Ismaël Kachtihi del MoralvidéoNé à Tanger, Ismaël Kachtihi del Moral vit et travaille à Reimsdepuis 1991. Son travail mêle vidéo, environnements, peinture,dessin, sculpture. Il unit le baroque et l’austère, le sacré etle sexuel, la réalité évidente et les maquillages, la chair et le minéral,l’humain et la bête, la souffrance et la volupté, l’ange et le corpsputréfi é, la lumière et les ombres, la présence et l’absence, la vieet la mort, le sonore et le silencieux.En 2007, le réalisateur Thierry Kübler tourne dans le cadre des portraitsd’artistes vivant en Champagne-Ardenne : Ismaël Kachtihi delMoral, la blancheur du sang, une co-production Mosaïque Film,France 3 Lorraine Champagne-Ardenne, avec le soutiende la Région Champagne-Ardenne.expositions2009 Exposition collective, Jardins extraordinaires, <strong>Artothèque</strong> du Conseilgénéral de la Gironde, Mairie de Quinsac2008 Illustration d’un livre objet d’art d’Eric Sarner, Presque un chant d’errance,Ed. Rencontres ;30 Anos de Galeria, Galeria Charpa, Valencia ;<strong>Artothèque</strong> Ephémère Orcca, Musée d’Art Moderne, Troyes2007 Exposition collective Gare(s) aux Arts, Rotonde de Mohon2006 Paysage(s) : chemins et territoires, Couvent des Minimes,Citadelle de BlayeAutoportraits, Camac, Marnay-sur-Seine2005 Afrique-Mosaïque, Galerie François Mitterand, Saint-Seurin-sur-l'IsleEstocada"…la vérité qui s‘échappe des entrailles et du cœur du taureau."Pablo PicassoL’estocada est le coup par lequel le matador donne la mortau taureau ; moment où, dans la fulgurance de l’estoc, la mortse doit d’être la plus prompte. Le moment est crucial, les ombress’élargissent, annonciatrices de ténèbres : dans le silencedes regards, la victime sera sacrifi ée.Comme tout symbole, le taureau est à la fois une réalitéet une abstraction qui ne prend sa dimension que dans son rapportà l’homme depuis l’aube des mythes. Ici, dans ce travail de vidéod’Ismaël Kachtihi del Moral, l’animal, surgissant du fond des temps,de l’ombre du toril, se dresse face au soleil qui l’aveugle, faceau peuple qui d’abord l’ignore ou le jauge. Mais il est aussi,par le tragique de sa mort ritualisée, celui qui annonce une autremort, celle de l’Homme qui consent à se donner en sacrifi ce.Dans un dernier meuglement, dans un dernier cri, l’animalse refuse, lui aussi, à s’arracher à sa condition d’être de chair.Aucune indulgence, la victime est condamnée : dans les rougeoiementsde l’occident, dans le vertige et le scintillement des rougeset des ors. Combien sont-ils à ne pas le reconnaître dans ce voilede poussière ocre ? Combien à l’accompagner cependant ?Hommes de chair ou images de cire et de bois ?Douze visages hiératiques, masques sulpiciens, aux regardsfi gés, se mêlent, dans des superpositions déformantes, à ceux,puissants, vibrants de vie, de douze athlètes noirs. L’immobilitéde l’œil de la statue sans vie se fond dans l’œil vif, lumineuxde l’homme : il s’agit peut-être d’"atteindre à une nouvelledéfi nition de la fi gure humaine" (Bacon), une nouvelle défi nitionde l’homme ? Masse rieuse ou angoissée de chair et d’os ?Représentation polychrome, statique et froide de ce corps ?Corps et sculptures se confondent dans l’abandon extatiquede leurs souffrances et leurs plaisirs.Douze témoins qui viennent eux aussi annoncer la célébrationdu corps sans vie, jambes resserrées, main paume ouverte,chair blanche, sur des draps blancs. Corps meurtri, en attented’un cycle toujours répété, qui redonnera vie, grâce à cette lustrationsanguine. Rien ne doit être mesuré dans ce don d’amour."La mesure de l'amour, c'est d'aimer sans mesure" écrit Augustin.De la gueule d’une fontaine circule le liquide lustral, don indéfi niet fécond de la vie, dans un acte permanent d’amour.Alain-J. Calbo, septembre 2009Ismael Kachtihi del MoralEstocadaMàlaga 2002vidéo 12’© ADAGP Paris 2009
Ismaël Kachtihi del MoralpeinturePaysage ovaleIl pourrait s’agir d’un paysage vu d'en haut, peut-être depuisle hublot d'un avion ? Ou bien d’un ciel tel qu’on le verrait, allongé,le nez vers les nuages.Des formes géométriques bleues superposées, elles disentl’immensité de la mer, du ciel, là s’élèvent ou viennent versnous, des arbres ; le tout reposant sur une forme ovale blancheimmaculée. Cette forme ovale fait penser à un nuage, comme sice paysage reposait sur un nuage, sur une forme immatérielle.Mais sur quoi sommes-nous posés ? Une ampoule bleue accentuecette idée d'immatérialité.Paysage vu d'en haut, paysage vu d'en bas. Mais surtoutune impression de vertige, de doux vertige ? Comme si ce qui esten haut égalait ce qui est en bas.Ismael Kachtihi del MoralPaysage ovale2008Peinture, technique mixteavec branchement électrique80 cm x 40 cm© ADAGP Paris 2009