshombé.M. Mennen Williams, secrétaire d'Etat adjoint,se rend à Léopoldville, le 12 août, pour régler surplace, avec Tshombé et Mobutu, les derniersdétails.Et, dès le lendemain, les quatre premiers avionsde transport C.-130, destinés au transport destroupes, débarquent à l'aérodrome de Léopoldville,cinquante parachutistes américains.C'est le début d'un pont aérien qui va ameneren masse, au service <strong>du</strong> gouvernement illégal deTshombé, des engins blindés, des camions, desJeeps, des « instructeurs ».« D'énormes camions de transport, écritRobert D., dans « La Libre Belgique» (11),débarquent 'à Léo un puissant matériel mili-(9) La presse, des 1 e r et 2 août 1964.(10) « Le Monde », 8 août 1964.(11) Des 14, 15 et 16 août 1964.9taire mis à la disposition <strong>du</strong> gouvernementpour lui permettre d'opposer un coup d'arrêtà la rébellion dont l'extension devient tragique.»Puis ce sont des avions de chasse équipés, pourla guerre de guerilla, de mitrailleuses et de ro·quettes. Ils seront servis par des pilotes cubainsanti·castristes, engagés sous contrat, à l'interventionde la C.I.A. Six T.-28 seront livrés dans lespremiers jours.Onze transports H.-221 doivent recevoir, suivantles accords Spaak-Harriman, des équipages belges.Ils sont destinés au transport des troupes et desmunitions et à fournir aux colonnes de répression,l'appui logistique nécessaire. Quatre géants C.-130,avec leurs équipages américains, Des hélicoptèresqui seront pilotés par des Belges.Enfin, des B,-26-K. - avions de reconnaissance àlong rayon d'action - sont amenés à Léo, dès le18 août.Toute cette armada est destinée à combattre lesforces populaires qui ne disposent pas d'un seulavion ni d'un seul canon anti-aérien et qui n'ont,en fait d'armes automatiques, à ce moment, quecelles qu'elles ont pu récupérer sur les soldats del'A.N.C.Dês qu'ils sont assurés de pouvoir bénéficier decette écrasante couverture aérienne, les merce·naires, dont une centaine se trouvait déjà au({ stand by », à Johannesbourg (12), vont affluerau service de Tshombé - Belges en grande majorité,Sud-Africains ensuite, Anglais, Allemands, dontcertains portent ostensiblement la croix de fergagnée au service d'Hitler. Venus de tous les racismes,de tous les fascismes, ils vont - pour del'argent et apparemment sans grands risques -casser <strong>du</strong> nègre, ({ se faire la main » pour lescombats que l'Afrique sous domination blanchedevra, tôt ou tard, mener contre l'Afrique indépendante.Cette intervention américano-belge, - les Etats­Unis pour le matériel, la Belgique pour les hommes- sur laquelle nous reviendrons plus loin -devait évidemment avoir les effets que Washingtonen attendait.Elle a provisoirement enrayé la progression desarmées populaires.Elle a empêché la prise de Bukavu, occupée déjàaux trois quarts par les hommes de Soumialot.Elle va préparer la reconquête des villes dont leC.N.L. s'est emparé.Un éditorial de « La Libre Belgique » dissipe,à cet égard, toute équivoque (13).« Sans les avions « T,·28 » qui ont bloquéla progression rebelle sur la route de Sha-(12) J . K. dans « La Libre Belgique » <strong>du</strong> 3août 1964.(3) Dans « La Libre Belgique » àes 14, 15 et16 août 1964.10Les premiers Belges rapatries par avion arriventà Bruxelles. (A.F.P.)bunda et sans la présënce de deux techniciensaméricains arrivés le même jour etjuste à temps pour aider le colonel Mulambaà réorganiser la résistance, il est absolumentcertain que Bukavu serait tombée le lendemain.»LA SITUATION DES CIVILS BLANCSAVANT L'I NTERVENTIONMILITAIRE BELGEIl nous faut, à présent, revenir en arrière pourexaminer quelle était, à l'époque de leurs victoires,l'attitude des autorités révolutionnaires à l'égard desblancs qui vivaient dans les territoires reconquis.Certes, l'état de guerre civile est, par essence inconfortable.Il devait llécessairement entraîner pourtout le monde, même pour ceux qui n'y étaient pasimpliqués, toutes sortes de privations, de vexations,de malenten<strong>du</strong>s, de risques aussi.Mais il est incontestable qu'avant l'interventionmilitaire américano-belge, le comportement des chefs11de l'insurrection était, à l'égard des blancs, desBelges en particulier, rien moins qu'hostile.- .« Ce n 'est pas contre les Européens quenous luttons, déclare Gaston Soumialot àPhilippe Toussaint, de « Pourquoi Pas? » (14),mais contre un régime fasciste et pourri. »Déjà, au moins de juin, un incident auquel avaitété mêlé l'envoyé spécial de « La Libre Belgique »avait été particulièrement significatif (15). J. K.avait pris rendez-vous avec Soumialot, dans labrousse, aux eIlVirons d'Uvira. Or, il s'était présentéau barrage de contrôle, en compagnie d'un journalisteaméricain. Et il avait été refoulé. Les Américains,déjà à ce moment, n'étaient plus supportéspar les populations ralliées à la révolution, parce queles premiers T.