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ATELIER EDUCATION : - Fondation de France

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DEPARTEMENT DES FONDATIONS<strong>ATELIER</strong> <strong>EDUCATION</strong> :LES LIENS ENTRE ACTEURS DE LA COMMUNAUTE EDUCATIVERéunion du 19 octobre 20111


Mot d’accueilDominique Faye – Florence CasteraLa <strong>Fondation</strong> <strong>de</strong> <strong>France</strong> est engagée dans une démarche visant à favoriser les rencontres entre lesfondations sous son égi<strong>de</strong>. L’objectif est <strong>de</strong> promouvoir les échanges <strong>de</strong> pratiques et <strong>de</strong>confronter vos expériences afin d’optimiser les actions <strong>de</strong> chacun et, éventuellement, <strong>de</strong> nouer <strong>de</strong>nouveaux partenariats.Une première réunion a été organisée dans ce sens en novembre 2010 sur le thème <strong>de</strong> la place dumécénat dans le secteur <strong>de</strong> l’éducation, suivie d’un premier atelier relatif à la question du tutoraten février 2011. Le nombre important <strong>de</strong> questions soulevées à cette occasion sur les relationsentre les acteurs <strong>de</strong> la communauté éducative nous ont conduits à vous proposer l’opportunitéd’échanger sur ce nouveau thème.Ce second atelier, conçu sous forme collaborative, réunit sept représentants <strong>de</strong> fondations souségi<strong>de</strong>, ainsi que <strong>de</strong>ux professionnels du secteur <strong>de</strong> l’éducation : Alain Payen, principal du collègeJean Renoir à Bourges, ainsi que Marie-Claire Michaud et Pierre Le Lohé respectivementfondatrice et animateur réseau <strong>de</strong> l’association Ecole et famille.Tour <strong>de</strong> table <strong>de</strong>s participantsMarguerite Graff, enseignante, présente la <strong>Fondation</strong> Le Mascaret qui soutient <strong>de</strong>s projets dansle domaine <strong>de</strong> l’éducation à l’international, notamment la construction <strong>de</strong> bâtiments scolaires.Jacqueline Blanchy présente la <strong>Fondation</strong> Les Arts et les Autres, qui soutient <strong>de</strong>s projetssolidaires à la croisée <strong>de</strong>s pratiques artistiques et <strong>de</strong>s enjeux éducatifs et sociaux.Bénédicte Gueugnier représente la <strong>Fondation</strong> Financière <strong>de</strong> l’Echiquier, créée par la société<strong>de</strong> gestion <strong>de</strong> capitaux éponyme, et qui développe <strong>de</strong>ux activités : la première, centrée autour <strong>de</strong>l’insertion par l’activité professionnelle, et la secon<strong>de</strong> autour <strong>de</strong> l’éducation. Une nouvelle étapevient d’être franchie avec l’ouverture <strong>de</strong> la « Maison <strong>de</strong> l’Echiquier », qui accueille à titre gracieuxpendant une année <strong>de</strong>s jeunes filles issues <strong>de</strong> milieux défavorisés, inscrites en classespréparatoires.Philippe Richard présente la <strong>Fondation</strong> Palladio, dont l’action est notamment guidée par unconstat : l’entrée dans la civilisation <strong>de</strong> l’urbain, et les problèmes que cela pose en termesnotamment d’éducation. Une <strong>de</strong>s activités <strong>de</strong> la <strong>Fondation</strong> Palladio est donc <strong>de</strong> soutenir laformation à l’immobilier, notamment en suscitant <strong>de</strong>s vocations et en fédérant universitaires,entreprises et étudiants.Monsieur Odon VALLET représente la <strong>Fondation</strong> Vallet, créée par lui-même en 1999. Chaqueannée, elle remet <strong>de</strong>s bourses à <strong>de</strong> jeunes étudiants vietnamiens et béninois (dont les meilleurs2


