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EXPLORATIONDUSAHARALESDEUX MISSIONSDti UEUTENANT-COLONEL FLATTERSPMVle lieutenant-colonelV. DBRREQA.GAIXAVECCARTEEXTRAIT DU BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ'''.•'. 1« Trimestre 1882.DE GÉOGRAPHIESOGIËTÉBEv--:^>-PARIS .GÉOGRAPHIEBoulevardSaint-Germain,184'1882PARISOHALLAMBL-Al^B, LIBRAIRE ET COMMISSIONNAIREALGÉRIE, COLONIES,ORIENT,LANGUEARABE5, rue Jacob, et vue Furstenberg, 2


EXPLORATION DU SAHARALES DEUX MISSIONSDU LIEUTENANT-COLONELFLATTERS 1ILe 2 avril <strong>de</strong>rnier, une terrible nouvelle, venue du sud donos possessions algériennes, se répandait tout a coup dans16 public et y c<strong>au</strong>sait une douloureuse émotion : la vus*çion Flatters était anéantie. Ce fut une pénible et cruellesurprise, car peu do jours <strong>au</strong>paravant, <strong>de</strong>s lettres rassurantes,parties du Sahara, nous donnaiont sur le succès <strong>de</strong>nos compatriotes, les plus légitimes espérances. On connaissait,il est vrai, une partie dos dangers qui les menaçaient,et ce sentiment i\ lui seul était assez puissant pourdonner <strong>au</strong>ssitôt <strong>au</strong> bruit qui les concernait, une apparence<strong>de</strong> certitu<strong>de</strong>. Bientôt) le doute ne fut plus permis et le désastrequi les avait frappés, apparut alors dans son implacableréalité,Un cri <strong>de</strong> douleur y répondit <strong>de</strong> tous côtés. C'était lapremière fois, <strong>de</strong>puis la funeste éprouve <strong>de</strong> nos revers, quele sang français coulait <strong>de</strong> nouve<strong>au</strong>, sous les coups d'unennemi acharné.Le colonel Flatters et ses nt)bles compagnons venaienten effet délaisser leurs vies dans le désert saharien, victimesà la fois <strong>de</strong> la trahison, du fanatisme religieux et <strong>de</strong> la barbarie.Des circonstances épouvantables ont fait <strong>de</strong> leurs1. Voy,la càrto ol-jointo.


4 EXPLORATIONDU SAHARA»<strong>de</strong>rniers moments, un drame sans précé<strong>de</strong>nts, qui suffiraità perpétuer leurs noms, si leurs vaillants efforts et leurstrav<strong>au</strong>x n'étaient restés comme les témoins <strong>de</strong> leur courage,et comme un titre a l'immortalité,Dans l'oeuvre qu'ils poursuivaient, une partie, la plus intéressantepeut-être, appartient <strong>au</strong>x sciences géographiques,Pionniers avancés <strong>de</strong> la civilisation et <strong>de</strong>s intérêts <strong>de</strong>làFranco, ils marchaient vers lo Soudan, cette source <strong>de</strong>richosses du continent africain, a la recherche <strong>de</strong>s anciennesroutes commerciales qui lo reliaient à l'Algérie, étudiant à lafois les ressources du sol, la configuration <strong>de</strong> sa surface, et lesconditions <strong>de</strong> la vie dans ces lointaines et difficiles régions.C'est cette oeuvre qu'il importe do connaître <strong>au</strong>jourd'hui, Sielle a été arrêtée par <strong>de</strong>s mains meurtrières, elle n'en a pasmoins été presque achevée par nos généreux explorateurset les résultats qu'ils ont obtenus nous montrent que, malgréla désolation do ces contrées, malgré la s<strong>au</strong>vage cru<strong>au</strong>té<strong>de</strong> ses habitants, il y a <strong>de</strong> ce côté une mission qui est dévolueà noire pays et, à un point <strong>de</strong> vue môme purementscientifique, un honneur à conquérir. Les noms <strong>de</strong> Flatterset <strong>de</strong> ses compagnons grossiront désormais, il est vrai, laliste, hélas I trop longue, <strong>de</strong>s victimes que la science et leprogrès comptent déjà sur le sol africain; mais à l'avenir laroute est indiquée et, quoique leurs ossements en marquentles étapes, on sait que le succès est possible, Leshommes que la passion du bien et l'amour <strong>de</strong> la gloire entraînentvers les gran<strong>de</strong>s entreprises, ne se laisseront pasarrêter par un malheur, dont les c<strong>au</strong>ses premières, le fana-^tisme et les circonstances politiques, sont <strong>de</strong>stinées à s'effacerou à disparaître,Il appartenait à la Société <strong>de</strong> Géograph ie <strong>de</strong> faire connaîtreles résultats scientifiques déjà considérables, que ladouble exploration du colonel Flatters a rapportés. Enentreprenant cette tâche, elle a lent i.nent<strong>de</strong> vulgariser<strong>de</strong>s notions encore ignorées du public et <strong>de</strong> contribuer à


EXPLORATIONDU SAHARA, 5rendre <strong>au</strong>x hommes vaillants qui se sont sacrifiés pour Thon*neur <strong>de</strong> la Franco et <strong>de</strong>s sciences géographiques, l'hommageéclatant que réclame leur mémoire,HPremiorsprojets pour la mise on communication,par voie forréo, dol'Algérioet du Sénégal avecl'intérieur do la Nigritio, — Créationdo laCommissionsupérieure, — Projets doligno. — Mission»d'oxploratlon,Dans ces <strong>de</strong>rnières années, les récits <strong>de</strong>s nombreux voyageursqui ont parcouru le continent africain, avaient faitnaître en France un courant d'opinion favorable à <strong>de</strong> nouvellesexplorations et à l'étu<strong>de</strong> <strong>de</strong> futures voies ferrées, Déjà<strong>de</strong>puis 1875, on s'était préoccupé <strong>de</strong>s ressources du Soudanet <strong>de</strong>s moyens <strong>de</strong> leur ouvrir <strong>de</strong>s débouchés vers nos possessions,Frappé <strong>de</strong> ces tendances et poussé par 'cet espritd'initiative qui a si souvent conduit les hommes <strong>au</strong>xgran<strong>de</strong>s découvertes, un ministre distingué, alors à la tôle<strong>de</strong> nos trav<strong>au</strong>x publics, M. <strong>de</strong> Freycinot, crut <strong>de</strong>voir, <strong>au</strong>commencement du mois <strong>de</strong> mai 4879, charger une commissiond'ingénieurs, d'examiner les moyens <strong>de</strong> relier l'Algérie<strong>au</strong> Soudan par un chemin <strong>de</strong> fer. Un mois après, cettecommission lui remettait son rapport. Elle concluait àl'étu<strong>de</strong> immédiate d'un avant-projet <strong>de</strong> chemin <strong>de</strong> fer entreBiskra et Quarglà, sur un parcours <strong>de</strong> 300 kilomètres et à<strong>de</strong>s explorations individuelles <strong>au</strong> <strong>de</strong>là d'Ouàrglâ, vers leNiger, en suivant les directions possibles.Son avis, corroboré par l'opinion extrêmement favorable<strong>de</strong> <strong>de</strong>ux commissions parlementaires, fut l'objet d'un rapportdu Ministre <strong>au</strong> Prési<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> la République et amenala nomination d'une Commission supérieure. Des personnalitéschoisies dans les <strong>de</strong>ux Chambres, dans les ministèrescompétents, en Algérie et dans le sein <strong>de</strong>là Société<strong>de</strong> Géographie, furent chargés <strong>de</strong> la composer, et dix joursaprès là signature du rapport, le 24 juillet 4879, eHe entrait


0 EXPLORATIONDU SAnARA.on séance. Parmi ses membres, se trouvait notre collègueM, Duveyrier, dont la compétence sur toutes les questionssahariennes exerça, dès le début, une influence justementremarquée, -— Le lieutenant-colonel Flatters, que son longséjour en Algérie, son titre d'ancien commandant supérieur<strong>de</strong> Laghouat et ses relations personnelles avec les tribus duSahara, désignaient tout d'abord, fut également appelé àen faire partie; commo délégué du Ministère <strong>de</strong> la Guerre,1 II est curieux <strong>de</strong> constater <strong>au</strong>jourd'hui la faveur dontjouit dès la première séance, <strong>au</strong> sein do la Commission supérieure,l'idée d'une oxploration dans le Sahara central.Cette observation ne servira qu'à reh<strong>au</strong>sser lo mérite <strong>de</strong>svoyageurs que nous avons perdus et à montrer que la question,après avoir fait, grâce à eux, un pas considérable, resteencore entière avec son intérêt, ses espérances et son avenirDans uno note remiso à la Commission par M. <strong>de</strong> Lesseps,M, Henri Duveyrier s'exprimait ainsi Ϋ Ce sera une excellente chose que la France fasse linchemin do fer d'Alger à Ouarglà» Ouarglà était, il y a <strong>de</strong>uxou trois cents ans, le grand entrepôt <strong>de</strong>s marchandises <strong>de</strong>laNigritie, et les événements politiques qui ont détourné versTripoli et Tanger, le commerce <strong>de</strong>s caravanes <strong>de</strong>s paysHaousa et <strong>de</strong> Timbouktou, n'ont plus <strong>au</strong>jourd'hui j'influencequi fut préjudiciable à la prospérité <strong>de</strong> Ouarglà. Les Turcsne peuvent plus rançonner les marchands en Algérie, oùnous maintenons <strong>au</strong> contraire la sécurité <strong>de</strong>s routes, La révolutionqui a eu pour résultat la scission du roy<strong>au</strong>me désTouareg du nord, en <strong>de</strong>ux confédérations, celle <strong>de</strong>s Aâdjerà l'est, et celle <strong>de</strong>s Ahaggar* à l'ouest, est <strong>de</strong>puis longtempsun fait accompli, et les guerres civiles qui ont bouleversé lepays <strong>de</strong>s Àzdjer pendant ces <strong>de</strong>rnières années, ont cessé,espérons-le, dételle sorte qu'il me paraît possible <strong>de</strong> com-1. Azdjoret Ahaggarsont les noms touareg, <strong>au</strong>xquofs correspon<strong>de</strong>nten arabe les nomsAzgarbtHoggar.


EXPLORATIONDU SAHARA,mencor une campagne, pour rendro à l'Algérie sa part ducommerce <strong>de</strong> l'Afrique intérieure,» Avant <strong>de</strong> tracer un chemin <strong>de</strong> fer dans le Sahara, <strong>au</strong> sud<strong>de</strong> Ouarglà, il y a, pour nous, une oeuvre à entreprendre etcette oeuvre doit ôtre à la fois commerciale et politique,» Son but sera do rétablir lo courant dos caravanes marchan<strong>de</strong>sdu vieux temps : sur les lignes <strong>de</strong> Ouargltyà Zin<strong>de</strong>r,Kano et Katsena (pays Haousa) et <strong>de</strong> Ouarglà à Timbouktou,vers le Dhioli-ba ou Niger, Ces <strong>de</strong>ux lignes sont indiquéessur macarte du Sahara central,publiée en 1864,dansles Touareg du nord. Elles courent ensemble <strong>de</strong> Ouarglà àAghellàchem, où elles so bifurquent; la route du Nigor,qui passait par Timissao et qui aboutissait <strong>au</strong>trefois à la ville<strong>de</strong> Gôgô, <strong>de</strong>vrait maintenant aller sur Timbouktouj l'ancienneroute <strong>de</strong>s pays Haousa ou du Soudan proprementdit, passait par la ville d'Aga<strong>de</strong>z et la sebkha d'Amàdghôt,mine inépuisable <strong>de</strong> sel gemme que j'ai tracée sur iria carteà l'est du Ahaggar, » *M. Louis Say, qui avait fait <strong>de</strong>puis peu une intéressanteexploration <strong>au</strong> sud <strong>de</strong> Ouarglà, disait à son tour; «L'OuedRirest <strong>de</strong>stiné à faire pénétrer la civilisation dans le désert.Les Touareg viennent amener à Tougourt <strong>de</strong>s <strong>au</strong>truches et<strong>de</strong>viennent chasseurs, Tougourt, <strong>au</strong> centre <strong>de</strong>s trois aghalickdu sud, prend une importance considérable. Ouarglàest la base <strong>de</strong> tous les trav<strong>au</strong>x dans le sud, etc. » En résumé,dès la première séance, on nomma quatre souscommissions,qui se miront <strong>au</strong>ssitôt à l'oeuvro :La première était chargée <strong>de</strong> l'étu<strong>de</strong> du Soudan et du Sahara,<strong>au</strong>x points do vue géologique, orographiquo, commercial,économique, etc.La <strong>de</strong>uxième était chargée <strong>de</strong>s questions techniques.La troisième dont M. Flatters fit partie, <strong>de</strong>vait étudier lesexplorations; et la quatrième, les questions internationales.Dix jours après, M. l'ingénieur en chef Fournie, alors directeur<strong>de</strong> la construction <strong>de</strong>s chemins <strong>de</strong> fer <strong>au</strong> MinistèreT


8 EXPLORATIONDU SAHARA.<strong>de</strong>s trav<strong>au</strong>x publics, nommé rapporteur <strong>de</strong> la première souscommission,rendait compte à la commission supérieure,<strong>de</strong>s conclusions adoptées par son groupe; Elles comprenaientcinq projets <strong>de</strong> lignes ferrées, savoir :4* Une ligne se soudant à Magenta, <strong>au</strong> rése<strong>au</strong> algérien(ligne <strong>de</strong> Tlélat à Sidi-bel-Abbôs et à Magenta, par la vallée<strong>de</strong> la Mékerra). Elle <strong>de</strong>vait remonter la vallée <strong>de</strong> la Mékerrajusqu'à Ras-el*Ma, passer entre les chotts <strong>de</strong> l'ouest et <strong>de</strong>l'est, et, longeant du côté algérien la frontière du Maroc, rejoindrel'Oued Guir, en un point qui restait à déterminer.Elle suivrait la ligne <strong>de</strong>s oasis du Gourara et du Touât;2° Une ligne se soudanl à Tiaret, <strong>au</strong> rése<strong>au</strong> algérien classé(ligne <strong>de</strong> Relizane à Tiaret). Elle <strong>de</strong>vait passer à Test duchott El-Chergui vers Ketifa, laisser Gôryville à l'ouest, gagnerEl-Maïa, l'Oued Zergoun, l'Oued Loua, Goléah et enfinles oasis du Touàt ;8» Une ligne, allant d'Affreville <strong>au</strong> Touât par Bogliar,Laghouat, El-Maïa et Goléah;4» Une ligne <strong>de</strong> Biskra à Tougourt et Ouarglà, gagnant ensuiteGoléah et le Touât;6»Une ligne passant par Biskra, Tougourt, Ouarglà et Tîmassinino.Après avoir examiné ces projets, la Commission se réunit<strong>de</strong> nouve<strong>au</strong> le 27 octobre, pour délibérer sur un commencementd'exécution. Le rapport adressé <strong>au</strong> Ministre <strong>de</strong>sTrav<strong>au</strong>x publics sur les propositions <strong>de</strong>s diverses commissions,démontrait la nécessité d'organiser dès ce moment,une série d'étu<strong>de</strong>s et d'explorations divisées en trois catégories,La troisième catégorie comprenait « une explorationavec escorte indigène, d'Ouarglâ vers Timassinine, leh<strong>au</strong>t Igharghar jusqu'à Idoles et <strong>au</strong> <strong>de</strong>là, s'il était possible.Cette caravane se mettrait en relations avec les chefs <strong>de</strong>sTouareg, et chercherait à obtenir leur appui ».C'était, en germe, le programme <strong>de</strong> la première missionFlatters.


EXPLORATIONDU SAHARA. 9Ce fut en effet, dans cette séance, que M. le Ministre <strong>de</strong>sTrav<strong>au</strong>x publics fit connaître le projet présenté à la troisièmesous-commission, par le lieutenant-colonel Flatters.Modifié une première fois, il se résumait définitivementen une exploration d'un caractère entièrement pacifique,qu'il s'offrait à diriger <strong>de</strong> l'Algérie vers le sud, entre leNiger et le lac Tchad, <strong>au</strong>ssi loin que possible. Le Ministrele signala à l'attention particulière <strong>de</strong> la Commission, ajoutantqu'en tout cas, la mission ne se mettrait en route quelorsque le département <strong>de</strong>s Affaires étrangères se serait concerté,dans la mesure, du possible, avec les chefs touareg,dé manière à les prévenir <strong>de</strong> son caractère pacifique.Dès ce moment, la mission du regretté colonel étaitdécidée. Lui-môme en fit valoir les avantages, avec cetteconviction ar<strong>de</strong>nte qui fut toujours je cachet <strong>de</strong>"sa généreusenature.•'. ,« Étant commandant supérieur du cercle <strong>de</strong> Laghouat,disait-il alors, j'ai eu à établir <strong>de</strong>s mémoires officiels surles relations du Sahara et du Soudan avec l'Algérie. A lasuite <strong>de</strong>s étu<strong>de</strong>s <strong>au</strong>xquelles j'ai dû me livrer à ce sujet, j'aiacquis la conviction que le mo<strong>de</strong> d'exploration que je propose,présente <strong>de</strong>s chances sérieuses <strong>de</strong> réussite,,.. Lors <strong>de</strong>mon <strong>de</strong>rnier voyage à Ouarglà, <strong>au</strong> mois <strong>de</strong> janvier <strong>de</strong>rnier,étant encore commandant supérieur, <strong>de</strong>s Chambâs quiont une gran<strong>de</strong> influence dans le pays, m'ont proposé <strong>de</strong> meconduire chez les Touareg, et ma personnalité ne leur aparu soulever <strong>au</strong>cune objection particulière, »Plus loin, afin <strong>de</strong> donner à la Commission toutes lesgaranties possibles sur ses intentions pacifiques, ii s'exprimaitainsi :« Je ferai tout <strong>au</strong> mon<strong>de</strong> pour ne pas être attaqué; je neprendrai simplement que <strong>de</strong>s mesures <strong>de</strong> sécurité et <strong>de</strong>défense. 11ne s'agit que do se défendre « contre <strong>de</strong>s pillardstouareg qui, en ban<strong>de</strong>s d'une centaine d'hômme9, s'en vonten harkat, comme on dit dans le pays. Cela ne nous om-


404 EXPLORATIONDU SAHARA;pécherait pas <strong>de</strong> nous présenter pacifiquement, <strong>de</strong> faire <strong>de</strong>sca<strong>de</strong><strong>au</strong>x <strong>au</strong>x chefs touareg; d'acheter le concours <strong>de</strong>s uns,la neutralité <strong>de</strong>s <strong>au</strong>tres; <strong>de</strong> tâcher <strong>de</strong> faire naître l'intérêtpour le chemin <strong>de</strong> fer en démontrant ses avantages; <strong>de</strong>bien préciser que nous n'entendons pas nous annexer lepays; <strong>de</strong> rétrécir notre zone d'action, plutôt que <strong>de</strong> nousexposer à une résistance insurmontable, quand nous nepourrons obtenir le passage <strong>de</strong> bon gré. »Telle était la pensée simple, pratiqueet avant tout humanitaire,qui précisait, dans l'esprit <strong>de</strong> Flatters, le programme<strong>de</strong> son entreprise. Il réussit à faire partager sa convictionà ses collègues et l'organisation <strong>de</strong> son voyage fut votéeséance tenante.Quelques jours plus tard, le 7 novembre, M. le Ministre<strong>de</strong>s Trav<strong>au</strong>x publics, en lui confiant sa mission, la définissaiten ces termes {« J'ai l'honneur <strong>de</strong> vous informer |quo, conformément àl'avis <strong>de</strong> la Commission supérieure instituée pour l'étu<strong>de</strong><strong>de</strong>s questions relatives à la mise en communication parvoie ferrée, <strong>de</strong> l'Algérie avec l'intérieur du Soudan, je vouscharge <strong>de</strong> diriger une exploration avec escorte indigène,pour rechercher un tracé <strong>de</strong>vant aboutir dans le Soudan,entre le Niger et le lac Tchad.» Vous <strong>au</strong>rez à vous mettre on relation avec les chefsdos Touareg et à chercher à obtenir leur appui.» Je vous invite à me l'aire connaître dans le plus brefdélai, les bases d'organisation <strong>de</strong> l'expédition dont il s'agit,<strong>de</strong> manière à"lui conserver un caractère essentiellementpacifique, ce qui est la condition sine quanon, <strong>de</strong> la mission,»Des instructions avaient été préparées par les soins dola troisième sous-commission, Mai» M, <strong>de</strong> Freycinet nevoulant pas lier l'explorateur par un texte impératif, luiécrivit le 43 décembre :« J'ai l'honneur <strong>de</strong> vous adresser, à titre dé renseigne-


EXPLORATIONDU SAHARA, 44ments, les instructions rédigées par la troisième sous-commission.L'incertitu<strong>de</strong> où l'on est jusqu'à présent <strong>au</strong> sujet<strong>de</strong>s régions à explorer, et qui justifie précisément la missionqui vous est confiée, ne permet pas d'apprécier exactementdès à présent, la valeur <strong>de</strong>s indications géographiques outechniques, contenues dans ce document.» Il vous appartiendra <strong>de</strong> discerner, <strong>au</strong> cours <strong>de</strong> votrevoyage, le parti qu'il vous sera possible <strong>de</strong> tirer <strong>de</strong>s conseilsdonnés par la troisième sous-commission, d'après leshypothèses les plus vraisemblables, »Cette largeur <strong>de</strong> vues du Ministre qui avait en l'initiative<strong>de</strong> l'entreprise, était pour le. colonel Flatters un nouve<strong>au</strong>sujet d'encouragement. Ayant reçu d'<strong>au</strong>tre part l'approbationofficielle <strong>de</strong> son chef direct, le Ministre <strong>de</strong> la Guerre, ilne lui restait plus qu'à choisir ses collaborateurs et à attendrele vote parlementaire <strong>de</strong>s crédits qu'exigeait sa mission.mComposition<strong>de</strong> la premi&romission d'explorationdu lioutonant-colonctFlatters.—Répartitiondosservices, —Misoon routodu personnel. —VoyagedoParis à Tougourt.A la fin <strong>de</strong> décembre 4879, tout était prêt et la premièremission d'exploration du Sahara était constituée, sous lerapport du personnel et <strong>de</strong> la répartition <strong>de</strong>s services, <strong>de</strong> lafaçon suivante :1° Chef <strong>de</strong> la mission : M. le lieutenant-colonel Flatters.2° Commandant en second, service <strong>de</strong> marche, relationspolitiques, cartes par renseignements : M, Masson, capitainedu service d'état-major, <strong>au</strong>quel étaient adjoints :MM. Bernard, capitaine d'artillerie;•t Le Chalelicr, sous-lieutonant <strong>au</strong> 4e' régiment do tirailleursalgériens, adjoint <strong>au</strong> bure<strong>au</strong> arabe <strong>de</strong> Bousâada;Drosselard, sous-lieulenant <strong>au</strong> 4° <strong>de</strong> ligner


42 EXPLORATIONDU SAHARA,Ces trois <strong>de</strong>rniers officier s ne firent pas partie, plus tard,<strong>de</strong> la secon<strong>de</strong> exploration. ^3° Service géodésique, météorologique, recherche d'untracé <strong>de</strong> voie ferrée :M. Bêringer, ingénieur <strong>au</strong> cadre <strong>au</strong>xiliaire <strong>de</strong>s trav<strong>au</strong>x <strong>de</strong>l'État. Il avait pour adjoints ÎMM. Cabaillot, conducteur <strong>de</strong>s ponts et ch<strong>au</strong>ssées;Rabourdin, chef <strong>de</strong> section du cadre <strong>au</strong>xiliaire <strong>de</strong>strav<strong>au</strong>x <strong>de</strong> l'État.Tous <strong>de</strong>ux no <strong>de</strong>vaient pas non plus faire partie <strong>de</strong> lasecon<strong>de</strong> mission.4° Service géologique et hydrologique :M. Roche, ingénieur <strong>au</strong> corps <strong>de</strong>s mines.5° Service médical, zoologie, botanique :M. le docteur Guidrd, mé<strong>de</strong>cin ai<strong>de</strong>-major <strong>de</strong> premièreclasse <strong>au</strong> 2° régiment <strong>de</strong> zouaves.En tout, dix membres choisis dans le personnel <strong>de</strong>s employés<strong>de</strong> l'État et comptant :6 officiers,2 ingénieurs,2 agents <strong>de</strong>s trav<strong>au</strong>x publics,1 mé<strong>de</strong>cin militaire.Pendant toute cette pério<strong>de</strong> <strong>de</strong> préparation, dans laquelleFlatters eut d'abord à faire triompher ses idées, à déterminerson programme, à fixer la limite <strong>de</strong> ses itinéraires, àachever enfin l'organisation <strong>de</strong> son expédition, il fut puissammentaidé par l'administration centrale <strong>de</strong>s trav<strong>au</strong>xpublics. Elle avait alors à la tête du service <strong>de</strong> la construction<strong>de</strong>s chemins <strong>de</strong> fer, un homme généreux, à l'espritdistingué, <strong>au</strong>x conceptions larges, <strong>au</strong> travail intelligent etfacile, M. Fournie, ingénieur en chef <strong>de</strong>s ponts et ch<strong>au</strong>ssées,<strong>au</strong>jourd'hui en retraite, dont le sympathique concoursfut acquis dès le début <strong>au</strong>x efforts du chef <strong>de</strong> la mission.Plus particulièrement chargé <strong>de</strong> veiller à la réalisation <strong>de</strong>sdécisions du Ministre, en tout ce qui concernait l'explora-


4li:,,n;-;: EXPLORATIONDU SAHARA.''*-''< ::/::C'est dahs cette yille, située sur la limite nord <strong>de</strong>s régionssahariennes, que <strong>de</strong>vait commencer l'organisation <strong>de</strong> lacaravane. Il fallut, pour le transport du matériel, louer <strong>de</strong>schame<strong>au</strong>x qui <strong>de</strong>vaient aller jusqu'à Tougourt, Là, ilétait convenu qu'on les remplacerait par d'<strong>au</strong>tres qui serendraient à Ouarglà, où l'on se proôurerait enfin par voied'achai ou <strong>de</strong> location, les bêtes <strong>de</strong> somme <strong>de</strong>stinées àsuivre définitivement l'expédition,Le jpersonnel subalterne fut également choisi. Le chef <strong>de</strong>la mission fit mettre à sa disposition : 42 soldats du 3° bataillond'infanterie légère d'Afrique, qui <strong>de</strong>vaient servird'ordonnances pendant la durée du voyage, et 40 spahisd'escorte, qui <strong>de</strong>vaient être remplacés en route. Il s'adjoigniten outre iVn employé civil, comme cuisinier, et 7 indigènes, Arabesdu Sud, comme hommes do service.Le 7 février 1880, jour <strong>de</strong> son départ <strong>de</strong> Biskra pourTougoUrl, la mission comprenait un total do quarante personnes,et son itinéraire fut fixé comme il suit :'Lo 7 à Saada.Lo 8 — Chogga,Lo 0 — Oumcl Thlout,Lo 10 — Mralcr. .Le 11 — Nssabon Rzig.Lo12 — TamQrna»Lo 13.— GhamoriwLoU — Tougourt.Le levé do l'itinéraire et les observations furent immédiatementcommencés; c'était une préparation <strong>au</strong> travail <strong>de</strong>l'exploration proprement dite.A Tougourt, l'expérience acquise pendant les huit premiersjours <strong>de</strong> marche, conseilla quelques, changementsdans la constitution <strong>de</strong> la caravane, Il fallut jouer d'<strong>au</strong>treschame<strong>au</strong>x, renvoyer 3 hommes du bataillon d'Afrique quiétaient insuffisants et un indigène qui n'était propre à rien ;


48 EXPLORATIONDU SAHARA*tout, <strong>au</strong> lieu <strong>de</strong> constituer l'Oued Igharghar venant du sud,coulerait <strong>au</strong> contraire, s'il y avait <strong>de</strong> l'e<strong>au</strong>, du nord <strong>au</strong>sud pour aller vers la sebkha, c'est-à-dire l'élargissement<strong>de</strong> Matmat, où aboutirait <strong>de</strong> son côté l'Oued Igharghar ouOued si OudLUn nivellement précis pourrait seul donner<strong>de</strong>s preuves pour ou contre. Ce qui paraît démontré, c'estqu'en somme, il n'y a pas <strong>de</strong> lit proprement dit et que lapente générale est insignifiante.«C'est un système analogue à celui <strong>de</strong> l'Oued Ghir, où,malgré le mot oued, qui signifié littéralement rivière; il n'ya qu'une succession <strong>de</strong> chotts ou lacs. Ici, les chotts sontréduits à l'état <strong>de</strong> dayas, c'est-à-dire <strong>de</strong> cuvettes <strong>de</strong> peud'étendue, et les seuils ou dunes, fort enchevêtrés, occupentles cinq sixièmes <strong>de</strong> l'oued. »Cette observation, qui rectifie une erreur admise jusqu'àce jour, semble avoir frappé les yeux <strong>de</strong>s membres <strong>de</strong>làmission, dès leurs premiers pas dans la région <strong>de</strong>s dunes.Le 20, le bivouac fut transporté d'Aïn BouSemah à Matmat,à 18 kilomètres <strong>au</strong> sud-est. « L'Oued Sidi Bou Hania,dit lé colonel, arrive par l'est, dans la daya; à l'ouest,son lit, qui semble continuer, <strong>de</strong>vient l'Oued Igharghar.Le tout offre une pente peu appréciable, sans nivellementprécis.»Nos voyageurs rencontrèrent, à Matmat, une leoubà Vvénérée,sorte <strong>de</strong> m<strong>au</strong>solée élevé par les Chambâs* à la mémoired'une femme marabout, <strong>de</strong>vonue célèbre sous le nom<strong>de</strong> Lalla Meurdhia.C'est <strong>au</strong>ssi sur ce point qu'ils furent rejoints par quatrembkhftznis Chambâs, envoyés d'Ouarglâpour remplacer lesspahis <strong>de</strong> Tougourt et <strong>de</strong>stinés à suivre l'exploration danslé sud. Ils apportaient <strong>de</strong>s lettres du commandant supérieurdu cercle <strong>de</strong> Laghouat et <strong>de</strong> l'agha d'Ouarglâ, annonçant1. Kouba,clmpollo,2. Clmanbas,d'après M, Duvoyrlor.


EXPXORATIONDU SAHARA. 49que la mission trouverait dans ce poste tout ce qui luiétait nécessaire. L'un d'eux, ancienne connaissance du colonel,l'assura <strong>de</strong> son dévouement et <strong>de</strong> celui <strong>de</strong> tous lesChambâs.Le24, la mission se rendit à Hassi ould Miloud, marchantainsi dans le lit <strong>de</strong> l'Oued Igharghar, dont la configurationsemble frapper encore l'attention <strong>de</strong> son chef. « Ce lit, ditil,est <strong>de</strong> plus en plus indéterminé; c'est Une ban<strong>de</strong> <strong>de</strong>dunes et <strong>de</strong> dayas, dont la largeur semblé varier <strong>de</strong> 2 à10 kilomètres et où l'on a <strong>de</strong> la peine à se figurer un thalwegquelconque. Elle fait tant <strong>de</strong> méandres vaguement<strong>de</strong>ssinés, que s'il y avait <strong>de</strong> l'e<strong>au</strong>, on <strong>au</strong>rait en somme unimmense lac allongé, où les contreforts <strong>de</strong> séparation <strong>de</strong>sdétours, émergeraient en forme d'îlots <strong>de</strong> sablel... Autantdire, comme il a été remarqué déjà, que <strong>de</strong>puis El Goug,il n'y a' pas, à proprement parler, <strong>de</strong> lit <strong>de</strong> l'Oued Igharghar.» Toutefois, à h<strong>au</strong>teur <strong>de</strong> Hassi oUld Miloud, le long <strong>de</strong> ladune, il y a apparence d'un lit ou cuvette allongée <strong>de</strong> 5 à6 kilomètres; mais cela ne change rien, en somme, à l'appréciationgénérale. On n'est môme pas d'accord dans lepays, pour savoir dans quel sens coulerait l'e<strong>au</strong>, s'il y enavait; mais l'e<strong>au</strong>, dans l'Oued Igharghar, c'est le domaine<strong>de</strong> la légen<strong>de</strong> arabe, On a vu couler l'Oued Mzab," l'OuedMia, etc. ; et là, il n'y a pas <strong>de</strong> doute ; mais personne, ni <strong>de</strong>la génération actuelle, ni <strong>de</strong> la génération précé<strong>de</strong>nte, n'ajamais vu couler l'Oued Igharghar.» Pour celui qui n'est pas prévenu, il n'y a là ni rivière,ni trace <strong>de</strong> rivière. Cependant, pour tous les indigènes, c'estbien un oued, dans lo lit duquel on chemine plus ou moins.Par «oued » il f<strong>au</strong>t entendre ici une sorte <strong>de</strong> dépression,plus ou moins interrompue çà et là, dans le genre <strong>de</strong> cequ'on est convenu d'appeler l'Oued Ghir : mais les chottsétant réduits par les dunes et par les niouvomonts duterrain,


EXPLORATIONDU SAHARA. 21usage dans ces contrées, sous le nom <strong>de</strong> ghefara, droit <strong>de</strong>protection.Les renseignements que nous a transmis à ce sujet lechef <strong>de</strong> la mission, touchent en même temps <strong>de</strong> tropprès à la situation politique <strong>de</strong>s régions parcourues, pourne pas leur laisser leur originalité propre, en reproduisanttextuellement son récit.« Il y a quelques centaines d'années, dit-il dans sonjournal, Ouarglà payait sinon un impôt, du moins uneghefara, <strong>au</strong> boy <strong>de</strong> Tunis, qui envoyait chaque annéeun chaouch, pour toucher en argent ou en nature. Uneannée, le chaouch, après avoir reçu son argent, s'étaitremis en route, lorsque le cheikh Bou Rouba <strong>de</strong>s Chambàsl'ancêtre d'après la tradition, <strong>de</strong>s Chambàs d'OUarglâ,courut après lui, l'atteignit à El Ilofra, le tua etemporta l'argent. Le bey <strong>de</strong> Tunis, trop loin pour vengercet affront, ne s'en préoccupa guère et Bou Rouba,par ce fait, se substitua à lui pour toucher le ghefarad'Ouarglâ.» Les Chambàs ont perçu cet impôt jusqu'à l'occupationfrançaise, et môme quelque peu <strong>de</strong>puis; ils le touchentencore d'<strong>au</strong>tro part, do Ghadamès, par exemple, qui leurdonne à ce litre, <strong>de</strong>ux négresses par an. Mais il f<strong>au</strong>t qu'ilsaillent les chercher; car, sans cela, on ne les leur enverraitpas.» Ce droit <strong>de</strong> ghefara est le droit <strong>de</strong> protection du Sud.C'est, en général, le noma<strong>de</strong> qui le perçoit sur les oasis, Il<strong>de</strong>vient ainsi lo patron <strong>de</strong>s Ksouriens *, pour protéger leursconvois.» Les Larbà <strong>de</strong> Laghouat lo percevaient dans l'Ouest, surMetlili et sur lo Mzab, Les Touareg lo perçoivent sur Ithât,Ghadamès, etc. L'administration française l'a aboli on1. Ksourlon,habitant du ksar, village (<strong>au</strong> pluriel, hsour). Les Ksourienssontles habitantssé<strong>de</strong>ntairesdu Sahara.


22 EXPLORATIONDU SAHARA,Algérie par une police efficace <strong>de</strong>s routes. Comme d'ailleurs,tel percevait le ghefara <strong>de</strong>s uns qui le payait <strong>au</strong>x<strong>au</strong>tres, lo nouve<strong>au</strong> système n'a pas soulevé une bien gran<strong>de</strong>opposition,» Hofrat Chaouch* est resté célèbre dans le pays, par lagran<strong>de</strong> ghazia qu'y exécutèrent en 4826, les TouaregAzgars ou Azdjer, contre les Chambàs; 60 <strong>de</strong> ces <strong>de</strong>rniersy périrent. Les Chambàs se vengèrent <strong>de</strong>puis, en exécutantcontre les Azgars, <strong>de</strong>ux ghazias, un peu <strong>au</strong> nord <strong>de</strong> llhâl.48 Azgars succombèrent dans l'une et 52 dans l'<strong>au</strong>tre.Depuis dix ans environ, on considère l'honneur commes<strong>au</strong>f entre les <strong>de</strong>ux tribus, et Azgars et Chambàs vivent enbonne intelligence.» Celte levée <strong>de</strong>s Azgars en 1820, avait pour c<strong>au</strong>se lesintrigues d'un 8Targui qui prétendit, à son retour d'Ouarglâ,avoir été molesté en route. » De là <strong>de</strong>s susceptibilités,puis dos inimitiés, enfin une guerre, Elle est heureusementfinie et les Touareg attribuent, dit-on, ce résultat <strong>au</strong>x Françaisot à leur fermeté.Le 25, la mission n'était plus qu'à huit kilomètres environd'Ouarglâ, quand elle vit s'avancer à sa rencontre,l'agha, accompagné <strong>de</strong>. tous les caïds <strong>de</strong> l'aghalik, Ilsvenaient, suivant l'usage traditionnel <strong>de</strong>s Arabes, rendrehommage <strong>au</strong>x nouve<strong>au</strong>x arrivants, représentants à leursyeux <strong>de</strong> l'<strong>au</strong>torité souveraine. « La réception, du reste, fut<strong>de</strong>s plus sympathiques, écrivit Flatters, Les indigènes paraissaientrevoir avec plaisir l'ancien commandant supérieur<strong>de</strong> Laghouat, et tous lui firent les meilleures protestations<strong>de</strong> bon vouloir. »Le capitaine Masson étant arrivé par Ngoussa, le 26, lamission se trouva <strong>de</strong> nouve<strong>au</strong> réunie, Le mokhad<strong>de</strong>m <strong>de</strong>Tamelhatétait <strong>au</strong>ssi arrivé à Ouarglà. ;|*v1. HofratChaouch,pour Ilofra ech Chaouch.2. Targui, singulierdo Touareg.