-28 livrés par WaShington, avant l'aidemassive <strong>du</strong> mois d'août, mitraillaient, bombardaientde « roquettes » des civils sans défense.Et, lorsque, quelques jours plus tare!, revenant seulsans son Américain, J. K. rencontra Gaston Soumialot,celui-ci s'excusa avec courtoisie« Quand je vous avais fixé rendez-vous,l 'autre jour, je ne pouvais pas savoir que,ce jour·là, des avions américains' bombarderaientune population et provoqueraient ceténervement des combattants.« C'est le gouvernement américain que nousaccusons de vouloir nous écraser sous lesbombes, alors que nous luttons avec des bâtonset des sagaies. SANS LES AMERICAINSNOUS SERIONS DEJA A STANLEYVILLE,car tout le peuple est avec 'nous (16). Depuisdes années, nous luttons pacifiquement, maisle régime a tué la démocratie.cc Le Parlement a été fermé, 53 parlementairesont été assassinés. Nous sommes desadeptes de la non-violence. Si nous combattons,c'est que nous sommes en état de légitimedéfense. Car, à vraiment choisir, nouspréfèrerions l'ancien colonialisme au régimedes Américains ( ...).« NOUS <strong>NE</strong> VOULONS AUCUN MAL AUXEUROPEENS ( ...).« Mais ce sont des blancs qui nous bombardentet la masse peut confondre. »Ces bombardements américains, d'abord niés parle Département d'Etat, puis avoués par son porte-(14) Du 14 août 1964.(15) « La Libre Belgique », <strong>du</strong> 18 juin 1964.(16) Philippe Toussaint allait, deux mois plustard, confirmer les dires <strong>du</strong> chef insurgé. Dans« Pourquoi Pas? », <strong>du</strong> 14 août 1964, il écrira :« M. Soumialot prétend que le peuple est avec lui.Je crois que c'est vrai dans la mesure où cepeuple a réagi aux abominations de l'A.N.C. qui,lorsqu'elle reprit Albertville, tira sur tout le monde,femmes, enfants, vieillards. »12


--9parole à l'ambassade des Etats-Unis à Léo, M. RichardPhilips (17), faisaient de nombreuses victimes.Après le bombardement de Kabalo, « le présidentSoumialot a protesté contre cette attaqueprovoquée par des pilotes américains. Ila dit de retenir la colère des soldats s'ils ren·contraient sur leur chemin des civils apparte·nant à la même nationalité que ceux qui nousont attaqués, en particulier des Améri·cains. » (18).M. Soumialot lancera alors un avertissement (19)que l'on n'aurait pas dû négliger :« J'ai toujours promis la sécurité aux habitantsde mes régions, les Européens y compris,mais je n'ai pas manqué de soulignerque JE <strong>NE</strong> GARANTIS <strong>PAS</strong> LA SECURITEDES BLANCS DONT LES GOUVER<strong>NE</strong>­MENTS INTERVlEN<strong>NE</strong>NT DANS L'AGRES­SION lancée par la clique de Kasavubu contrele peuple congolais. »1 Au lendemain de la prise de Stanleyville et à la1 veille de l'accord Spaak-Harriman, J. K. pouvaitécrire (20) :« Les rebelles, jusqu'ici, se sont montréssoucieux de garder les blancs avec eux, ils lesont épargnés.« Mais si le gouvernement central engagedes mercenaires, les choses ne changeront-ellespas? » .Ayant eu connaissance de la réunion Spaak­Harriman, « le général Olenga annonce qu'ilavait appris que la Belgique et les Etats-Unisavaient décidé de donner au Congo une aidemilitaire accrue_« Il a déclaré, à ce sujet, que, dans ce cas,il ne donnait aucune garantie pOur les citoyensbelges et américa~'ns résidant dans les régionsoccupées par son armée. » (21).Le gouvernement belge avait été clairement avertipar les autorités révolutionnaires, des risques qu'il(17) M. Philips avait, en effet, reconnu (voir lapresse <strong>du</strong> 18 juin 1964) « que, quelques pilotescivils américains sous contrat avec le gouvernementcongolais, avaient effectué, au cours de ces derniersjours, des sorties à bord de T.-28 dans l'Est <strong>du</strong>Congo. Il a ajouté que d'autres pilotes comptenteffectuer également des missions similaires. - (LeT.-28 a été, rappelons-le, utilisé avec succès dansles guerillas <strong>du</strong> Sud-Est asiatique. Il est équipé demitrailleuses et de bombes) ».(18) « Le Peuple » et « Le Drapeau Rouge »,<strong>du</strong> 27 juillet 1964, et « Le Soir », <strong>du</strong> 28 juillet.(19) « La Libre Belgique », <strong>du</strong> 28 juillet 1964.(20) « La Libre Belgique », <strong>du</strong> 20 août 1964.(21) La presse, <strong>du</strong> 13 août 1964.13faisait courir à ses ressortissants en s'engageant plusavant dans la guerre civile aux côtés de Tshombé.AVERTISSEMENTS BELGESA M. P.-H. SPAAKAu surplus, M. P .