Thierry PertuisotpeintureGéographies variables IIAprès les Paysages corpusculaires et dans leur prolongement,les Géographies variables, peintures polymorphiques sur toileslibres présentées à la manière des écrans de projection interrogentla représentation traditionnelle, nature morte et paysage notamment,au-delà de l’image fi gurative, dans cette brutalité épiphaniquequi laisse l’objet en suspens : le peintre travaille la surfacecomme apparition décadrée, désassujettie. Même si l’œil interprètecelles-ci à partir de ses référents subjectifs et culturels,c’est dans la surprise de la matière offerte, d’une surface peintedélivrée des rapports de perspective et offrant des mixitésimprobables en expansion fractale. L’artiste s’est appliquéà mettre en forme un sentiment vertigineux de la présence,sorte d’abstraction concrète qui échappe à l’illusion phénoménalesans rien céder de la réalité.Constituées d’hybridations d’éléments naturels en soi - chairsou ossements, fl eurs, fonds d’azur ou de sang - ces compositionsassociant à l’occasion le collage aux pigments travaillés à la cire,nous ouvrent à une sorte d’infra-réalisme. Cette investigationaffranchie de toute tentation d’interprétation littéraire ou symbolisten’est pourtant pas sans évoquer diversement, du seul pointde vue plastique, la force d’expression d’un Soutine ou d’un Bacon,tout en renvoyant à la paradoxale technicité de l’abstraction lyriquequi, dans un geste réfl échi, donne à voir l’infi ni au-delà de la toile.Le jeu de textures, de formes et de couleurs, le brouillagedes échelles, la frontalité de l’image ainsi constituée, et la mixitédu sujet, ouvrent aux interprétations les plus diverses et pourtantsans solution…Les Géographies variables sont réalisées sur toile de lin libreavec des zones peintes (fragments fi guratifs) et des partiesde tissus bleu ciel maroufl és, ce qui accentue l’effet visuelde spatialisation. Elles peuvent être assemblées par l’intermédiaired’un système de tubes d’aluminium pouvant s’emboîterou se visser et dans lesquels les toiles sont glissées par le hautet le bas tel un écran de projection.Hubert HaddadThierry PertuisotGéographie variable II2007acrylique et tissu rouge maroufl é sur toile montée sur châssis100 cm x 100 cm© ADAGP Paris 2009
Céline Pierre/Laurent Plagnolphotographie/installation/vidéoDiplômé d'architecture DPLG et DEA lieux et transformationde la philosophie (Alain Badiou, Paris 8), plasticien espace/texte,Laurent Plagnol vit et travaille en Champagne-Ardenne.Diplômée ENSBA en multimedia - pratique : peinture (V. Bioulès) ;installation (T. Mouraud) ; performance (M. Abramovic),Céline Pierre, plasticienne multimedia, vit et travailleen Champagne-Ardenne.Installations dans le paysage,rencontres avec les populations2004 Rives sur le fl euve, port de Nogent-sur-Seine2002 Sans titre, grèves de La Rochetorin, baie du Mont-Saint-Michel2000 Table 1, esplanade du port de la Bastille, Paris, avec La Mie de PainTable 2, cours du château de Lunéville, avec ATD Quart MondeInstallations multimedia2009 Contre-image, résidence CCN Lyon2008 Ponticelli 18/08, ancienne ardoisière de Haybes ; Camp militairede SuippesUr/Up 08, Nuit blanche, Bruxelles2007 Intimation, Cinémathèque de ToulouseRrom.1, écrans documentaires, Arcueil ; pocketfi lm, Paris ; Jardinsdu Nouveau Romilly, 2006 : La chambre haute, cinéma La Clé, ParisCerceau berlinois, Centre d'art Camac2005 Krash color, cinéma La Clé, Paris ; Centre d'art CamacMobilperformance, Centre d'art CamacMobilab, cinéma Nova, Bruxelles2003 Memento, crypte Saint-Sulpice, ParisOmbres 2, crypte Saint-Quiriace, Provins2002 Pâture de vent, abbaye du Mont-Saint-MichelOmbres 1, château de DuceyChamps exil 3, Gare au Théâtre, Vitry-sur-Seine2001 Champs exil 1, Espace des Blancs-Manteaux, ParisChamps exil 2, Centre culturel du Val Maubuée, Noisiel ; Usine liquide,Aubervilliers ; Centre d'art Camac, Marnay-sur-SeineRuckbau BaubrückDepuis une dizaine d’années celine pierre & laurent plagnoltravaillent sur des structures de passage: des élémentssimplement posés au sol et assemblés le temps d’une haltesans ancrage ni serrage, ouvrent le temps et l’espacesur une rencontre aux origines de l’architecture. Un travail quiles amène à se concentrer maintenant sur un passage qui passede lieu en lieu, pour entre deux véhicules suspendre un momentdans l’espace le fl ux des transports. Simple arrêt dans le coursdes choses où fulgure un instant la liberté d’être ici ou là,où à l’idéologie d’un progrès fatal s’oppose la réserveet la réversibilité de ce qui ne fait que passer. Dans la mouvancedu Land Art, suspendu comme le passage dans l’imminenceet le retard d’un incessant dé-part, l’oeuvre oscille et se réverbèreentre site et non- site, travail sur le terrain et traces photos, textes,sons, vidéo. La série présentée ici montre des vues du passagesur un des chantiers d’Europe les plus symboliques : à Berlin,sur l’emplacement de l’ancien palais de la République de DDRalors que sa destruction s’achève. Là où l’on prévoit de reconstruireun ensemble immobilier derrière la façade de l’ancien palaisdes princes Hohenzollem...Des vues où le passage, pourtant si frêle à l’échelle d’un tel site,ressort comme l’épicentre et le signe de contradictiond’un affrontement des temps, que souligne les citationsde W.Benjamin sur le concept d’histoire.Des vues et des écritures qu’accompagnent des imageset des sons recueillis sur des téléphones mobiles au longdes déplacements ; de sorte de rendre quelque chose du seuilde ce qui passe à ce qui ne passe pas.Céline Pierre/Laurent PlagnolRuckbau BaubrückBerlin, 20088 mobils chronics, vidéos en boucle