EXPLORATIONDU SAHARA, 25Les coordonnées géographiques ci-<strong>de</strong>ssus, obtenues parle calcul, no concordont pas absolument, <strong>au</strong> moins pourles longitu<strong>de</strong>s, avec celles que l'itinéraire a fait ressortir,Aussi, d'après M. l'ingénieur Béringer lui-môme, ellesétaient dostinôes a subir uno modification ultérieure,A Ouarglà, l'exploration n'était encore que commencée;il fallait maintenant procé<strong>de</strong>r a son organisation définitiveet se préparer à la véritable traversée du Sahara, dans<strong>de</strong>s directions à peu près inconnues ot <strong>au</strong> milieu d'unerégiondont les difficultés exigeaient a l'avance les soins lesplus attentifs, Le séjour à Ouarglà ne <strong>de</strong>vait pgs avoird'<strong>au</strong>tre but. 'Séjourà Ouarglà. — Organisationdéfinillvodola caravane.— Difficultéspratiques. — Prix dolocations,Dès l'arrivée à Ouarglà, le lieutenant-colonel Flatterss'occupa <strong>de</strong>s mesures propres à faciliter son excursionvers les régions du sud. Ce qui lui importait le plus,c'étaient les gui<strong>de</strong>s et les moyens <strong>de</strong> transport. Ni les uns,ni les <strong>au</strong>tres ne lui faisaient déf<strong>au</strong>t; il s'agissait seulement<strong>de</strong> bien choisir les premiers et d'obtenir les seconds à unprix raisonnable.' « L'idée qui semblait dominer chez les Chambàs, écrivaitilà ce sujet, c'était <strong>de</strong> nous conduire, leur caïd entête, et<strong>de</strong> former exclusivement à eux seuls notre caravane. Ilest certain qu'ils sont à même <strong>de</strong> nous bien gui<strong>de</strong>r, enraison <strong>de</strong> leur connaissance du pays <strong>de</strong>s Touareg, jusqu'àla latitu<strong>de</strong> <strong>de</strong> Rhât. Cependant, il y a bien <strong>de</strong>sréserves à faire en ce qui concerne l'exclusion d'<strong>au</strong>tresindigènes, et il ne convient d'ailleurs, en <strong>au</strong>cune manière,


2QEXPLORATIONDU SAHARA,<strong>de</strong> transformer l'exploration en une sorte <strong>de</strong> réquisition <strong>de</strong>tribu. »Un fait à noter, o'est que peu d'entre eux s'offraient pourgui<strong>de</strong>r la mission <strong>au</strong> <strong>de</strong>là <strong>de</strong> RhjU. « Nous ne connaissonspas le pays <strong>au</strong> sud <strong>de</strong> cette ville, disaient-ils, En allantavec vous, nous voulons pouvoir répondre <strong>de</strong> vous et vousconduire en toute sécurité. Nous répondons <strong>de</strong> tout jusqu'àRhàfc. Les Touareg Azdjer sont nos amis; sur leurterritoire, nous sommes certains d'arriver, Avec lesHoggar, nous sommes bien; mais il nous f<strong>au</strong>ttater le terrain.»Ces réticences montraient déjà que le danger ou l'obstacle<strong>de</strong>vait venir <strong>de</strong>s Hoggar*. Mais à cet égard, il n'y avaitencore rien <strong>de</strong> précis.Les Chambàs offraient à Flatters <strong>de</strong> le conduire parTimassinine et lui conseillaient d'envoyer <strong>de</strong> ce point, cinqou six d'entre eux, avec le mokhad<strong>de</strong>m <strong>de</strong> Sidi Tidjani, à<strong>de</strong>ux ou trois jours en avant, pour préparer les voies, Si lanégociation avec les Hoggar réussissait, ils assuraientqu'il pourrait traverser leur territoire et qu'ils l'accompagneraient.Sinon ils inclineraient vers l'est, dans le pays <strong>de</strong>sAzdjer, et, comme il exprimait le désir <strong>de</strong> s'écarter <strong>de</strong>sroutes déjà suivies, ils lui promettaient <strong>de</strong> le mener par un<strong>au</strong>tre chemin que celui <strong>de</strong> Si Ismaïl Bou<strong>de</strong>rba.Bien que 40 jours suffisent pour aller d'Ouarglâ à Rhât,ils s'engageaient à faii'e durer ce voyage une centaine <strong>de</strong>jours, pour lui permettre d'explorer à son aise. « C'està Rhût seulement, qui est comme une sorte <strong>de</strong> port dans leSahara, disaient-ils, que vous trouverez à vous organiserpour le Soudan.» Ils lui indiquaient les Tynilkoum commefaisant métier <strong>de</strong> ces sortes d'opérations et lui offraient enfin<strong>de</strong> le ramener avec eux, s'il ne réussissait pas à s'entendreavec ces indigènes. Ils lui citaient la mission Barth eti.Ahaggar, <strong>de</strong>i Touareg,


EXPLORATIONDU SAHARA. 27Richardson, qui, partie <strong>de</strong> Mourzouk en juin 1860, avecl'intention <strong>de</strong> passer à Test <strong>de</strong> Rhàt, fut obligée <strong>de</strong> s'yrendre et d'avoir recours <strong>au</strong>x Tynilkoum,Il était donc évi<strong>de</strong>nt que h difficulté <strong>de</strong>vait venir, <strong>de</strong>sHoggar; et, soit intérêt, soit nécessité politique ou pratique,il y avait une tendance marquée à diriger l'explorationvers Rhàt. On se trouvait donc en présence d'une <strong>de</strong>ces indications dont la persistance est le principal caractèreet que la sagesse conseille souvent <strong>au</strong>x voyageurs d'écouter,alors môme qu'ils n'en saisissent pas la véritable raison.Flatters ne pouvait se dissimuler le fait; mais n'ayant pasd'intérêt à visiter Rhàt,il jugea pru<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> ne prendre h cesujet <strong>au</strong>cun engagement et <strong>de</strong> voir plus tard s'il ne pourraitpas faire <strong>au</strong>trement.Du reste, le zèle même <strong>de</strong>s Chambàs <strong>de</strong>venait pour lui,dans son excès, une sorte d'embarras. Le caïd -avait faitune véritable levée <strong>de</strong> boucliers ; en se laissant accompagnerpar eux, la mission pourrait avoir <strong>au</strong>x yeux <strong>de</strong>s Touareg,l'aspect d'une expédition ; son caractère paoiftque se trouveraitmodifié, et <strong>de</strong> plus, elle serait à la merci <strong>de</strong> son escorte.Ces considérations conduisirent le lieutenant-colonelà réduire le nombre <strong>de</strong>s Chambàs qui se présentaient et àleur adjoindre <strong>de</strong>s hommes d'<strong>au</strong>tres tribus, par exemple,<strong>de</strong>s Mekadmas et <strong>de</strong>s Béni Thour, Le caïd fut invité à modérerson zèle, et on lui fit comprendre que sa présencen'était pas nécessaire. Le chef <strong>de</strong> la mission déclara qu'illui suffirait <strong>de</strong> 40 chameliers à pied et <strong>de</strong> 20 hommes d'escorteà méhari : les premiers, payés à raison <strong>de</strong> 2 francs parjour, les seconds, à raison <strong>de</strong> 4 francs; les vivres <strong>de</strong>vaientêtre à leur charge, sans entrée en campagne, mais avecavance sur la sol<strong>de</strong> <strong>au</strong> départ, pour achat <strong>de</strong> trois mois <strong>de</strong>vivres, et le complément payable <strong>au</strong> retour. Il se réserva lafaculté <strong>de</strong> donner <strong>de</strong>s gratifications après service fait etrenvoya ceux qui ne tenaient pas à partir dans ces conditions,


?8 EXPLORATIONDU SAHARA.Après d'assez longues oonférencos, et gràco à un ca<strong>de</strong><strong>au</strong>offert <strong>au</strong> caïd, ces propositions furent acceptées et plusieursChambàs furent engagés,Restait la question <strong>de</strong>s chame<strong>au</strong>x. Une commission nomméele 20, pour procé<strong>de</strong>r <strong>au</strong>x achats nécessaires et dont lekhalifa do rogna faisait partie, s'était trouvée en présence<strong>de</strong> prétentions exorbitantes. On savait qu'il en fallait près<strong>de</strong> 200, qu'on était pressé et que rÉtatpayait. Cela suffisaitpour élever les prix, Dès le 27 cependant, après <strong>de</strong> longspourparlers, la commission avait pu en acheter 35, <strong>au</strong> prixmoyen <strong>de</strong> 180 francs. Il fallut songer à se munir également<strong>de</strong> bats, <strong>de</strong> cor<strong>de</strong>sj <strong>de</strong> tellis pour les charges; et les ressourceslocales étant insuffisantes, il fallut en comman<strong>de</strong>r.A cette c<strong>au</strong>se <strong>de</strong> retard, s'en ajouta une <strong>au</strong>tre. Les campements<strong>de</strong>s tribus do l'aghalik d'Ouarglà étaient très dispersés,quelques-uns à six journées <strong>de</strong> marche. On dut; parconséquent, attendre assez longtemps pour l'arrivée <strong>de</strong>schame<strong>au</strong>x. Peu a peu cependant, les achats se terminèrent,et le 3 mai, il ne manquait plus que cinquante <strong>de</strong> ces anim<strong>au</strong>x.Le len<strong>de</strong>main,les indigènes engagés ayant été rassemblés,reçurent, par-<strong>de</strong>vant le cadhi, les avances promises; lessections <strong>de</strong> bagages furent formées et les charges répartiespour l'arrimage. Ce jour-là, 4 mai, ta caravane se trouvadéfinitivement constituée ; composée <strong>de</strong> 30 hommes d'escorte,gui<strong>de</strong>s et chefs chameliers,- plus 50 chameliers, ellese trouvait en mesure <strong>de</strong> quitter Ouarglà le 5 marsj dansles délais prévus <strong>au</strong> départ <strong>de</strong> Paris. Le chef <strong>de</strong> la mission,en àe félicitant <strong>de</strong> ce résultat, crut <strong>de</strong>voir en attribuer lemérite <strong>au</strong> concours empressé <strong>de</strong> l'agha d'Ouarglà, Ab<strong>de</strong>l-Ka<strong>de</strong>r Ben Amar, lieutenant <strong>de</strong> spahis et à l'intelligence doM, le sous-lieutenant Le Chatelier.Au point <strong>de</strong> Vue <strong>de</strong>s dépenses, il dut reconnaître que lesprévisions seraient dépassées, Cela tenait à diverses c<strong>au</strong>ses,D'abord l'arrivée <strong>de</strong> la mission avait produit une h<strong>au</strong>sse <strong>de</strong>s


EXPLORATIONDU SAHARA. 29<strong>de</strong>nrées ; puis, le récent passage <strong>de</strong> la colonne du général<strong>de</strong> La Tour d'Auvergne, commandant la subdivision <strong>de</strong>Médéah, avait fait lo vi<strong>de</strong> sur la place. Voici du reste quelétait, à cette date, l'état <strong>de</strong>s finances <strong>de</strong> l'exploration. Le4 mars, les avances et les aohats étant terminés et les250 chame<strong>au</strong>x rassemblés, los frais <strong>de</strong>puis Paris s'élevaientà 166 434 fr. 90, non compris ce qui <strong>de</strong>vrait être remboursé<strong>au</strong>x Ministèros <strong>de</strong> la Guerre et do la Marine, pourinstruments, chev<strong>au</strong>x, pharmacie, etc. L'encaisse étant <strong>au</strong>départ <strong>de</strong> 233 496 fr. 25, il ne restait donc pour les dépensesultérieures quo 67 061 fr, 35, C'était peu, car on n'était encorequ'<strong>au</strong> début <strong>de</strong> l'exploration; mais les avances étaientfaites pour <strong>de</strong>ux mois et en fin <strong>de</strong> compte, s'il y avait àprévoir sur los frais à venir une <strong>au</strong>gmentation proportionnelleà celle qui avait déjà été constatée, on pouvait espérerqu'elle ne dépasserait pas 50000 francs. C'était dureste, à peu <strong>de</strong> chose près, le crédit qui avait été'<strong>de</strong>mandépar lo chef <strong>de</strong> la mission, dans son projet primitif,Bref, tout était prêt pour la traversée <strong>de</strong>s nouvelles contréesque nos compatriotes allaient explorer, et lo len<strong>de</strong>main5 mars, ils <strong>de</strong>vaient se mettre en route. Les 50 chame<strong>au</strong>xqui manquaient encore, rejoindraient la caravane àMedjira, sous la conduite <strong>de</strong> M. Le Ghatelier qui restait hOuarglà pour les attendre.VIConsidérationsgéographiquesqui ont fait déci<strong>de</strong>r la direction suivieparla mission.— Départ do Ouarglft. — Nature du sol.— Arrivée <strong>de</strong>s<strong>de</strong>rniers chame<strong>au</strong>x.— Rensoignomont sur l'état politiquedu Sud. —Indicationssur les routos du Sahara. — Importance d'Aïn Talba.—Aspectgénéral<strong>de</strong> la régiondos gassi. — H<strong>au</strong>teur dos dunos.— Fondd'El Biadh.— Traverséedu Hàmada,— Zaouia<strong>de</strong> Timassinino.— Situationpolitique.Avant <strong>de</strong> suivre nos explorateurs dans le cours <strong>de</strong> leurspérégrinations, il né sera pas sans intérêt <strong>de</strong> résumer d'à-


80 EXPLORATIONDU SAHARA.bord les considérations géographiques qui avaient faitchoisir, <strong>au</strong> début, les directions nouvelles où ils allaients'engager.La ban<strong>de</strong><strong>de</strong> dunes qui limite le sud <strong>de</strong> nos possessionsalgériennes et qui couvre le lit <strong>de</strong> l'Igharghar sur une étendue<strong>de</strong> 860 kilomètres environ, offre <strong>de</strong>ux points d'étranglement,L'un à l'est, correspond à une ban<strong>de</strong> <strong>de</strong> terre dure,dite El Gassi, ayant près <strong>de</strong> 12 kilomètres <strong>de</strong> largeur,,sur 120 <strong>de</strong> longueur, et réduit la traversée <strong>de</strong>s sables àmoins <strong>de</strong> 60 kilomètres, C'est un chemin <strong>de</strong> caravanes;Bou<strong>de</strong>rba le prit en 1858 et il peut être suivi en partant <strong>de</strong>Ouarglà,L'<strong>au</strong>tre par El Goléah, correspond comme point <strong>de</strong>départ, à Laghouat.Des avantages, résultant d'une discussion approfondie,avaient fait donner la prôferenoe à l'étu<strong>de</strong> d'un traoô parBiskra jusqu'à Ouarglà, Mais o'est <strong>au</strong> <strong>de</strong>là <strong>de</strong> ce point surtoutque la question prenait un caractère nouve<strong>au</strong>, dont lesdifficultés n'échappaient à personne. Il y <strong>au</strong>rait à franchir14 <strong>de</strong>grés géographiques, soit probablement les 1800 kilomètresqui séparent Ouarglà du Niger, et il fallait réunird'abord tous les renseignements déjà oonnus sur l'orographie<strong>de</strong> cette partie du Sahara.A l'est, on savait que le massif du plate<strong>au</strong> <strong>de</strong>s Hoggar,placé vers le 24° parallèle, lance vers le nord l'Oued Igharghar,dans la direction <strong>de</strong> Ouarglà,, et vers le sud, diversaffluents du Niger, Au nord du Hoggar, s'allongent entrel'Oued Igharghar et le Touat, <strong>de</strong>ux plate<strong>au</strong>x, qui laissententre eux une plaine assez large.Le plate<strong>au</strong> nord donne naissance à l'Oued Mia qui passeàOuarglà.Celui du sud ou plate<strong>au</strong> <strong>de</strong> Mouydir est traversé par lescaravanes et paraît offrir quelques ressources 11.1, Itinéraire d'unecaravane<strong>au</strong> pays<strong>de</strong>sNègres,par legénéralD<strong>au</strong>masï


EXPLORATIONDU SAHARA, 81Ces <strong>de</strong>ux plate<strong>au</strong>x donnent naissance, comme l'ouest du,Hoggar, à divers oueds qui vont dans le Touàt, rejoindrel'Oued Guir. D'après Barth et Duveyrier, ces affluents vontensuite se perdre dans <strong>de</strong>s dunes vers l'ouest et atteindrepeut-être les salines <strong>de</strong> <strong>l'Adrar</strong>jmais cette assertion n'estencore qu'une hypothèse.Au centre du Sahara, le plate<strong>au</strong> <strong>de</strong> Tanezrouft sembleformer une ligne <strong>de</strong> partage entre l'Oued Guir et le Niger.Sa vaste étendue et les pertes d'hommes et d'anim<strong>au</strong>x qu'yéprouvent les caravanes, ont largement contribué à la réputationredoutable que s'est acquise le Sahara, Aussi les indigènespréfèrent-ils le tourner par l'est, pour atteindre leHaoussa 1, ou par l'ouest 8, pour se rendre du Maroc àTimbouktou, C'est une difficulté <strong>de</strong> premier ordre et lepassage le plus inhospitalier que l'on connaisse; c'est luiqui a fait dire que la traversée du désert était impossible.Il se prolonge à l'est par <strong>de</strong>s plate<strong>au</strong>x <strong>de</strong> nature semblable,constituant un ensemble do sols élevés, rocheux, inhabitables,traversant normalement les directions à suivre, Aumilieu, cependant, on signale sous le nom <strong>de</strong> Timissao, unecoupure, qui a servi <strong>de</strong> passage à l'invasion musulmane;elle est traversée par une vallée, affluent du Niger, qui <strong>de</strong>scendd'un col situé entre les plate<strong>au</strong>x <strong>de</strong> Mouydir et duHoggar, C'est par là qu'on pourrait se rendre <strong>de</strong> Timassinine<strong>au</strong> Niger sans trouver <strong>de</strong> sables et en suivant <strong>de</strong>svallées 8.Au point <strong>de</strong> vue politique, on doit se borner à <strong>de</strong>sappréciations 'd'influencé religieuse. Au Touàt et à l'ouest,on fait la prière <strong>au</strong> nom du sultan du Maroo; chez les1. Itinéraire d'unecaravane <strong>au</strong>pays <strong>de</strong>sNègres,yw lo généralD<strong>au</strong>mas.2. Routado Caillié. *\8. Cesrenseignements,tirés en partie do l'ouvrago et <strong>de</strong> la carte doM. Honri Duveyrier,ont été recueillispar les soinsdu Ministère<strong>de</strong>s Trav<strong>au</strong>xpublics,


82 EXPLORATIONDU SAHARA.Touareg et à l'est, <strong>au</strong> nom du sultan <strong>de</strong> Constantinople.De ces considérations étaient résultés <strong>de</strong>ux tracés. L'unpar l'est, partait d'Ouarglà pour atteindre lo Gassi et gagner1Igharghar près <strong>de</strong> Timassinine, où l'on supposait une rivièrepermanente; il remontait onsuite cet oued et sonaffluent l'Oued Tadmark, re<strong>de</strong>scendait vers le Niger parl'Oued Inemadjen, franchissait aveo lui lapasse <strong>de</strong> Timissao,et arrivant ainsi <strong>au</strong> souk <strong>de</strong> Ta<strong>de</strong>meka, ancienne capitale<strong>de</strong>s Touareg, ruinée <strong>au</strong> seizième siècle, il gagnait enfin par<strong>de</strong>s vallées fréquentées, la limite <strong>de</strong>s pluies tropicales, oùl'on est assuré <strong>de</strong> l'existenoe <strong>de</strong> la végétation.Un <strong>au</strong>tre tracé partant d'Ouarglà, gagnait El Goléah, leplate<strong>au</strong> <strong>de</strong> Ta<strong>de</strong>maït, le Touàt et le Tanezrouft,En résumé, les avantages résultant <strong>de</strong> la facilité du parcourssemblaient donner la préférence <strong>au</strong> tracé oriental;mais les notions étaient encore trop vagues pour qu'unchoix définitif fût possible sans <strong>de</strong>s explorations préalables,L'une d'elles, la plus importante, par Timassinine, l'OuedIgharghar, le col voisin <strong>de</strong> Chik-Salah, l'Oued Inemadjen,la coupure <strong>de</strong> Timissao et le souk <strong>de</strong> Ta<strong>de</strong>meka, avec recueil<strong>de</strong> cotes barométriques et relèvement <strong>de</strong>s reliefs, était.confiée à la mission Flatters.Son chef savait, il est vrai, que bien <strong>de</strong>s circonstancespouvaient le faire dévier <strong>de</strong>*la route, et déjà à Ouarglà ilavait constaté les influences multiples qui tendaient à lefaire appuyer vers l'est,Mais il n'en était pas moins résolu à tenter l'impossibleet c'est dans ces conditions qu'il partit <strong>de</strong> Ouarglà, le5 mai 1880, se dirigeant vers Timassinine et campant, pourla première journée à Rouissàt, à une heure seulement <strong>de</strong>1$ ville 1. .:;,;.....1. Avant<strong>de</strong> pénétrerplus profondémentdans les réglons saharienne»,


EXPLORATIONDU SAnARA. 83Le 6 mars, on quittant Rouissàt*, la caravano travorso laplaine appelée Oued Ouarglà, laisse h droite celle que formel'Oued Mia et coupe la ligne suivie en 1858 par Bou<strong>de</strong>rba,Dans ces parages, lomot « oued » prend une extension nouvelleet no signifie plus rivière, ni lit <strong>de</strong> rivière, ni cuvette,mais simplement plaine, plaine <strong>de</strong> forme quelconque avecvégétation, rog ou nebka. Ces plaines sont généralementcirconscrites par <strong>de</strong>s gour allongés, qui les font ressemblerà <strong>de</strong>s cirques. Quelquefois d'<strong>au</strong>tres gour surgissent <strong>au</strong>milieu et les divisent en bandos allongées ; <strong>de</strong> là le nomd'oued; mais il f<strong>au</strong>t constater, d'après les noies mêmes duil doviontnécossairodo fairo connaîtraloslocutionson usage pourexprimerlosprincip<strong>au</strong>xacci<strong>de</strong>ntsdusol.Gara(<strong>au</strong>pluriel Gour),mamelonrochouxou dotorrain forme,sorte dotémoindu sol primitif.Sa formoest ordinairementconiquo,avec ou sanschape<strong>au</strong>à bordsdépassantplusou moins, »Argâ(<strong>au</strong>pluriol Areg), gran<strong>de</strong> collino do sablo moublo,comme unogara émiottéo,Sif (<strong>au</strong> pluriel Siouf), orôto on long comme un tranchant <strong>de</strong> sabro,que présontol'arga, par suito do l'offritomontdo la rochosous l'action<strong>de</strong>s agents atmosphériques.Armath, gara d'un faibleroliof.Gourdh,h<strong>au</strong>todunoconiquoisoléo,sans nrôtoen longuour.Nebka, sablo ml-moublo,praticable malgré quolquos vallonnomonlspousensibles.Reg,sablo forme,avecou sans gravier, plaino unio ot nuo,Houdh,dépressionon formodo cuvette,dans los gour, dont lo terrainOstformo.Sahan, largo dépressionà fondplat, on formod'assiette, couvorto dovégétation.Par extension,dans l'oxtrômoSud, lo sahan do gran<strong>de</strong>s dimensionsdoviontl'oued,et réciproquementșans qu'on so préoccuped'unoligne do thalweg.Haïch,pâlurngo.Kanlra, pont, h<strong>au</strong>teur ontrodouxdépressions.Feldj,bandodo terrain plat, qui sort docol ou do passage,Oudje,facod'unoduno,Torba,torre Afoulon.1. L'orthographeadoptée par lo lioulonant-colonorFlattorspournomsarabosou touarega été losgénéralementconservée,malgré les divergencesqu'olloprésontoaveccollod'<strong>au</strong>teurs compétents.Cosdivorgoncostionnontà cequ'il emploiod'habitu<strong>de</strong>les oxprossionsdo l'arabovulgaire,Ellesserontsignalées,du rosto,quandil y <strong>au</strong>raliou.;3


84 EXPLORATIONDU SAHARA,chef <strong>de</strong> la mission, qu'<strong>au</strong>cune idée <strong>de</strong> thalweg ne se rattacheà cotte expression.Arrivée le 7, <strong>au</strong> campement <strong>de</strong> l'Oued Smihri,à traversune succession ininterrompue <strong>de</strong> gour et d'oued, la missiony trouva <strong>de</strong>s pâturages abondants et un temps pluvieux,qui fut accueilli par les indigènes comme une faveur duciel, Elle y séjourna le 8 et en profita pour recueillir d'utilesrenseignements sur les routes qui relient entre eux lespoints princip<strong>au</strong>x du paysElle apprit ainsi, que le chemin direct d'Ouarglà à Insalah,passe parTOuedMia, tantôt dans le lit <strong>de</strong> l'oued, tantôt coupanten ligne droite les détours, par étapes <strong>de</strong> 25 kilomètres.Ce trajet compte 34 étapes, savoir : 1. El Arf. —2. Sottour. -— 3,Bou-Khenissa (e<strong>au</strong>), —• 4, Bel-Kbach. —5. El Ferdjani. -—6, Hassi Fouares (e<strong>au</strong>).— 7. Hassi Djdid(e<strong>au</strong>).— 8, Hassi el Haïcha (e<strong>au</strong>),~- 9, Mdjidian.—10, Mchaïguen (e<strong>au</strong>). —11. Hassi Djemel (puits comblé),-~12, Zmila (nom commun à plusieurs endroits, petite smala,petit camp). — 13. Garet ben Hanira. — 14. Saïba. r^lô.Rehag el Itel. — 10, Guettaà m'ta Troudii •—17. Mechrael Ahsa. '— 18, Moqtela. —- 19, Tenif Djaerin.-—20. Zmila. — 21. Zmel el Harcha, — 22, Moqtela m'ta SidiM<strong>de</strong>llel, — 23, Gherid bou Lahia,— 24, Bou Aroua,—25.Tiouki.--26.Sobba. — 27, Fedjen Naam.-^28. Aghrid.— 29, Isakki, — 30. Diat Damran, — 31. El Malah. ~32. Hassi Erraa (e<strong>au</strong>), 33. -~ Hassi Mengar(e<strong>au</strong>).T- 34. ZaouïàSidi Hadj Mahmed, qui n'est <strong>au</strong>tre qu'Insalah, ou plutôt laréunion dés sept petits ksour dont se compose Insalah,Pour tracer cette ligne d'étapes sur la carte, écrivait Flatters,il f<strong>au</strong>t tirer une droite d'Ouarglà à Insalah et la partageren 35 parties égalés, en mettant Bou Khènissa à 25 kilomètres<strong>au</strong> nord-ouest <strong>de</strong> Hassi Terfaïa.La ligne directe <strong>de</strong> Hàssi Smihri à Néftàj vers l'est-nor<strong>de</strong>st,peut <strong>au</strong>ssi être tracée par points <strong>de</strong> 20 en 20kiiomôtresjsavoir ; 1, Hassi ben el Atmaia (e<strong>au</strong>).— 2. Hassi el Guenami


EXPLORATIONDU SAHARA, 85(e<strong>au</strong>).— 3. Hassi el Feridj (e<strong>au</strong>).— 4, Hassi ben Naadj(e<strong>au</strong>),— 5. Hassi ben Taïeb (e<strong>au</strong>).— 6. Hassi oum Rous(e<strong>au</strong>), —7. Hassi Khedraïa (e<strong>au</strong>), Avant d'atteindre ce <strong>de</strong>rnierpoint, on coupe l'Oued Igharghar, qui est à fond plat,<strong>de</strong> nebka, aveo <strong>de</strong> petites dunes et un peu <strong>de</strong> damran commevégétation.— 8. Hassi Abdolka<strong>de</strong>r ben el Hadj, ou Mouilah(e<strong>au</strong>).— 9. Moula oulad Messaoud (e<strong>au</strong>).-~ 10, Taïeb. •—11, Mehieb, — 12, El Alem. — 13. Mouïa Rebah (e<strong>au</strong>).—14. Messeguess.


30 EXPLORATIONDU SAHARA. y:; Bel Klouto, Mekhanza, <strong>au</strong> nord du point marqué par lacarte <strong>de</strong> M, H. Duveyrier. C'est là que se trouve le Ras èlGassi Chergui ; puis Teniaguin, débouché sud <strong>de</strong>s gran<strong>de</strong>sdunes, où l'on rencontre <strong>de</strong> l'e<strong>au</strong> et où passent les caravanesse rendant dlnsalah à Ghadamès, par El Biodh du sud. Au<strong>de</strong>là, on ne sait pas ce que dévient l'Oued Igharghar,quoique l'on sache qu'il vient du Hoggar; mais son lit estenvahi parles dunes. »Le 9 mars, la caravane atteignit Medjira, après avoir traverséune série <strong>de</strong> kantras très mouvementés. Ce fondConstitue un oued qui communique vers l'ouest-nord-ouestavec l'Oued Alenda. Elle avait déjà pu se rendre compteque la meilleure route pour aller d'Ouarglà à Aïn Taïba, estbien celle qui, laissant Medjira à l'est, passe par Terfaïa,Smihri et Hassi bou Rouba.M. Le Chatelier rejoignit la mission à Medjira, comme ilétait convenu, avec le complément <strong>de</strong> chame<strong>au</strong>x. Maisceux-ci avaient d'<strong>au</strong>tant plus besoin <strong>de</strong> se refaire, que lespâturages jusqu'à Aïn Taïba, étaient relativement maigreset que le puits <strong>de</strong> Djeribia, comblé <strong>de</strong>puis plusieurs années,obligerait à cinq jours <strong>de</strong> marche sans e<strong>au</strong>, Il fallut doncse résoudre à prolonger le séjour à Medjira.C'est là que le chef <strong>de</strong> la mission reçut la visite do Si benAhmed ben Cheikh, ex*caïd <strong>de</strong>s Hab er Rih, fraction <strong>de</strong>sChambàs Bou Rouba, campée on ce moment à une cinquantaine<strong>de</strong> kilomètres vers le nord-est. 11 Venait voirl'ancien commahdant supérieur du cercle <strong>de</strong> Laghouat et luirecomman<strong>de</strong>r quelques-uns <strong>de</strong> ses parents qui faisaientpartie do la mission» 11lui donna en outre quelques lettrespour les <strong>Ifoghas</strong>, avec lesquels il était en relations, et luiapporta d'utiles renseignements sur l'état politique duSahara, D'après lui, les nouvelles données sur la cessation<strong>de</strong>s hostilités entre lesAhaggar ot les Azdjer élaicnt vraies.Depuis un an môme, une paix plus ou moins soli<strong>de</strong>, commetoutes celles qui ont précédé, avait été conclue entre eux. 11


EXPLORATIONDU SAHARA. 37ajoutait que les Idhamaren, Azdjer d'origine, étaient passés<strong>au</strong>x Hoggar,Ce no fut pas le seul profit que la caravane retira <strong>de</strong> sonséjour à Medjira, Elle recueillit, en outre, <strong>de</strong>s indicationssur un trajet <strong>de</strong> Medjira à Insalah, et apprit qu'en le partageanten étapes espacées <strong>de</strong> 30 kilomètres environ et ensuivant une direction générale sud-ouest, on rencontraitles points suivants: 1. Hassi Sidi Kaddour(e<strong>au</strong>).— 2. GourdatEl Djelfa, -—3. Gourd oulad Àïch Hassi (e<strong>au</strong>).—4. Gourd Aïssa. — 5. Drà el Atclian. — 6. Toukoumsit, —7,Lemsied (redir, plein quand il a plu).— 8. Tinkettarin(redirs).— 9. Insokki (e<strong>au</strong>). Insokki est un <strong>de</strong>s nombreuxaffluents <strong>de</strong> l'Oued Mia. — 10. Oudiat Damran. — .11.',Ghebka. —12. Aguolman (e<strong>au</strong>).•—13. Raha. — 14. Chbika.— 15. Hassi el Mengar (e<strong>au</strong>).— 16. Insalah. « Sur cetteligne, écrivait Flatters, on ne coupe pas l'Oued Mia luimôme,mais un très grand nombre <strong>de</strong> ses affluents dodroite, qui comptent <strong>de</strong>s quantités <strong>de</strong> sources. Oued Miasignifie la « rivière <strong>au</strong>x cent sources. »L'Oued Mia est séparé <strong>de</strong> Medjira par une centaine <strong>de</strong>kilomètres, dont les points princip<strong>au</strong>x sont : Oued Meguorba(e<strong>au</strong>), Boukhira (hassi) et Saïba. Cependant laplaine qui s'étend le long <strong>de</strong> sa rive droite, s'appelle <strong>au</strong>ssiOued, ce qui permet <strong>de</strong> le considérer comme venant assezprès <strong>de</strong> la ligne Ouargla-Aïn Taïba,On apprit <strong>au</strong>ssi à Medjira qu'il était possible <strong>de</strong> se rendred'Ouarglà à ElBiodh, en évitant les gran<strong>de</strong>s dunes d'ÀïnTaïba, et qu'à 80 kilomètres <strong>au</strong> sud-est <strong>de</strong> Medjira, commençaitle Gàssi <strong>de</strong> Mokhanza, passage droit comme unerue entre les dunes, sur un parcours <strong>de</strong> 300 kilomètres,jusqu'à El Mouilah,et s'éîarglssant seulement dans quelquesparties, surtout vers le sud, Les Chambàs le suivent àgran<strong>de</strong>s journées <strong>de</strong> méharis quand ils sont en chasse;mais les caravanes qui marchent plus lentement, ne peuventagir do même, f<strong>au</strong>te <strong>de</strong> points d'e<strong>au</strong>.


38 EXPLORATIONDU SAHARA.Ce gassi ou fond à terrain ferme, appelé Gassi Chergui,n'est pas suivi par l'Oued Igharghar, qui se dirigeplus à l'est et est envahi par les dunes. Il reparaît <strong>au</strong>sud <strong>de</strong>s dunes, à Teniaguin, sur la ligne d'Insalah à Ghadamès.Le 12 mars, la mission quitta Medjira pour se rendre àDjeribia, Ello rencontra en route, les traces encore visiblesd'une ghazia exécutée en 1878, par <strong>de</strong>s Touareg du sudouestdu Djebol Hoggar (région du Taïtok), sur les OuladSaiah <strong>de</strong> Tougourt, à plus <strong>de</strong> 100 journées <strong>de</strong> marche. Leschame<strong>au</strong>x furent repris quelques jours plus tard h AïnTaïba, par leurs propriétaires aidés <strong>de</strong> plusieurs Chambàs.'d'Ouarglà, et après un combat meurtrier. On voit que l'état<strong>de</strong> paix qui règne dans le pays, est absolument relatif etn'empôche ni les coups <strong>de</strong> main, ni les meurtres.C'est dans cette journée, à Hassi el Malah, qu'on entradans la région <strong>de</strong>s gran<strong>de</strong>s dunes, dont quelques-unes atteignent80 mètres <strong>au</strong>-<strong>de</strong>ssus <strong>de</strong>s terrains environnants.« En ligne générale, dit le journal <strong>de</strong> route, nous avons suivil'extrémité ouest d'un immense cap formé <strong>au</strong> nord par lesgran<strong>de</strong>s dunes et s'étendant jusqu'<strong>au</strong> Souf, C'est ce mômecap, dont il a été parlé à Hassi ould Miloud dans llgharghnr,Ici, à Djeribia, nous approchons <strong>de</strong> sa naissance dansle massif principal du sud et nous en longeons le bord occi<strong>de</strong>ntalen franchissant <strong>de</strong>s chaînés ou caps secondaires parallèles,dont l'orientation générale est sud-est, nord-oueSt.Los reliefs <strong>de</strong> 35 et 40 mètres se montrent assez souvent; ily a <strong>de</strong>s gour <strong>de</strong> 70 à 80 mètres *a» « Ce Sahara n'est paspartout un pays absolument platy comme certaines peKsonnes ont pu Se ie figurer; le relief général est peu sensible,il est vrai ; mais il y a un très grand nombre <strong>de</strong> dénivellations<strong>de</strong> 30 à 35 métrés, Un examen superficiel contribuedu reste, à entretenir l'illusion, Quand on regar<strong>de</strong> le terraindu h<strong>au</strong>t d'une dune, môme avec l'ai<strong>de</strong> d'une lunette, on al'impression d'une immense plaine ; les mouvements signalés


EXPLORATIONDU SAHARA, 39ne sont presque jamais sensibles, à moins d'être éclairésd'une manière particulière. »Les jours suivants, la route fut continuée sans inci<strong>de</strong>nts, àtravers cette môme succession <strong>de</strong> dunes et <strong>de</strong> terrains plats.A Feidj Damran, le 14, on obtint quelques indicationssur la topographie <strong>de</strong>s régions voisines, en particulier surle massif principal <strong>de</strong> la gran<strong>de</strong> dune qui finit à l'ouest*à El Na<strong>de</strong>r <strong>de</strong>s OuladBahamou 1, prés d'El Msied, <strong>au</strong> sudsud-est<strong>de</strong> l'Oued Mia et <strong>de</strong> Goléah, à 150 kilomètres environd*Aïn Taïba.La ligne droite d'Aïn Taïba à El Goléah fut signaléecomme n'offrant pas <strong>de</strong> ressources en e<strong>au</strong>, Ses points <strong>de</strong>gîle sont : Gourd el Aïch, Oued Mia, Zouabi, Aghrid Laroui,Mech Karda et Goléah. Elle se développe sur un terrainhamada,D'El Goléah à El Biodh, le sol est ferme, sans dunes; onpasse parMeksa Inifel (e<strong>au</strong>), El Msied, Mesegguem (e<strong>au</strong>);entre ces <strong>de</strong>ux <strong>de</strong>rniers points s'étend la plaine, la prairie<strong>de</strong> Ma<strong>de</strong>r, arrosée par <strong>de</strong> vrais ruisse<strong>au</strong>x qui, dans lèsannées pluvieuses, coulent vers l'ouest, venant <strong>de</strong> la dune.El Ma<strong>de</strong>r, qui longe la dune à l'ouest, possè<strong>de</strong> d'excellentspâturages appartenant <strong>au</strong>x Oulad ba Hamra. De Mesegguem,on gagne Daiat Ben Abbou, Mekhfog Retem, Menkab AllaietElBiodh.Ce fut le 16 mars que la mission entra, <strong>au</strong> départ doTeniet el Oudje, dans l'erg ou massif principal <strong>de</strong>s gran<strong>de</strong>sdunes. « L'erg, dit le journal <strong>de</strong> route, représente exactementun massif montagneux très acci<strong>de</strong>nté, où tout lo terrainest en sable meuble. On est obligé pour passer, <strong>de</strong> franchir<strong>de</strong>s siouf ou bancs <strong>de</strong> sable allongés, à talus presquevertic<strong>au</strong>x. Mais, à part ces sortes <strong>de</strong> barrages, il y a désvallées assez nettement accusées, quoique tellement enche-1. Tribuarabe quioccupeles abordsdu plate<strong>au</strong> dû Tndoinaytet dontlo nom, d'aprèsM. Duveyrier,s'écrit t M-hammou


40 EXPLORATIONDU SAHARA.vêtréés, que Ton a <strong>de</strong> la peine à y découvrir un systèmegénéral, si tant ost qu'il y ait môme un système. Les talusles plus rai<strong>de</strong>s <strong>de</strong>s h<strong>au</strong>tes dunes, pentes à 32 <strong>de</strong>grés, sonttournés le plus souvent à l'ouest et <strong>au</strong> nord-ouest; ceux <strong>de</strong>ssiouf transvers<strong>au</strong>x barrant les vallées, sont plus généralement<strong>au</strong> sud. Les altitu<strong>de</strong>s absolues ne sont pas très considérableset les plus h<strong>au</strong>tes dunes ne dépassent guère 120môtrès <strong>au</strong>-<strong>de</strong>ssus du chemin que nous suivons; mais ellesparaissent be<strong>au</strong>coup plus élevées <strong>au</strong> premier aspect. »Lemômejour,on atteignitAïn Taïba («la bonne source»).Le récit do la mission la représente comme une mare circulaire<strong>de</strong> 100 mètres <strong>de</strong> diamètre, <strong>au</strong> fond d'un cratère d'effondrementà pentes <strong>de</strong> 30 à 35 <strong>de</strong>grés, dont la profon<strong>de</strong>urjusqu'<strong>au</strong> nive<strong>au</strong> <strong>de</strong> l'e<strong>au</strong>, est <strong>de</strong> 15 mètres. A 200 mètres environ<strong>au</strong> nord, séparé <strong>de</strong> la source par un sif, on trouve uncratère semblable, mais à sec et en partie comblé par le sable.La <strong>de</strong>scription qui nous a été laissée <strong>de</strong> ce point, y signalequelques rares palmiers, une ceinture <strong>de</strong> rose<strong>au</strong>x <strong>au</strong>tour dubassin et <strong>de</strong>s e<strong>au</strong>x d'excellente qualité, que la négligence<strong>de</strong>s indigènes et les débris organiques finissent par rendreinfectes.UnChambà d'insalah, parent d'un <strong>de</strong>s gui<strong>de</strong>s <strong>de</strong> la caravane,la rejoignit à Aïn Taïba et lui donna sur l'état <strong>de</strong>sesprits dans le pays, <strong>de</strong>s renseignements satisfaisants, analoguesà ceux qu'on avait déjà recueillis.On no fit à Àïn Taïba qu'un court séjour et, après avoirrenouvelé la provision d'e<strong>au</strong>, seule ressource sur laquelleon <strong>de</strong>vait compter jusqu'à El Biodh, on repartit lo 19, marchantdroit <strong>au</strong> sud magnétique* et pénétrant pour plusieursjours, dans la région <strong>de</strong>s gassi et dés féidj, obstrués parles dunes. La première vallée dans laquelle s'avança lacaravane est celle <strong>de</strong> Feidj Alenda, bordée par <strong>de</strong>s dunes<strong>de</strong> 120 mètres dé h<strong>au</strong>t, sillonnées <strong>de</strong> siouf en zigzag quivarient avec le vent» C'est dons celte contrée que l'orientationuniforme <strong>de</strong>s dunes du nord-ouest <strong>au</strong> sud-est, tournant


EXPLORATIONDU SAHARA, 41peu à peu <strong>au</strong> sud ou <strong>au</strong> sud-sud-ouest, doit être attribuéeà une direction persistante <strong>de</strong>s courants aériens.Du Feidj Alenda, la caravane passe dans le Feidj Beïda,vallée relativement étroite, d'une largeur <strong>de</strong> 700 mètres, àfond ferme, dur et d'une longueur <strong>de</strong> 25 kilomètres ; elledébouche ensuite dans un passage difficile <strong>de</strong> 4 kilomètreset pénètre dans le gassi Ghessal, ainsi nommé du nom d'uneplante qui y abon<strong>de</strong>. Lo journal <strong>de</strong> route nous fait remarquerà cette occasion, qu'il ne f<strong>au</strong>t pas, dans la région <strong>de</strong>sdunes, attacher trop d'importance <strong>au</strong>x noms. « La plupart<strong>de</strong>s points, d'après le journal, n'ont pas <strong>de</strong> désignation fixe,Un individu passe et remarque quelque chose ; il donneun nom. Un <strong>au</strong>tre remarque une chose différente ; il donneun <strong>au</strong>tre nom. Tout dépend du gui<strong>de</strong> qui conduit* » Enrésumé, <strong>de</strong>puis « Aïn Taïba, écrit le lieutenant-colonel Flattersle 20 mars, nous avons suivi une ligne do gassi plus oumoins barrés. Par Feidj Alenda et Feidj Beïda, nous débouchonsdans un gassi vrai ; et, à l'est sont <strong>de</strong>ux <strong>au</strong>tres gassi,dont le plus oriental est celui <strong>de</strong> Mokhanza. Anotre g<strong>au</strong>ehe, àl'ouest, on compte cinq gassi ou plutôt cinq feidj; car ilssont relativement étroits et tous barrés <strong>de</strong> distance endistance. Tout ce système est en ligne parallèle nord-sud;ce qui confirme ce qui a été dit <strong>de</strong> la forme générale déla région <strong>de</strong> l'erg. Chaînes et vallées parallèles, nord-ouest <strong>au</strong>sud-est et nord <strong>au</strong> sud, avec seuils et barrages çà et là, sanspréjudice <strong>de</strong>s communications transversales bar les dépressions<strong>de</strong>s chaînes. Mais il f<strong>au</strong>t constater que celles <strong>de</strong>ces communications qui peuvent être classées commeréellement faciles, paraissent être en nombre excessivementrestreint. »Le len<strong>de</strong>main, la caravane se développa dans un gassi <strong>de</strong>3 kilomètres <strong>de</strong> largeur, plat, s'étendant <strong>au</strong> sud à perte <strong>de</strong>vue, comme une immense route entre <strong>de</strong>ux chaînes <strong>de</strong>dunes dont les plus élevées ont 150 mètres <strong>de</strong> h<strong>au</strong>teur.Elle atteignit ainsi une sorte <strong>de</strong> presqu'île appelée Gheïjdat-.''.st.Sfu* .-


42 EXPLORÀTTONDU SAHARA.él-Biodh, qui avait été poussée <strong>de</strong> l'ouest à l'est par le»dunes <strong>de</strong> la chaîne <strong>de</strong> droite, et qui constituait une dunenouvelle, Des indigènes se rappelaient avoir vu à cette placele sol du gassi. On distinguait, en effet, <strong>de</strong>s traces <strong>de</strong> caravanequi étaient interrompues par la presqu'île. « Là, dit lejournal <strong>de</strong> route, se trouvent <strong>de</strong>s dunes <strong>de</strong> 50 mètres, C'est,dans l'ouest <strong>de</strong> l'erg, le seul cas remarqué par les indigènes<strong>de</strong> la marche d'une dune <strong>de</strong> quelque relief ; ils s'accor<strong>de</strong>ntà dire que dans cette région, s<strong>au</strong>f les sioitf et les talus àpentes ral<strong>de</strong>s qui varient selon la puissance <strong>de</strong>s vents, làdune est immobile. Pour l'est, c'est <strong>au</strong>tre chose; ils disentque <strong>de</strong> ce côté, la dune est en <strong>format</strong>ion et que <strong>de</strong>s vieillardsse rappellent avoir vu le Hamada, entre OUarglà et Ghadamès,à la môme place où, <strong>au</strong>jourd'hui, il f<strong>au</strong>t circulerpendant dix jours à travers l'erg. » .La roule suivie par la caravane la conduisit <strong>de</strong> là <strong>au</strong>Teniet el Begra, puis dans le Gassi el Adham (« gassi <strong>de</strong>sossements »), ainsi nommé d'un amas d'ossements <strong>de</strong> chame<strong>au</strong>xprovenant d'une ghazia faite en 1849, par lesTouareg sur les Chambàs et reprise peu après par lesseconds. C'était le temps <strong>de</strong> la guerre entre les Chambàs etles Touareg Azdjer.Le 24, nos explorateurs étaient encore dans le Gassi elAdham, d'où ils passèrent dans un dédale <strong>de</strong> sionf enchevêtrés,et <strong>au</strong> <strong>de</strong>là, dans Un immense gassi venant du nordnord-estet se prolongeant à perte <strong>de</strong> vue <strong>au</strong> sud-sud-ouest.C'était le Gassi Mokhanza qu'ils <strong>de</strong>vaient franchir obliquementet que le chef <strong>de</strong> la mission signalé comme ayant, <strong>au</strong>point <strong>de</strong> vue dés communications sahariennes, une importanceparticulière. « Tout, dit-il, concourt à démontrer quesur cette ligne, <strong>de</strong>puis Ouarglà, on ne rencontrerait <strong>au</strong>cunpassage difficile à travers le massif <strong>de</strong> l'erg et par conséquent,sous réserve d'une vérification, qui <strong>de</strong>vrait être l'objetd'une étu<strong>de</strong> Spéciale, ce serait sans doute le meilleur tracéà adopter pour une voie ferrée, » 11en indique ensuite la