-H. Spaak n'avait pas manquéd'avertissements en Belgique même. De la droiteà la gauche, des hommes av.aient crié « casse-cou ».La « Revue Nouvelle » de juillet 1964, prochedes milieux où évolue le Premier Ministre ThéoLefèvre, sous la plume de Charles-FerdinandNothomb, dirigeant des Jeunesses Catholiques, avaitécrit ces phrases lourdes de sens, que son parent,le consul belge à Stanleyville, M. Patrick Nothomb,aura eu, quelques mois plus tard, l'occasion deméditer« Il était déjà dangereux, il y a un an,de laisser partir quelques conseillers militairespour l 'entraînement de l'A.N.C. Il sevérifie qu'il est toujours dangereux de mettreun doigt dans l'engrenage. En laissant partirdes pilotes et des techniciens de la forceaérienne, peu importe leur nombre, 'notrepays y met quelques doigts de plus.« Il n 'est pas besoin de préCiser ce quepeut représenter cet engrenage en quelquesannées (22) : des Belges compromis dans desactions de répreSSion, même si elles sontjustifiées, DES REPRESAILLES, MEMEISODEES, CONTRE DES RESSORTIS­SANTS BELGES; U<strong>NE</strong> AIDE ACCRUE POURDEGAGER CERTAINS BELGES MENACESet l'on recommence l'inutile aventure. LESBELGES DU CONGO N'ONT VRAIMENTPLUS BESOIN DE CETTE EPREUVE ETLA BELGIQUE NON PLUS.« Pire, ce geste dangereux est totalementinutile. »Le jour même de l'arrivée de M. Harriman àBruxelles, « Le Drapeau Rouge» écrivait, avec beaucoupde lucidité (23)« La seule garantie de sécurité de nos40 000 compatriotes qui se trotment auCongo - et c'est là un but qu'il ne faut pasperdre de vue un instant - est la noninterventionbelge, la neutralité vis-à-vis desdeux camps.« Ce qui implique le rapatriement immédiatde tous les militaires belges avant qu'ilne soit trop tard. IlU<strong>NE</strong> TERRIBLE RESPONSABILITEM. P.-H. Spaak et son gouvernement savaient donc(22) M. C.-F. Nothomb était optimiste. Ce n'estpas en quelques années, mais en quelques semaines,que sa prédiction s'est réalisée.(23) « Le Drapeau Rouge », <strong>du</strong> 7 août 1964, sousla signature de François Bailly.14à quoi s'en tenir. L'ambassadeur de Belgique à LéopOldville,dans un télex <strong>du</strong> 14 juillet, (24) avait, luiaussi, attiré l'attention de son Ministre, en mêmetemps que celle de Tshombé, sur le danger de réactionsanti-belges que provoquerait l'intervention d'officiersbelges dans les opérations.Dès lors, en nous plaçant au seul point de vue dela sauvegarde des Belges vivant au Congo, dans leszones exposées à l'action des forces insurgées, -point de vue que nous nous refusons, quant à nous,à isoler de son contexte congolais et de son contexteinternational - en nous plaçant, par hypothèse àce seul point de vue, et ici nous pesons nos mots, -si M. P.-H. Spaak et le gouvernement belge avaientl'intention d'i'ntervenir militairement aUl profit deTshombé, ils avaient pour impérieux devoir d'évacuerau préalable (25), tous les ressortissants belges deszones menacées par l'avance des armées révolutionnaires.M. P.-H. Spaak n'avait pas le droit d'exposer sescompatriotes à des périlS qu'il connaissait parfaitementet dont il savait qu'ils se présenteraient ~névitablement.D'aucuns se demandent déjà si l'on n'a pas laissé1 . sciemment des blancs dans ces régions <strong>du</strong> Congopour se donner plus tard l'occasion d'y intervenirplus directement encore. Même si cette suppositionparait monstrueuse, c'est elle sans doute qui s'inscriradans l'histoire de cette phase de la lutte <strong>du</strong>peuple congolais pour sa libération.L'I NTERVENTION BELGO-AMERICAI<strong>NE</strong> ·A ce moment, la Belgique a déjà au Congo denombreux techniciens militaires, aux côtés <strong>du</strong> « général» Mobutu, dans les camps d'instruction, à labase de Kamina que le colonel De Cock doit remet·tre sur pied avec l'aide d'un staff d'officiers belges.Ce sont des aviateurs belges qui assurent le pilotageet l'entretien des avions militaires congolais.A peine Premier Ministre, Tshombé exige : « quesoit mis à sa disposition le personnel nécessaire pourla mise en service d'wn.e dizaine d'avions de transport<strong>du</strong> type C.-47 (Dakota) et d'un nombre à peuprès équivalent d'hélicoptères des types H.-21 etS.-55 ». (26).Et M. P .-H. Spaak d'accèder à cette demande« Car l'assistance sollicitée est d'ordre technique.Elle ine prévoit que l'accomplissementde missions de transport ou d'évacuation.Elle exclut tout commandement sur des forcescongolaises en opération ainsi que toute par-(24) ReprO<strong>du</strong>it dans « Remarques Congolaises etAfricaines » <strong>du</strong> 22 septembre 1964.(25) Rien n'eût été plus facile. Par exemple, l'aérodromede Stanleyville est resté ouvert encore pendantles premiers jours <strong>du</strong> mois d'août.