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Le Temps des Manifestes - L'espace de l'art concret

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Accès à l’expositionpar l’escalierApparue à la fin du XVIème siècle, l’origine du terme « manifeste » est un dérivé probable<strong>de</strong> l’italien « manifesto » qui signifiait « dénonciation publique » et par extension « affiche ».<strong>Le</strong>s avant-gar<strong><strong>de</strong>s</strong> du début du XXème siècle se sont saisies <strong>de</strong> cette forme littéraire pourdéfinir leur engagement, fon<strong>de</strong>r les bases <strong>de</strong> leur programme esthétique et donner leur visiondu mon<strong>de</strong>.Salle 1<strong>Le</strong> Futurisme, le Surréalisme et même Dada en publiant son « anti-manifeste » n’ont pasdérogé à la règle. L’Art Concret fondé en 1930, et qui fête cette année ses 80 ans, s’inscritdans cette lignée tout en affirmant avec radicalité sa singularité.Parmi les pionniers du genre, le Manifeste Futuriste rédigé par l’artiste et écrivain italienFilippo Tommaso Marinetti parait en 1909 dans les colonnes du quotidien français <strong>Le</strong> Figaro,révélant d’emblée les liens ténus entre l’art et la presse et la volonté <strong><strong>de</strong>s</strong> artistes d’alorsd’ouvrir une tribune publique. Volontairement polémique, ce manifeste s’ancre dansune tradition qui fait <strong>de</strong> l’écrit un outil <strong>de</strong> provocation <strong><strong>de</strong>s</strong>tiné à susciter la réaction etla controverse.Univers littéraire et plastique finissent, à force <strong>de</strong> se côtoyer, par fusionner en empruntant àleur territoire respectif ce qui peut le mieux les enrichir tant au niveau <strong>de</strong> la forme que ducontenu.Salle 2Cette tendance est fortement induite par la personnalité <strong><strong>de</strong>s</strong> protagonistes <strong>de</strong> l’époquequi pour la plupart d’entre eux endossent une double activité d’artiste et <strong>de</strong> graphiste outypographe comme par exemple Théo van Doesburg, Max Bill, Josef Albers, Carlo Vivarelliou encore Gottfried Honegger.<strong>Le</strong>s manifestes prennent alors <strong>de</strong> multiples formes. Revues, tracts et affiches se font ainsi levéhicule <strong>de</strong> la pensée <strong>de</strong> leurs auteurs, et <strong>de</strong>viennent parfois <strong><strong>de</strong>s</strong> oeuvres à part entière :l’application formelle d’un programme esthétique qui souhaite justement dépasser le cadresouvent trop exigu <strong>de</strong> la définition traditionnelle d’une oeuvre d’art.1<strong>Le</strong> titre <strong>de</strong> l’exposition est une évocation <strong>de</strong> la célèbre chanson <strong>Le</strong> temps <strong><strong>de</strong>s</strong> cerises. Fortement associée à la Commune et à la Gauchefrançaise, cette chanson symbolise avant tout la liberté et l’engagement, une certaine idée <strong>de</strong> la fête teintée <strong>de</strong> nostalgie. Parmi les premiersmanifestes artistiques, celui du Futurisme a calqué, du moins dans sa forme, le Manifeste du Communisme. Par ailleurs, la fin <strong><strong>de</strong>s</strong> avantgar<strong><strong>de</strong>s</strong>a marqué la fin <strong>de</strong> la gran<strong>de</strong> époque <strong><strong>de</strong>s</strong> manifestes.5Salle 3Cette prolifération d’écrits et <strong>de</strong> propositions trouvera son apothéose dans le MouvementFluxus et son désir sans cesse réaffirmé <strong>de</strong> lier l’art à la vie en une seule et même énergie.Certains manifestes « fusionnent » même avec leur objet <strong>de</strong>venant le corps <strong>de</strong> l’oeuvre. C’estle cas <strong>de</strong> la Déclaration Constitutive du Nouveau Réalisme signée en plusieurs exemplairessur du papier <strong>de</strong> trois couleurs différentes : bleu, rose et or, reprenant en cela les teintes <strong>de</strong>prédilection édictées par Yves Klein.Accompagnant