EXPLORATIONDU SADARA, ; 43direction jusqu'à El Biodh du sud, par Terfaïa, Hassi Leffaya,Ben Nemel, Bel Ghesal, Mokhanza; ou moins directement parBou Rouba, Feidj Damran et Mokhanza. Il place Mokhanzaplus <strong>au</strong> nord que la carte <strong>de</strong> M. Duveyrier et fait observerqu'il y a <strong>de</strong>ux points appelés El Mouilahi l'un, donné parla carte <strong>de</strong> M. Duveyrier, sur la ligne Insalah-Ghadamès, à40 kilomètres environ à l'est-nord-est d'El Biodh, l'<strong>au</strong>tre,qu'il appelle El Mouilah Matallah, qui est celui du Gassi <strong>de</strong>Mokhanza, et qu'il f<strong>au</strong>drait placer à 40 kilomètres nordnord-ouestd'El Biodh, <strong>au</strong> milieu du gassi.A 4 kilomètres environ <strong>au</strong> <strong>de</strong>là du Gassi Mokhanza, nosvoyageurs débouchèrent, le 24 mars, dans la Sebkha d'ElBiodh, longue dépression <strong>de</strong> 5 kilomètres environ, s'étçndantle long du gassi, <strong>au</strong> pied <strong>de</strong> la chaîne <strong>de</strong>s dunes <strong>de</strong> g<strong>au</strong>che.C'est une saline, <strong>au</strong> sel amer et peu utilisable, que la caravanetraversa obliquement, pour aller camper <strong>au</strong> puitsmôme d'El Biodh, C'est là qu'elle rencontra, pour la premièrefois, une plante verte appelée El Bethinâ par lesArabes, désignée par le journal <strong>de</strong> route sous le nom <strong>de</strong> ElBothima, espèce <strong>de</strong> jusquiame qui <strong>de</strong>vait, un on plus tard,jouer un rôle si funeste dans la ruine <strong>de</strong>s débris <strong>de</strong> lasecon<strong>de</strong> mission. Quoi qu'on en ait dit <strong>au</strong>x explorateurs,cette plante est signalée par M. Duveyrier comme extrêmementvénéneuse, sous le nom tflfyoscyatnus Falezlex*Notre célèbre voyageur Saharien la connaissait par expérience,ayant eu un cheval qui mourut en quelques heurespour en avoir mangé, et s'étant trouvé lui-môme fortementindisposé, pour avoir simplement goûté une feuille do cetteherbe m<strong>au</strong>dite.La mission resta à El Biodh les 25 et 26 mars, qu'elleemploya surtout à recueillir <strong>de</strong>s renseignements sur lesenvirons et sur les itinéraires qui l'intéressaient. D'après lesindications qui lui furent données, la ligne directe d'filBiodh <strong>au</strong> Hoggar, conduirait à Amguid, sur le h<strong>au</strong>t Igharghar,par la vole du hamada, en terrain pierreux, sans pente»


44 EXPLORATIONDU SAÏÏARA.et seulement avec quelques ravins insignifiants. Ce serait untrajet <strong>de</strong> 250 kilomètres que <strong>de</strong>s méhari feraient en quatrejours. Au <strong>de</strong>là, les données communiquées <strong>au</strong> lieutenantcolonelFlatters concordaient à peu près avec l'itinérairequ'il <strong>de</strong>vait étudier lui-même Tannée suivante, mais enrestantdans un certain vague. Les Chambàs ne lui parlaientdu h<strong>au</strong>t Igharghar que par ouï-dire et s'excusaient <strong>de</strong>l'imperfection <strong>de</strong> leurs connaissances, sur ce que les Touaregne voulaient pas laisser pénétrer lesétrangers dans leurpays. Ceux d'entre eux qui s'étaient rendus à I<strong>de</strong>lès, avaientsuivi là voie d'Insalah et les chemins <strong>de</strong> l'ouest. Les restrictionsconstatées dans leurs récits s'étendaient à la ligne <strong>de</strong>Timassinine à I<strong>de</strong>lès, qu'ils indiquaient comme <strong>de</strong>vantpasser par Tahohait sur l'Oued Igharghar, <strong>au</strong> pied dutombe<strong>au</strong> <strong>de</strong> Cheikh Othman; puis par l'oued lut-môme,par Tenelakh, Amguid et le bas Gharis; ils la faisaientensuite tourner vers le sud-ouest, pour aller vers la ligned'Insalah et le Tifl<strong>de</strong>st par Ras Tifi<strong>de</strong>st, l'Oued Abiodh etTaourirt. Quant <strong>au</strong> chemin direct <strong>de</strong> Timassinine <strong>au</strong> Hoggar,on apprit qu'il passait par l'ighargharen et l'Oued Samen,où se trouvent l'e<strong>au</strong> et les pâturages.Le séjour fait à El Biodh fut assez court; la mission n'avaitqu'à reconstituer sa provision d'e<strong>au</strong>, Elle repartit le27 mars pour Timassinine et le lac Menkhoùgh.Elle parcourut d'abord un terrain à fond <strong>de</strong> sebkha quin'était <strong>au</strong>tre que celui do la sebkha môme d'El Biodh, etatteignît bientôt le sentier ou medjebed <strong>de</strong> Ghadamès àInsaloh, qui se développe sur une vaste plaine parseméedo tamarins; elle la traversa, en prenant désormais sadirection à l'est-sud-est, La route passe, en Cet endroit, <strong>au</strong>col le plus voisin <strong>de</strong> l'extrémité ouest du gour situé onavant <strong>de</strong> Gourd Khelal, col que la caravane dut égalementfranchir, La végétation <strong>de</strong> cotte contrée était extrême*ment abondante. On gagna ensuite un plate<strong>au</strong>, hamadacouvert <strong>de</strong> cailloux irréguliers, et <strong>au</strong> <strong>de</strong>là le ravin <strong>de</strong> Safla,


EXPLORATIONDU SAHARA* 45que la carte <strong>de</strong> M, Duveyrier indique près d'El Mouilah duhamada. En continuant sa marche, la caravane Se retrouvadans le lit <strong>de</strong> l'Oued Igharghar qui, à 5 kilomètres <strong>de</strong> Safla,vient du sud-ouest, fait un cou<strong>de</strong> à l'est et reprend ensuiteladirection nord-nord-est; elle passa <strong>au</strong> sommet <strong>de</strong> l'angleformé par le cou<strong>de</strong> sud-èst-ouest. C'est dans cette partie <strong>de</strong>leur itinéraire, que les membres dé la mission rencontrèrentleur premier gommier et les premiers échantillons <strong>de</strong>la lave du Hoggar, pierre légère, noire, poreuse, que lesTouareg avaient indiquée comme pouvant brûler, ce qui fitcroire à l'existence du charbon <strong>de</strong> terre dans leur pays. Onsut plus tard qu'ils utilisent les qualités poreuses <strong>de</strong> cettepierre, en la trempant dans l'huile et l'allumant ensuite, Lamission traversa le lit <strong>de</strong> l'Oued Igharghar, en regrettant <strong>de</strong>ne pouvoir en faire la reconnaissance, en amont et en aval.Mais il <strong>de</strong>venait indispensable <strong>de</strong> s'entendre d'abord avec lesTouareg et le succès <strong>de</strong>s opérations ultérieures pouvait êtrecompromis, si, <strong>au</strong> lieu <strong>de</strong> régler d'abord cette questionpolitique, on s'occupait du levé <strong>de</strong> la carte, Il fallut donc secontenter <strong>de</strong> l'exploration topographique <strong>de</strong> la ligne suiviepar l'itinéraire.Sur la rive droite <strong>de</strong> l'Oued Igharghar, on atteignit unplate<strong>au</strong> qui porte, comme le massif central du Sahara, lenom <strong>de</strong> Tanozrouft, et d'où l'on <strong>de</strong>scendit dans un fond<strong>de</strong> sebkha, pour aboutir enfin <strong>au</strong>x ravins <strong>de</strong> la zaouïa <strong>de</strong>Timassinine et à la zaouïa elle-môme,,C'était le 29 marset, dans son journal provisoire, le chef <strong>de</strong> la missionrésume ainsi l'aspect <strong>de</strong>s <strong>de</strong>rnières régions traversées.M Depuis Safla, dit-il, nous traversons une série <strong>de</strong> hamadas,dont une coupé faite sur notre itinéraire, représenteraitassez bien une succession <strong>de</strong> gradins en crémaillère, unesorte d'escalier immense avec <strong>de</strong>s marches inclinées enlargeur, dans le sens sud-est, nord-ouest et d'une longueurindéfinie dans le sens nord-est, sud-ouest sans préjudice<strong>de</strong> la vaste coupure <strong>de</strong> l'Oued Igharghar et <strong>de</strong>s sillons


46 EXPLORATIONDU SAHARA,et dépressions secondaires, dé forme plus ou moins irrégUliêrô.>vLa zaouïa <strong>de</strong> Timassinine construite en l'honneur dé SidiMoussa dont la tombe est à côté, sous la coupole d'unefeouba, est entourée <strong>de</strong> 150 à 200 palmiers et gardée par unhartani (nègre sang môle, libre, né hors du Soudan) duTotiat, nommé Sliman ben Ab<strong>de</strong>rrhaman, qui l'habite<strong>de</strong>puis dix ans environ, vivant <strong>de</strong> son jardin et <strong>de</strong>s <strong>au</strong>mônesdés voyageurs; ce qui ne l'empôche pas d'être à son tourrançonné par les mar<strong>au</strong><strong>de</strong>urs.ta mission resta àTimassinine jusqu'<strong>au</strong> l 0' avril, étudiantla situation et faisant <strong>au</strong>x environs d'utiles reconnaissances.Son chef cherchait alors les moyens d'abor<strong>de</strong>r le Hoggar©t <strong>de</strong> s'aboucher avec les gens du pays. Mais voyant qu'iln'y avait, dans le voisinage, <strong>au</strong>cun campement <strong>de</strong> Touareg,il résolut <strong>de</strong> leur envoyer un émissaire. Par une fatalité,dont nous <strong>au</strong>rons sans doute l'explication un jour, il choisitCeghir ben Ghikh, un <strong>de</strong> ses Chambàs, marié à une femme<strong>de</strong>s ïfoghàs, qui <strong>de</strong>vait moins d'un an plus tard être le premierà le trahir, à lui voler sa jument et à le frapper d'uncoup mortel. Cet homme qui connaissait bien le pays,<strong>de</strong>vait partir en avant, aveo <strong>de</strong>s lettres du lieutenant-colonelet <strong>de</strong>s marabouts do Tidjani, pour Ab<strong>de</strong>lhakem,son parent,chef <strong>de</strong>s Ïfoghàs, dont le territoire comprenait Timassinine.Il avait <strong>au</strong>ssi <strong>de</strong>s lettres qu'il <strong>de</strong>vait expédier <strong>au</strong> vieil ElHadj Ikhenoukhen et <strong>au</strong>x chefs <strong>de</strong>s OUraghen et <strong>de</strong>s Maghasaten.Ces dispositions prises et la provision d'e<strong>au</strong> renouvelée,la caravane se trouva prête à continuer son voyage. Maisavant <strong>de</strong> la suivre, il sera utile <strong>de</strong> jeter un coup d'oeil enarrière sur les observations qu'elle avait recueillies, <strong>de</strong>puisOuarglà.'.,..Lès données sur les ressources du sol, quoique assezuniformes et assez p<strong>au</strong>vres en indications utiles, <strong>au</strong> moinsdans la région <strong>de</strong>s gassi, peuvent se résumer comme suit Î


Et='.X:>3..t-:O5»o.-z»-C3-CD-se-£:">"'*»:-aNATURE -•., (PARCOURS."VEGETATION-EAU.DCse...:6mars,<strong>de</strong>RouïssâtàHassiTer-Regetnebka,petitesdunes.Trèsabondanteetvariée.Puitscomblé,e<strong>au</strong>.faïa,25kiL7mars,OuedSmihri,23kB. Regetnebka,dunesenformePâturagesexcellents.Abondante,pluieexcep<strong>de</strong>sif.tionneHe.8—Séjour.Id.9—ElHed^Ea,15kfl.Région<strong>de</strong>skantras.Bonpâturage.E<strong>au</strong>assezbonneetabondante,puitsà7"»,50.10—Séjour. -11—Séjonr.12—Djeribia,27kfl.Région<strong>de</strong>gran<strong>de</strong>sdunes,etVégétationfaible. Puitsmort<strong>de</strong>15mètres.<strong>de</strong>kantras,nebka.13—SlasselDanoun,32kil Rcg,gour<strong>de</strong>tkantras.Végétationabondante. »M—FeidjDamran,20kil. Eantras,hamada,reg. Abondante. »Oud15—Témetelje,30kfl.Reg,plaines.Assezabondante. »16—AuxTaïba,15kil.Erg,siouf,reg.VégétationẸ<strong>au</strong>bonne,maisgâtée,mare<strong>de</strong>100mètres,profon<strong>de</strong>ur5mètres^


;'.*".9°NATUREPARCOURS. VEGETATION. EAU.DIT SOL. ''-. »19mars, d'AïaTaïbaàFeiàjBeïda,Région <strong>de</strong>s gassi, fond <strong>de</strong>sa-Pâturages abondants, ghessal.32MI- bleferme.20—Gassi Ghessal, 25kil. Id.21—2ecampement dugassi, Id. regetgraviers, sous-sol <strong>de</strong>30kil- calcaire blanc gréseux.HX-w'o53-> soasce28— Tanezrouft, 36kïL Id-Pas <strong>de</strong>végétation. Pas d'e<strong>au</strong>.22—Gassi elAdham, 32kil- Idġran<strong>de</strong>s dunes. Sans végétation."23—2*campement duGassi elId-Adham, 3ka.24—ELBiodh, 35kil. Fond <strong>de</strong>sebkha. Un peu <strong>de</strong>végétation, appari- E<strong>au</strong> claire mais sanmâtretion<strong>de</strong>lapIanteElBethinâ.etpurgative.5327—d'El Biodh àSafia, 30kil.Hamada, cailloux, veines <strong>de</strong>Végétation abondante sur leïïnpeu>.d'e<strong>au</strong>, petïtghedir.rochers. trajet.29--Timassinine, 30kil. Reg etfond <strong>de</strong>sebkha, graviers. Assez abondante,oasïsjardin.E<strong>au</strong>puits ar-— — — tésien <strong>de</strong>12mètresTotal, 469 kil-profon<strong>de</strong>ur.r - •-•---.----: .... . .. -. - ....._.-


EXPLORATIONDU SAHAnA. 49Ces renseignements sont complétés par les observationsscientifiques <strong>de</strong> MM, Béringer, Roche et Rabourdin 1.Il -.. y, . .-.&;:. •,.»* . . .*&i w^ '.'tW' ff^ ; ^ S»»'2Ç29?Wc»ç2u5ç5jiSU5Qy5»A«ûcN©iJS s«og M,a «SjMgt-.t-«fr*t->t-"t,«l.'-'t"«fc-«l-«t-.t-.t»« : I?»F'SB _ a H« »» G 'g: : : : : : t : : : :.« ; g .j • ; :i i ! ! i * s i • 'i ''S '"" ' ' • *Eu • ', î (• Oflï£ï*• ' • •*til9 t« • * * •I ''. Î*SIS îi-li : 3*3 «Il ; : :«îa 'i'ïl'ff- Sl8tfp8ai* •«!•Sa


50 EXPLORATIONDU SAHARA.'-"VU '"DE TIMASSININEAU LACMENGKHOUGHConsidération sur l'Onod Igharghar. — La gran<strong>de</strong> dune, —Première»députationsdosTouareglfoghas. — Rapportsdo RhatavecTripoli, —Obligationdo dévier vers l'ost, r- Exigoncospolitiques, — Situationqui fait déci<strong>de</strong>rlo retour.La route <strong>de</strong> Timassinine à Mengkhough constitue la <strong>de</strong>rnièrepartie <strong>de</strong> l'exploration <strong>de</strong> l'année 1880, celle dont lesinci<strong>de</strong>nts <strong>de</strong>vaient déci<strong>de</strong>r du reste du voyage.Elle commence le lor avril, jour où la caravane quitteTimassinine, pour s'avancer d'abord <strong>au</strong> sud, dans un feidjqualifié <strong>de</strong> grand feidj et dont le fond est celui d'une sebkha,Le chef <strong>de</strong> la mission le considère comme venant <strong>de</strong> l'OuedGharis, près d'Aguellach, et longeant l'Igharghar dont il n'estséparé que par un hamada <strong>de</strong> faible étendue. Il l'indiquecomme pouvant servir <strong>de</strong> route <strong>de</strong> Timassinine <strong>au</strong> Hoggar,mais sans avoir en réalité sur ce sujet une affirmation précise.Laissant ensuite un peu sur sa g<strong>au</strong>che la route suiviepar Bou<strong>de</strong>rba en 1858, il put recueillir <strong>de</strong> la bouche d'unindigène nommé Saiah ben bou Saïd, qui avait été d'ElBiodh <strong>au</strong> Hoggar, un itinéraire par renseignements dontvoici le résumé. : ,La route serait <strong>de</strong> dix jours <strong>de</strong> méhari à 50 kilomètrespar jour, et passerait par Mecbra Aguelman, PoumAmguid, Amguid, le Hamada eh <strong>de</strong>çà dé l'Oued Gharis,l'Oued Gharis la tête nord du Tifl<strong>de</strong>st, un point en <strong>de</strong>çà<strong>de</strong> Tinnakourat, et Tikhsi § <strong>de</strong>ux jours <strong>de</strong> marche'.d'I<strong>de</strong>lès. ; ::•;/,;- .:cp. [ *'-.'::.; ;"';" ; ;--.; ^'-::;ï^.Lo ;% avril, là route fut continuée vers le sud, à traverslé feidj <strong>de</strong> la veille, pour entrer bientôt eu plein erg,


EXPLORATIONDU SAHARA. 51dans <strong>de</strong>s dunes confuses, d'où Ton aperçoit la crête duKhanfousa sur laquelle se dirige la caravane Elle l'atteinten quelques heures et nous en laisse une courte<strong>de</strong>scription»« Le Khanfousa, dit le journal provisoire, est une collineisolée <strong>de</strong> grès noir, blano a l'intérieur, <strong>au</strong> milieu <strong>de</strong>sdunes; elle est fortement ravinée; les ravins courent généralementdu sud-est <strong>au</strong> nord-ouest. Sa h<strong>au</strong>teur <strong>au</strong>-<strong>de</strong>ssusdu fond est <strong>de</strong> 230 mètres environ; dans les ravins setrouvent plusieurs gommiers, »On rencontra <strong>au</strong>x abords du Khanfousa <strong>de</strong>s traces <strong>de</strong>campements <strong>de</strong> Touareg qui ne remontaient pas à plus <strong>de</strong><strong>de</strong>ux mois; mais on apprit qu'on n'avait guère <strong>de</strong> chanced'en trouver d'<strong>au</strong>tres avant Aïn Tebalbalet ou Aïn el Hadjadj.On put <strong>au</strong>ssi recueillir quelques renseignements surune ligne <strong>de</strong> Khanfousa àTahohait, dans la direction dusud-ouest, et l'on découvrit sur ce point <strong>de</strong>s restes curieux<strong>de</strong> l'âge dé pierre.La caravane s'engagea ensuite, dans un enchevêtrement<strong>de</strong> dunes compliquées, gagna un immense gassi qui s'étendaita perte <strong>de</strong> vue, et commença à prendre une direction }\peu près sud-sud-est,Le journal <strong>de</strong> route contient, dans cette partie <strong>de</strong> l'itinéraire,une rectification du cours <strong>de</strong> l'Oued Ighargharen qu'ily a lieu <strong>de</strong> signaler. « Nulle part, dit-il, ne se voit, commesur la carte <strong>de</strong> M. Duveyrier, ou sur l'itinéraire <strong>de</strong> Bou<strong>de</strong>rba,une apparence <strong>de</strong> vallée <strong>de</strong> l'Oued Ighargharen, quirejoindraitTOued Igharghar en longeant la dune. Notre gassiest complètement fermé <strong>au</strong> nord,<strong>au</strong>ssi loin que l'on peut voir,<strong>au</strong> point où nous y arrivons, en débouchant <strong>de</strong> la dune..,.. »«L'Oued Ighargharen se perd peut-être vers la dune, bien,quelapermanence <strong>de</strong>s e<strong>au</strong>x,pendant<strong>de</strong>ux ans, dans les fonds norddu gassi,ten<strong>de</strong> â expliquer que c'estlà où il finit.Mais il paraîttout à fait improbable que l'on arrive à déterminer lacontinuation du lit dans la dune môme, jusqu'à MOued


52 EXPLORATIONDU SAHARA,Igharghar, Dans tous les cas, il n'existe rien d'analogue <strong>au</strong>lit théorique, supposé sur la carte, <strong>de</strong> Touskirin àl'Igharghar, »Après avoir dépassé la source <strong>de</strong> Touskirin, la caravanes'engagea dans un nouve<strong>au</strong> gassi, qui la conduisit àun affluent do g<strong>au</strong>cho et à la source môme <strong>de</strong> l'OuedTebalbalet, que <strong>de</strong>ux palmiers et un gommier signalent<strong>de</strong> loin. Cette région jouissait cette année, par suite <strong>de</strong>pluies favorables, d'une végétation exceptionnelle, que lamission eut soin <strong>de</strong> signaler, mais en faisant remarquerqu'elle était acci<strong>de</strong>ntelle et que les voyageurs ne pouvaient,dans ce pays, compter toujours sur <strong>de</strong> semblablesressources,Le 5 avril, le camp fut installé <strong>au</strong> pied <strong>de</strong> la dune que lala caravane suivait en la laissant sur sa g<strong>au</strong>cjio, et dans uncou<strong>de</strong> fait <strong>au</strong> sud-est par l'Oued Ighargharen, A cet endroit,l'Oued <strong>de</strong>vient assez confus, ou plutôt le Djebel Samanique l'on avait à droite, se dédouble pour former une île <strong>au</strong>milieu du gassi, laissantà l'est l'Oued Tanefokh, et à l'ouest,l'Oued Ighargharen proprement dit. ? Du camp, la missionvoyait le Samani comme une immense ligne noireallant du nord <strong>au</strong> sud et se perdant a son extrémitésud, <strong>de</strong>rrière une chaîne secondaire ou plutôt une série<strong>de</strong> chaînons allant du nord-nord-ouest <strong>au</strong> sud-sud-est. Lerelief <strong>de</strong> la chaîne principale <strong>au</strong>-<strong>de</strong>ssus du gassi, varie <strong>de</strong>350 mètres à 450 mètres.Le len<strong>de</strong>main 6, on chemina dans l'Oued Tanefokh,jusqu'à la source <strong>de</strong> Kinaouin; d'où, après avoir traverséune sorte <strong>de</strong> bois <strong>de</strong> tolh, on entra dans une richevallée, à laquelle succéda un plate<strong>au</strong> <strong>de</strong> cailloux rouléspuis TOued Lemenou, qui, venant du sud-ouest, franchitle Samani par une coupure étroite ; on arriva ensuite à Aïnel Hadjadj. :. ; - ••C'est le môme jour que le chef <strong>de</strong>là mission vit venir àlui,à une faible distance du campement <strong>de</strong> la veille, <strong>de</strong>ux Touâ-


EXPLORATIONDU SAHARA. 53reg <strong>Ifoghas</strong>, dont l'un Aokha ben Chaouhi, était, paraît-ilun <strong>de</strong>s princip<strong>au</strong>x personnages <strong>de</strong>s Nouquiran ; l'<strong>au</strong>tre étaitun <strong>de</strong> ses parents, Il raconta que, parti <strong>de</strong> ses campementsd'flisi à la recherche <strong>de</strong> chame<strong>au</strong>x égarés, il avait rencontrépar hasard Ceghir qui lui avait indiqué la caravane,Le lieutenant-colonel Flatters lut fit rendre les chame<strong>au</strong>xqu'on avait en effet trouvés à Tebalbalet, et chercha àobtenir <strong>de</strong>s renseignements. Quoique très réservé, il parutanimé <strong>de</strong> bonnes dispositions et apprit <strong>au</strong> chef <strong>de</strong>là mission,que Ceghir avait continué sa route sur Ilisi et l'Oued Tahmalet,d'où <strong>de</strong> notables <strong>Ifoghas</strong> viendraient a sa rencontre.Quant <strong>au</strong>x chefs <strong>de</strong>s Azdjer, ils étaient à Rhât. Le chef <strong>de</strong>la mission ne voulait pas obliquer à l'est jusque-là, sansavoir vu Aguellach et la Sebkha d'Amadghôr, ni sans avoiressayé <strong>de</strong> nouer quelque négociation avec Ahitaghen, lechef <strong>de</strong>s Hoggar. Malheureusement celui-ci était Campé trèsloin dans le sud-ouest. Cette impossibilité d'aller à Rhàt, etd'attendre trop longtemps dans l'Oued Ighargharen une réponseincertaine, mit le colonel dans une perplexité qui luifit regretter <strong>de</strong> ne pas avoir sous ses ordres une troupe indigène<strong>de</strong> 150à200 hommes et <strong>de</strong>s chameliers soldats, commeceux <strong>de</strong> la smala <strong>de</strong> Laghouat. Il estime, dans son journal,qu'une caravane ainsi organisée, pourrait avoir un caractèretout <strong>au</strong>ssi pacifique, et <strong>de</strong> plus, une indépendancequi lui permettrait d'aller où elle voudrait. « Gela coû- 'terait môme, dit-il, relativement moins cher; la crainteque nous inspirerions, <strong>de</strong>vant suppléer pour une bonnepart <strong>au</strong>x dépensés en ca<strong>de</strong><strong>au</strong>x.,... Ce que je viens <strong>de</strong> diren'a d'<strong>au</strong>tre but quo <strong>de</strong> montrer dans quelles limites nouspouvons nous trouver renfermés par la force même <strong>de</strong>schoses, en agissant avec la pru<strong>de</strong>nce nécessaire pouraboutir à un résultat sérieux, tout en conservant à lamission un caractère essentiellement pacifique et diplomatique.*;".;"'* A un <strong>au</strong>tre point <strong>de</strong> vue, il n'est pas sans intérêt <strong>de</strong>


54 EXPLORATIONDU SAHARA*pressentir les choses et <strong>de</strong> temporiser, avant d'abor<strong>de</strong>r lesujet môme qui noua conduit dans le pays. »loi se placent, dans le journal <strong>de</strong> route, <strong>de</strong>s considéra*tions politiques qui ont, <strong>au</strong> sujet <strong>de</strong> nos tentatives vers leSoudan, un intérêt trop grand, pour qu'il soit possible <strong>de</strong> nepas les citer en entier.«D'après ce que j'ai pu apprendre jusqu'ici <strong>de</strong> la situationactuelle <strong>de</strong>s Touareg, la Porte Ottomane, qui n'est sansdoute pas seule en compte, <strong>au</strong>rait singulièrement étenduson action. La ville <strong>de</strong> Rhât serait occupée militairementavec be<strong>au</strong>coup <strong>de</strong> soin, à la <strong>de</strong>man<strong>de</strong> môme <strong>de</strong>s habitants,fatigués <strong>de</strong>s éternels combats livrés jusque dansles rues entre Azdjer et Hoggar pendant la <strong>de</strong>rnièreguerre. Le gouvernement <strong>de</strong> Tripoli <strong>au</strong>rait joué, dans cetteguerre, le rôle <strong>de</strong> médiateur à la satisfaction <strong>de</strong> tous, etil lui en serait resté une gran<strong>de</strong> influence, surtout surles Azdjer qui fréquentent plus particulièrement Rhât,et qui, ajoute-t-on sous toutes réserves, <strong>au</strong>raient mômeenvoyé, il y a environ un an, quelques .délégués <strong>de</strong> tribusà Tripoli.)>Dans ces conditions, il est indispensable avant tout, <strong>de</strong>vérifier exactement l'état <strong>de</strong>s choses, pour savoir sur quelterrain nous <strong>de</strong>vons marcher. S'il est vrai que la concurrenceanglaise ait fait <strong>au</strong>tant <strong>de</strong> progrès qu'on le dit, parTripoli et Rhât, sous le couvert du gouvernement turc, làquestion du rétablissement <strong>de</strong> la ligne commerciale d'Amadghôret celle <strong>de</strong> la construction d'un chemin <strong>de</strong> fer, <strong>de</strong>viennentbe<strong>au</strong>coup plus complexes qu'on ne le supposait. Danstous les cas, elles sont be<strong>au</strong>coup plus difficiles à abor<strong>de</strong>ravec les Touareg, sans risquer* d'échouer à la première ou*yertùré; iBn effet, les avantages qu'ils en retireront ne sorttpas <strong>au</strong>ssi évi<strong>de</strong>nts qu'<strong>au</strong>trefois et ils necompensent peut-êtreplus los inconvénients d'une sorte <strong>de</strong> prise <strong>de</strong> possessiondirecte <strong>de</strong> notre part.,,., 11 est donè indispensable <strong>de</strong> rércueillir tous les renseignements qui peuvent être <strong>de</strong> nature


EXPLORATIONDU SAHARA, 55à nous éclairer rapi<strong>de</strong>ment et définitivement sur ce qu'ilconvient <strong>de</strong> faire La question paraît <strong>de</strong>voir se subordonneral'appréciation <strong>de</strong> la politique turque vis-à-vis <strong>de</strong>sTouareg. C'est du côté <strong>de</strong> Rhât qu'il f<strong>au</strong>t aller la chercher,car jusqu'ici rien ne paraît en avoir transpiré ailleurs, Cen'est que maintenant que j'ai pu en concevoir quelque idéeen c<strong>au</strong>sant avec les indigènes et particulièrement avec leTargui Aokha. »Aïn el Hadjadj, la « source <strong>de</strong>s pèlerins », oùla mission s'étaitarrêtée le 6 avril pour s'y livrer <strong>au</strong>x réflexions qui pré*cè<strong>de</strong>nt, est un campement fréquenté par les caravanesdu Touât qui vont à la Mecque tous les ans, en passantpar Tripoli et l'Egypte, L'e<strong>au</strong> cependant n'y est pas d'uneabondance extrême, mais sa qualité est excellente, et lesabords offrent <strong>au</strong>x chame<strong>au</strong>x fatigués, une végétationréconfortante. Il est notoire d'après Bou<strong>de</strong>rba, que lesHoggar et les tribus du voisinage y pillent quelquefois lespèlerins.Le 7 avril, tandis que la caravane se refaisait à Aïn elHadjadj, le chef <strong>de</strong> la mission fit <strong>de</strong> nouvelles tentatives pourobtenir du Targui Aokha <strong>de</strong>s indications plus explioites<strong>au</strong> sujet du droit<strong>de</strong> passage à travers les territoires touareg.Mais, en dépit <strong>de</strong> ses bonnes dispositions, il n'en tiraqu'une chose, c'est qu'il fallait réserver la question jusqu'àparfaito entente avec les tribus ; que du reste la route<strong>de</strong> Rhât était libre. D'après lui, il y <strong>au</strong>rait déjà longtempsque les <strong>Ifoghas</strong> passaient pour être les, amis <strong>de</strong>s Français,et on s'en était ému à Tripoli. En résumé, Aokha était unindigène pru<strong>de</strong>nt, désireux <strong>de</strong> servir la mission pourles profits qu'il en espérait, mais craignant <strong>de</strong> se, compromettre,eh prenant <strong>de</strong>s engagements avant d'avoir consultéles siens, -\,.:\:\ , ;.'-vVv^ïtfc-Pendant son séjour à Aïn el Hadjadj,. la n%sion^putjouir d'une <strong>de</strong> ces sérénités atmosphériques déjà signaléespar les voyageurs sahariens, comme ayant presque l'impor?


50 EXPLORATIONDU SAHARA,tanoe d'un phénomène météorologique, et qui a pour effetordinaire <strong>de</strong> rapprocher considérablement les distances, Le7 avril, en effet, la vue semblait s'étendre jusqu'à <strong>de</strong>s distances<strong>de</strong> 100 kilomètres, permettant <strong>de</strong> distinguer lachaîne d'Amadghôr, le Tiû<strong>de</strong>stdu Hoggar, le mont Iraouenet le montlféttessen.Le len<strong>de</strong>main, on crut <strong>de</strong>voir rester encore à Aïn el Hadjadj.Aokha partit pour rejoindre sa tribu; il <strong>de</strong>vait reveniravec Ceghir et engageait le lieutenant-colonel à pousser <strong>de</strong>l'avant vers Rhât. C'était évi<strong>de</strong>mment pour le faire pénétrer<strong>au</strong> centre du pays <strong>de</strong>s Azdjer, Mais le chef <strong>de</strong> la missionhésitait ; il sentait qu'il lui serait plus difficile ensuite <strong>de</strong> revenirvers l'ouest, pour se rendre à Tahohait et Aguellach,comme il le désirait, D'un <strong>au</strong>tre côté il ne pouvait prendrecette nouvelle direction sans en avoir conféré d'abordavec les chefs touareg, car les Azdjer y verraient peutêtreune hésitation ; et les chameliers ou Chambàs quil'accompagnaient, trouvant cette voie dangereuse tantqu'elle n'<strong>au</strong>rait pas été garantie, seraient sans doute disposésà l'abandonner. Enfin, <strong>de</strong>rnière considération, iln'était pas possible <strong>de</strong> faire un plus long séjoUr à Aïn elHadjadj sans s'exposer <strong>au</strong>ssi à <strong>de</strong>s commentaires désavantageux.Il résolut donc d'attendre jusqu'<strong>au</strong> 10, délai suffisantpour le retour <strong>de</strong> Ceghir, et, disposé, dans le cas où iln'<strong>au</strong>rait pas rejoint, à continuer sa route vers Rhât. Lasituation on le voit, commençait à prendre une tournuredélicate.Le 11, suivant ce programme, on partit dans la directiondu sud-est, longeant à g<strong>au</strong>che la gran<strong>de</strong> dune qu'on n'avaitpas quittée <strong>de</strong>puis Touskirin, et marchant vers lo débouché<strong>de</strong> l'Oued Samen, où l'on campa. « A partir <strong>de</strong> ce point, ditle journal do route, l'Oued Ighargharen proprement ditn'existe plus; il ne forme plus qu'une série <strong>de</strong> cuvettes séparéespar <strong>de</strong>s seuils <strong>de</strong> sable; c'est comme un chapelet


EXPLORATIONDU SAHARA. 57d'embouchures <strong>au</strong> pied <strong>de</strong> la dune <strong>de</strong> l'est, » Toute la con*trée, du reste, offre, pouHes hommes et les anim<strong>au</strong>x <strong>de</strong>sressources remarquables, <strong>au</strong> point que le 12, la caravanedut s'avancer dans une véritable prairie, qui la conduisità une daïa couverte d'une splendi<strong>de</strong> végétation ; puis elleatteignit une région <strong>de</strong> ravins compliqués, formant un<strong>de</strong>s angles du plate<strong>au</strong> <strong>de</strong>s Azdjer, passa à Tharkar Neraba,cimetière dans le plate<strong>au</strong>, où elle rencontra <strong>de</strong>s<strong>Ifoghas</strong> gardiens <strong>de</strong> troupe<strong>au</strong>x <strong>de</strong> chèvres et vint camperà l'Oued Tigat, dans une région qui porte le nom <strong>de</strong>Nboukhia,Une première députation (miad) <strong>de</strong> Touareg <strong>Ifoghas</strong> et<strong>de</strong> Magasaten vint <strong>au</strong> camp, le 12, conduite par Ceghir quiavait remis ses lettres. En tête marchaient les notables <strong>de</strong>chaque tribu, entre <strong>au</strong>tres Ab<strong>de</strong>l Hakem et Ahen<strong>de</strong>boul <strong>de</strong>s<strong>Ifoghas</strong>; Mohammed Dadda <strong>de</strong>s Magasaten; Aokha benChahoui était <strong>au</strong>ssi revenu. Il y avait en tout 30 personnes,dont 20 se disant d'un rang élevé, sans compter Si benel Iamma, originaire du Souf, mokhad<strong>de</strong>m <strong>de</strong> l'ordre <strong>de</strong>Tidjani.Après les formalités <strong>de</strong> rigueur, l'entrevue <strong>de</strong>vint trèscordiale et les affaires, suivant l'usage, furent remises<strong>au</strong> len<strong>de</strong>main. Le 13, on partit ensemble, pour passerà l'Oued Ihan et <strong>de</strong> là à l'Oued Aguit, d'où l'on distinguait<strong>au</strong> sud-ouest le Djebel Takhemalet, un peu plus à l'est, leDjebel Intersi et à l'est-nord-est, la chaîne <strong>de</strong> Timenis,Le camp fut établi dans la daya Tibabiti, où rien nemanquait.Lés conversationsdu chef <strong>de</strong> la mission avec les Touaregqui l'accompagnaient, lui montrèrent qu'ils comprenaientfort bien l'intérêt qu'<strong>au</strong>rait pour eux l'établissement <strong>de</strong> relationscommerciales entre le Soudan et l'Algérie à traversle Sahara. Leurs dispositions paraissaient excellentes; maisnul ne voulait conclure d'arrangement avant une entrevueavec Ikhenoukhen. Chacun tenait à passer pour un person-


58 EXPLORATIONDU SAHARA,nage quand il s'agissait do recevoir, et déclinait toute influencequand il fallait promettre. Dans l'entrevue solenrnelle qui eut lieu àTibabiti, la cordialité <strong>de</strong>s rapports futbien établie ; mais il fallut s'occuper <strong>de</strong> régler le dond'hospitalité, sur lequel ils comptaient, Ils <strong>de</strong>mandaientune somme <strong>de</strong> 5000 francs et un fusil <strong>de</strong> chasse pourchaque membre <strong>de</strong> la députation. On dût marchan<strong>de</strong>r etréduire cette prétention à 3000 francs et à huit fusils;on y ajouta <strong>de</strong>s ca<strong>de</strong><strong>au</strong>x, particuliers pour les prinoip<strong>au</strong>xchefs et une convention <strong>de</strong> bonne amitié fut <strong>au</strong>ssitôtconclue, La députation s'en retourna, laissant <strong>au</strong> chef 4ela mission quatre <strong>de</strong> ses membres, à raison <strong>de</strong> 5 francspar jour chacun, et lui promettant <strong>de</strong>s chameliers à2 francs par jour; ou convint que la mission irait <strong>au</strong> lacMenkhough, ; , ,Le 15, en effet, elle partit <strong>de</strong> Tibabiti et s'engagea dansl'Oued Tidjoudjilt, qu'elle remonta dans la direction estsud-est.Cet oued lui parut former la suite <strong>de</strong> l'OuedIghargharen qui n existe plus en cet endroit. Elle atteignitun col où Ceghir avait campé l'hiver précé<strong>de</strong>nt avec Ab<strong>de</strong>lhakem,puis une vaste daïa plate formée par l'OuedTidjoudjilt, couverte <strong>de</strong> végétation etjnomraée Tehentlemoun,, \:, .. :-, ;,,On y établit le campement le 16 avril. Ce <strong>de</strong>vait être le<strong>de</strong>rnier do la première exploration. ;


EXPLORATIONDU SAHARA. 50Le séjour <strong>de</strong> la mission dans ce campement dura jus*qu'<strong>au</strong> 21 avril et les inci<strong>de</strong>nts, d'ailleurs pacifiques, qui sedéroulèrent, eurent assez d'importance pour mettre unterme à ses trav<strong>au</strong>x.Tandis que les ingénieurs et leurs adjoints, particulièrementMM. Béringer, Roche et Le Chatelier faisaient dans lesenvirons d'utiles reconnaissances, le camp <strong>de</strong>vint peu à peule ren<strong>de</strong>z-vous <strong>de</strong>s visites intéressées <strong>de</strong>s Touareg. Cefurent d'abord <strong>de</strong>s amis <strong>de</strong> Ceghir, avec lesquels il se renditpeu après <strong>au</strong> campement où se trouvait sa femme; puisvinrent les dames <strong>Ifoghas</strong> montées sur leurs mehara; le19 avril, ce fut une nouvelle députation <strong>de</strong> Magasaten; ellen'apprit rien <strong>de</strong> neuf, mais emporta <strong>de</strong>s ca<strong>de</strong><strong>au</strong>x. Le len<strong>de</strong>main,la même tribu envoya encore <strong>de</strong>s représentants*Ceux-ci prétendirent qu'avant <strong>de</strong> répondre, Ikhenoukhenattendrait une lettre <strong>de</strong> Tripoli; ce qui signifiait que la missionavait été signalée à Tripoli par le gouverneur <strong>de</strong> Rhât*et qu'Ikhenoukhen répondrait suivant les instructions qu'on 1lui enverrait, Tout cela prêtait à réflexion. D'abord lenombre <strong>de</strong>s importuns croissait à chaque instant ; les provisions<strong>de</strong> la caravane s'épuisaient, et <strong>au</strong> milieu <strong>de</strong> cesatermoiements, les propositions pour continuer le voyagesemblaient ne pouvoir aboutir, vEnsuite, le lieutenant-colonel apprenait pour la premièrefois qu'Ikhenoukhen était soumis <strong>de</strong> fait à l'influenceturque, exercée par Saft, le khalifa <strong>de</strong> Rhât, gouverneur<strong>de</strong>là place, <strong>au</strong> nom <strong>de</strong> Tripoli, avec une garnison régulière.Pour lui, par conséquent, aller à Rhât sans attendre'la réponse d'Ikhenoukhen, c'était peut-être soulever unequestion diplomatique que les instructions officiellesn'avaient pu prévoir, puisque la situation <strong>de</strong>s Azdjer et <strong>de</strong>Rhât j>ar rapport <strong>au</strong> gouvernement turc,; pouvait être unenouve<strong>au</strong>té dont la chancellerie du consulat <strong>de</strong> Tripolin'avait pas eu, d'après lui, connaissance jusqu'à ce jour,11 sentait qu'un voyage à Rhât dans ces conditions pour-


60 EXPLORATIONDU SAHARA.rait le compromettre sans lui laisser d'<strong>au</strong>tre chance que <strong>de</strong>prendre la route ordinaire pour se rendre <strong>au</strong> Soudan.Les Azdjer ne voulaient pas évi<strong>de</strong>mment abor<strong>de</strong>r le Hoggar;ils le recevaient bien, mais surtout dans l'espoird'un profit, Ahitaghen, à son tour, s'engagerait difficilementà le conduire s'il le voyait venir du pays <strong>de</strong> ses voisins,plutôt que <strong>de</strong> l'Algérie. Enfin, attendre sur place étaitimpossible, car les provisions s'épuisaient et les Azdjer nevoulaient rien fournir avant la fameuse réponse d'Ikhenoukhen.Ces considérations avaient une gravité incontestable, et<strong>de</strong> fait, on ne pouvait plus avancer sans s'exposer à <strong>de</strong>scomplications, Il <strong>de</strong>venait urgent <strong>de</strong> se concerter, Le lieutenant-colonelréunit donc les membres <strong>de</strong> la mission, leurexposa les faits et leur <strong>de</strong>manda leur avis, Us furent unanimesà conseiller un retour sur Ouarglà et Laghouat, pours'y ravitailler et attendre le moment' <strong>de</strong> recommencerl'excursion.Ce fut donc le parti <strong>au</strong>quel on s'arrêta ; les circonstanceset les difficultés du moment en faisaient vraiment une loi<strong>au</strong> chef <strong>de</strong> la mission, Il écrivit seulement à Ahitaghen pourlui déman<strong>de</strong>r s'il consentirait à le conduire à travers sonpays par Amguid et Amadghôr, comptant que sa réponselui parviendrait dans un mois, à Ouarglà. Il se décida ainsi,comme il l'écrivit d'El Biodh, le 3 mai, à M. le ministre <strong>de</strong>sTrav<strong>au</strong>x publics, « non à un renoncement <strong>de</strong> l'entreprise,pas même à un ajournement, mais à une p<strong>au</strong>se nécessaireentre <strong>de</strong>ux phases distinctes, »Cette résolution une fois prise, la mission reprit le 21avril le chemin d'Ouarglà.Elle eut soin, avant <strong>de</strong> s'éloigner, <strong>de</strong> no.ter sur l'état politique<strong>de</strong>s Touareg quelques renseignements que le journal<strong>de</strong> route nous a transmis sous une formo succincte *;11nous1. Cos indicationstrès sommaires,surtout si on los rapproche<strong>de</strong>s


EXPLORATIONDU SAHARA, 61apprend que parmi- les tribus nobles <strong>de</strong>s Azdjer, « les<strong>Ifoghas</strong> comptent actuellement 40 tentes nobles (djouady,leurs notables (Mars) sont Î Ab<strong>de</strong>l Hakem, Bassa, Ahen<strong>de</strong>boulet Aokha el Bakhay,» La tribu <strong>de</strong>s marabouts Ouled Sidi Moussa, compte145 tentes, Ses notables sont : Afenaout, Mahommed Dadda,Mahomed ben Brahim.» Enfin les Azdjer ou Azgar proprements dits, pris d'unefaçon générale, ont pour notables ; El Hadj Ikhenoukhenqui a <strong>au</strong>torité sur tous les Azdjer; Akhi, Asman, Nakrouf,Iahia,Moulaï ould Kheddadj et Si Mohamed, fils d'Ikhenoukhen.On compte 400 tentes ùHmrhâds, ou tribus servesplacées sous la dépendance <strong>de</strong>s nobles,» Les Hoggar n'<strong>au</strong>raient que 120 tentes djouad ; maisdans leurs guerres avec les Azdjer, ils ont toujours poureux plusieurs <strong>de</strong> leurs tribus, par exemple une gran<strong>de</strong>partie <strong>de</strong>s Magasaten, les Idhanaouen, etc. Leur chef réelest Ahitaghen que l'on appelle <strong>au</strong>ssi Itaghel chez les Arabes,Il est flls.<strong>de</strong> Biska. Les <strong>au</strong>tres princip<strong>au</strong>x notables sont ;Khiari son neveu par son frère, Ngaït, Sidi ould Gueradji,<strong>au</strong>tre neveu d'Ahitaghen par le frère, Altissi ouldChikkat, neveu d'Ahitaghen par la soeur, et par suite héritierdésigné du pouvoir, Anaba frère d'Altissi, Il est ànoter que Chikkat et ses <strong>de</strong>ux fils sont <strong>de</strong>s Ouled Messaoudavec lesquels les Chambàs entretiennent <strong>de</strong> bonnesrelations. »Malgré les préoccupations politiques qui les avaient absorbés<strong>de</strong>puis Timassinine, les membres <strong>de</strong> la missionavaient continué leurs trav<strong>au</strong>x, profitant môme <strong>de</strong>s séjoursforcés pour exécuter <strong>de</strong>s reconnaissances <strong>au</strong>x alentours ducamp. Leurs notes nous ont laissé sur les ressources du sol,les indications suivantes :; étu<strong>de</strong>ssi approfondiesdoM, 11.DuVoyriorsur los Touarog,<strong>au</strong>raientsansdoute été complétéosplustard.Leur principal»mériteost do nousdonnerj <strong>de</strong>s chiflrosot dos nomsoffrantun intérêt d'actualité.