(26) « Le Peuple» <strong>du</strong> 13 juillet 1964.15ticipation à des opérations offensives, telsque bombardements et mitraillage. »Après les accords Spaak-Harriman, ce sont desBelges qui piloteront tous les avions de transportlivrés par les Américains. Con<strong>du</strong>ire les troupes àpied d'œuvre, leur apporter leur armement, leursmunitions, c'est, sans aucun doute, faire la guerre.Ce sont des Belges qui piloteront les avions dereconnaissance à long rayon d'action.Renseigner sur les déplacements et les activitésde l'ennemi, c'est aussi, incontestablement faire laguerre.Ce sont des Belges qui piloteront les hélicoptères.Rechercher, dans la brousse, les groupes d'insurgés,aider les mercenaires à les retrouver et à lesré<strong>du</strong>ire, c'est faire la guerre.Le colonel Vande Walle, ancien chef de la sûretécoloniale belge à Léopoldville et ancien consul deBelgique dans le Katanga de la sécession, partisanacharné de Moïse Tshombé, est envoyé au Congopour établir, avec un groupe de cent-vingt à centcinquanteofficiers belges, les plans de l'offensivecontre Stanleyville, en régler toutes les phases, veilleraux approvisionnements, etc ...On sait, par la presse, par la radio et par la télévision,quel fut le rôle de ce colonel belge dans labataille pour Stanleyville. Au fur et à mesure queles langues se délieront et que chacun vantera sesexploits, on saura quelle était la conception qu'ilsavaient - sur le terrain - <strong>du</strong> rôle « non opérationnel» qui leur a été officiellement imparti.Mais, même s'ils s'y étaient cantonnés, il n'estpersonne de sensé qui ferait une différence entrel'officier participant au combat et celui qui, aprèsavoir préparé la bataille, ne tirerait pas lui-mêmeun coup de révolver, mais indiquerait aux autresles coups à tirer, les positions à prendre, les manœuvresà accomplir.A ces militaires belges officiellement envoyésdans les rangs de Tshombé par le gouvernementbelge, s'ajoutent, évidemment, les innombrablesmercenaires belges, pour la plupart anciens « affreux» <strong>du</strong> Katanga, menant le combat contre lesnoirs avec cette hargne ou ce mépris qui les caractérisaientdéjà dans leurs expéditions contre lesjeunesses de la Balubakat.L'un d'entre eux, le lieutenant Mazy, vient d'avoirles honneurs d'un reportage photographique <strong>du</strong>grand magazine allemand « Quick » (27).Il collectionne les crânes des « rebelles » et expliquecomplaisamment au journaliste qui en a lecœur soulevé, qu'il tue les nègres d'une certainemanière qui laisse leur crâne intact. Qu'il laissetraîner alors leurs têtes huit jours dans la brousse,qu'il va les rechercher ensuite et les fait bouillirdans un seau. Il faut le voir, la cigarette aux lèvres,présenter avec fierté le résultat de ces opérations.Qu'il s'agisse de mercenaires sadiques ou <strong>du</strong> colo-(27) Dans le n° 49, portant la date <strong>du</strong> 6 décembre1964, pages 58 et 59.16nel Vande Walle, de la part des patriotes qu'ilstraquaient, tuaient ou faisaient tuer, il serait vaind'espérer des nuances : c'étaient des Belges.LA FATALE DEGRADATIONDE LA SITUATION DES CIVILS BELGESIl était normal, hélas, et atten<strong>du</strong>, que la situationse dégrade pour les civils belges. Du moment quela Belgique devenait aux yeux des forces insurgéesune puissante belligérante, ses ressortissants allaientêtre suspectés, arrêtés, mis en résidence surveillée,emprisonnés.Ce procédé est sans doute déplorable - mais ilest pratiqué par des nations qui se piquent d'êtrecivilisées depuis vingt siècles.Le gouvernement belge de 1940, pour ne donnerqu'un exemple, n'a-t-il pas, dès le début des hostilitéavec l'Allemagne, arrêté, emprisonné tous lescivils allemands résidant en Belgique sans faire dedistinction entre ceux qui y vivaient depuis delongues années et les autres, sans épargner biensouvent ceux-là même qui, précisément, avaientfui le régime nazi ! Et ces Allemands, le gouvernementbelge ne les a-t-il pas, au moment où il aquitté le sol national, traînés derrière lui dans sonexode, jusque dans des camps de concentration <strong>du</strong>Midi de la France ? Ne dit-on pas d'ailleurs qu'ilne put empêcher qu'on en massacrât quelques-unssur les routes de l'exode ?Ce souvenir devrait verser quelqu'humilité aucœur d'une homme comme M. P.-H. Spaak quiétait déjà ministre en 1940.Que certains civils belges aient été maltraités auCongo ne semble pas discutable. Nul plUS que nousne le regrette. Mais il ne nous viendrait pas à l'idéed'en rendre M. Gbenyé personnellement plus responsableque ne devait l'être M. P.-H. Spaak desmalheurs arrivés sur une route de France à l'un 1des Allemands qu'il avait fait arrêter ...Dans une guerre, et dans une guerre civile moinsencore que dans une autre, il est impossible decontrôler tout ce qui se fait à tous les échelons.A cette suspicion, à cette hostilité que l'interventionmilitaire belge devait nécessairement valoiraux malheureux civils belges, allait s'ajouter uneautre considération que M. Gaston Sournia lot a trèsclairement exposée (28) :« Pour en venir à la question que vous meposez à propos des Européens : à Uvira, unesociété nous demande de laisser aller wne trentained'Européens à Bujumbura, afin qu'ilsaillent chercher des médicaments, la paie desouvriers je ne sais plus ...