la fin <strong>de</strong> ce que l’on peut considérer comme les <strong>de</strong>rnières avant-gar<strong><strong>de</strong>s</strong>, lesmanifestes d’alors prennent un tournant <strong>de</strong> plus en plus nihiliste comme par exemple le« Manifeste contre rien pour l’exposition internationale <strong>de</strong> rien » paru en 1960 et signé parPiero Manzoni.Sur un autre registre, Buren, Mosset, Parmentier et Toroni clament dans un tract servantd’invitation à la manifestation du 3 janvier 1967, dans le cadre du « Salon <strong>de</strong> la JeunePeinture » au musée d’art mo<strong>de</strong>rne <strong>de</strong> la Ville <strong>de</strong> Paris, « Nous ne sommes pas peintres »se définissant en cela par défaut tout en mettant à mal les fon<strong>de</strong>ments <strong>de</strong> la peinture et plusglobalement celui du marché <strong>de</strong> l’art.<strong>Le</strong>s années 60 et 70 voient les <strong>de</strong>rniers feux <strong><strong>de</strong>s</strong> manifestes historiques et même si le genren’a jamais tout à fait disparu, le <strong>Temps</strong> <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>Manifestes</strong> semblent à jamais révolu, le temps du«Nous» collectif ayant majoritairement laissé place à un « Je » individualisé.Salle 6<strong>Le</strong>s artistes continuent à se manifester en intégrant <strong>de</strong> plus en plus le texte à leur vocabulaireplastique.Figure emblématique d’un ego qui continue à se manifester inlassablement au-<strong>de</strong>là d’unehistoire collective, Ben est sans doute l’artiste qui fait le plus complètement corps avec sonverbe dans son contenu comme dans sa forme. Ben s’exprime sur tout et sa graphie parlepour lui sans qu’il n’ait même besoin <strong>de</strong> signer ses oeuvres.Loin d’aseptiser le discours, cette tendance prend <strong>de</strong> fait le relai <strong>de</strong> certains <strong><strong>de</strong>s</strong> enjeuxsociopolitiques <strong>de</strong> l’époque comme le féminisme, la lutte contre les inégalités ou le rejet <strong>de</strong>la guerre.Des artistes comme Barbara Kruger et Jenny Holzer sont parmi les plus engagées dans cettequête. <strong>Le</strong> contenu <strong><strong>de</strong>s</strong> messages se veut fort et subversif mais l’aspect formel <strong>de</strong>meureprimordial. Souvent empruntée à l’univers du graphisme, <strong>de</strong> la communication et <strong>de</strong> lapublicité, l’esthétique assume son pouvoir <strong>de</strong> séduction et d’attraction. L’oeuvre <strong>de</strong> BarbaraKruger, « Untitled (A picture is worth more than a thousand words) », résume en elle-mêmetous le sens du combat qui se mène. Ce célèbre adage très usité dans la publicité <strong><strong>de</strong>s</strong> années20 semble retrouver une nouvelle jeunesse dans l’oeuvre <strong>de</strong> l’artiste et restaurer non sansmalice la dualité texte/image.C’est aussi l’image choc que recherchent les Guerilla Girls dans un <strong>de</strong> leurs travaux les plusconnus représentant l’Odalisque d’Ingres affublée d’une tête <strong>de</strong> gorille pour dénoncerl’inégalité du statut <strong>de</strong> la femme artiste dans l’histoire <strong>de</strong> l’art et <strong>de</strong> sa place au sein <strong><strong>de</strong>s</strong>institutions culturelles.<strong>Le</strong>s artistes s’emparent <strong><strong>de</strong>s</strong> icônes <strong>de</strong> l’histoire <strong>de</strong> l’art pour mieux les détrôner.Salle 5Sérigraphies « <strong>Le</strong> <strong>Temps</strong> <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>Manifestes</strong> »Quatre <strong><strong>de</strong>s</strong> artistes participant à l’exposition “<strong>Le</strong> <strong>Temps</strong> <strong>de</strong> <strong>Manifestes</strong>” ont été invités àconcevoir une affiche annonçant la manifestation. Choisis notamment en raison <strong>de</strong> la relation

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