Mise en page 1 - Algérie news quotidien national d'information

A C T U5Vol de documents au Pôle judiciaire d'AlgerDar Khali Moh,le jour d'aprèsDimanche 31 mars, moins de quarante-huit heures aprèsle « casse » nocturne perpétré par des inconnus, le Palaisde justice du Ruisseau renoue avec le train-trainquotidien, comme si rien ne s'était passé. Reportage.Réalisé par Yahia MaouchiOfficiellement, aucun démenti ouautre sur ce vol pas comme lesautres, puisqu'il a eu lieu dans unlieu censé être ultra sécurisé, symbolede la justice. Sur place, aux environs de10h, nous nous attendions à trouver un bâtimentsous haute surveillance. Surprise, à l'entréedu palais, inauguré il y a moins de troisans, quatre policiers en uniforme assurent lasécurité de la périphérie. Aucun signe apparentou inhabituel qui laisserait apparaîtrequ'un vol par effraction a eu lieu.Pour accéder à l'intérieur de cette bâtisse''ultra sécurisée'', une fouille corporelle estobligatoire pour tous avant de passer au scanner.Une mesure inhabituelle, nous confie uncitoyen venu jeudi dernier retirer un casierjudiciaire et revenu pour rectifier une erreuradministrative. Dans le grand hall, c'est l'ambiancedes jours normaux. Il y a ceux qui discutent,ceux qui cherchent une informationsur telle ou telle affaire, et ceux qui se retrouventperdus, tentant de lire une note ou instructionqui puisse leur rendre service ou lesorienter. Nous tentons une première approche.Une fois le « sujet » évoqué, les personneshésitent à en parler. L'un de ceux que nousavions abordé regarde vers le mur d'en face,montrant de ses yeux une caméra de surveillance.« Je pense qu'il y a une complicité avéréedes uns et des autres pour faire disparaîtrecertains dossiers qui dérangent », résumeMohamed, un jeune avocat stagiaire. Par ailleurs,certains avocats n'étaient même pas aucourant ! « Non je ne suis pas au courant decette affaire, je viens de l'apprendre par lapresse, mais le plus important pour moi, c'estque les dossiers de mes clients, ne soient pasconcernés », lâche une jeune avocate avecbeaucoup de méfiance. Un membre dubâtonnat s'invite à la discussion, volontairement.Il avait quelque chose à dire. « Certes,le vol de certains dossiers sensibles à l'intérieurde notre tribunal, je l'ai su à travers lesmédias, mais il ne faut pas être trop naïf. Uncoup pareil ne peut être perpétré sans unecomplicité interne. Ce n'est pas normal, lescaméras surveillent H/24 le lieu, et chaquebureau est sous surveillance. Alors il n'est pasfacile d'effectuer une intrusion avec tout cedispositif, récupérer des dossiers et repartir,sans être inquiété.Ce n'est pas normal. C'est une atteinte à lasécurité et à la souveraineté de l'Etat, c'est trèsgrave. Ces gens auraient pu alors faire sautertout l'immeuble, en posant des explosifs àl'intérieur ! Où est passée la sécurité ? Il y adeux postes de police et une clôture quientoure la bâtisse », fulmine notre interlocuteur.Dans le même ordre d'idées, l'orateur,précise que la clôture qui entoure la bâtissen'est pas assez sécurisée, notamment du côtédes toilettes. Un constat que nous avons puvérifier sur place. Quant à la clôture, dont lahauteur de ne dépasse pas 1,70m, n'importequi peut l'enjamber.Les dossiers volés sont-ils desoriginaux ou bien des copies ?La question qui taraude les esprits estindubitablement celle-ci : les dossiers quiont été volés sont-ils des dossiers des originauxou des copies ? Une interrogation quipeut paraître anodine mais, pour les juristeset avocats, elle est d'une importancecapitale.Pour Djilali, l'un des jeunes avocats quia bien voulu répondre à nos questions, lesoriginaux sont au tribunal Abane-Ramdane. « Les dossiers qui ont fait l'objetde ce vol ne