« Ils sont partis pour ne plus revenir. OR,LE LENDEMAIN DE LEUR DEPART, IL YAVAIT UN BOMBARDEMENT AMERICAIN,(28) Dans l'interview de Philippe Toussaint.« Pourquoi Pas ? J) <strong>du</strong> 15 août 1964.17PAR AVIONS A UVIRA . ALORS, CELANOUS A OBLIGES A REVENIR SUR NOSPOSITIONS DE LAISSER PARTIR LESBLANCS - LORSQU'ILS S'EN VONT,C'EST POUR QU'ON NOUS BOMBARDE! »Le méme processus se repro<strong>du</strong>isit à Albertvillelorsque les chefs de l'insurrection eurent accédé àune requête de la Croix-Rouge. Sans un avionde chasse, sans un canon de défense antiaérienne,les positions populaires subissaient, sans riposte,les attaques aériennes en piqué, les bombardementsen rase-mottes. On peut, tout en le déplorant, comprendrele calcul de ces chefs qui, se considérantcomme victimes d'une agression belgo-américaine,espéraient que la présence auprès d'eux de civilsbelges et américains contraindrait leurs agresseursil. la prudence et à la modération.Lorsque Tshombé et Munongo, au moment de laseconde opération de l'ONU contre leur sécession,firent interdire par leurs gendarmes aux Européensd'Elisabethville, les routes de la fuite en Rhodésie,ils avaient moins d'excuses. Les civils à qui ils im-, posaient de rester exposés aux mêmes risques debombardement qu'eux n'appartenaient pas à la puissanceattaquante.1Le gouvernement belge n'a pas protèsté pourtantà l'époque contre cette solidarisation forcée de milliersde Belges qui. vivaient à Elisabethville avec legouvernement Tshombé.Et la presse belge s'est bien gardée de toute indignationlorsqu'il s'agissait de Tshombé.La situation déjà très pénible des civils belgesdepuis les premières réalisations de l'accord Spaak­Harriman va se dégrader encore lorsque le colonelVande Walle déclenchera l'offensive contre Stanleyville.Un Belge qUi a vécu l'expérience de Stanleyville,M. François de Beauffort vient de publier (29) un 1témoignage particulièrement significatif. Après avoirsouligné que les seuls Européens qui avaient per<strong>du</strong>la vie dans la prise de Stanleyville par les insurgésavaient été victimes « de balles per<strong>du</strong>es ou d'actesde banditisme isolés », après avoir montré que legénéral Olenga avait assuré le pouvoir « dans unordre relatif, ne manifestant aucune tendance xénophobeIl et que le gouvernement de M. Gbenyé avaitlui-même tenté « de mettre de l'ordre dans le chaoset qu'aucune discrimination à l'égard des étrangersne se fait sentir Il,M. de Beauffort écrit :« Mais l'euphorie des Européens ne <strong>du</strong>rapas longtemps. Bientôt, en effet, les troupesde l'armée congOlaise reprennent l'offensivegrâce à l'arrivée dans leurs rangs de « conseillers» militaires belges et de mercenaireset grâce aussi à l'appui des avions de combat(29) Dans l'hebdomadaire d'extrême-droite « LePhare-Dimanche» <strong>du</strong> 6 décembre 1964.18


10-------------------------------------------------------------------------------------------------------------1américains que pilotent des cubains anti-castristes.»« Par représailles les menaces contre les civilsbelges et américains de Stanleyville commencentalors à se préciser. »« Le 27 octobre, presque tous nos compatriotessont arrêtés et concentrés à l'Hôtel desChutes. »« La situation va empirer à mesure que lestroupes de l'ANC se rapprochent de Stamleyville.»LES MENACES DE MORTQUE L'ON <strong>NE</strong> PREND <strong>PAS</strong> AU SERIEUXET CELLES QU'ON PREND AU SERIEUXLes civils belges étaient-ils, pour autant, menacésde mort à cette époque ? Nul ne pourrait aujourd'huile déterminer avec certitude dans l'état actuelde notre information, jusqu'ici parfaitement unilatérale.Il serait en tout cas surprenant que l'on ait pristout à coup au sérieux des menaces verbales, alorsqu'on n'en avait tenu aucun compte jusque-là.Nous serions curieux de savoir pourquoi M. P .-H.Spaak n'a pas dépêché des parachutistes à Uviraaprès le pathétique appel de l'évêque de cette villeet de ses compagnons de captivité (30) :« Au nom de Dieu et de l'humanité, nous,soussignés Européens, c'est-à-dire, six civils,douze pères, neuf sœurs et moi-même, déjàen détention et maltraités, supplions les autoritéscompétentes américaines et belges decesser immédiatement toUit bombardement desrégions d'Uvira. A chaque bombardement desotages seront exécutés. ICeci entre en vigueurà partir de ce 27 août. »« Signé : Mgr. Damilo Catarji, l 'évêqued'Uvira. »Cet appel était au moins aussi alarmant que celuique lanceront plus tard les consuls belge et américainde Stanleyville.Et l'on a fait écho, à cette époque, à d'épouvantablesmenaces proférées par des chefs révolutionnaires,telle celle-ci, attribuée au colonel Bidalira (31) :(30) Dépêche repro<strong>du</strong>ite par l'agence « FrancePresse » et publiée notamment dans « Le Peuple »<strong>du</strong> 28 aoüt 1964 et « Le Soir » <strong>du</strong> 29 août 1964.