vont réaliser une partie <strong>de</strong> leur scolarité en <strong>France</strong>) et, en <strong>France</strong>, à <strong>de</strong>s étudiants <strong>de</strong>s lycéesprofessionnels et <strong>de</strong>s écoles d’arts appliqués.Michel Avenas présente le projet <strong>de</strong> la <strong>Fondation</strong> Egalité <strong>de</strong>s chances en cours <strong>de</strong> création,dont l’objet serait d’intervenir dans le milieu éducatif en y associant <strong>de</strong>s entreprises (notammentauprès <strong>de</strong>s internats d’excellence).Cléa Martinet représente la <strong>Fondation</strong> Carla Bruni-Sarkozy qui mène son action dans troisdomaines, dont le soutien à l’éducation. En 2011, elle a distribué 110 bourses. Les projetsfinancés durent <strong>de</strong> 3 à 5 ans, avec un dispositif <strong>de</strong> tutorat « en amont » <strong>de</strong>s bourses accordéespour la poursuite d’étu<strong>de</strong>s en arts appliqués. Le dispositif est circonscrit à l’enseignement public..Alain Payen est le Principal du Collège Jean Renoir, à Bourges, qui a été soutenu par la<strong>Fondation</strong> <strong>de</strong> <strong>France</strong> dans le cadre <strong>de</strong> l’appel à projets « Aidons tous les collégiens à réussir ! »conduit par le programme Enfance. Il s’agit d’un <strong>de</strong>s plus importants collèges du département duCher, accueillant 689 élèves répartis en cinq groupes <strong>de</strong> formation : les classes d’enseignementgénéral cohabitent avec une Section d’Enseignement Général et Professionnel Adaptée(SEGPA), une classe Ulis (Unité Locale d’Inclusion Scolaire) accueillant <strong>de</strong>s élèves avec unedéficience cognitive lour<strong>de</strong>, une classe « Passerelle » <strong>de</strong> six jeunes fortement handicapés moteurset mentaux, et une classe « Parenthèse », <strong>de</strong>stinée à <strong>de</strong>s élèves en décrochage lourd. Situé dans unquartier favorisé, le collège accueille <strong>de</strong>puis plusieurs années <strong>de</strong>s jeunes issus <strong>de</strong> milieuxpopulaires du fait d’une politique volontariste <strong>de</strong> mixité sociale dans les projets <strong>de</strong> rénovationurbaine. Pour maintenir un niveau exigeant <strong>de</strong> qualité tout en s’adaptant à l’hétérogénéité <strong>de</strong>sélèves, Alain Payen met en œuvre avec son équipe un projet global d’établissement ambitieux, ennouant <strong>de</strong> nombreux partenariats avec <strong>de</strong>s acteurs tant privés que publics.Marie-Claire Michaud dirige l’association Ecole et Famille, qu’elle a fondée il y a 12 ans, et quia été soutenue dans le cadre du programme Enfance <strong>de</strong> la <strong>Fondation</strong> <strong>de</strong> <strong>France</strong>. A la périphériedu système scolaire, Ecole et Famille organise un travail <strong>de</strong> concertation entre les professionnelsdu secteur éducatif et les familles pour construire <strong>de</strong>s solutions collectives aux problèmes poséspar <strong>de</strong>s jeunes en difficulté. La mise en œuvre <strong>de</strong> cette démarche globale l’amène à accompagnertant <strong>de</strong>s professionnels <strong>de</strong> l’éducation (enseignants, chefs d’établissement, conseillers principauxd’éducation (CPE)), que <strong>de</strong>s assistantes sociales, <strong>de</strong>s mé<strong>de</strong>cins scolaires, <strong>de</strong>s professionnels <strong>de</strong>l’ai<strong>de</strong> sociale à l’enfance ou <strong>de</strong> la protection judiciaire <strong>de</strong> la jeunesse.3


Introduction <strong>de</strong> l’atelierL’atelier d’aujourd’hui doit nous permettre <strong>de</strong> réfléchir aux conséquences <strong>de</strong> l’intervention <strong>de</strong>sfondations dans le domaine <strong>de</strong> l’éducation et <strong>de</strong> l’enseignement. En effet, l’arrivée d’un acteurprivé dans ce domaine au cœur <strong>de</strong>s compétences <strong>de</strong> l’Etat induit nécessairement <strong>de</strong>s changementsforts dans la vie <strong>de</strong>s personnes aidées, mais également dans celle <strong>de</strong> leur entourage et <strong>de</strong>sprofessionnels <strong>de</strong> la communauté éducative (enseignants, CPE, responsables d’établissements,mais également professionnels <strong>de</strong>s champs social et médical). Nous nous attacherons donc ài<strong>de</strong>ntifier ces conséquences potentielles, et à réfléchir à partir <strong>de</strong>s expériences <strong>de</strong> chacun auxactions à mener pour optimiser ce partenariat.Le partenariat avec les acteurs institutionnels : quelsinterlocuteurs ?Bénédicte Gueugnier revient sur la genèse <strong>de</strong> la « Maison <strong>de</strong> l’Echiquier » qu’elle