NATURE . " ,.--• cPARCOURS. ' VEGETATION. EAU..._•' ..''. 'BBSOL.. -, _ _•'«5 tôIe' avril, <strong>de</strong>Timassinine àl'Oued Fond <strong>de</strong>sebkha, ferme etfacile. Abondante, arta, sfar, haï-Djoua, 21kiL-ma, etc.2avril. Campement dans ladune, Nebka, marne calcaire eiar-Assez abondante; sfar, shiedh Orage violent.25kil. giles rouges. Gourds <strong>de</strong>100(variété <strong>de</strong>drin), azal.à150 mètres.- - ' mx •a3avril, Campement à16kil. SḋuNebka etfond <strong>de</strong>gassi.Assez abondante. .r*Khanfousa, 28kiLos4avril, Aïn Tebalbalet, 20kiLNebka etfond <strong>de</strong>gassi, Très abondante, bons pâtu- Excellente,puits <strong>de</strong>1»°50.gran<strong>de</strong> dune àg<strong>au</strong>che. rages. —Arbres etombe<strong>au</strong>x. %5— Campement <strong>au</strong>pied <strong>de</strong>laFond <strong>de</strong>sebkha et<strong>de</strong>gassi, Très abondante, bons pain- E<strong>au</strong> dans les daïas. o58;dune <strong>de</strong>g<strong>au</strong>che, 27kil. ravins. -- rages.6avril, Ain elHadjadj, 35kil.Fond <strong>de</strong>sebkha, prairie, ter-Végétation exceptionnelle, Puits comblé <strong>de</strong>4mètresrain facile. palmiers, plantes variées, <strong>de</strong>profon<strong>de</strong>ur, bonnegraminées, jardinsẹ<strong>au</strong>, peu abondante. vi :-^,3,lGavruVSéjour. ^, - , J ^ ->--a11avril, Oued Samen, 24kil, Reg etcailloux, fond <strong>de</strong>gassi! Végétation remarquable, pâet<strong>de</strong>sebkha.tarages etbois <strong>de</strong>tamarins. 9 >>•12—Oued Tigat, 24kiL Fond <strong>de</strong>gassi et<strong>de</strong>daïa cou- Végétation remarquable, pà-E<strong>au</strong> dans onghedir.vert <strong>de</strong>végétation. tarages etbois <strong>de</strong>tamarins.13—- Daïa Tibahîti, 15kïL Fond <strong>de</strong>gassi etdaïa cou- Abondante. -HL'vert <strong>de</strong>végétation.15—Tehentlemonn, 20kil. Fond d'oned couvert <strong>de</strong>végé- Pâturage exceptionnel.'' tation.16—Lae Menkhough, 25.Tul.. Fond d'oued, prairie. Id. Lacpermanent,eaTotal264kiLpoissons.


EXPLORATIONDU SAHARA. 63Les observations scientifiques avaient donné <strong>de</strong> leur côté ;S '' ^ *? < . . •g O ' ' .& . 4* :4" -r* ,"h . -f* "1" 4* 41 4".' +M . h % \ % ^ &| 1 fc % I? Ss ^ %§ %;$ h $(M «M


64 EXPiORÂTIÔNDU SAHARA.''>',.VIII.RETOURDU ucMENORDOUGHA OÙÀRGLADépartdoMcngkhough. — Itinérairespar renseignements. — Changementdo route à Tebalbalet.— Reconnaissancedu gassi Mokhanzapar lesingénieurs. — Renseignementsur les routes d'Insalah.—-Rentrée àOuarglà.Le 21 avril, la mission reprit, comme on l'a vu, sa routeen sens inverse, Ab<strong>de</strong>lhakem, qui l'accompagnait avec six<strong>Ifoghas</strong>, la quitta bientôt avant l'arrivée <strong>au</strong> campement <strong>de</strong>Tamaldjalt dans l'Oued Tidjoudjilt, et lui exprima tous sesregrets <strong>de</strong> la voir s'éloigner. Le len<strong>de</strong>main, on atteignitl'Oued Idjiran, qui est une daia d'embouchure. Un Ifogha,Dob bon Moheza, qui est un <strong>de</strong>s meilleurs gui<strong>de</strong>s touareg,donna <strong>au</strong> lieutenant-colonel d'utiles renseignements surdivers ^itinéraires.L'un d'El Biodh à Amadghôr, s'étend sur 600 kilomètresdu nord <strong>au</strong> sud. Avec <strong>de</strong>s méharis, on parcourt cette distanceen dix jours, savoir :Deux jours d'El Biodh à Tinessig (é<strong>au</strong>).Trois jourspalmiers),<strong>de</strong> Tinessig à l'Oued Amguid (e<strong>au</strong> courante,•Doux jours d'Amguid à l'ÈgUéré, par l'Oued Tedjert(e<strong>au</strong>)Trois jours d'Êguéré à Amadghôr (e<strong>au</strong> à Hassi Guedda eta Bou ïlikhar),Amadghôr est, d'après Dob, une sebkha <strong>de</strong> plus d'unjoui' <strong>de</strong> longueur sur presque <strong>au</strong>tant <strong>de</strong> large,., Son sel estexcellent ot^blano comme du sucre. Le prend qui veut, lasebkha étant abandonnée, C'est une ancienne route <strong>de</strong>caravanes également délaissée, Autour <strong>de</strong> la sebkha,s'étend une plaine (reg) à fond <strong>de</strong> cailloux noirs, peu richeen végétation, avec <strong>de</strong> Pe<strong>au</strong> s<strong>au</strong>matre dans les puits, Onpeut passer en terrain parfaitement platj mais ce n'est pasun chemin suivi.


EXPLORATIONDU SAHARA,!'^::"::^;0-:Au sud d'Amadghôr, on prend la plaine d'Admar pouraller <strong>au</strong> Soudan en dix jours, aveo <strong>de</strong> l'e<strong>au</strong> partout.Un second itinéraire conduirait <strong>de</strong> la zaouïa <strong>de</strong> TimassinineàfOued Tedjert en cinq jours <strong>de</strong> méhari, parTOuedIgharghar, en terrain reg, facile.Un troisième itinéraire permet d'aller <strong>de</strong> la zaouïa àTanelagh (e<strong>au</strong>) en trois jours, par Tisenagh, Tin Teghemtet Amguid. ;V^.yV.-lT\;-7:. v.:-:^;:Un quatrième conduit à Tahohaout en cinq jours, enterrain rég, en passant par Tanelagh et l'Oued igharghar.Tahohaout touche <strong>au</strong> lac Iskàouen, qui contient be<strong>au</strong>coupd'e<strong>au</strong>, à Tinhias où est la tombe <strong>de</strong> Gkéikh Ôthmanet à la source <strong>de</strong> Tin Tedjert.Un cinquième mène <strong>de</strong> Aïn el Hadjadj à Tahohabut, encinq jours <strong>de</strong> méhari, par la route <strong>de</strong>s caravanes du Fezzan' "à Insalah,•Dob signala une route d'Insalah à Ithât, qui passe à Aïnel Hadjadj, par l'Oued Mestan, Tifemin, Arami, Tahohaout,Amguid (e<strong>au</strong>), Taghelalt, Tinioui, Tadjart du MoUydir,Amesaraba, Aba<strong>de</strong>ga, Tiounkinin (e<strong>au</strong>, palmiers), (c'est leKhangat el Hdid <strong>de</strong>s Arabes), Akeraba (e<strong>au</strong>), Tarhami (quitouche Insalah) et Taziri (jardins d'Insalah).,Le môme Targui apprit <strong>au</strong> chef <strong>de</strong> la mission qtiaguellachn'estpus unnom <strong>de</strong> locallté.G'est\imh0ia, en arabe, «lieuvert, prairie dans un oued », Il y eh a plusieurs, et lé plurieldu mot est igûèltachèm, Celui qui est marqué sur lacarte <strong>de</strong> M, Duveyrier est dans l'Éguêré.Toujours d'après Dob, l'Azbén et les points <strong>de</strong> Tintelloust,Ighezer, Tldjerin, Aghadès et Takaraza, appartiendraient<strong>au</strong> Soudan.Enfin pour compléter ces indications, Dob fit connaîtreque la route d'Aïn el Hadjadj à Amadghôr exigeait cinqjours} celle d'Amadghôr a I<strong>de</strong>lès, trois jours ; celle dél'Oued Gharis à Amadghôr, quatre jours.Le 23 avril, la caravane alla établir son campement à-: 'i..:


06 EXPLORATIONDU''SAHARA.l'Oued Samen, d'où on lui indiqua encore une route pourse rendre <strong>au</strong> Hoggar, par Taressa, Ifernik, Tighemagh,Tamedjart, Tinezouatin, Tihoudaï et Amadghôr. Le len<strong>de</strong>*main, elle revoyait Aïn el Hadjadj. C'est dans cette partie<strong>de</strong> son journal <strong>de</strong> route, que le chef <strong>de</strong> la mission a relaté<strong>de</strong>s renseignements topographiques qu'il avait obtenus duchef Abd el Hakem, sur le pays environnant; il lui indiquaTin Taghemt (e<strong>au</strong>), Inlalen, Tahihaout, Iskaouen, Amguid,etc., et toute la partie nord-oues du plate<strong>au</strong> dit <strong>de</strong>sAzdjer, comme appartenant <strong>au</strong>x Hoggar, qui y ont presquetoujours <strong>de</strong>s campements.Le 25, on atteignit Anteklat, dans l'Oued Tiaouin, embouchuresecondaire <strong>de</strong> l'Oued Mastan, après avoir passé près<strong>de</strong> Ticbaben, à h<strong>au</strong>teur <strong>de</strong> la source Kinouin, Le 26, onfranchit l'Oued Afelli pour venir camper à Tebalbalet, oùon séjourna le 27. A partir <strong>de</strong> ce point, la mission laissasur sa droite et <strong>au</strong> nord son précé<strong>de</strong>nt itinéraire, marchantdirectement sur El Biodh, par la vallée <strong>de</strong> Tebalbalet; elleeut ainsi à traverser un plate<strong>au</strong> <strong>de</strong> sable, puis un feidj àfond plat do sable, et un cap <strong>de</strong> dunes venant <strong>de</strong> l'Erg <strong>de</strong>Timassinine et allant <strong>au</strong> sud-ouest. On aperçut &l'ouest laroche élevée <strong>de</strong> Tanelagh; on passa ensuite une crête <strong>de</strong>siouf <strong>au</strong> bord du plate<strong>au</strong> dit <strong>de</strong>s Azdjer, pour déboucher bientôtdans une vaste plaine <strong>de</strong> sable, dite <strong>de</strong> Fersiga. La routese continua par le sif d'El Felaïa, puis à travers une immenseplaine <strong>de</strong> reg, qui n'était <strong>au</strong>tre que l'Oued Igharghar,mais San (thalweg apparent, Ce reg s'étend, d'après ledire <strong>de</strong>s indigènes, jusqu'à l'Oued Tidjert, qui n'est que sacontinuation par l'Éguérô, et qui communique a son touravec la sebkha d'Àmadghôr.11 conduisit nos explorateurs <strong>au</strong> llechag El Ablodh otïl'on trouve quelquefois <strong>de</strong> l'e<strong>au</strong> ; on gagna ensuite une garadite El Beïda, pour recommencer à suivre, Sans pointsd'arrêt, la vaste plaine <strong>de</strong> 60 kilomètres <strong>de</strong> largeur dans laquellese perd l'Oued Igharghar, La nouvelle route <strong>de</strong> la ca-


EXPLORATIONDU SAHARA, 67ravane <strong>de</strong> Tebalbalet ou Hamada d'El Biodh, complétée <strong>au</strong>moyen <strong>de</strong>s itinéraires par renseignements qui furent recueillissur les directions du Sud et du sud-ouest, permit <strong>de</strong>voir,sur la ligne Timassinine, Amguid et l'aguellach, <strong>de</strong>s notionstrès complètes que son chef <strong>de</strong>vait, du reste, contrôler l'annéesuivante, en en vérifiant <strong>de</strong> visu l'exactitu<strong>de</strong>.Le l°e mai, en continuant <strong>de</strong> marcher <strong>au</strong> nord-oUest, lacaravane coupa <strong>de</strong> nouve<strong>au</strong> le sentier (medjebed) d'Insalaha Ghadamès par Timassinine, que Gérard Rohlfs avait parcouruen 1864, en un point d'où les indigènes comptent neufjours <strong>de</strong> méhari ou 450 kilomètres pour atteindre Insalah.Elle gravit ensuite le plate<strong>au</strong> qui bor<strong>de</strong> l'Igharghar <strong>au</strong> nord,d'où elle s'engagea dans une série <strong>de</strong> gour rocheux situésà la tète <strong>de</strong> la sebkha d'El Biodh. Elle changea ensuite sadirection pour marcher <strong>au</strong> nord et <strong>au</strong> nord-est. 'Elle se trouvaitalors sur la ligne directe qui conduit d'El Biodh à l'OuedGharis el <strong>de</strong>là <strong>au</strong> Hoggar. Le len<strong>de</strong>main, 2 mai, elle revoyaitson campement d'El Biodh.Deux jours après, MM. Béringer, Roche et Bernard, avec7 hommes et 11 chame<strong>au</strong>x, partaient en reconnaissance légèrepour vérifier les renseignements relatifs <strong>au</strong> gassi <strong>de</strong>Mokhanza. Le retour lui-môme était ainsi utilisé, et servait& compléter lés premières étu<strong>de</strong>s <strong>de</strong> la mission.Du 4 <strong>au</strong> 9 mai, elle revint à Aïn Taïba par la route dugassi qu'elle avait déjà suivie. Sur ce point, le journal <strong>de</strong>route fut encore enrichi <strong>de</strong> divers itinéraires par renseignements,si)foir :1» Celui d'Ouarglà àMesegguem par l'Oued Mia, et ElMsied, que la secon<strong>de</strong> mission <strong>de</strong>vait avoir l'occasion <strong>de</strong>parcourir,2*Celui d'El Goléah à Mesegguem par Mechra m'ta En»missa etl'Oued Tloughi,8° D'Aïn Taïba àEl Msied, en quatre jours, à travers l'erg,40D'Aïn Taïba à El Goléah par Sfa el Biodh et l'OuedMia à l'est <strong>de</strong> Tendjaoul,


68 EXPLORATIONDU SAHARA,5° De Hassi Zimla sur l'Oued Mia à Insalah, par HassiInifel, Chebka et Hassi Mohgar.6° De Hassi Inifel ou Sidi Ab<strong>de</strong>lhakem à Insalah parTilmes er Rahou.7° De Ha,Jsi Zimla à' Insalah, par Tlnfedjaouin, Feidj enNaam et Tilmes.A ces renseignements, le chef <strong>de</strong> la mission put ajouter<strong>de</strong> nombreux détails sur l'importance et remplacement <strong>de</strong>sksqur d'Insalah, ainsi que les noms <strong>de</strong>s princip<strong>au</strong>x coupeurs<strong>de</strong> route, Chambàs dissi<strong>de</strong>nts, qui ont leur repairedans le Gourara, notamment à Timimoun.Le 10 mai, on reprit la route d'Ouarglà, par Gourd Terba,Feidj Damran, Daïa Rctmaïa, Hassi Malah, Hassi Medjira,et Hassi Terfaïa. Enfin, le 17 mai, la mission rentrait àOuarglà, où elle était reçue par le khalifa <strong>de</strong> l'agita, et parles ingénieurs <strong>de</strong> la mission Choisy qui étaient arrivés le 13.Ceux-ci, <strong>de</strong> leur côté, ayant pris plus à l'est, une directiongénérale sud-nord, avalent campé d'abord à une petitesebkha, à 26 kilomètres environ d'El Biodh. S'engageantensuite dans le grand gassi qui part d'El Biodh, ils avaientpassé près <strong>de</strong> la dune <strong>de</strong> Mouileh et toujours en marchantsur le fond du gassi, avalent atteint Aïn Mokhanza el Djedid,le 9 mai, Après avoir bien étudié les ressources dé ce campement,ils étaient repartis le 10, sur une direction généralenord*ouest, passant à Hassi Teboul, dans l'Oued BouNemeî, dans l'Oued Bou lletmaïa et Se retrouvant sur leurancien itinéraire, à partir <strong>de</strong> Hassi Terfaïa.Ils ont résumé comme suit leur reconnaissance, du gassi<strong>de</strong> Mokhanza : « C'est une gran<strong>de</strong> plaine, très resserréevers El Biodh, où elle n'a que 7 ou 8 kilomètres <strong>de</strong> large, etqui va en s'évasant<strong>au</strong> fur et à mesure que l'on marche <strong>au</strong>nord. Elle atteint dans sa plus gran<strong>de</strong> largeur peut-être 50kilomètres do large do l'est à l'ouest. Cette plaine est semée<strong>de</strong> dunes <strong>de</strong> forme allongée et dont la longueur varie suivantles endroits. Leur gran<strong>de</strong> dimension est constamment


EXPLORATIONDU SAHARA. 69dirigée nord-sud magnétique et elles laissent entre elles<strong>de</strong>s passages plus ou moins larges, plus ou moins contournés,parmi lesquels celui que nous avons suivi est probablementle plus constant comme direction, »Le chef <strong>de</strong> la mission ajouta à ce résumé la noté suivante: « L'ensemble constitue raisonnablement l'Oued Ighargharqui, ici comme ailleurs, n'est pas un fleuve à secavec thalweg déterminé, mais une série <strong>de</strong> fonds et <strong>de</strong> lacs<strong>de</strong>sséchés. »Les ressources en e<strong>au</strong> et en végétation que la caravaneeut à constater à son retour, sont à peu près lés mômes quecelles du premier itinéraire, Elles ne varient que pendant latraversée <strong>de</strong> l'oued Igharghar, entre Tebalbalet et El Biodhoù elles furent à peu près nulles. Il serait donc inutile <strong>de</strong>les résumer <strong>de</strong> nouve<strong>au</strong>. Il suffira <strong>de</strong> relater l'itinéraire etles distances parcourues.ITINÉMinEDURETOURDEMENGKnOUQlt AOUARGLADntos. Llouxdooampomonts. Dlatnnco Obaorvatlûiis,pm'cotiruo.-"81avril,,, Tamadjalt,.,., 3ISkil.22 » ... OuedJdjiran.;.,,.. 85 » ,..23 » ... embouchuredo l'O.Samon.......... 83 » .,,24 »... Aïnel Hadjadj..,., 15» ,., campementconnu,25 » ,.. Antoklftt.,,..,,,.. 37 ». .,, végétation.Tempête.26 » .,, Tebalbalet.,,,,.,.. 25 » ... orage du sud.2? » ... Séjour.28 » ... Gourd Forslga 35 » ... »20 » ... ltochftgEl Ablodh.» 88 » ,,, végétation nulle.80 » ,,, Campementdans lerog............. 32 » ... gommiersot e<strong>au</strong>.l«mai.,,Tôte<strong>de</strong>îasobkad'ËlBiodh.,.,..,,... 88 » ... campementconnu.2 » ... El Biodh..,,»».,,. 25 » »,, »3 » ... Séjour. #"4 » ,.. OasslolAdham.».. 32 » ... »''""' -«A reporter>>>,*,» 380kil.


70 EXPLORATIONDU SAHARA.Datos, Lieuxdocampemonts. DistanceiObsoryatlons;.,parcourue.Report........ 980kil.6 » ... Avant-<strong>de</strong>rniercampementavant ElBioâh........... 40 » ... »0 » ... GassiGhessal....., -40 »'..»» »7 » ... Feidjel Beïda 35 » ... »8 ».'.i:, Feidj Alenda...... 80 » ... u0 » ... AïnTaïbà......... 8 » ... »40 » ,., GourdTerbn....... 18 » ,., »>il » ,., Feidj Damran.,.., 80 » ... »12 » ... DnïaRotmaïa...... 80 » ,,. »13 » ... HassiMalah,....*. 32 » .,, i>14 » ... HassiMedjira...,., 15 » ... n16 » ... Séjour,16 » ... Hassi bou Rouba.. 40 » .., »17 » ,-,,'. Ouarglà.,,,,*. .w 41 » ... ». **". '" ">•..••environ...... 745kli.XISÉJOURÀ PARISRentréo A Paris. —Réunion<strong>de</strong> la Commissionsupérieure. — Compterendu dospremierstrav<strong>au</strong>x.— Résumépur lo lloutonant-colonolFlattersdos résultats obtenus.— Reprise do l'exploration*Un mois après, nous retrouvons les membres <strong>de</strong> la premièreexploration à Paris, où ils sont venus rendre compte<strong>de</strong> leurs trav<strong>au</strong>x. M. Varroy, alors Ministre <strong>de</strong>s Trav<strong>au</strong>x publics,réunit la Commission supérieure le 16 juin, pour remercier,<strong>au</strong> nom du Gouvernement, <strong>au</strong> nom <strong>de</strong> la France,les chefs <strong>de</strong> mission et leurs collaborateurs, dèrar<strong>de</strong>ur, <strong>de</strong>l'énergie et du dévouement qu'ils avaient apportés dansl'accomplissement <strong>de</strong> leur tâche; ensuite pour recevoircommunication <strong>de</strong>s résultats obtenus,Quand son tour fut voj>u, le lieutenant-colonel Flatterslut une note qui résumait en quelques mots les princip<strong>au</strong>xinci<strong>de</strong>nts <strong>de</strong> son voyage.


EXPLORATIONDU SAHARA. 71Puis il énuméra dans les termes suivants, <strong>au</strong> point <strong>de</strong> vuetechnique, les trav<strong>au</strong>x accomplis ;« Exploration complète <strong>de</strong> la région <strong>de</strong> l'erg ou gran<strong>de</strong>sdunes, <strong>au</strong> sud d'Ouarglà; découverte d'un large passage, parlequel une voie ferrée peut franchir l'erg en ligne droite,sur un terrain ferme et plat, fond <strong>de</strong> ballast, sans avoir àsurmonter un seul instant l'obstacle <strong>de</strong>s sablés; e<strong>au</strong> facileà trouver partout, en forant <strong>de</strong>s puits dont le maximum <strong>de</strong>profon<strong>de</strong>ur ne paraît pas <strong>de</strong>voir dépasser 15 mètres;possibilité d'établir la voie sans <strong>au</strong>cune difficulté jusqu'àplus <strong>de</strong> 1000 kilomètres sud d'Ouarglà, par le gassi, le 7mmada(plate<strong>au</strong> rocheux) et le reg (gravier fin très ferme);... détermination <strong>de</strong> l'ensemble <strong>de</strong>s points <strong>de</strong> Tahohait, à lapointe ouest du plate<strong>au</strong> dit <strong>de</strong>s Azdjer, bien que cette partiesoit <strong>au</strong>x Hoggar; Tahohait commandant l'fghaighar,l'OuedTedjert; communication <strong>de</strong> l'Igharghar avec la plaine d'Amadghôret la voie d'Insalah à Hhât; reconnaissance dusystème <strong>de</strong> l'Oued Igharghar qui, grâce à l'élasticité donnée,dans le sud, <strong>au</strong> mot arabe «oued» (rivière, vallée), est bienloin <strong>de</strong> représenter une vallée aveo thalweg, comme on l'avaitgénéralement supposé jusqu'ici; carte exécutée <strong>de</strong> laphts gran<strong>de</strong> partie du pays <strong>de</strong>s Touareg Azdjer et d'uneban<strong>de</strong> <strong>de</strong> terrain d'environ 100 kilomètres <strong>de</strong> largeurmoyenne, <strong>au</strong> sud d'Ouarglà (3y2°)jusqu'<strong>au</strong> 26° <strong>de</strong>gré ; cartepar renseignements précis et dûment contrôlés <strong>de</strong> nombreuseslignes a l'ouest dans le Hoggar et vers le Touat ;géologie, hydrologie, zoologie, botanique, etc., <strong>de</strong>scontrées traversées.» Au point dé vue politique t définition exacte <strong>de</strong> la situation<strong>de</strong>s Touareg Azdjer ot'Hoggar, <strong>de</strong> celle <strong>de</strong> tthafc et <strong>de</strong>sAzdjer vis-à-vis le gouvernement turc <strong>de</strong> Tripoli; statisti*ques <strong>de</strong> toute nature, et surtout précé<strong>de</strong>nt établi d'unemission française nombreuse, allant pacifiquement explorerle pays et parfaitement accueillie <strong>de</strong>s Indigènes mis enfête pour la recevoir; le territoire <strong>de</strong>s Azdjer en quelque


72 EXPLORATIONDÛ SAHARA.sorte ouvert, et presque certitu<strong>de</strong> <strong>de</strong> pouvoir nous entendreavec un chef réellement influent du Hoggar, poursuivre tel <strong>au</strong>tre itinéraire que nous désirerions vers le Soudan,en nous créant <strong>de</strong>s relations définitives soli<strong>de</strong>s danstoutes les régions du Sahara central, »Un éloge <strong>de</strong> tous les chefs <strong>de</strong> service <strong>de</strong> la mission et <strong>de</strong>sremercîmehts chaleureux â tous ses collaborateurs pourleur concours dévoué, terminaient ce résumé, dans lequelon retrouve à chaque instant <strong>de</strong>s témoignages <strong>de</strong> ceUfvfbiar<strong>de</strong>nte qui l'animait et qui l'<strong>au</strong>rait conduit <strong>au</strong> succès, sansune <strong>de</strong> ces catastrophes imprévues qui déjouent souventles plus habiles combinaisons,Enfin il concluait à la reprise <strong>de</strong> l'exploration <strong>au</strong> moisd'octobre, sur la ligne droite du Hoggar par El Biodh,l'lghai*ghar, Amguid et tahohait, et <strong>de</strong>mandait, à cet effet,un crédit double <strong>de</strong> celui <strong>de</strong> la première expédition quiavait coûté environ 165 000 francs.Dans celte séance, le lieutenant-colonel fut conduit àdonner à la commission <strong>de</strong> nouve<strong>au</strong>x développements surl'importance <strong>de</strong> la saline d'Amadghôr, sur les moyens <strong>de</strong>rétablir son exploitation, sur l'exactitu<strong>de</strong> qu'on peut attribuer<strong>au</strong>x renseignements <strong>de</strong>s indigènes quand ils sontcontrôlés, enfin sur l'e<strong>au</strong> qu'il assurait exister <strong>au</strong> Sahara ehUne foule <strong>de</strong> points, où il fallait seulement savoir la trouver.La Commission supérieure parut très satisfaite <strong>de</strong>s trav<strong>au</strong>x<strong>de</strong> la mission et <strong>de</strong>s explications détaillées que sonchef venait <strong>de</strong> lui donner. Ëllo lui en exprima publiquementses remercîments, et saisit <strong>au</strong>ssitôt los sous-commissions,<strong>de</strong>s rapports qui les concernaient. L'examen <strong>au</strong>quel ellesse livrèrent, fut également favorable, et le lieutenant-colonelFlattersr ainsi que ses collaborateurs eurent alors,pendant leur court séjour en France, cette satisfactionintime <strong>de</strong> voir leur zèle, leurs étu<strong>de</strong>s, leurs efforts, appréciéset encouragés par le pays tout entier, Pour <strong>de</strong>s hommesgénéreux et dévoués, nulle récompense ne pouvait leur


EXPLORATIONDU SAHARA, 73être pluschère ; elle <strong>de</strong>vait suffire à les reposer <strong>de</strong> leurs fatigueset à ranimer leur ar<strong>de</strong>ur pour <strong>de</strong> nouvelles entreprises.En résumé, la première exploration avait démontrél'existence, à partir <strong>de</strong> Biskra, d'un passage à peu près libre<strong>de</strong> dunes, suffisamment pourvu d'e<strong>au</strong> et se prêtant par conséquent<strong>au</strong>x projets d'étu<strong>de</strong>s entrepris par lo Ministère <strong>de</strong>sTravaùxpublics, en vue <strong>de</strong> l'établissement d'une voie ferrée.Ces considérations décidèrent la première et la troisièmesous-commission à émettre l'avis que l'exploration <strong>de</strong>vaitêtre continuée, La quatrième adopta <strong>de</strong>s conclusions semblableset formula même un programme d'après lequel lànouvelle expédition <strong>de</strong>vait être commencée à bref délai,<strong>au</strong>tant que possible dès le mois d'octobre, les crédits nécessairespouvant être <strong>de</strong>mandés d'urgence <strong>au</strong>x Chambres.Une secondé réunion <strong>de</strong> la Commission supérieure eutlieu le 28 juin 1880, pour la communication <strong>de</strong> ces projets.Là, ils ne rencontrèrent pas une approbation <strong>au</strong>ssi formelle,et divers membres, d'une compétence éclairée, désapprouvèrent,môme avec une certaine énergie, la reprise <strong>de</strong>l'exploration, Elle fut cependant décidée, et la majorité crut<strong>de</strong>voir en préciser le but spécial en engageant son chef àsuivre une direction plus centrale que la première et à comprendredans son itinéraire Amguid Tahohait et le Hoggar;enfin elle <strong>de</strong>vait s'efforcer d'obtenir le concours du cheikhdu Hoggar, Ahitaghen, et <strong>de</strong>s chefs <strong>de</strong>s <strong>au</strong>tres tribus,C'était en réalité l'adoption <strong>de</strong>s idées personnelles dulieutenant-colonel Flatters. Aussi, encouragé par ce succès,par l'accueil flotteur qu'il avait reçu, par lé sentiment <strong>de</strong> lavaleur <strong>de</strong> son oeuvre, stimulé par le désir <strong>de</strong> faire mieuxencore, 11se remit <strong>au</strong>ssitôt <strong>au</strong> travail et prépara mômeun avant-projet <strong>de</strong> chemin <strong>de</strong> fer sur 610 kilomètres <strong>au</strong>sud d'Ouarglà, avec <strong>de</strong>s rapports détaillés à l'appui, Il s'occupaen même temps <strong>de</strong> constituer le personnel <strong>de</strong> sasecon<strong>de</strong> mission et <strong>de</strong> rassembler tous les éléments qui luiseraient nécessaires.


74 EXPLORATIONDU ;SAHARAÏ; ;r/;;;v::--j:':;:-^'^^:-.-::"î-:--'»vv-^:->' x'';:^-\:ï--;'"v;'';.-V--'.^: "" /v--'";':-"1'-1^. SECONDEXPLORATION. DE OUARGLA HASSIMESEGGUEM.Départ do Paris, -r- Arrivée à Ouarglà, — Organisation<strong>de</strong> la secondomission.— Départ <strong>de</strong> Ouarglft..—L'OuedMia.— Itinéraire par rohseignémonts.— Hassi Inifel. — Correspondances dos membres<strong>de</strong> lamission,— Départ d'Ihifel. -^L'Oued Mesed<strong>de</strong>ll.— L'Oued InsokkU— Rencontred'indigène^— Envoid'un émissair^à Ahitaghen. — Régtohdu Ma<strong>de</strong>r,— Arrivée <strong>au</strong> Hassi Mesegguem, — Rencontre d'unecaravane.— Commerced'Insalah. — Note géologique. — Plate<strong>au</strong> doTa<strong>de</strong>maït, '^\':"r:-Au mois d'octobre 1880, conformément <strong>au</strong> désir exprimépar la commission, tout était prêt, et Flatters quitta pour lasecon<strong>de</strong> fois la France, avec un personnel renouvelé, pourse rendre à Laghouat, où il <strong>de</strong>vait retrouver une partie <strong>de</strong>ses chame<strong>au</strong>x et attendre le matériel qu'on lui avait expédié'd'Alger, :,. '..',•:Les circonstances lui imposèrent un séjour assez longdans ce poste avancé, où malgré les impatiences cjue luic<strong>au</strong>sèrent <strong>de</strong>s retards forcés, nous le voyons à cette époque,plein d'ar<strong>de</strong>ur et <strong>de</strong> foi dans le succès <strong>de</strong> sa future exploration,Une lettre qu'il écrivit le A novembre <strong>au</strong> regrettéprési<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> la Société <strong>de</strong> Géographie, M. l'amiral <strong>de</strong> Làilonciôre le Noury, et que nous <strong>de</strong>vons à la gracieuse obligeance<strong>de</strong> madame l'amirale <strong>de</strong> La Bonciôfe, nous peintfidèlement, avec une sorte <strong>de</strong> « d'humour » et d'enthousiasme,les sentiments qui l'agitaient i \« j'ai dû partir presque subitement pour Alger, où arrivaitune dôputatioh!; <strong>de</strong> Touareg qui venait me chercher,C'est vous dire que les résultats <strong>de</strong> notre premier voyage seconfirment complètement, et que s<strong>au</strong>f inci<strong>de</strong>nt, le paysnous est ouvert pour le passage <strong>de</strong> la mission. J'ai reçu,d'<strong>au</strong>tre part, <strong>de</strong>s lettres très favorables du chef <strong>de</strong>s Hoggar,Ahitaghen et du chef <strong>de</strong>s Azgars, Ikhenoukhen i et nous


EXPLORATIONDU SAHARA, 75partons pleins <strong>de</strong> confiance, comptant que jusqu'<strong>au</strong> tropique<strong>au</strong> moins, nous n'<strong>au</strong>rons pas d'<strong>au</strong>tres difficultés àsurmonter que celles <strong>de</strong> la fatigue du voyage,» Au-<strong>de</strong>là, chez les Touareg du sud, tout dépendra <strong>de</strong>scirconstances. Je n'ai que <strong>de</strong>s renseignements assez•vagues; mais malgré quelques batailles que me signaleAhitaghen entre les tribus limitrophes du Soudan, j'espèreque nous trouverons où passer sans encombre, pans tousles cas, il ne dépendra pas <strong>de</strong> nous que la carte se raccourcissedans un sens ou dans l'<strong>au</strong>tre. Je compte <strong>au</strong> départd'Ouarglà, pousser <strong>au</strong> sud-ouest, atteindre le méridien2° oriental, et le suivre droit <strong>au</strong> sud, par le h<strong>au</strong>t Ighargharet Tahohait, sur la saline d'Amadghôr. Si les bonnesdispositions <strong>de</strong>s Touareg se maintiennent, comme je croispouvoir l'espérer", j'explorerai sur plusieurs lignes s le gros<strong>de</strong> la caravane allant lentement par l'une, une explorationlégère que je dirigerai le plus souvent moi-même, allantrapi<strong>de</strong>ment en voltes, par lés <strong>au</strong>tres. Notre itinéraire principal<strong>au</strong> départ d'Ouarglà a le mérite <strong>de</strong> n'avoir jamais étéparcouru par <strong>au</strong>cun voyageur européen ; nous ne risquons<strong>de</strong> mettre le pied sur une trace d'explorateur, qu'en franchissantvers Mesegguem, la ligne d'Insalah à Ghadamès,parcourue par Gérard Hohlfs, perpendiculairement à celleque nous suivons.»Pour compléter le rése<strong>au</strong> <strong>de</strong>s étu<strong>de</strong>s, je pense à faireune volte à l'ouest, qui reliera Goléah à notre itinéraire parMesegguem et une <strong>au</strong>tre be<strong>au</strong>coup plus loin à l'est pour reliernos lignes du premier voyage. Sans pouvoir affirmer quenous ne laisserons rien en doute d'un côté ou <strong>de</strong> l'<strong>au</strong>tre, jepense néanmoins arriver à établir <strong>de</strong>s documents égalementintéressants, pour les partisans <strong>de</strong>s tracés sur le centre duSoudan et pour ceux <strong>de</strong> la voie sur le cou<strong>de</strong> du Niger........Nous faisons <strong>de</strong> la géographie en suivant le terrain <strong>de</strong> prèsen vue du chemin <strong>de</strong> fer, et, do cette manière, nous arriveronspeut-être à satisfaire tout le mon<strong>de</strong>. »


mEXPLORATIONDU SAHARA.Ici Se place une <strong>de</strong>man<strong>de</strong> pour faire partie <strong>de</strong> la Société<strong>de</strong> géographie <strong>de</strong> Paris, à laquelle le chef <strong>de</strong> la missiona. <strong>au</strong>rait été heureux <strong>de</strong> pouvoir envoyer, en qualité <strong>de</strong>membre, <strong>de</strong>s communications qui pourront l'intéresser. »« Je vous serai bien reconnaissant, dit-il à l'amiral, <strong>de</strong>l'honheur que voUs voudrez me faire en m'admettant. Jecompte partir <strong>de</strong> Laghouat, du 12 <strong>au</strong> 15 <strong>de</strong> ce mois; nosbagages venant <strong>de</strong> France, sont restés en détresse surl'abominable route d'Alger ; mais ils vont enfin arriver, et<strong>de</strong>là, la c<strong>au</strong>se <strong>de</strong> notre retard qui est d'environ15 jours.Les routes d'Algérie sont affreuses dès que l'on sort du Tell.Les Algériens feraient mieux dé les améliorer que <strong>de</strong> perdreleur temps à se disputer, pour savoir quelle province <strong>au</strong>rala tête du chemin <strong>de</strong> fer transsaharien. Il est certainementplus facile d'aller à chame<strong>au</strong> dé Laghouat à ïimbouktou,qu'en voiture <strong>de</strong> Médéah à Laghouat*.... »Quinze jours après, le 18 novembre, le convoi étant enfina peu près <strong>au</strong> complet et les membres <strong>de</strong> l'exploration rassemblés,on put se mettre en route sur Ouarglà, en suivantla voie ordinaire, indiquée sur le table<strong>au</strong> ci-après.OtTES DATB8 DISTANCES. ItBSBOtmOES ENEAU.èanaaMÉMMMMMtMMHi iwaMUM, mtmmimmmimmtÊ^ÊmiimÊmmmmmgmlmmmmmlmttmmiimÊ^attm1W............... 18nov. 15 kllom, PUSil'o<strong>au</strong>.ElMotliira 1U » 25 » Pasd'ottu(o<strong>au</strong>hKmclHtron.)Oued MoussaboitPasd'o<strong>au</strong>(pullsdoMod-Amnii 20 » 30 » dngultthedô.)Pasd'o<strong>au</strong>»OuedMi'Hïfcl...,.., 30 » ...*. ;...Total310kil.oiiVlronJusqueNgollBIA.