(31) « Le Peuple» <strong>du</strong> 29-30 août 1964. Dans unproche aveIÎir on apprendra sans doute qu'il s'agitlà, comme pour les « menaces », les « ordres », les« télégrammes » vantés en novembre 1964, de fauxgrossiers établis par les services de propagande deTshombé. Il serait bien imprudent, en tout cas,d'accorder actuellement une valeur historique quelconqueà des documents aussi surprenants.19« Si on bombarde encore Uvira, je ferai manger unAméricain chaque jour par mes troupes. IISi M. P.-H. Spaak ne s'est pas, à ce moment,inquièté <strong>du</strong> sort des civils d'Uvira, est-ce parce qu'ila considéré ces menaces comme d'inoffensives rodomontades?I! n'aurait pas eu tort puisqu'on a continué à bombarderUvira et qu'ensuite les mercenaires se sontemparés de cette ville sans qu'on y ait tué un seuldes civils préten<strong>du</strong>ement menacés et sans qu'on aitmangé un seul Américain.Mais alors, pourquoi s'est-il tout à coup inquiété<strong>du</strong> sort des civils de Stanleyville au point d'envoyerlà-bas des paracommandos, alors que les dangersn'étaient pas apparemment pires ni les menacesplus effrayantes qu'à Uvira ? 1Une hypothèse que déjà l'on formule est qu'àUvira il n'y avait pas, en dépit <strong>du</strong> colonel Bidalira,un Américain, alors qu'il y en avait à Stanleyville,et un, spécialement, dont la vie était incontestablementen danger puisqu'il avait été condamné à mort.L'on sait déjà que la vie d'un blanc en Afriquevaut, aux yeux de certains, bien plus que celle dequelques centaines de noirs. Serait-il vrai qu'à présent,la vie d'un seul Américain vaudrait plus quecelle d'une trentaine d'Européens ?Cette version trouvera quelque crédit dans le faitque l'opération des paracommandos sur Stanleyvillea été décidée au retour de M. P .-H. Spaak deWashington.Certains en verront, en outre, une confirmationdans le fait qu'après Stan et Paulis, l'opération sauvetagea été abandonnée. L'on dit déjà que c'estparce qu'il n'y avait plus d'Américains à sauver ...Une autre hypothèse qui' expliquerait que l'onait manifesté pour les blancs de Stanleyville descraintes que l'on n'avait pas éprouvées pour ceuxd'Uvira, ce serait le fait que Stanleyville, la citadelledes lumumbistes, était un <strong>du</strong>r morceau, mêmepour les mercenaires <strong>du</strong> Sud-Africain Hoare et pourl'armada <strong>du</strong> colonel Vande Walle et qu'il fallaitbien leur rendre le service de leur ouvrir de l'intérieurles portes de la ville.Cette hypothèse, il y a beaucoup de chances qu'ellesoit formulée sous une forme moins réservée parles Chefs d'Etat d'Afrique et <strong>du</strong> Tiers Monde etqu'elle passe, elle aussi, dans l'Histoire.Qu'Américains et Belges associés aient voulu couronnerleur intervention en faisant tomber le bastionde la lutte révolutionnaire, paraîtra à beaucoupune évidence, même si M. P.-H. Spaak doit s'enindigner.Que cette intervention ait été nécessaire pour assurerla prise de Stanleyville paraîtra d'autant plusvraisemblable que le monde entier a - après etmalgré le déferlement des paracommandos belgessur la ville et l'entrée facilitée des colonnes blindées<strong>du</strong> colonel Vande Walle - assisté à la f,,-roucherésistance des forces popUlaires qui, quinze joursplus tard, s'accrochaient encore à des quartiersde la ville.20LE DROIT D'INTERVENTIO<strong>NE</strong>XISTE-T-IL ?Nous n'avons pas enten<strong>du</strong>, jusqu'ici, en dehorsd'affirmations catégoriques, une démonstration convaincantede ce droit.Si un tel droit existe et si l'Etat qui veut l'exercerest maître de considérer que ses ressortissantssont en danger, le monde risque de devenir unefoire d'empoigne.U Thant avait raison d'inviter la Belgique - sises craintes étaient réelles, - à. recourir au Conseilde Sécurité qui eût pu prendre immédiatementtoutes les mesures urgentes que l'on aurait jugéesopportunes.Se rendre justice à soi-même con<strong>du</strong>it - l'Histoirel'a toujours appris, - à une cascade de violencesdont nul ne peut présager la fin.Mais, si l'on va plus loin, et si l'on admet, parhypothèse, le droit de l'Etat à une telle action directe,il semble évident qu'il ne puisse, en tous cas,l'exercer lorsque c'est lui-même qui aura provoquéles périls auxquels ses ressortissants se trouventexposés.Le moins q~e l'on puisse dire e1)t que le droitd'intervenir était des plus