a présentée enintroduction. La première année, ce lieu d’accueil financé par la fondation offrait cinq places à <strong>de</strong>sjeunes étudiantes. Pour i<strong>de</strong>ntifier les jeunes filles qui allaient rejoindre la Maison (selon un certainnombre <strong>de</strong> critères : sortie d’une filière S ou ES, boursière d’échelon 4 minimum), la fondations’est rapprochée <strong>de</strong>s proviseurs, dans trois lycées d’abord, puis dans cinq, <strong>de</strong>vant la difficulté àtrouver <strong>de</strong>s bénéficiaires. La Déléguée <strong>de</strong> la fondation attribue cet accueil mitigé au fait qu’elleproposait une offre déjà préétablie. Alors que certains proviseurs se sont montrés réceptifs à cetteproposition, l’un d’entre eux a quant à lui refusé <strong>de</strong> relayer l’information sur ce dispositif,témoignant ainsi du grave problème <strong>de</strong> communication qui peut exister entre <strong>de</strong>ux mon<strong>de</strong>s qui seconnaissent assez mal.Philippe Richard estime pour sa part qu’il existe toutefois certaines académies particulièrementdynamiques et qu’une fondation proposant un projet philanthropique doit absolument fairepreuve <strong>de</strong> ténacité pour se faire entendre et convaincre, dans l’intérêt <strong>de</strong>s étudiants qui ne seraientpas accompagnés par leur établissement. A cet égard, il conseille <strong>de</strong> développer <strong>de</strong>s relationsindividuelles fortes pour susciter l’adhésion <strong>de</strong> plusieurs professionnels au sein <strong>de</strong> l’ « institutionuniversité », qui peut paraître sinon insaisissable.Selon Alain Payen, il existe une frontière historiquement forte entre l’école d’après 1945 et 1968et le mon<strong>de</strong> <strong>de</strong> l’entreprise. Certains enseignants notamment restent méfiants quant à la sincérité<strong>de</strong>s intentions <strong>de</strong>s entreprises dans le cadre <strong>de</strong> partenariats. Toutefois, le développement <strong>de</strong> leurprésence dans le milieu éducatif, notamment au travers <strong>de</strong>s enseignements technologiques et <strong>de</strong>sinterventions <strong>de</strong> professionnels dans les cours, a fait évoluer la donne, même si l’enseignementgénéral <strong>de</strong>meure plus réticent.De même, le terme <strong>de</strong> « fondation » n’est pas toujours reconnu ni compris par les professionnels<strong>de</strong> l’éducation, ce qui peut ajouter à la suspicion. Il reste encore un travail à effectuer pourconvaincre les enseignants et les familles que l’école doit être ouverte et ne peut vivre en autarcie.4


Pour sa part, le Collège Jean Renoir, partenaire d’une quinzaine d’entreprises qui interviennenttant par le biais du financement que du soutien au projet pédagogique, a dû préparer à la fois lecorps enseignant et les familles à cette ouverture au mon<strong>de</strong> <strong>de</strong> l’entreprise.Odon Vallet i<strong>de</strong>ntifie plusieurs difficultés qui conditionnent les relations entre les fondations etles institutionnels du secteur.• Sur le plan juridique, un chef d’établissement ne peut agir sans son intendant (et viceversa)en vertu <strong>de</strong> la séparation, dans le secteur public, entre ordonnateur <strong>de</strong>s dépenses etpayeur. De même, les fonds accordés par une fondation à un établissement (« fonds <strong>de</strong>concours ») ne peuvent ensuite être utilisés qu’au sein du domaine public : pourl’établissement ou, par exemple, pour soutenir un voyage scolaire organisé par lui.• D’un point <strong>de</strong> vue économique, les fonds sociaux <strong>de</strong>s établissements ne sont pasutilisables pour les Classes Préparatoires aux Gran<strong>de</strong>s Ecoles. L’ai<strong>de</strong> <strong>de</strong>s fondations estdonc tout particulièrement bienvenue et utile pour le financement d’activités postbaccalauréat,pour lesquelles le chef d’établissement n’a quant à lui aucune marge <strong>de</strong>manœuvre.