DOSSIERLA PROTONTHÉRAPIEInstantanés au centre de ProtonthérapieAuprès d’un patient, derrière une machine, devant un écran,tout le monde s’affaire et joue son rôle dans la chaîne de traitement.hNon loin, un technicien contrôle le bon fonctionnementde l’accélérateur de particules. Dans quelques minutes,la machine produira le faisceau de protons nécessaireà la séance de rayons qui va commencer.hDans l’atelier,les techniciens façonnentles collimateurs et lescompensateurs en fonctionde la forme spécifiquede la tumeur de chaquepatient. Ensuite, placés surle trajet du faisceau, cesblocs de résine ou de métalfiltreront et modèlerontle faisceau de protonspour qu’il atteigne les zonesà irradier en épargnantles tissus sains voisins.hÀ l’accueil, l’hôtesserenseigne une mamansur les rendez-vous detraitement prévus pourson petit garçon soignéau centre.hDans la sallepour traitementen position assise,une manipulatriceinstalle le patientatteint d’un cancerde l’œil.hDans la salle de dosimétrie, la modélisation des rayons est réalisée avecun logiciel spécifique. Les oncologues radiothérapeutes ont au préalable définiet « contouré » les volumes de la tumeur à traiter et ceux des organes sains à protéger.Les dosimétristes mettent alors en place les faisceaux de protons en tenant comptede la forme de la tumeur et de son emplacement par rapport aux autres organes.La distribution de la dose qui en résulte, appelée dosimétrie, est ensuite contrôléepar l’oncologue radiothérapeute et le physicien médical.LE JOURNAL <strong>DE</strong>14 , L’INSTITUT <strong>CURIE</strong>
LA PROTONTHÉRAPIEDOSSIERDRTÉMOIGNAGEPascal Annereau :« Notre fille garde un bon souvenirde la protonthérapie ! »« Notre fille Élise a eu 14 ans en juillet.Aujourd’hui, elle se porte bien, même sielle est toujours sous surveillancemédicale rapprochée… Mais il y a deux ans,elle était atteinte d’un rhabdomyosarcome,un cancer rare. Nous habitons en Vendée.Élise a donc reçu un traitement parchimiothérapie à Nantes, et nous avons dûmonter en région parisienne, à l’Institut Curie, pour qu’elle bénéficie d’uneprotonthérapie. Je me suis arrêté de travailler pour l’accompagner pendantdeux mois et demi (j’ai reçu pour cela une allocation journalière de présenceparentale de la CAF) ; ma femme restant en Vendée pour s’occuper de nosautres enfants. Élise garde un bon souvenir de ce séjour à Paris et de sontraitement. D’une part, elle bénéficiait des nombreuses animationsproposées pour les jeunes à l’hôpital parisien de l’Institut Curie. Elle a d’autrepart pu suivre des cours dans les matières principales (français, maths,anglais) avec des enseignants à Curie, en lien avec les professeurs de soncollège. Elle est passée en 5 e sans difficulté même si elle n’était retournée aucollège que le dernier mois de l’année scolaire. Pendant notre séjour, nousétions hébergés à Paris, à la Maison des parents voisine de l’hôpital. Tous lesjours, nous nous rendions à Orsay pour les rayons. Le nouveau centre deProtonthérapie n’existait pas encore. Les anciens locaux étaient austères,mais Élise se souvient surtout que le traitement était sans douleur, sanspiqûres et sans effets secondaires… contrairement à la chimiothérapie ! »QUELQUES DATES1959 : Le premier faisceau de protons sort dusynchrocyclotron installé, à Orsay (Essonne),à des fins de recherche.1989 : Les lignes de faisceaux sont modifiéesen vue d’applications médicales.1991 : Le centre de Protonthérapie ouvre sesportes et les premiers patients sont pris encharge en ophtalmologie en position assise.1998 : Une seconde salle de traitementest ouverte qui permet la prise en chargede patients en position couchée pourdes traitements intra-crâniens.2005 : Un dispositif d’alternance rapide estinstallé pour réorienter le faisceau de protonsd’une salle de traitement à une autreen 2 minutes au lieu de 20.Le nombre de patients pris en charge est ainsiaugmenté.2006 : Un nouvel équipement et du personneld’anesthésie rendent possible l’accueil de trèsjeunes enfants.2010 : Le nouveau centre de Protonthérapieest inauguré après plus de quatre ans detravaux. Il permet le traitement de nouvellesindications et de patients supplémentaires,dont des enfants.HÉLÈNECOLELLA-FLEURY,CADRE <strong>DE</strong> SANTÉAU NOUVEAU CENTRE<strong>DE</strong> PROTONTHÉRAPIE.(Suite de la p. 11)■ ■ ■d’accueil et permettre de traiter des patientsatteints de types de cancers jusque-là traités parradiothérapie classique (cancers de l’appareil urinaireet génital, tumeurs proches de la colonne vertébrale…).Jusqu’à présent, 30 enfants pouvaient êtretraités par an. Désormais, ils seront entre 120 et 150.Ces nouvelles indications, chez l’enfant comme chezl’adulte, sont rendues possibles par le « bras isocentrique», innovation majeure qui équipe la nouvellesalle de traitement. En effet, une construction deLe centre de Protonthérapie n’est plusun lieu de passage, c’est un lieu de vie. L’organisationdu travail a notamment été repensée autourdes attentes des patients. »métal de quelque 10 mètres de diamètre et de plus de100 tonnes fait tourner le faisceau de protons autourdu patient allongé sur la table de traitement, permettantd’atteindre des tumeurs jusqu’ici inaccessibles,et avec une précision millimétrique. Ces avancéessont le résultat d’un investissement de 50 millionsd’euros pour un accélérateur de particules plus puissantencore, de nouveaux locaux et cette salle detraitement à l’équipement inédit.Au-delà de ces innovations technologiques, lesnouveaux locaux sont également plus chaleureux.« Ce n’est plus un lieu de passage, c’est un lieu devie, avec des salles de détente pour les parents, dessalles de jeux pour les enfants, des menus adaptésà leurs habitudes et leurs envies, souligne HélèneColella-Fleury, cadre de santé au nouveau centre.L’organisation du travail a également été repenséeautour des attentes des patients notamment ».« Le tout nouveau centre de Protonthérapie del’Institut Curie est le point de convergence d’unegrande compétence médicale et d’une très hauteexpertise technologique permettant une des radiothérapiesde précision les plus innovantes enFrance », conclut le D r Dendale. ■LE JOURNAL <strong>DE</strong>L’INSTITUT <strong>CURIE</strong> , 15