contestable.L'INTERVENTION ETAIT-ELLESOUHAITABLE DANS L'INTERET MEMEDES CIVILS QU'ELLE PRETENDAITVOULOIR SAUVER?Si l'on aborde alors le plan de l'opportunité, ilest permis de rappeler à M. Théo Lefèvre, PremierMinistre, ce que déclarait M. Théo Lefèvre, députéet président <strong>du</strong> P.S.C., en juillet 1960 au momentoù certaine presse et de puissants groupes de pressionpoussaient le gouvernement Eyskens à intervenirmilitairement au Congo en faveur des Belgesexposés aux excès de la mutinerie de la F.P.M. Théo Lefèvre disait alors très sagement (32) :« D'aucuns réclament des mesures spectaculairesqui, SI ELLES PROFIT AIENT ADES GROUPES DE BLANCS DES GRANDSCENTRES POURRAIENT AUSSI NUIREGRAVEMENT AUX POPULATIONS BLAN­CHES DISSEMI<strong>NE</strong>ES DANS LE PAYS. IIEt encore :« C'EST TRES GENTIL DE DIRE QU'ILFAUT LANCER DES PARACHUTISTES SURLE CONGO, MAIS A-T-ON PENSE AUXBLANCS QUI SE TROUVENT DISSEMI<strong>NE</strong>SDANS LA BROUSSE? Il ne faut pas se laisserentraîner dans des attitudes qui susciteraientune série de conséquences qu'on ne peutprévoir. II (33).(32) « La, Cité ll, <strong>du</strong> 11 juillet 1960.(33) « Le Soir II <strong>du</strong> 13 juillet 1960.21Il est trop tôt aujourd'hui pour porter un jugementdéfinitü et d'ensemble - mais il n'est pas troptôt pour souligner combien les considérations <strong>du</strong> M.Lefèvre de 1960 eussent dü peser sur les décisions<strong>du</strong> Premier Ministre Lefèvre de 1964.Force est de constater que, dans toutes les villesreprises aux insurgés par les mercenaires, il n'yavait eu, malgré les menaces et les mauvais traitements,aucun massacre de blancs, et, qu'hélas, lessoixante morts de Stanleyville et les morts dePaulis ont tous été abattus après le largage des parachutistessur Stanleyville.Cela est terrible pour ceux qui ont pris cette décision,même si elle n'a été inspirée que par desbuts humanitaires. Comme est terrible aussi le faitqu'après ce « geste spectaCulaire », aux conséquencessi « redoutables », et alors que les autres blancs« disséminés » dans le pays devaient se trouver plusque jamais exposés aux dangers auxquels on disaitvouloir les arracher. M. P.-H. Spaak allait confesserson impuissance à leur venir en aide.Sur le plan strictement humanitaire où l'on apréten<strong>du</strong> se placer, cette impuissance est la preuvede la tragique légèreté de la décision qui a été prise.Si l'on avait dû, par la suite, apprendre que tousces malheureux blancs étaient morts, c'eût étél'opération aéropqrtée qui les aurait indirectementtués.Et si, comme nous l'espérons de toutes nos forces,ces blancs disséminés en brousse conservaient, malgréle largage des parachutistes et les violences desmercenaires, la vie sauve, il y aurait de fortes présomptionspour que, sans l'intervention <strong>du</strong> 24 novembre,l'on n'ait pas eu à déplorer les morts deStanleyville et de Paulis.Sous quelqu'aspect qu'on la considère, cette opérationdevait nécessairement faire plus de mal quede bien.y AVAIT-IL D'AUTRES SOLUTIONS?Allons plus loin encore. Imaginons enfin que cetteopération ait été utile et nécessaire. Fallait-il y recourir? N'y avait-il pobt d'autre solution ?Les autorités de Stanleyville ne se sont pas dérobéesà des pourparlers amiables. Le monde entier ale sentiment que Belges et Américains n'ont consentià ouvrir une négOCiation que pour mieux camouflerles préparatüs de leur intervention (34).Lorsque M. P.-H. Spaak a rejeté avec dédain lessuggestions qui lui étaient faites, il a manifestementjoué avec les mots et escamoté les réalités.« On exige, a-t-il dit, un cessez le feu et la Belgiquen'est pas en mesure d'ordonner un cessez-lefeu.II(34) L'on peut lire, à ce sujet, les révélations deSimon Malley dans « Jeune Afrique II <strong>du</strong> 6 décembre1964.22Il était évident pourtant, qu'Américains et Belges,sans pOUVOir théoriquement au moins, décrêter uncessez le feu, avaient la possibilité de contraindreimmédiatement Tshombé et ses mercenaires à l'accepter.Il leur suffisait de retirer à l'offensive encours leur assistance militaire pour que sa continuationdevÏint automatiquement impossible.Privés de leur couverture aérienne, de leur commandementlOgistique, et de leurs transports, lesmercenaires eussent été Obligés d'interrompre leuravance. Et le cessez-le-feu fût devenu pour eux lameilleure solution.Au surplus, si le gouvernement belge n'avait puobtenir l'accord <strong>du</strong> gouvernement américain, rienne pouvait l'empêcher d'opérer, lui, le retrait immédiatde tous ses militaires engagés dans l'offensive.Cette décision aurait eu le même effet qu'un retraitconjoint puisque les avions et hélicoptères américains,sans leurs pilotes belges devenaient, dansl'immédiat, inutilisables.Ce retrait, même