• Sur le plan géographique, <strong>de</strong> très nombreuses ai<strong>de</strong>s sont concentrées sur le département<strong>de</strong> la Seine Saint Denis ou le nord <strong>de</strong> la capitale. Si bien que le rectorat aurait instauré une« liste blanche » <strong>de</strong>s mécènes privés avec lesquels il considère qu’il est possible <strong>de</strong>travailler, afin <strong>de</strong> réduire l’incertitu<strong>de</strong> chez les proviseurs et <strong>de</strong> faciliter leurs choix.En revanche, les établissements ruraux, ou d’autres départements d’Ile <strong>de</strong> <strong>France</strong> (94, 77)ne souffrent pas d’une telle concentration, voire pâtissent du manque d’offrephilanthropique pour l’éducation.• Au niveau pédagogique, les dispositifs <strong>de</strong> tutorat se sont multipliés dans le public (et plusinégalement dans le secteur privé). A ce sta<strong>de</strong>, il semble qu’un effort <strong>de</strong> coordination soitnécessaire pour garantir l’utilité et la réussite <strong>de</strong> ces dispositifs.• Enfin du point <strong>de</strong> vue <strong>de</strong> la vie politique, les mécènes doivent gar<strong>de</strong>r à l’esprit le retourcyclique <strong>de</strong> la « valse <strong>de</strong>s recteurs et proviseurs », la carrière d’un chef d’établissementétant limitée à 9 ans au sein d’un même collège/lycée. En outre, plus l’établissement estdifficile, plus il y a <strong>de</strong> changements, ce dont les fondations doivent tenir compte si ellessouhaitent pérenniser leurs interventions.D’une manière générale, l’idée <strong>de</strong> capitaliser sur <strong>de</strong>s interlocuteurs durables fait l’unanimité.Il faut envisager <strong>de</strong>s ren<strong>de</strong>z-vous avec le chef d’établissement (obligatoire pour entrer dansl’établissement) puis les intendants, les conseillers principaux d’éducation, les enseignants, etmaintenir un lien avec eux.Pour Marguerite Graff, les enseignants ont souvent l’impression <strong>de</strong> voir <strong>de</strong>s choses leur « passerau-<strong>de</strong>ssus », sans qu’elles leur aient été véritablement présentées au préalable. Cela induit parfoischez eux un sentiment <strong>de</strong> remise en cause et jette un doute sur la bonne utilisation <strong>de</strong>s fondsdisponibles ; ce qui confirme le besoin <strong>de</strong> clarification et <strong>de</strong> dialogue permanent avec les équipesenseignantes. C’est pour cela que certaines fondations, comme la <strong>Fondation</strong> les Arts et les5


Autres n’interviennent que lorsqu’elles ont le consentement <strong>de</strong> tous les intervenants : chefsd’établissement, professeurs, intervenants artistiques extérieurs et dans certains cas, quelquesparents d’élèves ou plus rarement, <strong>de</strong>s élèves eux-mêmes.Pour Alain Payen, l’entrée par le corps professoral n’est possible que lorsque l’enseignant jouitd’une véritable crédibilité au sein <strong>de</strong> son établissement.Concernant les intendants, qui sont peut-être plus difficiles à abor<strong>de</strong>r, la tendance auregroupement qui les touche (certains peuvent gérer plus <strong>de</strong> 10 lycées) présente néanmoins cetavantage <strong>de</strong> pouvoir diffuser les propositions du mécène à plusieurs établissements potentiels.L’association Ecole et Famille a pour sa part passé une convention avec l’Inspectionacadémique, et relève que <strong>de</strong>ux types <strong>de</strong> légitimité sont nécessaires pour intervenir dans lechamp éducatif : le lien institutionnel, mais aussi le lien <strong>de</strong> confiance. Pour ce faire, il estindispensable <strong>de</strong> faire évoluer les représentations <strong>de</strong> ces <strong>de</strong>ux mon<strong>de</strong>s, public et privé, qui seconnaissent encore mal. L’association préconise <strong>de</strong>ux métho<strong>de</strong>s : l’agenda, qui consiste à fixer uncalendrier pour les rencontres afin <strong>de</strong> maintenir le lien entre toutes les parties en présence, et lefait <strong>de</strong> valoriser ce qui ne se voit pas. Alain Payen confirme qu’il est important <strong>de</strong> laisser ce qu’ilappelle <strong>de</strong>s « traces », qui sont utiles pour la fidélité, comme les engagements pluriannuels – aurisque sinon <strong>de</strong> créer un sentiment d’abandon.Avant <strong>de</strong> fon<strong>de</strong>r l’association Ecole et Famille, Marie-Claire Michaud a consulté le CNRS surl’opportunité <strong>de</strong> créer un tel espace associatif, et diffusé un questionnaire aux familles et auxécoles. Les résultats <strong>de</strong> cette enquête ont mis en évi<strong>de</strong>nce <strong>de</strong>s attentes diverses vis-à-vis <strong>de</strong> l’école.Ainsi, pour les familles, l’école sert à acquérir un métier tandis que pour les enseignants, elle resteprioritairement un lieu <strong>de</strong> savoir(s). Afin <strong>de</strong> réduire ces divergences <strong>de</strong> point <strong>de</strong> vue, lesfondations ont sans doute un rôle à jouer <strong>de</strong> facilitateur du dialogue, notamment parce qu’ellesintroduisent une culture issue du secteur privé dans le secteur éducatif, tout en étant au service<strong>de</strong> l’intérêt général. Pour Philippe Richard, c’est également dans cet espace que les fondationsdoivent évoluer : toujours dans l’optique <strong>de</strong> l’intérêt général et sur le long terme (par opposition àla logique « court-termiste » qui prévaut trop souvent).Le besoin <strong>de</strong> regroupement <strong>de</strong>s acteursJacqueline Blanchy revient sur la « suspicion » à laquelle se trouvent souvent confrontées lesfondations qui souhaitent intervenir dans le champ éducatif, et rappelle qu’à cet égard le faitd’être placée sous l’égi<strong>de</strong> <strong>de</strong> la <strong>Fondation</strong> <strong>de</strong> <strong>France</strong> présente un avantage.Alain Payen, en tant que Principal, confirme recevoir plusieurs courriers par jour <strong>de</strong> propositionsd’intervention dans son établissement (majoritairement <strong>de</strong> la part d’associations). Il fait part <strong>de</strong> ladifficulté à distinguer dans ces conditions <strong>de</strong>s projets <strong>de</strong> qualité. Le service juridique du rectoratfournit même un travail <strong>de</strong> labellisation qui a pour objectif <strong>de</strong> sécuriser les interventions. Mais lesfondations doivent aussi faire valoir leur expertise pour mettre en avant leurs projets.6


L’expérience <strong>de</strong> la <strong>Fondation</strong> Carla Bruni-Sarkozy confirme ces dires. Une première erreur <strong>de</strong> lafondation aux dires même <strong>de</strong> sa représentante a été <strong>de</strong> se concentrer dans un premier temps surles Zones d’Education Prioritaire, et notamment les « sites d’excellence ». Or, ces établissementssont très courtisés et leurs proviseurs souvent débordés. Le choix a donc été fait <strong>de</strong> réorienterl’action <strong>de</strong> la fondation en direction <strong>de</strong>s lycées professionnels en zone rurale, majoritairementdélaissés. Il est également apparu comme indispensable <strong>de</strong> nouer et <strong>de</strong> maintenir <strong>de</strong>s relationsavec <strong>de</strong>s interlocuteurs « stables » : ainsi, un contact personnel avec les enseignants d’art, avec <strong>de</strong>svisites régulières sur le terrain, permet <strong>de</strong> s’inscrire dans la durée, malgré les changements à la tête<strong>de</strong>s établissements et dans les rectorats. Enfin, cette expérience confirme combien il importe <strong>de</strong>ne pas imposer un projet « clé en main » et formaté à l’avance à <strong>de</strong>s établissements qui ont unprojet pédagogique différent. Les meilleurs projets sont les projets organiques, dont la mise enœuvre reste dans les mains du corps enseignant.La relation avec les famillesPour l’association Ecole et Famille, il est indéniable que les ai<strong>de</strong>s financières sont appréciées <strong>de</strong>sfamilles, mais qu’elles suscitent également <strong>de</strong>s craintes attachées à l’éloignement <strong>de</strong> leurs enfantsdans la poursuite <strong>de</strong> leurs étu<strong>de</strong>s et au-<strong>de</strong>là. D’où la nécessité <strong>de</strong> gar<strong>de</strong>r la famille commepartenaire et pour cela, <strong>de</strong> construire dans la mesure du possible le projet avec elles.Dans le cas <strong>de</strong> la Maison <strong>de</strong> l’Echiquier, le partenariat avec les parents est indispensablepuisque les bénéficiaires vont vivre pendant un an hors <strong>de</strong> la famille. Malgré tout, la fondationdéplore que