EXPLORATIONDU SAHARAi 77Le séjour à Ouarglà fut consacré à l'achat <strong>de</strong>s chame<strong>au</strong>x:qui <strong>de</strong>vaient remplacer ceux qu'on avait loués % Laghouatet à compléter les approvisionnements, Tout ayant été commandéà l'avance, ces préparatifs naarchèrent vite et le 3décembre, la caravane se trouva prête à se mettre en route,en exploration définitive par l'Oued Mia, se dirigeant vers lesud-ouest, pour tourner ensuite directement <strong>au</strong> sud, vers leHoggar.Des modifications survenues <strong>de</strong>puis le premier voyageavaient réduit le personnel <strong>de</strong>s membres <strong>de</strong> la mission asept, dont <strong>de</strong>ux nouve<strong>au</strong>x, et leurs attributions avaient étéréparties comme il suit t1° Lieutenant-colonel Flatters, chef <strong>de</strong> mission, Directiongénérale <strong>de</strong>s divers services, rédaction du journal <strong>de</strong> routeet <strong>de</strong> la correspondance officielle; soin <strong>de</strong> collationner lesrésultats, service dés relations politiques, histoire'et géographiegénérales, ethnographie, linguistique, etc.2° M. Masson, capitaine du service d'étal-major, commandanten second <strong>de</strong> la mission, chargé <strong>de</strong>s détails <strong>de</strong> l'organisationet <strong>de</strong> la marche, <strong>de</strong> la rédaction <strong>de</strong> la carte parrenseignements, <strong>de</strong>s recherches <strong>de</strong>s documents et <strong>de</strong>s levésexpédiés <strong>de</strong>stinés à l'extension <strong>de</strong> la carte topographiquegénérale, en collaboration avec M. Béringer.3° M- Béringer, ingénieur <strong>de</strong>s trav<strong>au</strong>x <strong>de</strong> l'État, chef duservice <strong>de</strong>s observations astronomiques, géodésiques etmétéorologiques ; rédaction <strong>de</strong>s cartes topographiques et<strong>de</strong>sprojets,4° M. Roche, ingénieur <strong>de</strong>s mines, Chef du service géologiqueet minéralogique; rédaction <strong>de</strong> la carte géologique etcollaboration avec M. tiéringer, pour les observations astro*nomiques.5° M. Guiard, mé<strong>de</strong>cin ai<strong>de</strong>-major <strong>de</strong> lro classe, <strong>au</strong>2° zouaves, service médical, anthropologie, zoologie, botaniqueet photographie.C'étaient les seuls membres <strong>de</strong> la première mission qui


^78EXPLORATIONDU SAllAllA,eussent accompagné <strong>de</strong> nouve<strong>au</strong> Flatters. Lès <strong>au</strong>tres, pour<strong>de</strong>s raisons indépendantes <strong>de</strong> leur volonté, avaient dû resteren France. Ils étaient remplacés, par r6° M. <strong>de</strong> Dianous, lieutenant <strong>au</strong> 14drégiment d'infanterie,adjoint <strong>au</strong> capitaine Masson pour les détails d'organisation<strong>de</strong> marche et pour la topographie par levés expédiés.7° M. Santin, ingénieur civil, adjoint à M. Béringer pourles observations, et la rédaction <strong>de</strong>s itinéraires* plans,tracés, etc.En outre, <strong>de</strong>ux soUs-officiers, MM. Dehnery, maréchal<strong>de</strong>s-logis<strong>au</strong> 3*chasseurs <strong>de</strong> France et Pobêguih, maréchàl<strong>de</strong>s-logis<strong>au</strong> 3° spahis, accompagnaient l'expédition, commeadjoints pour les détails <strong>de</strong>s divers services.Le lieutenant-colonel Flatters n'avait plus d'escorte proprementdite, mais seulement <strong>de</strong>s ordonnances et <strong>de</strong>s chameliersarmés, savoir i2 ordonnances français, dont l'un Louis Brame, étaitaffectôà son service personnel;12 ordonnances indigènes;66 chameliers indigènes.Le chef <strong>de</strong> la mission n'avait eu, à Laghouat, que l'embarrasdu choix pour le recrutement <strong>de</strong>s hommes dans lesdiverses tribus du sud <strong>de</strong> l'Algérie.Il s'en était présentéplus do 500, <strong>de</strong>s Ouled Nayl <strong>de</strong> Djelfa, dés Làrbà <strong>de</strong> Laghouatet <strong>de</strong>s Chambàs d'Ouarglà. Dans le nombre, il avaitsurtout repris ceux qui avaient fait partie du premiervoyage. Il y ajouta 7 gui<strong>de</strong>s chambàs, et un mokhad<strong>de</strong>m<strong>de</strong> l'ordre <strong>de</strong> Tidjani. La caravane comptait ainsi 97 personnes,en sus <strong>de</strong>s 4 Touareg qui l'accompagnèrent à partird'Ouarglà et <strong>au</strong>xquels 5 ou 6 <strong>au</strong>tres s'adjoignirent pendantle reste du voyage.Tous étant montés surdos méhari, on avait 97 chame<strong>au</strong>x<strong>de</strong> monture.Los quatre mois <strong>de</strong> vivres, les huit jours <strong>de</strong> provisionsd'e<strong>au</strong>, les bagages, instruments et <strong>au</strong>tres objets exigeaient


": EXPLORATIONDUSAHARA. W^180 chame<strong>au</strong>x <strong>de</strong> charge. C'était un total <strong>de</strong> 280 chanie<strong>au</strong>x.Ce chiffre, énorme en apparence est encore <strong>au</strong>-<strong>de</strong>ssous <strong>de</strong>la proportion ordinairement admise <strong>de</strong> 3 chame<strong>au</strong>x parhomme. Sur les 118 chame<strong>au</strong>x <strong>de</strong> vivres, 12 portaient déscations Carrées, c'est-à-dire <strong>de</strong>s rations assorties en farine,biscuit, riz, vian<strong>de</strong>s <strong>de</strong> conserve, etc., et ainsi nommées,pour les distinguer <strong>de</strong>s rations simples qui ne contiennentqu'une seule espèce <strong>de</strong> <strong>de</strong>nrée. Ces rations carrées seprennent surtout en prévision d'un détachement momentané.On donne à ce <strong>de</strong>rnier un ou <strong>de</strong>ux chame<strong>au</strong>x àrations carrées et il se trouve <strong>de</strong> suite appovisionné pourplusieurs jours. Enfin chaque chame<strong>au</strong> porteur avait unecharge <strong>de</strong> 120 kilogrammes et une outre d'e<strong>au</strong> en surplus.Le chef <strong>de</strong> la mission avait partagé son convoi en six sections,correspondant chacune à un ou <strong>de</strong>ux membres <strong>de</strong> liimission et portant assez <strong>de</strong> matériel pour former <strong>au</strong> besoinune caravane complète. Il y avait <strong>de</strong> la sorte six caravanesdistinctes. Les 13 jours <strong>de</strong> route <strong>de</strong> Laghouat à Ouarglàl'avaient convaincu que ce système présentait <strong>de</strong> grandsavantages pour la bonne exécution <strong>de</strong>s services <strong>de</strong> marche,<strong>de</strong> sûreté, <strong>de</strong> bivouac, etc.Cette organisation paraissait <strong>au</strong>ssi bonne, <strong>au</strong>ssi complèteen ressources qu'on pouvait le désirer et <strong>de</strong> nature à faireconcevoir les meilleures espérances pour Je succès <strong>de</strong>l'entreprise.Au moment do quitter Ouarglà, cependant, le colonelreçut du gouverneur général <strong>de</strong> l'Algérie, une communicationqui dût quelquefois plus tard le faire réfléchir et àlaquelle on ne peut s'empêcher <strong>de</strong> songer avec tristesse,<strong>de</strong>puis le cruel désastre qui a si subitement interrompucette'courageuse exploration.M. Fér<strong>au</strong>d, notre consul général à Tripoli, prévenait à ladate du 18 novembre, que d'après une lettre du gouverneur<strong>de</strong> llhàt, le chef <strong>de</strong>s Touareg Hoggar, Ahitaghen, <strong>au</strong>quel le


80 EXPLORATIONDU SAHARA.colonel avait écrite se montrait fort mal disposé ; il s'étaitrendu <strong>au</strong>près du vieil Ikhenoukhen, chef <strong>de</strong>s TouaregAzdjer, et lui avait vivement reproché d'avoir engagé lamission à revenir.D'<strong>au</strong>tres renseignements faisaient présager à M. Fér<strong>au</strong>d<strong>de</strong>s troubles prochains chez les Touareg.Sans se dissimuler la gravité <strong>de</strong> ces bruits, le lieutenantcolonelne crut pas <strong>de</strong>voir s'en préoccuper; ils ne concordaientni avec ses in<strong>format</strong>ions personnelles, ni avec leslettres qu'il avait reçues d'Ahitaghen. Il ne fut pas éloigné<strong>de</strong> les attribuer à quelques intrigues <strong>de</strong>s marchands duTouàt; peut-être à celles <strong>de</strong>s marchands <strong>de</strong> Rhàt et <strong>de</strong> Ghadamès,qu'il savait hostiles à nos projets d'extension commercialeet il résolut <strong>de</strong> passer outre, tout enbonne note <strong>de</strong> ces renseignements.prenantLe 4 décembre, la caravane quitte Ouarglà et commencecette secon<strong>de</strong> exploration qui <strong>de</strong>vait lui être si fatale, ensuivant dès le départ, une route qui n'avait pas encore étérelevée par les Européens. Le même jour elle entrait dansle lit <strong>de</strong> l'Oued Mia.Les nouvelles reçues <strong>de</strong>puis cette époque, <strong>de</strong> nos vaillantsexplorateurs ont été datées, comme les documentsqui les accompagnaient, <strong>de</strong>s gites où ils ont fait séjour,savoir:D'Hassi Inifel, le 17 décembre 1880; d'Hassi Mesegguem,le 6 janvier 1881 ; d'Amguid, dans l'Oued Igharghar, le19 janvier, par 26 <strong>de</strong>grés latitu<strong>de</strong> nord et 3 <strong>de</strong>grés longitu<strong>de</strong>est; enfin d'Inzelman Tikhsin, près <strong>de</strong>là sebkha ou salined'Amadghôr, le 29 janvier par 25«,30' <strong>de</strong> latitu<strong>de</strong> nord. Cesont leurs principales étapes et celles qui nous serviront<strong>de</strong> divisions naturelles pour le récit <strong>de</strong> leurs excursions,Une circonstance défavorable, affecta leur départ. Iln'avait pas plu l'<strong>au</strong>tomne précé<strong>de</strong>nt et le territoire à parcourirn'avait pas reçu une goutte d'e<strong>au</strong> <strong>de</strong>puis <strong>de</strong>ux ans. Cefait météorologique dont il est difficile <strong>de</strong> se rendre compte


EXPLORATIONDU SAHARA. 81dans nos climats tempérés, exercé sur les voyages <strong>au</strong>Sahara une influence considérable, qu'on ne s<strong>au</strong>rait jamaisnégliger.De Ouarglà à Hassi Inifel, la caravane, suivant à peu prèsla direction sud-sud-ouest, qui conduit à Insalah, ne s'écartaguère <strong>de</strong> l'Oued Mia, plaine sablonneuse, assez vaste, <strong>au</strong>xcontours souvent indéterminés et bordée à <strong>de</strong> gran<strong>de</strong>s distancespar <strong>de</strong>s gours. Dès le 6 décembre, elle put confirmerun renseignement que les indigènes lui avaient déjà donnéà Ouarglà. Depuis cette ville, elle n'avait remonté qu'unebranche <strong>de</strong> l'Oued Mia, la principale, qui finit <strong>au</strong> chottd'Ouarglà. Une <strong>au</strong>tre branche, qui finit à Hassi el Hadjar,bifurque avec la première à Hassi ben Djedian. « Il paraitassez vraisemblable, écrit le chef <strong>de</strong> la mission, qu'on peutconsidérer comme un <strong>de</strong>lta d'embouchure, le secteur dontle centre serait à Ben Djedian et dont l'arc passerait à Hassiel Hadjar et Ouarglà. Toutefois les <strong>de</strong>ux branches dont ilvient d'être parlé, sont nettement déterminées et les indigènesles distinguent fort bien. »Les jours suivants, le thalweg <strong>de</strong> l'oued leur parutencoreplus indécis; mais ce qui leur manquait le plus, c'était l'e<strong>au</strong>.Le 9, en effet, à Hassi Djemel, limite extrême <strong>de</strong> l'excursion<strong>de</strong> M. Large<strong>au</strong>, il fallait faire un court séjour pour renouvelercelle <strong>de</strong>s outres, en prévision <strong>de</strong> six à sept jours <strong>de</strong>marche sans e<strong>au</strong>. Selon l'expression arabe, « les puits étaientmorts » dans toute la partie <strong>de</strong> l'Oued Mia, entre Hassi Djemelet Hassi Inifel. ,Dans cette région, les gour présentent <strong>de</strong>s arêtes moinsvives que dans l'est ; ils forment <strong>de</strong>s ondulations et <strong>de</strong> vastesvallonnements; le reg lui-même est légèrement ondulé, ensorte qu'<strong>au</strong> Heu d'être représenté par une plaine sansthalweg apparent, l'Oued Mia peut être figuré par un ensemble<strong>de</strong> vallées à peu près parallèles,peu sensibles, se confondantparfois, mais assez apparentes pour avoir <strong>de</strong>s nomsdistincts. C'est ainsi qu'à 20 kilomètres <strong>de</strong> Hassi Djemel, ào


82 EXPLORATIONDU SAHARA.;Hassi Zmilà, où se trouvent comme le nom l'Indique, <strong>de</strong>samas <strong>de</strong> sable (znioul), onrencontre <strong>de</strong>ux vallées 1:la priu*cipale, le long du Gour el Ànek; l'<strong>au</strong>tre, secondaire, l'OuedZmila, qui est une sorte d'affluent ; et, entré les <strong>de</strong>ux, formantséparation, une continuation <strong>de</strong>s zmoul pendant 10 kilomètresenviron, formant Un ha<strong>de</strong>b (« dos d'àne») dé reg, ditGoùirât Kahal. Cet Oued Zmila fut remonté le 10 décembrejusqu'à la dépression Sebkha Terfaïa, où il cesse dé formerUn vallonnement distinct.Sur ce point, la mission put relever par renseignementsquelques directions intéressantes.Celle <strong>de</strong> Sebkha Terfaïa <strong>au</strong> point dit Mahboula, à 70 kilomètres<strong>au</strong> nord-est ;Celle qui passe à Boukira, à 25 kilomètres environ à l'estet avec une plus forte inclination vers l'est* a Tamesguida ;Celle qui passe à Gharet Ghezal, à 30 kilomètres environà l'est-sud-est; ;Ces renseignements étaient, en outre, contrôlés par <strong>de</strong>svisées que les toppgraphesfaisaient vers l'est, sur les princip<strong>au</strong>xpoints do leur voyage, qu'ils apercevaient encore détempsà<strong>au</strong>tresAMelagat es Siab, le 11, la mission recueillit sur les directions<strong>de</strong> l'ouest, <strong>de</strong>s indications, qui méritent <strong>au</strong>ssid'être signalées. Elle sut qu'à 60 kilomètres vers l'ouest,on rencontrait dans le Hamada Oudian Cheheb, Une sebkhadite Mulah, qui contient du sol et <strong>de</strong> l'e<strong>au</strong> s<strong>au</strong>màtre. De cepoint on se rend en ligne droite à Goléah, par le hamada,en passant à Dhmlrat Meriem, Dhmirat el hanna, AregGhanem, Mechkardoiij et Gour Ouarglà.On peut encore se rendre directement <strong>de</strong> Sebkha Malahà Hassi Zirara^ par Areg Talemout, El Begràt, Ër llich,Zmila Berkaoui, Bou-ali, Saadnn, Zirara.De Zirara à Goléah, oh indique comme itinéraire;: AregMezrag, Gar el beïda, Amoud, Gada, Bouksikis, Ànteg etGoléah.


EXPLORATIONDU SAHARA. $3Peu à peu, à mesuré qu'elle s'avançait vers le sud, làmission voyait se transformer l'Oued Mia, qui était en réalitél'objet <strong>de</strong> ses étu<strong>de</strong>s. D'abord indéterminée, présentant plustard sur un seul <strong>de</strong> ses bords <strong>de</strong>s contours appréciables, laplaine finit par offrir, <strong>au</strong> <strong>de</strong>là <strong>de</strong> Rechag el ltel, l'aspectd'un véritable lit <strong>de</strong> rivière, marqué, il est vrai, par dèsdunes <strong>de</strong> sable confuses et assez difficiles, mais à bergesbien accentuées, comme cela n'avait pas encore eu lieu.Il résulte <strong>de</strong>s observations faites sur la topographie <strong>de</strong> cetoued, que pour se rendre d'Ouarglà à Insalah, on rencontredans son thalweg, sur une centaine <strong>de</strong> kilomètres, <strong>au</strong> sud<strong>de</strong> Rechag el ltel, <strong>de</strong>s difficultés réelles. Ainsi, <strong>au</strong> confluent<strong>de</strong> la branche du Khechaba, que la caravane atteignitle 12 décembre, l'Oued Mia est, paraît-il, tout à faitbarré, non seulement par l'amoncellement dés dunes quiencombrent son lit, mais encore par une chaîné qui suit larive droite du Kechaba et par une <strong>au</strong>tre qui suit la riveg<strong>au</strong>che du Tinef Djaouin. C'est un passage que Flatters aindiqué comme difficile et confus, né pouvant être tournéqu'à gran<strong>de</strong> distance, soit <strong>au</strong> nord-ouest par Hassi Maluh, à30 kilomètres environ ; soit <strong>au</strong> sud-est un peu avant TinefDjaouin, qui est à 40 kilomètres environ. Du reste, les indigèneseux-mêmes signalaient la région entre Rechag elltel et Sedjerat Touila, comme la plus déshéritée <strong>de</strong> TOuedMia. C'est à 15 kilomètres <strong>de</strong> Sedjerat Touila que le colonelplace le bouquet <strong>de</strong> trembles (safsaf) déjà signalé parM. H»Duveyrier, comme formant la ceinture d'un ghcdirpermanent <strong>de</strong> plusieurs mois, après les pluies.C'est encore dans ce trajet que la mission eut l'occasion<strong>de</strong> recueillir un itinéraire par renseignements entro Rechagel ltel, Mesegguem El Biodh.Pour le premier, <strong>de</strong> Rechag el ltel à Mesegguem, laroute indiquée passe par Hamad el Achan, Tinedjaouin,Gherid olagreb, Zmal el Archa, Mogtela, Gherid bou Lahia,Takotimsit, Msied (tilmas ou petits ghedirs où l'e<strong>au</strong> reste


84 EXPLORATIONDU SAHARA.jusqu'à trois ans après les pluies), Tmkount(Ulmas), Dayaten Nadja, Dayat ef feras, Dayat chieb, Dayat ben Lekhal,Roknat ed diba, Oued Tinersal (ghedir), Djeraïrln, OuedDjokran (oued large, ghedir), Ou<strong>de</strong>i Oubardi, Oued Ghalga,Oued Itlou, Oued Hassani, Oued Imgharghar (large oued),Oudian Sebbat (affluent du précé<strong>de</strong>nt), Oued Sodf, OuedAlenda (affluent du précé<strong>de</strong>nt), Oued Aou louggui (e<strong>au</strong> àpeu près permanente), Mesegguem.Tous ces oueds viennent du sud-ouest et finissent dansl'erg, à l'Oudje ouest.De Mesegguem à El Biodh, on se trouve sur la routed'Insalah à Ghadamès, à l'ouest <strong>de</strong> l'Oued Souf ; on passe àOudian cliouikh, Oued el Abed, Oued ed Daïatben Abbou,Menkeb retem, Feidj El moghania, Dra Allai et El Biodh.Le 16 décembre, après un voyage <strong>de</strong>s plus pénibles danscette plaine ari<strong>de</strong> où les puits morts sont plus nombreuxque les points d'e<strong>au</strong>, la caravane vint camper dans l'OuedMia, <strong>au</strong> Hassi Inifel, à côté <strong>de</strong> la Kouba Sidi Ab<strong>de</strong>lhakem,nom d'un marabout renommé qui y mourut il y a près <strong>de</strong>quatre-vingts ans.Inifel, où la mission séjourna, est le point <strong>de</strong> croisement<strong>de</strong> plusieurs directions. Celle <strong>de</strong> l'ouest conduit àDra Saret,ban<strong>de</strong> <strong>de</strong> dunes qui marque la place d'un lit d'oued, l'OuedSaret, à 15 kilomètres environ.L'Oued Mia proprement dit continue, paraît-il, on amont,dans la direction dcl'ouest-sud-oucstpar Tilmas elbeguem,Mechra Ennsa, Mcchra cl abiodh, Mechra el aten, MetlagChebaba, Tildjernat, Metlag Aoulo Fuggui, Djelguem, MiatnckhalFerkha, Nziman, Ilamdi, Broughen, Gouirat ed diabjHassi Môngar, El Djoddiad et Zaouïa Kahla, qui n'est <strong>au</strong>trequ'lnsaîah. ; '',.' :,C'est à Hassi Inifel, que la direction d'Insalah quitte l'OuedMia pour aller droit <strong>au</strong> sud-ouest, en passant par Mekiemel Gfouï,qui marque à 4 kilomètres, le confluent encombré<strong>de</strong> gour et <strong>de</strong> dunes <strong>de</strong> l'Oued Mesed<strong>de</strong>li, avec l'Oued Mia.


EXPLORATION^Cet Oued MëSed<strong>de</strong>li n'est que là continuation <strong>de</strong> rOuedInsokki * ; il est suivi par'lès voyageurs qui vont à Insalahen s'arrêtànt à une série <strong>de</strong> gîtes, que la mission eut égalementsoin <strong>de</strong> noter.Elle releva <strong>de</strong> môme, par renseignements, les itinéraires<strong>de</strong> Insokki à Mesegguem ; <strong>de</strong> Inifel à Goléah; qui est à120 kilomètres sud-sud-est ; et <strong>de</strong> Goléah à Insalah, enligne directe.: ':';'"'';En somme, le voyagé <strong>de</strong>puis Ouarglà s'était effectuédans une région ari<strong>de</strong>, sans ressourcés; d'un parcours souventfacile peut-être, mais offrant dé sérieuses difficultéspratiques et ayant enfin le déf<strong>au</strong>t d'avoir très peu d'e<strong>au</strong>.Rien ne s<strong>au</strong>rait en donner une idée plus juste que l'extraitsuivant d'une lettre écrite d'Inifel, le 17 décembre* par léchef <strong>de</strong> la mission, à madame Flatters :« Je vous écris d'Hassi Inifel, à 420 kilomètres <strong>au</strong> sud <strong>de</strong>Goleah,à330 kilomètres <strong>au</strong> sud-ouest d'Ouarglà, sur l'ÔuédMia, soit à mi-chemin d'Ouarglà à Insalah. Nous avons fait650kilomètres en caravane <strong>de</strong>puis Laghouat et nous sommesà la limite extrême sud <strong>de</strong> l'Algérie, si môme nous ne l'avonspas dépassée ; car, dans le Sahara, il est bien difficile<strong>de</strong> déterminer <strong>de</strong>s limites à 100 kilomètres près, L'explorationmarche bien et elle s'exerce, <strong>de</strong>puis 200 kilomètres environ,sur un pays qui n'a encore été visité par <strong>au</strong>cun Européen.Mais quel affreux pays 1 Sept et huit jours consécutifssans e<strong>au</strong> ! Et, quand on arrive à un puits, il f<strong>au</strong>t le déboucheret y travailler pendant <strong>de</strong>s heures, pour parvenir àfaire boire bêtes et gens 1La nécessité dé trouver <strong>de</strong>s pointsd'e<strong>au</strong>, nous entraîne plus à l'ouest que je né supposais ;mais c'est plutôt un bien qu'un mal, car nous complétonsainsi la carte, restée absolument inconnue <strong>de</strong> ce côté; et larecherche du chemin <strong>de</strong> fer gagne be<strong>au</strong>coup <strong>au</strong>x zigzags<strong>au</strong>xquels nous sommés obligés.1, ln-osokki d'après M. Duveyrier,


86 EXPLORATIONDU SAHARA.» Les Touareg Hoggar que nous allons abor<strong>de</strong>r par lecentre, n'ont pas encore paru. Du reste, nous ne serons passur leur territoire proprement dit, avant six ou sept jours àpartir d'ici.» Il fait un froid <strong>de</strong> loup la nuit, le thermomètre <strong>de</strong>scendantjusqu'à 4 et 5 <strong>de</strong>grés <strong>au</strong>-<strong>de</strong>ssous <strong>de</strong> zéro. Le jour, latempérature monte à 24 ou 25 <strong>de</strong>grés. Les p<strong>au</strong>vres chame<strong>au</strong>xtrouvent bien encore <strong>de</strong>s pâturages; mais c'est sec <strong>au</strong>possible, attendu qu'il n'a pas plu <strong>de</strong>puis <strong>de</strong>ux ans, d'unefaçon quelque peu appréciable. Une bonrte pluie nous feraitgrand bien et nous éviterait bien <strong>de</strong>s corvées ; mais c'estune chance, et, en somme, tout en né conseillant à personnedo voyager dans le Sahara, uniquement pour sonplaisir, on s'en tire tout <strong>de</strong> même.» Des voyageurs ont essayé <strong>au</strong>trefois d'abor<strong>de</strong>r notreitinéraire, M. Large<strong>au</strong> entre <strong>au</strong>tres; ils n'avaient pas dépasséHassi Djemel à 100 kilomètres sud-ouest d'Ouarglà, quedéjà ils avaient reçu <strong>de</strong>s lettres d'Insalah, les prévenant <strong>de</strong>ne pas s'avancer plus loin et les engageant en termes assezvifs à rebrousser chemin ; ce qu'ils étaient bien obligés <strong>de</strong>faire parce qu'ils étaient isolés. »Cet extrait méritait d'être reproduit pour donner uneidée <strong>de</strong> la tranquillité d'esprit que le chef <strong>de</strong> la mission etses collaborateurs conservaient <strong>au</strong> milieu <strong>de</strong>s difficultés <strong>de</strong>leur route, pour montrer surtout quel zèle pour la scienceot pour les intérêts <strong>de</strong> leur patrie ne cessait <strong>de</strong> les animer;enfin pour donner <strong>de</strong> l'aspect <strong>de</strong>s lieux et du climat, uneappréciation exacte et sincère.Malgré l'aspect désolé <strong>de</strong> la contrée, où les nomsd'hommes ne rappellent en général que <strong>de</strong>s malheureuxmorts <strong>de</strong> soif, les observations scientifiques n'avaient pascessé un instant et l'on avait recueilli, entre Ouarglà et Inifel,do précieuses données.Celles qui concernent la nature et les qualités du sol,peuvent se résumer comme il suit :


EXPLORATIONDUvSAHARA,87PARCOUnS; NATRUB DUSOL fioÉTATION, BAOLo4 ddcombro d'Ouarglà :a l'OuodMia11.D.15kil..,..,... J Roget nebka. Paliiragosso» Pasd'e<strong>au</strong>.abondant.'Lo5, camnrfà BouKc- . .noissa.25 kil....... ' » i E<strong>au</strong>,pullsdo 'î^lO.ro<strong>au</strong>aîa».Lo O,campdA2 kil. " hl'O. du pulls Hassimalurtcdbon Aouod.30kil............... ' » » Pasd'e<strong>au</strong>.Pullsmort <strong>de</strong>puislongtemps.Lo7,Gotiirat boncbnhcb30kil » » Pasd'e<strong>au</strong>.Lo 8, Hassi Dlomol. .18kil......,..; » » Pullsdollm,e<strong>au</strong>h 23».Lo0, sdjour, " . .Lo 10, SobkaTafaïfl., i30kil..... Hogotnobka aVoi) Pnluragos. Torfn , Pas d'eaU.ofllouroincnt do (tamarins) rnbougypso.gris.Loil, Melagates Siab.32kil... Rogotnobka. » NIe<strong>au</strong>,nipuits.Lo12,confluent duKoebobn.42kil..» Pnluragospou Pasd'e<strong>au</strong>.abondants.Là 13,SodjoratTouila.-10kil,... Nobkacl gypso. Vdgdtation abon-Trncosd'unocruodanto,drinn, dol'anndo1880.Daguolțamarin.Lo14,Safsaf.22 kil.. Rogoltiobka. Vdgdtạbondante. Pas d'e<strong>au</strong>,Lo 15, ZntoulGuoblolsidiAbdolliakom.28kil. »'» r,Lo10,HasaiInifel.12kll. » » Oonnoe<strong>au</strong>h2ile,5.Puitsdo0°>.Ces renseignements sont complétés par les étu<strong>de</strong>s géologiques<strong>de</strong> M. Roche; il a établi que la nappe d'e<strong>au</strong> quialimente les puits <strong>de</strong> la région, est celle du chott d'Ouarglà.Suivant lui les grès <strong>de</strong>s hamadas, comme les berges <strong>de</strong>la vallée <strong>de</strong> l'Oued Mia, constituées par du calcaire blancmélangé <strong>de</strong> quartz blanc, appartiendraient à l'étage turonien.Les dépôts qui couvrent l'Oued Mia sont quaternaires.


88 EXPLORATIONDU SAHARA.Sous ces allùviohs, se trouve la nappe aquifôre qui alimenteles puits et peut-être plus bas, la nappe artésienne commedans l'Oued Rhir et à Ouarglà. « En supposant, ditM. Roche, pour l'Oued Mia et pour l'Oued Igharghar, unancien lit creusé dans le terrain crétacé et occupé maintenantpar <strong>de</strong>s dépôts argileux quaternaires, retenant unenappé artésienne, on expliquerait facilement la faible largeur<strong>de</strong> la nappe <strong>de</strong> l'Oued Rhir, sans être obligé d'avoirrecours à l'hypothèse <strong>de</strong> fractures du terrain crétacé. »Les <strong>au</strong>tres observations scientifiques dues pour la plupartà M. "l'ingénieur Béringer, nous ont laissé les indicationsci-après iCAMPEMENTS LONO. E. I.AT.N. S ' î 1 OBSIRVAtlOX3I -I 1—Lo 4, OuodMia........ +17.2 750.B VonldoN.EDonKottlcssa. 2»50' 31»30V +10 750 N.B.'HassiMnltmodbonAouod'. 2°40' 31»20' + 18 753.0 ! Do<strong>au</strong> tomps,j ! pasdoVent.Contrat bon i ICliuhob.... +18.2 755.5 :|/ E.N.E.'HassiDJomol.,2»30' 31« +10 750.0 j N.B.SobkliaTer- |Ma 2»30' 30°40' +10 752 I Tempscouvcrt,vonld'0.Moldgat osSlnb....... 2«20' 30»40' +20 750.5 I Couvert.OuodKecliaba.2» 30"20' +17.2 748 j N.B.Sodjorat Touila 1»40' 30»10' + 18.7 745 ! N.Sofsaf.,....,. 1«35' 30»6' +18,1 710 . • | N.EZinoulOuoblcl 1°30' 20»50' » 743.0 ' N.B,Hassitnlfoi... i»20'B, 20»45'N. +17 740 il10"" Assezbe<strong>au</strong>.mmmmÊltKmÊÊÊÊmtmmiÊÊmmÊÊÊmÊÊÊÊmÊtmmÊmÊmmÊÊmmmimiÊmmimi, 810 môlrcsost lo résultat dos observationshypsomdtriquos,Lochiffreindiquasur l'itinéraire ost 805métros.


EXPLORATIONDU SAHARA, 80Plusieurs membres <strong>de</strong> la mission profitèrent à Hassi Inifel,<strong>de</strong> l'occasion que leur avait réservée leur chef, d'envoyer<strong>de</strong>s nouvelles en France, par <strong>de</strong>s cavaliers <strong>de</strong> l'agha d'Ouarglàretournant dans leur pays/Aussi nous reste-t-il quelquesrares correspondances, dont les extraits nous donnent surle pays parcouru, <strong>de</strong>s détails intéressants. Dans une lettréadressée à M. l'ingénieur en chef Fournie, alors directeur<strong>de</strong> la construction <strong>de</strong>s chemins <strong>de</strong> fer <strong>au</strong> Ministère <strong>de</strong>s Trav<strong>au</strong>xpublics, le lieutenant-colonel revient sur la possibilitéd'aller à Insalah et conseille <strong>de</strong> faire appuyer <strong>de</strong>s explorateursà distance par une colonne militaire. Il ajoute à la<strong>de</strong>scription géographique <strong>de</strong> l'Oued Mia quelques observationsnouvelles. « L'Oued Mia, dit-il, forme bien une vastetrouée dans la région <strong>de</strong>s Areg, et il f<strong>au</strong>t supprimer <strong>de</strong> lacarte <strong>de</strong> M. Duveyrier, toutes les dunes marquées <strong>au</strong> sud<strong>de</strong> Goléah. La carte par renseignements <strong>de</strong> M. Choisy estégalement à modifier, pour ce qui regar<strong>de</strong> quelques points<strong>de</strong> l'oued, les sables et l'indétermination du lit en amont<strong>de</strong> Rechag el ltel..,. » « Le hamada ost souvent très vallonné,etc. » En résumé il conclut en faveur d'un tracé quiabandonnerait l'Oued Mia, pour lui préférer l'Oued Igharghar.Une lettre d'Inifel, datée du 18 décembre et adressée parM. l'ingénieur Béringer à son collègue M. Fournie, à l'obligeanceduquel nous <strong>de</strong>vons bien <strong>de</strong>s détails intimes, mérite<strong>au</strong>ssi d'être citée :«Nous venons d'arriver à Hassi Inifel... le pays traverséest <strong>de</strong>s plus tristes : un grand hamada sans végétationet légèrement ondulé; une gran<strong>de</strong> gouttière <strong>de</strong> 1 à 2 kilomètresdo large, dans le thalweg <strong>de</strong> laquelle est un étroitruban <strong>de</strong> végétation; quelques dunes à l'horizon et... c'esttout. » Il explique ensuite, comme il l'a fait dans unelettre envoyée à M, Duveyrier, que la pénurie d'e<strong>au</strong> va obligerla mission à obliquer pendant quelques jours vers lesud-ouest, en suivant l'Oued Insokki, 'affluent <strong>de</strong> l'Oued Mia,pour se diriger <strong>de</strong> là sur Mesegguem.


VOEXPLORATIONDU SAHARA^La mission,resta à Hassi Inifel les 16, 11 et 18 décembre,pour abreuver les c^aine<strong>au</strong>x et faire <strong>de</strong>s provisions d'e<strong>au</strong>pour le reste <strong>de</strong> la route.Le départ eut lieu le dimanche 49 ; mais, comme lefaisait pressentir la lettre écrite par le lieutenant^colonel àsa femme, le manque d'e<strong>au</strong> l'obligea à changer sa direction.Au lieu <strong>de</strong> gagner Mesegguem par une marche droit <strong>au</strong>sud, il lui fallut faire un détour par le plate<strong>au</strong> <strong>de</strong> Ta<strong>de</strong>maït,Cette légère déviation <strong>de</strong> son itinéraire était d'ailleurssans importance; elle rentrait même dans le programme<strong>de</strong> la Commission supérieure, qui lui recommandait d'appuyerplutôt vers le centre du Sahara que vers l'est. .•'La caravane se développa d'abord dans le confluent <strong>de</strong>l'Oued Mesed<strong>de</strong>li et gagna ensuite l'Oued Insokki, où ellereconnut <strong>de</strong>s traces encore fraîches d'une ban<strong>de</strong> <strong>de</strong> mar<strong>au</strong><strong>de</strong>ursallant vers le nord-ouest, et qui avait dû franchir cepassage sept ou huit jours <strong>au</strong>paravant. Là, elle releva un iti*néraire par renseignements <strong>de</strong> l'Oued Insokki <strong>au</strong> Gourara,vers Aouguerout, ksar important qu'elle place à l'ouest ettrès près <strong>de</strong> Timimoun. On lui indiqua en outre, comme setrouvant <strong>au</strong>tour <strong>de</strong> Aouguerout, le Ksar <strong>de</strong> Deldoun <strong>au</strong>' sudsud-ouest;leKsard'Ël Barka, à l'ouest; puis celui <strong>de</strong> Tôuki;<strong>au</strong> nord-ouest <strong>de</strong> ce <strong>de</strong>rnier, le Ksar <strong>de</strong>s Oulad Rached; puiscelui <strong>de</strong> Mtarfa, qui appartient <strong>au</strong>x DouïMenia,Elle apprit qu'entre Mtarfa et le Touàt, on rencontre plus<strong>de</strong> trente ksour, dont Tirhmi est le principal; il a pourcheik, en ce moment, El Hadj Mahmed Ould el Aadj Hasson.Le reste <strong>de</strong>s Indications sur le Touàt et le Tidikelt (paysd'Insalah), concerne le Ksar <strong>de</strong> Tamentit, l'Oued Saoura,les ksour <strong>de</strong> Zaouïat Oherfa qui produisent 'un henné,,l'Oued Botha qui va du plate<strong>au</strong> do Mouydir à l'Oued Saoura,et les ksour <strong>de</strong> Tit et d'Apulet. On put rectifier le renseignementqui avait été obtenu dans le précé<strong>de</strong>nt voyagosur la distance <strong>de</strong> Milianah à Insalah, ainsi que la positiond'Aïn Souf, telle qu'elle est donnée dans la carte <strong>de</strong> Peter-


EXPLORATIONDU SAHARA. 91mann,, d'après l'itinéraire <strong>de</strong> M. Sol^illet^ Le, chef <strong>de</strong> lamission, qui s'occupait plus spécialement <strong>de</strong> ces questions,put s'assurer que ces détails concordaient avec ceux queGérardRohlfs avait rapportés.On s'engagea ensuite dans l'Oued Insokki, dont le lit seresserrant vers le point où il s'appelle Oued Rezma, obligeales voyageurs à franchir un véritable cation encombré <strong>de</strong>roches. Dans sa h<strong>au</strong>te vallée qui prend le nom d'OuedTioughi indiqué par M. Duveyrier, il fut possible d'avoirune note précise sur sa direction et sur sa <strong>format</strong>ion.En la remontant dans la partie appelée Oued Megraoun,le 22 décembre, on fit la rencontre <strong>de</strong> cinq hommes<strong>de</strong>s Zoua et «<strong>de</strong>s Oulad Bahamou, dont l'un était parentdu gui<strong>de</strong> Mohamed ben Radja. Ils apprirent que toutétait en paix dans le pays, que la mission pouvait marcheravec confiance, et que récemment, les Hoggar étaientallés <strong>au</strong> nombre <strong>de</strong> trois cents pour l'Aïd Kobir, à Insalah,afin <strong>de</strong> faire la paix avec les gens d'Aouîef, avec lesquels ilsavalent eu <strong>de</strong>s difficultés. L'arrangement avait eu lieu, etAhitaghen, qui conduisait ses Touareg, racontait h<strong>au</strong>tementqu'il avait écrit <strong>au</strong> chef <strong>de</strong> la mission pour lui, direqu'il pouvait traverser son pays. Ces détails étaient conformesà ceux qu'avait déjà reçus le lieutenant-colonel, et,en particulier, à une lettre du mois d'août, dans laquelleAhitaghen lui annonçait son intention <strong>de</strong> se rendre <strong>au</strong>Touàt.Depuis son arrivée dans l'Oued Tioughi, la caravanerencontrait plus fréquemment <strong>de</strong> l'e<strong>au</strong> et <strong>de</strong>s roches <strong>de</strong>nature plus ferme, qui dénotaient le voisinage d'une contréeacci<strong>de</strong>ntée et rocailleuse. Elle eut, dans cette partie doson trajet, à franchir <strong>de</strong> nombreux ravins, gagna l'OuodAghrid, l'Oudlan Lefad, TOudian Djldari, et s'arrêta unjour à Hassi Insokki, près do la tête <strong>de</strong> l'oued du mômenom. On y releva, un itinéraire par renseignements pour serendre <strong>de</strong> ce point à Insalah, et on décida, le 27 décembre,


92 EXPLORATIONDU SAHARA.d'envoyer <strong>au</strong> chef <strong>de</strong>s Hoggar, dans le Tidikelt, un homme<strong>de</strong> confiance, cheikh Boudjema, qui <strong>de</strong>vait lui remettre <strong>de</strong>slottros <strong>de</strong>stinées à lui annoncer l'arrivée <strong>de</strong> la mission.Le lieutenant-colonel écrivit d'Hassi Insokki à madameFlatters une nouvelle lettre, d'où nous extrayons les détailsqui suivent :« Hassi Insokki— 1° long. E — 28°30' lat. N.» Je terminerai ma lettre à Mesegguem, d'où j'enverraiun courrier par retour <strong>de</strong>s gons d'Ouarglà arrivés ici hier.L'exploration marche bien ot nous sommes en pleine découverte,tout, jusqu'<strong>au</strong>x renseignements indigènes, étantabsolument à modifier, relativement à l'idée qu'on se faisaitdo ce pays.» L'Oued Insokki, affluent <strong>de</strong> l'Oued Mia, était inconnu;le plate<strong>au</strong> <strong>de</strong> Ta<strong>de</strong>maït, que nous déterminons, était soupçonnébien différent <strong>de</strong> ce qu'il est réellement..... Pour lemoment, nous sommesà 550kilomètres sud-ouest d'Ouarglà,à 200 kilomètres est-nord-est d'Insalah. Le pays est montagneux,très difficile; lesoueds très encaissés coulent en moyennetous les trois ans. Si on passe en <strong>de</strong>hors <strong>de</strong>s oueds, on a lerocher mouvementé, nu et ari<strong>de</strong>, sans compter les grosacci<strong>de</strong>nts <strong>de</strong> terrain; si on passe dans les lits d'oued, onpeut être emporté, le cas échéant, par une crue. Vousvoyez que, pour un chemin <strong>de</strong> fer, ce n'est pas très praticable» La marche est fort pénible pour le moment : très froidla nuit, très ch<strong>au</strong>d le jour. Il n'a pas plu <strong>de</strong>puis longtemps;nos chame<strong>au</strong>x trouvent peu à manger, et nous en perdonsquelques-uns en route. Malgré cela, la santé est excellente,et nous sommes dans les meilleures dispositions pour allerjusqu'<strong>au</strong> bout, s<strong>au</strong>f inci<strong>de</strong>nt.» Depuis Hassi Inifel,... nous sommes chez les OuladBahamou, tribu arabe dont le contre est à Insalah,., »Le lieutonant-coionel raconte ensuite que cette tribu