unilatéral aurait, nous pouvonsl'affirmer, entrainé automatiquement la libérationde tous les civils belges aux mains des insurgés.LA SEULE SOLUTION PACIFIQUEET DEMOCRATIQUE POSSIBLENous voudrions, par cette longue analyse, avoiraidé quelque peu à la démystification <strong>du</strong> prOblème<strong>du</strong> Congo.Sans doute le manque de préparation des Congolais- imputable d'ailleurs à leurs colonisateurs -a-t-il, lors de l'indépendance brusquée de 1960, jouéun rôle dans la crise.Sans doute aussi la fièvre des combats, le souvenirdes massacres subis sans défense, l'excitationcollective, peuvent-ils con<strong>du</strong>ire, parfois, des bandeséchappant au contrôle des chefs révolutionnaires,à d'odieux excés.E:1core faut-il faire, dans les. récits souvent orienlésde la presse occidentale, la part de la propa-- gande et dans les documents pro<strong>du</strong>its : ordres, télégrammes,etc... la part des faux dont les officinesàe Tshombé se sont fait une spécialité depuis letemps de la sécession katangaise.Il ne faut jamais perdre de vue que les cruautéscommises par les soldats de Tshombé et Mobutudépassent en nombre et ·en horreur tout ce que l'onpeut reprocher, non à l'armée des partisans, maisà des éléments incontrôlés et anarchiques qui semblents'agiter à la frar.ge des forces populaires.La presse occidentale sévère aux uns est toutein<strong>du</strong>lgence pour les autres.Par exemple : si l'on pe~t lire partout l'émotionjustifiée que provoquent les assassinats de missionnaireset de religieuses, nous n'avons pas lu un motjusqu'ici de l'exécution par l'ANC - entrant dansStanleyville sur les pas des parachutistes belges etdes mercenaires - <strong>du</strong> curé congolais de la paroisse<strong>du</strong> Christ-Roi, l'abbé Othon Bulombi, dontle seul crime consistait dans ses convictions natio-23nalistes. L'assassinat de ce saint prêtre qui remplitdepuis avant l'indépendance et jusqu'à ce qu'ilfut fusillé sans jugement, sa charge paroissiale, n'a,semble-t-il, suscité aucun regret dans l'opinion occidentale.Dé<strong>du</strong>ire d'excés isolés, - dont les peuples ditscivilisés ont, hélas, eux aussi, dans un passé récentdonné des exemples davantage officialisés - quele peuple congolais n'est pas capable de se gouvernerlui-même, c'est manifestement céder à unesorte de racisme.Bien plus qu'à une préten<strong>du</strong>e inaptitude <strong>du</strong> peuplecongolais à se trouver des chefs capables de lecon<strong>du</strong>ire vers l'ordre et le progrès, c'est aux constantesmenées <strong>du</strong> néo-colonialisme occidental - ettout spécialement américano-belge, qu'il faut imputerle chaos dans lequel ce pays est tombé.La sécession katangaise, l'élimination de PatriceLumumba, la longue détention et le nouvel emprisonnementd'Antoine Gizenga, la constante corruptiondes milieux politiques, et, aujourd'hui lesmanœuvres accomplies et les violences commisespour imposer Tshombé au peuple congOlaiS, tousces crimes sont imputables au néo- colonialisme.Les néo-colonialistes provoquent et aggravent sanscesse le désordre pour pOUVOir ensuite cyniquementle dénoncer, tout en en profitant pour continuerune surexploitation des richesses <strong>du</strong> pays.La seule solution démocratique pacifique possibleconsiste à permettre au peuple congolais, qui n'aplus été consulté depuis mai 19fp, de se choisir librementses représentants. On lui laissera ainsifaire, pour la première fois, l'expérience loyaled'une indépendance dont il a été frustré dix joursaprès l'avoir officiellement obtenue.En retirant tout de suite leur assistance militaireà Tshombé, qui en fait un si cruel et si criminelusage, la Belgique et les Etats-Unis cesseraient dejouer un rôle qui paraît odieux à l'Afrique et auTiers-Monde.I! faut qu'on renonce à vouloir imposer au Congoet à l'Afrique les Tshombé, les Munongo, lesKalonji, assassins de leurs frères, traitres à leurpays et à l'Afrique.En retirant tout appui militaire à Tshombé, l'onévitera la « vietnamisation » <strong>du</strong> Congo.Enfin, en prenant sans retard cette mesure, Oncesserait de mettre en péril la paix en Afrique etdans le monde.En effet, si, comme il faut s'y attendre, à l'interventionblego-américaine aux côtés de Tshombé,répond bientôt une intervention africaine aux côtédes forces populaires, nul ne sait où s'arrêtera cetaffrontement ...Le retrait de l'assistance militaire au gouvernementillégal de Léopoldville aurait très probablementpour résultat l'effacement de Tshombé quin'est rien sans cette aide.L'on pourrait alors enfin recourir à ces électionslibres et contrôlées par l'OUA qui constitue vraimentla seule solution honnête et pacifique de l'abominabledrame congolais.24

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