les parents ne soient pas toujours présents, même au premier ren<strong>de</strong>z-vous (moitié<strong>de</strong>s cas environ) ou lorsque sont faits <strong>de</strong>s points d’étape. Si elles soutiennent l’enfant en termes <strong>de</strong>réussite éducative, au premier décrochage psychologique, les familles n’apportent pas toujours lesoutien et les encouragements nécessaires. Les familles elles-mêmes ont besoin d’êtreaccompagnées pour permettre l’autonomisation <strong>de</strong> leurs enfants.Marie-Claire Michaud insiste alors sur le fait qu’il faut un lien <strong>de</strong> confiance très fort entre l’enfantet la famille pour que celui-ci s’autorise à quitter le domicile. En effet, l’autonomie n’est pas laséparation. Il ne faut donc pas créer <strong>de</strong> rupture, mais au contraire multiplier les liens qui peuventexister <strong>de</strong> proche en proche.Jacqueline Blanchy donne alors l’exemple d’un projet associatif mené autour du djembé etsoutenu par la fondation : aux ateliers organisés le matin pour les enfants, succédaient dansl’après-midi <strong>de</strong>s temps <strong>de</strong> rencontre auxquels les parents étaient conviés. De même, Alain Payenpropose dans son collège une « option Nord/Sud », autour <strong>de</strong> l’éducation au développement :une à <strong>de</strong>ux fois par trimestre, les familles sont invitées à venir au collège pour <strong>de</strong>s évènements quise terminent par un repas communautaire. Autant <strong>de</strong> temps d’échange nécessaires, par exemplepour préparer le retour <strong>de</strong>s enfants après un voyage dans un pays susceptible d’avoir créé un chocculturel.7


Des rencontres <strong>de</strong> ce genre sont d’autant plus importantes que, comme le rappelle l’associationEcole et Famille, elles permettent également au mécène <strong>de</strong> recevoir, et pas uniquement <strong>de</strong>donner, renforçant la réalité d’un partenariat fondé sur un échange entre les acteurs.Il importe avant toute chose <strong>de</strong> faire preuve <strong>de</strong> mo<strong>de</strong>stie et <strong>de</strong> respecter le choix <strong>de</strong>s enfants(dans <strong>de</strong> la Maison <strong>de</strong> l’Echiquier, qui accueille <strong>de</strong>s jeunes filles majeures) et <strong>de</strong>s parents (quidoivent accepter la <strong>de</strong>man<strong>de</strong> <strong>de</strong> bourse <strong>de</strong> leur enfant, susceptible <strong>de</strong> déclencher une mobilitégéographique).Conclusion et pistes <strong>de</strong> réflexionDe ces échanges il ressort que les fondations ont sans aucun doute une légitimité, et un rôleimportant à jouer en tant que partenaires dans le champ éducatif, pour y apporter <strong>de</strong>s ressourcesfinancières complémentaires certes, mais aussi en tant que médiateurs porteurs d’une ouverturevers le mon<strong>de</strong> économique et social. Or, pour réaliser leur action <strong>de</strong> façon juste, en tenantcompte <strong>de</strong> la réalité du contexte et <strong>de</strong> la pluralité <strong>de</strong>s acteurs qui interviennent ensemble dans lacommunauté éducative, il est nécessaire que les fondations prennent le temps d’établir <strong>de</strong>srelations avec ses différents acteurs, professionnels et familles.La <strong>Fondation</strong> <strong>de</strong> <strong>France</strong> représente à la fois un label pour les fondations sous son égi<strong>de</strong>, mais elleest aussi un organe central susceptible <strong>de</strong> promouvoir dans le champ éducatif la lisibilité <strong>de</strong>sfondations.C’est pourquoi, elle établit actuellement un panorama <strong>de</strong>s dispositifs d’intervention <strong>de</strong>sfondations sous son égi<strong>de</strong> dans le domaine <strong>de</strong> l’éducation, et en particulier <strong>de</strong>s bourses et prix, <strong>de</strong>l’école primaire jusqu’aux thèses universitaires et aux projets <strong>de</strong> recherche.Retrouvez tous les contenus <strong>de</strong> cette réunion et <strong>de</strong>s précé<strong>de</strong>ntes en vous connectant à l’espace Fondateurs du sitewww.fondation<strong>de</strong>france.org8

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