EXPLORATIONDU SAHARA. 98voit le passage <strong>de</strong> la mission sans animosité, pourvuqu'elle ne pénètre pas dans ses ksour; qu'il est en bonnesrelations aveo les gens <strong>de</strong>s Zoua comme aveo ceux d'Insalah,et qu'il compte sur un passage facile,« Suivant moi, dit-il, le seul moyen <strong>de</strong> réussir à Insalah,c'est d'y aller en mission officielle, suivant à peu près notreitinéraire actuel, ou un <strong>au</strong>tre, par l'Oued Mia, soit <strong>au</strong>départ d'Ouarglà, soit à celui d'El Goleab, avec une organisationdans le genre <strong>de</strong> la mienne, assez forte pour avoirsa liberté d'allures, sans paraître une expédition militaire<strong>de</strong>stinée à conquérir le pays; mais le nom <strong>de</strong> la France<strong>de</strong>rrière et parlant h<strong>au</strong>t, »Il est persuadé qu'enfilant droit à Insalah, sans passerparlé Gourara et le Touàt, on sera bien reçu,et que les<strong>au</strong>tres oasis agiront <strong>de</strong> même. Quant <strong>au</strong>x Oulad Sidi Cheikhréfugiés <strong>au</strong> Maroc, il les croit affaiblis et réduits <strong>au</strong> métier<strong>de</strong> mar<strong>au</strong><strong>de</strong>urs.C'était, on le voit, plein <strong>de</strong> confiance, que le chef <strong>de</strong> lamission continuait le 28 décembre, sa roule vers Mesegguem.Après avoir franchi une série <strong>de</strong> ravins acci<strong>de</strong>ntés quiforment les têtes <strong>de</strong> l'Oued Insokki ou <strong>de</strong> l'Oued Msied* ilatteignit le meâjebed « sentier » d'ilgou, ainsi nommé dunom d'un cheikh <strong>de</strong>s Zenatàj qui fut massacré, <strong>au</strong>ne époquereculée, La caravaneeut ensuite à remonter dans l'OuedAghrid et gagna bientôt la ligne <strong>de</strong> partage <strong>de</strong>s e<strong>au</strong>x duMa<strong>de</strong>r, c'est-à-dire la tête <strong>de</strong>s oueds, qui, parallèlement àl'Oued Msied, vont se perdre <strong>au</strong> nord-est dans la dune,Le Ma<strong>de</strong>r, d'après le journal <strong>de</strong> route, porte le nom général<strong>de</strong> Tigmi, d'où l'on avait antérieurement conclu à un ouedTigmi, qui n'existe pas. Cette région est formée par la pentenord du plate<strong>au</strong> <strong>de</strong> Ta<strong>de</strong>maït, <strong>de</strong>puis l'Oued Msied <strong>au</strong> nordjusqu'à Mesegguem <strong>au</strong> sud. C'est un rése<strong>au</strong> <strong>de</strong> ravins (oudian)qui se réunissent <strong>de</strong>ux à <strong>de</strong>ux, trois à trois, pour former<strong>de</strong>s oueds. Il n'y en <strong>au</strong>rait pas moins <strong>de</strong> 21, entre les


D4EXPLORATIONDU SAHARA»<strong>de</strong>ux points indiqués, savoir: l'Oued Msied d'abord, puis lescinq oudians <strong>de</strong> Tinelkramt, Daiat Nadj, Daiat el Feras,Daiat bon Lekhal, Rokrat ed Diah, l'Oued Tinersal et l'OuedDjairin, presque <strong>au</strong>ssi importants que le Msied,L'Oued Djokran, le plus considérable, qui occupe le centredu pays do Ma<strong>de</strong>r avec <strong>de</strong> nombreuses têtes, qui sontles trois oudians Adjerem, et les <strong>de</strong>ux Tisnaiat; Vou<strong>de</strong>i« petit oued » Eibadi, Oued el Ghelga, Oued Itlou, Oued elHassani, Oued Imgharghar, Oudian Sebat, Oudian Alem,Oued Souf asse« important, Oued Alenda, Oued Aoulouggui,qu'il f<strong>au</strong>t distinguer d'un affluent <strong>de</strong> droite <strong>de</strong> l'Oued Miaqui porte le môme nom. Cet Oued Aoulouggui marque l'extrémitésud du pays <strong>de</strong> Ma<strong>de</strong>r et s'arrête en réalité <strong>au</strong>x sables<strong>de</strong> Mesegguem,En continuant sa route, la caravane gagna ensuite l'Ouedou Chabet Tisnaïa, atteignit l'Aoulouggui le 30 décembre,et en suivant sa direction, passa <strong>au</strong> Chabet Zahra, point <strong>de</strong>croisement du sentier d'Insalah à Ghadamès. Là, elle relevales points <strong>de</strong> campement <strong>de</strong> la route ordinaire qui relieces <strong>de</strong>ux villes, soit par Aoulouggui, soit par Mesegguem,et en suivant son itinéraire, put rectifier <strong>au</strong> sujet <strong>de</strong>l'Oued Massin une erreur géographique analogue à celle <strong>de</strong>l'Oued Tigmi. L'Oued Massin n'est, paraît-il, que l'ensemble<strong>de</strong>s ravins qui <strong>de</strong>scen<strong>de</strong>nt du Coudiat <strong>au</strong> sud, Leurnombre est considérable et a été relevé avec soin ; ils aboutissentà un thalweg principal appelé l'Oued Meritga, qui sedirige d'abord <strong>au</strong> sud-ouest, puis <strong>au</strong> sud, etva seperdre dansle reg, un peu avant une mine d'alun qui est à30kilomètresenviron plus ..'loin,'<strong>au</strong> <strong>de</strong>là <strong>de</strong> Tiounghighin.Le 31 décembre, on était àii puits d'Aoulouggui où l'un<strong>de</strong>s gui<strong>de</strong>s. Si Mohammed ben Radja, avait vu passer, l'annéeprécé<strong>de</strong>nte, une caravane <strong>de</strong> plus <strong>de</strong> cinq cents pèlerins duToùàt, du Tidikélt, etc., qui se rendaient à la Mecque, parGhadamès et la Tripolitaihe, En suivant la vallée <strong>de</strong> l'Aoïilouggui,On atteignit la limite sUd du plate<strong>au</strong> dé Ta<strong>de</strong>maït


EXPLORATIONDU SAHARA, 95et enfin le Hassi Mesegguem qui, <strong>de</strong>puis Inifel, était l'objectifimmédiat <strong>de</strong> l'exploration,Le puits <strong>de</strong> Mesegguem était comblé <strong>de</strong>puis plus <strong>de</strong> <strong>de</strong>uxans et son déblaiement exigea un travail <strong>au</strong>ssi long que pénible.Ce n'était pas seulement pour ses ressources en e<strong>au</strong>,mais encore pour son intérêt géographique, que ce pointméritait d'être signalé par la mission.« La sebkha <strong>de</strong> Mesegguem, nous dit en effet le journal<strong>de</strong> route, ne contient pas <strong>de</strong> sel; elle se confond avec le regavoisinant, qui est la tête <strong>de</strong> celui <strong>de</strong> l'Oued Massin, quoiquela pente <strong>de</strong> ce <strong>de</strong>rnier ne soit appréciable ni dans un sens,ni dans l'<strong>au</strong>tre, C'est plutôt une cuvette plate où se perdl'Aoulouggui, dont l'embouchure mal définie est marquéepar quelques dunes. La ligne <strong>de</strong> séparation <strong>de</strong> cette cuvetteavec l'Oued Massin estindétérminéo. Au nord elle est limitéeparla pente sud du Ta<strong>de</strong>maït, <strong>au</strong> sud et <strong>au</strong> sud-ouest parcelles du Tinghert, LeTinghert et le Ta<strong>de</strong>maït se rapprochentà Test-nord-est, tout en s'abaissant sensiblement, La pointe<strong>au</strong> coin sud-ouest <strong>de</strong> l'oudje s'avance entre les <strong>de</strong>ux et le reg<strong>de</strong>Mesegguem rétréci, secontinuepar le medjebed «sentier »d'ElBiodh,lnsalah, Ghadamôs,ayant à g<strong>au</strong>che l'oudj e <strong>de</strong> l'Erg.»Pendant le séjour à Mesegguem, la mission fut croiséepar une caravane <strong>de</strong>s Oulad Baharara, qui revenait <strong>de</strong>Ghadamès et avec laquelle elle eut d'excellents rapports,Elle en retira dés renseignements commerci<strong>au</strong>x et politiquesqui avaient pour elle une valeur réelle. Ces OuladBahainra avaient été, <strong>de</strong>ux mois <strong>au</strong>paravant, porter <strong>de</strong>s plumesd'<strong>au</strong>truche, <strong>de</strong> la poudre d'or* du henné, <strong>de</strong>s dattes,quelques tapis et <strong>de</strong>sf cotonna<strong>de</strong>s du* Soudan, enfin dèsesclaves nègres, à Ghadamès, En ëchangè, ils apportaient <strong>de</strong>scotonna<strong>de</strong>s européennes venues par Tripoli, un peu <strong>de</strong>quincaillerie, <strong>de</strong> sucre, du thé, le tout, à peu près, <strong>de</strong>stiné<strong>au</strong> Soudan*. Ils avaient trente chame<strong>au</strong>x doiït 20 chargés*1, Il ost curieux do romarquer la voie que, suiventces marchandise»européennespour pénétrer dans16Soudant ' .


90 EXPLORATIONDU SAHARA.Dix hommes la conduisaient, sous le comman<strong>de</strong>ment duchérif Mouley Ahmed, parent d'El Hadj Ab<strong>de</strong>lka<strong>de</strong>r benBadjouda, cheikh d'Insalah. Il avait à son compte un tiers<strong>de</strong>s marchandises; le reste appartenait <strong>au</strong> marchand <strong>de</strong>Ghadamès, Mohamed ben Zeid, qui l'accompagnait,Ils parurent frappés <strong>de</strong>s avantages qu'ils pourraient retirer<strong>de</strong> relations plus suivies avec l'Algérie et laissèrententendre que les Oulad Bahamou seraient plus disposésqu'on ne lecroyaità se mettre en rapport avec les Français,Cependant le commerce d'Insalah et le genre <strong>de</strong> ses relationspermettent d'émettre un doute à oe sujet, La richesse<strong>de</strong> cette ville a pour principale source le commerce <strong>de</strong>transit du Soudan <strong>au</strong> littoral méditerranéen et réciproquement;mais ses bénéfices les plus assurés viennent du trafic<strong>de</strong>s esclaves. Tous les ans, <strong>de</strong>ux caravanes vont <strong>au</strong> Soudan,par Akabli et le Tanezrouft; elles se séparent chez les Aôulimmï<strong>de</strong>n,l'une, allant par <strong>l'Adrar</strong> <strong>au</strong> Haoussa, l'<strong>au</strong>tre, seréunissant à la gran<strong>de</strong> caravane du Maroc, qui va à Timbouktou.Des gens <strong>de</strong> Ghadamès se joignent à ceux d'Insalah,pour aller iw Soudan occi<strong>de</strong>ntal; outre les marchandisescourantes dont ils font l'échange, ils emmènent surtout<strong>de</strong>s esclaves, et il f<strong>au</strong>t compter que dans là pacotille <strong>de</strong>retour, les objets <strong>de</strong> commerce sont, par rapport <strong>au</strong>x esclaves,dans la proportion <strong>de</strong> un à quatre, Ces <strong>de</strong>rnierss'écoulent dans le Maroc et dans la Tripolitaine, où lèsmarchandises du Soudan elles-mêmes trouvent un débitplus facile qu'en Algérie, parce que les frais <strong>de</strong> douane,d'entrepôt et <strong>de</strong> marché, sont plus simples et moins élevésque sur nos territoires, D'<strong>au</strong>tre part, les marchandises européennesy sont apportées en abondance par le commerce'anglais,- ;•/'''";":: ''^'^ï'J-':---'-On ne voit donc pas quel avantage les marchands d'Insalahpourraient retirer d'un courant commercial versl'Algérie, où la traite est prohibée. Il ne f<strong>au</strong>t pas chercherailleurs la raison <strong>de</strong> l'abandon relatif <strong>de</strong>s routés commer-


EXPLORATIONDU SAHARA. 97ciales du Sahara algérien; et la Chambre <strong>de</strong> Gommorced'Alger n'<strong>au</strong>rait trouvé d'<strong>au</strong>tre remè<strong>de</strong> à cette situationque dans l'admission <strong>de</strong>s engagements <strong>de</strong> nègres dans <strong>de</strong>sconditions analogues à celles <strong>de</strong>s coulies chinois, La question,on le voit, est loin d'être résolue, et le séjour <strong>de</strong> lamission à Mesegguem ne pouvait que constater une fois <strong>de</strong>plus l'état <strong>de</strong>s choses,La mission s'aperçut à Mesegguem que ses chame<strong>au</strong>xfatigués réclamaient du repos. On y resta donc 6 jours,<strong>de</strong>puis le 10Pjanvier <strong>de</strong> cette année jusqu'<strong>au</strong> 7, profitant<strong>de</strong> cette halte pour mettre les notes <strong>au</strong> Courant,expédier un courrier et étudier l'état <strong>de</strong> la contrée. Celui-cin'était pas également favorable partout, et dans sa lettre <strong>au</strong>Ministre, le lieutenant-colonel dut lui rendre compte <strong>de</strong>l'obligation que l'aridité <strong>de</strong> la plaine d'Adjemor lui imposait,<strong>de</strong> se détourner vers le sud-est, pour atteindre Tiounkinin,par le Tinghert, l'Iraouen et l'Ifetassen. Aussi necomptait-il pas alors être sur l'Oued Gharis avant unedizaine <strong>de</strong> jours, où il espérait rencontrer Ahitaghen, lechef <strong>de</strong>s Hoggar,Il envoya à cette époque à madame Flatters, <strong>de</strong>s détailsqui sont la répétition <strong>de</strong> ceux du journal <strong>de</strong> route, avec unabandon plus intime, qui leur restitue souvent leur vraiecouleur locale,« Mesegguem, lui dit-il* est un puits dans une immenseplaine, <strong>au</strong> débouché <strong>de</strong> la montagne <strong>de</strong> Ta<strong>de</strong>maït, quenous avons complètement explorée. Nous sommes ici à120 kilomètres sud-est <strong>de</strong> Hassi Insokki, et à 670 kilomètresd'Ouarglà, par 2 <strong>de</strong>grés <strong>de</strong> longitu<strong>de</strong> est, et 28 <strong>de</strong>grés <strong>de</strong> latitu<strong>de</strong>nord; nous coupons l'itinéraire suivi par Rohlfs eh 1864,et nous nous retrouvons en pays inexploré, comme <strong>de</strong>puisOuarglà... Hassi Mesegguem n'est à personne; c'est le grandchemin,et sion établissait <strong>de</strong>s limites fixes, il tomberait en partage<strong>au</strong>x Touareg. Triste pay^en tput cas t désert <strong>de</strong> roches ou<strong>de</strong> sables ; végétation à çKanïôàûx,'c'eSt-à,-dire, çà et là, dans., :•, •:. JS,- —A. ..:;:.V


98 EXPLORATIONDU SAHARA*'<strong>de</strong>s semblants <strong>de</strong> vallée, plantes plus ou moins ligneuses quebroutent ces anim<strong>au</strong>x, Les points d'e<strong>au</strong> sont éloignésdé 4- à 5 jours, et encore f<strong>au</strong>t-il parfois creuser soi-mêmedés puits <strong>de</strong> plusieurs mètres <strong>de</strong> profon<strong>de</strong>ur^ pour arriver«faire boire et à faire une provision d'e<strong>au</strong> qui conduira«U puits suivant,., »M, l'ingénieur en chef Fournie reçut <strong>au</strong>ssi <strong>de</strong> MesegguemUhe lettre détaillée, dans laquelle le chef <strong>de</strong> la mission,après avoir expliqué lé peu <strong>de</strong> praticabilité <strong>de</strong> l'Oued Mia,ajouta ; « Gomme d'<strong>au</strong>tre part la route directe <strong>de</strong> Goléah àInsâlàh est dans le môme genre; comme l'Ouéd SaoUra est,à n'en pas douter, encombré <strong>de</strong> sables* <strong>au</strong> moins entreKerjaz et là h<strong>au</strong>teur <strong>de</strong>Tamentit, sinon p}uS h<strong>au</strong>t encore* ilrie resté en voie facile que collé <strong>de</strong> Goleàhf par les KsourdUGourara^ <strong>de</strong> i'AougUerôufy duTôdât; qui sont <strong>au</strong> nonibrë<strong>de</strong> pjiis dé 150, et c'est tbutè Une 'occupation àfàlre.,;, » «Lacarte <strong>de</strong> M, Duveyrier hbus esttoUjours utile; mais elle cbmpurtè"dëëmodifications dans la partie que nous venons <strong>de</strong>Voitj et bë n'est pas étonnant, VUla distancé à laquelle lésrenseignements ont été fournis par cheikh Otlimah,»;;,il ciib plus loin l'OUëd insokki j comme le principalaffluent <strong>de</strong> l'Ouéd Miâ; qui; « par rapport à la route d'Insalah,Serait plUS impartant que l'O uôd Mià lui-môme * ; »Enfin, il termine par <strong>de</strong>s considérations déjà reproduitessûr léâ difficultés qui le rejetteront sans douté versbâhS lihô <strong>au</strong>tre ièltré écrite par M, Béringer à M*Fournie,iib'ûs ttoiivbrtSuhé appréciation qui évalue l'altitu<strong>de</strong> <strong>de</strong>Mésë^ùettt â 065 métrés et celle d'Insalah à 300 niôtres.$ùàttt a\ix dâtësi dé ritittôràiré, aUx distances parcouruesit àtik Maigres rb^Ôûrces <strong>de</strong> là contrée* lés notes prises•do^ftiaiHâësi Iiiifël* |lëtmëttèht Idè lès fëSiimer edmme il1. Il écrivit.oussi<strong>de</strong> .Mosogguom à M.l'amiral<strong>de</strong> LaRonoièreune idïtroquin'bsique ieïésumedés p^cTàentôs.


PARCOURS NATimBPUSOI. VÉOÉTATION BAU"iimTii • 'iifin M * " -' imiiiUitin'y.'iii^iiiiiinii «MwttJMuywHiaLb t» dôéontbrodo HassiInifolA Motlàg Insokki,31)kil..Nobka>silex, grès Végétation pxrougeatro,ter- coptionneller.tinscrétacés, mont iibondunesdo 100m dante.sur là R. QiLo20,KofelOuar,.30kil Nobkarogot fond Végétationabon- traces d'e<strong>au</strong> dod'argilo, grès dante; bons l'année précé-, quatornalro. pâturages. donto.L'o2i,Oiiodfiouighi, 32kil.... Nobka, roches, Pou abondanto. L'ouoda do300Acaillouxroutés,500"»<strong>de</strong> largo;, , escarpements. los berges doLo 2-2,OuedMo-30 A 501»doSroun o l'Oued fraction Insokki,28kil.. Sables ot argiloé, » Traces ot laissesh<strong>au</strong>teur,marnes, rochesd'càUirougos.Lo23,ChabotMer.moha,30 kil... Sables et roclios » Un pou d'o<strong>au</strong>.ravinées.Lo24,OuedAghrid28kilWebkiij roches, Pftturagcs assez »rése<strong>au</strong><strong>de</strong>ravins abondants,rocheux.Le 25, HassiInsokki,15kil.. RegAgrosgrains, » Bonnee<strong>au</strong> A20°flays monta- puits Ùû5n>50.gnoux, caillouxroulés.Lo26, séjour,Lo27, séjour.Lo 28, ChabotChieh,20kii,. Silexnoirs, reg et Végétationabon^Sourcesnnso<strong>au</strong>.torrainSravinée, dante.Lo29iOuodDjolkran,25kil.... Rog et rochos, » Doux puits, unLo . nn „,.. marnesj<strong>au</strong>nes. peu d'e<strong>au</strong>i80, Zohbet<strong>Ifoghas</strong>,25kil, Reproches noires » »paysacci<strong>de</strong>nté.Le31,HassiAoulouggui,15kil.Rokctnobka,8iléx » Plusieurs puits,» . . irtfti "MB; un peu d'eaii iLol«janv,1881, àHassi15«,Mesegguem,20kil.,• Pâturages très Puits comblédoabondants;9m60 <strong>de</strong> profon<strong>de</strong>ur,e<strong>au</strong>hiédiécrè etabondantes


400 EXPLORATIONDU SAHARA,Ces renseignements, tirés presque tous d'une note géo*logique <strong>de</strong> M, l'ingénieur Boche, sont complétés par sesindications topographiques qui corroborent celles du chef<strong>de</strong>là mission, et nous donnent <strong>de</strong>s <strong>de</strong>scriptions exactes <strong>de</strong>làforme <strong>de</strong>s vallées et <strong>de</strong> leurs berges ; elles nous représentent<strong>au</strong>ssi lé plate<strong>au</strong> <strong>de</strong> Ta<strong>de</strong>maït comme un terrain déchiqueté,raviné* terminé par <strong>de</strong>s escarpements <strong>de</strong> 40 à 50 mètres<strong>de</strong>vant la plaine <strong>de</strong> Mesegguem, Celle-ci est couverte<strong>de</strong> reg; elle a 45 kilomètres <strong>de</strong> largeur environ et se trouvecomprise entre lés escarpements <strong>de</strong>s plate<strong>au</strong>x <strong>de</strong> Ta<strong>de</strong>maïtet <strong>de</strong> Tinghert, C'est <strong>au</strong> milieu <strong>de</strong> cette plaine que se trouvele puits, dans un bas-fond gypseux en forme <strong>de</strong> sebkha.CAMPEMENTSLONO. E. IAT.N. |, | g OBSERVATIONS'y:::y:.':::.y ;yy v •;< -J-'-, * '. j-vy-i;-,;;-;MetlagInsokki..,.. 1°20' 20"35' + 1C»730,0 N, 'KofolOuar..,.,... 1»25' 20»30' + 18.7738,5 be<strong>au</strong>temps.N.-E.'OuodTioughi,...,, i»30' 20»15' + 10 738.5»OuqdMogroun..^. 1°25' 20» +18.8 734,3 »ChabotMormoliB,..1»20' 28»45' +18,1731.3 Be<strong>au</strong>Ṅ.-0,OuedAghrid.M... 1°15* 28»$5' + 17 728 » N.-E,HassiInsokki...... 1»00' 28»'30' +17.8 721 450"»« N.-E,::y-;:-psomfclr*), ":/"'.'''•,ChabotCl<strong>de</strong>li.,.,.. 1»20' 28»25' +22,3 710.4 N.-Nf-E.OuodDjokran.M.,,1»35' 28»25' +20,8 720,7 » :ZeribotIfoglms..., 1»50' 28»25' + 20,0723 » :HassiAoulouggui.,2»5' 28°25' +10.0 724,8 Be<strong>au</strong>temps.';::'': "• E.-N.rE.HassiMesogguom.,Kil' 28»15' +10,5 730.8 418"»« N.-N.E,'/: (4>p. l'hj-.•.':."'.;-•


EXPLORATIONDU SAHARA.« Eh résumé, dit M. Roche, la contrée, <strong>de</strong>puis Inifel* estformée par un plate<strong>au</strong> crétacé, légèrement incliné vers lenord-nord-ëst, c'est-à-dire vers le centre dé la gran<strong>de</strong> cuvettedont l'Oued Rhir etOuarglà représentent le fond, Ce plate<strong>au</strong>ou hamada est très déchiqueté et raviné par <strong>de</strong>s ouedsdirigés <strong>au</strong>ssi à peu près vers le nord-nord-est, La hamada estabsolument nue, stérile et sans e<strong>au</strong>, tes oueds présententun pou <strong>de</strong> végétation; mais ils ne renferment <strong>de</strong> l'e<strong>au</strong>qu'acci<strong>de</strong>ntellement, soit dans <strong>de</strong>s ghedirs, pendant un cer*tain temps après les pluies, soit dans <strong>de</strong>s cuvettes souterraines,<strong>au</strong> milieu <strong>de</strong>s sables d'alluvions <strong>de</strong>s vallées, commeà Hassi Insokki, Tilmes Cédrat et Hassi Aoulouggui. »Enfin, un extrait du registre <strong>de</strong>s observations <strong>de</strong> M, l'ingénieurBéringer, achèvera <strong>de</strong> nous donner sur le pays parcouru,<strong>de</strong>s notions désormais précises, que nous résumonsdans le table<strong>au</strong> ci-<strong>de</strong>ssus.XIDE MESEGGUEMA AMGUIDOuedHaddja. •— Plate<strong>au</strong> do Tinghcrt. — Ouodol Hadjadj. — Roncontre.do Slimanol Hartanin.— Envoido doux gui<strong>de</strong>s on avant. — Khangatcl lldid. —Ouod Ilotha,— Routes d'Insalah. —Massifdo l'Iraouon. —Arrivéesur l'Igharghar. — L'OuedGharis et le Kheneg. — Oued Taliohaït,— Arrivée A Amguid, — Graves sujets do préoccupation,-rRésumédos observations,Après Mesegguem, une marche <strong>de</strong> treize jours conduisitles membres <strong>de</strong> la mission à Amhuid, qui fut <strong>au</strong>ssi pour euxun point d'arrôt important, peut-être le plus important,car il décida <strong>de</strong> la nouvelle direction à suivre, celle où ils<strong>de</strong>vaient trouver une mort inattendue et terrible.• On quitta Mesegguem le 7 janvier 1881. Botes et gensétaient reposés; chacun avait repris une nouvelle ar<strong>de</strong>urpour la continuation du voyage. Cependant le chef <strong>de</strong> l'entrepriseet ses collaborateurs se rendirent compte qu'ilsétaient déjà forcés d'obéir <strong>au</strong>x exigences que ce pays désolélQi


'408': EXPLORATIONmj SAHARA iimpose <strong>au</strong>x voyageurs, en leur refusant sur pertflins points,un <strong>de</strong>s éléments los plus nécessaires à la vie, l'e<strong>au</strong>, C'estainsi que l'aridité absolue <strong>de</strong> la plaine 4'Adjemor leurfermait la direction du sud et les forçait à marcher <strong>au</strong> sud*est vers Tiounkinin, appelé <strong>au</strong>ssi Drà ou Khangat el Hdid*Nous verrons du reste <strong>de</strong>s circonstances analogues se re»produire plus tard,Bref, le 7 janvier, la caravane se déploya <strong>de</strong> nouve<strong>au</strong> dansle ghedir d'embouchure <strong>de</strong> l'Aoulouggui, pour gagnerl'Oued Haddja, affluent <strong>de</strong> la Sebkha <strong>de</strong> Mesegguem, qu'elle<strong>de</strong>vait remonter jusqu'à son origine. Le môrhe jour, elleparvint <strong>au</strong> pied <strong>de</strong>s gour du Tinghert et continuant àsuivre l'Oued Haddja, rencontra à Argonh es Séniat, unpassage difficile où il fallut s'avancer un par un, Au <strong>de</strong>là,elle atteignit le sonimet du Tinghert, dont le journal <strong>de</strong>route nous décrit ainsi la topographie $« L'ensemble du système ne constitue pas à vrai dire unplate<strong>au</strong> continu; le nom <strong>de</strong> Tinghert lui-môme, n'est réellementappliqué qu'à là chaîne sur laquelle nous sommes,bien qu'on i'éten<strong>de</strong> quelquefois à toute la région, jusqu'<strong>au</strong><strong>de</strong>ty <strong>de</strong> l'Igliarghar, Çle sont <strong>de</strong>s chaînes <strong>de</strong> gour épaissiesà leurs <strong>de</strong>ux extrémités et séparant <strong>de</strong>s vallées do reg, quivont <strong>au</strong> versant sud. Ces vallées larges et plates dansleur partie moyenne, ont pour tôte <strong>de</strong>s ravins, formés parles épaississements <strong>de</strong>s chaînes <strong>de</strong> gour et elles débouchententre les épaississeraents nord, »Elles présentent néanmoins <strong>de</strong>s passages praticables quisont utilisés pour mettre en communication les plaines <strong>de</strong>l'Igharghar et d'AdjemoryEn suivant son itinéraire, la caravane releva la Daïa benAbbou, déjà signalée par M, Duveyrier, ot en ce moment àsec, gagna l'Oued el Hadjadj, qu'elle commença à <strong>de</strong>scendrele 9, en passant près du sentier qui relie Timnssinino à Insalah.Dans cette partie, l'Oued Hadjadj a ses <strong>de</strong>ux rives net-:temént accusées par un ress<strong>au</strong>t <strong>de</strong> reg, <strong>au</strong>-<strong>de</strong>ssus duquel


EXPLORATIONnu SAHARAÎQ?s'élèyont <strong>de</strong>s gour qui s'agglomèrent en chaînes do plus enplus compactes, En sorte que l'ensemble do la vallée, que<strong>de</strong>t affluents, paraît comme un reg parsemé <strong>de</strong> gour; ce quila différencie nettement dp la vallée do TQwed hen AW>ouqui eet sensiblement plus étalée.La caravane atteignit ensuite l'Oued QglatHamian, affluent<strong>de</strong> l'Qued Hadjadj qui vient du, sud, et dont le lit renfermaitune végétation abondante' Là contrée, souvent visitée par<strong>de</strong>s coupeurs do route, a une m<strong>au</strong>vaise réputation et l'ony voyait encore les tombes <strong>de</strong> quinze pèlerins assassinéspar les pharnbàs, il y a plusieurs années, L'Qued el Hadsjadj coule, paraît-il, en moyen ne tous les trois ans pendant4 ou «5jours sur une étendue <strong>de</strong> 7 à 8 kilomètres, le plussouvent en <strong>au</strong>tomne ou en hjver. Dans son bassin, c'est !$yent du sud qui amène ordinairement la pluie; le ventd'est, le sable; celui du nord, le froid; et celui du sudrouest ou <strong>de</strong> l'ouest, appelé Chiheli, la chaleur; c'est lesirocco, D'après les indigènes, une année ne se passe guèresans pluie. Le fait est asse? rare pour être signalé,C'est <strong>au</strong> Hassi Qued el Hadjadj, qu'on rencontra une, connaissancedu premier voyage, Sliman el Hartapi, le gardien<strong>de</strong> la zaouia <strong>de</strong> Timassinine, qui revenait d'Insalah aveo<strong>de</strong>ux nègres, Là, l'obligation d'abreuver les chame<strong>au</strong>x exige<strong>au</strong>ne journée <strong>de</strong> repos; le lieutenant-colonel l'utilisa, enfaisant prendre les <strong>de</strong>vants <strong>au</strong> gui<strong>de</strong> ^oui Mohamed benRadja et à; slamma <strong>de</strong>s <strong>Ifoghas</strong>. Ils <strong>de</strong>vaient se rendre àKhangat el Hdid> pour le cas où Cheikh Roudjema et lesenvoyés d'Ahitaghen attendraient la mission, A ce mqmentdéjà, on prévoyait que Je manque d'e<strong>au</strong> et <strong>de</strong> pâturagesobligerait peut-^ire la caravane à se rendre directement <strong>de</strong>l?Iraouep à Amguid,En attendant, elle commença, le 11, à remonter l'Qued OglatHamian, et se rapprochant du point où passe lp sentier <strong>de</strong>Timassinine à Insalah, elle atteignit les escarpements ravinésqui sont à son origine, gagna l'Oudian el Ga<strong>de</strong>m, puis la


104 EXPLORATIONPU SAHARA.ligne <strong>de</strong> séparation <strong>de</strong> l'Oued Foula et <strong>de</strong> l'Oued Tilmas elMra, <strong>au</strong>tre affluent sud-nord <strong>de</strong> l'Oued Hadjadj, dans le*quel elle dut s'cngagor, pour le quitter le 13, et entrer dansle bassin <strong>de</strong> l'Oued Malah, Ce <strong>de</strong>rnier est indiqué commetrès large; ses extrémités, soit en amont, soit en aval, nesont pas resserrées par <strong>de</strong>s gour, comme celles <strong>de</strong> l'Ouedbon Abbou et <strong>de</strong> l'Oued Hadjadj et le passage <strong>de</strong> son regd'amont à la plaine d'Adjemor, offre <strong>de</strong>s pentes peu sen*sibles, sans <strong>au</strong>cun escarpement. Cette voie a été signalée parla mission, comme étant la plus facile et la plus large, pouraller du flanc <strong>de</strong> l'erg à i'Adjemor, en passant par El Biodh.On gagna ensuite Chabet Laroui, affluont <strong>de</strong> droite <strong>de</strong>TOued Adjerem ; on le remonta le14, en laissant sur làg<strong>au</strong>che la daïu Talhaiat où se trouve <strong>de</strong> l'e<strong>au</strong>, et on aperçutbientôt dans la direction suivie, les sommets du DjebelIraouen, qui commençaient 5 se <strong>de</strong>ssiner à l'horizon, Onles voyait déjà prendre l'aspect d'une chaîne allant du sudsud-ouest<strong>au</strong> rtord-nord-est et composée <strong>de</strong> plusieurs conrtreforts à peu près parallèles, qui naissaient dans unmassif situé <strong>au</strong> sud-sud-ouest, Une erreur d'un gui<strong>de</strong>retarda un moment la marche, mais n'empêcha pas d'atteindrele gtto indiqué, à l'embouchure <strong>de</strong> l'Oued Iraouen.Le len<strong>de</strong>main, on remonta son lit à travers une végétationabondante, se rapprochant <strong>de</strong> l'Oued Sidi Moussa, tête<strong>de</strong> TOued Inela, que la carte <strong>de</strong> M. Duveyrier indiquecomme séparation entre l'Iraouon et le Mouydir; on Campadans le h<strong>au</strong>t do sa vallée, où Mohamed ben Radjà et Jammàrejoignirent sans avoir trouvé <strong>au</strong>cune trace;Khangat el Hdid, d'où ils revenaient, est un défilé dé2 kilomètres <strong>de</strong> long sur 100 mètres <strong>de</strong> large, avec <strong>de</strong>s rochers<strong>de</strong>200 mètres <strong>de</strong> h<strong>au</strong>teur <strong>de</strong> chaque côté. Il est orienté<strong>de</strong>f est-sud-est à l'ouest-nord-ouest. Il contient toujours <strong>de</strong>l'e<strong>au</strong> vive, qui court à l'ouest sur toute la longueur, pourse perdre <strong>au</strong> débouché, dans une dune dite AIgant, A cettedune se trouve la tête du Botha ou Akaraba dont le thaï-


EXPLORATIONPU SAHARA. 105weg se dirige vers l'ouest, coupé par une dune pendant40 kilomètres environ, bordé par une chaîne du Mouydirà g<strong>au</strong>che et une <strong>de</strong> i'Inzaz à droite, et avec un lit relativementétroit. De l'<strong>au</strong>tre côté du khangat, on <strong>de</strong>scend dansle bassin <strong>de</strong> l'Igharghar, par les têtes <strong>de</strong> l'Oued Gharis et<strong>de</strong> l'Oued Taghezal.Dans ces parages, la mission put relever par renseignements,<strong>de</strong>ux itinéraires du khangat à Insalah ; l'un par leBotha, l'<strong>au</strong>tre, par Foggaret et Arab, et le cours du Bothaou Akaraba, qui se dirige vers le Tanjzerouft, Vers son embouchure,le chef <strong>de</strong> la mission a signalé, comme uneerreur probable, la désignation <strong>de</strong>s marais d'Ezziza, qu'on<strong>au</strong>rait confondu avec Inzizô, point be<strong>au</strong>coup plus <strong>au</strong> sud"est, vers l'Oued Tighidjert. Le journal <strong>de</strong> route nous indiqueencore <strong>au</strong> Khangat el Hdid, <strong>de</strong>ux itinéraires intéressants,l'un d'Insalah <strong>au</strong> Hoggar, par le Khangat, et l'<strong>au</strong>tre,plus direct, réunissant les <strong>de</strong>ux mômes contrées par l'OuedBotha, jusqu'à Mekam Sidi el Bekri (<strong>de</strong>s <strong>Ifoghas</strong>, père <strong>de</strong>Cheikh Othman),Le 16 janvier, nous trouvons la caravane remontantl'Oued Iraouen et un <strong>de</strong> ses affluents do droite, jusqu'<strong>au</strong>xpremiers contreforts <strong>de</strong> TIraouen, où l'on put se rendre uncompte plus exact do la topographie <strong>de</strong> ce massif montagneux,D'après la <strong>de</strong>scription <strong>de</strong> nos voyageurs, il comprendtrois chaînes à peu près parallèles^: celle du nordpeu compacte avec un intervalle assez large, qui est le litprincipal <strong>de</strong> l'oued du môme nom ; celle du milieu, à iraverslaquelle passe l'Oued Adjelman Arghem; celle du sud,que la mission dut longer, en remontant l'Oued Adjelman,Les <strong>de</strong>ux chaînes entre lesquelles elle eut à cheminer, sontassez rapprochées et s'élèvent jusqu'à 180 mètres et 200 mètres<strong>au</strong>-<strong>de</strong>ssus du fond <strong>de</strong> la vallée. Au nord-est, on voit leschaînes flniretlavalléerejoindreinsensiblernentrigharghar.C'est eu les traversant que la caravane arriva <strong>au</strong> puits,alors <strong>de</strong>sséché, <strong>de</strong> Tilmas Férsig, constata qu'une ligne


nord-est <strong>de</strong> 1^0 kilpu).etrefy le met, en comin,un|çatiop ayecT<strong>au</strong>elagk» par l'extrémité nord <strong>de</strong> Vlraouen et yigiw«lw,et qu'une caravane d'ifoghfls revenant d'Insalah^ venaitjustement <strong>de</strong> passer pp ce point.En continuant sa route, la mission parvint dans une régionpierreuse d'accès difficile, où se trouvait une so,bfia(« OftSca<strong>de</strong>») formée par Ufl cirque dé rqcliers et pu elle putgoûter dans <strong>de</strong>s rhedirs unp e<strong>au</strong> excellente; elle atteignitensuite la tète do l'Qued Àdjeiim*R\ Argfceniet défcouphabientôt, le 17 janvier} sur l'Igliarghar- Le Djebel Iraouenétait franchi, le reg s'étendait do nouve<strong>au</strong> sous les $m%<strong>de</strong>s explorateurs, jusqu'il Amguid, qu'ils voyaient formerun cap sur la, r|ye droite <strong>de</strong> Vqued.-Les détails quepontienti 6 journal do. route sur la région<strong>de</strong> l'ighargh,^ oit la mission* débouphait* donnent une it|éetrès nette djdsa. topographie.q Notre euaîne <strong>de</strong> l-iraouen, dit le colonel, continue enbordure g<strong>au</strong>ohe <strong>de</strong> Vïgiiarglîar, à notre droite, Ijrçdtée, à/environ5 kilomètres par l'Oued Taghezal, qui vient <strong>de</strong>Khangat el Hdid, et qui, avec VOlieiLSidi Moussa, marqueséparation avec le Alouydip. On voit les chaînes du Mouydircontinuer l'ïraonen à l'ouest, avep plusieurs caps <strong>au</strong> sud etentre <strong>au</strong>tres, à l'horizon <strong>de</strong> ce côté, un cap double issu duKhangat cl Hdid. Les tûtes do ce cap sont séparées par uncpl très bas où ^débouche l'Oued pharis, qui nmts arrivepar le travers, dans la plaine <strong>de</strong> l'Igharghar» L'Oued Gharisva joindre i'igh.arghar à notre est, en un point dit Kheneg»qui est un resserrement sensible <strong>de</strong> l'oued, passage d'environ200Q mètres <strong>de</strong> largeur, à fond <strong>de</strong> reg plat. Pans lekheneg, en <strong>de</strong>çà et <strong>au</strong> <strong>de</strong>là, l'igharghar Corme plaine <strong>de</strong>reg, comme Pelle que nous avons vue <strong>au</strong> premier voyage*La plaine en dçç&, par rapporta nous, est appelée indistinctementAniguid, Gharis ou Igharghar. t'Oued Ighargharproprement dit, qui a ici un lit distinct marqué pur <strong>de</strong> lavégétation, court sud-nord, <strong>au</strong> pied <strong>de</strong>s roches élevées du


EXPLORATIONPU SAHARA*1Ç!ÎTasili <strong>de</strong>s Azdjer. Le point d'e<strong>au</strong> d'Aniguid estM sud


108 EXPLORATIONDU SAHARA.tant <strong>de</strong> siècles a arrêté la civilisation. Il fallait s'incliner;et c'était pour ainsi dire la première déception un peu sensibleque l'exploration eût rencontrée.Le lieutenant-colonel Flatters la sentit vivement, et lalettre à sa femme, datée d'Amguid, nous montre quellesfurent, à ce moment, ses préoccupations.« Je profite, dit-il, du retour d'urt indigène avec une caravane<strong>de</strong> rencontre, pour envoyer un courrier sommaire.Tout a été bien jusqu'ici et nous sommes arrivés <strong>au</strong>20° <strong>de</strong>gré <strong>de</strong> latitu<strong>de</strong>, après avoir fait 1000 kilomètres <strong>de</strong>puisOuarglà, Mais je vais sans doute être obligé <strong>de</strong> me détournerpar l'est et <strong>de</strong> perdre mon avance <strong>au</strong> sud direct,pour aller du côté <strong>de</strong> Rhàt, attendu que nous sommes <strong>au</strong>point extrême <strong>de</strong> la route connue <strong>de</strong>s gui<strong>de</strong>s et qu'en suivanttoujours notre direction primitive, nous tombons dansune immense plaine, absolument dépourvue <strong>de</strong> végétationet d'e<strong>au</strong>, tout à fait infranchissable pour une caravane. Sij'avais ici dés gens du Hoggar, ils pourraient sans doutenous mener par Quelque chemin abordable, dans là montagne<strong>de</strong> bordure à l'ouest; mais mon envoyé <strong>au</strong>x Hoggarn'est pas revenu ; je fais séjour ici pour l'attendre, tout enprofitant du séjour pour explorer, en volte rapi<strong>de</strong>, à unesoixantaine <strong>de</strong> kilomètres en avant; et S'il ne revient pasd'ici à 4 jours, ce qui lui donne un délai raisonnable, jeprendrai par la montagne à l'est, suivant un chemin pluslong, mais connu <strong>de</strong>s gens que nous avons avec nous. Cesera bien encore une ligne qui n'a jamais été parcourue par<strong>au</strong>cun Européen, et l'exploration en tirera grand profit,Mais ce n'est pas l'exploration du Hoggar par le massif central,et je considère cela presque comme un échec, en raison<strong>de</strong> ce que j'avais espéré. Ce ne sera pas dû à l'hostilité <strong>de</strong>sgens, ni <strong>au</strong> m<strong>au</strong>vais vouloir do qui que ce soit; nous n'avonseu à nous plaindre <strong>de</strong> personne, nous n'avons pas soulevéla moindre hostilité, C'est ce chien <strong>de</strong> pays qui n'est pasabordable par le bout où nous voulions aller, Enfin peut-être