sont que des copies. Chaquedossier dispose de copies; de plus, avec l'informatisationde notre administration, lesdossiers originaux sont généralement bienenregistrés sur des CD.Alors je pense que les dossiers originauxn'ont pas été la cible de cette visite inattendue», estime notre interlocuteur. Un avisqui n'est pas partagé par son collègue, quiavance une autre version : « Nous nedevons pas être naïfs à ce point ! Une personnequi prend le risque de voler des dossiersà l'intérieur d'une bâtisse pareille n'estpas bête. Ces individus ont visé des dossierstrès importants, qui sont en cours d'étudeet qui ne sont toujours pas programmés. Etlà je pense, que ce sont des dossiers originauxqui ont été volés, et non pas seulementdes copies ordinaires », insiste-t-il.L'actuel procureur général dansle collimateur des greffiersD'autre part, le nom de l'actuel procureurgénéral près la cour d'Alger, BelkacemZeghmati, a été souvent cité dans les discussions.Ainsi, selon notre interlocuteur,ce procureur général est très contesté parles greffiers. « Je peux vous dire que ce volest un coup qui est préparé par les greffierscontre l'actuel procureur général. Ce dernierest sans pitié avec eux. La situationpeut dégénérer du jour au lendemain. Cen'est pas de cette manière qu'on gère uneinstitution de souveraineté, il faut êtreferme et droit », dénonce-t-il. Abondantdans le même sillage, Amar, un autre avocat,qui partage l'idée de son collègue voulaitaller très loin. « En plus de l'actuel procureurgénéral qui est visé d'une manièreou d'une autre par ce vol, je pense qu'ils'agit d'un conflit entre ceux d'en haut.C'est comme ce qui s'est passé avec ledéfunt Ali Tounsi, qui a été assassiné par sespropres collègues suite à un malentendu.De plus, il ne faut pas oublier que l'électionprésidentielle est très proche. Alors personnene sait ce qui est en train de se préparer.Alors je dirais que tout est possible, ilfaut s'attendre à tout dans ce pays », décortique-t-il.En sus, les citoyens lambda quenous avons abordés à l'intérieur et à l'extérieurdu tribunal se sont montrés indifférents.« Nous avons l'habitude d'entendreet d'assister à des cas pareils ; certes, c'esttrès grave pour un pays souverain, mais ilne faut pas oublier une chose, vous êtes enAlgérie ! » lâche Brahim, un jeune chômeur.Son ami Saïd voulait, lui, également,donner son avis. « Certes, nous avons l'habitudede voir des holdup et des braquagesde banques et de magasins dans des filmsaméricains, mais chez nous ce ne sont pasdes films, ce sont des faits réels. Mais quandil s'agit d'un tribunal d'une capitale, là jepense que c'est vraiment très grave. C'est lasouveraineté de l'Algérie qui est en danger», déplore-t-il. Cependant, certains avocatsne croient pas à cette information. «Makanche menha (ce n'est pas vrai), cesont des rumeurs qui sont colportées par lapresse. Si c'était le cas, il y aurait eu quandmême une déclaration du procureur général,et des mesures qui seront prises, ce quin'est pas le cas pour le moment », estime-til.Son collègue enchaîne : « Je pense que cecoup vise seulement à dénigrer la justicealgérienne et sa crédibilité vis-à-vis de l'extérieur», croit-il. Enfin, entre la déceptiondes uns et l'indifférence des autres, ce quis'est passé au niveau de ce tribunal, l'un dessymboles de la souveraineté de l'Etat algérien,doit faire réagir les plus hauts responsables,sachant que la conjoncture actuellen'augure pas d'un avenir meilleur pour lepays. Mais à l'heure où nous mettons souspresse, c'est le black-out total au niveau desdifférentes institutions, y compris le ministèrede la Justice, le premier concerné danscette affaire. Y. M.Amine B./D. NewsD. NewsALGERIE NEWS Lundi 1 er avril 2013