EXPLORATIONDU SAHARL 109notre envoyé arrivera-t-il et <strong>au</strong>rons-nous par lui le moyen<strong>de</strong> réparer cela.» Tout le mon<strong>de</strong> va bien dans la mission, quoique la fatiguesoit gran<strong>de</strong> ; mais nous supportons la fatigue. La températuremonte ; nous avons <strong>de</strong>s journées <strong>de</strong> 25 et 26 <strong>de</strong>grés<strong>de</strong> chaleur,; les nuits ne <strong>de</strong>scen<strong>de</strong>nt pas <strong>au</strong>-<strong>de</strong>ssous <strong>de</strong> 10 à12 <strong>de</strong>grés. Cela nous change <strong>de</strong> ces jours <strong>de</strong>rniers, où nousavons eu <strong>de</strong> la gelée blanche le matin. Nous sommes, pour lemoment,<strong>au</strong> pied d'une montagne <strong>de</strong> rochers énormes, avecune coupure dans laquelle coule un ruisse<strong>au</strong>, la premièree<strong>au</strong> vive que nous ayons rencontrée dans le Sahara t il y a<strong>de</strong>s poissons dans le ruisse<strong>au</strong> 1 II paraît qu'il y a un lac surla route par l'est 1.» Je suis très ennuyé du contretemps que nous éprouvonsen ce moment; mais en somme, ce n'est qu'un contretemps; nous trouverons peut-être un gui<strong>de</strong> qui ndus rabattrasur le centre du Hoggar et la lacune sera comblée avec undouble détour. En tout cas, nous aboutirons toujours àRhât, je l'espère, et le tracé du chemin <strong>de</strong> fer n'en sera pasmoins déterminable dans la plaine même qui nous barreici le passage; surtout si, comme tout le fait espérer, nousretrouvons l'<strong>au</strong>tre extrémité <strong>de</strong> cette m<strong>au</strong>dite plaine, aprèsavoir « zigzagué » dans la montagne... .Une double ligne d'explorationest une chance exceptionnelle, et il f<strong>au</strong>t se contenter<strong>de</strong> ce qui est possible.» Je pars <strong>de</strong>main matin en volte <strong>de</strong> quatre jours, avecles ingénieurs, pour reconnaître une soixantaine <strong>de</strong> kilomètres<strong>au</strong> sud et voir si, notre envoyé n'apparaît pas àl'horizon. Masson reste <strong>au</strong> camp à nous attendre; nousrentrerons dans quatre jours, et nous partirons tousensemble le len<strong>de</strong>main, »Cette lettre d'un caractère si net, d'une inspiration sifranche, nous montre bien la noble ar<strong>de</strong>ur qui animaitnotre courageux officier et ses amis. En la lisant, on voit1. Sans doute, le lac Isktiouon.


lî()EXPLORATIONDU SAHARA»î^Uô ni le& difficultés du voyage, ni là désolation <strong>de</strong> lacontrée, ne pouvaient donner accès dans leurs âmes à unepensée dé découragement., La vue <strong>de</strong> l'obstacle semble leuriftfcpireruh mouvement <strong>de</strong> colère; mais c'est tout; la soif désdécouvertes les soutient et les pousse en avant quand même'.Dahs sa lettre adressée d'Amguld<strong>au</strong> Ministre <strong>de</strong>s Trav<strong>au</strong>xpublics, Flatters exprime les mêmes sentiments, sous unefoi^me moins vive et eh y ajoutant* sur les directions dusïuV<strong>de</strong>s notions gêographiquèà d'un vif intérêt.« L'aridité dé ià plaine imméhse qui s'étend <strong>au</strong> sudd'AmgUid rend bien difficile, Sinon impossible, l'accès directdu masëifdu Djôbél Hbggài', situé <strong>au</strong> <strong>de</strong>là, et je pense quenous <strong>de</strong>vrons tourner par le Tasili à l'est, en suivant làli^hé <strong>de</strong>s iôàràvanes^ Ouéd Toummourt, TahOhaït> etci Je letfégréttefru; carëëla hoUS conduira vers les Azdjer et Rhât-,et il nous f<strong>au</strong>dra Vraisemblablement renoncer tout à fait àrëxplôMiblii à roUéàt, Mais c'est la nature même du paysqui nous Aura Valu ce mécompte, et il n'était pas possibledé lô pfévbii 1.» Datis toils les bas, le tracé <strong>de</strong> là Vole trànssaharienne queftbùs rèôhëréhOhs, n'en sera pas moins déterminé) mêmedatts lés parties que hoûs tt'àvohs pas pu parcourir* puisquel'ôbàtaôlé qiii HbU§force à hoUS détourner est la plaine <strong>de</strong>régi Uhiè ôt ârldè, où Ûh cHëhiin <strong>de</strong> fer peut toujours êtreétabli avec la plus gran<strong>de</strong> facilité* L'entrée du reg d'Amad*ghôr étdht déjà Reconnue ôt sdh extrémité stid <strong>de</strong>vant l'êtrebientôt par la rèèdhhâissartcô du changement <strong>de</strong> pente <strong>de</strong>soueds allant <strong>au</strong> Soudan, si là ligne dé faite est réellementpëUséhaiblë cbmm'ô tbut Jtôrtë Me ërôirô, là question èètrbûvèra résolue,» Quant <strong>au</strong> tracé <strong>au</strong> sud-ouest* étt coupant l'IghârgharfcoUÎr aller, tytf TimissâO, su* le ôbudë du Nl^r, lé reglaxiste, et uni, à h'ëhpàé douter* jusqu'à Tlh Akeli, près dôCh'eikh SAlàli. La, sont quelques #ottr Isolés et <strong>de</strong>s têtesd'oueds en pente <strong>au</strong> sud-ouest, dans l'Aheneti II restera la


EXPLORATIONDU SAHARA, 111question <strong>de</strong> là h<strong>au</strong>teur dé ce faite <strong>de</strong> l'Âhéhet;ïnàis lèscaravanes y passent sans dtfflculté, allant du reg <strong>de</strong> CheikhSalah <strong>au</strong> reg <strong>de</strong> Tahela Ohât et du Tarhit. Il ne peut doncy avoir grand doute à cet égard; »Les graves préoccupations qui agitaient à cet instant l'esprit<strong>de</strong> nos explorateurs <strong>de</strong>vaient bientôt faire place à l'espéranceet à une nouvelle foi dans le succès; les détails quiprécè<strong>de</strong>nt en ont donné une idée suffisante. Ce qui est certain,c'est qu'elles n'ont pas un instant ralenti leur ar<strong>de</strong>ub<strong>au</strong> travail.Les observations recueillies <strong>de</strong> Mesegguem à Amguid nouspermettent en effet <strong>de</strong> rétablir cette partie <strong>de</strong> l'itinéraire,d'après <strong>de</strong>s notions <strong>au</strong>ssi exactes que les précé<strong>de</strong>ntes, Ohles trouvera résumées ci-après* en ce qui concerne les ressourceset lès distances*D'une façon générale, dans Ce trajet du mois dé'janvieiyla caravane avait longé et traversé le plate<strong>au</strong> <strong>de</strong> Tinghert)pour se porter <strong>au</strong> pied <strong>de</strong> celui du Tasili. D'après les notésgéologiques <strong>de</strong> M. Roche, le premier appartient <strong>au</strong>x étagesturoniën etcénomanieh; on y rencontre quelques rarefcfossiléà et dés couches qui, <strong>au</strong> lieu d'être horizontales^sont quelquefois ondulées et inclinées. L'e<strong>au</strong> s'y trouvédans lès allùviôns <strong>de</strong>s oueds, Dans lé Djebel Iraouen, leschaînes <strong>de</strong> collines sont constituées par <strong>de</strong>s bancs <strong>de</strong> grèsdirigés,comme les vaïlées,du nord-sud àù nord 806est; celles-cisohtinclinées èh outre <strong>de</strong>5à lO<strong>de</strong>grés vers l'ouest, Gesgrôàsont généralement hoirs, durs et cassants. Dans le lit dél'Igharghar et du Gharis, M. l'ingénieur hoche a égalementconstaté <strong>de</strong> nombreux fragments <strong>de</strong> lavé roulés ; et plus loin>il nous indique les bords du Tasili où plate<strong>au</strong> <strong>de</strong>s Azdjer,comme formés par <strong>de</strong>S bancs <strong>de</strong> grès quartzeux, durs,parfois inclinés Vers l'est, mais le plus souvent horizont<strong>au</strong>x.Pour compléter ces indications, il f<strong>au</strong>t citer les observations<strong>de</strong> M, l'ingénieur Béringer, qui nous donnent leschiffrés ci-àprés t


.NATURE..,--"PARCOURS. VÉGÉTATION. EAU.onSOL.ta'....... m^^mmmmm ., . . j .... ...... 'Le7janvier 1881, Oued Haddja, Reg33kiLetsebkha. Abondante. I8_Oued elHadjadj, 30Ml.Reg etescarpements, silextaïllés- Abondante.M9—Oued elHadjadj, 20MI.Id. agglomérations <strong>de</strong>gourẠbondanteṖuitsX<strong>de</strong>2m,50 étroit, e<strong>au</strong>•3peu abondante, à18»,5.t*'O10—Séjour.»9-il— -3Oglat elHanûanṘeg, gour, silex etcalcaires. Suffisante. 3puits <strong>de</strong>2mètres. >*O5812—Tflmas elJFra, 20kiL RegpierreuxṬrès abondante. 2puits <strong>de</strong>2,50, unpeud'e<strong>au</strong> bonne à22°.13—Chabet Laroui. Reg, cailloux roulés.Assez abondante. a»>•14—Daïad'embouchnre <strong>de</strong>FOued Reg, cailloux roulés.Abondante, gibier, etc. »:>Iraouen, 28kQ.53>15—Oued Iraouen, 30kil. Reg, puis terrainsplatsetfaciles.Très abondante.16—Oued Adjelman Arguem, cas-Rochers etescarpements, regẠbondante.Bonne «<strong>au</strong>.ea<strong>de</strong>,32MI1T—Oued Igharghar, 26kiL Reg, kheneg àfranchir. Abondante.18-—Amguid, 26kiL Reg. AbondanteĖ<strong>au</strong> vive à19»,;;-poissons».. .. • " t ' .- . .. -• :: -- ;. '. :. . .-::


I' ij : i . I ; ICAMPEMENTS. LONG. E.IATET. NṪEMPERATURE.BAROMÈTRE. ALTITUDE. TEMPÉRATURE.OBSERVATj mm.mm.m.Oued Haddja............ . 2°20'28" +18.8728.1 couvert. Venfc<strong>de</strong>S.-E.Oued Hadjadj............ 2°30'28* +16.1717.9 ïd. —N.-N.-O.Hassi Hadjadj............HX2°35'28° +20 423.5 be<strong>au</strong>. —0.-5.-0.OgMelHamian.......... 2?30r27°50' +26.2722.2 couvert.*0o—sirocceS.-0. .5*T&nas elBFra........... 2»35' 27'»40f +23;7213 : be<strong>au</strong>. —dusud.gSaChabet Larouî............ 2°40V27» 3C +27.2725.0 ïd. —id.Daya Iraouen............. 2»45' 27*25' +28.9Oued Iraouen............ 2»4527°10r +28Oued Adjelman........... 2»4C26°50r +29.5wc3oa»>-.Oued Igharghar........... 2o50r 26° 4ff +27.5716°.5 be<strong>au</strong>. —S.-O.Amguid.................. 3» 2&>%f +29.8712°597* d'àbe<strong>au</strong>.—S.près Thyp-.' somètre.I -i.595 mètres d'après l'itinéraire..'"'.*•:


114 EXttiôBATlON;nu ^ÂMRÂ;D'Âmguid, le chef <strong>de</strong> la mission écrivit <strong>au</strong>ssi a tyri'ingé-inieur en chef Fournie, une lettre dans laquelle nous trouvonsles appréciations suivantes :«... L'Igharghar monte ici <strong>au</strong> sud.,... Lé reg s'étendindé?Uniment sans végétation et sans e<strong>au</strong>, par la plaine d'Amadghôrà Test, et par celle <strong>de</strong> Tinnakourat, àl'ouest, qui va <strong>au</strong><strong>de</strong>là <strong>de</strong> Chikh Sàlah. C'est inabordable pour une caravane,et il n'y <strong>au</strong>rait peut-être moyen <strong>de</strong> passer, qu'en ilongeantle Tifi<strong>de</strong>lt sur t<strong>de</strong>lôs.j» La volte par Timissao me paraît encore plus problôma*tique; mais la région <strong>de</strong>s cols <strong>de</strong> Chikh Salah n'existe pas;il y a là un reg immense, quelques gour isolés ; les tôlesd'e<strong>au</strong> Tarhit, Bahela, Obrat, etc., sont peu élevées dansl'Ahenet, et les caravanes y passent; il y a donc là <strong>de</strong>s pas*sages faciles,,. ^» Tout le mon<strong>de</strong> va bien; nous sommes tranquilles ducôté <strong>de</strong>s indigènes, Touareg et <strong>au</strong>tres, et rien n'indiqueque nous ayons quelque; chose à redouter <strong>de</strong> leurpart. Il y a assez longtemps que nous sommes dans leurpays, pour qu'ils aient pu essayer <strong>de</strong> nous jouer quelquetour, vol <strong>de</strong> chame<strong>au</strong>x ou <strong>au</strong>tre chose, s'ils nous étaienthostiles; et rien <strong>de</strong> tout cela n'a eu lieu. Ahitaghen s'absvtiendra peut-être, circonvenu par les gens d'Insalah, aveclesquels il a passé quelque temps <strong>de</strong>rnièrement; mais ensomme, il paraît s'en tenir à la parole donnée <strong>de</strong> ne pass'opposer à notre passage sur son territoire, puisque noussommes chez lui <strong>de</strong>puis environ 10 jours, Il est vrai quej'aimerais mieux le voir me donner signé <strong>de</strong> vie, avecCheikh Boudjema, que je lui ai envoyé,,,^ ».


ixrLOlRATIONDU SAHARA, v 115'"''/:\ y-[\':^^D'AMOUIDA INRHBLMANTIKHSINReconnaissancedans le sud d'Amguid, — Plate<strong>au</strong> <strong>de</strong> Tasili.-~ Routesdusud-oUost.—OuedTedjert.—Igïiellachem.—Retour<strong>de</strong>CheikhBoudjema.-*Bonnesnouvelles d'Ahitaghenet du sud. — Région <strong>de</strong> l'%uéré. —Puits doTikhsin Tilmas. — Arrivéeà InrhelmattTikhsin.— Dernièreslettres <strong>de</strong>s explorateurs'. — Observations.—NotegéologiquedoM.Roche,— Fin do l'exploration. — Massacre<strong>de</strong> la mission. —Conclusion;Il nous f<strong>au</strong>t abor<strong>de</strong>r maintenant le récit <strong>de</strong> la <strong>de</strong>rnièreétape <strong>de</strong> nos infortunés voyageurs.A Amguid, nous les voyons <strong>au</strong>x prises avec l'anxiété etl'incertitu<strong>de</strong>. Le lieutenant-colonel semble s'irriter <strong>de</strong>s obstaclesque la nature et les hommes peut-ôtrecommencent àlui susciter ; la pensée qu'il ne pourra remplir le programme<strong>de</strong> sa mission <strong>de</strong>vient pour lui un sujet .d'inquiétu<strong>de</strong>,Mais toujours résolu, il se déci<strong>de</strong> à se lancer enéclaireur, avec les ingénieurs, sans gui<strong>de</strong>s, vers ce sudinconnu qu'il lui tar<strong>de</strong> <strong>de</strong> franchir.Il part le 20 janvieravec MM. Béringer et Roche, emmenantle maréchal <strong>de</strong>s logis Pobéguin avec 6 hommes, et poussedroit <strong>au</strong> sud; lo capitaine Masson reste <strong>au</strong> camp, à Amguid,avec le reste <strong>de</strong> la caravane.Il longe d'abord le plate<strong>au</strong> <strong>de</strong> Tasili, qu'il laisse à g<strong>au</strong>cheet dont il trouve rextrémitô à 20 kilomètres d'Amguid,sous la forme <strong>de</strong> trois caps élevés <strong>de</strong> 7 à 800 mètres; il loyoit alors se prolonger vers le sud-sud-ést, en une chaîne doh<strong>au</strong>tes roches granitiques déchiquetées, et aperçoit à l'horizon,à une distance dé 120 kilomètres environ, le montOadan, <strong>au</strong>quel il <strong>de</strong>vait attribuer plus tard, dans une lettreà M, <strong>de</strong> Lépinay^une altitu<strong>de</strong> <strong>de</strong> Î500 mètres <strong>au</strong>-<strong>de</strong>ssus <strong>de</strong>la plaine d'Igharghar et <strong>de</strong> 2000 mètres <strong>au</strong>-<strong>de</strong>ssus dunive<strong>au</strong> <strong>de</strong> la mer.Les indications géographiques que le journal <strong>de</strong> routerenferme sur cette partie <strong>de</strong> l'exploration sont trop cou*


116 EXPLORATIONDU SAHARA.<strong>de</strong>nséespour pouvoir être résumées. Les voici en entier *: Ces trois oueds forment les princip<strong>au</strong>x passages <strong>de</strong>TAhenet, vers le pays <strong>de</strong> Timissao et du Tanezrouft, <strong>au</strong><strong>de</strong>là du massif du Hoggar, L'Atakor finissant en cap élevépar le Taourirt, et le Taourirt se prolongéant à l'ouest-nordouestpar la chaîne plus basse <strong>de</strong> l'Ahenet, ces passagessont faciles et forment comme <strong>de</strong>s coupures <strong>de</strong> reg dansl'Ahenet. Cependant celui <strong>de</strong> TAberzoug, le plus <strong>au</strong> sud,longeant presque le pied du Taourirt, est un couloir assezpierreux, d'environ 15 kilomètres <strong>de</strong> longueur, Celui <strong>de</strong>l'tiucd A<strong>de</strong>lès est be<strong>au</strong>coup plus large et à terrain moinspierreux, en reg ; celui <strong>de</strong> l'Ouéd Tirhedjert est semblableh l'Oued Adôlès, mais sensiblement plus <strong>au</strong> nord en donnanten plein reg du Tanezrouft. »Lo len<strong>de</strong>main, les voyageurs arrivèrent <strong>au</strong> débouché <strong>de</strong>la principale branche <strong>de</strong> l'Oued Tedjert, oit se trouvait Unghedir considérable plein d'e<strong>au</strong>. « C'est ici, dit lé chef déla mission, qu'il f<strong>au</strong>t placer Ighellacheh, c'est-à-dire un <strong>de</strong>sàguellach ou élargissement d'oued avec Végétation, qui setrouvent en nombre considérable <strong>de</strong> ce côté, sans que riendé remarquable les distingue à première vue. » Le pointqu'indique ainsi lô lieutenant-colonel se trouverait à environ00 kilomètres <strong>au</strong> sud d'Amguidi\. Lolleutennht-Colonclélaitalor8i\20kilomètresenviron<strong>au</strong> sudd'Amguid*2 Lemot tireg « doit ô'troṗris ici dans le sens <strong>de</strong> plaine do sable.


EXPLORATIONDU SAHARA,v 117Le len<strong>de</strong>main 22, on marche directement <strong>au</strong> sud-ouestsur le Kamfousa,àlO kilomètres duquel on compte s'arrêter.« D'ici, écrit le lieutenant-colonel Flatters, à 15 kilomètresd'Ighellachen, on voit parfaitement la vaste entréeplate et unie du reg, rive droite <strong>de</strong> Tlgharghar, qui donneaccès dans la plaine d'Amadghôr; le mont Oudan à l'ouest;l'Eguérê ou prolongation rocheuse du Tasili, rive g<strong>au</strong>che<strong>de</strong> l'Oued Tedjert, à l'est; <strong>au</strong> sud-ouest le reg vers Tinnakourat;<strong>au</strong> nord, à environ 50 kilomètres, Je Mouydir,continuant l'Iraouen et allant <strong>au</strong> sud-ouest; le débouché <strong>de</strong>l'Oued Gharis, venant <strong>de</strong> près <strong>de</strong> Khangat el Hdid, après uncours d'environ 60 kilomètres, tomber par une large ouverturedu coudiat dans la plaine, pour aller à l'est, verâKheneg, à l'Igharghar.» Une <strong>au</strong>tre tête <strong>de</strong> l'Oued Gharis, dite Elaghen el Ouat,vient du sud-ouest en <strong>de</strong>çà du Mouydir. Toute cette partie<strong>de</strong> la carte par renseignements <strong>de</strong> M, Duveyrier est à modifier,particulièrement <strong>au</strong> point <strong>de</strong> vue <strong>de</strong>s distances relativeset <strong>de</strong> certaines orientations; mais la concordance <strong>de</strong>s renseignementsavec l'observation est toujours extrêmementremarquable, tant pour l'ensemble, quo pour les détails. »Ce jour-dà» le 22 janvier, en revenant à son camp d'Ighellachen,le chef <strong>de</strong> là mission eut l'agréable surprise <strong>de</strong> voirarriver son émissaire Cheikh Boudjema, accompagné d'unTargui nommé Si Mohamed; Ils venaient d'Amguid, d'oùle capitaine Masson les avait dirigés sur Ighellacliem.Cheikh Boudjema apporiait une lettre d'Ahitaghen quiinformait lo lieutenant-colonel, qu'étant en route, <strong>au</strong> retourd'Insalah» pour regagner ses campements, il no pourraitpeut-être pas le voir, mais que lui ayant promis sonpassage à travers son pays pour aller <strong>au</strong> Soudan, il tenaitparole et lui envoyait <strong>de</strong>s gui<strong>de</strong>s, Son be<strong>au</strong>-frère, le vieuxChikkat ben Hanfou, <strong>de</strong>s Oulad Messaoud, père d'Altissi, lesuccesseur désigné d'Ahitaghen, s'était arrêté à un campementdo l'Oued Gharis, à 70 kilomètres environ, pour


lié:EXPLORATIONDU SAHARÀVattendre que Cheikh Boudjema eût Retrouvé la mission.C'était Une heureuse nouvelle qui remplit Flatters <strong>de</strong>joie et le dédommagea amplement, ainsi que ses compagnons,dé leurs récentes inquiétu<strong>de</strong>s ; elle justifiait, on effet,ses prévisions et couronnait ses efforts, Du reste, ce n'étaitpas la Seule. D'après lés guidés, grâce à <strong>de</strong> récentes pluies,la plaine d'Amadghôr n'était pas <strong>au</strong>ssi dépourvue <strong>de</strong> pâturagesqu'on le supposait ; on trouvait <strong>de</strong> l'e<strong>au</strong>, soit àdroite,soit à g<strong>au</strong>che <strong>de</strong> la sebkha et <strong>au</strong> <strong>de</strong>là ; on pouvait d'ailleursla tourner par l'Oued Tedjert et l'Ëguéré, pour trouver unebonne routé <strong>de</strong> caravane* De plus, lés gui<strong>de</strong>s connaissaientAssiou et le Soudan et se chargeaient d'y conduire la missiondirectement;Aussitôt le parti du lieutenant - colonel fut pris. Ilenvoya un homme à Chikkat et un <strong>au</strong>lre <strong>au</strong> capitaine MaSson,avec ordre d'amener la caravane à Ighellachem, où ilresta avec les ingénieurs jusqu'<strong>au</strong> 26 janvier/Une lettre <strong>de</strong> M. l'Ingénieur BéHngér écrite d'Ighellachèn àM, l'ingénieur en chef Fournie, nous peint fidèlement lesimpressions qui agitèrent à cette époque nos explorateurs,« Ghodirdo la dunoj 24janvier 1881,» Nous campons par 26» 0'45" <strong>de</strong> latitu<strong>de</strong> et environ 3 <strong>de</strong>grés<strong>de</strong> longitu<strong>de</strong>, dans l'immense plaine <strong>de</strong>s Oued Ighargharet Tedjert. Depuis plusieurs jours l'aspect du pays achangé; nous sommes dans les granits et dans les basaltesqui forment la queue du Tasili et <strong>de</strong> llftesen. Dans le lointainse découpé la silhouette du mont Oudàm A droite et àg<strong>au</strong>che, lé reg à perte <strong>de</strong> vue,» La situation était fortement tendue ii y a peu <strong>de</strong> jours.Nouséliohs à Amguid, dans le môme dévohien età la mômelatitu<strong>de</strong> qu'à Mohgkhoùgh ; et, comme à Mengkhoùgh,on agitait la question d'un retour, avec cette nuance qu'<strong>au</strong>printemps <strong>de</strong>rnier, nous avions trop d'indigènes sur le doset qu'en ce moment, ils nous faisaient absolument déf<strong>au</strong>t.


EXPLORATIONDU SAHARA. 119» Il n'y avait qu'à attendre la réponse d'Ahitaghen. C'est


120 EXPLORATIONDU SAHARAipôrait bien d'ailleurs calmer ces défiances <strong>au</strong>coursdu voyage.Il renvoya les ifoghas qui l'avaient accompagné <strong>de</strong>puisl'Algérie et qui avaient compté le conduire vers lkbenoukhen;à son avis, il était pru<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> ménager toujoursles excellentes dispositions du chef <strong>de</strong>s Azdjer, afin d'assurernotre influence chez les Touareg du nord et <strong>de</strong> préparerles voies pour pénétrer chez ceux du sud. En conséquence,il lui envoya un ca<strong>de</strong><strong>au</strong>, en lui faisant espérer plus tard savisite,Le 26 janvier, il quitta son camp avec ses nouve<strong>au</strong>x gui<strong>de</strong>s,et s'avança d'abord à travers l'Eguérô, par l'Oued Tedjert,entre d'énormes roches <strong>de</strong>5 à 600 mètres <strong>de</strong> h<strong>au</strong>t; il atteignitle môme jour le pied du Boughe<strong>de</strong>gh et décrit ainsi, lelen<strong>de</strong>main, le pays où il se trouve, dans l'Eguôré.«A notre droite, dit-il, <strong>de</strong> h<strong>au</strong>tes roches bor<strong>de</strong>nt l'Eguéréà l'ouest et forment la chaîne que nous avons vue <strong>de</strong> l'<strong>au</strong>trecoté, par l'Igharghar. Le Tasili va à Pêst-sud-esl. L'OuedTihoudai, qui vient <strong>de</strong> Todidié, forme dépression mêlée <strong>de</strong>gour déchiquetés et <strong>de</strong> dunes <strong>au</strong> pied du Tasili et doit êtreconsidéré comme une <strong>de</strong>s têtes <strong>de</strong> l'Oued Tedjert. L'<strong>au</strong>tretête, l'Oued Tedjert proprement dit, tourne <strong>au</strong> sud-est pouraller plus h<strong>au</strong>t, par le sud et le sud-ouest, aboutir à Amadghôren passant <strong>de</strong>rrière les h<strong>au</strong>tes roches du Tinbelghen que.nous avons <strong>de</strong>vant nous, et en.<strong>de</strong>çà <strong>de</strong>squelles court un affluentimportant, l'Oued Alouhad, que nous <strong>de</strong>vons suivre.»Dans la même journée, la caravane aperçut le pic <strong>de</strong> Ta*hohaït, puis le coudiat dit Chah et le pip <strong>de</strong> Toufrigh quiavait, à distance, les contours <strong>de</strong> rOudah,-A <strong>de</strong>ux heures^ oncampait dans un affluent du Tedjert, l'oued Âhadjéri, qu'ondut remonter le 28, pour gagner <strong>de</strong> nouve<strong>au</strong> Touéd Tedjertet le suivre vers le sud, dans un pays où les gour offraientà l'oeil du voyageur, <strong>de</strong>s amas <strong>de</strong> basalte et <strong>de</strong> laves, produitsd'éruptions volcaniques qu'on rencontrait h chaque pas.^On parvint ainsi <strong>au</strong> puits <strong>de</strong> Tikhsin Tilmas, où affluentplusieurs ravins, entre <strong>au</strong>tres le Mereggala ; on remonta en •


EXPLORATIONDU SAHARA. 121suite <strong>de</strong> nouve<strong>au</strong> l'Oued Alouhai, et l'on vint camper le 20janvier <strong>au</strong> lieu dit Inzelman « e<strong>au</strong> sous le sable «Tikhsin,a Nous sommes ici, dit lo journal <strong>de</strong> route, <strong>au</strong> sud <strong>de</strong> l'Eguéré,près du débouché do TOued Tedjert, dans la plained'Amadghôr, C'est le chemin <strong>de</strong>s caravanes, et il est assez facile.Ceux <strong>de</strong> l'Ahenet pour aller <strong>au</strong> sud-ouest par l'OuedA<strong>de</strong>lès à Salah et Timissao, ou par l'Oued Aberzoug ou Tarhlt,sont un peu plus difficiles, d'après ce que disent les gens quiles ont vus,,. 11est certain qu'il n'y a <strong>au</strong>cune comparaison àétablir aveo l'entrée <strong>de</strong> l'Amadghôr, par le reg plat et uni <strong>de</strong>l'Igharghar et <strong>de</strong> sa rive <strong>au</strong> <strong>de</strong>là <strong>de</strong> la chaîne du Toufrighque nous avons ici à notre droite. »Du camp d'Inrhelman Tikhsin, le chef <strong>de</strong> la mission putadresseren France, par <strong>de</strong>s cavaliers d'Ouarglà qui l'avaientrejoint à Amguid et qu'il avait emmenés avec lui, les <strong>de</strong>rniersdocuments concernant sa mission. « J'ai pu me mettreen route, écrit-il alors <strong>au</strong> Ministre <strong>de</strong>s Trav<strong>au</strong>x publics,sans me détourner, en continuant à remonter l'Igharghav,pour aller passer par la Sebkha d'Amadghôr et aboutir directementà Asiou. Je compte atteindre ce <strong>de</strong>rnier pointdans vingt-cinq jours, s<strong>au</strong>f inci<strong>de</strong>nt,A la même date, il écrit à M, l'ingénieur en chef Fournie:...''..« Mon cher directeur,» Mon envoyé est revenu avec <strong>de</strong>s gui<strong>de</strong>s et un laissezpasserd'Ahitaghen, sur la ligne directe du Soudan; le 22,nous avons pu prendre <strong>au</strong> droitsud, sur Amadghôr et Asiou.C',est, s<strong>au</strong>f inci<strong>de</strong>nt ultérieur, la réalisation du programme<strong>de</strong> l'exploration <strong>de</strong> M. le Ministre et <strong>de</strong> la Commission.» Je ci ois que nous tenons un succès. Il ne me paraîtguère douteux que nous arrivions à Asiou et <strong>de</strong> là je ne désespèrepas d'aller <strong>au</strong> Haousa. Mais il ne f<strong>au</strong>t pas se dissimulerque si nous franchissons le Hoggar, si nous y sommesbien reçus, le moment ne paraît pas encore venu <strong>de</strong> faire<strong>au</strong>tre chose que <strong>de</strong> passer, sans s'arrêtera circulera droite


1221 EXPLORATIONDU SAHARA.et à g<strong>au</strong>che. Il y a <strong>de</strong>s défiances sur nos intentions ultérieures;on comprend que nous allions <strong>au</strong> Soudan; on sedéfie <strong>de</strong> l'enthousiasme <strong>de</strong>s Azdjer à nous accueillir et onnous ouvre le chemin, mais on ne nous invite pas à nousarrêter, Ahitaghen n'avait pas promis et ne pouvait paspromettre <strong>au</strong>tre chose, Il tient sa promesse; o'est tout cequ'on peut lui <strong>de</strong>man<strong>de</strong>r. Il en sera probablement do mômeplus loin, si on nous accueille bien ; et nous pourrions, d'Asiouà Agadôs, être obligés <strong>de</strong> suivre la route <strong>de</strong> Barth. Cesera dommage, puisque jusqu'ici nous avons suivi une ligneque jamais Européen n'a suivie; mais on fait ce qu'on peut,surtout en exploration scientifique. »On voit que dans Tàrne <strong>de</strong> nos explorateurs, l'inquiétu<strong>de</strong>a fait place à la joie, à la fierté qu'inspire le <strong>de</strong>voir accompli,<strong>au</strong> bonheur d'avoir à peu près atteint le but indiqué etenfin à une nouvelle foi dans le succès.« C'est un important résultat que celui que nous avonsobtenu, écrit lo colonel à madame Flatters ; plus dé 1200kilomètres parcourus <strong>de</strong>puis Ouarglà, dans un pays quejamais pied européen n'a foulé; passage chez les Touareget voyage en plein pays <strong>de</strong>s Touareg Hoggar, que jamais onn'avait pu abor<strong>de</strong>r jusqu'ici. A Asiou, nous serons <strong>au</strong> 21° <strong>de</strong>gré<strong>de</strong> latitu<strong>de</strong>, les Touareg Hoggar franchis complètementetlesKel Owi <strong>de</strong> l'Azben ou Soudan septentrional, entamés.Si les choses continuent à aller bien, nous irons à la merpar Sokoto et l'embouohure du Niger. Si les affaires se gâtent,nous reviendrons par Rhat et nos amis les Azdjer, et même,dans ce <strong>de</strong>rnier cas, on pourraitdire que nous avons obtenuun très important résultat.. Les instructions primitivesdonnées à la mission par M, <strong>de</strong> Freycinet n'allaient pas siloin, et nous les <strong>au</strong>rions remplies à la lettre, sans aller mêmejusqu'à Asiou. Nous sommes à 80 kilomètres du point extrêmequ'elles marquaient; nous y serons dans trois jours. »>Sa lettre 1 à M. Duveyrier, publiée dans le Bulletin* <strong>de</strong> la1, Voy.lo Bulletin <strong>de</strong> mars1881,page 255.


EXPLORATIONDU SAHARA, 123Société <strong>de</strong> Géographie, exprimait les mômes pensées, en yajoutant un rapi<strong>de</strong> résumé du chemin parcouru.On possè<strong>de</strong> encore, outre les documents officiels, unelettre <strong>de</strong> M. l'ingénieur Béringer à M, H, Duveyrier, quin'ajoute rien à ce qui précè<strong>de</strong> et que lo Bulletin 1 a publiée;puis une lettre fort courte du lieutenant-colonel àM. l'amiral <strong>de</strong> La Roneière, et enfin uno dépêche à peu prèsofficielle et d'une forme plus technique qu'il adressa àM. do Lépinay, secrétaire <strong>de</strong> la commission supérieure.Celle-ci nous fournit enoore quelques indications géographiques.« C'est un résultat important que d'avoir remonté l'OuedMia, exploré l'Oudje ouest et le Hamada par Mesegguem,pour rejoindre l'Igharghar à Amguid, voir l'Eguérô, Aghellachen,le reg plat et uni jusqu'à Cheikh Salah, et recueilli<strong>de</strong>s renseignements certains sur le passage <strong>de</strong>s caravanes,par la ligne <strong>de</strong> faîte à peine sensible <strong>de</strong> l'Ahenet, et lacontre-pente sur In Amedjel, à la pointe du Taourirt et<strong>au</strong> <strong>de</strong>là sur le reg <strong>de</strong> Timassao qui touche <strong>au</strong> Tanezrouft,L'Ahenet est une chaîne coupée et relativement très bassequi va àl'ouest-nord'Ouest.Il y a <strong>de</strong>s passages en reg presqueplat. Le massif proprement dit <strong>de</strong> l'Atakhor s'arrête en cap àpic <strong>au</strong> Taourirt 9; <strong>au</strong> pied du Taourirt passe l'Oued Tarhitqui va à Timassao, venant <strong>de</strong> près <strong>de</strong> Cheikh Salah, où ilne se trouve que trois gour isolés <strong>au</strong> milieu du reg; d'<strong>au</strong>tresgour également isolés et très espacés, visibles d'Aghelachenou du moins <strong>de</strong> l'Éguérô (car Aghellachen n'est, pas^un point fixe), relient le Djebel Oudan <strong>au</strong>x gour <strong>de</strong> CheikhSalah, ou plutôt <strong>de</strong> Tin Aheli ou <strong>de</strong> Tinnakourat. »Plus loin, revenant sur l'Igharghar :« La plaine <strong>de</strong> l'Igharghar se continue indéfiniment, dumoins à ce que nous avons vu jusqu'ici, à h<strong>au</strong>teur <strong>de</strong>Oudan, par le 25fl <strong>de</strong>gré <strong>de</strong> latitu<strong>de</strong>, le massif central dui. Voirle Bulletin do mars 1881»p. 250.2. Tareienetz<strong>de</strong> la carte <strong>de</strong> M.Duveyrier.


*9~NATDREPARCOURS.SUSOL.VÉGÉTATION. EAU.20janvier 1881, Azurarhen 30kiLReg, dunes etescarpements Abondante.Lacaravane reste àAmguid. très élevés.M X•S21— t- Ighellachen, 30kil. Laca- Reg, dunes etescarpements Abondante.(kand ghedir plein d'e<strong>au</strong>, ©'ravane reste àAmguidṭrès élevés. ] 53>•22, 23—Séjour. 24—Lacaravane arrive àIgheRachen etyséjourne le25.O5526— Agzel, 30Kl.Reg etroches escarpées. IE<strong>au</strong>f27 — Ahadjéri, 32kfl.Terrain difficile etraviné, reg.Végétation suffisante, gomsurleHamada. mïers.»28—Tikhsin, Tilmas, 32IdLReg, laves etbasaltes, ravins AbondanteẸ<strong>au</strong>.nombreux.sa->29— Inrelman, Tikhsin, 8kiLReg, laves etbasaltes, ravins Végétation assez maigre. E<strong>au</strong> abondante à0*^0 <strong>de</strong>-..• nombreux. profon<strong>de</strong>ur, età20*.


EXPLORATIONDU SAHARA. 125Hoggar, Tifi<strong>de</strong>st et Atakhor courant sud, à droite, le Tasilitrès loin allant à l'est à notre g<strong>au</strong>ohe. »Au milieu <strong>de</strong>s péripéties <strong>de</strong>s <strong>de</strong>rnières journées, le travail<strong>de</strong>s observations scientifiques n'avait pas chômé, et lesrésultats obtenus peuvent se résumer comme il suit ;Une note géologique <strong>de</strong> M. Roche complète avantageusementces indications sommaires.« Un peu <strong>au</strong> sud d'Amguid, dit cet ingénieur, la vallée<strong>de</strong> l'Igharghar se développe sur une largeur d'<strong>au</strong> moins50 kilomètres. C'est une vaste plaine <strong>de</strong> reg (gravier quartzeux)sous lequel apparaît quelquefois un calcaire gréseuxquaternaire ou peut-être môme post-quaternaire. »Il signale les escarpements du Tasili, comme appartenantà l'étage dévonien et atteignant, à 20 kilomètres <strong>au</strong> sudd'Amguid, une altitu<strong>de</strong> <strong>de</strong> 7 à 800 mètres, Les escarpementsdu plate<strong>au</strong> <strong>de</strong> Mouydir doivent être également classésdans les terrains dévoilions. >Quant <strong>au</strong> plate<strong>au</strong> <strong>de</strong> l'Éguérê, « cette région, nous dit-il,est formée par une série <strong>de</strong> massifs ou plutôt <strong>de</strong> chaînes, <strong>de</strong>montagnes, ayant jusqu'à 500 mètres <strong>de</strong> h<strong>au</strong>teur, séparéespar <strong>de</strong>s vallées souvent assez larges, dirigées environ nordsud.Des oueds importants les sillonnent, passant Quelquefois<strong>de</strong> l'une à l'<strong>au</strong>tre, entre <strong>de</strong>s gorges étroites. Ainsi l'ouedprincipal, l'Oued Tedjert, après un développement considérabledans une large vallée nord-sud, vient déboucherpar une vallée étroite à travers le <strong>de</strong>rnier massif, dans laplaine <strong>de</strong> l'Igharghar, à 45 kilomètres environ <strong>au</strong> sudd'Amguid. »Toute cette région est constituée par du gneiss, aveo <strong>de</strong>s, bancs <strong>de</strong> quartz et <strong>de</strong> calcaire intercalés; les directions <strong>de</strong>scouches sont très variées,«Le fond <strong>de</strong> la vallée <strong>de</strong> l'Oued Alouhai, affluent<strong>de</strong>l'Oued Tedjert, dit-il plus loin, est occupé sur une longueur<strong>de</strong> 20 kilomètres et sur une largeur moyenne <strong>de</strong> 1à 2 kilomètres par une couche <strong>de</strong> basalte <strong>de</strong> 5 à 10 mètres


126 EXPLORATIONDU SAHARA,d'épaisseur; il paraît en être <strong>de</strong> môme <strong>de</strong> certaines valléesvoisines, Les oueds se sont creusé leurs lits à travers cettecouche <strong>de</strong> basalte. En quelques points sur les escarpements<strong>de</strong> l'oued, le basalte se présente en colonnes prismatiques,ayant parfois la forme pentagonale...,, La position <strong>de</strong> cescouohes <strong>de</strong> basalte dans le fond dès vallées, montre clairementque l'éruption basaltique a eu lieu à une époque oùle Sahara possédait déjà son système orographique et hydrographiqueactuel» Ces coulées <strong>de</strong> basalte proviennentnaturellement <strong>de</strong> points situés plus <strong>au</strong> sud ; peut-être<strong>au</strong>rons-nous l'occasion <strong>de</strong> les voir, »Quant <strong>au</strong>x observations astronomiques, barométriques etmétéorologiques, nous n'en possédons les résultats que jusqu'<strong>au</strong>23 janvier, à1 heures du matin, c'est-à-dire jusqu'<strong>au</strong>départ d'Amguid.Nous savons seulement par les correspondances déjàcitées, que M, l'ingénieur Béringer place Ighellachen, leghedir <strong>de</strong> la dune, comme il l'appelle, par 26° 0' 45" <strong>de</strong> latitu<strong>de</strong>nord et environ 3 <strong>de</strong>grés <strong>de</strong> latitu<strong>de</strong> est, D'<strong>au</strong>tr epart, lepost-scriptum <strong>de</strong> sa lettre du 29 janvier à M. H, Duveyriernous donne la position d'Inzhelman Tikhsin, par 25° 35f dolatitu<strong>de</strong> nord et 3° 30' <strong>de</strong> longitu<strong>de</strong> est, à trois journées <strong>de</strong>marche <strong>de</strong> la sebkha d'Amadghôr.A partir du jour où les documents qui viennent d'êtrerésumés parvinrent en France, le silence se fait sur la missionFlatters; ceux qui la suivaient <strong>de</strong> loin dans /son périlleuxvoyage,formant <strong>de</strong>s voeux pour son succès, étaientconfiants dans un heureux résultat; tout semblait marohérà souhait, et l'on pouvait déjà songer <strong>au</strong>x ùonséquencesavantageuses qu'entraînerait leur arrivée dans je Soudan,quand toutà coup, le2 avril, lé bruit <strong>de</strong> leur massacre serépandit dans le public. Vingt malheureux survivants <strong>de</strong>l'expédition, parvenus à Ouarglà à travers mille périls, yapportaient la fatale nouvelle qui fut <strong>au</strong>ssitôt transmiseAParis. :


EXPLORATIONDU SAHARA.Nous ne reviendrons pas sur l'émotion qu'elle produisit,ni sur le retentissement qu'elle eut en France et à l'étranger.Notre collègue M, H, Duveyrier nous a raconte en termestouchants, dans la séance du 22 avril, les péripéties du drameterrible dans lequel le lieutenant-colonel Flatters et tes princip<strong>au</strong>xmembres <strong>de</strong> l'exploration ont trouvé la mort. Nousles voyons victimes <strong>de</strong> la rapaoitô <strong>de</strong>s Touareg.et <strong>de</strong> la trahi*son <strong>de</strong>oes mêmes gui<strong>de</strong>s qu'Ahitaghen leur avait envoyés,périr les armes à la main, vers le 10 février, à 7 ou 8 jours<strong>de</strong> marche sans doute <strong>au</strong> nord du pays d'Aïr, dans un ravinperdu du Tin-Tarabin. rA ce moment, <strong>de</strong>s 92 hommes qui formaient la caravane,il n'en reste plus que 63; 29 ont péri dans la surprise <strong>de</strong> lapremière attaque. Ceux qui restent, guidés par un jeune etvaillant officier M, le lieutenant <strong>de</strong> Dianous, qui prend surle-champsa décision, se mettent en retraite sur Ouarglà,poursuivis par leurs assassins, Les survivants les signalentvers le 10 mars à Amguid, livrant un nouve<strong>au</strong> combat quicoûte la vie <strong>au</strong> lieutenant <strong>de</strong> Dianous, tandis que M, l'ingénieurSantin mourait empoisonné.:Enfin quatre hommes décidés, partis les premiers pourchercher du secours, peuvent atteindre Ouargl^ le 28 mars,où les rejoignirent plus tard seize <strong>de</strong> leurs compagnons.Les renseignements qui nous sont parvenus <strong>de</strong> Médéah,d'Ouarglà et <strong>de</strong> Tripoli, sur cette épouvantable catastrophe,ne nous ont malheureusement laissé <strong>au</strong>cun doute sur saréalité. Cependant les récits qui nous ont été faits, ontencore <strong>de</strong>s points obscurs ; il restera à les éclaircir, A quoif<strong>au</strong>t-il attribuer cette trahison? Quels sont les <strong>au</strong>teurs <strong>de</strong>ce crime abominable? Quelles en sont les véritables c<strong>au</strong>ses?C'est ce que nous s<strong>au</strong>rons plus tard. Le <strong>de</strong>rnier mot n'estpas dit sur ce meurtre, et la vérité se fera certainementjour. ; ;'•,Le Gouvernement, du reste, n?a pas perdu un instant pourfaire l'enquête nécessaire, et pour se mettre en mesure <strong>de</strong>W


128 EXPLORATIONDU SAHARA.prouver, même <strong>au</strong>x s<strong>au</strong>vages habitants <strong>de</strong> ces contrées loin*laines, que h France sait, à l'occasion, récompenser etpunir. Il nous f<strong>au</strong>t donc attendre qu'on ait pu rapprocher,<strong>de</strong>s in<strong>format</strong>ions recueillies <strong>au</strong> cours d'une expédition conduitepar l'agha <strong>de</strong> Ouarglà, les renseignements qui sontréunis par les soins <strong>de</strong> M. le commandant supérieur <strong>de</strong> Laghouat,<strong>de</strong> notre consul général à Tripoli et <strong>de</strong> M. le généralcommandant la subdivision <strong>de</strong> Médéah, Mais ici, notre <strong>de</strong>voirest tout <strong>au</strong>tre ; il consiste à montrer les importants résultats,on pourrait presque dire les découvertes que la secon<strong>de</strong>exploration du colonel Flatters assure dès à présent <strong>au</strong>xsciences géographiques. Nous les avons exposés dans lespages qui précè<strong>de</strong>nt; il nous reste aies résumer brièvement,Reconnaissance <strong>de</strong> la vallée <strong>de</strong> l'Oued Mia, <strong>de</strong> ses affluents<strong>de</strong> droite et <strong>de</strong> la route <strong>de</strong>s Caravanes entre Ouarglà et Insalah,jusqu'<strong>au</strong> plate<strong>au</strong> <strong>de</strong> Ta<strong>de</strong>maït, constatation <strong>de</strong>s difficultésqu'offre cette direction pour l'établissement d'un chemin<strong>de</strong> fer; exploration du plate<strong>au</strong> <strong>de</strong> Ta<strong>de</strong>maït et d'unepartie <strong>de</strong> la route d'Insalah à Ghadamès; reconnaissance<strong>de</strong> la vallée du h<strong>au</strong>t Igharghar et <strong>de</strong> ses affluents, d'Amguid<strong>au</strong> <strong>de</strong>là <strong>de</strong> la sebkha d'Amadghôr; exploration <strong>de</strong>s plate<strong>au</strong>xriverains <strong>de</strong> Tasili, <strong>de</strong>l'Iraouen, du Mouydir et d'Eguéré,reconnaissance par renseignements <strong>de</strong> TOued Botha ou Akarabajusqu'<strong>au</strong>x abords du plate<strong>au</strong> <strong>de</strong> Tanezrouft, et <strong>de</strong>sroutes qui conduisent du h<strong>au</strong>t Igharghar vers Cheikh Salahet Timissao ; établissement d'une carte à W^Q,1<strong>de</strong> tous lespays traversés, s'étendant par renseignements précis et contrôléssur les contrées voisines à l'est etàl'ouestetdéveloppantiiosconnaissances géographiques du 32°<strong>de</strong>gré <strong>de</strong> latitu<strong>de</strong>nord <strong>au</strong>x abords du 24°. Enfin notions géologiques, hydrologiques,zoologiques, botaniques,,etc., <strong>de</strong>s contrées parcouruesJtelle est la riche moisson que récoltera la soience,Au point <strong>de</strong> vue politique, il est difficile d'apprécier lesrésultats pratiques <strong>de</strong> l'exploration avant <strong>de</strong> connaîtreexactement les circonstances qui ont amené le massacre


EXPLORATIONDU SAHARA. 129<strong>de</strong> la mission, et sur les mobiles qui ont fait agir ses meurtriers,Mais les renseignements qu'elle nous a laissés surles dispositions <strong>de</strong>s ksour du Tidikelt (région d'Insalah), surcelles <strong>de</strong>s Touareg Azdjer, enfin sur les objets d'échangequi alimentent le commerce <strong>de</strong>s caravanes entre le Soudand'une part, le Maroc et la Tripolitaine <strong>de</strong> l'<strong>au</strong>tre, conserverontsans doute toute leur importance.Tels sont les titres incontestables que nos regrettés explorateursont acquis à notre reconnaissance, à celle <strong>de</strong>smembres <strong>de</strong> la Soeiétô <strong>de</strong> Géographie, à celle du pays toutentier. Aussi la proposition faite par le Gouvernementd'élever à OuarHà un monument commômoratif <strong>de</strong>s trav<strong>au</strong>x<strong>de</strong> la mist 7? jn Flatters, sera-t-elle accueillie partoutcomme un acte d'équité.Mais après avoir résumé ces précieux documents, aprèsavoir classé ces découvertes et ces observations, après avoirfait connaître <strong>au</strong> public ces généreux efforts et ces remarquablesrésultats, après avoir rendu à la mémoire <strong>de</strong> cesnouvelles victimes <strong>de</strong> la science, l'hommage qui leur étaitbien dû, notre <strong>de</strong>voir, à nous survivants, ne sera pas encorerempli. Flatters, Masson, Béringer, Roche,Guiard, Dianous,. Santin ont succombé, il est vrai, dans leur noble entreprise,mais ils n'en ont pas moins soulevé le voile qui cachait à nosyeux la route du Sahara ; ils n'en ont pas moins tracé une<strong>de</strong>s voies que la civilisation mo<strong>de</strong>rne doit suivre dans sonexpansion; ils ont montré le chemin à leurs successeurs.Leur mort est un affreux malheur; mais dans la vie <strong>de</strong>speuples et <strong>de</strong>s hommes, ce n'est après tout qu'unacci<strong>de</strong>nt; et loin d'arrêter dans son élan une nouvelle tentative,elle na. doit qu'exciter davantage l'ar<strong>de</strong>ur <strong>de</strong> ceuxqui l'entreprendront. Le châtiment même <strong>de</strong>s meurtriers<strong>de</strong> Flatters nous offrira un jour une nouvelle occasion<strong>de</strong> marcher <strong>au</strong> Soudan; nous espérons bien qu'on s<strong>au</strong>rala saisir dans l'intérêt <strong>de</strong> la France et <strong>de</strong>s progrès <strong>de</strong> lagéographie.


130 EXPLORATIONDU SAHARA.Cette notice serait incomplète si, pour mieux apprécierle mérite <strong>de</strong> nos infortunés voyageurs, nous ne la faisionssuivre d'uno courte biographie, qui nous montrera ce qu'ilsavaient déjà été avant <strong>de</strong> se sacrifier pour leur pays.Les renseignements qui suivent, ont été publiés en gran<strong>de</strong>partie dans le Mon<strong>de</strong> illustré du 4 juin <strong>de</strong>rnier, par lessoins d'un ami dévoué <strong>de</strong>s princip<strong>au</strong>x chefs <strong>de</strong> l'exploration,à qui nous <strong>de</strong>vons déjà une gran<strong>de</strong> partie <strong>de</strong>s documentsqui nous ont permis <strong>de</strong> résumer leurs trav<strong>au</strong>x,M. l'ingénieur en chef Fournie, Nous les reproduisons^peu près textuellement. : I-Lo lfoutouniit-çoloiiolFlattera.Le lieutenant-colonel Flatters était ne à Laval, le 16 septembre1832, Entré à l'école Saint-Cyr le 7 novembre 1851,il en sortait sous-lieutenant <strong>au</strong> 26» <strong>de</strong> ligne le Aw octobre1853 et partait <strong>au</strong>ssitôt pour la Crimée; Il fut nofnmô lieutenant<strong>au</strong> 3° régiment <strong>de</strong> zouaves le 23 avril 1855 et décorépeu <strong>de</strong> temps après, pour avoir fait prisonnier un capitaineet <strong>de</strong>ux soldats russes, Il rentra en Algérie aveo son régimenteh 1856, et obtint pen<strong>de</strong> temps après d'entrer dans lepersonnel distingué <strong>de</strong>s officiers détachés <strong>au</strong>x affaires indigènes.Capitaine le 8 septembre 1861, il fut nommé chef <strong>de</strong>bataillon <strong>au</strong> 39 tirailleurs algériens le 22 juillet 1871, officier<strong>de</strong> la Légion d'honneur en 1875 et lieutenant-colonelle 3 mai 1879. Il fut choisi, en 1876, par M, le généralChanzy, comme le plus digne d'occuper lé poste difficile <strong>de</strong>commandant supérieur <strong>de</strong> Laghouat, où il sut se faire remarqueret nouer parmi les tribus noma<strong>de</strong>s <strong>de</strong> nôtre Saharaalgérien d'utiles relations; Il remplissait encore ces fonctionsquand il fut délégué par M; le Ministre <strong>de</strong> la Guerrepour lé représenter <strong>au</strong> sein <strong>de</strong> la commission supérieure duTranssaharien, où il fit adopter son 5 projet d'ex|ilotationduSahara central. C'est <strong>de</strong> là qu'il partit comme chef <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux


EXPLORATIONDU SAHARA. 131missions sahariennes, pour accomplir les be<strong>au</strong>x et intéressantsvoyages que nous venons <strong>de</strong> résumer.Flatters était blond, d'une taille un peu <strong>au</strong>-<strong>de</strong>ssus <strong>de</strong> lamoyenne, d'une constitution robuste et d'un caractère vigoureusementtrempé, Sa nature était franche, ouverte,vive et gaie. C'est ainsi du moins que nous l'avons connu,il y a une vingtaine d'années, <strong>au</strong> 3" jrégiment <strong>de</strong> zouaves,où tout lo mon<strong>de</strong> l'aimait et l'estimait. Il se passionnait aisémentpour toutes les nobles et gran<strong>de</strong>s choses,*et o'estavec enthousiasme qu'il avait entrepris <strong>de</strong> pénétrer jusqu'<strong>au</strong>Soudan, par les routes sahariennes <strong>de</strong>s caravanes,Dans son noble dévouement pour los intérêts <strong>de</strong> son pays,il n'a pas hésité un instant à quitter sa femme, son enfantet à se lancer dans l'inconnu, C'était un vaillant coeur, et ilsuffit <strong>de</strong> l'avoir approché pour regretter sa fin prématurée,1. '.Lo cnpltnliioMnssoit.Pierre-René Masson est né à Rambouillet, le 13 décembre1845, Ayant commencé son éducation dans l'institutionHébert (à Rambouillet), il est passé <strong>au</strong> lycée <strong>de</strong> Versaillesdans la classe <strong>de</strong> secon<strong>de</strong>.Entré à l'École militaire <strong>de</strong> Saint-Gyr en octobre i864,avec le n° 21, il en est sorti avec le n° 9, Entrée l'Écoled'état-major le loç janvier 1867, avec le n°6, il en est sortilieutenant d'état-major le 1erjanvier 1869, avec le n° 4,Il a fait son stage <strong>de</strong> cavalerie <strong>au</strong> 10° chasseurs à cheval,àTarbes, puis à Versailles, d'où il partit <strong>au</strong> mois <strong>de</strong> juillet1870, avec son régiment, pour l'armée dut Rhin./Nommé ai<strong>de</strong> die camp du général <strong>de</strong> briga<strong>de</strong> Sanglé-Ferriôre,il assista <strong>au</strong>x batailles <strong>de</strong> Rorny, Graveïotte et Saint-Privat,et<strong>au</strong>x combats à peu près journaliers que la briga<strong>de</strong>,qui faisait partie du 3° corps, commandé par lé>— *^ .maréchalLeboeuf, livrait sous MeU.y-Prisonnier <strong>de</strong> guerre et revenu <strong>de</strong> captivité en avril 1871,


132 EXPLORATIONDU SAHARA,lia été nommé, à cette époque, capitaine d'état-major,pour prendre rang du 8 décembre 1870, et ai<strong>de</strong> <strong>de</strong> camp dugénéral Daguerre, avec lequel il est entré à Paris,Il a fait son stage d'infanterie <strong>au</strong> lor zouaves, à Alger, <strong>de</strong>septembre 1871 à septembre 1873, son stage d'artillerie <strong>au</strong>7* d'artillerie, à Rennes, d'octobre 1873 à octobre 1874, Ennovembre 1874, il fut attaché à la division du général Osmont,à Oran.Nommé ai<strong>de</strong> <strong>de</strong> camp du général Carteret Trécourt, àConstantine, il fut blessé <strong>au</strong> combat d'El-Amri livré <strong>au</strong>xArabes révoltés, et décoré <strong>de</strong> la Légion d'honneur.Il suivit le général Carteret à Amiens et c'est là qu'il rencontrale lieutenant-colonel Flatters, qui l'associa à sonexploration.La vie du capitaine Masson, employée tout entière <strong>au</strong>service <strong>de</strong> son pays, s'est terminée <strong>de</strong> la triste façon quel'on sait; ce brave officier est mort victime <strong>de</strong> son amourpour la science.Lors <strong>de</strong> l'attaque <strong>de</strong>s Touareg près du pays d'Aïr, le capitaineMasson qui avait mis pied à terre, n'a pu atteindresa monture, Cerné, il se défendit vaillamment; mais uncoup <strong>de</strong> sabre lui fendit la tête, un <strong>de</strong>uxième lui coupa lesjambes, et le fit tomber sous les coups <strong>de</strong> ses assassins.:.;.,. M. Béringer,Le savant et sympathique ingénieur Béringer, qui vient<strong>de</strong> disparaître dans le terrible désastre <strong>de</strong> la mission Flatters,ne <strong>de</strong>vait qu'à lui-môme la situation pleine <strong>de</strong> promessesà laquelle il était parvenu par les seuls efforts <strong>de</strong>son travail et <strong>de</strong> sa remarquable intelligence, Né le 19 janvier184Ù, à Strasbourg, M. Emile Béringer y fit ses étu<strong>de</strong>s<strong>au</strong> gymnase, où il laissa le souvenir do brillants succès, et,dès le 29 septembre 1857, il était nommé, dans celte mêmeville, agent secondaire <strong>de</strong> 2° classe <strong>de</strong>s ponts et ch<strong>au</strong>ssées.


EXPLORATIONPV SAHARA. 133Tels furent les débuts mo<strong>de</strong>stes <strong>de</strong> cette carrière, quîil se-^,rait sans doute fort intéressant <strong>de</strong> suivre et d'étudier dansson développement rapi<strong>de</strong> et presque exceptionnel, maisque nous ne pouvons malheureusement qu'esquisser àgrands traits, En octobre 1861, le jeune agent est nomméconducteur <strong>au</strong>xiliaire à Vitry-ie-Français, où il fait remarquerses aptitu<strong>de</strong>s à l'occasion <strong>de</strong> l'exécution <strong>de</strong>s ouvragesmétalliques du canal <strong>de</strong> la H<strong>au</strong>te-Marne, Ces ouvrages,plusieurs fois copiés dopuis, attirèrent l'attentionsur le futur ingénieur, qui, mis, sûr sa <strong>de</strong>man<strong>de</strong>, encongé illimité, entrait, le 3 mai 1866, dans la Compagnie <strong>de</strong>l'isthme <strong>de</strong> Suez. Adjoint à M. Laroche, ingénieur en chef<strong>de</strong> Port-Saïd, il fut attaché <strong>au</strong>x trav<strong>au</strong>x du port <strong>de</strong> Port-Saïd et du canal dans la traversée <strong>de</strong> la Menzaleh, Il méritad'être proposé, dès cette époque, pour la décoration parM. Ferdinand <strong>de</strong> Lesseps. Nous le retrouvons en 1869, à sasortie <strong>de</strong> Suez, rentré momentanément dans le service <strong>de</strong>sponts et ch<strong>au</strong>ssées pour les étu<strong>de</strong>s du chemin <strong>de</strong> fer <strong>de</strong>Carcassonne à Quillan, Puis la triste guerre <strong>de</strong> 1870 éclate,la France troublée et meurtrie fait appel à tous les dévouements,et M. Béringer part comme lieutenant <strong>de</strong> génie<strong>au</strong>xiliaire <strong>au</strong> 25° corps, Cette campagne terminée^ il entre àla Compagnie <strong>de</strong>s chemins <strong>de</strong> fer du Midi, où il reste prèsdé quatre années comme sous-chef <strong>de</strong> bure<strong>au</strong> du secrétariat<strong>de</strong> l'ingénieur en chef <strong>de</strong> la construction, Mais cette viecalme et <strong>au</strong>x horizons trop limités ne pouvait convenir àune nature <strong>au</strong>ssi active, et il accepte avec empressement,en décembre 1874, d'être attaché à la province <strong>de</strong> Pernambuco(Brésil), comme ingénieur principal, chef du servicetopographique. Revenu du Brésil en mai 1877, ce jeune ingénieur,mftri déjà par un travail opiniâtre et une vie acci<strong>de</strong>ntée,se révélant tout à coup sous un <strong>au</strong>tre aspect, montraqu'il avait su mettre à profit son voyagé pour produireen <strong>de</strong>hors <strong>de</strong> ses trav<strong>au</strong>x techniques <strong>de</strong>s documents d'Uneréelle valeur. Il laisse ainsi Cfnmémoire remarquable inti--


134 EXPLORATIONDU SAHARA.tulé : Recherches sur le climat etla Mortalité dwitëct/i? publiédans V^nnuaire <strong>de</strong> l'a BoMétèmMéorpiogiqUe (1878),et un <strong>au</strong>tre non moins intéressant, mais encore sous presse :Topographie comparée dé la ville et du port duRèc^emKxyn° et xix* siècles (Ëulletin (fe la Sopiété néerlandaise <strong>de</strong>géographie); enfin une très belle carte, malheureusementinédite, <strong>de</strong> la province <strong>de</strong> Pernambuco. Ces oeuvres, quimontrent toutes un savoir étendu et un rare esprit d'observation,sont celles d'un véritable savant.M. Béringer fut ensuite chargé, par la Compagnie du chemin<strong>de</strong> fer <strong>de</strong> l'Est, <strong>de</strong>s étu<strong>de</strong>s et trav<strong>au</strong>x d'une importantesection <strong>de</strong> chemin <strong>de</strong> fer, a Vittel, où il resta jusqu'<strong>au</strong> jour<strong>de</strong> sa nomination d'ingénieur du cadre <strong>au</strong>xiliaire <strong>de</strong>s trav<strong>au</strong>x<strong>de</strong> l'État, attaché à la mission transsaharienné du ljèutonant-colonelFlatters. Là encore ses trav<strong>au</strong>x furent remarqués,et, <strong>au</strong> retour <strong>de</strong> la première mission, partie en janvier1880, et revenue vers le mois <strong>de</strong> juin, il fournit <strong>au</strong> Ministère<strong>de</strong>s Trav<strong>au</strong>x publics <strong>de</strong> nombreux et importants documentsparmi lesquels je citerai un avant-projet <strong>de</strong> chemin <strong>de</strong> fersur 600 kilomètres <strong>de</strong> longueur, la carte du pays exploré,, ladétermination <strong>de</strong> coordonnées géographiques, les observationsmétéorologiques, <strong>de</strong> nouvelles et intéressantes théoriessur le régime <strong>de</strong>s dunes du Sahara. Le 14 juillet <strong>de</strong>rnier,l'ingénieur Béringer <strong>de</strong>vait à ses services exceptionnelsd'être promu <strong>au</strong> gra<strong>de</strong> <strong>de</strong> chevalier <strong>de</strong> la Légion d'honneur.En novembre suivant, il repartait avec le Colonel Flatterspour continuer l'exploration du désert et tâcher <strong>de</strong> parvenir<strong>au</strong> Soudan; le but allait être atteint, lorsqu'une mortglorieuse e3t vonuo briser cette carrière déjà si remplie et si,belle d'avenir, Mais ce qui nous fait surtout pleurer la perte<strong>de</strong> cet infortuné savant, c'est le souvenir <strong>de</strong> cette personnalitési complète qui joignait <strong>au</strong>x plus riches dons <strong>de</strong> l'intelligenceles qualités plus rares et plus précieuses encore <strong>de</strong>l'affection et du dévouement. Ayant be<strong>au</strong>coup vu> maissurtout be<strong>au</strong>coup observé et possédant une merveilleuse


EXPliÔnÀTmNDIJ SAHARA^ i 13$souplesse d'esprit, qui> jointe à <strong>de</strong>s connaissances foiftétendues, lui permettait d'abor<strong>de</strong>r les sujets les plus divers,c'était un c<strong>au</strong>seur charmant dont les récits, les théories pules discussions portaient toujours l'empreinte <strong>de</strong> sa fine ori-;ginalitô, quand ils ne révélaient pas un esprit d'analyse etune largeur <strong>de</strong> vues véritablement remarquables. : ; n:.. ,:?


136 EXPLOIlATIONDU SAHARA.hiérarchiques qui lui portaient une affection toute particulière,mais encore dé tous les mé<strong>de</strong>cins <strong>de</strong> la ville. Guiardcontinuait à travailler et envoyait plusieurs mémoires <strong>au</strong>conseil <strong>de</strong> santé <strong>de</strong>s armées.Lorsqu'<strong>au</strong> mois d'octobre 1879, le lieutenant-colonel Fiat--ters fut chargé par M. <strong>de</strong>Freycinet<strong>de</strong> se choisir <strong>de</strong>s collaborateurspoursa première expédition an pays <strong>de</strong>s Touareg, Guiardlui fut indiqué comnie admirablement préparé par <strong>de</strong> fortes'étu<strong>de</strong>s à remplir la tâche qui lui serait confiée <strong>de</strong> mé<strong>de</strong>cin et<strong>de</strong> naturaliste <strong>de</strong> la mission, en même temps qu'on le luisignalait comme un compagnon énergique et dévoué,« Voulez-vous venir avec moi à Tombouctou ?» lui télégraphiale colonel.« Je suis à vos ordres, » répondit Guiard, qui avait eudouze heures pour réfléchir.Ce fut toute la correspondance échangée entre eux,On a pu lire dans les pages qui précè<strong>de</strong>nt, l'historique <strong>de</strong>ce premier voyage, <strong>au</strong> cours duquel la mission Flatterss'avança jusqu'à 1500 kilomètres <strong>au</strong> sud d'Alger, Pendantqu'on était re<strong>de</strong>vable à ses collègues d'une carte du paysparcouru, Guiard apportait <strong>au</strong> Muséum un magnifique herbieret une collection complète d'insectes et <strong>de</strong> reptilestrouvés dans le désert.Rentré en France le 15 juin 1880, Guiard repartit le15 octobre pour ce second voyage, où il <strong>de</strong>vait trouver laplus terrible <strong>de</strong>s morts. Ses <strong>de</strong>rnières lettres sont du 29 janvier.Ellos étaient, hélas ! pleines <strong>de</strong> confiance dans lesuccès, et il songeait déjà <strong>au</strong>x joies du retour définitif<strong>au</strong>près d'une mère qu'il adorait et qui perdait en lui le plustendre <strong>de</strong>s fils, A cette môme date, la commission <strong>de</strong>sgra<strong>de</strong>s le portait <strong>au</strong> table<strong>au</strong> d'avancement pour le gra<strong>de</strong> <strong>de</strong>mé<strong>de</strong>cin-major. Il a eu la consolation <strong>de</strong> le savoir.Voici d'après M. le Dr Bonnet, du Muséum, lo résumé,d'ailleurs très succinct, <strong>de</strong>s trav<strong>au</strong>x <strong>de</strong> Guiai'd dans le Sahara.


EXPLORATION DU SAHARA. 137L'herbier rapporté par le D* Guiard/ se cpmposo d'environ130 espèces. Quoiqu'il contienne peu <strong>de</strong> nouve<strong>au</strong>tés,il offre un vif intérêt, parce qu'il donné une idée nette <strong>de</strong>la végétation <strong>de</strong>s localités traversées par l'expédition, puisparce qu'il fait connaître d'une façon plus exacte, l'aire dédispersion <strong>de</strong> certaines plantes peu connues.La plupart <strong>de</strong>s espèces caractérisent la région désertique,s<strong>au</strong>f celles qui croissent dans les oasis et dont quelquesunes,commes les Solanum nigruni, iQsSonçhtisoleraceus,les Fumaria Bastardi, Spergula pentandrat Portulacaoleracea, Anagallis phoenicea, etc., sont assez communessous le climat <strong>de</strong> Paris.Parmi les plantes plus spécialement intéressantes, parcequ'elles n'avaient encore été trouvées qu'à <strong>de</strong> rares intervalles,il convient <strong>de</strong> citer i Randonia africana Coss., Acaciatortilis Hayne (gommier), Schoutvla arabica T). C,Renda villosa Coss., Zygophyllum simpleco L'., Cayloseacanescens S1. Hil., Punicum turgidum, Lotus trigonehloï<strong>de</strong>sVfelb.fPancratium Sahara) Coss., etc.Les plantes usitées dans la thérapeutique indigène sontreprésentées par les Salvador a persica h., Cassia obovataCoss., et Solenostemma Cerghel Hayn, Cette <strong>de</strong>rnièreespèce sert généralement à falsifier le séné.Les cryptogames ne sont représentées dans la collectiondu D' Guiard que par une seule plante, un champignoncharnu <strong>de</strong> la tribu <strong>de</strong>s Podaxinées, que M. le Dr Bonnetrapporte avecquelques doutes <strong>au</strong>PodaxenoegyptiacîMont.m. itockoRoche (Jules) est né à Eyguiôres (Bouches-du-Rhôhe), le24 février 1854, Il a fait ses premières étu<strong>de</strong>s <strong>au</strong> collège <strong>de</strong>Tàrascon et les a terminées <strong>au</strong> lycée <strong>de</strong> Marseille, En 1872,i, Cottonoticebiographiqueostduoà M.Rolland,ingénieur<strong>de</strong>smlnos,un dosamisdo M. Rooho,'


138 EXPLORATIONDU SAHARA.:!';.:jt :..., ;;... ,........\.îiAU:rV;V.; "-i0^:•'>,uiv*Vi f ,:dès sa première année <strong>de</strong> ipathématiques spéciales, il futreçu à la fois à.l'École polytechnique et à l'École normale.Il opta pour l'Ecole polytechnique, d'où il sortit lé troisième<strong>de</strong> sa promotion. Il choisit ïa carrière <strong>de</strong>s mines. La mêmeannée; il passa sa licence ôs sciences mathêmatiqpes.Roche Visita, commerelève ingénieur'<strong>de</strong>s mines, les bassins<strong>de</strong> la Loire et du Gard, puis l'Italie, l'Autriche et" ïaHongrie, enfin le sud-ouest <strong>de</strong> ja France, l'Espagne etI\Aigôrie.^ ^i>';.!;,;^>;;^-ê^Ï^C.V;."r v !',/:.V .';_"• '" -;'. Le ïi avril Îè7i8, Roche fut; nommé ingénieur ordinaire<strong>de</strong> 36 classe, 1 et bientôt après; chargé du service du sousarrbhdissomèhtminôraiojglqué<strong>de</strong> Besançon. Le 16 mai 1879,il fut envoyé; à Nice.Tous' ceux qui ont connu Roche ont apprécié sa valeur,son intelligence distinguée, la variété <strong>de</strong> ses aptitu<strong>de</strong>s, sonesprit ïin et critique, sonsens; droit, et, h, l'occasion, sonactivité et sa force


EXPLORATIONDÛ SAHARA, ; 139;sciences (novembre 1^80), et dans un article <strong>de</strong> la Revuescientifique (numéro du 2t !novembre 18S*6)^; '. '|' ^ "^': Il'signaië.. « ik


440 EXPLORATIONDU SAHARA.et restera inscrit en caractères ineffaçables dans les annales,déjà si brillantes, du corps <strong>de</strong>s ingénieurs <strong>de</strong>s mines.RI. do Dlnnous 1.M. dé Dianous <strong>de</strong> la Perrotine (Joseph-Gabriel-Henri)est né le 23 juillet 1845, Entré <strong>au</strong> service lé 12 juillet 1867,il fut promu soûs-lieutenant le 10Pseptembre 1871, lieutenantle 2 juillet 1874. Il comptait en cette qualité <strong>au</strong> 14° <strong>de</strong>ligne; mais, <strong>de</strong>puis plusieurs années, il était entré dans lesaffaires indigènes et, en qualité d'adjoint dubure<strong>au</strong> arabe, ilséjourna <strong>de</strong>ux ans à Laghouat. Il y acquit une gran<strong>de</strong> expérience<strong>de</strong>s affaires sahariennes, circonstance qui lui valut lefatal honneur d'être choisi par le lieutenant-colonel Flatterspour faire partie <strong>de</strong> la mission.Il était, <strong>au</strong> moment <strong>de</strong> son départ, premier adjoint <strong>au</strong> bure<strong>au</strong>arabe <strong>de</strong> Fort-National.M. <strong>de</strong> Dianous avait reçu avec une j oie d'enfant la nouvellequ'il était définitivement agréé comme membre <strong>de</strong> lamission Flatters. « Quels joyeux repas je ferai avec <strong>de</strong>sdattes et du lait <strong>de</strong> chamelle ! »disait-il en quittant ses amis,Hélas î c'est <strong>au</strong>x dattes dés Hoggar que la France et l'arméedoivent la perte d'un <strong>de</strong> leurs plus nobles enfants.Il est inutile <strong>de</strong> rappeler son courage j sa mort en a donnéla mesure. Tous ceux qui, soit comme administrés, soitcomme camara<strong>de</strong>s, ont pu apprécier M. <strong>de</strong> Dlahous, ontadmiré en lui dos qualités qui ne se rencontrent réuniesque dans les natures vraiment exceptionnelles.D'un caractère doux et bienveillant, il savait se rendresympathique à tous ceux qui rapprochaient, Ses chefsadmiraient en lui l'activité, l'ar<strong>de</strong>ur <strong>au</strong> travail, l'instructionsoli<strong>de</strong>, la fermeté <strong>de</strong> caractère, la dignité personnelle et lesh<strong>au</strong>tes qualités dé l'esprit; ses administrés louaient sans1. Noticetiréo.duMon<strong>de</strong>illustré du23 avril 1881.


EXPLORATIONDU SAHARAi 141réserve sa h<strong>au</strong>te justice et son extrême bienveillance; sesamis aimaient par-<strong>de</strong>ssus tout eh lui l'absolue franchise, lagran<strong>de</strong> bonté d'âme et le tact exquis qui le caractérisaient.Il allait être promu capitaine <strong>au</strong> premier jour.L'annonce <strong>de</strong> sa mort a vivement et douloureusementimpressionné, non seulement les Français qui l'ont connu,mais encore les populations indigènes qu'il avait administrées.Sa mort n'a laissé que <strong>de</strong>s regrets et son nom, désormaisCélèbre, restera inséparable <strong>de</strong> celui <strong>de</strong>s braves compagnonsqui succombèrent avec lui sous les coups d'ungroupe d'assassins.NOTESURLES TRAVAUXGÉOLOGIQUES DE M. L'INGÉNIEURDES MINESROCHEAu retour <strong>de</strong> la première mission du lieutenant-colonelFlattera, M. Roche Communiqua à l'Académie <strong>de</strong>s sciencesun aperçu sur la géologie du Sahara septentrional, où noustrouvons les indications suivantes.Les terrains quaternaires, crétacés et dôvoniens constituentle Sahara septentrional.La contrée <strong>de</strong> Ouarglà forme une cuvette quaternairedont les bords vont reposer en stratification concordante sur<strong>de</strong>s hamada s ou plate<strong>au</strong>x crétacés, dont les attitu<strong>de</strong>s sont<strong>de</strong> 350 mètres environ à Test et <strong>au</strong> sud, et <strong>de</strong> 450 mètres à600 tnôtres à l'ouest, <strong>de</strong>puis El Goléa jusqu'<strong>au</strong> Mzab.« Dans le sud, à 400 kilomètres d'Ouarglà, les plate<strong>au</strong>xcrétacés ont seulement 50 kilomètres à 100 kilomètres <strong>de</strong>largeur. Ils se terminent par <strong>de</strong>s escarpements <strong>de</strong> 50 mètresà 100 mètres <strong>de</strong> h<strong>au</strong>teur. De larges vallées séparent cesescarpements, <strong>de</strong>s plate<strong>au</strong>x dévouions du massif centraltoUàreg, qui s'élève peu à peu vers le sud et dont l'altitu<strong>de</strong>dépasse 800 mètres, près <strong>de</strong> l'Oued Tldjoudjelt, non loin dulac Mengkhough, Le massif central lui-même se divise en


442 EXPLORATIONDU SAHARA,plusieurs plate<strong>au</strong>x, séparés les uns dés <strong>au</strong>tres par <strong>de</strong>s valléesremplies d'àlluviohs et analogues 'à la vallée <strong>de</strong> l'Oued Ighàr-''" 'S^* ':'rr- '\ ! ., ,': '•] ,'/» Aux environs d'Ouarglà* le terrain quaternaire a unepuissance <strong>de</strong> nrôs <strong>de</strong> lOOmôtres. ii est formépar <strong>de</strong>sgrôsàéléments quartzeux» dontle ciment est ar|giieUx ou calcaire.Vers duargiâ, ces élénïénts constitutifs sont <strong>de</strong>s grainsroulés <strong>de</strong> quartz hyalin,» Les grès sont généralement j<strong>au</strong>nes, tantôt quartzeùx;tantôt argileux, tantôt calcaires. Au centre <strong>de</strong> la cuvettequaternaire, la partie supérieure <strong>de</strong> "l'étage" est ordinairementformée par un calcaire, parfois tufacé, mélangé <strong>de</strong>petits grains roulés <strong>de</strong> quartz.» Au sud d'Ouarglà, dans la région dés Kantras, le terrainquaternaire a subi <strong>de</strong> fortes érosions. »Des dunes, atteignant jusqu'à 200 mètres <strong>de</strong> h<strong>au</strong>teur, recouvrentune gran<strong>de</strong> partie <strong>de</strong> la surface du quaternaire,La partie la plus importante du travail <strong>de</strong> M. Roche, <strong>au</strong>point <strong>de</strong> vue du Transsaharien et <strong>au</strong> point <strong>de</strong> vue géologique,est, celle où il signaler l'existence, <strong>au</strong> milieu du grand Ergou massif <strong>de</strong>s gran<strong>de</strong>s dunes <strong>au</strong> sud d'Ouarglà entre AïnMokhanza et El Beyyodh, d'une large région plane <strong>de</strong> 250kilomètres <strong>de</strong> longueur, recouverte seulement <strong>de</strong> dunes isolées,parallèles, allongées dans la direction du méridien magnétiqueet distantes les unes <strong>de</strong>s <strong>au</strong>tres <strong>de</strong> plusieurs kilomètres.C'est dans la partie orientale <strong>de</strong> cette région que setrouve dirigé <strong>au</strong>ssi nord-sud magnétique, le lit dé l'OuedIghargha, lit sans berges, marqué par <strong>de</strong>s fragments délaveroulés et par quelques coquilles d'e<strong>au</strong> douce, cyrônes et planorbes.Le parallélisme <strong>de</strong>s dunes et <strong>de</strong> l'Oued Igharghar montreentre ces <strong>de</strong>ux phénomènes une certaine, corrélation. >>Plus loin, les escarpements qui suivent les <strong>de</strong>ux haniadasou plate<strong>au</strong>x, situés entre El Beyyodh et Timassinine, sont signaléscomme correspondant à <strong>de</strong>ux étages successifs ducrétacé, le turonien et le cénomanien.


EXPLORATIONDU SAHARA* 143Le premier est terminé par un escarpement <strong>de</strong> 80 mètres,«composé d'une corniche <strong>de</strong> calcaire dolomitique <strong>de</strong>10mètres, couronnant une masse <strong>de</strong> marnes». Le secondprésente une <strong>format</strong>ion i<strong>de</strong>ntique.M. Roche a trouvé dans le banc calcaire supérieur <strong>de</strong>sfossiles nombreux <strong>de</strong> cénomanien supérieur qui sont citésdans sa note à l'Institut. Il en conclut que cet escarpementcorrespond à l'étage vu par son collègue M. Rolland, près<strong>de</strong> Goléa, tandis qu'il rattache le premier escarpement àl'époque turonienne;D'après ses observations, le plate<strong>au</strong> <strong>de</strong>s Touareg Azgar estconstitué par <strong>de</strong>s grès quartzeux noirs, à cassure blanche,cristallins, très durs, qui passent quelquefois à <strong>de</strong>s schistesargileux micacés. Il y a rencontré quelques gisements <strong>de</strong>mijnerai <strong>de</strong> fer peroxy<strong>de</strong>, et <strong>de</strong>s fossiles qui lui font rattacherle plate<strong>au</strong> à l'étage dôvonien moyen. Enfin, jl attribueles laves scoriacées <strong>de</strong>s vallées <strong>de</strong> l'Igharghar et <strong>de</strong>s Ighargharenà d'anciens volcans du massif central <strong>de</strong>s Touareg.« Tous los terrains du Sahara septentrional, dit-il plusloin, sont en couches à peu près horizontales. D'où il résulteque les acci<strong>de</strong>nts topographiques sont dus à <strong>de</strong> grandsphénomènes d'érosion, qui se sont continués <strong>au</strong> <strong>de</strong>là <strong>de</strong>làpério<strong>de</strong> quaternaire. »S'occupant ensuite <strong>de</strong> la nappe aquifôre, il en constatel'existence à la base du quaternaire, <strong>de</strong>puis Ouarglà jusqu'àAïn Taïba et <strong>au</strong> <strong>de</strong>là. Il considère la nappe artésienne <strong>de</strong>Ouarglà comme le prolongement <strong>de</strong> celle <strong>de</strong> l'Oued Rhir etadmet que celle <strong>de</strong> Timassinine doit venir du sud par lesvallées <strong>de</strong> l'Igharghar el'dés Ighàrghlrçen.PAnia.— iMpniMBniBÉMUEMAUTINBT, nus MIONON» 9.


ERRATAPage 67, tMligne,[Usez: Tebalbalet<strong>au</strong> Hamadad'El Biodh..., <strong>au</strong> Heu.<strong>de</strong> : Tebalbaletou Hamadad'cl Iliodh.Page67,6raoligne, lisez: en vérifiant<strong>de</strong> visu leur exactitu<strong>de</strong>, <strong>au</strong> lieu<strong>de</strong> : en en vérifiant<strong>de</strong> visu l'exactitu<strong>de</strong>.Page 68, ltimeligne, lisez .'les ingénieurs qui...,ingénieurs<strong>de</strong> la missionChoisyqui. .<strong>au</strong> lieu (le : lesPage 74, I5mfcligne, lisez: sorte d'humour , <strong>au</strong> lieu <strong>de</strong>: sortedo d'humour.Page 90, 27ra 0 ligne, lisez : Hadj Hasson,<strong>au</strong> lieu <strong>de</strong> : Aadj Hasscn.Page101, 18" 18 ligne, lisez : Amguid,<strong>au</strong> lieu <strong>de</strong> : Amhuid.Page 105,I0"laligne,lisez: Tanezrouft,<strong>au</strong> lieu <strong>de</strong> : Tanjzerouft.Page 125,5moligne,lisez;ont été résumésci-contre,<strong>au</strong> lieu<strong>de</strong>: peuventse résumer conimoil suit.Page 129,1">ligne, lisez : et les mobiles..., <strong>au</strong> lieu <strong>de</strong> : ot sur losmobiles.,.

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